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funcky billy II

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Tout ce qui a été posté par funcky billy II

  1. Pour ceux, et je vous sais nombreux, qui s'inquiètent du devenir des généraux russes limogés à la suite des échecs russes en Ukraine, quelques nouvelles rassurantes : Le général Serdioukov qui commandait les troupes aéroportées russes aurait été remplacé à la suite de couteux échecs, au nombre desquels l'assaut aéroporté sur Hostomel occupe une place de choix. Il commande désormais les troupes russes en Syrie. Quant au général Lapin, qui était conspué à longueur de messages Télégram par Kadirov, Prigojine et toute une flopée de blogueurs militaires russes à la suite de la contre-offensive ukrainienne de Kharkiv et de la prise de Lyman par l'armée ukrainienne, il est devenu, à la fin de l'année dernière, le CEMAT russe. Si on en croit un politologue cité par l'article de la BBC en Russie, cela dénote un retour de balancier chez le maître du Kremlin : après avoir été fortement déçu par l'armée et décidé de favoriser Wagner à l'automne, il serait revenu à ses premières amours suite aux faibles progrès de Prigojine à Bakhmut... Quoi qu'il en soit, il n'en reste pas moins que la nomination d'un homme, qui était devenu le bouc émissaire de nombreux acteurs puissants, à un tel poste est notable. Et on note également que, dans l'armée russe, les disgrâces sont manifestement passagères.
  2. En gros, selon la vidéo, il y a plusieurs facteurs qui rentrent en ligne de compte : Les composants (douille, fusée, amorce, composants chimiques pour fabriquer la charge explosive et la charge propulsive...)* que ce soit leur nombre ou leur qualité. Les machines-outils souvent occidentales. C'est toujours possible de les remplacer par des équivalents russes ou étrangers mais dans quel délai et pour quel budget et à quelle échelle ? La main d'oeuvre qualifiée. Tu peux embaucher à tour de bras pour faire tourner l'usine jour et nuit mais si ils ne sont pas formés, il y aura vraisemblablement des problèmes de qualité. Bref plus de questions que de réponses... * J'espère que ce sont les bons termes, je ne suis pas très au fait du vocabulaire technique, désolé. Les occidentaux envisagent ou vont augmenter les cadences mais tu as quand même un délai. Avant-guerre, on était à grosso modo 8000 obus par mois (moins de 100 000/an selon la vidéo) aux USA, on est à 14 000 aujourd'hui et on prévoit 20 000 au printemps 2023. L'objectif final, c'est 40 000 par mois, mais pour ça il faudra attendre 2025. Pour les Tchèques, ils sont passés à 80—100 000/an cette année mais la prochaine étape va prendre du temps aussi. Dans l'interview de Reuters en source dans la vidéo de Perun, le directeur de l'entreprise dit : Donc, c'est pas immédiat non plus. Les Espagnols ont effectivement une chaîne qui a priori est bien sous-utilisée par rapport à ses capacités. Et les fournisseurs européens seront confrontés aux mêmes problèmes que les Russes pour ce qui est des composants, les fabricants vont devoir se mettre d'accord entre eux pour que l'allocation soit efficace. Mais tout ça pour dire, que, du côté occidental aussi, l'augmentation des cadences n'a pas l'air d'être quelque chose de trivial à voir la vidéo.
  3. Je me permets de rajouter à cet excellent résumé deux points de détail que j'ai trouvés très intéressants dans cette vidéo : L'explication de l'estimation estonienne de 1,7 millions d'obus produits par an : Ou plus exactement une hypothèse à ce sujet : Le chiffre de 1,7 millions a déjà circulé chez les analystes et, bien qu'il soit impossible d'assurer que les Estoniens l'ont repris tel quel et ne l'ont pas obtenu par d'autres moyens, la coïncidence est frappante. Les Russes trouvaient que leur production de munitions était trop faible et on mis en place un programme de rénovation d’obus anciens. Ce programme concernait 570 000 obus. Or les Russes ont avancé qu'il leur aurait couté 117 milliards de Roubles de produire le même nombre d'obus neufs. ⇒ On peut en déduire un coût unitaire de fabrication des obus neufs ⇒ On prend les revenus des firmes des producteurs d’obus russes et on en retire la part du CA qui vient d’autres secteurs (les bilans comptables des entreprises de défense russes étaient beaucoup plus accessibles entre 2014 et 2017, période de temps utilisée pour réaliser l'estimation) ⇒ On peut savoir combien d’obus neufs ils ont produits pour réaliser ce CA, à savoir 1,1 millions. ⇒ On les additionne aux obus rénovés et on a un nombre total d’obus de grosso modo 1,7 millions. Donc, il s'agit plus d'une estimation à prendre avec quelques pincettes (à la hausse ou à la baisse) et qui date de quelques années qu'un chiffre gravé dans le marbre. Même si, encore une fois, rien ne prouve que ce soit comme cela que les Estoniens sont arrivés à ce chiffre. Mais, en tout cas, le passage de 1,7 millions d'obus par an en temps de paix à 3,4 millions en temps de guerre pose question car le saut est quand même très important et peut impliquer une baisse de qualité, comme indiqué dans le résumé de @rogue0, s'il correspond à la réalité. Les chiffres des stocks russes (17 millions par exemple) laissent à désirer. Il faudrait, dans l'idéal des choses, connaître la ventilation des stocks en question entre les calibres. Les Russes ont en priorité besoin d'obus pour leurs pièces modernes de 152mm qui ne constituent pas l'intégralité des stocks. Donc la question, une fois qu'on a les stocks et la consommation russe, c'est : des 10 millions d'obus qui resteraient aux Russes, quelle est la proportion d'obus de 152mm ? Peut-être que dans le chiffre total se glissent des munitions pour d'autres systèmes ou des systèmes anciens ? Et si oui, quel est leur nombre ?
  4. Une nouvelle fois, un article très intéressant dans le Wapo sur les contre-offensives ukrainiennes de Karkhiv et Kherson. Quelques points relevés : Karkhiv L’opération était conçue pour se dérouler très rapidement : Le général Syrsky, qui commande le secteur, imagine un coup foudroyant à l’endroit où les Russes sont le plus faibles d’après ses renseignements. Selon lui, la raison pour laquelle les Russes ont accepté de dégarnir le secteur est qu’ils disposent de forces nombreuses du côté d’Izyum et de Belgorod : ainsi, toute attaque ukrainienne vers Balakliya se retrouverait prise entre le marteau et l‘enclume. D’où l’importance capitale de la vitesse pour les Ukrainiens. S’ils laissent aux Russes le temps de faire intervenir leurs réserves positionnées du côté russe de la frontière, ils courront un grand risque d’être contre-attaqués et coupés de leurs lignes. Les Américains ont fourni de nombreux renseignements mais n'ont pas été impliqués dans la préparation de l'attaque. Les Ukrainiens ont concentré d’importants moyens sur ce front pour la durée de l’offensive. Confrontés à un manque de pièces d’artillerie maintenant que les stocks d’obus pour les canons soviétiques sont épuisés, les Ukrainiens prennent le risque de rapatrier des pièces occidentales d’autres parties du front pourtant très actives et de concentrer leurs moyens dans cette zone (M777, drones…). Chaque brigade dispose au minimum de 8 M777. Finalement, grâce à la rapidité de l’avance, les Ukrainiens n’ont tiré « que » 32 500 obus en 5 jours (soit 6500/jour), ce qui a été un soulagement car ils n’avaient pas de réserves suffisantes pour un combat prolongé. L’effondrement russe a dépassé les prévisions ukrainiennes les plus optimistes. Syrsky attendait à un succès mais pas que le font russe s’effondre comme un château de cartes. À Izyum, les Russes avaient entassé des monceaux d'équipements mais les unités russes ont quand même battu en retraite. Kherson Les conseils des occidentaux ont été capitaux pour préparer l’offensive. Pour la contre-offensive méridionale, les Ukrainiens ont organisé des wargames avec leurs homologues occidentaux. Ils envisagent à l’époque une attaque sur un front beaucoup plus large : l’intégralité du front sud y compris vers Zaporojié. Et la conclusion des Anglais et des Américains fut sans appel : l’opération n’avait aucune chance de succès. Les Ukrainiens ont fini par accepter cette analyse et par restreindre l’échelle de leur opération et c’est à porter à leur crédit. La logistique a joué un grand rôle Les Himars sont parvenus à détruire les deux principaux ponts sur le Dniepr et, par moment, à totalement interrompre les flux logistiques russes au niveau de la rivière mais le général Kovalchuk, qui commandait la contre-offensive de Kherson, note que les Russes ont toujours réussi à les rétablir en construisant de nouveaux passages pour re-compléter leurs stocks de munitions. En dernier recours, les Ukrainiens avaient imaginé faire exploser le barrage de Nova Kakhovka pour que empêcher les Russes de traverser le fleuve. Néanmoins, un commandant de brigade ukrainien pense que l’artillerie ukrainienne ainsi que les Himars ont exercé une pression telle sur la forces russes que, si on ajoute à cela les difficultés d'approvisionnement et la baisse des stocks de munitions, les Russes n’ont eu d’autre choix que de retraiter. (Je pense que la contradiction avec le commentaire de Kovalchuk n’est qu’apparente si on considère que le général parle de la période où il commandait) La bataille ne s’est pas déroulée selon les plans ukrainiens. Ils prévoyaient de tronçonner la poche et l’objectif initial était d’aboutir à la destruction des forces russes présentes sur la rive gauche du Dniepr. Mais la résistance russe a été farouche et les pertes sont vite montées. Si le général Kovalchuk, qui commandant la contre-offensive de Kherson, pensait que la victoire ukrainienne était une question de temps, les Russes n’ayant, à terme, d’autre choix que la retraite, Kiev s’impatientait. Et a fini par le remplacer par un autre général ayant participé à l’offensive de Kharkiv, tout en gardant la nouvelle secrète pour ne pas fournir un motif de propagande à Moscou. Le gros atout des Russes pour réussir leur retraite dans de bonnes conditions a été les mines. Elles ont empêché les Ukrainiens de se lancer à leur poursuite rapidement car ils en ont posé à profusion et/ou intelligemment.
  5. Effectivement, ce sont, comme indiqué par d'autres, les troupes du District militaire du Sud qui ont pris part à l'attaque depuis la Crimée. Dans un article qui date de juin, ce même RUSI émettait l'hypothèse que son commandant, le général Dvornikov, qui avait peu auparavant commandé le front syrien, avait une approche de l'entraînement qui se voulait plus réaliste que les autres commandant de District russes. Après, est-ce que c'est avéré ? L'impression que je retire de ce rapport justement, c'est que pour les troupes russes qui débouchaient de Biélorussie, si ça n'a pas été open bar, c'était quand même happy hour pour filer la métaphore éthylo-commerciale. À Tchernihiv, il y a une brigade blindée, à Kiev une brigade mécanisée et deux brigades d'artillerie. Les Ukrainiens sont pris complètement par surprise et sont obligés de racler les fonds de tiroirs en urgence pour constituer une force capable de s'opposer aux Russes en attendant que d'autres troupes remontent du sud. Et malgré cela, les Russes conservent une supériorité de 12 contre 1... A priori, on peut légitimement se dire qu'en dépit de l'indéniable courage, de la combativité des unités ukrainiennes ainsi que du sens tactique élevé de beaucoup, la partie est jouée d'avance du fait du rapport de force extrêmement déséquilibré. C'est également la zone où la DCA ukrainienne est la moins nombreuse et la plus vétuste.
  6. Je poursuis à mon rythme la lecture du rapport du Rusi sur le début du conflit et il y a quelques éléments qui sont intéressants, notamment de comparer le côté parfois limite clownesque de l'attaque russe dans le nord et, à l'inverse, l'impitoyable efficacité dont ils ont fait preuve à Marioupol. Au cours des trois premiers jours de conflit, les deux adversaires ont en commun de souffrir d'une forme de stupéfaction dans le nord du pays. Les Ukrainiens tombent des nues quand ils s'aperçoivent que les Russes essaient de prendre Kiev en débouchant de Biélorussie. En tout et pour tout, ils n'ont qu'une brigade mécanisée et deux brigades d'artillerie pour défendre leur capitale. Ils font alors feu de tout bois pour tenter de constituer une force à même de bloquer l'avancée russe (FS de l'armée et du SBU, réservistes levés en urgence, cadets et personnels des écoles militaires) mais le GQG est relativement pessimiste quant à ses chances de tenir dans la mesure où le rapport de forces est écrasant en faveur des Russes : 12:1. Les Russes étaient à mille lieues d'imaginer qu'on allait leur tirer dessus une fois rendu en Ukraine. Au delà de l'impréparation matérielle, ils sont aussi (et peut-être même surtout) pénalisés par leur impréparation psychologique : à la surprise de l'invasion s'ajoute celle de la résistance ukrainienne, et c'en est trop pour de nombreux soldats. D'où de nombreux cas de panique et d'abandon d'équipements répertoriés. On a d'ailleurs beaucoup glosé sur l'incapacité atavique des officiers russes à prendre la moindre initiative mais cela n'a sans doute pas été un facteur dans l'échec russe sur Kiev. Il est de fait, extrêmement compliqué de prendre des initiatives quand on ne connaît pas les objectifs globaux de l'opération et quand le seul plan qui vous a été remis ressemble plus à un dépliant des horaires de train qu'à un ordre formel. À J+3, les Russes prennent conscience de l'échec de leur plan et tentent de s'adapter. La promenade militaire n'en est pas une et le SBU a étouffé dans l'oeuf toute tentative des services spéciaux russes d'éliminer la direction politique ukrainienne. Un gros problème se situe dans la constitution des BTG : Un commandant de BTG découvre certaines de ses troupes lors de la formation du BTG. D'où parfois une évaluation défaillante des capacités de son unité au moment d'entreprendre une mission. Et le problème se répète un étage hiérarchique au-dessus. Les commandants russes ont tendance à considérer que tous les BTG se valent. Or rien ne saurait être plus éloigné de la réalité dans la mesure où la composition des BTG est extrêmement variable. Ce qui a conduit les généraux à assigner des missions à un BTG alors que ce dernier était bien incapable de les remplir et qu'un autre se serait montré plus adapté. Et si le commandement russe ignore la composition de ses unités, il n'a pas les idées beaucoup plus claires quant à leur localisation. D'après les interceptions ukrainiennes, en mars, la majorité des communications russes concerne la position des unités et seuls 10 à 20% concernent des ordre tactiques. Communication qui sont, de toute façon, très défaillantes. Les Russes sont finalement confrontés à une paralysie du commandement : ils ne connaissent qu'imparfaitement la composition de leurs unités et leur localisation et, cerise sur le gâteau, tout le concept sur lequel était bâti leur opération vient de s'effondrer et on leur demande d'en changer sans forcément disposer de transmissions fiables. Ce qui est intéressant c'est de comparer cela à ce qu'ont fait les Russes à Marioupol. Et spécifiquement à Marioupol dans la mesure où l'attaque depuis la Crimée a souffert des mêmes maux (dispersion des axes d'efforts, dépassement des résistances qui laissent des unités constituées sur les arrières russes...) que ceux qui ont affligé l'attaque de Kiev. À noter également que le débouché russe depuis la Crimée a été facilité par la modicité des forces ukrainiennes censées s'y opposer (DCA ancienne, artillerie inexistante...) Il n'en reste pas moins que l'avance russe sur Marioupol a été planifiée et exécutée de manière très professionnelle : les voies de communication ont notamment été repérées et coupées (à comparer avec l'encerclement de Tchernihiv qui n'a, quant à lui, jamais été hermétique : les Ukrainiens ont réussi à garder ouvertes des voies de communications secondaires pour continuer à alimenter la résistance de ville). Le commandement russe, instruit par les événements s'étant déroulés depuis 2014, n'avait aucun doute quant au fait que la ville opposerait une résistance farouche et avait préparé ses troupes en conséquence. La tactique pour assaillir la ville a été directement reprise de celle de la deuxième guerre de Tchétchénie : frappes massives à l'arme lourde sans se préoccuper des civils et attaques de groupes d'assaut. Le commandement russe a aussi réussi à vite identifier ses faiblesses et à y remédier : quand, au début de l'attaque; les BTG ont éprouvé des difficultés à coordonner leurs fantassins et leurs blindés et ont, en conséquence, subi de lourdes pertes, les responsables russes n'ont pas hésité à "casser" leurs BTG pour mettre au point des groupes d'assaut mixtes blindés-infanterie renforcés de troupes tchétchènes qui se sont avérés très efficaces. Les faiblesses ukrainiennes (la défense de la ville était la responsabilité de diverses entités —infanterie de marine, territoriaux, armée de terre— qui ont eu du mal à se coordonner et à établir des communications horizontales) ont été identifiées et exploitées : les groupes d'attaque tentaient autant que faire se peut de frapper les jointures entre les unités ennemies et ont réussi relativement vite à fracturer les forces ukrainiennes en différentes poches. Si les Russe avaient des atouts dans leur manche inaccessibles aux forces attaquant Kiev (pas de DCA ukrainienne à Marioupol ce qui a permis l'emploi de bombardiers lourds, à l'inverse, présence d'une DCA russe efficace), il n'en reste pas moins que la durée du siège (l'issue était inéluctable mais l'état-major ukrainien a été très surpris de longueur de la résistance) et les lourdes pertes infligées aux Russes sont davantage le fait de l'héroïsme des troupes ukrainiennes encerclées que d'une quelconque incompétence russe.
  7. Bah c'est justement la beauté du truc. C'est que c'est absolument "improuvable". Vu qu'ils se bornent à dire que des chargements sont partis mais qu'ils ne savent pas s'ils sont arrivés, même si aucun obus n'arrive jamais en Ukraine, ça n'invalide pas ce qu'ils avancent. Maintenant on est d'accord que ça laisse le doute s'installer. Effectivement, les Estoniens, et même les Ukrainiens si je ne dis pas de bêtise, pensent que les Russes en ont encore pour un moment avant de tomber en rade. Pour les Estoniens, les Russes sont partis en guerre avec 17 millions d'obus, en ont tiré 10 millions mais en ont produit 3 millions soit un stock de 10 millions environ. Mais, à moins que j'ai loupé quelque chose, les Britanniques et les Américains demeurent à l'inverse convaincus que la situation russe est compliquée : Du coup, qui croire ? Une tentative de réconcilier les deux que j'ai vue sur Twitter réside dans le du tweet ci-dessus. En gros, les anglo-saxons comptent les munitions qu'eux-mêmes se verraient tirer alors que les Baltes et Ukrainiens partent du principe que s'il y a un obus en stock, les Russes le tireront à leurs risques et périls, même s'il a dépassé la date de péremption et qu'il a été stocké un peu n'importe comment. Peut-être cela joue-t-il ? Je m'y connais à peu près autant en fabrication de munitions qu'Anne Hidalgo en propreté urbaine mais des trucs que j'avais lus, le goulot d'étranglement serait plus dans la pénurie de composants chimiques que dans la complexité de fabrication. À ajouter, mais secondairement, la propension des usines russes à la combustion spontanée ces derniers temps. J'ai cherché vite fait parce que cet argument-là m'a intrigué. De ce que j'ai vu, le trafic entre les deux pays s'est énormément réduit depuis la pandémie et envoyer une quantité substantielle d'obus nécessiterait un nombre de trains et de camions qui seraient immanquablement détecté par le renseignement américain. Typiquement, le 4 novembre, ils ont détecté un train passer de la Corée du Nord à la Russie et cela a éveillé leur attention dans la mesure où c'était le premier depuis de nombreuses années (source Reuters). La Russie affirme que c'étaient des chevaux. Mais tout ça pour dire que si faire passer les envois par les frontières terrestres serait bien plus simple, ce ne serait absolument pas discret. D'où le recours à un pays du Moyen-Orient pour faire l'intermédiaire (rien ne dit que ce ne soit pas l'Iran d'ailleurs). Sinon, pour conclure mon interminable pensum, en faisant ma recherche, je suis tombé sur un article daté d'hier sur la question des munitions Nord-Coréennes. Et le fait est acquis : aucune preuve d'utilisation d'armement nord-coréen par la Russie à ce jour.
  8. Que les informations qui ont été présentées ne te convainquent pas, pas de soucis (au contraire, c'est pour ça que je poste ici, pour avoir des retours sur les infos que je lis et être détrompé le cas échéant). Mais c'est dommage de présenter les choses de manière outrancière pour t'en moquer au lieu de lancer un débat constructif. Mais ok, je fais ma rétrospection (la pertinence du néologisme me paraît d'ailleurs sujette à caution soit dit en passant, est-il seulement possible de faire de l'introspection dans l'avenir) J'ai relayé ici à de multiples reprises des informations quant aux supposées pénuries russes de munition et je ne les reconnais absolument pas dans la caricature que tu en fais : En ce qui concerne la fourniture d'obus de la Corée du Nord, une hypothèse (cf mon message du 15/11 dans le spoiler), c'était la fourniture d'obus de calibres de 122mm, au stocks initiaux a priori plus faibles, et destinés en priorité à l'artillerie des forces séparatistes. Tout en mentionnant que cela ne préjugeait pas forcément d'une pénurie globale pour les Russes. Mais en tout cas, cela concernait des munitions plus "exotiques" que le 152mm. Y a-t-il des preuves ? Je n'en sais rien. Mais peut-être s'agit-il d'une hypothèse qui tient déjà un peu mieux la route ? Edit : tiens d'ailleurs, j'ai regardé vite fait sur Google, et c'est quand même une déclaration d'un porte-parole de la Maison Blanche qui a lancé l'affaire. (cf. Reuters). Ce n'est en rien une preuve mais ce n'est pas info qui est sortie de l'imagination fertile d'un forumer en mal de sensations fortes. D'ailleurs, de manière intéressante, si tu consultes des articles sur le sujet (genre https://www.euronews.com/2022/11/03/ukraine-war-north-korea-covertly-shipping-artillery-shells-to-russia-us-claims), ce qui dit le porte-parole mérite quelques précisons : Ils parlent d'une fourniture via un pays du Moyen-Orient et effectuée secrètement et ils pensaient que la cargaison n'était peut-être pas arrivée. Du coup, peut-être qu'il faudra un délai avant d'avoir des preuves ? Et peut-être qu'ils ont réussi à empêcher la cargaison d'arriver, qui sait ? Ou que quelqu'un se sert au passage ? En tout cas, l'info c'était que le chargement était parti. Pas forcément qu'il était arrivé Mais j'admets que moi-même je n'avais pas fait le distinguo à l'époque.
  9. Dans l'article, ils citent le chiffre de 23 000 prisonniers d'ores et déjà recrutés (estimation) alors qu'ils avaient 520 000 détenus fin 2020 selon le conseil de l'Europe (même si comme tu le dis, tous ne seront pas aptes). Mais disons qu'ils doivent avoir un peu de marge et je suis sûr qu'ils sont capables d'être convaincants si le patriotisme vient à faire défaut aux détenus. Mais la ressource ne sera évidemment pas infinie. Je suis entièrement d'accord que c'est proprement monstrueux. Je parlais de rationalité dans la mesure où, depuis l'offensive du Donbass, les Russes semblent avoir adapté leurs modes d'action aux (faibles) capacités de nombre de leurs soldats en réduisant de plus en plus la complexité des tâches allouées à des combattants peu formés et vus comme "consommables" (prisonniers de Wagner, mobilisés des républiques séparatistes (voire de Russie) notamment). En un sens, il y a une vraie adaptation des Russes à ce que leurs troupes sont en mesure de faire et à ce que leur armée est capable d'accomplir. Ce qui est un progrès par rapport au début de la guerre quelque part. Mais cela se traduit effectivement par un massacre effroyable de pauvres types qui n'ont finalement pas demandé grand chose. La thèse de l'article est finalement celle-ci : Wagner n'envoie pas tant ses troupes au massacre à Bakhmut par incompétence que du fait d'un plan tactique délibéré et adapté aux capacités des mercenaires. Ce qui rend les choses encore plus monstrueuses quelque part. Mais c'est surtout pour ça que je parlais de rationalité.
  10. Le site anglais Wavel Room a traduit un article du magazine ukrainien censor.net relatif aux tactiques employées par Wagner à Bakhmout. Déjà, les responsables de Wagner prennent en compte le très faible niveaux d'entrainement des troupes qu'ils ont sous leurs ordres. Les tâches assignées aux hommes sont donc extrêmement simples, ce qui expliquer la relative réussite de leurs attaques (mais également le coût humain très élevé qui les accompagne) Le plan de bataille consiste en une vue du terrain type google earth sur laquelle sont notés les mouvements de chaque groupes voire de chaque combattant. Les groupes d'assauts typiques comprennent entre une dizaine et une cinquantaine de combattants. Les moyens de communications sont pour le moins basiques (radio chinoises ou Motorola) et, pour l'auteur, c'est ce qui peut expliquer que les actions entreprises soient surtout le fait de petites unités et non de bataillons (explication également applicable au reste de l'armée russe). Une préparation d'artillerie et l'usage de drones kamikazes précède l'assaut qui est avant tout le fait de fantassins. Les blindés restent généralement en arrière et soutiennent l'attaque à distance par des feux indirects. Les drones (généralement bon marché) sont capitaux, évidemment pour la reconnaissance des cibles mais également pour le C2. C'est le PC de Wagner qui contrôle et donne des ordres (attendre, attaquer, se disperser...) à ses combattants grâce aux images transmises par les drones. Si le drone est abattu, le PC perd tout contrôle effectif sur ses troupes. Les assauts, soutenus par des mortier ou des lance-grenades, sont analogues à ceux de la première guerre mondiale. Wagner n'hésitera pas à envoyer ses troupes à l'assaut même face à des feux défensifs conséquents et les tactiques interarmes sont inexistantes. Le gros avantage, c'est que les pertes, aussi lourdes soient-elles, n'ont aucun impact sur l'efficacité de l'unité. La ressource humaine est abondante (on peut toujours aller la chercher en prison), la population s'en fout (on préfère que ce soit un prisonnier qui meure plutôt qu'un de ses enfants), pas besoin de s'embêter à aller récupérer les corps, pas besoin de payer les primes promises aux prisonniers en cas de décès, le moral des troupes est soutenu par les Tchétchènes en seconde ligne si l'ex-prisonnier changeait d'avis et enfin et surtout, dans la mesure où les compétences se situent uniquement dans les PC à l'arrière du front, le niveau de l'unité n'est absolument pas affecté par les pertes. Les attaques sont incessantes. Si elles sont repoussées, elles n'en forcent pas moins les positions ukrainiennes à se dévoiler, ce qui permet d'effectuer une nouvelle préparation d'artillerie avant une nouvelle attaque. L'article termine en présentant les contre-mesures prises par les Ukrainiens. Au delà du cynisme absolu de la chose, finalement, la manière de fonctionner des Russes est plutôt rationnelle.
  11. funcky billy II

    Eurofighter

    Je me trompe peut-être mais je ne fais pas tout à fait cette lecture-là. De ce que je comprends : D'un côté ils rétrofitent le P4E sur leurs avions déjà existants et ils leur confèrent certaines des capacités développées pour l'Eurofighter EK (ie l'ELS et la capacité de tir AARGM). Les 15 EK bénéficient quant à eux, en sus, de la possibilité d'emporter des brouilleurs sur pod externes. Soit la fameuse version biplace mais qui, a priori, est devenue monoplace. Pour les EK, on aurait : P5E : "austere" capability (source) en 2030 P6E : full capability (par élimination) en 2032. D'ailleurs Jennings mentionne bien les 15 avions : Et Janes également : Donc pour moi, il reste une version dédiée au brouillage commandée en 15 exemplaires. Mais qui est devenue monoplace. Après je n'en mettrais pas ma main à couper, je suis autant dans le flou que toi . Tout ça est très confus...
  12. funcky billy II

    Eurofighter

    De ce que j'ai vu sur Twitter, le débat n'est pas encore tranché sur l'offre qui sera faite à nos amis espagnols. Il est tout à fait possible qu'Airbus leur propose des T-4 a priori : Et, tant qu'on y est, deux autres précisions : 1°) Les Eurofighters espagnols vont avoir des Brimstones. 2°) La ventilation des nouveaux EF acquis pour les espagnols n'est pas encore décidée. Soit ils les envoient dans les Canaries pour remplacer les F-18, soit ils font revenir des avions plus anciens du continent pour les baser dans les îles. source :
  13. Je suis quand même dubitatif sinon quant à la pertinence de la comparaison, du moins face aux raisons invoquées pour l'établir. Pour moi, mais peut-être dis-je une grosse bêtise et je serais ravi d'être détrompé, y a-t-il seulement une guerre qui résulte d'autre chose que le refus d'un projet politique, quel qu'il soit, et d'une escalade ultérieure. Si tu acceptes le projet politique adverse ou s'il y a compromis, tu ne fais pas la guerre. Refuser le projet d'indépendance d'un état, qu'est-ce sinon une banale guerre de conquête ? C'est à peine plus précis. Sans compter que d'un côté on a une guerre de sécession et de l'autre un conflit entre deux états indépendants. Je ne vois pas en quoi cet argument permet d'étayer la pertinence de cette comparaison ni l'intérêt Hitler ou Napoléon ont refusé les projets politiques de leurs adversaires avant d'escalader. L'Anschluss vient d'un refus de l'indépendance de l'Autriche, par exemple. La référence a Dieu est, encore une fois, un peu légère pour fonder la comparaison. Ce n'est quand même pas quelque chose de peu courant de mobiliser des symboles qui identifient ton armée avec une divinité quelconque. En 1914 ou 39, les armées allemandes ont un ceinturon avec marqué "Gott mit uns" dessus. Encore une fois, la comparaison est très peu spécifique. Dès la deuxième phrase, l'article admet qu'il y a une énorme différence qui est le soutien extérieur accordé à l'Ukraine dont ne bénéficiait pas la CSA. Indépendamment de la suite du propos (qui est tout à fait critiquable à mon sens, mais ce n'est pas le sujet), je ne vois pas comment on peut dire que la comparaison tient debout. Pour moi, tu as un élément qui s'applique à toutes les guerres, une similarité superficielle et un argument qui n'en est pas un. Question ouverte mais de ma, certes très limitée, culture historique, Lincoln n'a pas vraiment cherché à limiter le conflit. Il voulait une victoire militaire décisive sur le terrain (cf. le refus du plan Anaconda, sa rage contre l'inaction de McClellan, le recours à Grant qui n'est pas une évolution de la vison de Lincoln mais plutôt l'incarnation de cette vision qu'il avait échoué à trouver jusque là). Ou je me plante totalement ? Je ne suis pas d'accord avec la point de vue défendu par cet article mais on peut en discuter sans problème. Ce que je trouve en revanche très faible, c'est la manière d'y arriver. À mon sens, la comparaison avec la guerre de sécession est tirée par les cheveux et l'article assène ensuite une série d'arguments contestables sans se soucier le moins du monde d'apporter des preuves. À ce compte-là, j'ai l'impression que mon opinion vaut bien celle des auteurs de l'article. À moins que je ne raconte n'importe quoi mais je vous fais confiance pour me le signaler le cas échéant.
  14. Merci pour la précision, je me rends compte que je n'avais pas du tout compris là où tu voulais en venir et je te présente mes excuses . Cela étant, si ta position est de dire que la fin du conflit risque de mettre fin à une forme d'union sacrée et que des forces jusque là unies se concentreront sur leurs intérêts à nouveaux divergents, cela me paraît être une hypothèse frappée au coin du bon sens et j'y souscris sans problème. Mais j'ai du mal avec l'argumentation de la filtration des informations : Je n'ai pas été chercher bien loin, il y a justement un article dans le Wapo du jour sur les oligarques ukrainiens et je n'ai pas le sentiment qu'ils essaient de cacher la poussière sous le tapis : Idem pour la biographie sommaire du plus riche des oligarques : Ou sur l'aide apportée à Zelensky par un autre oligarque lors de sa campagne : Donc bon, la filtration de l'information sur le cas ukrainien... En revanche, le Wapo rapporte que la guerre pourrait bien permettre de limiter le pouvoir des oligarques. Déjà, parce que les destructions leur occasionnent des pertes financières (même s'ils ne seront pas à la rue, loin de là), la fortune d'Akhmetov est passée de 16 milliards de $ en 2014 à 7,6 avant l'invasion et 4,3 aujourd'hui car nombre de ses actifs sont détruits ou au mains des Russes. C'est lui qui possédait l'usine Azovstal par exemple. Mais aussi et surtout car la pression gouvernementale et l'opinion publique ne leur permettront pas de conserver leur influence. La loi anti-oligarques de Zelensky va entrer en application (loi anti-trust pour briser les monopoles, limites à l'activité politique des propriétaires de média...). Reste à voir si cela restera un voeu pieux bien entendu. Par ailleurs, on avait déjà eu un autre débat sur la partialité de la presse occidentale et j'avais essayé de collecter des éléments sur ce sujet : Tout ça pour dire que poser l'hypothèse que la fin de la guerre n'apportera aucune amélioration de la situation en Ukraine, pourquoi pas. Mais le présenter comme une certitude et comme un complot médiatique, je suis moins convaincu.
  15. La comparaison avec l'Afghanistan me parait peu fondée dans la mesure où les deux situations sont très différentes. Si mes souvenirs sont bons, en Afghanistan, tu avais diverses factions divisées selon des clivages ethniques, claniques et religieux, soutenues par des bailleurs de fonds étrangers aux objectifs différents, et qui versaient l'argent parfois selon le seul critère de l'entrain à tuer des soviétiques, sans voir plus loin que le bout de leur nez. Finalement, hormis le fait de s'opposer à l'armée soviétique, pratiquement rien ne rassemblait ces différentes factions aux buts de guerre variés et à la coopération aléatoire et on ne saurait parler de conscience nationale. À l'inverse, ces dynamiques centrifuges ne semblent pas être présentes en Ukraine, où un gouvernement central légitime et populaire est aux commandes de la situation et tient les reines du pouvoir bien en main. L'armée a de plus intégré les différents bataillons de volontaires de 2014 (au comportement et aux opinions politiques que nous qualifierons avec un sens aigu de la litote de "problématiques") dans une structure cohérente. De plus, la guerre à manifestement servi de catalyseur au sentiment national et la lutte contre l'ennemi commun a affermi l'unité de pays (sans nier l'existence de pro-russes, bien entendu). Par ailleurs, quand on voit ce qui se passe au sein de la RPD, RPL ou même de la Russie en général, présenter la Russie en garante de la lutte contre un système oligarchique corrompu me semble pour le moins discutable... Pour moi, c'est un argument qui peut s'interpréter de deux manières. On peut (et même on doit) déplorer ces délits. Mais leur révélation est néanmoins le signe d'une société où la liberté de la presse n'est pas une chimère et le quatrième pouvoir (à moins que ce soit le cinquième, je ne sais plus...) oblige les politiques à rendre des comptes.
  16. J'ai commencé à lire le dernier rapport du Rusi sur les les premières leçons de la guerre et il y a déjà une très intéressante synthèse (à mes yeux en tout cas) sur l'état de l'armée ukrainienne avant-guerre. Je partage mon résumé en-dessous pour les non-anglophones. L’ordre de bataille ukrainien Depuis 2014, la guerre dans le Donbass avait permis à l’armée de gagner en expérience. Les Ukrainiens craignaient une nouvelle attaque russe similaire à celle de 2014 et des attaques russes avaient fait l’objet de wargames ou d’exercices. Les Ukrainiens pensaient être supérieur au niveau tactique mais craignaient les effets de l’artillerie russe sur leur liberté de manoeuvre et leurs axes logistiques. De plus, dans le secteur du JFO, seules dix brigades étaient présentes, ce qui ne laissait que peu d’effectifs pour contre-attaquer. Chaque brigade devait commencer la guerre avec dix jours de munitions, du ravitaillement devant leur parvenir en cas d’attaque, même si la menace de l’artillerie russe continuait de planer. Le moral des troupes ukrainiennes, qui avaient pu observer le traitement réserver à leurs compatriotes des territoires occupés depuis 2014 était néanmoins très haut car ils voulaient empêcher le reste de leur pays de tomber aux mains des Russes. L’armée ukrainienne était confrontée à un gros problème de fidélisation des troupes dans la mesure où la solde était bien inférieure à ce que les soldats pouvaient obtenir dans le civil. Cela a conduit à un turnover très important et à une pénurie de techniciens et spécialistes qui quittaient l’armée après avoir été formés à grands frais. Ce qui était un problème s’est néanmoins transformé en avantage après l’invasion car l’armée ukrainienne a pu faire appel à de nombreux réservistes formés et compétents revenus dans le civil après une expérience dans l’armée. De nombreuses unités d’élite étaient toutefois moins touchées par ce phénomène (paras, FS…). À noter que les forces territoriales n’ont été mises en place qu’en 2022 ce qui a nuit à leur efficacité au début de la guerre. La guerre contre la Russie ayant commencé en 2014, la mise sur pied de troupes territoriales nombreuses et leur structuration était une entreprise extrêmement coûteuse pour une utilité immédiate relativement faible. De ce fait, au moment de l’invasion, les unités territoriales TDF étaient déficientes en termes de commandement et de C2, et représentaient plus une gêne qu’autre chose pour les troupes d’active. Leur valeur a néanmoins régulièrement augmenté, leur permettant d’accomplir des tâches de plus en plus complexes (sécurité des arrières < tenue du terrain < participation à des opérations offensives). Ainsi, en février, l’armée ukrainienne ne possédait qu’un nombre limité de troupes professionnelles et a dû faire des choix quant à leur zone de déploiement. Ils avaient également de nombreuses réserves formées et compétentes ainsi que de nombreux volontaires enthousiastes mais n’avaient pas de quoi les équiper. Les troupes professionnelles devaient donc résister suffisamment longtemps pour permettre la mobilisation. Au cours des huit ans de combat avant 2022, l’artillerie avait provoqué 90% des pertes et l’Ukraine était consciente de la supériorité russe dans ce domaine, d’autant que le président Ianoukovitch avait réduit les capacités de l’armée dans ce domaine avant 2014. Un effort majeur a donc été consenti dans le domaine pour tenter de combler le retard par rapport aux Russes. Au début du conflit, l’Ukraine possédait 1176 tubes contre 2433 aux Russes et 1680 MRLS contre 3545. L’effort fut également qualitatif avec la mise en ligne de drones, de radars de contre-batterie, de nouveaux logiciels de C2 ainsi qu’une amélioration de l’entraînement. Il en a résulté une grosse augmentation des performances de l’artillerie. Les plans de défense ukrainiens prévoyaient donc de fixer ou de canaliser l’ennemi avec des forces de manœuvre pour ensuite les détruire à l’aide de l’artillerie. Le problème est que l’Armée ukrainienne ne disposait de munitions que pour six semaines de guerre à haute-intensité. Les stocks ont de plus été amputés par les nombreux sabotages (6 explosions de dépôt entre 2014 et 2018 qui ont détruit 210 000 tonnes de munitions, sachant que pendant les 5 ans de la guerre du Donbass, soit trois fois le volume d’obus tiré par les Ukrainiens au cours des huit ans de guerre dans le Donbass.) Analyse de la situation par les Ukrainiens et dispositions prises Les effectifs ukrainiens n’étant pas suffisant pour défendre tous les axes d’attaques possibles, le déploiement des forces devait s’effectuer selon l’analyse faite des intentions de l’ennemi. Une mobilisation aurait eu des conséquences économiques extrêmement importantes et il était très difficile de la décréter face à une menace qui restait hypothétique. Jusqu’à très peu avant la guerre, les services de renseignement ukrainiens pensaient que que les Russes allaient dans le pire des cas s’attaquer aux forces ukrainiennes dans le Donbass à la fin février, leur destruction devant déstabiliser l’état ukrainien. L’hypothèse la plus probable pour les services ukrainiens étant une période prolongée de tentatives de déstabilisation politique de la part des Russes suivie d’une offensive à l’été, ou là encore le Donbass subirait l’effort principal. Les Ukrainiens, en dépit des avertissements de leurs alliés occidentaux qui voyaient Kiev comme cible prioritaire d’une invasion, considéraient de fait le Donbass comme l’objectif principal des Russes : Les troupes Russes massées au nord de Kiev n’étaient pas assez nombreuses pour investir la ville et le terrain ne se prêtait de toute façon pas à une attaque massive. Ainsi, pour les Ukrainiens, un effort russe sur Kiev serait avant tout une diversion pour les convaincre de dégarnir le Donbass ou l’est de Kiev. Les interceptions de communications démontraient que les soldats russes ne pensaient pas que la guerre serait déclarée et ne s’entrainait pas dans l'hypothèse inverse. Les Ukrainiens pensèrent alors que les menaces sur Kiev étaient le fruit d’une stratégie d’influence russe. La défense de Kiev fut néanmoins préparée par l’armée ukrainienne par précaution (2 brigades d'artillerie et une brigade mécanisée sont cantonnées dans la région) mais ne constituait pas une priorité et la moitié des brigades de manoeuvres ukrainiennes fut laissée au sein du JFO. Outre le Donbass et Kiev, l’armée ukrainienne maintenait des forces dans les environs de Kharkiv, Dnipro, Sumy et Odessa. En revanche, l’axe de Gomel et les approches de la Crimée étaient dépourvus de troupes (ce dernier point fait l’objet d’une enquête car le plan de défense national prévoyait l’inverse). Dans la mesure ou les forces territoriales étaient encore embryonnaire, Kiev entendait défendre ses positions dans le Donbass pendant environ six semaines pour laisser à la mobilisation des réserves le temps de produire ses effets. La menaces des frappes russes à longue portée conduisit les Ukrainiens à disperser les réserves de munitions une semaine avant le déclenchement du conflit (accélération 72h avant) de même que les batteries de DCA. Gomel apparut tardivement aux ukrainiens comme l’axe d’effort principal des Russes avec une attaque moins puissante depuis Tchernihiv et 7 heures avant l’attaque, les forces terrestres ukrainiennes furent donc redéployées en conséquence. Néanmoins ce mouvement pris un temps considérable avec pour conséquence que bon nombre d’unités ukrainiennes au nord de Kiev n’étaient pas sur des positions connues et préparées et affrontèrent les Russes lors d’un combat de rencontre. La remontée de troupes depuis le sud a aussi eu pour effet de dégarnir les côtes. Ainsi, l’armée russe a obtenue la surprise opérationnelle mais a également déstabilisé ses unités tactiques prises au dépourvu par la décision d’attaque. L’armée ukrainienne a subi une surprise opérationnelle mais ses unités tactiques avaient eu le temps de se préparer à ce qui les attendait.
  17. Ah non, mais on est entièrement d'accord. Toutes choses égales par ailleurs, il vaut mieux avoir une unité entrainée qu'une bande d'amateurs alcooliques. Mais dans la mesure où les choses ne sont pas égales par ailleurs, est-ce que vraiment ça changerait les choses en profondeur, face à l'ineptitude des états-majors ou aux difficultés logistiques, que les mobilisés soient correctement entrainés ? (Cf. l'armée française en 1940 ou l'armée américaine en 1917). C'est plus une question d'importance relative des facteurs que de négation de l'importance d'un seul facteur. C'est très embêtant d'avoir la tuberculose mais si tu es en train de tomber d'une falaise, ça passe un peu au second plan. C'est une vraie question que je me pose, pour le coup (mais peut-être me fais-je une fausse idée de la situation). Je ne prétends avoir la réponse. Je la pose plus pour avoir des avis.
  18. Disons que tu as quand même un faisceau de présomptions (donc pas des preuves, nous sommes tout-à-fait d'accord) qui, à tout le moins, semblent aller contre la théorie du cas isolé. Manque d'infrastructures pour les former depuis leur démantèlement sous Serdioukov. Manque de cadres expérimentés et compétents pour former les recrues dans la mesure où on en a désespérément besoin au front. État physique des recrues en question du fait de leur âge relativement avancé pour beaucoup, du peu de cas fait des visites médicales préalables à l'incorporation, et de la méthode de "rafle" utilisée pour remplir les quotas Point d'interrogation quant à la qualité de l'équipement qui leur est fourni. Point d'interrogation quant à la motivation de certaines recrues (ou à tout le moins, la persistance de cette motivation dans le temps). Pratique usuelles de l'armée russe en matière d'entraînement qui semblent très loin des standards minimums requis pour rendre la troupe efficace. C'était quand même un des rares cas sur lequel, dans mon souvenir, tous les commentateurs étaient unanimes : si les Russes mobilisent, ça va être le foutoir. Il y a déjà eu un exemple d'une unité de volontaires que les Russes étaient censés avoir pris le temps de former et d'équiper correctement : le 3ème corps d'armée. Et finalement, c'est une unité qui n'a pas fait d'étincelles quand elle a été engagée du côté de Karkhiv. Je te rejoins sur le fait qu'on ne peut pas estimer la qualité de l'entraînement à partir des infos parcellaires qu'on a sur les réseaux sociaux mais ce n'est quand même pas absurde d'imaginer que, dans de nombreux cas, la qualité ne sera pas au rendez-vous. Même si encore une fois, nous n'avons pas de preuve irréfragable pour généraliser le constat, c'est un fait que je reconnais bien volontiers. Mais est-ce qu'à la limite ça n'est pas ça le fait saillant plus que la qualité de l'entraînement prodigué ? Si les troupes russes continuent à être engagées en dépit du bon sens, comme la 155ème brigade ou les Spetnaz comme infanterie classique ou le 3ème corps d'armée, ils peuvent avoir la meilleure formation du monde, ils continueront à encaisser de lourdes pertes sans remplir leurs objectifs. Est-ce que, finalement, la qualité de l'entraînement du soldat individuel, ça n'est pas un problème relativement mineur comparé au manque de compétence ou d'honnêteté des états-majors ou du manque d'obus (si on souscrit à cette hypothèse) ? Et ce en particulier dans le type de guerre que semble vouloir mener l'armée russe.
  19. funcky billy II

    [Rafale]

    De mémoire, c'est le cheminement qui avait été suivi sur le Typhoon. Pas besoin de canon => on le supprime pour économiser de l'argent => Oui, mais les commandes de vol ont été programmées en prenant en compte la présence d'un canon => on met un lest qui la forme du canon et le poids du canon => Bah, du coup, autant mettre un canon, non ? => Ok, on met un canon... Tout ça pour dire, que s'il y a un canon, ce n'est sans doute pas trivial de le retirer (en tout cas, ça ne l'était pas sur l'Eurofighter)
  20. Un article qui date d'une dizaine de jours dans The Economist sur la manière dont les Ukrainiens arrivent à repousser les frappes de missiles russes. Déjà, un rappel que les systèmes ukrainiens sont vieux : Les Buk-M1 sont un cauchemar ergonomique et nécessitent un personnel nombreux. Gros risque d'erreur humaine préjudiciable à la réussite du tir. Les chasseurs ukrainiens ont de grosses difficultés à neutraliser les drones suicides iraniens qui sont très lent et difficiles à détecter par radar. Ils se débrouillent mieux face à des missiles de croisière mais le problème du R-27 semi-actif c'est qu'il faut conserver le verrouillage du radar jusqu'à ce que le missile atteigne sa cible. Au-dessus d'une ville, cela veut dire que, si pour une raison ou pour une autre, le "lock" est perdu, vous prenez le risque que votre missile finisse dans un immeuble d'habitation. Cela conduit donc à de grosses restrictions d'emploi pour les Ukrainiens. Malgré tout la DCA ukrainienne est très efficace contre les missiles russes. Par exemple, le 31 octobre, sur 55 missiles lancés contre l'Ukraine, 45 ont été abattus. Globalement, les Ukrainiens revendiquent détruire 80% des missiles et drones lancés contre eux. Deux problèmes néanmoins : les frappes russes obtiennent des résultats : environ 40% de l'infrastructure énergétique civile est d'ores et déjà détruite. Le stock de missiles ukrainiens diminue fortement ce qui pourrait avoir pour conséquence : Le fait de devoir laisser les missiles adverses passer et renoncer à tenter de les détruire L'aviation russe pourrait faire son retour si la DCA ukrainienne est incapable de la prendre à partie. Cela étant dit, les partenaires de l'Ukraine ne sont pas restés sans rien faire : Les S300 slovaques se sont, selon les Ukrainiens, montrés très efficaces, de même que les IRIS-T allemands. Des NASAMS ont également été livrés et le personnel formés. Par rapport aux systèmes russes, les équipements occidentaux sont plus performants, plus ergonomiques, plus simples à opérer (la formation ne dure que quelques semaines). Un autre avantage majeur est l'interopérabilité. Aujourd'hui l'Ukraine n'a pas de réseau de DCA intégré. Il y a un ensemble de systèmes qui doivent chacun détecter la cible avec leur propre radar pour l'engager. En revanche, une cible détectée par un système NASAMS par exemple, peut être détruite par un IRIS-T car les deux systèmes communiquent. Reste qu'ils ne sont pas assez nombreux et restent presque totalement inefficaces contre les missiles balistiques (Iskander) ou hypersoniques (Kinzhal). Et si les stock semble être épuisés (on parlerait de 120 Iskander et 40 Kinzhal restants) et que le rythme de la production russe est insuffisant pour les reconstituer, la livraison de missiles balistiques par l'Iran représenterait un vrai risque pour l'Ukraine qui ne pourrait s'en défendre. Enfin, l'article nous en dit plus sur la guerre qui se joue entre missiles russe et DCA ukrainienne. Les Ukrainiens ont réussi à prédire les zones de lancement des drones et missiles russes et ont donc déplacé leurs SAM de manière à les contrer. Les Russes tentent alors de les déstabiliser en changeant les zones de lancement ou même en programmant leurs missiles pour qu'ils tournent en rond pour induire en erreur les Ukrainiens qui re-déplacent leurs SAM à leur tour... Bref, il y a une dimension tactique considérable dans le travail de la DCA. L'officier ukrainien interrogé par le journal parle de "l'art d'être au bon endroit au bon moment". Pour terminer, tout en restant sur le sujet de l'épuisement des munitions, le spécialiste défense de The Economist avance qu'il a des sources occidentales concordantes qui concluent que le stock de munitions d'artillerie russe sera épuisé dans grosso modo un mois. Et que les stocks ukrainiens ne vaudraient pas beaucoup mieux... A prendre avec les pincettes d'usages évidemment. On en a pas mal parlé il y a quelques pages. Mais c'est vrai que ça défile vite
  21. funcky billy II

    Eurofighter

    Dans le numéro de décembre de Combat Aircraft, ils consacrent un article à la participation allemande à la mission OTAN Baltic Air Policing en Estonie. C'est la mission de l'OTAN qui a, entre autres, pour but de fournir une QRA aux pays baltes qui sont dépourvus d'intercepteurs. Depuis le premier août, ce sont les Allemands qui s'y collent avec 5 Eurofighter et 140 personnel. Ce qui est intéressant, c'est que les pays européens étant dotés du même avion, ils ont développé un concept de "plug & play". Les Anglais l'ont déjà fait avec les Italiens en Roumanie, ce coup-ci, en Baltique, ce sont les Espagnols qui viennent se greffer au détachement allemand avec 60 personnels et 4 avions. L'idée est de développer une synergie et de mutualiser les moyens. Concrètement, cela signifie qu'un avion espagnol a été équipé d'armes allemandes, ravitaillé par un camion-citerne allemand et tracté par un véhicule allemand. Les Eurofighter espagnols ont également pu compter sur la fourniture de pièces détachées allemandes, voire de composants mécaniques majeurs, quand le besoin s'en faisait sentir. À noter, cependant, les avions de chaque nation ayant des spécificités au niveau de l'électronique embarquée, les deux armées de l'air ont dû venir avec leurs propres stocks en la matière. Néanmoins, cela a grandement simplifié la logistique espagnole. Bref, d'ici peu, la RAF va remplacer l'armée de l'air espagnole comme partenaire des allemands avant de devenir la nation cadre en avril.
  22. J'imagine quand même que cela se heurterait à des réticences particulièrement fortes du pouvoir central. Toute la politique de Poutine a été de renforcer la centralisation en privant les régions d'autonomie décisionnelle. Il lui faudrait une fois de plus manger son chapeau et revenir sur un axe central de sa politique. Qui plus est, pour des gens traumatisés par la chute de l'URSS, cela ressemble quand même beaucoup à sa chute : des périphéries qui, à aucun moment, n'ont dans l'idée de provoquer l'éclatement du pays mais veulent juste renégocier le pacte qui les unit. Et qui, de proche en proche, finissent par déclarer leur indépendance... J'imagine que Poutine & co ont très bien ça en tête. Qui plus est, quid de la légitimité du personnel politique des régions à incarner une alternative (ou, à tout le moins) un pôle d'attraction ? A contrario de 91, ils n'ont pas (ou peu) de légitimité démocratique et sont déjà fortement impopulaires... Bref, je n'en sais rien, mais je me dis qu'il y a quand même des obstacles à une solution négociée parce que le Kremlin pourrait avoir le sentiment d'ouvrir la boîte de Pandore. Tu as aussi quand même des témoignages, issus de sources pro-ukrainiennes, qui indiquent que, si les pertes sont durement ressenties, de larges franges de la population de ces régions considèrent la guerre comme louable et légitime. Je ne suis pas sûr que cette vision d'une guerre qui n'est pas la leur corresponde vraiment aux sentiments de la population.
  23. Il avait tourné sur Twitter au cours d'une des guerres picrocholines qui agitent ce réseau et que certains commentateurs semblent bien mieux maîtriser que celle qui se déroule en ce moment en Ukraine : C'est compliqué de donner tort à Benoist Bihan (en même temps, je n'ai pas l'impression que l'article soit particulièrement polémique ou avant-gardiste) mais en lisant le texte et notamment : ou J'ai quand même l'impression que son analyse doit nous amener à considérer que l'Ukraine a l'avantage après les succès russes précoces, ce qui n'était clairement pas l'effet escompté
  24. funcky billy II

    Eurofighter

    Mais dans quel sens ? Si un type plutôt bien disposé envers le Typhoon (comme j'ai l'impression que c'est le cas à la lecture de l'article) lui reconnaît des faiblesses, c'est d'autant plus intéressant, non ?
  25. funcky billy II

    Eurofighter

    Je suis retombé l'autre jour sur un article de Hush Kit avec une comparaison Rafale-Typhoon par un analyste du RUSI. On connaît les biais et les problèmes inhérents à ce genre de démarche mais j'ai quand même noté deux points intéressants sur le Typhoon : Le Radar Mk 0 pour l'export est en fait optimisé air-air et, en ce qui concerne l'air-sol*, aura des performances bien inférieures par rapport au RBE2. C'est loin d'être un scoop mais c'est la première fois que je vois (mais je ne lis pas tout, loin de là) un anglais le dire de manière aussi claire : il y a de grosses limitations logicielles au niveau des commandes de vol dès qu'on installe des charges lourdes sous le Typhoon et en particulier quand la charge est asymétrique. Le kit AMK, jamais acheté, a été développé, entre autres, pour pallier ces défauts**. Lourdement chargé, le Typhoon est bien moins maniable que le Rafale. *sans préjuger du reste ** Et pas uniquement pour transformer un avion ultra-maniable en avion über-ultra-maniable comme l'avançait la ligne du parti. Le jardin de Jon aujourd'hui. Collection personnelle.
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