Aller au contenu
AIR-DEFENSE.NET

Cibles des S 3 ?


aigle
 Share

Messages recommandés

La doctrine officielle a toujours présenté les missiles du plateau d'Albion (S2 puis S3) comme des armes de dissuasion stratégique ciblé sur des objectifs démographiques situés à l'ouest de l'URSS (en clair : Moscou, Lenningrad, Kiev, Minsk, etc ...).

Cette frappe stratégique était clairement distinguée de la frappe tactique confiée aux Plutons ou à la FAtac et qui visait des cibles "tactiques".

Je me demande si la doctrine n'a pas discrètement évolué avec les avancée technologiques (bombe à neutrons, précisions des armes) et une nouvelle appréhension du champ de bataille. Je pense en particulier qu'entre la frappe tactique (à faible puissance sur le champ de bataille) et la frappe stratégique à forte puissance et à caractère massif (salve de dizaines de missiles S3 ou M4) il n'y avait pas place pour une étape intermédiaire (des missiles à longue portée tirés un par un sanseffet de salve).

Quelques indices en ce sens :

- l'abandon du terme "tactique" au profit de "préstratégique" (en 1982 en France)

- l'adoption du couple ASMP/M2000N  qui reste peu crédible pour une frappe stratégique sur le coeur de l'URSS (Moscou et Oural) mais semble particulièrement bien adapté à une frappe sélective (Mourmansk, Riga, Odessa, Sebastopol, Leningrad, ...)

- l'attachement bien connu de F Mitterrand à Albion qui était bien adapté à une première frappe sur des cibles situés à l'Ouest de l'URSS (Minsk, Kiev ...)

- le fait que les Anglais aient développé (dans les années 1990) un concept de frappe "substratégique" confié aux SNLE avec tir isolé d'un missile Trident doté d'une seule ogive (100 Kt)

- le fait qu'une frappe tactique sur le sol allemand était refusée de plus en plus fortement par les gouvernements de RFA (d'ailleurs Adenauer était radicalement contre la riposte graduée comme De Gaulle) ce qui obligeait à réfléchir à une frappe décalée vers l'Est - et que plus on va vers l'est moins on peut viser des forces mais plutôt des centres industriels ou logistiques.

J'ajoute enfin que dès 1983 un vulgarisateur anglais (Hackett) avait décrit une 3è guerre mondiale sans emploi de l'arme tactique mais avec une frappe stratégique limitée à un "échange" Minsk contre Birmingham.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Je me demande si la doctrine n'a pas discrètement évolué avec les avancée technologiques (bombe à neutrons, précisions des armes) et une nouvelle appréhension du champ de bataille. Je pense en particulier qu'entre la frappe tactique (à faible puissance sur le champ de bataille) et la frappe stratégique à forte puissance et à caractère massif (salve de dizaines de missiles S3 ou M4) il n'y avait pas place pour une étape intermédiaire (des missiles à longue portée tirés un par un sanseffet de salve).

Euh le S3 c'était une tête de 1,2 MT. Je ne suis pas sur que ce soit adapté pour du tactique et la précision ne devait pas être excellente. Cela reste utilisable pour un échange stratégique au cas par cas (comme le cas d'un Minsk/Birmingham)

Quelques indices en ce sens :

- l'abandon du terme "tactique" au profit de "préstratégique" (en 1982 en France)

- l'adoption du couple ASMP/M2000N  qui reste peu crédible pour une frappe stratégique sur le coeur de l'URSS (Moscou et Oural) mais semble particulièrement bien adapté à une frappe sélective (Mourmansk, Riga, Odessa, Sebastopol, Leningrad, ...)

La modernisation des FAS avec des ASMP plutôt que des bombes lisses me paraît logique autant pour du tactique que pour du (pré)stratégique. Et justement avec des ASMP il devient envisageable de frapper Moscou alors que sans c'est peu probable. Le terme préstratégique répond peut-être aussi à notre impossibilité d'affronter l'URSS en restant sur du tactique. Théoriquement des tirs tactiques ne devraient entrainer que des tirs tactiques, sauf qu'à ce niveau la France avec sa centaine de bombes tactique risque d'être vite mal. L'emploi du préstratégique (terme franco-français) permet d'avoir une arme à la fois tactique et stratégique suivant qu'on veut montrer notre détermination ou calmer les esprits (et éviter de passer en mode MAD)

- l'attachement bien connu de F Mitterrand à Albion qui était bien adapté à une première frappe sur des cibles situés à l'Ouest de l'URSS (Minsk, Kiev ...)

C'était un ancien président de la guerre froide, les armes nucléaires étaient un gros plus par rapport aux armes conventionnelles. Notre puissance nucléaire n'a fait que croitre jusqu'en 90. Il était évidemment favorable à la triade nucléaire.

- le fait que les Anglais aient développé (dans les années 1990) un concept de frappe "substratégique" confié aux SNLE avec tir isolé d'un missile Trident doté d'une seule ogive (100 Kt)

Donc c'était après la guerre froide, après les Malouines et les anglais venaient d'abandonner leur composante aéroportée se limitant à leurs SNLE.

Le nucléaire devenait peu probable dans une utilisation massive (contre l'URSS qui a disparu) mais encore crédible contre un plus petit pays (style Argentine ou autre surtout que la disparition de l'URSS crée un risque de prolifération) et donc des frappes ne demandant qu'une seule ogive deviennent envisageable.

- le fait qu'une frappe tactique sur le sol allemand était refusée de plus en plus fortement par les gouvernements de RFA (d'ailleurs Adenauer était radicalement contre la riposte graduée comme De Gaulle)

Et alors ? Je te rappelle qu'on est français, ils n'avaient qu'à pas perdre la guerre. Bon c'est sur qu'après 90 et la réunification la question du nucléaire tactique c'est posée vu qu'on est encore plus loin de la Russie qui n'est que l'ombre de ce qu'était l'URSS. On ne craint plus vraiment d'attaques arrivant jusqu'en France. Et c'est à ce moment qu'il y a vraiment eu un abandon du tactique (retrait des Plutons et des AN52 en 93)

A mon avis jusqu'en 90, on est resté avec la même doctrine. En 93 on a du se poser la question et c'est possible qu'on ait souhaité (en 94) disposer de missiles type M45 pouvant servir pour une frappe limité (une seule petite ogive) sur un nombre bien plus important de cibles (avec des M45 mono-tête on couvre la moitié de l'Afrique) mais vu qu'en 96 on préféré supprimer cette composante, j'ai l'impression qu'on n'a pas eu le temps de faire évoluer notre doctrine.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

J'ai trouvé cette analyse de bruno Tertrais sur le site du parlement britannique (datée de 2006) :

France's concept of a "final warning" is slightly different from the UK concept of "sub-strategic use". The final warning is the idea to threaten an adversary who might have underestimated French resolve to defend its vital interests, or misjudged the exact limits of these interests, with a single limited strike on military targets. The final warning concept is a compromise between the need to avoid the "all or nothing" dilemma and the equally pressing need, in French minds, to avoid adopting a flexible response-type concept. The final warning could not be repeated, and would be followed by a massive strike if the adversary persisted.

Another idea particular to France is the idea that since 1996 all nuclear weapons are considered "strategic". The idea is that any nuclear weapons use would be a sea change in the nature of the conflict, and therefore would be of a strategic nature.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 1 month later...

Question complémentaire sur les S3 : je n'ai pas lu qu'on ait substitué un groupe de 6 ogives "MIRV" à la tête unique de 1 Mt . Pourquoi ce choix alors que l'on considère généralement que les têtes multiples sont plus destructrices et moins vulnérables à la défense ABM implantée autour de Moscou ?

Bref les S3 avaient ils encore Moscou pour cible ?

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Question complémentaire sur les S3 : je n'ai pas lu qu'on ait substitué un groupe de 6 ogives "MIRV" à la tête unique de 1 Mt . Pourquoi ce choix alors que l'on considère généralement que les têtes multiples sont plus destructrices et moins vulnérables à la défense ABM implantée autour de Moscou ?

Bref les S3 avaient ils encore Moscou pour cible ?

Je complète ma question : dans les années 1970, les Anglais ont conduit un ambitieux programme d'amélioration de leurs têtes nucléaires ("chevaline" finalement déployé en 1982) visant à "percer" les défenses ABM de Moscou. A ma connaissance il s'agit du dernier projet nucléaire qu'ils aient conçu et exécutés de façon indépendante - mais je crois que leur doctrine faisait de la capacité à détruire Moscou le critère clef de la crédibilité de leur système dissuasif.

Comment nous, Français, envisagions de percer ces défenses avec nos S3 et leurs "grosses" ogives d'1 Mt ? Il y a eu une amélioration des S3 qualifiés de S3 D (pour "durcis" dans les années 1980) : fut-ce l'équivalent français de Chevaline ?

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Restaurer la mise en forme

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

 Share

  • Statistiques des membres

    5 960
    Total des membres
    1 749
    Maximum en ligne
    Lecteur de passage
    Membre le plus récent
    Lecteur de passage
    Inscription
  • Statistiques des forums

    21,5k
    Total des sujets
    1,7m
    Total des messages
  • Statistiques des blogs

    4
    Total des blogs
    3
    Total des billets
×
×
  • Créer...