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CortoMaltese

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Tout ce qui a été posté par CortoMaltese

  1. Je te rejoins sauf pour le "pays tiers", tu penses à qui ? Car je ne vois rien qui ne me vienne en tête. La Moldavie ? Avec quoi ? Les USA ? en pénétrant dans l'espace aérien ukrainien ? Et pourquoi faire ?
  2. Un écocide vient de l'action brutale sur l'environnement. Je suis tout à fait d'accord pour dire que sa construction peut être considéré comme un écocide, mais sa destruction l'est aussi. Car en 70 ans, un écosystème s'adapte et se reconstruit, et il semble que le delta du Dniepr était une importante réserve de biodiversité. Et quand tu détruis un barrage (à supposer que ça soit volontaire) en déversant soudainement des millions de tonnes d'eau sur un écosystème qui s'était recrée, tu le détruit à nouveau, et tu commets donc un nouvel écocide. Honnêtement, je pense que ce n'est pas le plus grave dans cet histoire. C'est peut être mon affreux spécisme qui parle, mais les conséquences humanitaires et économiques (notamment sur l'agriculture) m'émeuvent beaucoup plus que deux espèces de loutres endémiques qui vivent un sale quart d'heure (même si l'image d'animaux morts du fait de la connerie des hommes m'émeut aussi, évidemment). Je ne vois pas très bien l'intérêt de nier l'impact écologique évident d'une telle catastrophe. Ca reviendrait à dire qu'un incendie majeur d'une forêt artificielle ne serait pas une catastrophe écologique sous prétexte que cette forêt aurait remplacé une forêt primaire sous l'action de l'homme.
  3. Et le peu d'armées qui en ont assez, en fait la seule, l'US Army, compte bien être capable de continuer à faire la guerre dans un futur proche et ne va pas se déplumer d'une capacité aussi critique.
  4. Allez, pour penser contre moi même, un dialogue intéressant entre deux membres des forces armées Ukrainiennes pour qui j'ai beaucoup de respect qui sont présents sur Twitter et pas vraiment connus pour leur tendresse envers le haut commandement UA (les deux considèrent plus ou moins Syrski, le commandant des forces terrestres UA, comme un incapable à qui on ne devrait même pas confier un bataillon), et qui, d'après ce qu'ils en savent, sont raisonnablement optimiste sur ce qui se déroule. @Tatarigami_UA Drawing conclusions solely from a few images and videos from the russian side doesn't provide the understanding of the situation. While I don't have all the details, I do have more knowledge than a few Twitter videos. I would advise to wait before jumping into conclusions. @Tatarigami_UA You know that I have being criticizing our approaches, especially our command, Syrski and soviet mindset for very long time. In fact, many people unfollowed and blocked me for that. I am just asking public to wait for more data (that I know) before running into conclusions @ekat_kittycat I have the same criticism, and I think certain things are lacking (training of officers, overly optimistic loss projections during planning, and idiotic decisions like giving all new equipment to inexperienced new brigades). Overall, situation is looking better each hr, however
  5. Voilà mon avis un peu plus structuré : Les premiers jours catastrophiques de la contre-offensive, et le niveau de perte ahurissant subit par les Ukrainiens, le plus souvent de manière stupide, montrent sans contestation possible qu’en l’état les forces armées ukrainiennes ne sont pas aptes à mener une guerre offensive interarme efficace capable de forcer un front fortifié et correctement défendu. Cette offensive doit s’arrêter le plus tôt possible, toute journée supplémentaire à envoyer des colonnes de Bradley et de Léopard se faire tirer au pigeon par l’artillerie, les drones, les Hélicos ou se perde dans les champs de mine est un gaspillage obscène de ressources matérielles et humaines que l’Ukraine n’a pas le luxe de se permettre. Cette incapacité découle de deux problèmes principaux : 1) Un manque de certains matériels spécifiques, au premier rang desquels la défense antiaérienne courte portée contre les menaces des munitions rodeuses, de matériel de déminage, d’une force aérienne capable de contester le ciel, de capacités de frappe dans la profondeur (au-delà des HIMARS et d’une poignée de SCALP) 2) Du mauvais niveau tactique des officiers, du manque de sous-officier et plus globalement d’une mauvaise doctrine. Si l’occident n’est pas prêt à redoubler d’efforts, notamment financier, il doit acter que l’Ukraine ne sera pas en mesure de récupérer le gros de son territoire actuellement sous occupation russe, et convaincre le pays, aussi dur que cela soit, d’adopter une attitude défensive, visant à parer les offensives russes qui arriveront mécaniquement un jour ou l’autre, avec une structure de force adaptée à cet objectif unique. Si en revanche il souhaite voir l’Ukraine gagner, il va falloir immédiatement commencer à augmenter l’effort de soutien militaire, et à le structurer efficacement, pour faire naître rien de moins qu’une nouvelle armée ukrainienne. Cela impliquerait notamment : 1) Une augmentation massive du soutien matériel, en quantité et en diversité. L’Ukraine a probablement besoin d’une centaine de MBT, de 50 pièces d’artillerie et de 200-300 IFV/APC PAR MOIS. Elle doit aussi bénéficier de suffisamment de munition. Il faut que l’Ukraine puisse tirer de manière régulière 10 000 obus de 155/152/122/105 par jour, avec des pointes beaucoup plus hautes lors d’offensives. Elle doit surtout combler les lacunes importantes dans certains matériels critiques : La Défense antiaérienne, sur tous les spectres, notamment le SHORAD pour protéger les pointes blindées et les zones de concentrations des munitions rodeuses. Le matériel de déminage, afin d’ouvrir les itinéraires rapidement, sur des axes larges, et sans avoir à entasser des dizaines de blindés à la file indienne derrière un unique véhicule. Une armée de l’air pérenne (Peut-être 80-120 chasseurs modernes) pour être capable de contester le ciel au moins localement. Des capacités de frappe en profondeur plus nombreuses en quantité, et avec plus d’élongation. Les roquettes d’HIMARS qui portent à 70km et une poignée de SCALP ne suffiront pas. 2) Proposer une vraie formation cohérente, uniformisée, de niveau brigade voir supérieur, assurée par les forces de l’OTAN. Chaque brigade ukrainienne ayant une vocation offensive devrait passer 4 à 6 mois à subir un entraînement intensif à la manœuvre interarme, aussi bien pour le soldat de base que pour les officiers. 3) Créer une filière de sous-officiers aux normes OTAN pour l’Ukraine 4) Créer des brigades de soutien et de logistique à la norme OTAN. Le système D et la démerde caractéristiques de la logistique ukrainienne ne sont pas tenable dans un environnement offensif de haute intensité. 5) Pour chapeauter tout ça, un centre de doctrine mélangeant officier de l’OTAN et ukrainiens afin que la formation proposée soit cohérente avec les nouveautés introduites par cette guerre, et adaptées aux limites résiduelles qui demeureront nombreuses au sein des forces ukrainiennes par rapport à une armée comme celle des Etats-Unis. EDIT : 6) Une formation initiale pour toutes les recrues ukrainiennes, d'une durée d'au moins deux mois, centrée sur l'acquisition des savoirs fondamentaux, afin d'assurer un niveau minimal et cohérent avant l'entraînement organique en brigade. Reformer au cas par cas les soldats déjà incorporés (notamment les mobilisés et les unités territoriales) pour les porter à un niveau correcte avant même de songer à former leur brigade. EDIT : 7) Un pôle en innovation reliée à l'industrie Européenne et US pour tout ce qui est drone. On arrête les DJI bricolées dans des caves pour emporter trois grenades, et on dote l'Ukraine de dizaines de milliers de drones de tout type, avec une boucle production - RETEX - Amélioration la plus rapide possible. Penser aussi au développement de drones terrestres, en exploitant les dernières percées dans l'automatisation et l'IA et ce qu'offre sur étagère l'industrie civile.
  6. Ce n'est pas comme si les 6 derniers mois avaient été un long fleuve tranquille non plus. Les ukrainiens perdent des dizaines de véhicules tous les jours en ne faisant rien de particulier. Je crois que beaucoup se fourvoient sur les réserves ukrainiennes imaginant qu'ils peuvent se permettre de perdre 10 bradley et 5 léo par jour pendant 2 semaines le temps de trouver la faille. Q Quand tu as moins de matos de l'ennemi, et aucune perspective sérieuse dans avoir plus que lui un jour, tu dois te concentrer sur des opérations où tu sais que tu peux imposer un ratio de perte à l'ennemi. C'était déjà douteux à Bakhmout, c'est clairement l'inverse là. L'obsession ukrainienne pour le territoire me semble décorrélé du rapport de force réel qui imposerai plutôt à l'Ukraine de faire saigner la Russie coûte que coûte, quitte à perdre 500km² de territoire par mois. Pour moi ils font cette guerre à l'envers depuis 8 mois. C'est un peu le défaut de tous les pays qui se battent sur leur sol. Je ne les blâme pas, on a fait un peu pareil en France en 14-18, Goya en parle très bien. Mais vu de loin, et n'ayant personnellement, dans l'absolu, pas grand chose à foutre de savoir qui contrôle x village vidé de ses habitants dans le Donbass, je pense que les Ukrainiens gagneraient beaucoup à revenir à une stratégie semi-asymétrique, en n'employant leur force blindée qu'en réaction dans des coups tactiques exploitant l'offensive adverse (c'est un peu la non-bataille de Brossolet). Là, ils se prennent pour les américains dans Tempête du Désert sans le matos, ni la supériorité aérienne, ni le savoir faire tactique pour, et contre un adversaire mieux préparé que les divisions de Saddam.
  7. Moi. C'est ce que je perçoit du contexte médiatique actuel et de l'état des opinions occidentales : oui pour soutenir l'Ukraine tant que ça coûte pas grand chose et qu'on écoule nos stocks, mais on va pas passer en économie de guerre et investir 2% de notre PIB pour que les ukrainiens puissent mettre leur drapeau sur la mairie de Tomak, Svatove, ou autres villes exotiques dont personne ne connaissait l'existence il y a 10 mois. J'entends beaucoup de "oui, c'est la guerre, ce sera une opération longue, qui durera plusieurs semaines", et on est tous d'accord. Sauf, qu'à ce rythme, les ukrainiens n'auront ni les chars ni les munitions ni rien pour avancer. Vu les réserves ukrainiennes, ça devait être un one shot, rapide et sans trop de casse. Ce n'est pas ce qu'on voit (et je le redoutais), et je ne vois pas dans quel monde les ukrainiens peuvent subir ce genre de niveau de perte pendant plus de quelques jours.
  8. En gros : On a aucune avancée majeure depuis hier en dépits d'attaques lourdes qui ne sont clairement plus de la simple reconnaissance en force, du précieux équipement occidental que les ukrainiens ont du mendier 6 mois pour les obtenir en quantités homéopathiques détruits par pack de 5 au milieu des champs de mine, des stocks de munitions dont rien ne prouvent qu'ils soient sensiblement en meilleur état qu'à l'hiver. A ce rythme là, l'Ukraine aura perdu une bonne part de son équipement occidental avant même d'avoir atteint le moindre objectif (je ne parle même pas de Tomak). Le tout, dans une contre-offensive qui a été tellement criée, attendue, désirée, montée en épingle qu'un échec serait une catastrophe pour le soutien allié à l'Ukraine, accélérant sans doute dans l'esprit des décideurs occidentaux que l'Ukraine ne pourra pas reprendre son territoire sans consentir à des efforts que ni eux ni leurs populations ne sont prêts à consentir. Quitte à ce que cette contre-offensive qui ne me disait rien aient lieu, j'avais au moins l'espoir de voir l'Ukraine innover : essaims de drones, phase de modelage très active, ect. Au lieu de ça on a de bonnes vieilles colonnes de blindées entassées à la queue leuleuh derrière un véhicule de déminage se faisant pulvériser par l'artillerie et les ATGM au milieu de la pampa, rappelant les pires assauts russes ratés contre Vuhledar.
  9. La catastrophe continue. https://twitter.com/BarracudaVol1/status/1667154618617298945
  10. L'Ukraine aurait récupéré l'un des Léo 2A4 endommagés. Dur de dire s'il fait parti de ceux qu'on a vu en vidéo où si c'est une autre perte non encore documentée.
  11. Maïdan est le fruit des pressions, tout à fait documentées, exercées par le Kremlin pour obliger Ianoukovitch à renoncer à un accord qui allait être signé la semaine d'après, au grand désarroi d'une partie des Ukrainiens. Tu vois, on peut faire pareil, isoler un élément de la chaîne (qui implique le camps qu'on aime pas), et dire que c'est l'explication causale ultime du processus. A vrai dire, je ne pense pas non plus que l'explication que je viens de fournir est vraie, elle n'est au mieux que l'une des péripéties qui ont mené à Maïdan. L'accord de libre échange de menait pas mécaniquement aux pressions russes, et ces dernières ne menaient pas mécaniquement à la révolution, tout comme cette dernière ne menait pas mécaniquement à la guerre d'Ukraine. On est en pleine téléologie qui nie totalement la complexité des faits et qui cherche une intention cachée derrière un processus essentiellement chaotique.
  12. Ah donc on passe déjà d'une invasion à un "affaiblissement", à partir d'une citation datant d'après le déclanchement de la guerre. Et la culture à ses limites. Sauf à penser que nous vivons dans un monde magique où la pensée crée la matière, il existe, dans notre terne univers composés d'atomes, des faits objectivement vrais et objectivement faux. En l'occurrence, le bouquin de Menic montre que les russes ont raisonné depuis 30 ans (en fait depuis plus longtemps) à partir de faits objectivement faux. Si tu penses que la CIA possède des technologies secrètes de contrôle mental, ce n'est pas un point de vue culturel, c'est une croyance objectivement fausse. Quand on pense que Maïdan est principalement le fait de forces occultes venues de l'extérieur et pas d'une dynamique interne propre à l'Ukraine, c'est la même chose (et je t'arrête tout de suite, je tiens le même discours sur le volet anti-maïdan. Non pas que la Russie n'y ai été pour rien, mais prétendre que les troubles dans le Donbass ne sont QUE le fait de la Russie et pas du tout du fait du mécontentement sincère de la population locale contre Maïdan me semble tout aussi faux). Globalement c'est une vision du monde fausse car elle sous-estime gravement l'agentivité des acteurs locaux, comme si faire prendre les armes à une population était un truc trivial que n'importe quel gouvernement étranger peut accomplir avec un peu de pognons et quelques médias complaisants. Et pour le qualificatif de thuriféraire, désolé mais lorsqu'on s'emploi, contre toutes les évidences, à tenter de trouver des justifications cohérentes à une politique précisément menée, comme le montre Menic, sur des présupposés faux, on essaye quelque part de blanchir ladite politique, à faire dire qu'au final, la réaction russe est bien compréhensible de bonne fois et qu'on aurait au fond tous réagis pareil à leur place. Une étude serrée et dépassionnée des agissements russes revient précisément à comprendre comment un pays avec un immense potentiel économique (que l'Occident était d'ailleurs ravis de développer dans son intérêt bien compris) s'en est mis à se persuader que le monde entier lui en voulait et qu'il faisait face à une menace existentielle. Et, quand on étudie un peu l'histoire de la Russie, on constate que ces reflexes culturels remontent à loin, au moins au XVIIe siècle, et que l'idéologie communiste du XXe siècle qui voyait des complots et des ennemis partout, n'a fait que rajouter une couche de paranoïa sur l'ensemble. Si on se concentre précisément sur Maïdan, puisque tu sembles tout comme les russes persuadé qu'elles n'est que le fruit artificiel d'un complot américain, ça signifierai que les Etats-Unis, qui ont échoué sur toute la ligne à créer un début d'Etat stable en Irak malgré 8 ans de présence, 150 000 hommes sur place et des centaines de milliards injectés, auraient soudainement trouvé la martingale pour provoquer des révolutions sorties de nulle part avec 3 ONG et les journalistes de RadioFreeEurope. Il me semble qu'une vision beaucoup plus réaliste du processus revient à considérer que Maïdan, comme la révolution orange, reflète avant tout les tensions INTERNES de la société ukrainienne, tiraillée depuis l'indépendance entre l'Europe et le Monde russe, entre une population de l'est russophone plutôt attirée par le second et une population de l'ouest ukrainophone plutôt partisane de la première. Et que dans ce grand schéma, la tournure insurrectionnelle que prirent les manifestations de 2013 s'expliquent bien plus par des facteurs locaux et conjoncturelles (la répression féroce de la police décidée par Ianoukovitch au premier rang) que par une quelconque intervention extérieure occulte et secrète. Hormis la visite sur place de responsables américains venus rencontrer les manifestants et le travail diplomatique, tout à fait légitime et documenté, mené par les USA (tout comme la Russie et les Européens) pour trouver une sortie de crise conformes à leur intérêt, je n'ai jamais vu passer aucune preuve convaincante d'une implication des Etats-Unis.
  13. Pauvre petite Russie, au territoire minuscule et sans accès à la mer, menacée d'invasion de toute part. Le raisonnement est totalement à la ramasse sur le tous les points. Personne n'a jamais eu de revendications territoriales sérieuses sur un quelconque territoire russe depuis 80 ans. Le pays dispose de l'arme nucléaire, jouie de ressources naturelles immenses, de débouchés commerciaux vers tous les pays du tiers-monde, dont la Chine. Il jouit d'une population relativement éduquée (il a fréquemment été ces 30 dernières années le pays sortant le plus d'ingénieurs par an). Bref, la Russie du début des années 2000 avait de l'or dans les mains. Mais on va essayer de nous faire croire que la seule trajectoire possible pour ce pays était de se transformer en dystopie militariste et d'aller envoyer sa jeunesse se faire massacrer dans la banlieue de Kiev et de Kharkiv pour conquérir des territoires où vivent des gens qui ne veulent pas d'eux dans leur immense majorité. Et le truc est tellement indéfendable, que pour le sauver, ses thuriféraires en sont contraints à chercher des comparaisons douteuses avec la situation d'un pays enclavé d'Amérique du Sud au XIXe siècle confronté à des revendications territoriales très concrètes pour le coup de voisins beaucoup plus grands et peuplés, tout en sachant que même la politique de Lopez, pour le peu que j'en sais, me semble très loin d'être au dessus de tout soupçon. Prétendre que Poutine n'aurait fait "qu'accélérer" l'histoire, comme si l'OTAN allait envahir le pays, ça me rappelle un peu les justifications de certains nostalgiques du 3e Reich qui prétendent encore contre toutes les évidences que Hitler n'aurait fait que devancer une attaque soviétique, qui n'a jamais existé ailleurs que dans leur imagination fertile. Ce n'est pas rendre service à la Russie que de prétendre que la paranoïa géopolitique de ses dirigeants, qui est l'une des causes centrales des malheurs de son peuple depuis au moins l'époque Tsariste, aurait un quelconque rapport avec la réalité complexe du monde. Il faut lire Menic et son excellent "Pensée et culture stratégiques russes" pour comprendre à quel point militaires, services de sécurité et dirigeants russes vivent dans un univers parallèle, où l'idée que les USA disposeraient de technologies cachées capables de reprogrammer le cerveau des gens est considéré comme une banalité qui ne mérite même plus d'être discutée.
  14. Plus probablement dans la zone "grise". Et l'écho qu'on avait fréquemment, c'est que les ukrainiens ont beaucoup de mal à récupérer leurs carcasses, faute de matos adapté, contrairement aux russes qui s'y essayent souvent. D'où l'obsession ukrainienne d'envoyer des drones larguer des grenades sur le bloc de propulsion ou via les trappes laissées ouvertes pour définitivement détruire les véhicules russes abandonnés dans les No Man's Land.
  15. Je ne partage pas ton optimisme. Qu'est ce qui a changé depuis Kherson en terme de frappe dans la profondeur ? Une poignée de Storm Shadows (que les ukrainiens semblent plus prompts à utiliser pour cribler Louhanks que Tomak ou Melitopol) et des JDAM ? Loin de moi l'idée de nier l'apport de ces armes, mais de là à "sceller" le front russe de manière aussi étanche que le Dniepr... Et puis, quand bien même les ukrainiens déboucheraient au delà de la ligne de défense principale des russes (pour l'instant ils n'ont rien franchi du tout à priori), il n'est pas dit que l'exploitation soit une sinécure. Ici l'aviation russe semble fonctionner correctement, et elle est l'arme parfaite pour frapper des colonnes blindées qui auraient franchi le premier rideau. Sans parler du fait que la logistique ukrainienne reste précaire, et sa capacité à permettre aux pointes blindées de tenir un tempo opérationnel élevé me semble très incertaine. On a vu plusieurs fois dans cette guerre des pointes fatiguées franchir le premier rideau : ce fut le cas à Kherson justement, les russes n'en n'ont sans doute pas été très loin dans le Donbass après la chute de Popasna et encore cet hiver-printemps à Bakhmout. Et à chaque fois, ça n'a abouti à rien. Car ses pointes fatiguées ont fini par s'arrêter, alors que l'adversaire parvenait toujours à reconstituer "quelque chose" : un rideau de troupe, quelques tranchées, de la territoriale jetée au feu. Et ça a toujours suffit à empêcher l'autre de débouler. Un peu comme pendant la Grande Guerre ou chaque camps a réussi plusieurs fois, à grand frais, à franchir la ligne de tranchée ... pour se retrouver face à une nouvelle construite entre temps, certes moins puissante, mais suffisante pour arrêter l'armée fatiguée et diminuée qui se présentait à elle. Mon sentiment, c'est qu'en l'état, compte tenu des pertes, des limites techniques des deux armées, de leur incapacité mutuelle à mener une guerre interarme et interarmée vraiment moderne, la défense à pris le pas sur l'attaque. Aucune ne me semble en l'état actuellement d'obtenir une percée propre et d'y injecter une masse blindée suffisante capable d'avaler les kilomètres et d'atteindre la profondeur de l'ennemi. Les seules fois où ça a eu lieu (les russes au tout début de la guerre, les ukrainiens à Khakiv) c'est lorsqu'il n'y avait littéralement rien en face. Et ici, l'armée russe est là, toujours pas brillante sans doute, mais bien présente, relativement nombreuse, correctement retranchée, préparée à l'assaut, comme les ukrainiens dans leur forteresse du Donbass.
  16. Je ne considère justement pas Kherson, comme une victoire au sens où on l'entendrait ici. A Kherson, les ukrainiens ont tenté de percer. Ils n'y sont parvenu que très temporairement, aux prix de pertes notables, et sans jamais parvenir à exploiter ensuite, ne parvenant pas à s'approcher suffisamment prêt des deux points de passage en dur (Le pont de Kherson et le barrage de Nova Khakovka) pour rendre la position russe intenable à court terme. Ce fut finalement un très long modelage par l'artillerie, les conditions particulières de ce front (la présence du Dniepr comme coupure humide rendant le ravitaillement russe difficile) et surtout ce qui s'est passé ailleurs (contre-offensive de Kharkiv) qui obligea finalement les russes à décider de plier bagage, en bon ordre et sans trop de casse. Que toute la séquence constitue in fine une victoire stratégique ukrainienne est certain, je ne le nie pas, mais ce ne sont pas les attaques mécanisées ukrainiennes qui l'ont obtenus. Il n'y a rien de tel dans le sud de l'Ukraine, pas de coupures humides comme le Dniepr séparant les troupes russes de leurs bases de ravitaillement, pas de difficulté à y déplacer des renforts, la Crimée et ses bases aériennes à portées, ect. Bref, si l'Ukraine ne parvient en direction du sud à obtenir que ce qu'ils ont obtenu à Kherson via leurs attaques mécanisées (c'est à dire une tête de pont sans lendemain gagnée à grande peine autour de Davydiv Brid puis une poussée de 10-15km depuis le nord vers Mylove), ça sera un échec, surtout s'ils y laissent autant de véhicules et d'hommes que les images d'aujourd'hui ne le laissent craindre.
  17. Je suis tout à fait d'accord, avec les progrès de l'IA, de l'automatisation et des capteurs de tout type, la dronisation est la voie. Dans l'absolu, avec la technologie qui existe aujourd'hui pour pas cher dans le civil, envoyer des gars dans un vieux BMP avec des optiques médiocres faire de la reconnaissance en force est une aberration, auxquelles les deux armées en présence se livrent faute de mieux.
  18. Tout peut s'imaginer. Encore que dans ce cas précis, je suis moyennement convaincu de l'idée. Les russes ont quand même des infos sur l'ORBAT ukrainien et sur la machinerie interne. Pour que ça soit crédible, il faudrait constituer un écosystème cohérent autour. Si par exemple je vois des tonnes de porte-chars converger vers une direction mais qu'il n'y a aucun tube d'artillerie et que mon renseignement me dit que les dépots dans le coin sont vides, j'aurai du mal à croire qu'ils vont vraiment y tenter un truc sérieux. Mais de toute façon, pour ça comme pour tout dans cette guerre, encore faut-il quelqu'un pour avoir la volonté de le faire et de payer pour. Mais puisque l'aide occidentale jusqu'à présent a été marquée le plus souvent par le "je regarde au cas par cas si j'ai pas 10 chars qui trainent encore dans un entrepôt histoire d'avoir rempli ma part du quota pour 6 mois", personne ne l'a fait.
  19. Heureux d'apprendre que l'échec d'un pays à reconquérir son territoire souverain empli le coeur de certains, étrangement bien silencieux d'habitudes, d'une joie non dissimulée.
  20. A priori oui. Les russes affirment aussi que leur brouillage a été assez efficace, rendant difficile la communication entre unités ukrainienne dans un contexte où la coordination est déjà notoirement compliquée.
  21. A ça. Je suis relativement pessimiste depuis le début d'année (conjonction du regain russe, de la faiblesse des dons d'équipement, et de ce que je lis sur la médiocrité tactique de beaucoup d'officiers et du soldat ukrainien moyen à l'offensive) sur cette contre-offensive qui me semblait très téléphonée, face à des russes préparés et moins cons qu'il y a un an, et menés avec des moyens réduits et peu de réserves sous forte pression politique. J'écrivais à un ami en Janvier que l'Ukraine devrait rester sur la défensive cette année, accepter le stalemate, et ne mener que des attaques limitées pour déjouer les tentatives russes (défense active). Malheureusement ça semble confirmer mes craintes. Là, j'ai l'impression qu'on a réuni à grande peine 8 brigades de bric et de broc, qu'on leur a refourgué 15 léo, et qu'on leur a dit "jusqu'à Marioupol !".
  22. Si on regarde les analyses préliminaires : l'artillerie russe semble avoir bien bossé, ce qui signifie qu'elle n'a pas été supprimé/incapacité de manière efficace, et qu'elle a eu assez de munition depuis hier. On remarque que le déminage semble avoir posé de gros problèmes, d'où les files indiennes calamiteuses de blindés pare choc contre pare choc. L'aviation russe semble avoir aussi été efficiente. Clairement la phase de modelage semble avoir largement échoué.
  23. Pas tant que ça. Les Ukrainiens reçoivent du matos, oui, mais on parle de 15 Leo 2, de 90 Leo 1 qui sont pas encore livrés, de peut être 150-200 T-72 depuis le début d'année. Ce n'est pas rien, mais au rythme d'aujourd'hui, ça leur durera 15 jours, et les 6 derniers mois n'ont pas été exempts de perte non plus, loin de là.
  24. Le problème, c'est que quand tu dois mendier 6 mois pour obtenir 15 Léo 2, tu peux difficilement te permettre d'en perdre 4 en 24h sous pretexte de rodage. Le niveau des pertes m'inquiète au regard de ce que je crois savoir des stocks ukrainiens. Si c'était l'US Army, je serais peut être moins inquiet.
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