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Le maréchal Pétain


Rochambeau
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Personnage important dans notre histoire, a la fois destesté et admiré:

Pétain, chef de guerre

Lorsque la première guerre mondiale éclate, le 3 août 1914, le colonel Pétain est à la tête de la 4e brigade d'infanterie (composée du 8e R.I. et du 110e R.I.) dont il a pris, le 20 mars 1914, le commandement par intérim .

Engagée dans la province de Namur, dès le choc initial avec l'ennemi, la 4e brigade a contribué, notamment le 29 août lors du coup de butoir de Guise destiné à freiner l'avance allemande, à assurer la manœuvre de dérobement décidée par Lanrezac devant la menace d'encerclement de la 5e armée.

Nommé général de brigade le 30 août 1914, il prend, le 3 septembre, le commandement de la 6e division à la tête de laquelle il participe à la bataille, dite de la Marne, ordonnée par Joffre. Le 6 septembre, après une préparation d'artillerie, il lance sa division en direction de Saint-Bon, à quelques kilomètres au sud d'Esternay. Mais son infanterie flotte sous le feu ennemi. Alors, il s'avance jusqu'à la première ligne d'attaque, la dépasse et poursuit vers la crête de Saint-Bon balayée par le feu allemand. Son exemple entraîne la division dont le succès ouvrira la route de Monceau-lès-Provins.

Il est cité, le 27 septembre, à l'ordre de l'armée : " A, par son exemple, sa ténacité, son calme au feu, son incessante prévoyance, sa constante intervention aux moments difficiles, obtenu de sa division pendant quatorze jours consécutifs de bataille, un magnifique effort, résistant à des attaques répétées de jour et de nuit, et le quatorzième jour, malgré les pertes subies, repoussant victorieusement une attaque furieuse de l'ennemi. "

Il est fait officier de la Légion d'honneur, le 8 octobre 1914, avec une nouvelle citation : " Officier général de la plus grande valeur qui, dans les circonstances actuelles, se distingue par des qualités de premier ordre, remarquable par sa bravoure, son calme au feu, l'exemple qu'il donne à ses hommes du mépris du danger. A, au plus haut degré, le sentiment du devoir. "

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Ici commence la fulgurante carrière de Philippe Pétain, comparable à celles des maréchaux d'Empire. Les qualités de chef de guerre qu'il vient de prouver au feu, à la tête d'une brigade puis d'une division, complètent celles qu'il avait montrées dans ses commandements antérieurs, ainsi que dans ses fonctions, à l'Ecole supérieure de guerre, de professeur de tactique d'infanterie. Le haut commandement ne s'y trompe pas qui, après l'avoir promu divisionnaire, le 14 septembre, le place, le 25 octobre 1914, à la tête du 33e corps engerbé dans la 10e armée et engagé en Artois.

Le 10 mai 1915, il est fait commandeur de la Légion d'honneur : " A organisé avec une remarquable méthode l'attaque d'une position allemande, et l'a, ensuite, dirigée avec une extrême énergie, obtenant des troupes sous ses ordres le plus magnifique élan. "

Cependant, le coût en vies humaines et les faibles succès, voire les échecs, des offensives menées selon les tactiques traditionnelles conduisent Pétain à conclure :

- qu'il faut employer les procédés d'attaque de la guerre du siège. Car la guerre des tranchées fige le front, laissant aux canons et aux mitrailleuses, la maîtrise du champ de bataille. Conclusion qu'il traduit en quelques mots : " L'offensive, c'est le feu qui avance ; la défensive c'est le feu qui arrête (…) Le canon conquiert, l'infanterie occupe (…) Un minimum d'infanterie, un maximum d'artillerie (…) Car le feu tue ". En un mot, Pétain se refuse à conduire la bataille " à coups d'hommes ". " C'est pour cela, écrit son biographe, que l'histoire garde son nom " ;

- que la coordination artillerie-infanterie exige l'intervention de l'aviation d'observation dans les réglages d'artillerie lors des tirs de barrage, d'accompagnement ou de contre-batterie ;

- que la guerre a pris la forme d'une guerre d'usure. Il y a donc lieu de limiter le plus possible les pertes en privilégiant la défense.

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Cette dernière conclusion n'est pas partagée par Joffre qui, à l'automne 1915, décide de lancer en Champagne une grande offensive conduite par la 4e armée (Langle de Cary) et la 2e armée (Pétain).

C'est un échec. Après avoir submergé les premières lignes allemandes écrasées par l'artillerie, l'assaut est venu mourir, épuisé, sur une deuxième ligne, située à quelques kilomètres en retrait et occupée par des forces hors de portée des feux d'artillerie.

Pour Pétain, la leçon est claire. Il appliquera désormais la tactique défensive dite de la " deuxième position ", et s'opposera aux offensives de grand style, aussi longtemps que l'ennemi bénéficiera d'une supériorité numérique.

Ce sont les Allemands qui prennent l'initiative de l'offensive lorsqu'éclate, le 21 février 1916, le coup de tonnerre de Verdun. Parmi la constellation des généraux français, Joffre choisit et désigne immédiatement Pétain, commandant la 2e armée, pour organiser la défense. Dans ses Mémoires (p.215), il lui rendra hommage : " Le commandant de la 2e armée était doué de très grandes qualités militaires qui l'ont, au cours de la guerre et en particulier au début de la bataille de Verdun, justement mis en relief. C'est par une amélioration constante de l'organisation du commandement, par un sens tactique très aigu, un perfectionnement sans cesse renouvelé des procédés de défense que Verdun a été sauvé, et c'est le général Pétain qui a été véritablement l'âme de tous ces progrès. On ne devra jamais oublier que, par l'étude incessante des procédés de combat ennemis, il a fait réaliser à notre armée les plus grands progrès tactiques de toute la guerre ; en particulier, la liaison de l'aviation et de l'artillerie qui fut si féconde. "

En effet, les enseignements tirés, notamment en Artois et en Champagne, ont confirmé, dans l'esprit de Pétain, le caractère décisif de la coordination artillerie-infanterie-aviation qui exige un degré de supériorité aérienne permettant aux avions d'observation de régler les feux d'artillerie. Il a donc, avec le colonel Barès, renforcé les moyens aériens d'observation ainsi que les unités de chasse indispensables à leur protection. Il a fixé sa mission au commandant de Rose, commandant le groupement de cinq escadrilles de chasse : " Rose, balayez-moi le ciel, je suis aveugle… Si nous sommes chassés du ciel, alors, c'est simple, Verdun sera perdu. "

Dans quelques mois, l'ennemi, en la personne de Ludendorff, analysera sa défaite devant Verdun : " Une artillerie puissante, parfaitement dirigée par les avions, servie par une accumulation énorme de munitions, avait battu et mis en pièces notre propre artillerie. La puissance défensive de notre infanterie s'usa à un point tel que l'attaque par masses de l'ennemi put réussir. " (Souvenirs de guerre, tome I, pp.292-293).

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Pour Pétain, c'est " le Poilu " qui fut le vainqueur de Verdun. Mais l'Histoire a retenu que, sans les qualités humaines de leur chef, ces admirables combattants n'auraient pu, dix mois durant, supporter les indicibles souffrances physiques et morales qui furent les leurs. Un chef qui, lors de sa réception sous la Coupole, le 22 janvier 1931, sera magnifié par Paul Valéry : " Quelle tendresse en vous pour ces hommes dont les peines inexprimables, les fatigues, les souffrances, les mutilations, les cadavres furent la substance du salut. Le soldat peu à peu apprit à vous connaître : il trouva l'homme en vous. "

Ce sont ces qualités qui le désignent pour prendre, en mai 1917, le commandement en chef des armées françaises dont le moral, au lendemain de l'échec de l'offensive du Chemin des Dames, est gravement atteint. En quelques semaines, il rétablit la situation. Le grand critique britannique, Liddell Hart, rendra le plus vibrant hommage à cette action unique, en affirmant que "la France n'aurait pu se passer d'un homme sans lequel elle n'aurait pas survécu à la crise de 1917. Un Foch même aurait alors vraisemblablement précipité sa chute au lieu de l'arrêter. "

Le 24 août 1917, une brève citation accompagne l'élévation de Pétain à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur : " Officier général de la plus haute valeur morale dont les rares qualités et le caractère se sont affirmés dans le commandement en chef des armées du Nord et du Nord-Est. A défendu et sauvé Verdun. "

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Fidèle à sa stratégie, Pétain reste sur la défensive. Cependant, en juillet, août et octobre 1917, il lance des offensives à objectifs limités, couronnées de succès, telle l'affaire de la Malmaison. Mais, surtout, il poursuit l'entraînement opérationnel d'une réserve générale, forte de 40 divisions, qu'il a pu constituer grâce à l'arrivée des divisions américaines qui, en plein accord avec Pershing, sont mises progressivement en condition en leur attribuant des secteurs calmes, en attendant de les engager sur un front actif, tel celui de Saint-Mihiel.

Cette stratégie doit tenir compte du renforcement constant des forces allemandes par les grandes unités libérées à l'Est par la capitulation soviétique. Pétain la résume : " J'attends les Américains et les chars ". Elle fait l'objet de sa directive n°4 du 20 décembre 1917 : " L'Entente ne recouvrera la supériorité en effectifs combattants qu'au moment où l'armée américaine sera capable de mettre en ligne un certain nombre de grandes unités ; jusque-là, nous devons, sous peine d'une usure immédiate, conserver une attitude expectante, avec l'idée bien arrêtée de reprendre, aussitôt que nous le pourrons, l'offensive qui, seule, nous donnera la victoire finale ".

Les forces de réserve générale, constituées et entraînées grâce à cette attitude expectante, vont secourir les Britanniques, bousculés en Picardie, en février 1918, par une offensive allemande. Rameutées d'urgence en mai 1918, elles permettent de colmater la poche créée par l'ennemi, lequel - profitant de l'entêtement de Foch qui, en dépit des demandes instantes de Pétain, les a maintenues trop longtemps dans les Flandres - s'est avancé jusqu'à la Marne de Château-Thierry après avoir enfoncé la 6e armée (Duchêne) dans le secteur du Chemin des Dames. Elles permettent enfin d'ouvrir, en juillet 1918, les ailes de la victoire, lors de la seconde bataille de la Marne qui engage 600 chars et 1 000 avions, et marque le changement de pente de la guerre.

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Fort des enseignements du conflit et, notamment, des opérations dans le ciel de Verdun, Pétain, dans une lettre du 27 mai 1917, avait appelé l'attention de Painlevé, ministre de la Guerre, sur le fait que " l'aviation a pris une importance capitale. Elle est devenue un des facteurs indispensables du succès. Il faut être maître de l'air ". Et, à la veille de la seconde bataille de la Marne, il avait souligné dans sa directive n°5 du 12 juillet 1918 que " la surprise tactique sera obtenue par la soudaineté de l'attaque à la faveur d'une préparation par l'artillerie et l'aviation de bombardement aussi brève et aussi violente que possible, soit sans préparation à la faveur de l'action de rupture des chars d'assaut ouvrant la voie à l'infanterie et à l'artillerie. Le rôle de l'aviation est de la plus haute importance ".

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Ainsi, le couple avion-char vient de naître et va triompher. Les Allemands ne l'oublieront pas. Ni Pétain qui demandera en vain :

- dans un mémoire du 5 janvier 1919, la constitution d'une force de 6 875 chars légers et de 435 chars lourds,

- dans une note adressée le 2 décembre 1931 au président du Conseil, " la constitution d'urgence d'une aviation de défense et d'attaque puissante " .

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Charles De Gaulle, dans La France et son armée, juge la part prise par Pétain dans l'envol vers la victoire : " On voit mal ce qu'eussent donné les plans et les élans de Foch sans l'instrument agencé par Pétain ". Cette part décisive est rappelée dans la citation qui, le 7 août 1918, lui confère la Médaille Militaire : " Au cours de cette guerre, dans les différents commandements qu'il a exercés, Brigade, Division, Corps d'armée, Groupe d'armées, Armée française, a toujours fait preuve des plus belles qualités morales et techniques. Soldat dans l'âme, n'a cessé de donner des preuves éclatantes du plus pur esprit du devoir et de la plus haute abnégation. A su toujours maintenir, dans les armées placées sous ses ordres, une discipline ferme et bienveillante ; a soutenu au suprême degré leur moral et exalté leur confiance. Vient de s'acquérir des titres impérissables à la reconnaissance nationale en brisant la ruée allemande et en la refoulant victorieusement ".

Le 13 août 1918, Hindenburg et Ludendorff demandent à Guillaume II de mettre un terme à la guerre, par voie diplomatique. Ils estiment que la situation militaire de l'Allemagne est désespérée, mais ils n'acceptent pas une capitulation qui déshonorerait une armée qui, depuis plus de quatre ans, n'a cessé de prouver ses vertus guerrières.

Du côté allié, Pétain a nourri le dessein d'une offensive en Lorraine. Le 7 septembre, il a prescrit à Castelnau de préparer une puissante attaque vers le sud-est de Metz. Sous les ordres de celui-ci et de Pershing, les forces françaises et américaines comprendront 28 divisions d'infanterie, 3 de cavalerie, 600 chars et plus de 1 000 avions. En face, 6 divisions allemandes de valeur médiocre.

Ce plan, Foch n'a cessé de le discuter, au motif qu'il ne ferait qu'élargir de 30 kilomètres un front déjà victorieux sur 300 kilomètres. Cependant, le 23 octobre, il donne enfin son accord pour que l'offensive puisse être lancée le 14 novembre. Elle ne le sera pas, puisque l'armistice en discussion entre Wilson et le chancelier Max de Bade prend effet le 11 novembre, contrairement à l'avis de Pétain et de Pershing qui souhaitaient que la signature de l'armistice n'intervienne pas avant que l'ennemi ne soit rejeté au-delà du Rhin.

Dans une lettre adressée le 21 novembre 1918 à sa famille , Foch reconnaîtra que l'offensive prévue eût entraîné " la destruction complète " des " Boches ". Alors, pourquoi l'avoir interdite en retardant son déclenchement ?

En toute hypothèse, Pétain et ses Poilus venaient d'écrire la plus belle page de la longue histoire de l'armée française. Clemenceau l'atteste dans son rapport au président de la République proposant de conférer le maréchalat au commandant en chef des armées françaises :

" Monsieur, le Président,

" A l'heure où la France entière célèbre dans une noble fierté la Victoire définitive de ses armes, le Gouvernement de la République tient à honneur de traduire les vœux de l'Armée et du Pays en vous proposant de conférer à l'un des plus glorieux artisans de la Victoire, au Général Pétain, la dignité de Maréchal de France.

" Tracer le rôle joué par le Général Pétain serait faire l'histoire de la Guerre.

" Les plus beaux services l'avaient déjà illustré lorsque, placé à la tête de l'Armée de Verdun, il infligea à l'ennemi une défaite à jamais fameuse, qui a marqué le déclin de la puissance militaire allemande.

" Des succès répétés, écrit le Maréchal Foch, ont fait de lui le Chef suprême des Armées françaises.

" Ces armées, il a su les maintenir dans le sentiment le plus élevé du devoir, réalisant, jusqu'à la fin de la guerre, la persistance et la cohésion des énergies.

" Par une lutte de plus de sept mois, d'une intensité sans précédent, il vient de conduire ses troupes à la Victoire, obtenant d'elles l'effort magnifique qui a terrassé l 'ennemi.

" Le Général Pétain aura la gloire d'avoir maintenu au plus haut, même dans les heures sombres, le moral du soldat français. Son commandement, aussi bienveillant que ferme, a forgé l'instrument de la Victoire que ses talents militaires ont si hautement contribué à fixer.

" Son dernier ordre du jour présente en pleine lumière ce beau caractère de Chef français qui met en garde ses troupes contre l'abus de la force et leur recommande, dans le triomphe, la dignité, la générosité.

" L'Histoire placera le Général Pétain au premier rang des Hommes de Guerre qui, au cours de cette longue et terrible bataille de quatre ans, ont commandé les Armées alliées.

" Conduits par des Chefs de la plus haute valeur, nos incomparables soldats ont imposé à l'ennemi cet armistice du 11 novembre 1918 qui consacre le triomphe de l'Entente. Ils viennent d'atteindre le Rhin. L'heure est donc arrivée d'accorder au Général Pétain la suprême récompense militaire qui honorera le Chef autant qu'elle glorifiera l'Armée Victorieuse.

" Si vous approuvez cette proposition, j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien revêtir de votre signature le présent décret.

" Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'hommage de mon profond respect. "

*

* *

Le 8 décembre 1918, à Metz, Pétain reçoit son bâton de Maréchal de France des mains de Raymond Poincaré. On imagine sa légitime fierté, mais aussi les regrets qu'il exprimera, lors de sa réception à l'Académie française, dans son éloge de Foch : " Le grand soldat, qui avait fait de l'attaque décisive l'aboutissement de sa doctrine et la clef de voûte de son enseignement, devra reposer son épée avant d'avoir détruit son adversaire. L'armistice qu'il signera le 11 novembre, en territoire français, épargnera à l'orgueilleuse armée allemande un humiliant désastre et lui permet de repasser le Rhin sans être inquiétée. "

Sous l'éloge académique, point le regret de n'avoir pu briser l'orgueil allemand en lançant l'offensive prévue le 14 novembre. Ce sentiment, il l'exprime à ses amis américains : " Ni Pershing ni moi ne voulions l'armistice ; toute l'aile gauche de l'armée allemande était en déroute et nous pouvions aller à Berlin. Mais les Anglais nous trahissaient depuis août 1918 pour que nous n'eussions pas la rive gauche du Rhin. Il est aisé de prouver au peuple allemand qu'il n'a pas été battu. Pourvu que cela ne nous amène pas une seconde guerre mondiale qui serait encore plus terrible que la première ! Le soir de l'armistice, j'ai pleuré ! ".

Pleur prophétique ! De l'autre côté du Rhin, Hindenburg exprime déjà sa certitude de la renaissance de la " grande et fière armée allemande ". Ses Mémoires de guerre (Aus meinen Leben) rappellent les larmes qu'il versait, à l'âge de onze ans, en disant adieu à son père, alors qu'il franchissait les grilles de l'Ecole des cadets de Wahlstatt. Ils s'achèvent sur une incantation : " Je compte sur toi, ô jeunesse allemande ! ".

A l'Ouest, en France, les incantations psalmodient le désarmement, voire la trahison, tandis que les alliés de la veille, Américains et Anglais, refusent de monter la garde au Rhin. Peu de temps avant sa mort qui survient le 24 novembre 1929, Clemenceau prophétise à son tour : " Dans cinq ans, dans dix ans, quand ils voudront, les Boches entreront chez nous ".

Source:

http://www.marechal-petain.com/le_chef.htm

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Un grand soldat. Dommage qu'il se soit engagé en politique et qu'il n'ait pas pris sa retraite au début des années 1930.

Je pense que c'est plutot la politique qui devrait s'éloigner du carrée militaire, notre défaite de 40 a pour cause belle et bien de l'aveuglement de nos politiques sur un éventuel retour de baton allemand...

Vous avez lu la période de l'entre-deux guerre... c'est incroyable le nombre de coup de gueule des militaire, Pétain, Weygand et autre demandant toujours plus de crédit et réforme.

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L'offensive prévue par Pétain aurait peut être été décisive. Mais le potentiel de puissance de l'Allemagne n'aurait pas été touché outre mesure, malgrès des milliers de prisonniers en plus. Ca aurait toujours été un pays de 70 millions d'habitants face à une France de 40 millions et dotée de moins de ressources. Tout comme l'incontestable défaite de 1870 n'a pas détruit le potentiel de la France, celle de 1918 n'aurait pas détruit celui de l'Allemagne.

Même grande, une victoire n'est jamais absolue.

Concernant Pétain et ses relations avec de Gaulle (C'est un sujet assez interessant à étudier), les deux n'ont cessé d'entretenir une relation d'admiration/jalousie. La première affectation de Gaulle quand il était lieutenant en 1912 est dans un régiment d'Arras commandé par le colonel Pétain. Les deux se remarquent mutullement et déjà s'admirent, Pétain prévoyant de Gaulle comme une officier prometteur, et de Gaulle voyant en Pétain un chef capable de contredire le militairement correct du moment (c'est à dire l'offensive à outrance). Durant la bataille de Verdun, au moment ou de Gaulle est capturé, la rumeur le croit mort et Pétain commente la mort de cet "officier hors pair". Dans les années 30, Pétain engage de Gaulle au travail peu glorieux de nègre pour un de ses livres sur l'armée française. De Gaulle voit alors avec dégout la maréchal jouir ostensiblement de son prestige alors que lui même se démène pour faire avancer sa carrière militaire.

Le choc de Gaulle Pétain dans la seconde guerre mondiale n'est pas seulement celui de deux opinions politiques ou de conception de la guerre différentes, c'est aussi celui de deux ambitions semblables et refoulées : celle d'accéder aux commandes suprèmes de la France et de se faire acclamer par le peuple tout entier. C'est aussi deux jalousies sans doute nées avant même la première guerre mondiale : l'élève voulant dépasser le maitre, et le maitre se méfiant de l'élève.

Rendez vous compte : en 1940, seule une personne ose désaprouver publiquement le maréchal Pétain, vénéré jusqu'alors comme un demi-dieu depuis la première guerre mondiale. Et cette personne, c'est de Gaulle, l'un des rares à bien le connaitre. C'est tout sauf un hasard.

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Tiens, vous me fait penser a un message que j'ai lu récement, parlant de la relation entre Pétain et De Gaulle:

Nan ça n’est pas tout à fait comme ça que cela s’est passé. Je vais essayer de faire court !

Ce n’est pas « La France et son armée, Plon, 1938 » qui comporte la première dédicace à Pétain, mais « Vers l’Armée de métier » publié en 1934, qui fait suite au « Fil de l’épée », publié en 1931, lui-même suite à « La discorde chez l’ennemi », publié en 1924. Toutefois, « La France et son armée » est à l’origine de la brouille définitive entre Pétain et de Gaulle.

Après être rentré de captivité en 1918, de Gaulle a été envoyé à Varsovie ou Weygand a aidé les polonais à lutter contre l’envahisseur soviétique. Les polonais demandèrent d’ailleurs à Weygand de prendre le commandement en pleine bataille ce qu’il refusa.

Toujours est-il qu’après cette mission, de Gaulle revient en France, se marie avec Yvonne, a un premier enfant qu’ils prénomment Philippe, en l’honneur de Pétain. De Gaulle dira pendant un certain temps que Pétain a été le parrain de son fils. Après quoi il intègre l’école supérieure de guerre, est affecté à l’EM de l’armée du Rhin, mais sur intervention de Pétain se voit rappelé à ses côtés. Il est nommé commandant après douze ans de capitanat, se voit confier le commandement du 19eme Bataillon de chasseurs en déclarant tout de go « j’appartiens à la maison Pétain » dès sa prise de fonctions, ce qu’il pense l’autoriser à quelques excès. Mais il commet une série de bourdes : on est à l’hiver 1928-29 et le froid combiné au conditions d’hygiène plus que limite entraînent le décès de plusieurs de ses hommes, ce qui fait scandale à la chambre des députés. De Gaulle va donc voir Pétain pour qu’il intervienne auprès du Ministre de la guerre et qu’il évite ainsi la mise en non-activité. « Je lui ai retiré une belle épine du pied » a déclaré alors Pétain.

Affecté à Beyrouth à l’EM de l’Armée du Levant, de Gaulle se plaint alors d’être éloigné : il vient d’achever son deuxième livre et a besoin d’un éditeur : Pétain le rappelle alors au secrétariat du conseil supérieur de la guerre à Paris.

C’est dans ce livre –et uniquement dans l’édition originale, puisque cela sera supprimé lors de la réédition post 1940- qu’il fait une première dédicace à Pétain (imprimée sur la page de garde) en mentionnant « Au Maréchal Pétain, cet essai monsieur le Maréchal se saurait être dédié qu’à vous car rien ne montre mieux que votre gloire quelle vertu l’action peut tirer des lumières de la pensée ». Suit une dédicace au stylo cette fois-ci mais pour trouver celle-là dans l’exemplaire concerné, je vous souhaite bon courage !

Revenons à nos moutons. En 1934, Pétain devient Ministre dans le gouvernement Doumergue mais il omet de prendre son protégé dans son gouvernement et de Gaulle le vit assez mal. D’après certains il se met à parler de la sénilité du Maréchal, qui lui découvre qu’il manque de reconnaissance et l’amertume monte entre les deux personnes : de Gaulle se voit alors surnommé « le dindon » par Pétain. De Gaulle publie alors « La France et son armée » et s’abstient de dédicacer l’ouvrage à son ancien patron. Ce sera enfin de compte une querelle idiote qui va définitivement opposer les deux hommes. Les origines remontent à 1925-27 ou Pétain a convoqué plusieurs officiers –dont de Gaulle- pour écrire une monumentale « Histoire de l’Armée », laquelle devait être publiée sous l’autorité de Pétain. Le projet tombe à l’eau et de Gaulle s’estime libre de reprendre les textes et de les publier sous son nom. Il espère cependant polir l’ensemble en publiant une dédicace qui mentionne « A monsieur le Maréchal qui a bien voulu que ce livre fut écrit, qui dirigea de ses conseils la rédaction des cinq premiers chapitres et grâce à qui les deux derniers sont l’histoire de notre victoire ».

Averti par l’éditeur, Pétain demande à ce que la dédicace soit revue et corrigée, remplacée par « qui a bien voulu au cours des années 1925-1927 m’aider de ses conseils pour la préparation des chapitres II à V, j’adresse l’hommage de ma reconnaissance ». Ce qui n’est pas suivi d’effet et qui déclenche l’ire de Pétain, qui réplique très vertement en déclarant qu’il s’est opposé à la publication de ce livre, qu’il n’a jamais dirigé la rédaction du premier chapitre et qu’enfin, la dédicace imprimée est un véritable abus de confiance de (du colonel) de Gaulle.

Après quoi de Gaulle se cherche un nouveau protecteur : Pétain est un homme respecté et même si la brouille reste plus ou moins secrète, elle risque de compromettre l’avancement de de Gaulle, pour des raisons évidentes. C’est donc vers Paul Reynaud qu’il se tourne, et c’est de cette manière qu’il entrera au seuil de la 2GM au gouvernement… Le reste, c’est de l’histoire connue…

Quand tu dis que le nazisme ne souhaite pas exterminer du latin, je ne suis pas d’accord au sens ou je reprends les propos de Lucie Aubrac, qui a déclaré que le nazisme n’était pas seulement antisémite mais tout simplement xénophobe. Il y a beaucoup de vrai là dedans, si l’on considère ne serait-ce que la population des camps de concentration et le nombre de nationalités qui y ont été internées. Reste à savoir ce que l’on peut qualifier de se passer ni mieux ni mal : certes nous n’avons pas eu le sort des polonais ou l’élite de la nation était promise à une exécution, mais cependant le débarquement (et même avant d’ailleurs) a prouvé que la répression pouvait aussi sauvage en France que n’importe ou ailleurs.

En Pologne les meurtres n’ont pas été uniquement raciaux comme de reste en Tchécoslovaquie : il y a bien eu deux ghettos en Pologne (dont le plus connu est évidemment celui de Varsovie) mais le but avoué notamment en Pologne c’était de réduire les polonais à l’état d’esclaves : leur situation n’était pas plus envieuse que celle des russes ou des populations des républiques soviétiques tombées sous la férule des nazis. C’est entre autre ce qui a entraîné le soulèvement de Varsovie (pas celui du Ghetto, qui a été par ailleurs le premier à se lever lors de sa liquidation) en 1944 avec la proximité des troupes soviétiques, lesquelles ont attendu sagement que tous les patriotes polonais soient liquidés avant de prendre la ville rasée sans trop de pertes.

Quant à Pétain, corriger des discours de manière notable n’est peut-être qu’un choix de mots et d’expressions employées, mais n’ayant pas le livre en ma possession –ça fait quelques temps que je n’ai pas reçu la lettre de F. Delpa d’ailleurs qui est toujours très intéressante- je ne m’avancerai pas plus sur le sujet… Mais il n’en reste pas moins que nombreux ont été ceux qui ont chanté « Maréchal nous voilà », qui ont été décorés de la Francisque (je ne vais pas les nommer, mais vous savez qui…), ont travaillé pour Vichy sans trop se poser de questions et qui en 1944 ont fait un virage à 180° ou ont profité de la clémence de de Gaulle qui lui souhaitait rétablir au plus vite la nation, l'ordre et j'en passe.

Source:

http://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/les-collaborations-f34/profanation-de-petain-t3664-20.htm

Pétain n'a pas seulement critiqué les offensive a outrance, mais il a aussi participé a la création de nouvelle doctrine de guerre(l'emploi de l'aviation notament).

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  • 5 years later...

Documentaire très complet sur la personnage, bien plus que celui de Arte (pourtant plus récent), nous montrant comment il entretient son mythe de vainqueur de Verdun et la naissance de son arrivisme au début des années trente.

Pétain, un héros si populaire

http-~~-//www.youtube.com/watch?v=t13-Dozk-GQ

Le plus incroyable est comment il réussit à instrumentaliser le débarquement du 6 juin auprès de la population française.

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Un truc peu connu à propos du "Maréchal" : il est resté un chaud lapin jusqu'à un âge avancé. Comme plus tard les rock stars, il baisait des femmes du public à l'issue de ses "shows" politiques. Certaines mémés françaises doivent s'en souvenir... Je ne sais pas pourquoi, mais depuis que je sais ça, je regarde différemment les images d'archives de notre "caudillo" national...

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Un grand soldat. Dommage qu'il se soit engagé en politique et qu'il n'ait pas pris sa retraite au début des années 1930.

tout à fait... un des grand stratèges de la Grande Guerre, qui a mené l'armée française à son apogée en 1918 ; initiateurs entre autres de la guerre de mouvement, mécanisée, du terrain grignoté (vs. grandes batailles décisives), et qui a mis l'armée allemande à genoux.

dommage pour la suite...

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