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La Russie, ce Phenix


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Analyse

L'offensive politique de Russie SA, par Virginie Malingre

LE MONDE | 18.09.06 | 13h27 • Mis à jour le 18.09.06 | 13h27

On est loin des cris d'orfraie du monde politique et économique parisien lors du lancement par l'indien Mittal de son offensive sur Arcelor, fin janvier. Le gouvernement français, adepte du patriotisme économique, n'a toujours pas réagi à l'entrée de la Russie au capital d'EADS. La banque publique russe VTB vient pourtant de prendre 5 % du capital du groupe européen, une opération orchestrée par le Kremlin qui souhaite aller plus loin, jusqu'à la minorité de blocage. Et l'activité d'EADS, qui compte notamment accroître sa présence sur le marché américain de la défense, est autrement plus stratégique que la sidérurgie.

Vendredi 22 septembre, Vladimir Poutine rendra visite à son ami Jacques Chirac. Il lui parlera de ses ambitions chez EADS et de son désir de voir la Russie représentée à son conseil d'administration, aux côtés de ses actionnaires traditionnels (Etats français et espagnol, DaimlerChrysler, Lagardère). Ces derniers ont d'ores et déjà refusé les offres de service russes. Mais, ils ont exprimé leur fin de non-recevoir avec gêne. Il ne faudrait pas que le Kremlin interdise à EADS de participer à la restructuration du secteur aéronautique en Russie. Et qu'Aeroflot lui préfère Boeing. D'autant que le concurrent américain, lui, sait faire des compromis quand il le faut.

L'entrée de VTB chez EADS fait partie d'une stratégie d'ensemble de la Russie. Tout comme, en 2006, la candidature de Gazprom au rachat du britannique Centrica. Ou encore les fiançailles du sidérurgiste Severstal avec Arcelor pour le sauver des griffes de Mittal.

Depuis trois ans, à coups de nationalisation, M. Poutine a fait grossir la sphère publique. Et ce, dans tous les secteurs : énergie, banque, automobile, construction aéronautique... Pour la seule année 2005, le Kremlin a dépensé plus de 17 milliards de dollars en achats d'entreprises. Ce qui, selon la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD), a fait passer de 30 % à 35 % la part du PIB relevant d'entreprises nationales.

Second volet de cette stratégie, M. Poutine a placé ses amis - des ministres, des responsables d'administration - à tous les postes stratégiques. Alexeï Miller, PDG de Gazprom, l'épaulait à la mairie de Saint-Pétersbourg dans les années 1990. Tout comme Dmitri Medvedev, vice-premier ministre et président du conseil d'administration de Gazprom, ou encore Igor Sechin, bras droit du président et patron de Rosneft. Dans le privé, aussi, M. Poutine a su s'assurer la loyauté des responsables économiques. Ils se souviennent de Ioukos et de son ancien patron Mikhaïl Khodorkovski, aujourd'hui emprisonné dans un camp en Sibérie. Alexeï Mordachov, le patron de Severstal, a sollicité l'avis du Kremlin avant de se fiancer avec Arcelor.

Voilà comment, sur fond de flambée des matières premières, la Russie est devenue une gigantesque entreprise, Russie SA, dont M. Poutine est le président. Sur le papier, le chef du Kremlin peut se vanter d'être un "entrepreneur" hors pair. Le pays vient de rembourser par anticipation une dette de 22,3 milliards de dollars au Club de Paris. Huit ans plus tôt, il faisait défaut sur l'intégralité de sa dette. En 2005, la croissance russe a atteint 6,4 %, son excédent budgétaire 7,5 % du PIB, son excédent commercial a bondi de 40 % par rapport à 2004... Et un géant comme Gazprom - 300 000 salariés, 11,7 milliards de dollars de profits en 2005, plus de 250 milliards de dollars de capitalisation boursière derrière Exxon et General Electric - incarne cette réussite aux yeux du monde entier.

M. Poutine n'a jamais caché son ambition de remettre la Russie sur le devant de la scène politique mondiale. Et d'utiliser, à ce dessein, sa force de frappe économique. L'économie - et plus particulièrement l'énergie - a remplacé les missiles. Il n'est pas ici question d'idéologie. Mais de géopolitique. Il est légitime que M. Poutine veuille hisser la Russie au rang de puissance mondiale. Encore faut-il que cet objectif politique s'accompagne d'un objectif économique. Rien n'est moins sûr. Car la Russie n'est pas la Chine. Il n'y a pas de miracle économique russe. Juste des pétrodollars qui se sont accumulés quand le cours du baril s'envolait. Les nationalisations en série ne se sont pas accompagnées de restructurations. Russie SA n'a ni rationalisé son économie, ni préparé l'avenir. Elle n'a pas su s'imposer sur d'autres secteurs que ceux de l'énergie et de la transformation des matières premières. Elle a accumulé des actifs aux dépens des investissements.

UNE STRATÉGIE INQUIÉTANTE

L'exemple de Gazprom, qui représente 8 % du PIB russe, est symptomatique. Le groupe, dans lequel l'Etat a porté sa participation de 38 % à 50,1 %, a mené une politique de diversification très politique, dans la construction, les médias, ou encore la banque (38 % de ses actifs sont hors énergie). Pendant ce temps, sa production a stagné. Aujourd'hui, elle ne dépasse pas celle de 1999. Trois gisements, bientôt en fin de vie, assurent plus des trois quarts de la production de Gazprom. Et la relève demande des investissements que le groupe n'est pas à même de réaliser seul. Ainsi, la seule mise en valeur des immenses réserves de Iamal (mer du Nord) coûtera 65 milliards de dollars. A titre de comparaison, entre 2000 et 2006, Gazprom a investi 12 milliards de dollars. Ce que Total dépense en un an.

Les petits producteurs locaux de gaz (13 % de la production russe) n'ont, pour leur part, aucune raison de produire et d'investir plus : Gazprom détient le monopole en matière de transport et d'exportation et leurs prix sont plafonnés. Ainsi, Gazprom achète le gaz de Loukoil 22 dollars les 1 000 m3, et le revend aux Européens 230 dollars...

Dans ce contexte, l'Agence internationale de l'énergie assure que la Russie - qui fournit 26 % du gaz consommé par l'Europe et est assise sur 27 % des réserves mondiales - ne pourrait plus répondre à la demande de gaz dès 2009.

Dans le domaine pétrolier, le constat est le même : la Russie a privilégié la course à la taille plutôt que l'efficacité économique. Moscou contrôle aujourd'hui le quart de la production pétrolière, contre moins de 10 % en 1999. Mais, faute d'investissements, la production pétrolière, qui augmentait de 8,5 % en 1999, devrait croître de moins de 2 % cette année, selon les chiffres du Kremlin.

L'offensive économique russe est donc politique. Elle est exclusivement au service des ambitions de M. Poutine et ne répond à aucune vision économique sérieuse. Dans ce contexte, l'entrée de Russie SA au conseil d'administration d'EADS et son intervention dans la stratégie du groupe auraient de quoi inquiéter...

Virginie Malingre

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Il fallait bien que ça arrive un jour - la Russie se réveille et tout le monde reste sans-voix - quoi ces moujiks chez nous ? - oui et je m'en réjouis - il est temps d'arrêter de voir la Russie comme un pays d'arriérés - tout le monde s'est tourné vers la Chine en y voyant 1 milliard de consommateurs - on aurait dès le début se tourner vers la Russie moins hostile et surtout plus demandeurs des européens. À nous de faire en sorte que la Russie devienne le partenaire prioritaire de l'Europe - pour la tirer de la crise qu'elle traverse (qui dit arrêt de crise dit meilleure stabilité de l'asie centrale et du caucase) - pour nous détacher des USA et pouvoir imposer une vision moins unilatéral du monde - pour conjuguer nos savoirs techniques et nos ressources - pour avoir un premier rempart face à une Chine émergeante de plus en plus gourmandes de ressources et de territoires (guerrilla maoïste en expansion en Inde pour exemple) - et enfin pour revenir sur nos relations naturelles avec un de nos alliés les plus important.

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moi je crois que oui car "pas d EADS" "pas de gaz ou de petrole"...et ELF va se faire......

A priori actuellement il n'est pas possible pour les russes d'avoir une minorité de bloquage en achetant uniquement des actions. Et les principaux actionnaires sont pour l'instant pas vraiment d'accord pour donner aux russes un pouvoir de décision dans le groupe.
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A priori actuellement il n'est pas possible pour les russes d'avoir une minorité de bloquage en achetant uniquement des actions. Et les principaux actionnaires sont pour l'instant pas vraiment d'accord pour donner aux russes un pouvoir de décision dans le groupe.
oui c est bien pour cela qu elf risque d avoir quelques problemes...le chantage energetique est une formidable arme....certaines licences francaises risquent de sauter en russie...
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oui c est bien pour cela qu elf risque d avoir quelques problemes...le chantage energetique est une formidable arme....certaines licences francaises risquent de sauter en russie...

Je penese pas qu'il y a un rapport direct EADS -> Total. DAns la zone d'exploitation petrolière ou total travail d'autres entreprises se sont déjà fait virés. Je pense plutot que l'Etat russe veux reprendre un control etatique de la zone. Donc Total risque d'avoir chaud au fesses.
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L'investissement de la banque publique russe VTB de 5,1% dans EADS a été le fruit d'une coopération entre les russes et les européens - l'idée venant des européens en échange d'une partcipation plus conséquente dans le futur OAK (Tupolev/Iliouchine/Mig/Sukhoï et Irkout) en vu de percer le maché des compagnies intérieures russes - et de développer des programmes communs. De plus Irkout appartient déjà à 10% à EADS donc 10% d'un Sukhoï 30 sont européennes sans compté l'avionique à l'export venant en partie de Sagem aprés des accords signiés entre les 2 armuriers. Cette décision accompagne la volonté du gouvernement russe de créer des pôles forts de relances de l'industries que certains qualifient de "champions" - et quoi de mieux que l'armement le secteur le plus concurrentiel de l'empire russe - avec les matiéres premiéres. Des experts russes pensent que la Russie devienne un grand exportateur de produits manufacturés - qui acheterait des voitures russes - et là je réponds qui aurait pensé un jour que les français se jetteraient sur des voitures roumaines - donc tout est possible - avec une volonté de s'adapter au marché européen et ceci accompagné d'un partenariat avec des entreprises françaises dans le secteur visé - une bonne campagne de com - et la France roule en Lada - la classe. Pour en revenir à l'aéronautique les constructeurs occidentaux sont déjà dépendants du titane russe - à hauteur de + de 55% - et sans titane pas d'A380 ni de B-787. Si les russes agissent comme ça actuellement c'est qu'ils veulent aussi éviter une fuite des cerveaux dans ces secteurs sensibles ou ils peuvent tenir le marché. Voilà voilà - les informations donnés viennent en partie du Point de cette semaine.

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  • 2 weeks later...

La Russie n'envisage aucune OPA hostile sur EADS, dit Poutine DRESDE (Allemagne) (Reuters) - La Russie n'a aucun projet d'OPA hostile sur EADS mais l'Europe et la Russie devraient envisager de développer leur coopération dans le secteur de l'aéronautique et de l'espace, a déclaré mardi le président russe Vladimir Poutine. "Il n'y a aucun projet d'OPA hostile... Nous voulons travailler avec nos partenaires européens", a-t-il dit à la presse, lors d'une conférence de presse donnée avec la chancelière allemande Angela Merkel. "Pour ce qui concerne la compétitivité de l'industrie aérospatiale européenne, nous devons vraiment réfléchir à un développement de nos efforts en commun".

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Une recommendation à la russe :

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La Russie n'envisage pas d'OPA hostile sur EADS

La Russie n'a aucun projet d'OPA hostile sur EADS mais l'Europe et la Russie devraient envisager de développer leur coopération dans le secteur de l'aéronautique et de l'espace, déclare le président russe, Vladimir Poutine.

(Avec Reuters).

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"Héhé, vous pensez que c'est un bon point de départ pour faire rentrer les russes dans l'Europe?" Les russes ne rentreront jamais dans l'Europe (heureusement pour eux et pour nous) - pour plusieurs raisons : 1 les vetos baltes / polonais / roumains / bulgares / tchéques / ... qui n'ont aucunes envies de voir revenir leur pire cauchemar à leurs côtés 2 les russes eux-mêmes qui préférent se reconstruire tout seul - fierté nationale oblige - et surtout rester indépendant (par contre rien ne les empêche de noyautter des gouvernements européens pour influer sur leurs décision - ex : Shröder) 3 L'EU qui ne pourrait acceuillir ce géant aussi facilement - et il reste des petits relans de guerre froide et de peur de l'ogre russe (il n'y a q'a voir le temps que l'on a mis à aller y investir) - mais comme l'EU est préte à acceuillir tous les pays de sa périphérie pourquoi pas les russes (aprés ce sera peut-être le Japon qui c'est au point ou on en est).

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"Et l'europe premiére puissance nucléaire et millitaire." Il est vrai que les russes ont les armes à mon goût les plus puissantes (à tout point de vues) qui soient - mais leur armée et aussi la plus déliquessante qui soit - leur marine l'ombre de son passé entassée dans un port au milieu des carcasses - l'armée de l'air l'équivalent d'un régiment français en marche - quant à l'armée de terre mal payée et sous-équipée et surtout mal encadrée - avec tout ce qu'il se passe en Tchétchénie on a plus l'impression d'avoir un armée napoléonienne en déroute qu'une puissance militaire structurée. Non il va falloir attendre un petit peu - 10 ans - pour que ça retrouve enfin un peu d'allure.

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moi la russie en Europe d'un coté ca me generait pas mais il y pas mal d'inconvenient: J'ai peur que sa redivise le monde en deux : les etats-unis d'un coté et le bloc europe sous l'influence de la Russie de l'autre Et comme l'europe est basé sur un systeme d'entraide, le plus riche aidant le plus pauvre, ca va faire mal parce que la russie va falloir debloquer vachement de fon !!!

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Débloquer vachement de fond? Pour quoi faire? Bonne croissance, les pétrodollars qui rentrent en veux tu en voilà, les exportations d'armement qui s'envolent... Je crois que vous êtes restés en 95 les gars. [50] Mais il y aura toujours une différence entre la Russie et l'Europe donc des partenariats oui, mais une fusion... A part le jour où les forces russes marcheront sur les capitales européennes je ne vois pas d'une fusion possible [30]

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Débloquer vachement de fond? Pour quoi faire? Bonne croissance, les pétrodollars qui rentrent en veux tu en voilà, les exportations d'armement qui s'envolent... Je crois que vous êtes restés en 95 les gars. [50]

Mais il y aura toujours une différence entre la Russie et l'Europe donc des partenariats oui, mais une fusion... A part le jour où les forces russes marcheront sur les capitales européennes je ne vois pas d'une fusion possible [30]

lol j'avou que je connais pas trop la russie mais c'est pas le PIB Des etats-unis donc voila, je pense que c'est assez loin du PIB des etats-unis, et je sais pas si il est le meme que celui de la france [31]?? (berkut)
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Les States vivent au crochet du reste de l'Occident, sans nous ils crèvent la gueule ouverte, les chinois les tiennent par la peau des burnes également... Donc le PIB des USA... Il est vrai que le niveau de vie en Russie est totalement différent d'ici pour l'immense majorité de la population. Mais le coût de la vie n'est pas le même également. Cela dit ça ne veut pas dire qu'ils sont en moyenne plus riches ou plus pauvre (il y a pas mal de français qui vivent avec moins de 500/600€ par mois et en France 500/600€ bah tu as rien, et ceux qui gagnent en 600/1200€ triment de plus en plus pour s'en sortir donc au final le niveau de vie, je me demande s'il y a une réelle différence...)

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"Et comme l'europe est basé sur un systeme d'entraide, le plus riche aidant le plus pauvre, ca va faire mal parce que la russie va falloir debloquer vachement de fond !!!" Pour y être aller plusieurs fois - c'est vraiment pas la forme - les pétrodollars et l'armement ne font pas tout - d'où la politique de Poutine de relancer l'économie avec l'armement comme fer de lance - mais franchement la vie en dehors de Moscou c'est pas trés reluisant - donc l'EU devrait craquer le porte-monnais et faire sauter la banque pour relever tout ça - en sachant qu'il y aurait un taux de perte énorme (la corruption bien présante c'est pas une légende)

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