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Berezech

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Tout ce qui a été posté par Berezech

  1. Sinon j'ai essayé d'évaluer le nombre de point de passage sur le système de canal au sud du Dniepr (qui est assez large pour empêcher des véhicules de passer, mais pas toujours plein d'eau d'après ce que j'ai vu, donc parfois praticable à gué) en me demandant si les Ukrainiens pouvaient tenter un isolement de la section à l'ouest du canal Nova Kakhova en détruisant les ponts. C'est compliqué. Il faudrait au moins en démolir une dizaine (dont le barrage du canal), pour gêner les russes, et presque une trentaine (dont certains ont l'air costaud, pas juste un tablier à crever) pour réellement isoler cette section du front. Et encore faut il pouvoir le faire régulièrement sachant que les russes sont relativement ingénieux quant aux moyens de franchissement, ils pourraient reproduire ce qu'ont fait les ukrainiens sur l'Inhulets en créant des gués artificiels. Par ailleurs comment maintenir un franchissement durable sur le Dniepr pour les moyens lourds sans qu'il se fasse fracasser par l'artillerie ? On aurait sans doute une situation inversée du siège de Kherson.
  2. Non, je pense qu'ils n'ont fait sauter que les passerelles. Désolé que le débat devienne ad hominem, ça n'était pas mon intention de lancer une séquence comme celle là, je pense qu'on peut s'automodérer et éviter les procès d'intention de part et d'autre et juste échanger nos arguments s'en y mettre du personnel (même si le sujet est sensible).
  3. Autant militairement je trouve déplacé de les traiter de débiles, mais il n'y a pas de relativisme à avoir sur les crimes. L'armée russe commet des crimes de guerre, bien documentés et massifs. Elle torture, exécute sans procès des civils, des POW, rase des infrastructures civiles (parfois sans le motif légitime de leur utilité militaire, genre le mall de Dnipro), vole, pille, viole, empêche les secours humanitaires d'accéder aux POW ou de secourir les civils, détruit l'infrastructure civile délibérément (Cherson) ce qui est aussi un crime de guerre, déporte des populations, enlève des enfants (voir l'enquête du NYT). Et cette méthode si elle n'est pas théorisée et admise officiellement, n'est pas sanctionnée par l'autorité militaire et civile (contrairement aux Ukr qui enquêtent sur leurs crimes, donnent des consignes officielles et tiennent leurs troupes, les crimes existent mais ils sont exceptions plus que principes) malgré les appels des organisations internationales dont la Russie est membre à respecter le droit humanitaire, j'en déduis qu'elle fait partie à part entière des méthodes militaires des russes comme principe de guerre, même par défaut. Par ailleurs ils bombardent systématiquement les agglomérations qu'ils ont dû évacuer (vérifiable dans l'historique de liveuamap, regarde les suites de Izium et Lyman) d'où ma remarque. Je ne pense pas que les russes soient des monstres, mais je n'ai aucun doute sur le fait que leurs méthodes relèvent de celle de criminels, ne serait ce que par l'absence quasi total d'effort déployés par leurs autorités pour tenir leurs troupes (et elles n'ont pas l'excuse de commander une bande de milicien en guenille qui crève de faim dans un coin de l'Afrique). Je ne vois pas pourquoi Cherson ne serait pas une cible. Les Ukr vont forcément s'en servir pour la suite de la campagne. Sinon pour faire suite à ce que j'esquissais en page précédente sur le problème de l'exploitation, j'ai l'impression que la profusion de mine, le pouvoir meurtrier de l'artillerie moderne, combiné à l'aversion aux pertes découragent quasi systématiquement les belligérants de poursuivre, peut être aussi la rareté des moyens offensifs qui font ça par rapport à l'abondance et à la simplicité plus aisé de la posture du défenseur. Même en l'absence de défense en profondeur (Izium, Lyman) les russes ont toujours réussis à se rétablir derrière une rivière ou par le cloisonnement du terrain. Par contre les Ukrainiens mènent systématiquement une sorte de "petite guerre" entre et à côté de la "bataille" en tant que telle, qui leur a permis de prendre pied à Kupiansk rive est ou au sud de Lyman après Izium, puis sur les approches de Svatove après Lyman. J'imagine qu'ils vont faire le même effort sur les îles du Dniepr afin d'essayer d'y faire peser au moins l'idée d'une menace et fixer des russes dans ce secteur en bout de chaîne logistique. EDIT : Les russes ont fait sauter une petite section pontée du barrage de Nova Khakovka, du côté ukrainien (rive droite).
  4. Pour tuer des ukrainiens et leurs moyens militaires. Les ukrainiens utilisent les villes comme bastion / zone de regroupement / hub logistique et pour cacher du matos. Bon par ailleurs les russes ont plusieurs fois montré que si militairement ça patine une bonne grosse démonstration de virilité brutale sur une cible civile au moins ça fait des images pour la propagande à défaut de gagner la guerre. Et qu'ils s'en foutent de passer pour des bouchers. Vieux principe de Machiavel dans leur tête : "mieux vaut être craint que méprisé". (Machiavel disait aussi "qu'il vaut mieux être aimé que craint", mais bon je pense que cette étape est dépassée). Je m'efforce de ne pas prendre les russes pour des couillons, en revanche ils semblent avoir largement démontré leur penchant pour, les exactions, la violence cynique et opportuniste. Pour la poursuite j'ai l'impression qu'on assiste au même problème qu'avait les armées du XVIIIe siècle avant Napoléon/les guerres révolutionnaires ou les armées immenses de la WWI avec une grosse traîne log taillée pour la guerre de siège : impossible d'aller assez vite pour poursuivre, enchainer et détruire l'adversaire. A fortiori à Izium, Lyman et Kherson les russes ont toujours pu se rétablir derrière un obstacle naturel favorable.
  5. Petite pointe de pessimisme : les russes vont écraser Cherson sous les obus / roquettes / frappes aériennes probablement dans peu de temps. J'espère que les civils qui le souhaitent pourront être évacués et que les besoins humanitaires de la population auront pu être pris en charge. La guerre sera encore longue.
  6. https://lavoiedelepee.blogspot.com/2022/11/des-ponts-pas-loin-point-de-situation.html Défaite politique pour la Russie, mais amélioration relative de sa situation opérationelle (si ils ont pu sortir l'essentiel de leurs forces ce qui a l'air d'être le cas). Pour les Ukr, victoire morale, de nouvelles possibilités de faire pression sur la bande côtières, et eux aussi ont des troupes libérées.
  7. Les Ukr attendent la fin de la raspoutitsa et le gel (fin novembre, début décembre). Ou bien ils estiment que ce n'est pas faisable, et continuent à attritionner les russes en attendant la prochaine opportunité.
  8. Je partais sur l'hypothèse plus conservatrice qu'ils n'allaient pas essayer de se précipiter rive gauche en commettant la même erreur que les russes et que la ligne de Front se stabiliserait sur le Dniepr, mais plus je regarde le fleuve plus je me rends compte que cette notion est floue tellement il y a de bras, de marais, d'aménagements pour le cabotage, et en prenant en compte le fait que la rive droite est plus haute que la gauche. Il va y avoir de nouveaux combats pour déterminer la nouvelle ligne de front et pas mal d'escarmouches à venir. Les Russes n'ont à mon sens aucun intérêt à faire péter le barrage, les Ukrainiens non plus. La centrale est plutôt rive gauche.
  9. Le barrage du canal est sur la rive gauche non ? (entre Nova Khakovka et Tavriisk) Le barrage sur le Dniepr je me demande comment ils vont le gérer en plein No Man's land ... Et pour le canal lui même, je me demandais si les Ukr pourraient couper les ponts pour faire comme les alliés dans le Cotentin en forçant les russes à devoir passer plus au sud. C'est la fiesta au centre de Kherson : https://t.me/hueviyherson/28772
  10. Je suis allé regarder les ponts, effectivement ça ferait mal à la log russe. Et puis je pense à l'hiver => les soldats restent près d'habitations chaudes et isolées quand c'est possible, surtout la nuit.
  11. C'est terminé d'ailleurs autour du pont d'Antonivka, le pont de barge a pris cher (le camion au milieu me laisse penser que pas mal de matériel n'a pu être transféré) et il n'y a plus d'activité : Les troupes russes se dirigeraient plutôt vers le port fluvial pour fuir sur des petites embarcations. Vue du dessus :
  12. Bah 10 minutes avec une équipe qui te tire des Kornets dessus, les obus de 152mm qui tombent partout autour, et les balles de petits calibres qui viennent frapper sur le blindage, perso je ne serai pas serein. Le but de ces trucs est de gêner la manœuvre sous le feu, pas d'arrêter le char tout seul un jour calme. J'examine sur Gmaps et OSM le cours du Dniepr, et je me demande si on ne va pas assister à une "guerre d'archipel" pour le delta du fleuve, beaucoup d'îles intermédiaires (certaines avec des villages) pouvant servir de tremplin pour traverser le fleuve, des canaux, et pas vraiment de "ligne" naturelle. le points le plus étroit du Dniepr en dehors du delta est le barrage de Nova Khakova, là aussi même problématique, je me demande sur quelle position vont se fixer les belligérants.
  13. Je me disais que les russes pouvaient au pire faire passer le pont à pied à leur infanterie mais j'ai lu que les ukrainien auraient fait un trou net dedans (mais on a pas de confirmation visuelle donc ...). Bref, en ce moment c'est la foire à la rumeur, déjà en temps normal c'est la fiesta chez les slaves, mais avec la panique et la vitesse ce soir le chaos est démultiplié, wait and see. Je pense qu'on sera plus sur quelques centaines une fois le matin venu.
  14. Le drapeau ukrainien flotte déjà Novokairi, (probablement une initiative locale pas forcément présence de l'armée ukrainienne mais ça indique que les russes se sont tirés) Il y a des bombardements et des frappes massives sur les points de passage. Quant aux ukrainiens pro-russes, soit ils ont déguerpis avec les russes, soit la seule chose à laquelle ils aspirent c'est sans doute la paix, le plus vite possible, peu importe qui l'emportera. C'est le discours que produise les ukrainiens les plus pro-russes des zones libérés que j'ai pu entendre, et ils n'ont pas de sympathie pour ce qu'ils perçoivent comme un occupant violent, brutal, et un régime politique nettement moins ouvert et pacifique que l'ukrainien. Les ukrainiens ont l'air ravis de s'en servir de killbox. ça ne m'étonnerai pas qu'ils aient laissé les russes revenir pour continuer à tirer sur la seule route goudronnée au milieu du champ de boue menant à Pavlivka et laisser les russes qui ont avancé dans le coin crever. La position à Vulhedar est en plus légèrement en surplomb derrière. Les russes auraient dû se replier rive gauche du Dniepr il y a déjà deux mois. Beaucoup de soldats vont payer de leur vie l'acharnement à rester rive droite dans les heures qui viennent.
  15. C'est ce que j'ai entendu sur Pavlivka, les russes ont pénétré le dispositif ukrainien, certaines positions ukr se retrouvant encerclées mais pas détruites, et ont avancé jusque dans la ville, mais avec leur ravitaillement / et leurs renforts devant venir par un secteur embourbé, à découvert, sous le feu précis de l'artillerie Ukr, avec des tranchées Ukr qui ont continué le combat sur place. Par contre découverte personnelle, la carte de Liveuamap est imprécise dans ce secteur, il semble bien que les russes aient conquis bon gré mal gré le petit saillant de Volodymyrivka à l'est, sans doute il y a quelques temps (peut être des mois). Il y a en fait un vaste no man's land à découvert dans le secteur. Côté Svatove idem, les contre attaques furieuses des russes vers Nevke Makivka leur ont coûté une dizaine de véhicule et quelques dizaines de soldats. Les histoires de bataillons entièrement anéantie sont exagérés, parfois par les conscrits eux mêmes qui ont retraité en désordre, la plupart des types se retrouvant dispersés et justifiant leur repli par la destruction perçue de l'unité (faut être courageux, et repeindre le réel, pour être lâche, un classique de la culture militaire russo-soviétique intolérante à l'échec). Faut dire que le FSB et les unités de secondes lignes ont pas l'air de blaguer, sans que ça entraîne le peloton, on a pas mal d'histoire de mauvais traitements, de tortures et autres trucs de séides de régimes autoritaires complètement cons et contre productifs d'un point de vue militaire. Pas besoin d'exagérer les pertes russes, elles restent à un niveau remarquablement élevé au regard des gains quasi-nuls.
  16. "Après une première phase de désarroi et de chasse frénétique à l’équipement, le ton a changé. On voit de + en + l’effet de la stratégie (éprouvée) du pouvoir russe de noyer doutes et mécontentements sous des (promesses de) montagnes de roubles. Des mesures annoncées, il y en a eu à la pelle: versements ponctuels, solde régulière, exemption de telle ou telle charge, au niveau central ou régional… Un bazar de promesses, pour des sommes conséquentes, que les différents fonctionnaires ne savent pas gérer. Les tchats ne parlent aujourd’hui que de ça: les femmes de mobilisés sont lancées dans des quests bureaucratiques et essaient de se repérer dans les paperasses. Sur des centaines de messages. Et puis, de temps à autre, le vécu des mobilisés sur le terrain surgit. On y trouve les témoignages de sous-équipement et d’absence d’entraînement, rapportés au tél. Un autre sujet émerge, assez nouveau: les défaillances de l’identification des mobilisés. Bcp de femmes, mais aussi de combattants eux-mêmes, ne connaissent pas leur num. d’unité militaire, ni leur numéro perso d’identification. Beaucoup de témoignages d’absence de jetons métalliques individuels qui doivent permettre d’identifier les combattants. Sans doute l’effet d’une précipitation qui a pris de court les autorités militaires elles-mêmes. Mais l’effet en sera lourd. Beaucoup de mobilisés qui seront tués au front seront des corps anonymes, impossibles à identifier, parfois même inconnus au bataillon, inexistants dans les fichiers militaires (on a déjà des cas de mobilisés enregistrés nulle part). Dernière remarque: on retrouve de + en + dans les tchats l’abréviation « ЦИПСО», TsIPSO, déchiffré comme « centre d’opérations informationnelles et psychologiques » ukrainien. Qu’on accuse d’infiltrer les tchats pour glaner des infos et démoraliser les Russes. Les posts où une critique de la guerre est formulée sont rapidement dénoncés par les lecteurs comme étant du TsIPSO, et on met en permanence en garde les femmes contre la publication de toute information concrète sur l’unité militaire ou la localisation de leur mari. Le tchat est un espace familier pour les femmes russes des classes moyennes qui se mettent souvent à les pratiquer intensivement à la naissance d’un enfant, pour partager conseils et angoisses. Le ton des tchats sur la mobilisation y ressemble trait pour trait. On partage entre « filles » des rumeurs et des conseils de bonne fame, on partage surtout un certain désarroi et une incompréhension de ce qui se passe. La connaissance est remplacée par des rumeurs et une mythologie. Et ça bascule très vite dans l’insulte. La parole évolue au gré des événements. Pour l’heure, bcp de familles viennent de perdre contact avec le mobilisé arrivé sur le front. « Il ne faut pas penser à mal », « tout ira bien et nous vaincrons », lit-on dans les tchats. Nous sommes aujourd’hui dans un entre-deux. Quand le silence du mobilisé se fera pesant, les questions changeront aussi. Les tchats seront-ils encore en usage? Comment les familles s’adresseront-elles au pouvoir? Y aura-t-il une prise de parole publique? Difficile d’anticiper aujourd’hui, mais je suivrai le sujet."
  17. Il faut penser la guerre en terme politique, même si celle-ci dépend en partie des effets "techniques" du combat. Peut être faut-il réfléchir l'attrition en être humain "utiles". (=cadres et techniciens chargés de mener et d'organiser la bataille, du général au biffin dans la tranchée, sachant qu'un biffin n'est pas égal à un biffin, le potentiel militaire de chaque soldat étant très inégal), à priori côté matériel l'Ukraine ne manquera pas tant que le robinet OTAN continuera à couler (le trésor de guerre de la guerre froide, et ce que l'industrie occidentale sort à l'échelle artisanale et qu'elle doit désormais produire en masse), côté russe on vit du trésor de guerre ex-URSS et de ce que l'industrie peut sortir plus ou moins en grande quantité, visiblement pour l'instant à un niveau artisanal inférieur même à ce que sort l'occidnet, j'imagine que de part et d'autre on s'organise mais on a beaucoup d'annonce et peu de concret réalisé pour l'instant (nouvelles usines, nouvelles capacités) mais les US (et de manière plus niche et artisanal les européens) sont très nettement capables de mobiliser les capitaux nécessaires alors que les russes sont contraints par leurs moyens plus limités. Au XXe siècle des pays avec une population moindre ont pu vaincre des grands. Et quasiment sans jamais remporter de bataille, et un bodycount défavorable. Je précise bien sûr que ces pays avaient souvent l'avantage d'être outre-mer (le Vietnam) ou enclavés (l'Afghanistan), la situation Ukrainienne est évidemment assez différente, surtout depuis que Vova a brûlé ses vaisseaux en annexant les oblasts ukrainiens. On sait tous que la guerre c'est de la politique, ce que les Ukrainiens doivent briser c'est la volonté des russes de poursuivre leur entreprise impérialiste, pas refaire l'encerclement de Kiev ou Bialitovsk-Minsk. Leur manière de faire la guerre inclus son rôle social et psychologique. Les russes ont encaissé un million de surmortalité peu visibles sans sourciller pendant le COVID, mais les obus et les balles qui tuent leurs soldats eux le sont, ce qui change la perception du réel, surtout quand il est en décalage avec le discours officiel souvent maladroit. C'est pour ça que démolir les unités de conscrits autour de Svatove ou à Kherson et les laisser envoyer la rumeur au pays n'est pas anodin. Certes le régime a de l'adhésion, et fout la trouille au reste de sa population, et je ne crois pas à un sursaut de la masse russe passablement divisée et désorganisée, on est donc sur une course de fond (qui coûte très cher). Tu penses que Poutine peut faire tapis combien de temps jusqu'à ce qu'il lâche ? Il a déjà démoli son armée de terre initiale, les conscrits et mobilisés qui arrivent n'ont pas exactement la même motivation existentielle que ceux de 1941. De l'autre côté les ukrainiens sont mobilisés au max (comme souligné par Corto) et leur lutte est existentielle. Les types ne se rendront que si les Russes sont capables de prendre Kiev et l'ouest du pays. Et côté guerre d'attrition, les Ukrainiens ont les moyens de tuer à distance plusieurs centaines de russes par jour par artillerie/HIMARS. Même si le front se gèle, quel pays peut maintenir ce tempo indéfiniment ? Poutine fera ce que font tous les politiciens : ce qu'il veut tant qu'il le peut, ce qu'il peut quand il ne pourra plus et qu'il sera sous pression interne. Je reconnais que ça n'est pas simple car pour lui aussi la lutte est existentielle, mais les forces qui le mette sous pression sont supérieures.
  18. Alors, oui. Mais pas dans les mêmes proportions ni avec les mêmes contraintes. Les Ukr ont de la réserve, sont à domicile, ont du matos en abondance (ne serait ce que les hôpitaux, l'hébergement et les repas chauds) et font tourner les unités, les Russes sont perpétuellement sur la corde. Et vraiment je regarde tous les sons de cloches, y compris beaucoup de choses qui sont hors chartes ici et j'hésite pas à dire quand les Ukr encaissent des pertes. Mais côté Russe c'est juste un hachoir à viande (et dans une moindre mesure à matériel) en particulier les assauts depuis août côté Donetsk. Et pire que ça les Ukr maitrisent le tempo sur les autres fronts ou fondamentalement les gains de terrains sont moins importants que d'y détruire les cadres de l'armée russe tout en laissant crever de faim et de froid la masse des soldats envoyés bouchés les trous. Et sur le front de Zapo ça n'est pas ce qui ressort des CR, et c'est pour ça que j'ai pris le temps d'enquêter et de poser la question directement à la plupart des gens qui compilent les news sur Twitter. Idem à Cherson les Ukr ont pris des pertes mais à relativiser au regard de la position intenable des russes, dont plusieurs témoignages d'unités au bout du rouleau avec des types qui ont perdu 15 kg, et les zones de "repos" ou de stationnement des unités de la "réserve mobile" qui ont régulièrement étaient frappées. L'armée russe initiale du 24 février a pratiquement été décomposée, et en voie de recomposition sous une forme hybride, dans de mauvaises conditions et des contraintes très fortes, et avec une saignée quotidienne encore ininterrompue des cadres et matériels qui en font la force. EDIT : Ajoute que l'interférence constante du politique, les PMC (et Wagner en particulier), la multiplicité des branches et des structures, et le turnover du commandement vienne ajouter à une situation déjà critique et parasite les efforts d'adaptation/recomposition venus du terrain ou de la direction politique. La métaphore que quelqu'un a soulevé d'un géant échoué sur une plage, encore capable de mettre des coûts (ou des coups !) mais qui saigne abondamment, et ne sait pas comment se remettre à l'eau, n'est pas éloignée de la réalité.
  19. Sur le secteur Vulhedar / Pavlivka, j'ai essayé d'avoir des infos mais on a pas grand chose. Ce que je sais : - Les russes ont avancé jusqu'à Pavlivka et sont entrés par le sud dans la ville - Ils ont essayé d'utiliser la même méthode que les ukrainiens (contourner les points forts, mieux combiner leurs armes) - Les pertes russes en IFV / APC ont été (très) lourdes. - L'avancée a stoppé une fois dans Pavlivka, et je ne sais pas si ils ont tenus le terrain. - Les pertes Ukr sont inconnues mais j'ai du mal à croire qu'elle soient légères. Idem au nord de l'aéroport de Donetsk, même modus operandi à Opytne. Grosso modo malgré la relative immobilité du front les ukrainiens continuent à démolir l'armée russe petit à petit à un niveau insoutenable de perte.
  20. Dure vie d'une compagnie de mobilisés envoyés replatrer le front, je comprends mieux pourquoi les russes ont peur de leur encadrement : Traduction avec Reverso : Mediazona rapporte que le 13 octobre, Lapin a violemment confronté le lieutenant Dmitri Vodnev, qui a retiré sa compagnie des bombardements au village de Kolomyichykha, près de Svatove dans l’oblast de Lougansk. Le récit de retour est issu du récit d’un autre soldat publié par SOTA. Comme de nombreux autres mobiks, les hommes de Vodnev n’ont pas reçu d’examen médical ni d’entraînement au combat après avoir été mobilisés dans le 423e régiment de fusiliers motorisés de Yampolsky vers le 22 septembre. Ils n’ont eu qu’une journée d’entraînement au tir dans un camp militaire à Belgorod. Quelques jours plus tard, les hommes ont été envoyés en Ukraine pour défendre une partie de la ligne de front fortement contestée près de Kolomyychikha. Les derniers rapports en date du 26 octobre indiquent que la région est toujours le théâtre de combats violents et de bombardements intenses. Les Russes disposaient d’un équipement tout à fait inadéquat – un autre membre de la même unité, Nikita Pavlov, a déclaré n’avoir reçu qu’un AK-74M rouillé endommagé qui ne pouvait pas être tiré. Ils se sont réfugiés dans un hangar à tracteurs près de Kolomyychikha, et sont arrivés le 7 octobre. Les hommes ont filmé leurs conditions de vie le 11 octobre. Une vidéo les montre vivant dans des conditions sordides, sans chaleur, sans lumière, sans nourriture ni eau. Ils se plaignent tous d’avoir des problèmes respiratoires. Pavlov dit qu’ils ont butiné des pommiers du village. Pavlov décrit ce qui s’est passé par la suite : "Dans l’après-midi, des tirs massifs de mortier ont commencé sur nous. Notre 2e peloton et notre 1er peloton se couchent dans la ceinture forestière, les 5e et 6e compagnies se couchent également dans la ceinture forestière. Deux heures de pilonnage ont fait plus de 4 morts et 3 blessés. Toujours après les bombardements, les 5ème et 6ème compagnies ont fui dans un sous-sol d’école. Une compagnie de communications et un KAMAZ [camion] chargé de munitions et de mines sont arrivés. Nous avons ordonné à la société de communication de s’allonger dans la zone boisée. Le conducteur de la deuxième KAMAZ, réalisant ce qui se passait, est rapidement revenu. Dans la soirée de ce jour-là, le feu a commencé à tomber sur nous. Les commandants de la compagnie de communications nous ont ordonné de nous asseoir derrière un hangar, et à la suite du bombardement de deux heures, le deuxième hangar a été détruit et un BMP non réchauffé a été détruit. Le lendemain matin, nous sommes tombés sous le feu nourri, qui a duré plus de quatre heures. La compagnie de communication s’est dispersée dans la panique pendant les bombardements. En conséquence, plus de 6 hommes ont été tués et plus de 3 ont été blessés. Le récit de Pavlov est corroboré par un récit similaire d’un soldat d’une autre unité sous le 15e régiment de fusiliers à moteur des Gardes, qui tenait la deuxième ligne derrière les hommes du 423e régiment. Il a pu observer leur sort sous le bombardement ukrainien. « Pendant sept heures, ils étaient là – de 12 h à 19 h – et bombardés de mortiers. Le major leur a ordonné, comme ils me l’ont dit, de tenir un hangar. Ils sont partis, une autre compagnie est venue, et encore une fois le major a dit d’occuper ce hangar où le mortier [ukrainien] était pilonné. La stupidité brillante du commandant! Puis à 19:00 ils ont commencé à battre en retraite. On leur a demandé : "Qui êtes-vous, d’où venez-vous ?" [Ils ont répondu], "Le village est rendu, il n’y a presque personne là-bas, ceux qui ont survécu se cachent dans le sous-sol de l’école, les chars arrivent maintenant". Puis il y eut un bombardement d’artillerie et nous les suivîmes. Les hommes ont été conseillés de partir par un soldat professionnel, un sergent, qui leur a dit, "Si vous voulez vivre, alors allez sur la route. Il y a des camions et des chars KAMAZ là-bas." Ils n’ont trouvé qu’un seul char, car tous les officiers étaient déjà partis dans les camions, et ont marché vers Svatove. Quelques heures plus tard, tard dans la nuit, ils ont atteint une station-service à l’entrée de Svatove – probablement la station АЗС sur la route P07 juste à l’ouest de la ville. Ils ont été arrêtés par des soldats et empêchés d’aller plus loin. Les hommes ont été forcés de dormir sur des trottoirs en plein air. Pavlov dit que "puisqu’il n’y avait pas d’officiers et de commandants, nous nous sommes mis à la tâche de trouver le quartier général et de demander des actions supplémentaires." Le commandant de la 5ème compagnie, le lieutenant Dmitry Vodnev, est allé chercher les officiers, mais a trouvé seulement les policiers militaires. Les hommes n’ont pas été autorisés à entrer dans Svatove. Après que Vodnev a parlé aux députés de la retraite de Kolomyychikha, ils ont informé le colonel général Lapin. Il s’est rendu à la station-service pour réprimander les survivants – qui étaient une cinquantaine – pour essayer de les forcer à retourner au front. Pavlov écrit : "Le colonel général Lapin a mis un pistolet sur la tête du lieutenant [Vodnev], exigeant que nous retournions, et il a également jeté beaucoup d’insultes sur nous (traîtres, déserteurs et beaucoup de jurons)." Vodnev a été enlevé par les gardes du corps de Lapin pour 'correction'. Selon le père de Vodnev, les gardes du corps « ont attaché les mains [de Vodnev] derrière son dos, l’ont emmené quelque part et l’ont jeté face contre terre, mais ne l’ont pas battu. » Son père dit : "Ils ont commencé à le menacer, l’accuser, ils ont dit qu’il devait revenir, et l’a insulté, [Lapin] dit : "Maudit vous et votre famille." Ses assistants filmés au téléphone ont dit : « Nous allons tout diffuser, montrer à tout le monde dans les écoles ce que vous êtes... » Après cela, Pavlov dit, "ils ont apporté [Vodnev] à nouveau pour nous convaincre de retourner au front, mais il a dit : "Les gars, je ne peux pas faire cela." Encore une fois, nous étions alignés [en parade] à la station-service devant le poste de contrôle de Svatove. » "Et là ils ont commencé à nous dire : 'Vous êtes des déserteurs, vous êtes des traîtres à la Patrie." Bien qu’ils aient commencé par dire que nous avons tout bien fait - nous nous sommes retirés, nous avons sauvé nos vies. Quand ils ont réalisé que nous n’allions pas revenir à cet endroit et juste s’asseoir et attendre qu’ils viennent, ils ont commencé à nous insulter." Un officier politique nommé colonel Rumyantsev est également venu pour 'motiver' les hommes. "Nous avons demandé : "Donnez-nous au moins quelque chose à manger et à boire", écrit Pavlov. "Ce à quoi le colonel Rumyantsev nous a dit que les gens comme nous ne méritent pas de manger, de boire ou de dormir." La session 'remotivation' s’est terminée brusquement quand les gardes du corps de Lapin ont repéré un drone en vol. Les officiers sont partis à la hâte, laissant les hommes mobilisés sous le contrôle de deux officiers de la police militaire qui ont reçu l’ordre d’exécuter tout homme qui sortait de la ligne. Ils n’ont pas revu Vodnev; il a été emmené de l’autre côté de la frontière russe pour être emprisonné au bureau du commandant à Valuyki. Il serait accusé de "sabotage de l’entraînement militaire". Le lendemain matin, après une autre nuit où les hommes ont dormi en plein air, « Le colonel Rumyantsev arriva de nouveau dans un état d’ivresse alcoolique et se mit à parler de façon abusive et à nous humilier verbalement, mettant ainsi la pression sur notre psyché. Puis, dans l’après-midi, il a apporté de la nourriture et de l’eau. Une heure plus tard, les combattants du PMC de Wagner sont venus à nous, et ont aussi commencé à nous insulter (nous traitant de traîtres, de lâches, de déserteurs). Les Wagnériens persuadèrent deux hommes du 423e régiment de s’engager avec eux. Les autres ont été chargés sur deux KAMAZs et conduits à la frontière russe près de Belgorod, puis emmenés dans un camp militaire à Alekseevka. Ils ont finalement pu contacter leurs proches. Les hommes attendent actuellement une décision sur leur avenir. Certains ont des problèmes de santé qui signifiaient qu’ils n’auraient pas dû être mobilisés du tout. Leurs familles font appel en leur nom, tandis que les hommes espèrent ne pas être renvoyés en Ukraine.
  21. Les russes ont annoncé la fin de l'accord sur le grain. Et lancent en ce moment une grosse volée de MdC. On attend les images sat, mais il y a pas mal d'indice qu'une des frégates a pris cher. Je me demande même si l'attaque ukr ne visait pas même simultanément plusieurs unités de la flotte de la Mer Noire.
  22. Omsk, donc Sibérie Occidentale. Donc ils se font rapiner alors qu'ils sont encore à l'entraînement de base. Idem à Penza, un hangar à vache ouvert aux 4 vents, du béton trempé, un peu de paille et de pauvres tapis de sol en mousse de 5 mm pour dormir. Les types auront le dos pété ou crèveront de pneumonie avant d'arriver au front. C'est fou de prioriser le high tech alors que ton infanterie est clochardisée ainsi.
  23. C'est ce aussi ce qui m'a surpris en lisant le bouquin de Anna Colin Lebedev : quasi toute la société russe adhère d'une manière ou d'une autre au régime (sauf environ 20% de la population et les nombreux russes en exil). La guerre en Ukraine est ultrapopulaire même dans les enquêtes sociologiques indépendantes. La manne économique des matières premières est abondamment redistribuée, le chaos des 90 est dans les mémoires, une partie de la société civile organisée est cooptée par le régime et les médias ont créé une telle bulle informationelle que les russes adhèrent globalement au narratif du Kremlin, ou s'y associent pour ne pas être punis par le régime. La mobilisation et la perspective de voir les revenus diminuer commencent à peine à entamer le soutien au régime. Pour le reste les russes se contrefoutent d'être associés aux crimes divers commis en Ukraine ou d'être un Etat terroriste paria. La perception de ce qu'est l'Ukraine et les ukrainiens est aussi en total décalage avec la réalité. D'ailleurs tous les POW russes interviewés disent la même chose : "mais c'est bizarre ils sont tous bilingues en russe et et c'est pas comme on m'a dit à la télé".
  24. Et plusieurs sources russes indiquent que les Ukr poussent pour couper l'autoroute au nord de Kremnina. On y verra plus clair dans quelques jours.
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