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La bataille d'Adoua (1896)


Rochambeau
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Les ambitions coloniales italiennes

Proclamé en 1861 mais ayant achevé son unité en 1871, le royaume d'Italie était, dans les dernières années du XIXème siècle, en mal de grandeur.

Prenant exemple sur la France et l'Angleterre, l'Italie entendit mener une politique coloniale sensée aboutir à la création d'un vaste empire, à l'instar de celui de l'antique Rome.

Constituant une région riche en matières premières, partiellement chrétienne et libre de toute présence coloniale, l'Ethiopie fut rapidement le sujet des ambitions italiennes.

Dès 1885, les Italiens s'établirent à Massaoua, sur la côte de la Mer rouge.

En 1890, l'Erythrée, province maritime éthiopienne, fut transformée en colonie italienne.

Dès 1893, à partir de l'Erythrée et de la Somalie, nouvellement soumise, les Italiens préparèrent la conquête du haut plateau éthiopien.

Un optimisme mal placé

A la fin de l'année 1894, avec un optimisme mêlé de dédain, les Italiens pénétrèrent en territoire éthiopien, progressant tout d'abord avec facilité.

Le 17 septembre 1895, lassé des incursions italiennes, le négus Ménelik II proclama la mobilisation générale, dénonçant ainsi le traité d'Ucciali signé en 1889 (interprété comme un pacte d'alliance par les Ethiopiens et comme une reconnaissance de leur protectorat par les Italiens).

A l'annonce de la mobilisation éthiopienne, le gouvernement Crispi se trouva devant un dilemme :

soit arrêter la progression en conservant les conquêtes des premiers mois, dont la ville frontalière d'Adoua

soit poursuivre la conquête.

En considérant le coût financier de l'aventure, les difficultés dûes à l'éloignement de l'Italie, les lenteurs des communications, la mauvaise connaissance du terrain envahi et les compétences discutables des chefs militaires en place, les Italiens auraient été avisés de choisir l'arrêt des combats.  Mais les perspectives de carrière de quelque-uns en décidèrent autrement.

La lenteur de la mobilisation éthiopienne permit aux Italiens de poursuivre leur avancée jusqu'en décembre 1895, moment où les choses se gâtèrent.

Le 7 décembre 1895, à Amba-Alagies, encerclés par 30.000 Ethiopiens, les Italiens perdirent 2.000 soldats sur un effectif de 2.300.

Le 21 janvier 1896, ils furent contraints d'abandonner Makallé.

Un plan désastreux

Les premiers revers causèrent l'effroi des autorités italiennes.  Si l'extrême-gauche se montra farouchement anti-colonialiste, les milieux industriels se montrèrent sceptiques quant aux bénéfices à tirer de la conquête.  Dans cette situation, le gouvernement italien se persuada que seul un succès complet remporté en Ethiopie lui permettrait de rétablir solidement sa position.

Le commandant en chef italien, le général Oreste Baratieri, reçut les moyens supplémentaires qu'il réclamait en vue de renverser la situation.

Averti de son remplacement imminent, Baratieri opta pour une offensive prématurée.  Alors que ses renforts (20.000 soldats) n'étaient pas encore arrivés, il lança, le 28 février 1896, une offensive vers Adoua dans l'espoir d'attirer les forces de Ménelik II sur un emplacement défavorable pour elles et de les vaincre.  Si d'aventure les Ethiopiens ne tombaient pas dans le piège, Baratieri se résignerait à attendre le gros de ses forces.

Dans la soirée du 29 février, 16.800 Italiens et ascaris (auxiliaires érythréens et somalis) progressèrent en quatre colonnes en direction d'Adoua.  Les Italiens formaient les deux tiers de l'effectif engagé, les ascaris le tiers restant.

Le 1er mars 1896, s'étant égarées en route, les troupes parvinrent, épuisées et disséminées, sur un terrain parsemé de nombreux pitons qui les empêchaient d'avoir une vue d'ensemble du champ de bataille.

La date du 1er mars avait spécialement été choisie par Baratieri car il s'agissait d'un jour de fête pour l'Eglise éthiopienne.

Le général italien s'était convaincu que nombre de guerriers se seraient dispersés dans le pays afin de satisfaire à leurs devoirs religieux.

Il fit là une tragique erreur de calcul car les Ethiopiens n'avaient nullement quitté les rangs mais étaient plus de 100.000 à attendre l'adversaire sur un terrain qu'ils connaissaient parfaitement.

Un assaut sauvage

Après avoir longtemps hésité entre les indications de ses cartes et celles de ses guides, Baratieri fit prendre position à ses troupes.

Immédiatement, celles-ci se trouvèrent assaillies par une marée humaine.

Les Ethiopiens portèrent leur premier effort sur le maillon faible du dispositif italien, un bataillon de supplétifs africains.

Ces derniers prirent la fuite, scellant l'issue de la bataille.

Dans leur fuite, ils se ruèrent en direction du centre italien, brisant totalement le dispositif de Baratieri.

La mêlée devint indescriptible.  Nombre d'Italiens abandonnèrent leurs armes pour fuir le champ de bataille, craignant la vengeance des Ethiopiens qui n'hésitaient pas à émasculer les ennemis tombés entre leurs mains.

A la fin de la journée, les débris des forces italiennes, totalement désorganisées, furent mises en déroute.  Baratieri ne parvint même pas à canaliser la retraite.

Pour avoir sous-estimé une armée africaine dépourvue de technologie moderne, l'Italie perdit 8.000 soldats et 4.000 auxiliaires, soit les deux tiers de la force engagée.

La raison majeure de la défaite fut l'incompétence flagrante du général Baratieri.

Le 5 mars 1896, le gouvernement Crispi démissionna.

L'Italie se détourna de l'Ethiopie pour se concentrer sur le bassin méditerranéen où elle tenta de ravir des territoires à un Empire ottoman en pleine déliquescence.

Un désir de vengeance subsista toutefois, qui poussa l'Italie à attaquer l'Ethiopie une nouvelle fois, en 1935... 

Source:

http://users.skynet.be/grandes_batailles/pages/303.html

http://www.erythree.com/italie.html

Ménélik II d'Éthiopie

http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9n%C3%A9lik_II

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C'est "amusant" de constater que les défaites européennes pendant les guerres coloniales ont toujours les même raisons :

- arrogance amenant une illusion de supériorité

- mauvaise connaissance du terrain

- erreurs tactiques grossières ( pas de reconnaissance par exemple )

Mais il faut reconnaître que les opposants aux troupes européennes ont su bien profiter de leurs points forts.

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