La Glorieuse contre-Révolution

[Berezech]

Décembre 1688,

Guillaume III d'Orange, stathouder des Pays Bas, mariée à à Marie, fille de Jacques II d'Angleterre, débarque en Angleterre et chasse Jacques II Stuart, successeur catholique de Charles II du trône.

Ce faisant il retourne l'Angleterre, plus où moins alliée de la France (c'est pas aussi évident), et la ramène dans la Ligue d'Augsbourg.

Jacques II s'enfuit et gagne Paris pour chercher le soutien de Louis XIV qui échouera à rétablir les droits des Jacobites sur la couronne anglaise.

Les conséquences de la "Glorieuse Révolution" sont multiples et je vais les résumer rapidement :

- établissement d'une monarchie parlementaire limitée

- l'Angleterre devient une ennemie de la France dans la guerre de la ligue d'Augsbourg (puisqu'elle rejoint la Hollande)

- le renforcement du Parlementarisme permet aux financiers et aux marchands anglais de mieux défendre leurs intérets

- Ce qui aboutit à la création du fameux système financier et de crédit qui permettra à l'Angleterre du XVIIIe siècle de toujours dépenser tant et plus

- Les anglais formalisent l'unification du Royaume des îles britanniques.

- Les anglais peuvent se payer une marine qui va prendre l'ascendant sur ses concurrentes

- Le pays est suffisamment stabilisé sur le plan intérieur pour pouvoir se soucier de l'équilibre des puissances sur le continent.

- La libéralisation attire une partie des élites et des minorités protestantes persécutées, en particulier des scientifiques.

Dans les faits Guillaume III débarque avec une armée d'environ 15 000 hommes, il est bien accueilli par pas mal de protestant inquiet de voir un catholique sur le trône et le parti Whig. Jacques II n'a pas opposé de résistance et a fui.

What if ?

Jacques II ne fuit pas et rassemble ses forces pour résister, entraînant l'Angleterre dans une guerre civile où les forces Jacobites sont mieux engagées pour résister à "une invasion de l'étranger". Jacques II dirige sa propagande et parvient à jouer du sentiment de peur d'une nouvelle guerre civile et du loyalisme de ses sujets. Eventuellement il promet même de se convertir à l'anglicanisme en protégeant la liberté religieuse.

L'Angleterre s'engage t'elle aussi sereinement dans le XVIIIe siècle ?

Louis XIV peut il soutenir Jacques II et en tirer des gains ?

La Ligue d'Augsbourg peut elle tenir tête à la France sans l'Angleterre ?

Quels effets sur la succession espagnole ?

Il y a une grosse inconnue dans mon point de départ d'uchronie, je connais mal l'état des forces de Jacques II et les rapports de force interne en Angleterre au moment du débarquement de Guillaume III. Mais la volonté, quelques serviteurs loyaux et un gros coups de poker sur le champ de bataille peuvent ils changer la donne ?  :lol:

[Tancrède]

Guillaume d'Orange avait environs 20 000h (taille totale de la force débarquée), avec environs effectivement 14-15 000 combattants (dont plus de 4000 montés, essentiellement des dragons) et une vingtaine de canons. Mais il avait aussi amené de quoi équiper 20 000 soldats locaux ralliés, et apparemment, y'a eu des volontaires. En fait, cet équipement supplémentaire avait été calculé selon ce que ses partisans sur place avaient levé.

Mais il ne faut surtout pas minimiser le facteur expérience: la monarchie jacobite, à cours de fric, avait comme à son habitude licencié sa précédente armée et l'essentiel de l'ordre de bataille anglais était plutôt jeune, avec une grande composante de milice et de régiments récemment levés, face à une armée hollandaise de vétérans, en grande partie mercenaires.

Cependant, à ce stade, tout est possible, car contrairement à l'imagerie anglaise, l'invasion n'a pas été accueillie par un grand soutien, sauf dans le nord où une partie des élites s'est ouvertement rangée pour le Hollandais. Y'a surtout eu beaucoup d'attentisme, afin de voir qui allait l'emporter. Pas un pays qui soutient son roi, mais pas vraiment de bienvenue au concurrent non plus. C'est donc une affaire avant tout militaire, et le monarque anglais a refusé l'envoi d'un contingent français par crainte de l'effet sur l'opinion. C'est peut-être là le tournant possible, parce que sans cette aide extérieure, je vois mal la monarchie Stuart tenir le coup militairement avec l'état de l'armée anglaise tant en terme de niveau, de qualité et de moral, que d'effectifs et de loyauté (ce dernier point surtout dans une partie du corps des officiers). Jacques II aurait eu l'occasion de reprendre son armée en main en punissant les officiers douteux ou en les saquant, mais ne l'a pas fait. Une telle action et l'appoint d'un corps français auraient été à mon sens le point de rupture potentiel pour retourner la tendance.

Malgré les nombreuses émeutes anti-catholiques dans le pays, on voit par exemple que Londre a acclamé Jacques II, pourtant récemment défait, quand il est revenu à Londres, et que la ville s'était mise d'elle-même en défense (notamment suite aux rumeurs de menace d'une armée irlandaise :lol:). Ce n'est pas que la ville était pro-roi, mais cela démontre que la population attendait un vainqueur ferme, une situation avec un avenir stable et visible, donc l'Angleterre était à qui la prendrait.