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L’Homme et son arme : brève histoire des technologies de l’armement


Rochambeau
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L’Homme et son arme : brève histoire des technologies de l’armement

Introduction

Quiconque étudie l’histoire militaire et l’histoire des pratiques de la guerre est appelé à se familiariser avec une série de variables propres aux sujets scrutés. Il y a évidemment la donne politique, qui consiste en l’étude du casus belli, puis celle du jeu politico-diplomatique. En d’autres circonstances, les chercheurs se pencheront sur les variables socio-économiques, qui constituent une autre approche de notre compréhension collective des conflits armés. Plus récemment, disons depuis une trentaine d’années, la mode est aux études culturelles, à savoir une analyse des « cultures de guerre » qui, à elles seules, englobent toutes sortes d’avenues d’études allant du psychologique jusqu’aux arts en passant par les mentalités.

Puis, il y a cette approche de l’histoire de la guerre historiquement beaucoup plus classique dans l’analyse des modes opératoires des conflits armés, qui consiste simplement à étudier le matériel avec lequel les hommes s’entretuent. C’est là-dessus que nous aimerions élaborer, en traitant brièvement de l’histoire des technologies de l’armement. Concrets, physiques, bruts, les outils avec lesquels les hommes partent à la guerre sont donc sujets d’histoire. Autrement dit, ils contribuent à notre compréhension des pratiques de la guerre, de leurs tenants et aboutissants, comme ils sont tributaires des différents contextes ou âges sans lesquels telle ou telle arme n’aurait pu être fabriquée.

Cela dit, l’évolution des technologies de l’armement n’est pas linéaire. Selon les époques, elle fut marquée de progrès rapides, tandis qu’en d’autres moments et selon les endroits, elle sembla faire du surplace. Cela explique en partie pourquoi l’armement, en lui-même, n’est pas nécessairement garant de la victoire. D’autres facteurs inhérents aux pratiques de la guerre telles la topographie, le moral, la discipline, les communications et autres doivent être pris en compte. Cependant, si le chef de guerre part en campagne avec la maîtrise initiale de nombre de ces éléments, on peut penser que sa compréhension des technologies de l’armement ira de soi et lui conférera un atout supplémentaire afin d’obtenir la victoire, qu’elle soit acquise par la force brute ou bien par une volonté de l’adversaire de capituler.

L’importance qu’occupe l’armement dans l’histoire militaire varie selon les points de vue. Certains chercheurs diront que les armes sont au cœur de batailles, a contrario d’autres penseurs qui affirmeront qu’à la limite, celles-ci ne constituent même pas un objet d’étude, du moins d’un strict point de vue académique. Notre avis est que les technologies de l’armement sont importantes à considérer dans l’issue des batailles, mais elles n’en constituent pas l’unique angle d’approche d’une compréhension plus générale de l’histoire militaire.

Sur le terrain, l’Histoire a également démontré le caractère ambivalent des rapports entre les technologies et l’issue des combats. On remarque que la civilisation occidentale (disons l’Europe de l’Ouest depuis la Renaissance) fut capable de dominer largement le monde grâce à une supériorité technologique qui lui permit de produire des armements de qualité supérieure. Malgré tout, les succès militaires obtenus en partie grâce à ces armements demeurent relatifs et éphémères, dans la mesure où nombreux furent les commandants militaires occidentaux à se montrer réfractaires aux changements technologiques. Cela met en lumière un autre élément important à prendre en considération, à savoir que même si elle apparaît minime en rapport à nos standards, la moindre innovation technologique du passé eut des impacts majeurs pour les contemporains.

Du poing au fer : les technologies préhistoriques et antiques

Depuis l’aube des temps, l’Homme combat. Il combat pour survivre, pour se nourrir d’abord certes, mais les premières disputes pour un territoire, un butin ou du gibier lui firent réaliser que le poing, comme arme, avait ses limites. On peut penser que cet homme ait pu se servir d’un bâton, où il réalisa que non seulement il pouvait frapper plus loin, mais avec plus de force.

L’idée même de causer davantage de dégâts à l’adversaire l’amena à développer d’autres techniques, comme le jet de pierres, où la portée s’allie à la force. L’Homme parvint également à affuter ses bâtons et à procéder à de premiers assemblages, comme le fait de combiner le bâton avec une pierre aiguisée et utiliser le tout soit comme une masse ou comme une lance.

Naturellement, comme nous le mentionnions, la période préhistorique en est une où la frontière entre la guerre et la chasse nous semble beaucoup plus floue. Cette période vit le développement d’arcs et flèches avec lesquels l’Homme pouvait tuer ou blesser un animal comme un autre homme sur une distance appréciable. Ce qu’on retient ici c’est que bien avant l’Histoire, l’Homme faisait déjà preuve d’ingéniosité en matière de technologies d’armements, au sens de tuer plus qu’autre chose, et ce, même si l’on reconnaît d’emblée que les armes peuvent être utilisées à plus d’une fin.

Un autre élément à considérer est celui de la catégorisation des armes. Moins évident de nos jours, dans un contexte d’armes à feu et d’armes de destruction de masse, il est clair que jusqu’au XIXe siècle au moins, l’armement était divisé en deux catégories : les armes de choc et de jet. Dans les deux cas, leur efficacité fut nettement améliorée avec l’introduction du bronze et plus tard du fer, aux alentours de 1,500 avant J.-C. en ce qui concerne cette dernière matière. Le fer supplanta le bronze car étant plus dur, moins fragile et plus coupant (le bronze avait tendance à perdre son aiguisage après seulement quelques coups).

Par ailleurs, la domestication du cheval amena l’Homme à réfléchir aux possibilités d’utiliser la force et la vitesse animales aux fins militaires. Environ trois siècles après l’introduction du fer, on observe l’apparition des chariots de combat et vers 1,000 avant notre ère des premières constituantes de cavalerie. Possédant à la fois le fer et les chariots, les Assyriens figurent parmi les premières civilisations à s’être dotés de ce que l’on pourrait appeler une « armée », soit une force militaire suffisamment constituée au plan organisationnel et qui parvint à conquérir les voisins. Et étant donné qu’on est à l’époque du développement des premières cités-État, la pratique de la guerre amena une civilisation comme celle des Assyriens à développer des instruments de siège, des tunnels et d’autres avancées technologiques pour finaliser leurs conquêtes.

Toujours à l’époque antique, l’évolution des technologies de l’armement commença à s’allier avec une élaboration de tactiques plus raffinées. L’exemple classique demeure celui de la phalange grecque et de la célèbre sarisse. Il s’agissait d’une longue et lourde lance faisant quelque 5,50 mètres dont une pointe était en fer et l’autre en bronze et qui pouvait se détacher en deux parties afin de ne pas nuire à la marche des soldats. La sarisse était assemblée au moment opportun, juste avant le combat. Lorsque celle-ci était utilisée par des soldats en formations serrées, il était virtuellement impossible pour toute infanterie ou cavalerie ennemie de pénétrer ce mur par une attaque frontale.

Par contre, que faire si l’ennemi attaque les flancs? Là réside la principale faiblesse de la phalange, où la sarisse s’avère un handicap puisqu’elle ne facilite pas la souplesse de la formation tactique. Ajoutons à cela que le fait de laisser tomber la sarisse pour dégainer l’épée ne règle en rien le problème tactique posé par une formation rigide qui doit faire face à une attaque de flanc. Au contraire, la souplesse s’acquiert ici par une redéfinition de la formation tactique, problème auquel les Romains s’attardèrent.

Ces derniers mirent au point les légions, soit des formations d’infanterie nettement plus manœuvrables et dont les légionnaires étaient équipés de glaives et de pilums, ces lances plus légères dont la pointe se courbait à l’impact, ce qui la rendait impossible à retirer pour être relancée en direction des légionnaires. Mais l’arme principale du légionnaire demeure son glaive, cette épée courte dont la lame causait de terribles blessures au point où même les Grecs redoutaient cette arme. De conception espagnole, le glaive figure probablement parmi les armes les plus importantes de l’Antiquité, avec la sarisse grecque.

Sur mer, les Romains firent également preuve d’innovation, mais il se pose ici un double problème. D’une part, ils devaient se construire une marine de guerre à partir de rien et, d’autre part, affronter la puissante flotte carthaginoise qui domina la Méditerranée à l’époque des Guerres puniques. C’est alors que les Romains mirent au point une technologie d’abordage des navires ennemis nommé le corbeau, qui était en quelque sorte une passerelle avec une pointe à son extrémité. Lorsque celle-ci s’abattait sur le pont d’un navire adverse, elle emprisonnait les deux embarcations, permettant ainsi à l’infanterie romaine de livrer bataille en respectant ses propres tactiques d’infanterie, bien que les secousses de la mer rendirent les déploiements inconvénients.

Sur terre, et dans la lignée de ce que firent les Assyriens, les ingénieurs romains perfectionnèrent les techniques de siège de même que les systèmes défensifs, le tout dans cette logique voulant qu’une fois conquis, le terrain doive être gardé et développé, voire colonisé. Les Romains construisirent de nouveaux engins de siège afin de réduire les positions ennemies et ils érigèrent de puissantes fortifications pour s’assurer le contrôle territorial, sans oublier l’important système routier pour assurer les communications et déplacer le ravitaillement et les légions d’un point à l’autre de l’empire selon les situations. À titre d’exemple de fortifications, la plus célèbre datant de l’époque romaine demeure le Mur d’Hadrien situé en Angleterre. Encore là, l’idée étant d’allier le savoir-faire technique aux matériaux locaux à disposition afin d’ériger une structure défensive pour tenir à distance des tribus guerrières n’ayant pas encore été pacifiées et civilisées.

Aussi puissants et techniquement compétents purent-ils être, les Romains eurent de sérieux problèmes à s’adapter aux technologies militaires issues d’une guerre beaucoup plus mobile. Certes, les Romains avaient des routes pour déplacer les légions et celles-ci constituaient une infanterie lourde qui se transportait rapidement d’un point de vue stratégique, mais elle pouvait connaître des difficultés de mobilité au plan tactique, surtout face à un ennemi monté. Par définition, ce dernier est beaucoup plus mobile, si bien que les premières invasions dites « barbares » mirent à rude épreuve la toute-puissante machine militaire romaine. À cet égard, l’introduction de l’étrier offrit au cavalier une plate-forme de combat beaucoup plus stable, ce qui lui permit d’engager l’adversaire romain selon un endroit et un moment qu’il aurait choisi. Dans ce contexte, on peut penser que la mobilité de la cavalerie barbare et son contrôle de l’agenda stratégique hypothéquèrent en quelque sorte les avantages offerts par le système routier romain.

Source et suite:

http://carlpepin.com/2012/09/24/lhomme-et-son-arme-breve-histoire-des-technologies-de-larmement-1ere-partie/

http://carlpepin.com/2012/09/25/lhomme-et-son-arme-breve-histoire-des-technologies-de-larmement-2e-partie/

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Euh, quelques énormités (l'étrier présent pendant la période des grandes invasions/migrations? Le Mur d'Hadrien pour empêcher les invasions du Nord?) et une propension à regarder par le petit angle: regarder l'histoire militaire par celle de l'armement est parfaitement légitime si on ne se laisse pas dominer par celui-ci comme un prisme dominant, voire un prisme dont la dymanique est externe, genre un truc est inventé et ça révolutionne l'art militaire: la plupart des progrès dans ce domaine viendraient plutôt d'une dynamique interne aux forces: comment inventer un truc qui permet ci, ou qui économiserait ça, avec une progression incrémentale qu'on peut difficilement documenter, le regard rétrospectif et la rareté des sources jusque récemment ne nous faisant que trop voir les changements majeurs.

Non le petit prisme ici est celui de regarder arme par arme, système d'arme par système d'arme: regarder le gladius romain séparément du pilum, du scutum (le bouclier, particulièrement le grand bouclier ovale ou celui en tuile) et du pugio (le poignard) -sans même évoquer les armes "de réserve" du légionnaire, comme la hasta (lance d'arrêt) ou la lance articulée-, c'est complètement fausser la vision de la chose, car l'armement d'un soldat type est un équilibre, un compromis d'un moment donné. Et qui plus est un compromis individuel qui doit se combiner avec d'autres compromis individuels (les autres types de soldats dans la même armée), et chacun de ces "systèmes d'armes" de base s'insère dans une organisation particulière (échelon supérieur: les sous unités essentielles et unités tactiques de base) qui elle-même s'inscrit dans le cadre d'un dispositif de bataille et de campagne (les unités de manoeuvre, les pions tactico-opératifs), qui eux-mêmes correspondent à une organisation militaire de théâtre et d'un Etat, qui eux-mêmes correspondent à une vision et une pensée politique, une organisation socio-économique.... Et par là seulement on trouve la réponse à l'efficacité ou non d'un outil militaire.

Mais même en se cantonnant au strict prisme de l'armement, les points évoqués ici s'arrêtent trop à la vision d'une arme en particulier. Autre exemple avec la sarisse: une armée de type macédonien-grec tardif ne vaut pas un pet de lapin si elle n'aligne que de la phalange ou presque que de la phalange. Alexandre a fait ce qu'il a fait avec une armée où la phalange à sarisse ne pesait que 30% des effectifs des armées de campagne/bataille, ça devrait faire réfléchir à la pertinence d'une analyse fondée sur la sarisse, qui décrèterait la force ou la faiblesse d'une telle armée à l'aune de ce seul armement.

Encore un truc analogue avec l'armée romaine vs un adversaire monté/mobile: l'histoire montre que Rome constituait des armées plus mobiles en orient, mais aussi que des armées romaines à pied bien commandées n'ont jamais, ni en campagnes défensives ni en offensives, eu de problèmes à aller chercher et emporter le combat. Là, l'explication par le système d'arme ne tient pas du tout (et encore moins celle par une arme en particulier). Quand à l'étrier, je vois pas en quoi il a offert une "plate-forme" plus stable ajoutant à la mobilité stratégique et faisant "dicter l'agenda": il offre un avantage dans la capacité de choc (en fait pas l'étrier en lui-même, mais le fait de harnacher un cheval pour répartir la force d'impact dans le duo cheval-cavalier en entier), mais cette capacité n'en existait pas moins avant (les selles d'arçons massives qui faisaient la force des cavaleries lourdes romaines et perses, et surtout des cataphractaires).

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Il faut prendre compte que l'auteur est Québécois c.a.d un anglo-saxon qui parle le français ...  :lol: et dans la mentalité anglo-saxon c'est l'arme qui fait la guerre. Enfin, je dis le monde anglo-saxon mais cette idée touche toute la pensée militaire du monde, même nos magazines spécialisés sur la Seconde Guerre Mondiale se concentre que sur les armes avec notamment le phénomène à la mode des "armes ultime du Troisième Reich". D'ailleurs pour ajouter dans la caricature, il y a une émission américaine qui veut faire des comparaisons entre des guerriers de différentes époques comme spartiates vs ninja, viking vs samurai etc ... bien sur ils ne se concentre que sur leur armes, nullement sur leur rôle et leur compétence.

En prenant en compte ce genre d'approche je le trouve pas si mal le billet. :P

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Moi je dis le fruit aiguisé :lol:! Comme dans Blackadder!

il y a une émission américaine qui veut faire des comparaisons entre des guerriers de différentes époques comme spartiates vs ninja, viking vs samurai etc ... bien sur ils ne se concentre que sur leur armes, nullement sur leur rôle et leur compétence.

Ca existe encore ce truc? J'avais vu aussi l'émission de Lee R Emey (l'acteur qui joue le sergent instructeur dans Full Metal Jacket) sur l'histoire des armements: pareil, ils étaient persuadés d'expliquer la victoire de telle ou telle armée, de telle ou telle civilisation, par une arme, et y'avait notamment ce truc du gladius.... Et des énormités encore pires sur l'arbalète qui aurait gagné la guerre de Cent Ans à la France :lol: face au longbow avec ses archers trop longs et chers à former, trop peu nombreux. Beaucoup, vraiment beaucoup de n'importe quoi, même sur les armes modernes du XXème siècle où ils se persuadent qu'expliquer par une ou deux armes individuelles permet de comprendre le tableau d'une guerre et du pourquoi de son déroulement.

En prenant en compte ce genre d'approche je le trouve pas si mal le billet

A quel égard, qu'apporte t-il selon toi?

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Ben, d'un point de vue ethnologique la première des armes sont les mains, se sont avec celle-ci que les hommes ont pu saisir le bâton et pierre pour se battre. ;) Et puis, il fallait aussi des mains pour aiguiser des fruits ... :lol:

A quel égard, qu'apporte t-il selon toi?

Ben déjà un topic en plus pour la section histoire. :lol: Et tel que je connais le forum, on peut broder le sujet en parlant de relation entre l'arme et le soldat.

Pour l'émission je crois que se ne sont plus de que des rediffusions.

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Et puis, il fallait aussi des mains pour aiguiser des fruits ...

L'histoire de la guerre et la passion pour ce domaine seraient quand même très différentes, moins contestées et nettement plus amusantes si l'être humain avait développé l'armement à partir de cet axe technologique. Culturellement, l'être humain serait terrifié par les taches de fruit sur les fringues ou le corps qui seraient un stigma social puisque les guerres se décideraient en voyant qui sont les plus crades et les plus collants :lol:. Evidemment, quelque part sur le chemin, y'a des abrutis gâcheurs de réjouissances qui se seraient rendus compte que l'extérieur de la noix de coco permet (plus que l'intérieur) d'enlever à l'adversaire des "faiseurs de taches" (le nom des soldats dans cette culture militaire :lol:) et ce faisant de l'emporter. Donc on se met à aiguiser les coquilles de noix de coco, ou à en utiliser des pleines comme armes de première frappe avant d'aller se ruer avec les fruits tachant pour porter l'estocade qui fait le résultat visible (naissance de la tactique et de la division du travail dans les forces désormais spécialisées dans une armée). Et là tout de suite, ça commence à devenir moins marrant :-[.

Mais bon, si on veut trouver le premier armement humain, on devrait essayer de voir s'il est même possible de savoir quel est le premier armement SPECIFIQUEMENT fait pour combattre/tuer d'autres humains: les premiers outils et armes de chasse ont été fait pour se défendre des bestioles à grandes dents et pour aller chercher le manger (qui souvent n'est pas coopératif et peut avoir la masse corporelle et les gadgets naturels pour faire valoir son point de vue), mais les premiers combats ont, en toute logique, été menés pour aller piquer le manger d'autres groupes humains en temps de disette/mauvaise chasse, et pour empêcher que ces autres viennent se venger ou faire la même chose. Autres buts de guerre contemporains de ces trucs basiques: dégager l'autre de votre territoire de chasse ou aller sur un autre territoire de chasse et en dégager le titulaire, aller piquer les femmes de l'autre ou garder les siennes propres.

Plus une zone devient peuplée, plus ces affrontements deviennent fréquents, et même si on utilise les mêmes armes que pour la chasse, on commence à s'organiser pour ces affrontements à mesure qu'ils deviennent réguliers, à mettre en place des tactiques, un commandement, et un entraînement. De là on commence à adapter les outils qu'on a à ce gibier particulier et à ces méthodes de combat. L'une des premières adaptations nettement faites pour la guerre, et je crois la seule dont on puisse affirmer qu'elle ait été faite spécifiquement pour cet usage, est la pointe de flèche inversée, avec la tête mise à l'horizontale (pour passer des vertèbres horizontales, celles des bipèdes) et non à la verticale (pour des quadripèdes, aux vertèbres verticales). L'autre innovation spécifiquement guerrière est la massue, le casse-tête: ces 2 armes ont évolué à partir d'outils/instruments de chasse ou de la vie courante, mais il est plus difficile de déterminer si un casse-tête est vraiment réalisé pour cet usage ou s'il s'agit d'un truc apparenté au marteau, tandis que la flèche à pointe horizontale n'a qu'un usage possible.

Mais l'ordre des choses semble quand même plus clair: les outils spécifiques pour la guerre permettent des choses nouvelles et/ou accroissent l'efficacité des procédés guerriers, mais ils ne les précèdent pas. L'outil est déterminé par le besoin et la pratique, pas l'inverse: un truc qu'on a du mal à voir ces temps-ci.

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Mais une arme et son utilisation peuvent être aussi influencé par la culture d'un peuple ou civilisation, non? Pour reprendre l'exemple des vikings et samuraï, les viking privilégiaient les coup d'estoc tandis que les second concentraient tout leur coup sur la taille.

Mais bon, si on veut trouver le premier armement humain, on devrait essayer de voir s'il est même possible de savoir quel est le premier armement SPECIFIQUEMENT fait pour combattre/tuer d'autres humains:

Cela me fait rappeler l'image de Jiang Taigong qui entraînait ses soldats par le travail de la terre et de construction, car il disait que les armes sont des outils qu'on a détourné de leur rôle d'origine.

Et là tout de suite, ça commence à devenir moins marrant .

Surtout si on laisse les mamans ayant des tendance monomaniaque sur la propreté s'en mêler.  :-[

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Mais une arme et son utilisation peuvent être aussi influencé par la culture d'un peuple ou civilisation, non? Pour reprendre l'exemple des vikings et samuraï, les viking privilégiaient les coup d'estoc tandis que les second concentraient tout leur coup sur la taille

Les vikings étaient pas tant portés sur l'estoc: les épées étaient grandes avec 2 larges tranchants en général. Ils étaient plutôt portés sur l'impact du tranchant sans dédaigner l'estoc, comme un peu partout en Europe, sauf dans le monde méditerranéen de l'antiquité (les Romains faisant la transition générale vers le IIIème siècle) où les épées courtes à 1 tranchant (voire des poignards) signifiaient l'insistance sur l'estoc ou l'utilisation du tranchant pour achever, au corps à corps très rapproché, dans la presse d'une bataille rangée (là est l'impact culturel: la recherche de la bataille rangée chez les Méditerranéens, et du choc organisé).

Mais ce n'est pas tant la culture en soi: la culture est une construction et la façon de faire la guerre en est une incarnation, qui détermine toujours un peu plus les armes qu'on veut. On le voit d'ailleurs dans l'armée japonaise du XXème siècle, qui malgré la sophistication, n'a pas réussi à se départir totalement de l'idéal de la recherche du contact, du choc, du combat rapproché et individuel, qu'on voit dans leurs avions (qui sont faits pour le duel aérien), leurs armes terrestres (plus courtes portées, pas trop faites pour la guerre de mouvement ou la combinaison des savoirs-faires de grandes spécialités ayant la même "valeur" perçue, peu d'insistance sur les chars....) ou même leur marine (malgré leur aéronavale en avance, ils restent fondamentalement trop axés sur les capital ships et le canon, ayant trop peu d'escorteurs, une disproportion très coûteuse en faveur des cuirassés et croiseurs lourds....).

C'est pas la "culture" en général qui va définir l'outil: l'aspect militaire de leur culture, venant de réalités et de la façon dont ils les ont vues, détermine la manière de concevoir la guerre, les campagnes (a t-on une géographie plate ou accidentée, des grandes villes ou non, des populations organisées et pouvant servir, une société rigidement hiérarchisée ou un peu moins concentrée, une structuration militarisée ou des castes réduites de spécialistes exclusivement, recherche t-on la bataille rangée ou le raid, a t-on de larges effectifs ou non, des guerriers pros non remplaçables ou non....), et de là, la manière d'appréhender le combat. Il y a aussi évidemment un mouvement inverse (de l'aval vers l'amont) où les combattants, par expérience accumulée, font leurs innovations en fonction de ce qu'ils ont initialement et de ce qu'ils retiennent de leur expérience récente pour changer d'approche (plutôt rare: les Romains ont été dans l'histoire les plus adaptables en ce sens) ou perfectionner, affiner....

Les vikings, par exemple, étaient des peuples initialement peu structurés (petits villages et petits groupes de villages), peu nombreux, dans des terres peu fertiles avec une économie peu développée et quasiment pas monétarisée: comme beaucoup de peuples avant eux (celtes, germains, grecs, latins....), ils se sont lancés dans des raids, et forcément maritimes vu la géographie, avec des navires à utilité mixte (commerce, exploration et guerre) faits pour les longues croisières et la versatilité (mer-fleuves), et c'est sur plusieurs siècles de la "période viking" qu'on voit se développer une spécialisation accrue d'une partie des navires pour les expéditions guerrières (le knarr, abusivement appelé "drakkar", par rapport au "knav" commercial), spécialisation rendue possible par le développement de cette spécialité des raids guerriers outre mer pour une partie de la population ET par le développement concomittant à l'accumulation de richesses, de "renom" (en fait plus du capital politique et de la puissance par les commanditaires et chefs), d'entités proto-étatiques plus importantes, ayant plus de moyens. Les chefs victorieux reviennent et peuvent se faire la guerre avec plus de moyens, plus de guerriers confirmés (qu'on peut payer, qui se rallient aux chefs victorieux, qu'on peut former parce qu'on a du fric et plus de population), donc acquérir violemment (ou par la menace, ou par les unions qu'on peut négocier) des terres et des populations. Et ces entités peuvent et doivent (parce qu'elles ont toujours plus besoin de ce cycle de l'expédition dont dépend une partie de l'économie, de la population -notamment la création d'une catégorie de guerriers permanents et plus des "mi-temps"- et du pouvoir politique par essence toujours à cours) relancer des expéditions guerrières toujours plus nombreuses et toujours plus vastes (voir celles des IXème-Xème siècles, et surtout XIème), qui ne peuvent plus se contenter de piller quelques monastères et petits bourgs, mais doivent rançonner des régions, négocier avec des souverains d'une Europe post-carolingienne bordélique et atomisée qui se chamaillent aussi tout le temps entre eux (et ne peuvent se permettre d'aller toujours dézinguer du viking parce qu'ils sont en flux tendus côté effectifs et ne peuvent risquer des pertes d'hommes et de temps alors que le voisin immédiat, lui, regarde). Au final, les Grecs (surtout époque mycénienne) et d'autres n'ont pas fait autrement, et l'histoire des navires grecs n'est pas différente non plus (l'émergence de la trirème et sa nature versatile a beaucoup de similarités).

Et pour faire ça, le souverain viking en plein développement a besoin de développer, de "pousser la R&D" pour des navires plus aptes à de tels raids, qui ne seront voués qu'à ça. On voit d'ailleurs la différence entre les Danois et Norvégiens d'un côté, qui ont été à plein dans ce cycle, et les Suédois de l'autre, dont la zone d'expansion était plus fluviale et plus vaste: leurs navires sont restés plus polyvalents et ont correspondu plus à des croisières mi commerciales mi guerrières de très longue haleine sur les fleuves russes, et à une colonisation de peuplement vu la plus faible densité de ces zones et la moindre structuration politique.

Pour le combat, le nordique ne comprend pas vraiment la bataille rangée: il vient d'une zone peu peuplée, avec initialement peu de guerriers professionnels et des forges d'armes pas forcément géniales pour la majorité des troupes. Il utilise beaucoup d'armes d'hast (haches et marteaux) qui sont encore aussi des outils (ou bien que spécialisées, ne s'en sont pas encore trop éloignées), et opère en raids de tout petits effectifs sur des cibles surtout peu défendues. La mentalité est donc guerrière et non militaire, portant tout le poids sur l'individu (et le chef est le premier des "individus" :lol:), donc le combat individuel qui est le seul qu'il comprend vraiment, ce à quoi la religion, en retour, l'encourage (et les religions de civilisations qui évoluent un cran plus loin encouragent bizarrement plus la valeur en général que la réussite en combat singulier; la religion reflète donc plus la réalité d'un moment qu'elle ne détermine pour l'éternité une "culture de combat": la religion romaine est ainsi passée de l'individuel au collectif, notamment en passant par l'exaltation du combat individuel, mais celui du chef qui symbolise tous les guerriers ensembles). Le combat, et donc l'armement, sont à ce moment de leur histoire, adaptés pour cette vision qui est en fait le reflet de la réalité qui s'impose à eux.

Alors oui, c'est de la "culture", mais cette partie de la "culture" vient de la réalité rencontrée et de la manière dont il l'ont vue pour s'y adapter.

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