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CortoMaltese

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Tout ce qui a été posté par CortoMaltese

  1. Ça fait encore plus mal, mais 5 à 30s plus tard selon l'étage.
  2. Tu as une vision très pauvre des intérêts d'un pays. L'intérêt des Etats-Unis n'est pas forcément que le Monténégro rejoigne l'organisation, l'intérêt des USA peut être simplement que l'OTAN soit une organisation qui peut être rejointe si on remplie les critères. Dans ce cas, l'adhésion du Monténégro est un co-produit, une conséquence, qui n'a pas forcément d'intérêt en soi. Et cet intérêt à une OTAN ouverte (qui encore une fois, est une perception de la part des dirigeants d'un pays) peut découler de pleins de chose, y compris des questions tout à fait intimes et parfaitement irrationnelles d'identité stratégique pour l'acteur qui la met en place (on peut tout à fait imaginer des raisons moins charitables comme le fait que cette politique était nécessaire en terme de justification pour laisser l'Ukraine ou la Géorgie rentrer, ou alors que c'était pour s'attacher la sympathie politique de X états, etc. Les propositions raisonnables sont infinies et le seul moyen de trancher consiste faire de la recherche historique sur la question quand les sources sont disponibles). Et pour complexifier les choses, cette politique a été implémentée par des gens qui n'étaient déjà plus au pouvoir quand le Monténégro est rentré. Il est probable que Trump n'en n'avait pas grand chose à faire de la politique de porte ouverte de l'OTAN. Mais il est aussi probable qu'il ai estimé qu'il n'était pas rentable/possible/opportun de changer cette politique dans l'immédiat. Donc, on peut tout à fait se retrouver avec les USA, ici Trump et ses conseillers et le Congrès, qui acceptent de faire quelque chose qui leur semble mauvaise (laisser le Monténégro rentrer dans l'OTAN) au nom du maintien d'une politique de porte ouverte qu'ils jugent nuisible, le tout alors même que ceux qui ont implémenté cette politique plus tôt ne le faisaient même pas spécialement POUR que le Monténégro rentre dans l'OTAN au premier chef. Oui, c'est souvent compliqué de répondre à la question "pourquoi un Etat fait ça", surtout quand ledit état est démocratique avec un personnel politique changeant et une organisation interne complexe. Bref, tu vois que chercher des explications monocausales et évidentes à des décisions (ou des non-décisions) en politique étrangère, en partant du principe qu'à chaque fois qu'un Etat fait quelque chose, c'est parce qu'il y perçoit un intérêt immédiat et évident, c'est passer à côté de la dose phénoménale d'inertie et de complexité au sein des systèmes de prise de décision des Etats.
  3. C'est un sophisme. Toute politique peut être considérée comme réactive à quelque chose. Toute politique, toute initiative, toute décision, s'inscrit dans un contexte et fait suite à des milliers d'autres décisions plus ou moins anciennes prises par soi même et les autres acteurs. Tout est réactif dans ce sens, et rien ne l'est mécaniquement dans la mesure où il n'existe en politique (étrangère ou pas) de situations ou une seule et unique décision est possible. Maidan n'impliquait pas, mécaniquement, une invasion de la Crimée par la Russie. Les sociétés humaines ne sont pas des détentes de pistolet ou des mécanismes chimiques simples dont les réactions attendues sont inscrite une fois pour toute dans l'ordre des choses. Considérer que Poutine ne faisait en 2014 que réagir à Maïdan dans l'absolu, c'est déjà faire de nombreux présupposés sans le dire clairement. Le premier étant que Maïdan est nécessairement inacceptable pour la Russie, et que le recours à la force s'imposait/se justifiait. C'est donc déjà faire des nombreuses hypothèses non clairement formulées sur les intérêts de la Russie. Car, comme l'ont très bien démontrés les membres de l'école constructiviste et même un réaliste complexe comme Raymond Aron avant eux, les intérêts objectifs d'un Etat, ça n'existe pas. Les intérêts d'un Etat, et la manière dont ses dirigeants les perçoivent, sont toujours des construits sociaux qui évoluent dans le temps selon la culture, l'organisation politique du pays, etc. C'est d'ailleurs un sujet sur lequel le plus souvent il n'existe même pas de consensus parfait au sein d'un pays à un instant T (est-ce l'intérêt de la France de rester dans l'OTAN ? ou dans l'UE ? Le fait même qu'une tonne de français puissent s'embrouiller des heures sur ces questions montre bien que les intérêts d'un pays, ce n'est pas un truc évident défini à l'avance et donné une bonne fois pour toute). On peut à la rigueur dire, en faisant des hypothèses sur l'idéologie/la personnalité/les dispositions d'esprit de Poutine à un instant T, que dans son esprit l'invasion de la Crimée était réactive et était la seule option envisageable. J'aurai même plutôt tendance à être d'accord. Mais c'est déjà une proposition intellectuelle très différente de dire ça que de dire "l'invasion de la Crimée n'était qu'une réaction à Maïdan", qui revient, sans le dire, à épouser totalement les vues de Poutine sur la question, et constitue donc une prise de position de nature purement politique. A l'inverse, l'hypothèse ou schéma interprétatif proposée par Alexis ne comporte en elle aucune proposition d'ordre politique, mais cherche seulement à comprendre comment les acteurs (ici Poutine, essentiellement) ont interprétés les évènements et quelles ont été les grilles de lecture qu'ils ont utilisés. C'est au fond se poser la question des schémas mentaux, de la cosmogonie et des représentations de la Russie du reste du monde qui irriguent la pensée de Poutine. Et je rejoins totalement Alexis lorsqu'il dit qu'en Russie, la position politique revenant à dire que l'Ukraine est un pays totalement étranger n'a jamais vraiment existé depuis 1991, et que le spectre politique se divise plutôt aux deux extrêmes entre les tenants d'une "amicalité consentie et relâchée" et les tenants d'une "intimité, par la force si nécessaire", avec toutes les nuances de gris possible entre les deux. Et bien sûr, puisque ces positions elles mêmes ne sont pas données de la nature mais des construits sociaux, on pourrait encore creuser sur leurs origines et leurs évolutions, dans un processus sans fin.
  4. Oui, c'est vrai que le Monténégro va redéfinir l'équilibre des forces en Europe.. je plaisante. Plus sérieusement, deja car 1) l'OTAN ce n'est pas que les Américains, et je peux comprendre la rationalité pour des pays de l'ex Yougoslavie d'avoir un accord de défense formel avec le reste de l'Europe+USA. 2) l'appartenance à l'OTAN est aussi un marqueur identitaire, au même titre que l'appartenance à l'UE. Pour beaucoup de pays, les deux constituent un package marqueur d'une intégration à l'occident au sens large.
  5. Et encore, sur les 50 000, le nombre réel de fantassin est très faible. Donc oui, clairement, la présence US était tombé à un plus bas historique en 2013 (et n'a pas augmenté entre 2014 et 2022) et on était clairement sur un retrait progressif en faveur d'une réorientation sur d'autres théâtres. Ce graph ne ressemble pas vraiment à celui d'une armée qui s'apprête à envahir la Russie.
  6. Dans ce cas, admettons que la Russie tolère l'existence d'une ethnie ukrainienne en tant que vague variation un peu folklorique de l'ethnie russe. Un peu comme les biélorusses. Ça ne change pas grand chose au constat, les Ukrainiens ne souhaitant pas spécialement être tolérés dans l'empire, mais bien à vivre souverainement dans leur état indépendant.
  7. Utiliser le fait que les statistiques de nationalités utilisées lors des recensements en Russie, elles mêmes héritées de l'époque soviétique, incluent une catégorie "ukrainiens" pour en affirmer que "la Russie poutinienne ne nie pas l'ethnicité ukrainienne" c'est aller très vite en besogne et faire dire à un marqueur anecdotique ce qu'il ne dit pas pour confirmer une thèse préétablie. Par ailleurs, reconnaître une ethnicité ne dit pas grand chose de la manière dont on la considère, où de la légitimité qu'on lui reconnaît. En l'occurrence, lorsqu'il s'agit de savoir ce que Poutine pense du droit des Ukrainiens à posséder un état indépendant, le mieux reste toujours de le lire. http://en.kremlin.ru/events/president/news/66181
  8. Peut être aussi réfléchir à sa pertinence quand 1) on est une puissance nucléaire (et pas une petite) 2) que l'ennemi que l'on craint est (était) en plein désarmement avec des dépenses militaires à l'étiage et dont le seul membre un peu sérieux (les USA) se barrait ostensiblement du continent année après année. Une fois qu'on a vu ça, on peut même se demander si les russes y croient eux mêmes, et je suis de ceux qui répondent "plutôt non". "Plutôt" car il y a un vrai fond de paranoïa obsidionale chez les russes, par ailleurs entendable compte tenu de leur histoire, et qui remonte à très loin. Mais "non" car ce petit fond de vérité a surtout été très bien instrumentalisé par le pouvoir russe tant envers sa population qu'envers les pays occidentaux qui y étaient sensible pour prétendre que les ambitions indiscutablement offensives et néo impériales du Kremlin n'étaient en fait que des réactions apeurées et fondamentalement défensives dans leur essence d'une puissance déclinante craignant pour sa peau. Ça se voit très bien notamment dans l'incohérence du discours russe sur l'OTAN. Aux bonnes oreilles occidentales sensibles aux chouineries de la Russie, le Kremlin et des télégraphes dépeindront l'otan et les États-Unis comme un monstre militaire surpuissant, mais surtout culturellement conquérant, capable de créer des révolutions de couleur un peu partout en 3 coups de fil. On va dire que c'est le discours "de gauche", populaire auprès des gauches altermondialistes et antimilitaristes occidentales, typiquement un Mélenchon qui pense que l'OTAN ne doit pas "annexer l'Ukraine" (il a vraiment dit ça). Aux autres (le sud global, leur propre audience ultra nationaliste, le camps moralement conservateur et anti atlantiste en occident, dont un Todd fair clairement parti), ils présenteront pourtant l'occident comme l'exacte inverse, c'est à dire un empire décadent en déliquescence, dominé par les LGBT, ayant perdu toute capacité à se battre et ne pouvant donc résister à l'offensive de la grande Russie qui s'apprête à reprendre la place qui lui revient de droit pour sauver le monde d'une apocalypse woke et transgenre. C'est le discours de droite, celui qui parle à l'extrême droite européenne (une partie du moins) qui voyait la Russie comme le champion des valeurs traditionnelles contre un Occident devenu Sodome et Gomorrhe, et au sud global dans sa partie qui est sensible au thème de la revanche contre l'occident.
  9. Oui, avec pour conséquences qu'ils frappent ... moins de véhicules proportionnellement à leur nombre de frappes. Ce n'est pas une doctrine, c'est juste qu'il n'y a pas autant de véhicules à frapper côté Ukrainien, surtout en première ligne (où l'Ukraine est souvent en défense).
  10. Papier intéressant sur comment l'endommagement de l'usine d'un sous traitant en optiques dans la banlieue de Moscou, dans des circonstances peu claires, a fortement ralenti la production de drones Lancet dans la deuxième moitié de 2023.
  11. Ah, ça explique bien des choses. Pour info je n'ai pas posté des tweets mais des threads détaillés, au cas où.
  12. Schmidt relève quand même un paquet de passages absolument lunaires. Kyiv serait "individualiste" quand Melitopol serait "anomique" ? Sur quelle donnée tout ça se base ? Quels en seraient les manifestations concrètes dans la culture individuelle des gens qui y vivent ? A-t-il seulement daigné jeter un oeil à tous les travaux sociologiques quantitatifs et qualitatifs accumulés sur l'évolution des cultures post-soviétiques (y compris dans la sphère familiale, sa grande obsession) ? Si on en croit la maigreur des sources utilisées, non.
  13. Avoir eu raison une fois il y a 50 ans (!!!) ne fait pas de toi un génie. Surtout quand les mécanismes causaux identifiés à l'époque cadrent imparfaitement avec ce qu'il s'est réellement passé lors de l'implosion de l'URSS, comme Todd l'admettra lui même par ailleurs rétrospectivement. Bref, je suis désolé Wallaby, mais répondre à deux thread détaillés par des spécialistes des sujets traités (relations internationales pour Schmidt, sociétés post-soviétiques pour Lebedev) sur les bêtises racontés par Todd dans son dernier bouquin par un "il a eu raison il y a 50 ans sur un sujet, donc toute critique actuelle d'un de ses travaux est nulle et non avenue, et ne mérite même pas d'être discutée" suggère quand même fortement que tu défends Todd simplement parce qu'il dit des choses qui te plaisent, qui collent à tes à priori sur le monde, sans vraiment te soucier de la rigueur du contenu.
  14. Un travail de titan pour compiler toutes les vidéos de drones FPV publiées par les deux camps depuis septembre 2023 pour mesurer les tendances. Bien sûr, ça reste une mesure imparfaite, car toutes les frappes ne sont pas publiées, donc je ne prendrait pas les chiffres absolus et le ratio UA/RU trop au sérieux. Mais les tendances concordent avec ce qu'on voit tous les jours : les Ukrainiens frappent surtout des véhicules, les russes frappent surtout de l'infanterie et des positions.
  15. CortoMaltese

    [Rafale]

    J'imagine que c'est fait en connaissance de cause. Besoins en formation désormais plus faibles ?
  16. Je parles de notre point de vue, puisqu'on discute de la réaction des alliés américains au blocage du congrès. Ils font ce qu'ils veulent, mais vue d'ici ce sont des bisbilles de politique intérieure (compliqué par les calculs politiques liés à l'approche de l'élection presidentielle, cf McConnell) alors même que la majorité pour voter un budget pour l'Ukraine semble exister.
  17. La télévision russe est en roue libre totale depuis le début de la guerre (ce n'était déjà guère glorieux avant) et ça s'aggrave visiblement de mois en mois. On ne compte plus non plus les analystes russes "sérieux" qui dissertent sur telegram à propos de frappes nucléaires préventives sur l'Europe. Sans oublier un certain ancien Président russe, présenté comme modéré et libéral à l'époque de sa présidence, qui après sa tasse de Vodka matinale divague chaque jour sur l'annihilation prochaine de l'Occident. Les bonnes âmes qui nous expliquent qu'on va un jour s'assoir autour d'une table et discuter tranquillement avec ces gens de la sécurité de l'Europe devraient quand même écouter de temps en temps la teneur du débat public en Russie.
  18. Le problème n'est pas là. En février 2022, les États-Unis ont pris la décision d'aider massivement l'Ukraine. Désormais, après un retournement de majorité au congrès, on assiste à un blocage total de l'aide qui risque d'avoir des conséquences terribles pour l'Ukraine, sans autres raisons que des bisbilles politiciennes internes aux USA. La grande force des États-Unis a été le relatif consensus bipartisan en matière de politique étrangère. Il pouvait y avoir des désaccords, des inflexions significatives d'une administration à l'autre mais pas de lâchage complet d'un allié en plein vol sans raison. Chacun comprenait les fondamentaux de la puissance américaine et le besoin de crédibilité en terme de politique étrangère. Or, ce n'est plus le cas. Un changement subtile de majorité au congrès semble désormais suffir à faire totalement dérailler une aide militaire vitale, et on attend tous les quatres ans de savoir si vous allez élire un président normal ou un apprenti dictateur qui veut dissoudre l'OTAN. Je suis le premier à dire que les Etats Unis ont toujours été extrêmement sérieux en ce qui concerne la défense de l'Europe pendant la guerre froide. Mais l'intermède Trump puis ce blocage montrent que ce sérieux s'étiole, que le consensus qui existait à ce niveau est mort, que les républicains sont imprévisibles et lunatiques sur l'OTAN et l'Europe, et il faut en tirer les leçons en tant qu'européens.
  19. Le problème ici n'est pas les ressources. C'est un désaccord politique au congrès. Les USA peuvent sans problème se permettre de financer l'Ukraine à hauteur de 80 milliards de dollars par an s'ils en ont envie, et c'est là tout le sujet. Si le congrès US ne daigne pas soutenir l'Ukraine alors qu'il le peut, il est normal que tous les gens dont la défense repose au moins partiellement sur le fait que les US les aideront se mettent à se poser la question de la crédibilité de cette protection.
  20. Ou alors on reste avec des normes "temps de paix" absurdes en terme de risque d'incident de tir et de conformité.
  21. C'est bien la peine de s'emmerder à faire du standard OTAN pour ensuite que chacun fasse sa tambouille niveau poudre... S'il faut du 155 "recette allemande" pour les PzH2000, du 155 "soupe française" pour les Caesar et du 155 "sauce américaine" pour les M777 on est pas sortie de l'auberge.
  22. D'accord, mais ce n'est pas du tout un droit fondamental au sens de ceux protégés dans une démocratie libérale contre une éventuelle tyrannie de la majorité. Sinon on pourra opposer le droit fondamental des français pauvres à ne pas financer *insérez ici une dépense superflue de l'Etat français ne leur bénéficiant pas directement*. Et le cas échéant on abandonne toute idée de voter le moindre texte budgétaire sur quoi que ce soit. Après tout, il y aura aussi le droit fondamental du riche contribuable à ne pas trop se faire taxer par l'Etat, si on va par là.
  23. Donc 160k/mois d'ici fin 2024. A condition que la grande majorité de ces obus soient fléchés en direction de l'Ukraine (et c'est moins évident qu'il n'y parait, même en cas de déblocage au congrès US), ça assurerait à l'Ukraine de pouvoir tirer à flux tendu 5260 obus de 152/155 par jour. Ce n'est pas le grand luxe, loin s'en faut, et ça restera inférieur d'un facteur 2 à 4 à ce que les russes pourront tirer, mais ça sera déjà beaucoup mieux qu'aujourd'hui où les ukrainiens semblent ne pouvoir dépasser les 2k par jour, chiffre peut être le plus bas de toute la guerre.
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