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Débat, contestation et représentation dans les armées


Tancrède
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Attention sujet potentiellement polémique, mais pas tant que ça si on essaie d'avoir une large perspective. Je pourrais le résumer (je voulais initialement) à "faut-il de la représentation syndicale dans les armées", mais je souhaiterais un plus large scope afin de mieux formuler une idée qui me trotte dans la tête sur ce qui pourrait être effectivement fait (dans le monde réel) afin d'avoir des forces armées plus "visibles" en tant qu'objet politique dans la nation, en tant qu'acteur du débat national, et surtout en tant qu'organisme vivant où la prise de décision et l'évolution soit déserrées du carcan actuel qui étouffe autant la parole que le changement et en fait un outil et une victime du corps politique, ce qui est une chose, mais aussi bien souvent de ses propres élites militaires qui, malgré leur asservissement total au politique, ont aussi une large part de responsabilité (sans compter évidemment le poids des fabricants de matos dans les choix de "modèle militaire").

Du coup, je me dis qu'à moins d'attendre la grande crise qui force l'évolution dans de mauvaises circonstances (voire à un prix trop élevé), ou l'inespéré "grand sauveur", il faut voir ce qui peut être fait. Et au final, cela amène à voir où tout commence: là où on parle, là où on décide, là où on fait pression. Ce qui pose la question de la parole du militaire (et des milieux intéressés à divers titres, y compris celui des amateurs/citoyens préoccupés), des lieux où elle peut/pourrait s'exprimer, de comment elle pourrait s'organiser, de sa visibilité, et par là, des diverses manières par lesquelles elle pourrait plus ou moins peser.

La perspective historique est la meilleure parce qu'elle limite la place de la théorie et des idées balancées comme ça (sans l'effacer, car elle a son mérite), et avant tout en fournissant de la matière concrète, des exemples et des précédents, ceux à suivre et ceux à fuir.

Et je commence avec un moyen d'expression concrète présenté comme une proposition: la syndicalisation. Elle existe en Hollande (malgré les choix stratégiques fondamentaux de vassal US, ce qui existe n'est pas une force de mauvaise qualité ou indisciplinée), et elle constitue potentiellement un atout en ce qu'elle n'est pas un "organisme" interne ou un "conseil" au final appartenant à la hiérarchie organisationnelle stricto censu: c'est un outil avec sa marge de liberté et de représentation d'intérêts propres. Certes un ou des syndicats militaires auraient forcément un statut spécifique, des limitations de bon sens à garder, mais le point en est d'avoir un porte voix garantissant l'expression relativement libre, l'anonymat si besoin est pour qui profère des paroles "de lèse majesté" ou dit des vérités s'opposant à l'éternel discours politique du "on ne baisse pas la garde" (qui fait gerber à force), une protection....

Politiquement difficile, le sujet n'est cependant pas une réforme coûteuse ou inatteignable même en l'état actuel des finances: là, c'est purement et absolument une question humaine. Et plus largement, il peut s'étendre à une sorte de représentation "multi vecteurs" de l'armée et du sujet stratégique militaire, plus susceptible d'atteindre le niveau de la bulle médiatique (et par là de la société) que les cercles de réflexion spécialisés seuls, et évidemment que les institutions politiques ou militaires. Internet offre certainement une tribune, mais on connaît les limites du cercle fana-mili.

Que pensez-vous de la syndicalisation? Quels exemples historiques autres voyez-vous comme pouvant inspirer du changement dans le débat politico-militaire en France et ailleurs, remonter l'information (au forceps si besoin est, au porte voix dans l'oreille de ceux refusant d'écouter) vers "le haut", mettre certains pavés dans les marigots? De là, quelles idées peuvent venir?

Tant qu'à faire, on va éviter le coup d'Etat ou le soulèvement militaire comme moyens d'expressions exemplaires: c'est le point extrême du spectre :lol:.

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Tu veux faire parler la grande muette  :oops:

La syndicalisation au sein des armées; la seule tradition syndicale française me parait aux antipodes des considérations du biffin de base, un militaire de par la nature de son engagement est différent d'un "salarié" ,.. moi CGT pas comprendre problème du soldat..

Franchement j'aurai trouvé le sujet superfétatoire si dernièrement les problèmes du système LOUVOIE et le tribut que les soldats lui payent en toute impunité ne m'avaient pas outré!

Bon courage.

PS : sinon une rafale de cal 50 au-dessus des têtes ça peut permettre de se faire écouter aussi.

Oui la porte tout droit et vite! :oops:

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Je vois plutôt la chose comme un organe de participation particulier aux armées, à cheval sur la nécessaire représentation de la condition militaire (pas oublier qu'on n'est plus au temps des armées de gens peu éduqués, mais d'un pays moderne avec des soldats citoyens pas intoxiqués par un conditionnement nationaliste) et la vivication du débat proprement militaire et stratégique. Pas question de créer des annexes militaires des syndicats existants, mais de créer au contraire un ou des organes particuliers au domaine et au statut militaire. Accessoirement, ça sert aussi de soupape, histoire que les soldats aient un endroit où gueuler plutôt que de se sentir écrasés sans appel par "le système".

Personnellement, je vois plutôt la chose comme un "parlement militaire", et j'avoue que je verrais bien une adhésion obligatoire (peut-être à partir d'un minimum d'ancienneté de -au hasard- 2-3 ans), pour tous les personnels militaires (voire d'autres parties intéressées à divers degrés): si tout le monde est membre et les doléances et avis des ouvrages collectifs (résultant d'un débat interne, et de votes anonymes), moins de gens peuvent être ciblés en particuliers par ceux que certaines opinions dérangent. En somme, un système de représentation et expression différent qui ferait partie de la condition militaire.

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Je vois plutôt la chose comme un organe de participation particulier aux armées, à cheval sur la nécessaire représentation de la condition militaire (pas oublier qu'on n'est plus au temps des armées de gens peu éduqués, mais d'un pays moderne avec des soldats citoyens pas intoxiqués par un conditionnement nationaliste) et la vivication du débat proprement militaire et stratégique. Pas question de créer des annexes militaires des syndicats existants, mais de créer au contraire un ou des organes particuliers au domaine et au statut militaire. Accessoirement, ça sert aussi de soupape, histoire que les soldats aient un endroit où gueuler plutôt que de se sentir écrasés sans appel par "le système".

Un organe de discussion entre les militaires du rang/sous-off et les officiers?

C'est la mentalité des officiers qu'il va falloir faire évoluer.

Mais pourquoi pas, j'aime bien l'idée de parlement militaire.

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Ce ne serait pas une nouveauté. Dès les années 60 de petits groupes plus ou moins clandestins c'étaient organisés.

Deux posts de Merchet qui posait déjà la question :

http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2009/11/dans-larm%C3%A9e-de-terre-un-tiers-des-officiers-est-d%C3%A9sormais-favorable-aux-syndicats.html

http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2009/11/syndicats-dans-larm%C3%A9e-les-vrais-chiffres-de-lenqu%C3%AAte-interne.html

Et qui montre que la plupart des militaires croient dans le commandement pour défendre les intérêts mais avec une minorité croissante en demande d'un organe de représentation.

Pour ma part je me fais une réflexion sur les risques de corporatismes entre chaque armes, entre les niveaux hiérarchiques (engagés, sous off, off) et entre les lieux géographiques (défendre telle base, telle implantation plutôt qu'une autre ...). Mais why not ? ça marche pour les autres fonctionnaires, avec le maintient d'une clause sur le devoir de réserve, je pense que ça serait une avancée positive dans certains domaines, en particulier dans l'amélioration des conditions de travail (et donc de l'efficacité) de l'organisation.

ça ne remet pas en question l'activité professionnelle et la discipline.

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Il n’y aurait pas moyen de faire passer ça à travers un organe qui aurait pour cœur de métiers de gérer et coordonner les ressources humaines aux seins des armées (détermination des critères de recrutement et d’entrainement, affectations des effectifs, démographie militaire,  gestion des carrières…etc) ; le point étant de ce servir des compétences technique de cette institution comme alibis à un rôle de représentation des militaires dans le débat publique. Ça passerait par une définition large des prérogatives de cet organe.

Car, je doute qu’on puisse sans braquer les politiques ET les militaires, approcher  de façon directe la problématique.

Malheureusement, ça n’irait pas plus loin que la prise en compte de la condition militaire et un peu de l’organisation de l’armée.

Pour aller plus loin dans ces questions de réformes et de stratégies, je ne vois pas de substituts à leurs prises en charges par le Parlement.

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La syndicalisation existe sans en porter le terme.

Il s'agit des représentants de catégorie et il ne faut pas oublier le Conseil supérieur de la fonction militaire.

Concrètement, un pouvoir notificateur à déjà clairement explicité aux militaires qu'ils doivent utiliser les représentants de catégorie pour lui faire remonter des informations/ revendications.

En outre, les militaires utilisent discrètement la voie de la représentation syndical. Et il faut pas oublier l'effet corporatiste qui existe.

Pour assainir ces liens transverses il faudra néanmoins légiférer tout en respectant le dialogue social avec le personnel civil du ministère.

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Il s'agit des représentants de catégorie et il ne faut pas oublier le Conseil supérieur de la fonction militaire.

Concrètement, un pouvoir notificateur à déjà clairement explicité aux militaires qu'ils doivent utiliser les représentants de catégorie pour lui faire remonter des informations/ revendications.

En outre, les militaires utilisent discrètement la voie de la représentation syndical. Et il faut pas oublier l'effet corporatiste qui existe.

Et quel impact ça a? Ca passe au final par les voies habituelles et ça n'a pas d'écho. Les militaires doivent avoir un truc "à eux", qui se conforme à un certain nombre de règles (comme un devoir de réserve MAIS bien dimensionné, pas un truc qui impose de se fermer la gueule sur tout ce qui dérange) et qui peut peser et se faire entendre, pas être gentiment étouffé et "absorbé" par l'organisation en place; ça, c'est une autre façon de dire que la démocratie, c'est "cause toujours" (et la dictature "ferme ta gueule"). Il faut un libre accès la scène publique et à un propos le moins contraint possible, avec les militaires eux-mêmes (pas la haute hiérarchie) en charge de régler le ton adopté (bref, leur faire confiance sur le plus de points possibles, seule condition -y'en a aucune autre- pour faire en sorte qu'ils aient vraiment ce truc "à eux"). C'est pas en leur formatant une vague boîte à suggestions bien tempérée et intégrée au fonctionnement interne des armées (bref un service de plus dans la bureaucratie) que la parole va se libérer, la tension s'apaiser et le moral s'améliorer.

Faut qu'ils aient un outil à eux et que celui-ci ait un minimum d'impact et de capacité à en créer, pour forcer les "retours" de la hiérarchie, voire à l'occasion du politique: à l'arrivée, faut du concret sinon on finit toujours par s'apercevoir qu'on est pris pour des cons ou des paillassons malgré les apparences.

Et tant qu'à faire pour lui donner un peu de pouvoir concret et de responsabilisation, ce "parlement" devrait avoir en charge certains aspects de gestion, de fait certains budgets ou fonctions, et/ou certains pouvoirs de suggestions/consultation obligatoires (dans la GRH, les suggestions de petits matériels.... A voir), pour en faire un acteur obligatoire. S'il faut encore comparer au syndicalisme, mettons que c'est ici un syndicalisme à l'allemande.

On est d'accord que l'armée n'est pas et ne doit pas être une démocratie, mais ce fait ne veut pas dire que bien des aspects en interne ne peuvent pas être démocratiques dans leur fonctionnement: une responsabilisation bien gérée et la bride laissée libre aux initiatives et à une libre parole (tempérée par quelques règles et un code de comportement BIEN DOSES) ont toujours historiquement produit de meilleurs résultats qu'un asservissement complet à une règle, un code de comportement absolutiste.... Lyautey le signalait en son temps sur bien des choses. Ca vaut aussi pour le commandement opérationnel (où il vaut mieux laisser le plus possible de pouvoir de décision et d'autonomie aux plus bas échelons possibles), et ça n'a rien de contradictoire avec la discipline, et surtout pas la culture de commandement trouillarde et tâtillonne qui crée des décideurs jaloux, centralisateurs et donnant toujours dans un absurde micromanagement castrateur, frustrant et enrageant pour l'échelon du dessous. Je constate ça jusque dans la façon de s'exprimer des officiers supérieurs: ils sont franchement, aussi respectables soient-ils, énervants rien que sur cet aspect d'où transparaissent beaucoup de travers de la culture hiérarchique en France (on croirait souvent entendre un "patron paternaliste" du XIXème regardant ses subordonnés comme des enfants et prêchant sa supériorité issue essentiellement d'un parcours académique).

Il n’y aurait pas moyen de faire passer ça à travers un organe qui aurait pour cœur de métiers de gérer et coordonner les ressources humaines aux seins des armées (détermination des critères de recrutement et d’entrainement, affectations des effectifs, démographie militaire,  gestion des carrières…etc) ; le point étant de ce servir des compétences technique de cette institution comme alibis à un rôle de représentation des militaires dans le débat publique. Ça passerait par une définition large des prérogatives de cet organe.

J'avoue que autant que possible, on devrait tendre vers ce genre de fonctionnement et de prérogatives, la "profession" s'auto-régulant dans un maximum d'aspects et se voyant responsabilisée, et par sur le critère du grade qui met évidemment les très étoilés en charge de tout. Il y a des équilibres à définir, c'est un fait, des répartitions de prérogatives (mais il faut qu'il y ait des prérogatives réelles) à clairement établir.... Mais le point est de décentrer la décision, les choix de matériels (à acheter, à développer) et la gestion du fonctionnement dans un certain nombre d'aspects (et évidemment dans une certaine mesure), d'intéresser, de responsabiliser, de "donner un territoire" propre aux militaires.

Car, je doute qu’on puisse sans braquer les politiques ET les militaires, approcher  de façon directe la problématique.

Malheureusement, ça n’irait pas plus loin que la prise en compte de la condition militaire et un peu de l’organisation de l’armée.

Sauf si pour une part, ce "parlement syndical" appartient en propre aux militaires, ayant son propre budget fixe (et le droit de se financer aussi ailleurs via certains moyens légitimes) et surtout son propre accès à la scène publique et certains moyens (avant tout en terme de règles fixées) de sa communication, sans contrôle ni censure (sauf cas extrêmes si quelque chose merde), sans contrainte étouffante.

Il est assez indicatif de voire que si on suggère ça, il y a tout de suite en général des réactions clamant les risques les plus extrêmes de dérives et les présentant intrinsèquement comme des conséquences immédiates et inévitables, voire prévoyant l'anarchie.... Ce que ça indique est nettement moins l'authenticité de telles dérives potentielles (selon les cas, les modalités.... Il y a des risques: il y en a toujours et pour tout, surtout ce qui vaut la peine) que la culture hiérarchique, absolutiste et centralisatrice à l'extrême de l'autorité, ce qui revient généralement à dire un niveau excessif de narcissisme et de paranoïa de celui qui détient l'autorité.

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