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Tout ce qui a été posté par Wallaby

  1. Quelques jours avant le crash de Smolensk : M. Poutine, qui a été critiqué par le passé pour avoir estimé que l'effondrement de l'Union soviétique était "la plus grande catastrophe géopolitique" du XXe siècle [il a aussi dit que ceux qui regrettent l'Union Soviétique n'ont pas de cerveau : http://www.en.kremlin.ru/events/president/transcripts/22948 5 mai 2005, interview aux chaînes ARD et ZDF], a condamné le "totalitarisme inhumain" lors de son discours à Katyn. Faisant référence au massacre de Katyn, il a déclaré que "ce crime ne peut être justifié d'aucune manière". M. Poutine a également qualifié de "mensonges cyniques" les affirmations de Staline selon lesquelles les officiers disparus avaient "fui en Mandchourie". Dans son discours de mercredi, M. Poutine a fait un pas de plus dans une nouvelle direction en ce qui concerne la Pologne et l'histoire commune des deux pays. En septembre 2009, il avait déjà condamné le pacte nazi-soviétique qui avait conduit à la partition de la Pologne en 1939 dans une lettre ouverte aux Polonais. Puis, la semaine dernière, la télévision d'État russe a diffusé le film "Katyn" du réalisateur polonais Andrzej Wajda, dont le père a été assassiné par les Soviétiques en 1940. Nikolai Svanidze, un historien qui a écrit une biographie du président russe Dmitri Medvedev, a fait l'éloge de ce film "incroyablement fort". Les journaux polonais ont même salué la diffusion du film comme le signe d'un "tournant" dans les relations polono-soviétiques. https://www.rferl.org/a/Putin_Speaks_At_Joint_Commemoration_Of_SovietEra_Massacre/2005357.html (7 avril 2010) Affirmant que "rien ne peut justifier ces crimes", M. Poutine a souligné que les citoyens polonais et soviétiques avaient tous deux souffert de la terreur stalinienne. "Notre peuple, qui a enduré les horreurs de la guerre civile, la collectivisation forcée et les répressions massives des années 1930, comprend très bien - peut-être mieux que quiconque - ce que des sites d'exécution comme Katyn, Mednaya, Pyatikhatka signifient pour de nombreuses familles polonaises, car cette triste liste comprend également des sites d'exécutions massives de citoyens soviétiques", a déclaré M. Poutine. Dans ses remarques, M. Poutine a reconnu les décennies de tromperie, mais a exhorté les Polonais à ne pas rejeter la responsabilité des crimes sur le peuple russe. "Pendant des décennies de mensonges cyniques, on a tenté de dissimuler la vérité sur les meurtres de Katyn", a déclaré M. Poutine. "Mais ce serait également un mensonge et une manipulation que d'imputer ces crimes au peuple russe. L'histoire écrite sous le coup de la colère et de la haine est tout aussi fausse et vernie que l'histoire écrite dans l'intérêt de certaines personnes ou de certains groupes politiques. Mais alors que Poutine et Tusk rendaient hommage aux victimes de Katyn aujourd'hui, le Parti communiste russe a publié une déclaration condamnant "l'interprétation anti-russe du massacre de Katyn", qui "montre l'incapacité des autorités russes à défendre les intérêts géopolitiques du pays et la vérité historique". M. Poutine a néanmoins appelé à la réconciliation entre la Russie et la Pologne, qui ont entretenu des relations tendues pendant la période post-soviétique en raison de la politique étrangère pro-occidentale de Varsovie. "Quelles que soient les difficultés, nous devons aller l'un vers l'autre, en nous souvenant de tout, mais en comprenant que nous ne pouvons pas vivre uniquement dans le passé", a déclaré M. Poutine. https://www.nytimes.com/2009/09/02/world/europe/02russia.html (1er septembre 2009) Le Premier ministre Vladimir V. Poutine, en Pologne pour marquer le 70e anniversaire du début de la Seconde Guerre mondiale, a fait l'éloge mardi des soldats et des citoyens polonais pour leur bravoure en temps de guerre, alors même que le gouvernement russe a dévoilé ce qu'il a déclaré être des documents précédemment classifiés montrant la coopération de la Pologne d'avant-guerre avec l'Allemagne nazie. Les remarques de M. Poutine semblent avoir pour but d'apaiser la querelle entre la Russie et la Pologne sur le rôle de chaque pays dans la guerre, une querelle qui s'est envenimée au cours des semaines précédant l'anniversaire. "La Russie a toujours respecté la bravoure et l'héroïsme du peuple polonais, des soldats et des officiers, qui se sont dressés les premiers contre le nazisme en 1939", a déclaré M. Poutine lors d'une réunion avec le premier ministre polonais, Donald Tusk, dans la station balnéaire de Sopot, sur la mer Baltique.
  2. https://journals.openedition.org/lectures/50733 Nicolas Escach, Benoît Goffin (dir.), De la Baltique à la mer Noire. Saint-Pétersbourg, Narva, Riga, Daugavpils, Minsk, Kiev, Odessa, Sébastopol, Sotchi, Tbilissi, Lyon, ENS Éditions, coll. « Odyssée, villes-portraits », 2021 Avec Sébastien Gobert, nous plongeons à Kiev, la ville aux mille visages qu’il faut dompter avant d’en apprécier toute la profondeur. On est ici au cœur de la Russie historique, la Rus’. Dans ce lieu haut en couleur, le souvenir des révolutions est certes dissimulé par la vitrine flambante du capitalisme ambiant, mais la promesse de nouvelles agitations n’est jamais bien loin. La ville d’Odessa ou plutôt les villes d’Odessa s’offrent ensuite aux yeux du lecteur ; une Odessa historique où cohabitent l’héritage des tsars et celui des « terribles années 30 » avec une Odessa touristique où règnent en maître l’alcool et les boîtes de nuit. Odessa est une ville de cinéma, une « Babel aux mille communautés » à en croire Cédric Gras, une ville à part en Ukraine, un petit territoire où se mêle joyeusement Russes et Ukrainiens, mais aussi Turcs, Arméniens, Moldaves et Biélorusses. Emmenés par Kevin Limonier, nous passons ensuite par Sébastopol, la ville des marins et des officiers de la Marine qui est née de la volonté de la Russie tsariste de disposer d’un accès à la mer Noire et, par là, d’une mer qui ne gèle jamais. Dans l’imaginaire russe, Sébastopol représente un haut lieu du patriotisme héroïque russe. Terre d’anciennes batailles, elle a été reconstruite à l’identique après sa destruction quasi-totale pendant la Seconde Guerre mondiale, tranchant ainsi avec la mode de l’époque qui était au bâtiment stalinien.
  3. https://journals.openedition.org/lectures/43672 Guillaume Sauvé, Subir la victoire. Essor et chute de l’intelligentsia libérale en Russie (1987-1993), Paris, EHESS, 2020. Au début de l’année 1987, Gorbatchev amorce un virage politique dont le programme est pétri des idées portées par l’intelligentsia libérale. Démocratisation et introduction des « mécanismes économiques » sont désormais à l’agenda politique. Ce faisant, Gorbatchev polarise les opinions et voit, face à lui, émerger l’hostilité des communistes et des nationalistes. Il bénéficie alors du soutien d’une grande partie des intellectuels libéraux qui défendent ses réformes dans les médias : « il n’y a pas d’autre option que Gorbatchev » (p. 115). De 1987 à 1989, les libéraux soviétiques interprètent le conflit politique de manière binaire entre les « défenseurs » et les « adversaires » de la perestroïka. À partir de 1994, l’intelligentsia libérale, méprisée par la nouvelle élite politique affairiste et détestée par une partie de la population, constate la perte de son ascendant dans le débat démocratique. Dans le nouvel ordre constitutionnel qui s’est établi, les intellectuels libéraux se divisent une nouvelle fois entre ceux qui choisissent l’opposition et créent le parti Yabloko et ceux qui adoptent une stratégie de soutien et de collaboration au pouvoir. Guillaume Sauvé conclut de manière sévère, estimant que les intellectuels libéraux ont créé les conditions institutionnelles et symboliques de leur marginalisation. https://www.erudit.org/fr/revues/ps/2021-v40-n2-ps06089/1077877ar/ Guillaume Sauvé rappelle que la démocratie ne dépend pas uniquement de la « forme » qu’elle emprunte, mais aussi de la « manière » dont elle est construite. Ainsi, l’intelligentsia libérale, malgré son importance dans l’établissement des changements politiques en URSS et en Russie, n’a pas su persuader jusqu’au bout de la pertinence de son option morale. Ce sont plutôt les partisans de la « main de fer » qui, à l’aide du spectre de la contre-révolution, ont détruit les aspirations démocratiques. Cette pratique autoritaire, apparue dès les premiers jours du nouvel État, est toujours d’actualité et caractérise encore la politique contemporaine russe. https://journals.openedition.org/lectures/62064 Gilles Favarel-Garrigues, La verticale de la peur. Ordre et allégeance en Russie poutinienne, Paris, La Découverte, 2023 Selon l’auteur, Poutine promet essentiellement une dictature de la loi pour lutter contre la corruption et contrôler les élites, répondant ainsi aux attentes du peuple russe. Cette notion de dictature de la loi participerait ainsi à une « verticalité du pouvoir ». Cependant, l’auteur démystifie ce dernier concept, révélant que la « dictature de la loi » est en réalité exploitée à des fins personnelles par divers acteurs à différents niveaux et positions régionales. Cette analyse nuancée remet en question les fondements du régime de Poutine, tout en illustrant comment des acteurs locaux et régionaux peuvent utiliser les mécanismes juridiques pour leurs intérêts personnels, échappant à la surveillance du pouvoir central. En nuançant l’idée de verticalité, l’auteur montre que la Russie ne doit pas être pensée comme une exception, et qu’elle peut aussi être comprise à partir de grandes théories issues de la sociologie. La référence à la cage d’acier de Weber illustre ainsi de manière frappante les conséquences sur les individus du pouvoir en Russie, du moins tel que façonné par Poutine. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cage_de_fer Se réfère à l'augmentation de la rationalisation inhérente à la vie sociale, particulièrement dans les sociétés occidentales capitalistes. La « cage d'acier » agit comme un piège pour les individus qui sont oppressés ou paralysés par un système bureaucratique basé sur le calcul et le contrôle.
  4. La dernière phrase est compliquée à décortiquer. Parce qu'en fait il y a une moitié des chefs d'état majors qui a reçu la lettre, donc qui n'a pas été contournée. Donc il y a deux moitiés, la moitié contournée et la moitié non-contournée. Que la moitié contournée soit furieuse, ça se comprend. Donc ce qui reste à expliquer, c'est pourquoi la moitié non contournée s'est solidarisée avec la moitié contournée. La clé de tout ça, me semble-t-il, ce serait de savoir dans quelle moitié étaient les États-Unis. Est-ce que les États-Unis étaient dans la moitié contournée et furieuse, ou dans l'autre ? Ce qui me paraît plausible, c'est que l'OTAN est une chambre d’enregistrement des volontés et des caprices du patron qui est les États-Unis. Si les États-Unis étaient dans la moitié contournée et furibarde, cela expliquerait que l'autre moitié se soit alignée sur le "non" furibard du patron.
  5. En dernier ressort, ce ne sont pas les Russes mais bien les Américains qui décideront ce que l'Ukraine doit faire. La guerre se terminera lorsque les Américains et les Russes s'entendront sur ce que doit faire l'Ukraine. Les Ukrainiens eux-mêmes auront assez peu voix au chapitre. Les Américains (avec les soviétiques) ont décidé de ce que Cuba doit faire. Les Américains (avec les soviétiques et les Chinois) ont décidé de ce que la Corée du Sud doit faire :
  6. Je pense qu'il n'est pas trop tard pour limiter l'enjeu au sort du projet "État ukrainien dépendant de Washington". C'est à dire que je pense qu'un état neutre, indépendant, non aligné, équidistant, a encore des chances.
  7. https://www.nouvelobs.com/monde/20230205.OBS69184/les-armes-a-longue-portee-promises-a-l-ukraine-ne-serviront-pas-a-viser-le-territoire-russe-promet-kiev.html (5 février 2023) Les armes à longue portée promises à l’Ukraine ne serviront pas à viser le territoire russe, promet Kiev. Le ministre de la Défense ukrainien, Oleksiï Reznikov, a affirmé devant la presse qu’elles ne seraient utilisées que dans les zones occupées. Je ne sais pas de quel côté est la bêtise ou l'inattention, celle qui consiste à ne pas voir qu'il y a une différence entre d'une part livrer des armes à un gouvernement qui promet de ne pas viser le territoire russe et d'autre part constituer une "coalition pour les frappes dans la profondeur" selon les propos d'Emmanuel Macron rapportés par l'Express, lorsque la doctrine militaire française explique que "profondeur" veut dire plus de 300 km au delà des lignes. Qu'on soit d'accord ou pas d'accord sur le fait que c'est une bonne ou une mauvaise idée, c'est une chose, mais au moins entendons nous sur le sens des mots c'est à dire sur ce que signifie "frappe dans la profondeur" et ce que signifie "coalition". https://www.wsj.com/articles/ukraines-appeal-for-longer-range-missiles-presents-fresh-test-of-biden-administration-support-11665083684 (6 octobre 2022) La réticence de l'administration à fournir ces missiles à longue portée reflète un différend plus profond, en partie sur la manière de soutenir l'Ukraine sans risquer un conflit plus large avec la Russie, dont les dirigeants ont laissé entendre qu'ils pourraient recourir à l'arme nucléaire. "La raison pour laquelle nous ne leur donnons pas ces armes est un désaccord sur le fait de frapper des cibles en Crimée", a déclaré un fonctionnaire du Congrès. Les responsables américains affirment que les missiles à plus longue portée ne sont pas nécessaires pour le combat actuel de l'Ukraine et pensent que Moscou y verrait une escalade à un moment où de hauts dirigeants russes ont évoqué le spectre de l'utilisation de l'arsenal nucléaire du pays. "Nous n'allons pas envoyer à l'Ukraine des systèmes de fusées capables de frapper la Russie", a déclaré M. Biden en mai. Le mois dernier, le ministère russe des affaires étrangères a averti que si Washington fournissait à Kiev des missiles de plus longue portée, il franchirait une "ligne rouge" et deviendrait "partie au conflit". En ce qui concerne les autres armes fournies par les États-Unis, le gouvernement de M. Zelensky semble avoir respecté l'insistance des États-Unis à ne pas utiliser les armes américaines pour frapper la Russie elle-même. Alors que l'administration Biden a fondé sa décision concernant l'ATACMS sur la crainte d'un conflit direct entre les États-Unis et la Russie, elle a récemment ajouté de nouveaux arguments contre la fourniture de ces armes. De plus en plus, l'administration a mis l'accent sur la crainte d'une réduction trop importante des stocks américains d'ATACMS et a récemment déclaré à des commissions de la Chambre des représentants et du Sénat, lors d'une séance à huis clos, que la fourniture de ces missiles pourrait nuire à la préparation militaire, selon des responsables du Congrès.
  8. L'Ukraine fait ce qu'elle veut. La question est de savoir ce que fait la France. Une coalition, regarde dans n'importe quel livre d'histoire, regarde dans n'importe quel dictionnaire, c'est toujours un regroupement de pays qui font la guerre ensemble, qui sont des cobelligérants. La coalition en Afghanistan, la coalition en Irak, la coalition en Libye, c'était des pays qui faisaient la guerre, c'était pas simplement des pays qui fournissaient des armes.
  9. https://foreignpolicy.com/2024/03/01/navalny-funeral-russia-opposition-dissident-leader/ Navalny, par exemple, était clairement un nationaliste russe. Non seulement il a soutenu l'invasion de la Géorgie par Moscou en 2008, décrivant les Géorgiens comme des "rongeurs", mais il a également utilisé d'autres insultes ethniques pour décrire d'autres personnes originaires du Caucase. Il s'est en outre présenté comme quelqu'un qui éliminerait "les immigrants non blancs d'Asie centrale et du Caucase en les déportant sans pitié", comme l'a écrit le journaliste Terrell Jermaine Starr en 2021. Plus notoirement, M. Navalny a passé des années non seulement à refuser de condamner l'invasion initiale de l'Ukraine par Moscou en 2014, mais aussi à esquiver les questions concernant le retour de la région ukrainienne de Crimée sous le contrôle de Kiev. Même s'il était élu président, il a déclaré en 2014 qu'il maintiendrait le contrôle de Moscou sur la Crimée. Ce n'est qu'en 2023, près d'une décennie après l'entrée du Kremlin en Ukraine, que M. Navalny a appelé au rétablissement des frontières de l'Ukraine telles qu'elles existaient en 1991. Ce changement était, bien sûr, le bienvenu. Mais le fait qu'il ait fallu une guerre écrasante - dans laquelle le Kremlin a versé plus de sang et de trésor que dans toute autre guerre dans laquelle Moscou a été impliquée depuis près de 80 ans - témoigne de l'enracinement de ces opinions revanchardes, non seulement chez Navalny, mais aussi chez ses partisans. Et le fait que tant d'Occidentaux aient volontairement ignoré ces opinions rétrogrades ne témoigne guère de la volonté des décideurs occidentaux de s'attaquer à la profondeur du nationalisme russe. Mais c'est déjà du passé. Avec la mort de Navalny, une opportunité s'est ouverte pour l'Occident de dépasser enfin l'idée qu'une figure politique particulière, même au sein de l'opposition russe, puisse sortir Moscou de ses illusions impérialistes et l'emmener vers un avenir démocratique. En d'autres termes, il n'y aura pas de Mandela russe. Et si nous continuons à refuser d'aborder de front les questions du nationalisme russe - même parmi les opposants à Poutine -, nous risquons de voir la Russie post-Poutine revenir à des bases impérialistes, précipitant une fois de plus l'Europe dans la catastrophe. Cela signifie qu'il faut reconnaître que l'irrédentisme russe est un phénomène qui s'étend bien au-delà de la base de Poutine et qui a beaucoup plus de cachet dans le corps politique russe que l'Occident ne le pense. (Comme l'a récemment noté l'universitaire Mark Galeotti sur son podcast, même parmi les parties de la population opposées à l'invasion élargie de la Russie en 2022, "pratiquement tous les Russes, qu'ils soient pour ou contre Poutine, pensent que [l'annexion initiale de la Crimée par la Russie en 2014] n'était pas un problème").
  10. https://www.chicagotribune.com/1991/08/29/aug-28-1991-russia-recognizes-ukrainian-independence/ (29 août 1991) Le parlement ukrainien a déclaré l'indépendance samedi, à la suite de l'échec du coup d'État soviétique. Avec 52 millions d'habitants, l'Ukraine est la deuxième plus grande république soviétique, après la Russie, et constitue à la fois le grenier à blé du pays et le siège d'une grande partie de son industrie lourde. La Russie et le gouvernement soviétique avaient déjà accepté l'idée de l'indépendance d'États aussi petits que les trois républiques baltes. Mais il y avait de sérieux doutes quant à la volonté du gouvernement russe du président Boris Eltsine de laisser partir l'Ukraine. En effet, le secrétaire de presse d'Eltsine a déclaré au début de la semaine que la Russie pourrait revendiquer une partie du territoire ukrainien, en particulier l'Ukraine orientale peuplée par la plupart des 11 millions de Russes qui travaillent dans la république. Plus tard, le maire de Moscou, Gavriil Popov, a cité quatre régions d'Ukraine que la Russie pourrait revendiquer. Les déclarations russes ont déclenché une vive réaction anti-russe parmi les Ukrainiens, qui estiment avoir vécu sous la coupe de la Russie au cours des 330 dernières années. Dans la foulée, Eltsine envoie une délégation de trois personnes, accompagnée de trois autres hommes du gouvernement soviétique, pour négocier avec le gouvernement ukrainien. Pendant que des milliers d'Ukrainiens brandissant leur drapeau scandaient des chants devant le parlement ukrainien, les négociateurs se sont disputés pendant neuf heures. L'accord, que les négociateurs ont qualifié non pas de traité mais de base de négociation d'un traité, a reçu la bénédiction explicite d'Eltsine, selon des responsables russes. Le communiqué indique que les deux parties "reconnaissent le droit des deux États à la souveraineté et à l'indépendance". Il précise qu'elles "feront des efforts conjoints pour empêcher une désintégration incontrôlée" pendant la période de transition vers l'indépendance. Les "structures temporaires" prendront la place de "l'ancienne union" et guideront les deux parties vers l'avenir. Les deux parties ont déclaré qu'elles commenceraient "les préparatifs immédiats d'un accord économique" qui pourrait prendre un ou deux ans pour libérer les deux anciennes républiques soviétiques des liens de la planification centrale. Le vice-président russe, Alexandre Routskoï, a déclaré que les deux parties souhaitaient parvenir à cet accord économique le plus rapidement possible afin d'éviter les conflits imminents, notamment la menace de l'Ukraine de cesser ses livraisons de céréales à la Russie et la menace de la Russie de commencer à facturer ses exportations de pétrole vers l'Ukraine au prix du marché mondial, en devises fortes. "Nous devons trouver un équilibre entre ces revendications mutuelles", a déclaré M. Rutskoi. Ils ont également déclaré qu'ils commenceraient à travailler sur un "accord de sécurité collective". L'armée soviétique compte 1,2 million de soldats et un arsenal nucléaire sur le territoire ukrainien, et la formation d'une armée ukrainienne indépendante à partir de cette force devrait être l'un des points les plus délicats. Les deux parties ont déclaré que cette question devrait être négociée avec les 13 autres républiques soviétiques, et Eltsine a annoncé mercredi que toutes les armes nucléaires se trouvant sur le sol ukrainien seraient retirées à la Russie en cas d'indépendance. Les responsables ukrainiens ont déclaré en privé qu'ils ne voulaient pas d'armes nucléaires, bien que cette attitude puisse changer une fois les négociations entamées. La question de la frontière entre les deux républiques a semblé faire l'objet d'un flou. Les deux équipes ont confirmé un traité de 1990 fixant les frontières actuelles, mais ce traité a été signé dans le contexte d'une Union soviétique qui n'existe plus. Il a été prédit que cette question pourrait être rouverte, et c'est l'un des sujets les plus potentiellement explosifs auxquels l'URSS doit faire face au lendemain du coup d'État manqué. M. Rutskoi a déclaré : "Eltsine lui-même n'a jamais parlé de revendications territoriales". La déclaration d'indépendance de samedi dernier ne signifie pas encore que l'Ukraine est indépendante. Mais un référendum sur l'indépendance est prévu pour le 1er décembre, et les responsables ont déclaré que l'indépendance totale pourrait être une réalité d'ici la fin de l'année, l'Ukraine cherchant alors à obtenir une reconnaissance internationale en tant qu'État distinct. Les Russes ont eu tendance à croire que cette déclaration d'indépendance n'était qu'un stratagème ukrainien visant à renforcer la position de négociation en vue d'un futur accord de fédération. Cette suggestion a été vivement démentie par les fonctionnaires de Kiev, qui ont déclaré qu'ils étaient tout à fait sérieux. Les observateurs étrangers ont tendance à partager cet avis. "Oui, ce n'est pas une blague", a déclaré John Hewko, avocat du cabinet Baker & McKenzie et conseiller du parlement ukrainien. "C'est une affaire extrêmement sérieuse. Cette suspicion russe a enflammé la susceptibilité nationale ukrainienne. À un moment donné des négociations, un membre de la délégation russe, le maire de Leningrad Anatoly Sobchak, s'est adressé à la foule ukrainienne devant le parlement. "Ce qui est important, c'est que nous soyons ensemble", a déclaré M. Sobchak. La foule s'est mise à huer et à siffler. Les Ukrainiens ont expliqué qu'ils se sentaient opprimés par les Russes depuis des siècles et que la référence à l'unité, apparemment non exceptionnelle, de M. Sobtchak ne faisait que leur rappeler ce qu'ils estiment être la domination de Moscou sur une union censée être égale dans le passé. M. Sobtchak, manifestement vexé, a déclaré aux journalistes : "Si nous commençons à nous affronter comme la foule qui m'a précédé l'a fait, nous perdrons notre chance. C'est du romantisme émotionnel et national".
  11. https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-esprit-public/envoi-de-troupes-en-ukraine-idee-fameuse-ou-fumeuse-colere-des-agriculteurs-a-qui-profite-la-crise-2406499 (3 mars 2024) 30:12 Thierry Pech : Il semble que le discours d'Emmanuel Macron, on n'a retenu que cette formule [sur l'envoi de troupes occidentales en Ukraine], mais il y avait beaucoup d'autre choses dedans : des choses sur les frappes dans la profondeur qui sont quand même d'un point de vue stratégique extrêmement impliquantes. Je ne sais pas s'il y a une définition de la cobelligérance, mais on s'approche de quelque chose comme ça avec ce type d'initiative. https://www.lexpress.fr/monde/europe/munitions-et-troupes-au-sol-en-ukraine-macron-et-les-europeens-plus-volontaires-TG23IAUMONCZVCOIOPWGGRHFZU/ Ce 26 février, près de deux ans jour pour jour après le début de l’invasion russe en Ukraine, le président français a appelé les alliés occidentaux à un "sursaut" pour assurer la "défaite" de la Russie. Ont été annoncées la création d’une "coalition pour les frappes dans la profondeur" afin de fournir à Kiev des "missiles et bombes de moyenne et longue portée", mais également la possibilité d’acheter des munitions hors d’Europe. Que veut dire "frappes dans la profondeur" ? https://www.defnat.com/e-RDN/vue-article-cahier.php?carticle=607&cidcahier=1320 (2023) Toutefois, avec l’accroissement de la portée des pièces d’artillerie, il paraît plus adapté aujourd’hui de retenir la valeur de 300 km au-delà de la FLOT (8) (Forward Line of Own Troops) pour définir la position de la FSCL qui constitue désormais cette frontière, c’est-à-dire le début de la profondeur. 300 km au-delà des lignes actuelles, on n'est plus à l'intérieur des frontières ukrainiennes de 1991. On est soit au milieu de la mer, soit en territoire russe. Donc Emmanuel Macron et ses collègues ont annoncé la création d'une coalition pour frapper le territoire russe.
  12. Il est rare que je complimente Anthony Blinken, mais là je dois avouer qu'il me fait bonne impression : https://www.state.gov/secretary-blinkens-remarks-at-a-world-economic-forum-event-treating-soil-as-a-precious-resource/ (16 janvier 2024) L'initiative "Agriculture Innovation Mission for Climate" que nous avons lancée avec les Émirats arabes unis a permis de mobiliser 17 milliards de dollars pour investir dans des projets tels que la régénération des terres cultivées dégradées et la capture du carbone dans le sol. Grâce au partenariat mondial pour l'infrastructure et l'investissement, nous travaillons avec des dizaines de pays, de l'Inde à la Zambie, pour développer une agriculture intelligente face au climat et renforcer les chaînes d'approvisionnement. En collaboration avec l'Union africaine et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, nous avons lancé une nouvelle initiative. Elle s'appelle Vision for Adapted Crops and Soils (VACS) et fait partie de l'initiative phare de l'USAID "Feed the Future" (Nourrir l'avenir). Premièrement, nous investissons en surface, en identifiant les cultures africaines indigènes les plus nutritives et les plus résistantes au changement climatique, en améliorant ces variétés et en les distribuant dans le monde entier ; parallèlement, nous investissons en sous-sol, en cartographiant, en conservant et en construisant des sols sains. En même temps, nous investissons dans le sous-sol, en cartographiant, en conservant et en construisant des sols sains. Si vous obtenez ce résultat, si vous obtenez les bonnes semences, si vous obtenez le bon sol, alors vous aurez les bases de votre agriculture pour l'avenir. Au département d'État, nous avons eu la chance inouïe de pouvoir compter sur l'un des plus grands experts mondiaux, le Dr Cary Fowler, pour nous aider à développer cette initiative. https://en.wikipedia.org/wiki/Cary_Fowler Fowler a été au centre du documentaire Seeds of Time, réalisé en 2013 par la réalisatrice Sandy McLeod. Le film se concentre sur le travail de Fowler pour protéger l'approvisionnement alimentaire mondial avec la réserve mondiale des semences du Svalbard et sur les défis auxquels sont confrontés les efforts de protection des semences et de la diversité génétique en raison du changement climatique. En 2010, il a joué un rôle de premier plan dans la sauvegarde de l'une des plus grandes collections vivantes de variétés de fruits et de baies au monde, à la station expérimentale de Pavlovsk, en Russie. Pour sauver la station, il a mené une campagne internationale de scientifiques et de citoyens qui ont fait part de leurs inquiétudes quant à la menace de conversion de cette station en complexe immobilier. https://en.wikipedia.org/wiki/Pavlovsk_Experimental_Station La station de Pavlovsk elle-même est tombée aux mains des Allemands pendant le siège de Leningrad en 1941-1944, mais avant l'arrivée des troupes allemandes, les scientifiques de l'Institut de l'industrie végétale ont pu déplacer une grande partie de la collection de tubercules de la station vers un lieu situé à l'intérieur de la ville. Douze de ces scientifiques sont morts de faim alors qu'ils protégeaient la collection de tubercules et de graines comestibles de l'institut.
  13. https://www.lenouvelespritpublic.fr/podcasts/483 (18 février 2024) David Djaïz, auteur de « La Révolution obligée : pour une transition écologiquement soutenable » : Les deux grands politistes Martin Lipset et Stein Rokkan, qui avaient travaillé sur l’origine des grands clivages dans les démocraties, expliquaient que ceux-ci adviennent toujours lors de phénomènes historiques totaux, en l’occurrence la construction nationale et la révolution industrielle. Il y a deux types de clivages lors de phénomènes historiques aussi majeurs : des clivages d’opportunité et des clivages de modalité. Dans les clivages d’opportunité, la société se partage entre ceux qui veulent entrer dans le processus, et ceux qui s’y y opposent. S’agissant de la nation, le premier clivage était entre la féodalité et le proto « Etat-nation central ». S’agissant de la révolution industrielle, le clivage est les propriétaires fonciers et les propriétaires industriels. Et puis, une fois que le processus s’enclenche (car il est inévitable et irréversible), les clivages deviennent des clivages de modalité. C’est-à-dire : qui contrôle le processus ? S’agissant de la nation, pour Lipset et Rokkan, le clivage est entre l’Eglise et l’Etat (et notamment la question scolaire : qui contrôle le processus de construction nationale ?). S’agissant de l’industrie, le clivage est entre capital et travail. Qui capte la valeur ? Est-ce le propriétaire de l’outil de production, ou bien l’ouvrier qui livre sa force de travail ? C’est cela, le cœur du livre ; nous ne l’avons pas formulé comme cela, car nous ne souhaitions pas en faire un ouvrage universitaire. Nous sommes à l’aube d’un phénomène historique total, donc il y a des clivages d’opportunité. Il y a ceux qui veulent entrer dans la transition, et ceux qui s’y opposent. Mais très bientôt vont apparaître des clivages portant sur les modalités de cette transition. Là où je vous rejoins, et où l’on peut être raisonnablement optimiste, c’est qu’aujourd’hui en Europe, 80% de l’opinion publique ne nie pas la réalité du changement climatique et est convaincue qu’il faut agir. Donc nous avons plutôt gagné la bataille de l’opportunité. Nous devons à présent livrer celle des modalités. Et là, nous avons un énorme problème, car contrairement à la construction nationale qui s’est étalée sur plusieurs siècles, ou à la révolution industrielle qui a duré environ 150 ans, ici, si nous voulons tenir le calendrier que nous prescrivent les scientifiques, c’est-à-dire un objectif de neutralité climatique autour de 2050, nous devons transformer tout un système industriel et énergétique en moins de 30 ans, et nous n’avons pas le début du commencement d’une méthode crédible. Nous sommes la poule face à un couteau. Il nous faut engager la bataille du comment.
  14. https://www.faz.net/aktuell/politik/inland/taurus-lieferung-dobrindt-bringt-u-ausschuss-zu-abhoerskandal-ins-spiel-19560059.html (3 mars 2024) Les officiers de la Luftwaffe mis sur écoute ont peut-être enfreint les règles de sécurité de la Bundeswehr lors de la conversation. "Il existe des indices selon lesquels un moyen de communication insuffisamment sûr a été utilisé au regard des contenus manifestement discutés", a déclaré une porte-parole du ministère fédéral de la Défense au journal "Bild am Sonntag". "C'est entre autres l'objet de la poursuite des investigations". Selon les médias, les officiers ont utilisé la plateforme Webex pour la conversation. Selon le "Bild am Sonntag", la réunion avec Webex a été transmise sur les téléphones portables des soldats via une ligne fixe de bureau de la Bundeswehr. Le journal rapporte, en se référant à des milieux de la sécurité, que l'on examine maintenant si la variante Webex utilisée est autorisée pour l'échange d'informations du niveau de classification le plus bas "informations classifiées - uniquement pour l'usage officiel" et comment les détails mentionnés lors de la réunion sont classifiés. L'objectif est de déterminer la gravité de la violation des règles de sécurité. Scholz avait justifié son refus d'une livraison de Taurus par le fait que l'Allemagne pourrait alors être entraînée dans la guerre. "Nous ne devons à aucun moment et en aucun lieu être associés aux objectifs atteints par ce système", avait-il déclaré lors d'une manifestation organisée par l'agence de presse allemande en début de semaine dernière. Lors d'un débat citoyen à Dresde, il a ensuite déclaré que l'arme pourrait atteindre Moscou si elle était mal utilisée. D'autres personnes devraient alors se préoccuper de savoir où atterrit exactement quoi. "Dans notre cas, cela signifierait que nous devrions participer pour pouvoir le faire. Là encore, je pense que c'est exclu".
  15. https://www.france24.com/en/europe/20240302-germany-s-scholz-vows-probe-into-apparent-leak-of-ukraine-war-talks Le chancelier allemand Olaf Scholz a promis samedi une enquête approfondie après qu'un enregistrement de discussions confidentielles de l'armée sur la guerre en Ukraine a été diffusé sur les médias sociaux russes, ce qui a mis Berlin dans un grand embarras. Dans l'enregistrement, on peut entendre des discussions sur l'utilisation possible par les forces ukrainiennes de missiles Taurus de fabrication allemande et sur leur impact potentiel. Il est notamment question de viser des cibles telles qu'un pont important sur le détroit de Kertch, qui relie la Russie continentale à la Crimée, annexée par la Russie en 2014. Les discussions portent également sur l'utilisation des missiles fournis à Kiev par la France et la Grande-Bretagne. https://tass.com/politics/1754425 (1er mars 2024) Les hauts responsables allemands doivent apporter une réponse exhaustive aux informations faisant état de la publication d'une fuite d'un enregistrement audio d'officiers supérieurs de la Bundeswehr (forces armées) allemande discutant d'une attaque potentielle sur le pont de Crimée, a déclaré Konstantin Kosachev, vice-président de la chambre haute du Conseil de la Fédération de Russie, ou "sénat", notant que cet enregistrement dément effectivement les affirmations de Berlin selon lesquelles il n'est pas directement impliqué dans le conflit ukrainien. "Et nous ne parlons pas d'installations militaires, mais d'un pont emprunté par des trains civils et des milliers de voitures civiles. Nous aurons toutes les raisons de considérer les dirigeants allemands comme des complices directs des crimes des nazis de Kiev, pour qui les attaques contre les installations civiles et la population civile pacifique font déjà partie du quotidien", a souligné M. Kosachev. "À en juger par la conversation interceptée des officiers militaires allemands, il ne s'agit plus seulement de livraisons d'armes. Ce que Berlin cherchait à cacher au public est devenu un fait : l'Allemagne se bat aux côtés de l'Ukraine, tout en ignorant complètement la volonté de son propre peuple", a déclaré M. Kosachev. Plus tôt, la rédactrice en chef de RT, Margarita Simonyan, a déclaré que le jour même où le chancelier allemand Olaf Scholz a assuré que l'OTAN n'était pas et ne serait pas à l'avenir directement impliquée dans le conflit ukrainien, les hauts gradés allemands réfléchissaient en fait à la manière de mener une attaque potentielle sur le pont de Crimée d'une manière qui n'aurait aucune répercussion pour Berlin en lui donnant la couverture d'un déni plausible de responsabilité. https://www.zeit.de/politik/deutschland/2024-03/bundeswehr-taurus-marschflugkoerper-russland-abgehoert-luftwaffe-olaf-scholz (2 mars 2024) Le missile de croisière Taurus fait actuellement l'objet de nombreuses discussions en Allemagne : dans les talk-shows, dans la salle plénière du Bundestag, lors d'événements organisés par la Bundeswehr, partout dans le pays. Et également lors d'une conférence de l'armée de l'air, en principe secrète, mais qui ne l'est pas restée car les médias d'Etat russes ont publié un enregistrement. On y entend quatre officiers supérieurs de la Bundeswehr discuter entre autres de la question de savoir si les missiles Taurus seraient techniquement capables de détruire le pont construit par la Russie vers la péninsule de Crimée. Ingo Gerhartz, lieutenant général et inspecteur de l'armée de l'air, ainsi que le brigadegeneral Frank Gräfe, chef du département des opérations et des exercices au sein du commandement de l'armée de l'air, semblent prendre la parole dans le cadre de cette table ronde. ZEIT ONLINE a écouté l'enregistrement, qui semble authentique. L'affaire est délicate, notamment parce qu'elle jette une lumière crue sur le chancelier et sa manière d'aborder le débat. Ce n'est que récemment qu'Olaf Scholz s'était déclaré plus complet à ce sujet : il avait argumenté qu'il ne voulait pas livrer de Taurus à l'Ukraine parce que le lancement du missile de croisière nécessitait la présence de soldats allemands sur place. La République fédérale ne devant en aucun cas prendre part à la guerre, une livraison n'est donc pas envisageable. La table ronde, apparemment écoutée par les services russes, montre que Scholz est soit mal informé, soit qu'il a mal argumenté. Car les officiers réfutent en partie son point de vue. Il faut tout d'abord savoir que Gerhartz n'est pas seulement le plus haut gradé de l'armée de l'air. Il est également considéré comme particulièrement bien connecté sur le plan politique et jouit en outre d'une certaine renommée auprès des alliés, notamment aux Etats-Unis et en Israël. Sa parole a donc du poids. L'enregistrement de l'entretien commence par la préparation de Gerhartz à un rendez-vous important avec le ministre de la Défense Boris Pistorius (SPD). Ce dernier souhaiterait en savoir plus sur Taurus, ce qui est étonnamment tardif si l'on considère que le missile fait l'objet de discussions depuis un certain temps. Il ne sait pas s'il pourra lui-même être présent à ce rendez-vous, explique Gerhartz. Il y a quelques problèmes au sein de la commission de la défense, car le programme F-35, un avion de combat polyvalent commandé aux Etats-Unis, devient considérablement plus cher que prévu. Tout cela est déjà très désagréable pour l'armée de l'air, d'autant plus que Gerhartz précise entre-temps que les informations ne doivent en aucun cas parvenir aux médias. Or, ces contenus sensibles circulent désormais sur Internet, publiés justement par des médias d'Etat russes. Plus gênant encore pour l'armée de l'air : les participants argumentent en partie contre la ligne du chancelier sur le thème du Taurus. Il apparaît clairement que les soldats allemands ne doivent pas nécessairement être déployés en Ukraine pour que les missiles de croisière puissent être utilisés par les forces armées sur place. La présence de membres de l'armée de l'air allemande simplifierait certes considérablement les choses, mais on peut aussi s'en passer. En ce qui concerne la question du personnel, Gerhartz et ses hommes ont développé des expériences de pensée audacieuses au cours de l'entretien. Des soldats pourraient ainsi être affectés à l'entreprise d'armement MBDA, d'où ils aideraient les Ukrainiens à choisir des cibles. Il n'y aurait alors, selon leur argumentation, aucun lien avec l'armée de l'air. Gerhartz, en particulier, semble très favorable à cette idée, qu'il soumet à plusieurs reprises à la ronde. Cependant, ses subordonnés lui font comprendre que cela ne servirait à rien au final. Après tout, le Taurus vient de l'armée allemande. Et les Ukrainiens ont également besoin de données pour la saisie des objectifs de la part des Allemands ou de l'OTAN. Une autre idée du groupe est que les Britanniques pourraient aider à l'intervention. Ils sont de toute façon en Ukraine pour soutenir le déploiement du missile de croisière Storm Shadow. Sur ce point, les officiers sont d'accord avec le chancelier : Gerhartz et son équipage confirment la déclaration de Scholz selon laquelle d'autres nations envoient leurs propres soldats pour rendre une technique de guerre complexe utilisable par les Ukrainiens. Un participant affirme en outre que de nombreux Américains en civil se déplacent en Ukraine - une référence aux forces spéciales et aux agents de la CIA. Pour la propagande russe, c'est la fête. https://www.lemonde.fr/international/article/2024/03/02/guerre-en-ukraine-le-ministere-de-la-defense-allemand-confirme-qu-une-conversation-entre-des-officiers-a-ete-interceptee_6219680_3211.html Roderich Kiesewetter, expert en matière de défense et membre de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le principal parti d’opposition, a estimé que « la conversation [avait] été ébruitée à dessein par la Russie à ce moment précis avec un objectif bien particulier », celui de tuer dans l’œuf le débat en Allemagne autour de la livraison des missiles Taurus à Kiev. « D’autres conversations ont certainement été écoutées et seront diffusées ultérieurement pour servir les intérêts de la Russie », a-t-il dit à la chaîne de télévision ZDF. Selon le Spiegel, la discussion entre officiers dure une demi-heure et émane d’une vidéoconférence sur la plate-forme publique WebEx et non d’un réseau secret interne de l’armée, ce qui pose des questions sur les normes de sécurité interne à la Bundeswehr.
  16. https://www.fpri.org/article/2023/05/putins-holy-grail-myth-power-and-the-retaking-of-russian-occupied-crimea/ (9 mai 2023) Lorsque la Russie a annexé la Crimée en 2014, le peuple russe a réagi avec une euphorie patriotique. Ce que l'on appelle "l'effet Crimée" est un phénomène unique dans l'opinion publique russe. Neuf ans après l'annexion, malgré les sanctions et une guerre agressive contre l'Ukraine, le soutien du public russe à cette décision reste largement inchangé dans les sondages indépendants (réalisés par Levada) et les sondages contrôlés par l'État, ne tombant jamais en dessous de 84 %. Interrogés sur les raisons de leur soutien, 65 % des personnes interrogées (le plus grand nombre) déclarent croire que la Crimée est historiquement un territoire russe, et 22 % ajoutent que la majorité de la population de Crimée est russe. Seuls 7 % soulignent que la Crimée "n'est pas la nôtre". Depuis l'annexion, environ trois quarts des personnes interrogées déclarent systématiquement que "l'adhésion de la Crimée à la Russie" a été utile pour elles et pour le pays. Par exemple, les Russes soulignent que les principaux avantages de la Crimée sont : une nouvelle destination touristique (24 %), une base navale sécurisée (18 %), une intégrité territoriale restaurée pour la Russie (9 %), un territoire élargi pour la Russie (7 %) et un retour de la population russophone dans son pays d'origine (7 %). Ces attitudes peuvent paraître étranges à un observateur occidental, mais elles ne sont pas surprenantes. Par exemple, en mai 1998, 77 % des Russes ont déclaré qu'ils souhaitaient que la Crimée soit "rendue à la Russie". Au cours des années suivantes, cette opinion n'a fait que se renforcer : 80 % y étaient favorables en 2002, et 85 % en 2008. En d'autres termes, le soutien à la reprise de la Crimée est une tendance à long terme antérieure à Poutine, et la décision prise par le président russe en 2014 d'occuper illégalement la péninsule au milieu de la crise politique en Ukraine, qui avait été provoquée par Moscou, était largement alignée sur l'opinion publique russe. Selon l'historien ukrainien Serhii Plokhy, pendant la période soviétique, l'identité nationale russe, qui avait émergé à l'époque impériale et imaginait la supériorité de la Russie sur les autres nations de l'empire multinational, a été fusionnée avec les institutions soviétiques et leurs symboles. Par conséquent, lorsque l'Union soviétique s'est effondrée, non seulement de nombreux Russes se sont retrouvés dans les nouveaux États indépendants, mais la Russie a découvert que nombre de ses symboles identitaires se trouvaient désormais hors de ses frontières. La ville de Narva s'est retrouvée en Estonie, les villes de Poltava et de Sébastopol en Ukraine, la forteresse de Brest en Biélorussie et le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan. Le profond sentiment d'humiliation nationale que de nombreux Russes ont ressenti au lendemain de la faillite de l'Union soviétique a été exacerbé par ces pertes. La Crimée est apparue comme un symbole qui a unifié les constructions impériales, soviétiques et post-soviétiques de l'identité nationale russe. Elle a eu l'effet émotionnel de réparer quelque chose qui avait été brisé. Elle a été perçue comme une restauration de la justice historique, qui était aussi essentiellement une restauration de la grandeur de la Russie. Enfin, il existe des mythes liés aux défenses héroïques de Sébastopol et à la valeur stratégique de la flotte de la mer Noire. La première défense de Sébastopol (1854-1855) a eu un grand effet émotionnel sur la nation à l'époque impériale et a donc été glorifiée dans la littérature russe. L'héroïsme dont ont fait preuve les défenseurs de Sébastopol, notamment les amiraux Pavel Nakhimov et Mikhail Istomin, qui sont entrés dans le panthéon militaire russe, s'est ancré dans l'identité nationale. Mais il s'agit d'un type particulier d'héroïsme, mêlé à un sentiment tragique de sacrifice et de perte. Certaines des batailles les plus connues de l'histoire russe se sont soldées par une défaite malgré l'héroïsme des participants (par exemple, Borodino pendant les guerres napoléoniennes ou le siège de Port Arthur pendant la guerre russo-japonaise). En fait, les deux défenses héroïques de Sébastopol (l'autre ayant eu lieu en 1941-1942 pendant la Seconde Guerre mondiale) se sont soldées par la retraite des troupes russes.
  17. https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/concordance-des-temps/en-inde-l-hindouisme-histoire-et-pouvoir-7376782 (2 mars 2024) Anne Viguier, directrice du département Asie du Sud et Himalaya à Langues O'.
  18. Son slavon (qui est la langue morte savante de la liturgie orthodoxe).
  19. Je lisais l'autre jour un article très anti-Poutine, tout aussi maximaliste que Zelensky quant aux buts de guerre de l'Ukraine et ses alliés : https://www.fpri.org/article/2024/02/putins-warped-idea-of-russian-history/ (27 février 20024) Du point de vue de Poutine, la guerre est absolument justifiée. Il y voit une guerre de civilisation entre la Russie et l'Occident, tandis que l'Ukraine se voit attribuer le rôle de victime sacrificielle. Si Poutine se considère effectivement comme un personnage historique au même titre que Pierre le Grand, en pensant en termes de siècles, alors il fera tout son possible pour préserver cette illusion. D'une part, il est peu probable qu'il risque tout et commette une erreur, entrant ainsi dans l'histoire comme un dirigeant qui a échoué. Donc ça a l'air d'être une hypothèse de travail raisonnable de penser que Poutine se compare à Pierre le Grand. Or une grande caractéristique de Pierre le Grand, est qu'il a su "éviter les objectifs de guerre maximalistes", c'est à dire s'arrêter à temps, pour préserver ses gains : Bien sûr cela n'a pas empêché les propagandistes russophobes de caricaturer Pierre le Grand, et même d'inventer ce "fake news" qu'est le faux "testament de Pierre le Grand" : - Et j'oubliais, last but not least, Pierre le Grand est le parangon des Occidentalistes, à l'opposé des slavophiles qui inspirent les réactionnaires comme Alexandre Douguine.
  20. Pourquoi l'élargissement à l'Ukraine pose question ? https://francoisruffin.fr/cher-raphael-glucksmann/ (19 janvier 2024) C’était au nom de la solidarité, des valeurs, que les dirigeants ont ouvert l’Union européenne à la Pologne, la Hongrie, la Roumanie et consorts. Avec quelles conséquences ? Un cataclysme silencieux. Un million d’emplois industriels détruits. Des délocalisations en série. Ma région a vu partir Continental (vers la Roumanie), Goodyear (vers la Pologne), Parisot-Sièges-de-France (vers la Roumanie), la Générale sucrière (vers la Pologne), Delsey (vers le Portugal), Magnetti-Marelli, Honeywell, Abélia, et mille autres, plus petites. Jusqu’au double choc Whirlpool, bien sûr : d’Amiens, les lave-linge ont fui vers la Slovaquie, les sèche-linge vers la Pologne. En 1989, ce groupe (alors Philips) comptait trente-huit usines en Europe de l’Ouest. Il lui en reste dix, désormais, pour l’Europe réunifiée, de l’Atlantique jusque presque l’Oural… Des économies d’échelle. Voilà à qui les élargissements ont profité. Et voilà qui les élargissements ont frappé. Et vous voudriez que l’on signe, à nouveau, les yeux fermés ? Vous voudriez qu’on rempile, avec 44 millions d’Ukrainiens, avec un salaire moyen à 373 €, avec des agro-holdings qui règnent sur les terres ? Il faudrait approuver, à nouveau au nom des valeurs – que je partage – de solidarité, de la paix, sans examen des conditions matérielles ? Sans garantie ? Sans assurance ? Sans protection ? Sans se demander qui va en bénéficier, qui va en payer le prix ? Que le sujet soit complexe, qu’il mêle de la morale, du diplomatique, du militaire, du commercial, de l’économique, du social, c’est l’évidence. Que l’on doive solidarité à un pays agressé, cela va de soi. Mais pourquoi nous refaire les années 1990 avec les gentils ouverts, tolérants et pacifiques contre les méchants fachos, repliés sur eux-mêmes ? Vous n’avez donc tiré, finalement, aucune leçon, aucun bilan ? On peut trouver un écho dans les analyses de David Autor et de ses collègues sur les conséquences aux États-Unis de l'ouverture de l'OMC à la Chine :
  21. https://www.iris-france.org/183701-election-presidentielle-en-indonesie-une-continuite-politique-averee/ (23 février 2024) Le président Joko Widodo, considéré comme un outsider lors de son arrivée au pouvoir en 2014, enregistre un bilan très positif après dix ans de présidence. Lors d’un sondage réalisé en décembre 2023, 76 % de l’opinion publique s’était dit satisfaite de la politique mise en place par le chef d’État. La popularité dont le président indonésien bénéficie s’explique en grande partie par un bilan économique positif. Depuis 2014, le pays a connu une croissance économique annuelle solide, atteignant les 5 %, à l’exception des années 2020 et 2021 en raison des effets des restrictions liées à la pandémie de Covid-19. Jakarta est également parvenu à maintenir son inflation à 3,6 % en 2023 (...) ainsi qu’à opérer une légère baisse de son taux de chômage, ce dernier étant passé de 5,9 % en 2014 à 5,3 % en 2023. Sur cette même période, on constate également dans l’ensemble une amélioration du niveau de vie dans l’archipel, le PIB par habitant étant passé 3 500 dollars à plus de 5 100 dollars. Un constat qu’il convient néanmoins de nuancer au regard des inégalités économiques persistantes entre les îles, le niveau de vie étant plus élevé à l’ouest de l’archipel qu’à l’Est et au Sud-Est. 11 % de la population vit par ailleurs toujours sous le seuil de pauvreté. En 2020, Joko Widodo a interdit l’exportation de nickel brut, composant nécessaire à la fabrication de batteries pour véhicules électriques, afin d’offrir au pays une place dans la chaîne d’approvisionnement mondiale et d’inciter les constructeurs automobiles étrangers à investir dans l’implantation d’usines de production de batterie en Indonésie. Joko Widodo a été le premier dirigeant asiatique à se rendre à Kiev et à rencontrer à la fois Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine. L’archipel a enfin affiché sa volonté de jouer un rôle d’intermédiaire dans le conflit à travers la soumission d’un plan de paix par le ministre de la Défense Prabowo Subianto. Ce dernier suggérait la mise en place d’une zone démilitarisée de 15 kilomètres de part et d’autre de la ligne de front dont le contrôle aurait pu être assuré par les forces de maintien de la paix des Nations unies. Ce plan prévoyait également l’organisation d’un référendum visant à déterminer localement la volonté des habitants des zones contestées d’appartenir à un camp ou à un autre. Cette proposition a néanmoins été rejetée par Kiev. Sa position en retrait de la rivalité sino-américaine s’est par ailleurs illustrée lorsque le président Joko Widodo a annoncé ne pas avoir remis de lettre d’intérêt pour une potentielle adhésion de l’archipel aux BRICS en août 2023.
  22. https://www.ifri.org/fr/espace-media/lifri-medias/thierry-de-montbrial-ukraine-ne-exclure-un-derapage-engageant-dissuasion (23 février 2024) Thierry de Montbrial L’issue de ce conflit reposera surtout sur les États-Unis. L’Ukraine impressionne par sa résistance, mais ses capacités économiques et principalement humaines sont limitées. Répétons qu’il s’agit d’une vraie guerre où l’on engage la vie des combattants. Et jusqu’à nouvel ordre les combattants face aux Russes sont les Ukrainiens. Sur le plan économique, la marge de manœuvre de l’Union européenne me paraît également limitée. Dans ces conditions, la clé se trouve nécessairement entre les mains des Américains. Or, on constate que les États-Unis commencent à hésiter. L’Ukraine est un pays lointain pour les Américains, malgré sa diaspora. La population dans son ensemble s’y intéresse peu, malgré les lobbies qui la soutiennent. Trump émet des propositions volontairement provocatrices à cet égard, mais, même si Biden ou un autre venait à être élu, l’expérience montre que le sentiment de lassitude des guerres éloignées finit par l’emporter tôt ou tard. Abandonner les Ukrainiens ferait voler l’UE en éclats, de la manière la plus apparente. Mais alors jusqu’où faut-il soutenir l’Ukraine ? Sur le plan militaire, certains évoquent le passage à une économie de guerre. Mais une économie de guerre, c’est une économie dirigée, contrôlée, où l’on sort du cadre d’une Constitution démocratique, où l’on réquisitionne des entreprises pour abandonner leurs activités normales au profit d’armements ou d’autres matériels nécessaires à la conduite de la guerre. À ce stade, je doute que les Français ou les Allemands, les Espagnols ou les Italiens entre autres acceptent d’entrer en économie de guerre. Je ne vois pas ce qu'il entend par "Abandonner les Ukrainiens ferait voler l’UE en éclats" : il faudrait définir "abandonner" et "voler en éclats". Ayant dit que la force de résistance ukrainienne dépendait surtout de l'Amérique, ce que fait l'UE devrait être un non-événement, dans un sens ou dans un autre. Je pense plutôt à l'inverse : un plus gros effort de l'UE, c'est à dire de l'Allemagne, en faveur de l'Ukraine, renforcerait les partis anti-guerre allemands, à savoir l'AfD et Bündnis Sahra Wagenknecht, donc ferait long feu et aboutirait à une forme de retrait allemand de l'UE, peut-être pas un Germaxit complet, si l'AfD parvenait au pouvoir. Montbrial : Par ailleurs, l’Ukraine reste encore marquée par certaines pratiques soviétiques, notamment sur le plan de la corruption. L’élargissement à l’Ukraine soulèvera d’immenses difficultés. Il me semble que l’UE est menacée à court terme si elle ne soutient pas l’Ukraine, et à long terme par des engagements insuffisamment réfléchis. Il y a assurément un besoin de faire exister l’Europe géopolitiquement. Ce qui se meurt, c’est la conception d’une Europe fédérale. En fait, la construction européenne est à repenser de fond en comble. Alors là, je suis complètement d'accord avec lui. Ce qu'il appelle "engagements insuffisamment réfléchis", j'appelle ça "hybris". "Réfléchir" et "Repenser", ça veut peut-être dire supprimer le commissaire à l'élargissement. À la limite, je serais prêt à faire un deal avec Ursula von der Leyen : oui à son commissaire à la défense, si en contrepartie elle supprime le commissaire à l'élargissement. Dans l’interview accordée à Tucker Carlson, Poutine a cherché à se montrer enclin à négocier, certes sans expliciter son but. L’enjeu d’une négociation ne pourrait être que l’élaboration d’une nouvelle architecture de sécurité en Europe. L’architecture de sécurité élaborée au cours de la guerre froide - notamment avec la remarquable innovation diplomatique que fut l’arms control ou « maîtrise des armements » - est à reconstruire entièrement. Il faudra beaucoup de temps. À terme, plusieurs issues sont concevables. Je n’exclus pas totalement le fait que l’Ukraine retrouve ses frontières de 1991. Mais cela supposerait des conditions inacceptables actuellement, à commencer par la neutralité du pays. Il est aussi possible d’imaginer, hélas, un conflit gelé pendant des années ou des décennies, ou pire, je le répète, une montée aux extrêmes que certains commentateurs semblent appeler de leurs vœux, d’un côté comme de l’autre. Ce sont là aussi pour moi des évidences, qui vont sans dire mais qui vont mieux en les disant, vu que ce n'est pas partagé par la totalité du commentariat.
  23. https://www.ifri.org/fr/publications/notes-de-lifri/farm-bill-2024-raisons-blocage-de-loi-agricole-aux-etats-unis (1er février 2024) Le poste le plus important de la Farm Bill est celui de l’aide alimentaire intérieure. Ce programme de Food Stamps créé en 1936, qui a pris le nom de Supplemental Nutrition Assistance Program (SNAP) en 2008, concerne actuellement plus de 40 millions d’Américains et absorbe 75 à 80 % du budget agricole. Le SNAP fait l’objet de débats idéologiques intenses entre les Démocrates, qui y voient une politique sociale indispensable, et les Républicains, qui contestent une aide injustifiée aux minorités urbaines. Du fait des déchirements de l’automne 2023 entre Républicains à la Chambre des représentants, la loi 2024-2028 n’a pas pu être votée. La loi précédente, couvrant 2019-2023, a donc été prolongée. Fin 2024, il faudra que la nouvelle loi soit adoptée ou que la précédente soit de nouveau prolongée. En l’absence d’accord, c’est une « loi permanente » de 1938 qui s’appliquerait automatiquement. Or, cette dernière pose des conditions d’égalité des revenus des agriculteurs avec les autres catégories professionnelles inimaginables dans le contexte présent.
  24. J'ai cherché une référence précise et datée : https://www.ifri.org/fr/espace-media/lifri-medias/macron-excluant-une-riposte-nucleaire-ukraine-cest-une-chose-de-penser-cen (15 octobre 2022) C'est la réponse qui a fait le plus parler, en France comme à l'étranger, dans l'interview qu'a donnée Emmanuel Macron à France 2 mercredi soir. Interrogé sur la menace d'une attaque nucléaire que Vladimir Poutine ne cesse d'agiter , le chef de l'Etat a déclaré ?: «La France a une doctrine nucléaire. Elle repose sur les intérêts fondamentaux de la nation... Ce n'est pas du tout ça qui serait en cause s'il y avait par exemple une attaque balistique nucléaire en Ukraine ou dans la région. Nous avons un cadre pour ce qui nous concerne.» "Mercredi", ça doit être le 12 octobre 2022. Donc en fait, Macron a bien vu la chose, l'Ukraine n'est pas un "intérêt fondamental" pour la France. Autrement dit, Kiev, c'est Dantzig.
  25. Au moins c'est pas ennuyeux la cacophonie. On s'ennuie pas. Si on avait un empereur, ou plutôt une impératrice, que dis-je, une Führerin Ursula Ière, ça marcherait à la baguette. Pas de cacophonie. Mais je crois que je préfère la cacophonie. N'empêche que dans le musée à ciel ouvert soviétique, la Transnistrie, des Russes et des Ukrainiens cohabitent sans se taper dessus, parce qu'ils ont un ennemi commun que sont les Roumains.
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