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Je vous le dis, l'avenir de l'Allemagne n'est pas sur les mers


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Voilà, uchronie qui me taraude depuis un certain temps.

Il était une fois un jeune moutard appelé Willhelm. Pas forcément né dans les meilleures condition il avait, contrairement à ce qu'on aurait pu croire, pris les bateaux en grippe. En effet, il n'aimait pas ces sales trucs et encore moins les ports qui puaient le poisson. En plus les anglais ne cessaient de le surnommer Bille, chose qu'il ne supportait pas. Non, Willhelm aimait les trains, et ne jurait que par ses Marklin dont il était collectionneur. Il aimait les plaines, surtout à l'Est et c'était un authentique fana d'automobile et d'aviation. Bref les bateaux, fallait pas lui en parler, et du thé à la mente encore moins. Par contre le caviar il aimait.

Devenu adulte, Willhelm conserva ses obsessions. Aussi quand un lobbysite barbu du nom de Tirpiz se pointa, Willhelm lui répondit que non, il n'aurait pas de budgets et que si la marine devait communiquer sur quelque chose, c'était sur la Baltique uniquement et exclusivement et que Sa Majesté ne tolérerait qu'une flotte de croiseurs pour le symbole. Et puis le panslavisme était plus intéressant à étudier, la libéralisation forcée des marchés tchèques, croates, slovaques, slovènes, hongrois, mais aussi les bulgares et roumains, oui monsieur ! Et pourquoi pas l'Ukraine et le reste des Balkans tant qu'on y est ! Willhelm, très intéressé par l'empire portugais, voulait également pousser par là afin d'y libéraliser la circulation des capitaux pour lé bénéfice de tous et envoyer Léopold II fait le ménage à sa place afin de pouvoir investir en paix, encore une fois. En un mot comme en cent, Willhelm voulait avoir le beurre et l'argent du beurre et faire surveiller ses investissements par les autres tout en ramassant le fric.

Aussi plutôt que de se lancer dans une course au dreadnought, Willhelm préférait la course aux Marklin blindés, développer ces nouveaux trucs à chenille avec un canon dessus, accorder la priorité budgétaire à la Heer, et ne développer qu'une flotte d'alliance pour un allié naval plus important mais ayant besoin d'un ancrage continentale (quitte à accorder un minimum de libre échange). Cette veille navale devait s'accompagner d'une veille technologique parce que Willhelm n'était pas con non plus et que les sous marins c'était un GroBe outil d'exportation à venir et qu'il était prescient. Aussi par la force des choses Willhelm choisit-il d'adopter une politique conciliante avec les buveurs de thé quitte à développer des rapports cordiaux avec les USA en même temps pour équilibrer les anglo-saxons entre eux et tôt ou tard faire la nique aux français.

En un mot, comme en cent, l'Empire allemand choisit de se calmer au niveau naval et de chercher à s'assurer une hégémonie continentale en se trouvant un allié sur mer, sous une forme ou sous une autre, et se ménager la capacité d'en changer si cela tourne mal, quitte à vendre des équipements au nouvel allié. Bref Sa Majesté n'est pas intéressé par une course aux navires qu'il juge stérile.

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Dans la mesure où une alliance anglo-allemande fut bien près d'être signée avant la Première Guerre Mondiale, cette uchronie est tout à fait envisageable.

En gros, l'Allemagne laisse la primauté sur mer au Royaume-Uni, en échange éventuellement d'une poignée de petites colonies sans grand intérêt, et surtout de la primauté sur terre en Europe.

Il aurait fallu cependant limiter l'activité commerciale allemande, qui prenait pas mal de parts de marché aux Britanniques. Peut-être via un partage en sphères d'influence ?

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Si Wilhelm II. avait privilégié l'option terrestre, peut-être aurait-il opté pour un pangermanisme se développant aux confins de l'Empire Ottoman. L'Empereur s'est notamment investi personnellement dans la Bagdadbahn, un axe ferroviaire de 1600 km construit entre Berlin et Bagdad à partir de 1903. Certes, le développement de cet axe s'expliquait par les besoins des marines allemandes de guerre et de commerce mais elle permettait également d'acheminer le pétrole et autres matières premières. Aussi, ces moyens ferroviaires avaient été jugés comme primordiaux par certains des officiers allemands, notamment par Von Moltke, pour pouvoir acheminer des troupes et du matériel au plus près du front. Si jamais l'Allemagne avait pu investir davantage de moyens, le développement de cet axe aurait été bien plus rapide et sans doute même anticipé de quelques années.

Bref, si l'avenir de l'Allemagne n'avait pas été sur les mers, j'aurais bien vu des conflits se développant avec les Français, les Allemands et voire même les Américains sur cette partie du globe. Ensuite, à voir quelles auraient été les alliances. Lorsque Wilhelm II. a décidé de développer sa marine de guerre, cela a progressivement poussé les Français et Britanniques à se liguer. Si l'enjeu avait été sur les terres, peut-être le jeu des alliances aurait-il été différent.

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Il est aussi raisonnable de penser que les presques 40 divisions supplémentaires mobilisées en 1915 aurait pu être équipées avec le budget des machins blindés sur mer ( cuirassés ) et mobilisés en conséquence dès 1914 avec les conséquences qu'on imagine sur le premier conflit mondial ( à savoir la France écrasée en 1914 et la Russie en 1915 )

On ne le dira jamais assez mais compte tenu de sa situation géo-stratégique, le développement d'une grande marine de guerre est une erreur stratégique majeure des politiques ( Guillaume II, Hitler ) et marins ( Tirpitz, Raeder ) allemands.

Les marins y ajoutant une conduite stratégique ( Tirpitz ) et/ou opérative ( Raeder ) d'une grande médiocrité ( et je reste trés gentil ) de la guerre sur mer 

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Dans cette uchronie je verrais quatre objectifs à l'Allemagne

1) écraser la véritable menace occidentale d'une manière ou d'une autre. L'irrédentisme français remet en question la cession de l'Alsace-Lorraine. Si conflit il doit y avoir la France doit être battue et écrasée une seconde fois. La réorientation des budgets marine vers cela tend à rendre la chose possible. Ou alors aboutir à un niveau de puissance telle que tout conflit est inenvisageable pour la France.

2) Le point 1 n'est à vrai dire qu'un moyen de s'assurer que l'Allemagne aura les mains libres à l'Est, l'enjeu militaire ET commercial. Il y a deux apprches à mon sens.

2) a) S'attaquer à l'Autriche-Hongrie par un travail de sape en collaboration avec les russes qui deviennent en outre un marché pour diverses modernisations. On vise ici les marchés développés à relativement développés de Tchéquie, Slovaquie, Hongrie et d'autres en développement. Une influence en Croatie donne accès à la Méditerranée et permet d'y stationner une escadre.

2) b) Viser la Russie en soutenant Vienne dans les Balkans et s'assurer un accès commercial tout en visant, en Russie, la prise de la Pologne et la colonisation physique de l'Ukraine en plus de la création d'un protectorat/colonie allemande sur les terres noires, entre autres, en plus d'un accès à la mer noire et donc à terme au Caucase et à son pétrole. Politique caucasienne venant en renfort à une politique turque.

3) Concomitamment au reste, domination pure et simple en Baltique.

4) Politique américaine au sens large, elle peut aussi comprendre le Brésil.

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Oui, ça aurait été mauvais pour le matricule français. Mais faut quand même aussi garder à l'esprit que la marine allemande de haute mer n'est pas née d'un caprice du souverain qui n'est pas un "despote oriental" dans l'Allemagne d'avant 14: il correspond à une expansion brutale de la marine de commerce allemande et par là de la croissance énorme des intérêts commerciaux allemands en général. L'Allemagne willhelminienne est alors en phase d'explosion industrielle, ce que l'Angleterre a connu jusqu'au début de la 2ème moitié du XIXème siècle, et l'expansionnisme commercial en est le corollaire nécessaire, ce qui fuele l'idéologie pangermaniste des milieux financiers, industriels, commerciaux et navals. C'est pas un simple caprice à la mode. Et je ne crois pas que le Bagdadbahn suffise à satisfaire ces milieux en terme de marchés solvables qu'il ouvre. Et c'est cette posture économiquement expansionniste qui emmerde les britanniques qui commencent à voir des Allemands partout outre mer et qui trouvent pas ça marrant vu qu'ils voyaient déjà des Américains aussi débarquer partout. Le développement de la Hochseeflotte est un corollaire de cet axe d'expansion maritime, qui a connu un boost particulier lors de la révolution du dreadnougth puisque tout d'un coup, l'ensemble de ce qui flottait était complètement has been et tout le monde était sur un pied d'égalité.

Si conflit il doit y avoir la France doit être battue et écrasée une seconde fois

Sauf que des mouvements en ce sens risquent d'emmerder l'Angleterre dans sa méfiance à l'égard de tout hégémonisme continental.... Et la Russie encore plus si l'Allemagne veut asseoir sa domination économique en Europe centrale. On anticipe à ce niveau là, quand même.
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Pour répondre à ton point 4, une telle politique ne peut être obtenue que par une forte politique navale

A l'époque toute politique de volonté mondiale implique un volet naval important.

De plus et compte tenu de la violence des politiques extérieures de l'époque ( nous sommes au sommet ( ou juste après ) de la 2ième phase impériale européenne ) et des politiques protectionnistes mises en place ( y compris par l'occupation des colonies ), une politique allemande faisant l'impasse sur une flotte ( par ailleurs peu utile à l'Allemagne ) implique bien sur que l'Allemagne renonce à un rôle mondial pour se consacrer à un rôle centre-européen prenant la suite de l'empire austro-hongrois dans ce rôle

Ce qui l'amêne en concurrence ( plus ou moins ouverte ) dudit empire austro-hongrois mais aussi de la russie

C'est là qu'on voit que l'annexion de la Lorraine et de l'Alsace est au final une erreur stratégique  

Edit : grillé par Tancréde qui en plus est plus clair que moi  :lol:    

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On ne le dira jamais assez mais compte tenu de sa situation géo-stratégique, le développement d'une grande marine de guerre est une erreur stratégique majeure des politiques ( Guillaume II, Hitler ) et marins ( Tirpitz, Raeder ) allemands.

A la fin du XIXème siècle, les Allemands percevaient que le monde se faisait sans eux. Ils ont tenté de palier à cette tare presque congénitale en cherchant à se constituer en force maritime, commerciale surtout et militaire. L'idée n'était pas mauvaise, mais ils n'avaient pas les moyens de leurs ambitions, surtout pour faire cela en un temps si court. Il manquait les moyens et surtout une culture maritime qui leur fera grandement défaut. Je te rejoins totalement quand tu évoques la médiocrité et les erreurs des Tirpitz ou Raeder. Je serais donc plus magnanime pour Wilhelm II. même s'il aurait dû à mon avis jouer plus intensément la carte de l'Empire Ottoman et de ses confins, pourquoi pas aidé par les Italiens dans cette entreprise. Par contre, du côté de Hitler, l'erreur est grossière.

1) écraser la véritable menace occidentale d'une manière ou d'une autre. L'irrédentisme français remet en question la cession de l'Alsace-Lorraine. Si conflit il doit y avoir la France doit être battue et écrasée une seconde fois. La réorientation des budgets marine vers cela tend à rendre la chose possible. Ou alors aboutir à un niveau de puissance telle que tout conflit est inenvisageable pour la France.

[...]

2) b) Viser la Russie en soutenant Vienne dans les Balkans et s'assurer un accès commercial tout en visant, en Russie, la prise de la Pologne et la colonisation physique de l'Ukraine en plus de la création d'un protectorat/colonie allemande sur les terres noires, entre autres, en plus d'un accès à la mer noire et donc à terme au Caucase et à son pétrole. Politique caucasienne venant en renfort à une politique turque.

Même avec plus de moyens allouées aux forces terrestres, j'ai bien du mal à croire en cette possibilité. Un tel activisme aurait alerté les gros poids lourds de la diplomatie européenne. En tapant la France et la Russie - qui d'ailleurs n'auraient pu être totalement défaites et qui seraient restées des ennemis prêts à tout depuis leurs bases arrières - ils auraient braqué pas mal de pays contre eux. Enfin, les Français se sont peut-être montrés très innocents face à la montée en puissance de l'Allemagne durant les années 1930, mais je ne pense pas qu'ils auraient été si naïfs si les Allemands s'étaient lancés dès la fin du XIXème siècle dans un développement acharné de forces terrestres. La France aurait alors dû réduire son effort colonial, ce qui aurait surtout servi les intérêts britanniques.
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Oui, tu soulignes bien le fait que les marchés sont plutôt assez fermés, et en tout cas très surveillés par les Etats.... Et le monde de 1914 n'a pas tant que ça de grands marchés solvables, ni d'ailleurs au final beaucoup de pays: les empires coloniaux sont des chasses gardées (l'Amérique du sud, à certains égards, l'est un peu pour les USA depuis la fin du XIXème siècle) et l'expansion industrielle allemande entre les années 1880 (l'Allemagne ne connaît pas réellement la "grande dépression" des années 1870-1890) et 1914 est réellement très importante, vraiment beaucoup trop pour ne pas déclencher un BESOIN d'expansionnisme commercial. La croissance énorme de son tonnage marchand ne reflète qu'en partie ce fait, de même que sa présence en Chine (le seul "grand marché" encore en partie ouvert à la concurrence). L'empire ottoman n'est que très partiellement un marché intéressant vu son faible niveau de développement. La tension avec la Russie est inévitable en l'état des mentalités, autant que celle avec la France, ce qui ramène aux calculs contraints de guerre sur 2 fronts pour l'Allemagne, et de coordination pour la France et la Russie. Plus encore, une Allemagne ne s'orientant pas sur les mers, et donc réellement hystérique pour conquérir des marchés en Europe et jouer les divisions entre Etats (voire intra-Etats pour l'Europe centrale et orientale) enragerait très vite beaucoup plus de monde, et dans le scénario présenté par Berzerker, un tel comportement aurait toutes les chances de précipiter l'Italie dans l'alliance franco-russe.... Et/ou, et c'est pas du tout invraisemblable, de faire chier l'Autriche-Hongrie suffisamment pour aussi la porter vers cette orbite: faut pas oublier que l'Allemagne du début du XXème siècle est en pleine expansion économique et démographique (et militaire), face à des puissances européennes qui ont pour l'essentiel passé cette phase et sont plutôt en "stabilisation": ça la rend très agressive aux yeux des autres. Et le fait est qu'elle ne peut pas faire autrement que favoriser son expansion économique et donc commerciale. Toute entrave à ce développement serait politiquement suicidaire pour la nation allemande.

L'Allemagne n'est pas si libre que ça de "choisir" la Russie aux dépends de l'Autriche-Hongrie: s'entendre avec la Russie est difficile, voire impossible (même Bismarck n'aurait pas forcément pu faire durer plus longtemps son "système" s'il était resté aux affaires et avait vécu) étant donné la nature de la frontière entre les 2, et les sentiments/perceptions d'exposition au danger par les 2 pays. On a une Allemagne réellement paranoïaque à l'idée d'une guerre sur 2 fronts et qui perçoit la puissance russe comme bien plus grande qu'elle ne l'est (ce que tout le monde fait alors), et une Russie qui ne voit que ses territoires européens exposés à la surpuissance allemande et à l'appétit autrichien alors qu'ils sont lointains: rappelons que les Pays Baltes et la Pologne russe sont des centres industriels et militaires précisément développés par Moscou en raison de leur éloignement par rapport au centre russe. Après la Pologne, c'est plus de 1500km de vide avec peu d'axes de chemins de fer, soit un goulot d'étranglement logistique et stratégique dès lors que les besoins sont vaste, et d'autant plus problématiques que la mobilisation russe est lente. Donc la Russie est sur-réactive à ce que fait l'Allemagne parce que tout indique que sauf concentration rapide (essentiellement prépositionnée), tout son occident peut être perdu avant qu'elle ait pu réellement mobiliser. Et dès lors que la Pologne est perdue, il ne reste que beaucoup de vide avant Moscou, soit un obstacle certain (mais difficile à bien défendre pour les Russes vu la faiblesse du réseau ferré et celle des centres logistiques) mais qui complique, voire empêche pour longtemps toute idée de contre-offensive.

Bref, le Russe est naturellement parano (pas nouveau :lol:) face à l'Allemagne et à l'Autriche à cause de ces territoires est européens. Difficile de changer cette donne fondamentale. Surtout quand on y ajoute la poitique de "protection", l'importance accordée aux Balkans slaves et orthodoxes.

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Même avec plus de moyens allouées aux forces terrestres, j'ai bien du mal à croire en cette possibilité. Un tel activisme aurait alerté les gros poids lourds de la diplomatie européenne. En tapant la France et la Russie - qui d'ailleurs n'auraient pu être totalement défaites et qui seraient restées des ennemis prêts à tout depuis leurs bases arrières - ils auraient braqué pas mal de pays contre eux. Enfin, les Français se sont peut-être montrés très innocents face à la montée en puissance de l'Allemagne durant les années 1930, mais je ne pense pas qu'ils auraient été si naïfs si les Allemands s'étaient lancés dès la fin du XIXème siècle dans un développement acharné de forces terrestres. La France aurait alors dû réduire son effort colonial, ce qui aurait surtout servi les intérêts britanniques.

Je pense que la France n'aurait pas pu suivre compte tenu de sa démographie mais sinon je suis d'accord : une politique de puissance au milieu de l'Europe Centrale ( option par ailleurs retenue par les milieux traditionnels de la puissance allemande durant la république de Weimar et le IIIiè Reich ) aurait braqué contre l'Allemagne pas mal de monde ( Russie, empire austro-hongrois, Grande Bretagne voire la France )

On voit d'ailleurs dans ce domaine à quel point le traité de Versailles ( et les traités associés ) a été avantageux géo-stratégiquement pour l'Allemagne en faisant disparaître l'empire austro-hongrois et en repoussant la Russie en Asie ( ou presque ) faisant de l'Allemagne la seule vraie puissance d'europe centrale ( même si affaible provisoirement ) 

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L'Allemagne willhelminienne est alors en phase d'explosion industrielle, ce que l'Angleterre a connu jusqu'au début de la 2ème moitié du XIXème siècle, et l'expansionnisme commercial en est le corollaire nécessaire, ce qui fuele l'idéologie pangermaniste des milieux financiers, industriels, commerciaux et navals. C'est pas un simple caprice à la mode. Et je ne crois pas que le Bagdadbahn suffise à satisfaire ces milieux en terme de marchés solvables qu'il ouvre. Et c'est cette posture économiquement expansionniste qui emmerde les britanniques qui commencent à voir des Allemands partout outre mer et qui trouvent pas ça marrant vu qu'ils voyaient déjà des Américains aussi débarquer partout.

Je ne crois pas non plus que la Bagdadbahn aurait suffit à contenter les appétits allemands, mais il faut néanmoins percevoir que cette ligne ferroviaire aurait pu être un axe majeur dans un système beaucoup plus large. A l'époque, les Britanniques redoutaient largement les conséquences stratégiques de cet ouvrage, mais encore plus le potentiel qui aurait pu être développé autour de celui-ci. Il existait des projets d'extension très concrets vers le Moyen-Orient. Et on aurait tout à fait pu imaginer un axe terrestre comprenant la Monarchie norvégio-suédoise, l'Allemagne jusqu'en sa Prusse orientale, l'Autriche-Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, l'Empire Ottoman jusqu'en Perse. On peut même imaginer voir les Italiens trouver leur intérêt dans un tel axe. Et avec la Perse c'était ensuite une porte qui s'ouvrait sur l'Extrême Orient. Grâce à ses efforts terrestres, l'Allemagne serait parvenue à trouver une dimension qu'elle a historiquement cherché à acquérir à travers une dimension maritime.

Là où ça se corse, c'est sur le plan diplomatique. Il faut d'un côté faire face aux Russes qui percevaient également d'un très mauvais oeil cet activisme allemand au Proche-Orient puisqu'ils avaient notamment des vues sur la Perse. Et de l'autre côté on avait les Britanniques qui tenaient absolument à protéger le canal de Suez et leurs ambitions proches-orientales. Finalement, s'il n'y avait pas eu cet antagonisme historique, ce sont peut-être les Français qui auraient été les plus influençables. Les Allemands n'auraient pas fait concurrence en Afrique (et ce notamment au Maroc), auraient pu proposer de "céder" l'Alsace-Lorraine, puis de "céder" le Canal de Suez aux Français et surtout mettre à mal l'Empire britannique (ce qui aurait servi les intérêts français). Mais le problème, c'est que pour cela, les Français auraient dû accepter de voir une Allemagne très puissante à sa porte, et vu le passif entre les deux nations...

Euh, excusez-moi, j'ai dû abuser des parties de Diplomacy ! Ouf, je suis dans la partie réservée aux uchronies  :P

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Raaaah, une partie de Diplomacy :lol:! Veux, veux, veux!!!!!!!

Concilier l'Italie et l'Autriche-Hongrie relevait pour plus que le très court terme de la gageure de toute façon. Mais on voit quand même là la connerie historique de l'Allemagne d'avoir pris l'Alsace Moselle.

Quand aux Balkans, y créer un "axe" solide pour l'Allemagne est difficile: le tropisme de nombre de peuples et pays vers la Russie est réel, et la Russie est hystérique sur cette région. Et évidemment, elle reluque toujours sur Constantinople à ce moment.

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Concilier l'Italie et l'Autriche-Hongrie relevait pour plus que le très court terme de la gageure de toute façon.

L'idée ce n'est pas forcément d'intégrer pleinement l'Italie dans cet axe, mais de l'intéresser en lui offrant par exemple des concessions territoriales au Proche-Orient. C'est un moyen comme un autre de sécuriser justement la frontière entre l'Italie et l'Autriche-Hongrie et de réduire les fronts en cas de conflits massifs, à l'échelle continentale.

Quand aux Balkans, y créer un "axe" solide pour l'Allemagne est difficile: le tropisme de nombre de peuples et pays vers la Russie est réel, et la Russie est hystérique sur cette région.

Oui, il y a un tropisme russe, mais il y a également un tropisme allemand qui va progressivement se façonner. C'est d'ailleurs impressionnant de voir l'interdépendance - forcée - des économies yougoslave et allemande sous Schacht. Dans les années 30, Français et Britanniques s'inquiétaient d'ailleurs de l'influence commerciale allemande dans la région. Peut-être aurait-il eu été possible de faire de même un peu plus tôt. Enfin, c'est triste à dire, mais dans les Balkans si l'on joue sur les ressentiments et les haines réciproques, on trouvera toujours des alliés.

_____________________

PS : Arf, plus beaucoup de temps maintenant, mais j'en ai passé du temps sur les parties de Diplomacy. Un sacré jeu  =)  Et que de nostalgie !

Pour ceux qui seraient intéressés, il existe la possibilité d'y jouer en ligne sur www.diplomatie-online.net (sans doute l'interface la plus simple pour les débutants) sur http://www.18centres.com ou encore sur diplomacy.born2play.org/frog (rédaction des ordres par mail et assez complexe si je me souviens bien).

Il faudra organiser une partie "air-defense.net"  =)

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Dans ma liste j'ai donné les objectifs finaux, pas le méthode.

Il est impossible pour l'Allemagne de fournir des gages à l'UK et afin d'obtenir sa neutralité dans une éventuel conflit continental ?

Il y a si je comprends bien deux puissances émergentes concurrentielles : l'Allemagne et les USA. Un autre acteur est lentement en train d'émerger : le Japon.

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Il est impossible pour l'Allemagne de fournir des gages à l'UK et afin d'obtenir sa neutralité dans une éventuel conflit continental ?

J'ai des doutes : les britanniques outre l'hostilité à toute puissance navale émergente ont toujours été aussi hostiles à l'émergence d'une puissance continentale dominante

Par ailleurs faire confiance aux britanniques peut couter cher comme on l'a appris à la suite de la régence ( début de règne de Louis XV ) : les britanniques auraient suivi leur intérêts à savoir empêcher ou tenter d'empêcher l'émergence d'une puissance continentale dominanate surtout si celle-ci est en plus un concurrent à la domination navale et économique ( l'Allemagne dépasse la Grande Bretagne et la France à la fin du XIXiè siècle sur ce point ) 

Il y a si je comprends bien deux puissances émergentes concurrentielles : l'Allemagne et les USA. Un autre acteur est lentement en train d'émerger : le Japon.

A l'époque, il s'agit d'un allié solide de l'empire britannique

A noter d'ailleurs qu'à cette époque ( avant les 2 guerres mondiales ), les USA et l'empire britannique ne sont pas forcemment destiné à devenir alliés intimes

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Oui, l'Angleterre a du se résigner à la politique navale de Franklin Roosevelt et à la "chasse gardée" posée sur l'Amérique du Sud par les USA, mais ça n'a pas été apprécié. Ca les a rendu encore plus chatouilleux quand à d'autres puissances s'affirmant dans le voisinage, surtout à une période (fin XIXème-début XXème) où leur économie est plutôt encore en stagnation (grosso modo, stagnation/léger déclin industriel, croissance financière, avec les problèmes politiques internes qui découlent de ces situations) alors que celle de l'Allemagne explose.

Surtout qu'on est dans un contexte de relations internationales purement concurrentielles et expansionnistes, sans trop de freins moraux ou institutionnels: l'un des fonds qui imprègne les nationalismes aigus des consciences de cette époque est l'aspect entièrement naturel du droit à affirmer sans restriction son intérêt national particulier sans besoin de chercher un minimum de conciliation et de compatibilité, ce qui rend naturellement l'option de la guerre plus "normale" dans ce fil de pensée, un fait appréhendé sans inhibition trop importante. Seuls les calculs des jeux d'alliances et équilibres, soit une perception estimée des risques et opportunités, apporte une restricton plus conséquente aux comportements trop aventureux. Et le degré d'intoxication nationaliste rend les opinions publiques chatouilleuse et active, de véritables "complices" et des facteurs dans les montées de tensions qui apparaissent lors des crises, des facteurs multiplicateurs de la perception de menace, de paranoia qu'une nation peut ressentir. Ce dernier fait rappelle notamment que les opinions publiques sont alors impliquées à un degré caricatural (souvent un ressort pour les démagogues) dans une certaine dimension de la politique étrangère, un facteur qui influe réellement sur les réactions des gouvernements.

Donc tout jeu un peu trop visible visant à "isoler" un pays ou un autre déclencherait, et notamment via les calculs des décideurs, la paranoia ambiante et les mouvements d'opinion qui sur-réagissent à toute nouvelle, un mouvement dans un sens opposé: une Allemagne ayant des axes de développement vers les Balkans et la domination commerciale de l'Europe centrale et orientale (dont on se demande quand même comment elle ferait vu le niveau de protectionnisme arbitraire de nations qui ne négocient qu'au coup par coup, et essentiellement en bilatéral), verrait aussitôt se dresser des doigts accusateurs de partout, se déclencher des accords entre pays méfiants, des attitudes se raidir et des démagogues en tous genres et articles de presse appeler les foules à hurler.... Donc les gouvernements à agir vite.

Il suffit de voir la réaction anglaise à la politique navale allemande, ou plus généralement, les réactions populaires, médiatiques et politiques à chaque crise petite ou grande dans la période 1890-1914. C'est pas pour rien que les alliances se sont faites comme elles se sont faites, et plus encore se sont confirmées avec le temps (dans un cadre de nation dont l'égoïsme/égocentrisme fait pâlir nos égoïsmes nationaux actuels pourtant pas piqués des vers).

Donc si, pour reprendre le scénario proposé, on a une Allemagne qui décide de ne pas avoir de politique navale militaire trop poussée, il faut voir quelles sont les conséquences d'une telle décision. Parmi quelques-unes que je peux deviner:

- on a une expansion navale commerciale allemande qui elle n'est pas contournable: le pavillon allemand sur mer se développe très rapidement, reflétant l'explosion industrielle et commerciale du pays. Mais l'Allemagne choisir, sciemment donc, de ne pas développer une flotte capable de protéger ses axes et intérêts commerciaux maritimes, sans doute dans l'espoir de ne pas irriter l'Angleterre. Quelle réaction de l'Angleterre? Un moindre sentiment de menace de sécurité, mais en même temps une même irritation à voir son importance commerciale encore relativisée. Résultat, des rétorsions commerciales, qui ne peuvent que se traduire par des entraves diverses et variées, des restrictions d'accès aux marchés contrôlés par l'Angleterre.... Quelle réaction des USA?

- une expansion militaire terrestre est là ZE élément qui entraîne les réactions les plus rapidement antagonistes: il suffit de voir l'effet diplomatique de l'adoption de la "loi des 3 ans" en France en 1912. Un truc similaire côté allemand bouleverse absolument tout et accélère la sédimentation des alliances: ce serait jeter encore plus vite et plus fort la Russie dans les bras de la France, convaincre une partie des indécis à Londres et raidir une partie des pays balkaniques dans leur rapprochement d'avec la Russie, donc envenimer le contentieux austro-russe. 

- une politique plus agressive vis-à-vis de l'Autriche-Hongrie est-elle même possible? Outre le fait que le territoire de l'empire est le passage obligé vers les Balkans et la Turquie, je ne vois pas d'autre allié possible offrant la même taille et les mêmes avantages

- quelle conciliation avec la Russie est possible? Perso, j'en vois pas: il faut déjà voir à quel point le "système des 3 empereurs" de Bismarck entre 1870 et 1890 était bancal, a du s'obtenir et surtout se renouveler de plus en plus à l'arraché (alors que Bismarck faisait TOUT pour se comporter en potentat le moins agressif d'Europe et ériger un "système européen" équilibré), ce qui reflétait un déséquilibre profond de la géopolitique européenne et une perception de menace montante côté allemand qui était profondément dans la pensée stratégique russe. Seules les relations d'individu à individu du temps de Bismarck ont pu apposer des rustines et faire durer les carreaux cassés pendant un temps, sans changer les tendances profondes. Et la plus profonde était que l'Allemagne était une puissance en expansion sur tous les plans, sauf territorial, et avait besoin de sécurité, de profondeur stratégique, de marchés.

- verrouiller plus fermement l'Italie? C'est possible, j'ai plus de mal à évaluer la position et la vision italiennes, mais l'incompatibilité avec l'Autriche est profonde, et il serait difficile de voir l'Italie prendre l'option ferme d'une alliance militaire qui la conduirait à l'affrontement avec la France et l'Angleterre. Sans compter que l'Italie pèse quand même nettement moins que les autres à ce moment (et en cas de guerre, n'aurait pas le soutien technique et matériel allié, mais celui des Allemands qui auraient déjà l'Autriche à soutenir).

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