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funcky billy II

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Tout ce qui a été posté par funcky billy II

  1. Après, tu peux faire pas mal de chose juste avec l'aide US . Les ordres de grandeurs sont parlants. La source de l'article que tu cites est très claire à ce sujet: Les USA c'est 25 milliards de $ d'aide (uniquement pour le militaire, on est à 43,5 milliards en tout) alors que le deuxième donateur en termes militaires c'est le Royaume-Uni avec 4 milliards de $.
  2. Il y avait une synthèse très intéressante quant aux chances de réussite d'une percée ukrainienne à Kherson dans The Economist la semaine dernière (Je ne l'ai pas vu passer ici, si quelqu'un l'a déjà évoquée, je m'en excuse) La thèse de l'article c'est que, grosso modo, si les ukrainiens tentent une offensive de grand style, ils vont droit à la catastrophe. Les troupes ukrainiennes sont excellentes en défense mais ne sont pas entraînées à l'attaque. Les troupes professionnelles ont, en outre, connu de lourdes pertes et les conscrits ne sont pas assez entrainés pour pouvoir prétendre réussir une opération complexe. Les Ukrainiens n'ont de plus pas la supériorité numérique nécessaire à la réussite d'une offensive contre des positions préparées. De plus, l'armée ukrainienne ne dispose sans doute pas d'assez de munition pour fournir un appui d'armes lourdes à leurs fantassins qui avancent. Les Russes se sont préparés à cette éventualité. Ils ont rapatrié des troupes d'autres parties du front, ont fortifié leurs lignes et leur artillerie a très certainement mémorisé les possibles axes d'attaques ukrainiens afin d'y concentrer ses tirs. Les Russes ont pu mener à bien tous ces préparatifs car les ukrainiens télégraphient leur intention d'attaquer dans cette zone depuis plusieurs semaines maintenant. Ils tentent également de ramener plus de personnels sous les drapeaux (conscription dans l'Ukraine occupée, recrutement dans les prisons russes...). Une attaque frontale sur Kherson aurait sans doute pour résultat de réduire la ville en cendres ce qui n'est certainement pas un objectif ukrainien. Et une attaque ratée aurait des conséquences très importantes tant sur l'efficacité future de l'armée ukrainienne (des pertes très lourdes de soldats professionnels expérimentés sont à prévoir) que sur le moral du pays (on nous avait promis une contre-offensive victorieuse depuis des mois et c'est une échec cuisant...) Mais pour les Ukrainiens, il y a une grosse tension entre les nécessités politiques et les réalités militaires évoquées plus haut: Ils doivent: Montrer aux occidentaux que l'aide fournie ne l'est pas en vain Obtenir des résultats avant que l'hiver et les effets de la fin des livraisons de gaz russe ne se fassent réellement sentir en Europe. L'arrivée des boues automnales empêchera (ou à tout le moins ralentira) une offensive menée en cette saison Vu qu'on a annoncé une contre-offensive au peuple ukrainien, s'il ne voit rien venir, il y aura forcément un sentiment de déception dans la population (certes sans doute moindre qu'avec une contre-offensive loupée). Selon certaines sources, Zelensky est déjà passé outre l'avis de ses conseillers militaires. Il a ordonné à son armée de tenir la ville de Severodonetsk plus longtemps que ses généraux ne l'auraient voulu et ça a failli très mal se finir. (Du coup, est-ce qu'il va recommencer ou est-ce qu'il a appris de ses erreurs ?) Ceci étant posé, est-ce à dire que les Ukrainiens ont commis une énorme erreur en annonçant leurs intentions de la sorte ? Non, si l'on considère qu'une contre-offensive n'a jamais fait partie de leur plan. Car ils ont d'ores et déjà retiré certains avantages de l'annonce d'une attaque dans la zone: Le moral des civils à Kherson remonte. Les troupes russes sont forcées d'être en permanence sur le qui-vive. Les Russes ont dû retirer des troupes d'autres secteurs du front ce qui y diminue la pression (on pense ici au Donbass et en particulier à Slovyansk) tout en ouvrant peut-être aux Ukrainiens la possibilité d'y effectuer des contre-attaques locales si les Russes y sont par trop dispersés (l'annonce d'une attaque dans le sud aurait alors été une feinte délibérée de la part des Ukrainiens). En outre, il n'est pas dit que la stratégie des ukrainiens n'est pas indirecte et repose sur une attaque frontale. Les attaques de Himars, d'artillerie et de partisans vont ravager la logistique, les postes de commandement et les communications russes au sud de Kherson et en Crimée vont finir par avoir un effet cumulatif et pourraient, à terme, forcer les russes à retirer leurs forces presque d'eux-mêmes ou les empêcher de réagir si une attaque advenait finalement.
  3. funcky billy II

    Eurofighter

    Par curiosité, je suis allé voir quelle était la ligne du parti la vision de certains de nos amis d'Outre-Manche à ce sujet. Déjà, sur le communiqué du MOD, il y a des éléments qui laissent à penser (même si je ne le trouve pas particulièrement limpide donc j'ai du mal à me faire une religion en le lisant) qu'il y a des choses en plus que le radar dans le prix qui est annoncé: Le journaliste le plus objectif sur le sujet (son fil twitter est incroyable, depuis qu'il a arrêté de hanter les forums d'aviation, il est devenu un troll de bas étage sur ce réseau ) semble partager ce point de vue: Et on a un autre journaliste (celui à qui répond JL et qui est bien plus critique quant à lui à l'égard du Typhoon que le prophète de la vérité révélée) qui nous dit que tout ça est imbitable. En gros, il y a des annonces nationales et des annonces qui concernent le programme dans son ensemble, avec des enveloppes et des périmètres différents, qui se suivent et ne se ressemblent pas. Donc, sa conclusion à lui, c'est qu'il ne comprend pas ce que recouvre cette annonce. Je vous laisse consulter le fil twitter ici si le coeur vous en dit: Après, peut-être que j'ai loupé un truc mais la réponse la plus précise qu'on puisse donner semble devoir être "C'est compliqué"...
  4. funcky billy II

    Eurofighter

    Merci beaucoup pour cette très intéressante synthèse. Juste un détail , je ne sais pas si c'est moi ou si je n'ai rien compris mais quand je clique sur les chiffres entre crochets dans le texte pour accéder aux sources, le site se contente de m'ouvrir un autre onglet avec ton article. Et sinon, le lien qui renvoie vers le site de la cour des comptes allemande est cassé (même si avec mon niveau d'allemand, je ne pourrais pas en faire grand chose ).
  5. Michel Goya a publié un nouvel article sur son blog (ici) avec une hypothèse très intéressante quant à la suite des combats. Résumé partiel et à grands traits: Selon lui l'offensive russe a atteint son point culminant dans le Donbass et progresse désormais à un rythme très lent. Cela est dû à un très net ralentissement de la cadence de tir de l'artillerie russe qui est causé par deux facteurs potentiels: Les frappes ukrainiennes sur la logistique russe (Himars etc) La source de munitions d'artillerie russe que l'on supposait intarissable ne l'est en fait pas et les artilleurs ne peuvent plus tirer autant qu'avant. Dans le même temps, les Ukrainiens sont manifestement pour le moment incapables de lancer une contre-attaque d'envergure pour reprendre le terrain perdu. Une concentration massive de forces attirerait en effet une forte réaction russe d'envergure de la part des atouts qu'il leur reste et exposerait l'armée ukrainienne à de lourdes pertes. De plus, attaquer les positions russes nécessiterait beaucoup d'effort pour un coût humain et matériel sans doute très important et un résultat sans doute faible sur le plan de l'avancée. D'où une stagnation dans les combats. Chaque camp se rabat sur ce qui est le plus facile à faire et tente de tenir son front en frappant l'ennemi dans la profondeur dans une forme de guerre d'usure. Les Russes lancent de nombreux missiles de croisière (peu fiables mais ô combien nombreux) et utilisent à fond leurs LRM. Les Ukrainiens frappent avec leurs Himars (moins nombreux mais beaucoup plus précis et renseignés par les occidentaux ou la population des territoires occupés restée fidèle) et LRM. Ils peuvent aussi utiliser leurs propres missiles à longue portée ou organiser des raids aéromobiles. Pendant ce temps-là, à l'arrière, chaque camp essaye de (re-)créer une force de combat capable de mettre fin à la fixation des combats pour atteindre ses buts de guerre. Le premier qui y parviendra remportera finalement la victoire. Bon après, ça reste une hypothèse... Quelques points en vrac sinon: On a sous-estimé le nombre de missiles divers et variés que les Russes possédait (ils emploient de plus des vieux missiles navals et anti-aérien si besoin, même s'ils sont moins efficace dans ce rôle secondaire). Ils disposent encore de nombreux lance-roquettes multiples et d'une aviation d'assaut. Pour peu précis qu'ils soient au final, tous ces vecteurs sont disponibles en nombre. Les forces spéciales russes sont très discrètes depuis le début du conflit peut-être à la suite du foirage total de l'assaut initial sur Kiev. Elles sont désormais employées comme infanterie classique, sans doute dans la reconnaissance en profondeur, mais aucune action d'éclat n'est à mettre à leur crédit. Peu d'actions de la part de partisans ukrainiens dans les zones occupées à part quelques frappes ponctuelles. La formation d'une guérilla (pour peu que cela soit possible) pourrait constituer un atout majeur pour Kiev si elle prenait de l'ampleur même si les russe ne manqueraient pas dans ce cas de faire étalage de la violence la plus aveugle en retour envers la population.
  6. Une statistique intéressante fournie par un contributeur d'Oryx sur les obusier américains M777 fournis à l'Ukraine. À l'heure actuelle, ils en dénombrent 8 de détruits sur les 136 fournis par les USA. C'est évidemment un chiffre à prendre avec les réserves d'usages (ils comptent uniquement les pertes attestées via photo ou vidéo si j'ai bien suivi) donc il est possible que le vrai chiffre soit supérieur. Cela étant, pour ce contributeur, c'est un chiffre somme toute assez faible (dans la mesure où, en tant que canon tracté, ce modèle serait normalement le plus sensible à la contrebatterie russe) qui tendrait à s'expliquer par la bonne portée du M777 et les problèmes russes dans le domaine des communications qui font obstacle à une riposte rapide de la part de l'artillerie russe.
  7. Plus des questions supplémentaires que des idées (si une âme charitable a une temps à perdre et des réponses à donner ) Outre les problèmes politiques, ils en sont encore capables ? J'étais tombé sur des articles qui disaient que depuis les réformes Serdyukov, les Russes avaient démantelé une bonne part de l'infrastructure nécessaire à la mobilisation des masses de réservistes (tant en termes de bâtiments que d'encadrement) qu'ils ont et que concrètement la réserve n'existait plus que sur le papier (mise à part pour un nombre assez infime de personnel qui reçoivent un entraînement à intervalle relativement régulier). Ça correspond à une réalité ? Est-ce qu'ils auraient la possibilité de les équiper ? Quand on voit qu'ils ont déjà ressorti les T-62 pour leur armée "régulière" et que les milices LPR/DPR ont reçu une artillerie de calibre ancien (122mm) qui se heurterait à des problèmes d'approvisionnement en munition est-ce que ça n'augure pas assez mal de la capacité des Russes à équiper de larges formations (même si ils auraient a priori d'abord besoin d'infanterie j'imagine). Enfin, Galeev sur Twitter (donc à prendre avec des grosses pincettes) disait que rassembler de larges masses d'hommes jeunes qu'on envoie se battre dans un conflit meurtrier auquel il n'ont pas envie de participer près d'un centre de pouvoir (comme en France, le réseau ferré Russe est centré autour de la capitale du pays, si on mobilise, on doit faire partir les gens en train, et une large part de ces mobilisés transitera par Moscou), ça reste un excellent moyen de déclencher des troupes (cf. 1917). C'est un argument valable ou l'emprise de Vlad sur le pays est suffisante pour se prémunir contre ça ? Est-ce qu'ils en sont seulement capables ? Si j'ai bien suivi, ils ont peu de bombes guidées pour leurs avions même modernes, et la DA ukrainienne a l'air de pouvoir encore s'opposer efficacement aux incursions russes en profondeur. Ils peuvent utiliser leurs missiles mais au bout d'un moment, ils vont peut-être quand même arriver au bout des stocks s'ils se lancent dans une campagne systématique. D'autant plus que le taux d'échec avait l'air particulièrement élevé pour ces armes entre celles qui explosent en vol et celles qui explosent au mauvais endroit. Peut-être que c'est plus un problème de capacité que de volonté ?
  8. Tu penses à un camion ? (Pardon, c'était trop tentant). Tu me diras qu'ils ne sont plus à ça près mais c'est pas dans les clous des lois de la guerre ça non ? (Vraie question, tu peux transporter des munitions dans des camions civils sans marquage à proximité d'un front ?) Autant pour le thread dont on discute depuis tout-à-l'heure, je marche un peu sur des oeufs, autant sur le manque de camions, c'est quand même un fait relativement avéré depuis longtemps. Les Russes partaient avec un déficit en la matière depuis le début et c'est pour ça qu'ils sont aussi dépendants des voies ferrées. C'est ce que la première phase de l'offensive sur Kiev a montré justement. Ils se sont montrés incapables d'approvisionner une force qui s'était retrouvée trop loin des voies ferrées et des dépôts. Au manque de camion s'est ajoutée l'action des partisans/FS et la décision russe d'envoyer tout le monde faire un bouchon sur l'autoroute mais le déficit de camions (ainsi que leurs problèmes d'entretien et le manque de chauffeurs) a été (et continue d'être un vrai sujet) pour les Russes. Et la situation ne va sans doute pas aller en s'arrangeant après les pertes subies et l'usure des véhicules qui va prélever son tribut. A contrario, au Donbass, ils étaient beaucoup plus près du réseau ferré russe et ont été en mesure d'acheminer des quantités monstrueuses d'obus.
  9. Après c'est vrai qu'on peut juger sur pièce. Manifestement, aujourd'hui ils sont capables d'amener des quantités de munitions très importantes jusqu'à leurs canons. Donc ça ne fonctionne pas si mal leur histoire, quelles que soient leurs méthodes. De toute façon, si la question centrale c'est "est-ce que le positionnement des dépôts a un impact", qu'ils soient lents à 30 ou 130km du front, ça ne change pas grand chose au débat finalement. Après j'arrête, parce que je ne vais pas consacrer ma vie à la défense de la pensée de ce Thomas C Steiner (et accessoirement comme ce n'est pas mon domaine d'expertise, plus j'écris plus je m'expose à raconter n'importe quoi), mais de ce que je comprends du thread, la proximité d'une voie ferrée est primordiale pour les Russe car cela leur permet d'économiser sur les étapes de manutention (qui comme c'est discuté ici a quand même l'air d'être beaucoup moins rapide pour les Russes que chez les occidentaux même si elle fait le taf au final) parce que si tu peux décharger du train au dépôt, tu t'économises l'étape de chargement puis déchargement du camion. En plus, plus tu allonges la distances du dépôt à la voie ferrée, plus tu as besoin de camions qui sont a priori une denrée rare pour les Russes. Donc si tu déplaces ton dépôt en latéral par rapport à la voie ferrée, tu aboutis à un effet similaire à celui qui adviendrait si tu reculais ton dépôt par rapport au front. Donc l'intérêt des Russes, de ce que je comprends en tout cas, c'est d'avoir ce système de dépôt logistiques le plus proches possibles des voies ferrées. Après, peut-être que j'ai mal compris un truc.
  10. Là, excuse-moi d'être direct mais vu le volume de munitions employé par la Russie (et même par l'Ukraine), je pense que ce genre d'affirmation est assez peu crédible. Ils balancent des milliers d'obus sur l'armée d'en face, ils n'attendent pas le dernier bouquin de Marc Lévy livré par Amazon le lendemain. La manutention à la main est un problème quand elle concerne des volumes de marchandises comparables à ceux nécessaires pour faire "fonctionner" l'armée russe. De ce que je comprends de l'explication du bonhomme (j'admets bien volontiers ne pas être capable de juger par moi-même de sa pertinence) ce n'est pas si simple. Je pense qu'une fois que ton dépôt de munition est touché par des obus il n'y a pas grand chose à réparer. Le bâtiment est parti en fumée. Donc tu (enfin les Russes) dois en trouver un autre à proximité d'une voie ferrée et (si il y a surveillance satellitaire ou des partisans ou autre...) il y a toutes les chances qu'il se fasse repérer aussi vite que les précédents et qu'il finisse par partir en fumée lui aussi. Dans les twitts, l'auteur précise aussi que cette menace va devenir de plus en plus crédible à mesure que les systèmes occidentaux très précis et à longue portée vont se multiplier en Ukraine. Je ne vois pas en quoi une menace constante nécessite de maintenir ton artillerie à la même place. Tu as "juste" à l'amener à 35/40 km (voire 85km pour les Himars) de la cible et à la bouger ensuite pour éviter la contre-batterie (je me fonde encore sur le fil de twitts dont on parle). Là effectivement, c'est difficile de dire le contraire. Peut-être peut-on nuancer en observant que la logistique russe doit être encore plus démesurée pour soutenir un tel volume de feu et que la dépendance russe quasi-totale à l'artillerie aggravera le problème ? Et noter aussi que la capacité de l'artillerie russe à frapper précisément un point à distance du front est sans doute plus réduite du fait d'un niveau de sophistication moindre. Bref, tout ça pour dire que je ne sais pas si l'auteur du fil est dans le vrai ou se plante complètement mais je ne suis pas sûr que tu aies réussi à prouver qu'il se plante.
  11. Le thread twitter cité par Ciders est intéressant à ce niveau-là justement. L'intérêt pour les Ukrainiens de cibler ces dépôts en question ne réside pas tant dans la destruction des munitions qui y sont stockées (même si c'est toujours bon à prendre et que les quantités perdues ont l'air important) mais dans l'obligation pour les russes de reculer ces dépôts beaucoup plus loin du front (± 100km) ce qui les renvoie à la situation qui prévalait au moment du siège de Kiev; à savoir une impossibilité d'utiliser les chemins de fer pour acheminer les munitions à proximité du front et l'obligation de se rabattre sur une flotte de camion sur-utilisée, mal entretenue, en sous-nombre et vulnérable aux attaques de partisans. Si, avant la livraison à l'Ukraine de systèmes d'artillerie occidentaux extrêmement précis capable d'atteindre ces cibles de manière régulière, les camions logistiques faisaient des rotations entre le front et des dépôts situés à 30-40 km du front, une fois ces dépôts détruits (ou si les Russes se disent qu'il devient trop risqué de les maintenir en fonction) ils doivent maintenant en faire entre les unités au contact et des dépôts situés à 100km de ces forces. Ce qui compliquerait grandement la logistique russe. À noter que les lieux de stockage russes seraient aujourd'hui relativement faciles à trouver dans la mesure où ils jouxtent des voies ferrées et où la population renseigne les ukrainiens. Bref, si le thread dit vrai, le vrai impact des systèmes d'artillerie occidentaux réside moins dans la contre-batterie et la destruction physique des canons russes que dans la capacité à les "asphyxier" en les privant de munitions.
  12. funcky billy II

    Eurofighter

    Bon et bien, a priori, fin des espoirs turcs pour l'Eurofighter (à supposer qu'il y en ait jamais eu). Biden et Erdogan vont se rencontrer en marge du sommet de l'OTAN pour discuter spécifiquement de cette question. Bien que les deux parties excluent tout lien de cause à effet, il est quand même notable que cette annonce intervienne juste après le soutien de la Turquie à l'entrée de la Suède et de la Finlande dans l'alliance Atlantique. La source est Bloomberg.
  13. Je ne suis même pas sûr qu'on puisse être aussi catégorique. Peut-être que Poutine se dit qu'il est en passe de conquérir le Donbass, que l'adversaire subit lui aussi des pertes insoutenables et qu'il lui suffit donc juste de ne pas craquer en premier pour obtenir quelque chose qui puisse être présenté comme un succès. (sachant que les troupes DNR/LDR ont l'air d'être considérées comme du consommable). Mais peut-être pas...
  14. Si vous me permettez, je pense qu'il serait intéressant de citer la suite du fil twitter où l'autrice continue la citation de l'article, car, à mon sens, ses critiques sont très différentes de la façon dont vous les présentez: On ne reproche pas aux acteurs russes du monde de la culture de venir faire flotter le drapeau russe à Paris ou de maintenir des relations culturelles avec nous. On leur reproche de considérer la culture comme un arme supplémentaire dans la confrontation engagée avec l'occident. D'ailleurs, si vous aller voir l'article, la citation plus complète du premier tweet est: Et l'objectif de cette offensive a l'air assez clair quand on lit l'interview en entier: Rappeler à l'Europe que cette opération spéciale n'est qu'une péripétie et que ce qui nous unit avec la Russie est plus fort. Et que c'est sans doute d'ailleurs la Russie qui est désormais dépositaire de cette identité commune quand on voit la manière dont l'Europe est en train de changer. Et la culture russe classique est un moyen de le faire comprendre au plus de monde possible. Le directeur de l'Ermitage, puisque c'est de lui dont on parle n'est pas à proprement parler pudique quand on lui parle de patriotisme: On n'a donc pas tellement le sentiment que la culture est séparé de la politique du pays: La traduction automatique n'est pas géniale mais moi je le comprends comme l'affirmation que le secteur culturel a un rôle à jouer en soutien des armées lorsque la guerre éclate. on est donc loin du simple maintien des relations culturelles pour l'édification de tous. D'ailleurs, les relations culturelles sont vues sous le prisme de la compétition et non de l'enrichissement mutuel:
  15. L'idée c'est que s'opposer à la Russie aujourd'hui en Ukraine augmente les risques pour la France d'entrer en guerre contre elle à terme, si je vous suis bien. Cette position se fonde quand même sur le pré-supposé que plus on se couche devant un autocrate, moins il a envie de pousser son avantage et de vous mettre dans les cordes. Historiquement, c'est quand même assez souvent un pari perdant. Qu'est-ce qui prouve qu'une fois l'Ukraine conquise, Poutine ne s'attaquera pas à la Moldavie, ou pire aux pays Baltes ? Qu'est-ce qui prouve qu'après avoir parié sur une absence de volonté de combattre des Ukrainiens pour leur pays, ils ne parieront pas sur une absence de volonté de combattre des membre de l'alliance atlantique pour défendre les pays baltes ? Parce que bon, si on refuse de mourir pour Marioupol, pourquoi on voudrait mourir pour Riga après tout ? Et là, en termes de risques pour la France d'entrer effectivement en guerre, je pense qu'on sera pas mal, non ? Si ceux qui nous assurent que Poutine ne veut pas de la confrontation avec l'OTAN sont les mêmes que ceux qui nous assuraient que ce joueur d'échec madré, passé grand-maître dans l'art du bluff, était beaucoup trop intelligent pour attaquer l'Ukraine... Si on est si sûr que ça que Poutine refusera la confrontation avec l'OTAN, le moyen le plus rapide de mettre fin aux effusions de sang, c'est de faire rentrer l'Ukraine dans l'OTAN dès demain. Allons au bout de la logique. Ou à tout le moins, blague à part, ça prouve qu'on ne risque pas grand chose en instaurant dès maintenant un rapport de force. Les Turcs leur ont abattu un Su-24 à la première violation de frontière, il ne leur est pas arrivé grand chose. (Je ne suis pas en train de dire qu'il faut abattre des avions russes, juste qu'instaurer un rapport de force avec la Russie n'est pas nécessairement un pari perdant). Je n'ai aucune envie d'aller me battre en Ukraine, je n'ai aucune envie que les enfants de qui ce soit aillent se battre en Ukraine (ou où que ce soit d'ailleurs), et je pense que la réduction de ce risque passe par une attitude ferme vis-à-vis de la Russie. Cette position est sans aucun doute critiquable mais je ne vois pas en quoi elle résulte d'un sentiment de supériorité morale ou en quoi me demander si j'ai envie d'envoyer les enfants de quelqu'un se battre pour l'Ukraine suffit à l'infirmer. Ne pas souhaiter la guerre, ça reste un excellent moyen aussi de la voir arriver un jour. La guerre, ce n'est pas le tango. On peut la faire à deux même si l'autre en face n'est pas d'accord.
  16. funcky billy II

    Eurofighter

    Airbus nous annonce ici que l'Espagne a commandé 20 EF supplémentaires (4 biplaces et 16 monoplaces) pour remplacer les plus vieux F-18 de sa flotte (les ex-US Navy basés aux Canaries). Ils seront tous équipés de radars AESA et porteront la flotte espagnole à un total de 90 appareils. Première livraison prévue en 2026.
  17. Alors que la réthorique du président Macron et son appel à ne pas humilier la Russie passent très mal auprès de nombre de nos alliés (Le Monde titre: Emmanuel Macron, allié mal aimé des Ukrainiens), il y a un très intéressant article d’Olivier Schmitt; qui est professeur de relations internationales dans une université danoise sur l’analyse en profondeur de cette notion d’humiliation de la Russie. C’est sur un site qui s’appelle le Rubicon. Je résume à grands traits donc n’hésitez vraiment pas à aller voir l’article mais, premier constat, quand Macron dit Tout ça est quand même pour le moins flou: à aucun moment n’est explicité le mécanisme causal qui nous ferait passer de l’absence d’humiliation à la résolution du conflit ni les conditions dans lesquelles ces négociations pourraient se tenir. On est plus sur un acte de foi que sur un raisonnement logique. Cela étant dit, la littérature sur le sujet a bien montré que les questions de statut et d’absence de reconnaissance pouvait suffire à déclencher des conflits et en particulier quand l’état agresseur sortait d’une défaite ou d’une expérience humiliante. Et la Russie, pays en déclin et obsédé par son statut et où les relations internationales sont largement vues sous le prisme d’un complot occidental visant la destruction de la Rodina, est un pays qui se vit comme humilié. Elle envisage donc le recours à la force pour forcer les pays occidentaux à lui accorder la considération qu’elle mérite. Sauf que, ce n’est pas de cette humiliation-là dont Macron parle. La temporalité n’est pas la même. Le président veut éviter d’humilier la Russie là, maintenant, tout-de-suite. Il parle du retour à la paix et non de l’entrée en en guerre (ou du déclenchement d'une nouvelle). D’ailleurs, plus spécifiquement, Macron veut éviter d’humilier le peuple russe. Mais ses dirigeants sont donc, implicitement, quant à eux vu comme « humiliables » . Et là pareil, problème d’explicitation du mécanisme causal, en quoi éviter d’humilier le peuple russe (en infligeant dans le même potentiellement un camouflet à ses dirigeants) changerait quoi que ce soit à la politique russe au vu du fonctionnement du régime. Cette réthorique de l’humiliation pose de plus de nombreux problèmes. 1°) Elle nous conduit à faire nôtre un pan entier de la propagande russe qui prospère sur cette notion que la Russie a été humiliée par les occidentaux et à laisser le champ libre à la Russie en Ukraine. C’est tout d’abord historiquement douteux tant l’occident a tendu la main à la Russie dans la décennie qui a suivi l’éclatement de l’URSS*. De plus, la Russie est la seule partie prenante qui décide si elle est humiliée ou non. Donc, en toute logique, si le but est d’éviter de l’humilier la Russie, cela revient à lui laisser le dernier mot sur toute notre politique en Ukraine. (Parce qu’à la limite, il peuvent trouver légitimement humiliant de ne pas avoir réussi à placer tout le pays en coupe réglée). 2°) Cela nous empêche de formuler une théorie de la victoire qui viserait à mettre en place les conditions stratégiques d’une paix durable. Insister de la sorte sur cette notion d’humiliation à éviter revient à signifier que l’on voit la Russie non comme une puissance agressive visant à modifier le statu quo stratégique, mais comme une puissance inquiète pour sa sécurité et qui, engagée dans un dialogue mutuel, pourrait être rassurée (ce qui mettrait fin à la guerre). Cette deuxième attitude s’explique aussi par la dépendance économique de nombreux états vis-à-vis de la Russie ainsi que d’un soft power important de Moscou (anti-américanisme + fantasme des nationalistes chrétiens, ça brasse très large en fait). Dans le cas de Macron, est-ce que son indulgence coupable vis-à-vis de la Russie ne proviendrait pas de son inquiétude de voir que ses deux principaux opposants (Mélenchon et Le Pen) se rejoignent sur des positions pro-russes ? En tout cas, rien ne prouve que Moscou soit disposé à négocier quoi que ce soit. Notre position nous place en tout cas en porte-à-faux par rapport à nombre de nos alliés qui eux ont une théorie de la victoire et ne se cachent pas de vouloir affaiblir Moscou au maximum. Et elle ne nous rapporte absolument rien. Il est d’ailleurs frappant de voir Macron vouloir se placer en « médiateur », arbitre neutre, alors que la France fournit des armes à l’Ukraine et est membre de l’Otan. Finalement, on a l’impression d’un Macron ayant une vision « romantique » (par opposition aux « réalistes » dans la typologie de Brian Rathbun), c’est-à-dire pensant que la volonté peut triompher de tous les obstacles et persuadé que son talent pourrait lui permettre d’établir une relation personnelle avec Poutine qui aiderait à parvenir à la paix. À rapprocher aussi du vocabulaire de Macron emplit de clichés sur l’ « âme russe » ainsi que le « grand peuple » qui dénotent une vision déterministe et culturaliste du pays. (et sous-entend qu’il y aurait des « petits peuples ? »). En conclusion, s’obstiner à déclarer que l’on ne veut pas humilier la Russie est non-seulement inutile, contre-productif mais également néfaste à nos relations avec certains de nos alliés proches. Pour obtenir un gain en termes de politique intérieure, Emmanuel Macron a-t-il agit de manière contraire aux intérêts internationaux du pays ? * Il ne s'agit pas de dire que tout a été parfait, mais que de nombreuses mains ont été tendues mais rejetées par les Russes, et que, si le but était vraiment d'humilier la Russie, les choses seraient allées beaucoup plus loin.
  18. Un article intéressant de CNN (là) où entre autres choses, on en apprend plus sur l'impact des livraisons d'armes. Déjà, il faut que les armes arrivent jusqu'à l'utilisateur final. Il y a parfois des incohérences entre les rapports occidentaux qui clament que les armes arrivent et sont utilisées et ceux des soldats ukrainiens sur le terrain qui rapportent des pénuries d'armement et de munitions. Ce qui pose la question de l'efficacité de la logistique ukrainienne. Ensuite, il y a un délai de formation qui retarde la mise en oeuvre des armements les plus sophistiqués. Par exemple, un HIMARS nécessite trois semaine avant que les opérateurs soient capables de l'utiliser efficacement. Il faut aussi que les unités ukrainiennes estiment que cet investissement en formation (pendant lequel les soldats sont retirés du front) vaille le coût. L'article cite par exemple le cas des fameux switchblades qui a priori dans bien des cas sont restés dans leurs emballages. De nombreuses unités ukrainiennes continuent à utiliser des drones du commerces bidouillés car plus "user-friendly". En revanche, pour ce qui est des pièces d'artillerie occidentales, on sait que les ukrainiens les utilisent intensivement. Les réparations se font en effet principalement hors du pays (dans les pays frontaliers de l'OTAN, j'imagine) et donc les services occidentaux peuvent constater leur utilisation intensive. Pour ce qui est du matériel ex-soviétique, les USA sont en ce moment en train de faire les fonds de tiroir des pays possédants des munitions pour ce genre de pièces d'artillerie, mais l'article précise que l'attrition est telle que ce type de matériel a tendance a disparaître rapidement. Ce qui est aussi intéressant, c'est que l'article dit que les services américains estiment avoir une vision assez précise des pertes russes (et elles sont massives) mais ont beaucoup plus de mal à analyser ce que font les Ukrainiens (en bien comme en mal). Les Ukrainiens ne disent pas tout aux occidentaux et la localisation géographique des combats dans l'est du pays très proche de la frontière russe complique la collecte de renseignement. Mais tout ça pour dire que les américains ne savent pas vraiment où en sont les ukrainiens (notamment en termes de stocks de munitions) ce qui complique la prise de décision de leur côté (qu'elle soit politique ou juste des questions de soutien militaires). Ce qui est sûr néanmoins, c'est que les deux camps sont confrontés à des pertes très lourdes et que la question des effectifs ne va pas tarder à se poser face à une telle attrition. L'Ukraine a de nombreux volontaires sous les armes mais se pose la question de leur entraînement et, partant de leur efficacité, tandis que la Russie peut potentiellement déclarer une mobilisation partielle mais cela poserait des problèmes politiques. Pas vraiment de certitudes sur ce que va faire Vlad à l'avenir. Une chose est sûre, il demeure persuadé que la victoire est au bout du chemin et qu'il parviendra à faire passer tout ou partie de l'Ukraine sous son contrôle. Et l'imaginer arrêter l'opération bientôt en déclarant une victoire plus ou moins inexistante du fait d'objectifs revus drastiquement à la baisse est à l'heure actuelle illusoire.
  19. Un article du Guardian très intéressant sur les conséquences concrètes des sanctions occidentales (ici): On rentre tout-de-suite dans le vif du sujet avec un cas concret: la Skoda d'un loueur de voiture pour les taxis tombe en panne. Il appelle donc son concessionnaire: la liste d'attente pour la réparation prévoit une durée de plusieurs mois. Et pour cause, les pièces détachées n'arrivent plus en Russie depuis le début de l'invasion. Notre ami loueur a ensuite été contacté par des intermédiaires plus ou moins louches et il suspecte que de nombreuses pièces qui lui ont été proposées ont en fait été volées. La spéculation est telle que les prix s'envolent: le loueur a payé huit fois plus cher qu'avant la crise pour sa réparation. Un garagiste indique que le coût de l'huile moteur a été multiplié par dix. Le marché des pièces détachées pour automobiles est désormais saturé d'éléments volés ou contrefaits. Les stocks de pièces originales sont réduits à la portion congrue et les plans présentés par le gouvernements pour contourner les sanctions sont, pour le moment, sans le moindre effet (et il semble peu probable qu'ils en aient avant un long moment). Le marché des voitures neuves s'effondre: les ventes ont chuté de près de 85% en mai et les prix ont augmenté de 50%. Encore une fois en cause, la pénurie de pièces détachées nécessaires pour assembler des voitures du fait des sanctions (en particuliers les semi-conducteurs). Avtovaz, le plus gros constructeur russe, a mis ses employés en chômage technique et, quand des voitures sortent des chaînes de fabrication, elles sont dépourvues d'éléments de sécurité aussi essentiels que l'ABS ou les Airbags sans parler de la navigation par satellite. Du côté des avions de ligne, on a commencé à cannibaliser des appareils (Boeing ou Airbus) pour permettre à d'autres de continuer à prendre l'air. Le Guardian cite le témoignage d'un pilote qui dit que sa compagnie faisait désormais la sourde oreille quand un pilote faisait remonter des craintes ou des problèmes vis-à-vis de la sécurité des vols. D'après un pilote russe, les stocks de certaines pièces essentielles seront entièrement vides dans certaines compagnies dans un mois tout au plus. Les seules solutions envisagées par les sources du Guardian sont soit la contrebande à l'iranienne pour obtenir des pièces détachées (à condition de ne pas être trop regardant sur leur origine) soit la fabrication en masse d'avions de ligne russes dans un futur proche.
  20. funcky billy II

    Eurofighter

    A priori, ils ont fait des tests en soufflerie, ils ont regardé les résultats et ils ont décidé de s'arrêter là...
  21. Au sujet des pertes quelques points intéressants sont soulevés (entre autres) par Michael Kofman (analyste spécialisé sur l'armée Russe sur Twitter). Il conseille de rester très méfiant face aux estimations que l'on voit passer. Cela reste des estimations qui devraient être accompagnés d'un commentaire ("estimation haute" par exemple) et d'un intervalle de confiance pour bien faire. Cela va sans dire mais pour en arriver à une estimation globale, on est forcé de poser des hypothèses dont la valeur est parfois douteuse. Très compliqué d'extrapoler un nombre de pertes d'un nombre de véhicules détruits. Sans parler des véhicules abandonnés en début de conflit où l'équipage a pu se replier sain et sauf et des véhicules détruit pour éviter qu'ils ne tombent aux mains de l'ennemi, le sous-effectif de certaines unités russes a pu conduire certains véhicules à partir au combat à moitié pleins et un BMP ou un BTR totalement détruit ne veut peut-être dire que trois ou quatre personnes hors de combat. Certains extrapolent 2 tués par blindé perdu en moyenne. Si on compte en BTG, qu'est-ce qu'un BTG ? A priori, dans leur briefings, les américains ont parfois inclus les séparatistes pro-russes et parfois non (a priori le compte initial était sans, puis maintenant on les compte dans le total). De plus, le nombre de soldats constituant un BTG a pu varier fortement dans l'armée russe qui a envahi l'Ukraine parfois du simple au double. Toujours est-il que la moyenne d'un BTG, ça a l'air d'être en moyenne plus proche de 600 soldats que des 800 initiaux. Et que dire :"l'armée russe a tant de % de ses BTG toujours opérationnels" (ou "l'armée russe à 10 BTG dispos à Belgorod" en fait) ne veut pas dire grand chose non plus. Sachant en plus que toutes les unités n'ont pas été déployées sous forme de BTG. Les situations varient localement entre les unités: si les troupes séparatistes sont vraiment employées comme chair à canon envoyés en vague humaines, elle vont exploser les taux de pertes et pour en extrapoler quelque chose au global, ou inversement, déduire leurs pertes de ce que l'on sait déjà d'ailleurs, ça va être coton. Après, une fois qu'on a ces pertes, on les applique à un nombre de soldats total pour avoir un taux. Sauf qu'a priori on est même pas sûr du nombre de soldats qui ont pris part à l'opération initialement. (150k, 190k ?). Et c'est pas dit que l'armée russe le sache vu le foutoir que ça a l'air d'être. Le coefficient pour passer des morts au nombre total de pertes dépend d'énormément de facteurs (qualité des services médicaux, santé des soldats, nombre d'accidents hors-combat, désertions, prisonniers, qu'est-ce que l'armée qu'on étudie ou à laquelle on appartient considère comme étant un blessé...). Lui part sur un coefficient de 3. 5 mais peut-être qu'en réalité c'est 5.5 c'est très compliqué à dire. En faisant varier ces différentes hypothèses, on peut arriver à des conclusions totalement différentes sur les pertes et sur leur impact sur l'état de l'armée russe. Avec 3 300 morts et certaines hypothèses, tu as la moitié des BTG hors de combat mais on peut aussi imaginer, avec d'autres hypothèses, que 12 000 morts signifie en réalité 1/3 des unités russes qui ont franchi la frontière hors d'état de nuire. Finalement, lui pense qu'une estimation pas trop délirante, ça serait 10-12k morts au combat et, avec son multiplicateur de 3.5, 35-42k pertes totales. Mais il précise bien que c'est une hypothèse. Pour lui, ces pertes sont lourdes à supporter pour l'armée russe. Mais peut-être pas...
  22. Il y a effectivement de nombreuses photos qui montrent les Américains le faire sur Google image.
  23. La chercheuse Anna Colin Lebedev a, dans un fil twitter très intéressant, rappelé quelques éléments qu'il convient, selon elle, d'avoir à l'esprit sur l'état d'esprit de la population russe. Selon elle, un des éléments de continuité entre l'époque soviétique et la Russie actuelle, c'est la mise en retrait de la population par rapport à la politique présentée comme quelque chose de sale et de nocif. Cet état de fait était encouragé par la répression féroce des dissidents qui existait dans la Russie soviétique (et désormais dans celle de Poutine). La population présente une adhésion de façade à l'idéologie du régime mais se concentre en fait sur la sphère privée. Poutine a, de plus, rajouté à cela une promesse de stabilité politique et de prospérité. À l'inverse, les années 90 où la liberté était de mise mais où l'instabilité économique était très forte a servi comme un repoussoir à l'idéal démocratique. En conséquence, il n'y aura pas d'opposition de la population à la guerre moins par adhésion que parce qu'ils estiment que cela ne les regarde pas. En revanche, l'instauration d'une mobilisation représenterait une intrusion du pouvoir politique dans la sphère privée des gens, une réduction très forte de cette liberté, peut-être relative, mais à laquelle ils sont malgré tout très attachés. Par exemple, il y a eu des manifestations massives contre le pass sanitaire, qui était considéré, là aussi, comme une intrusion du pouvoir dans la sphère privée des gens. Et, dans la mesure où Poutine n'a pas de projet idéologique à même de venir à bout de cette opposition, il sera, a priori, très prudent et réticent à relancer la conscription.
  24. Oui mais elle le fait avec des arguments qui sont pour le moins critiquables à mon sens. (cf. encore une fois l'article de Libé) et avec une finalité qui pose question: Elle attribue aux bombardements ukrainiens la totalité des victimes du conflit 13 000 morts, un chiffre qui correspond à l'intégralité des victimes (civiles + militaires) du conflit, pas juste des civils du Donbass. Elle enfle l'ampleur des crimes commis. Libé avance que 10 000 des victimes du conflit étaient des militaires et que beaucoup de civils des deux côtés habitaient près de la ligne de contact, ce qui a les a exposés à des tirs venant des deux côtés. Elle présente la situation dans le Donbass comme des russophones bombardés par des ukrainiens. Sauf que les russophones sont des deux côtes. Pas uniquement dans les républiques séparatistes. Elle avance qu'elle est boycottée ce qui est démenti par les responsables présumés du boycott (hypothétique) en question Cité dans l'article de Libé, le correspondant du Monde en Russie s'était aussi fendu d'une critique contre la journaliste: Elle laisse à penser que la guerre actuelle en Ukraine a pour unique racine le conflit au Donbass. En réalité, les objectifs de Poutine sont d'une toute autre ampleur et l'inquiétude que ce grand humaniste ressent à l'égard de la population des territoires séparatiste est instrumentalisée au bénéfice des ses rêves impériaux. La preuve, elle a d'ailleurs été citée par Sergueï Lavrov dans l'un de ses discours, signe de la parfaite cohérence de son discours avec la propagande russe. Dans son travail documentaire, elle tend à se laisser conduire par les autorités locales, à les laisser interroger les témoins à sa place et à accréditer leur version des faits sans recul critique. Les autres journalistes n'ont pas droit de cité coté séparatiste. Seule elle a été autorisée à venir. On peut lui savoir gré d'avoir contribué à ramener les souffrances des populations des républiques séparatistes sur le devant de la scène, souffrances que d'ailleurs personne ne cherche à nier. Cf., toujours dans l'article de Libé: Mais on peut néanmoins questionner son objectivité et partant, la qualité de son travail mais surtout l'inscription délibérée des faits qu'elle dénonce dans un récit russe qui l'utilise pour justifier une guerre de conquête. On peut s'horrifier des morts des républiques séparatistes sans en faire des arguments au service d'une critique des média ou de l'impérialisme poutinien.
  25. J'avais préparé un long pensum sans doute très creux sur le rôle des média et tout et tout... Et puis j'ai vu les messages de la modération donc j'ai tout effacé. Malgré tout, je vais me hasarder à rappeler quelques points factuels glanés au cours d'une brève recherche Google qui répondent en partie à ce qu'avance l'interviewé. Est-ce que la question des nazis du bataillon Azov a été occultée par les média ? Si on se concentre sur deux des principaux représentants des média dits aux ordres, j'ai déjà connu des voiles plus pudiques jetés sur des situations embarrassantes: Le Monde 23/02/2022 L'auteur de l'article n'est manifestement pas un disciple du cardinal de Retz. BFM TV 10/03/2022 Pareil, le message est quand même clair. Ce sont des articles en première page des résultats Google, sans paywall et accessibles à tous. Est-ce que les média occultent les crimes de guerre de l'armée ukrainienne ? Quand des vidéos sont sorties montrant des Ukrainiens se livrant à des atrocités sur des prisonniers de guerre russes (tirs dans les jambes comme le rappelle l'invité de l'émission), l'info a été reprise par : Le Parisien France Info Sud Ouest CNews Le Monde Le Figaro Et j'en passe... On pourra toujours leur reprocher de ne pas chercher assez mais, quand il y a preuve, les média en parlent. Plus largement, Anne-Laure Bonnel qui est quand même difficilement soupçonnable d'avoir un tropisme pro-ukrainien et dénonçait les bombardements sur les civils ukrainiens au Donbass a été largement médiatisée. Elle est passée sur, entre autres: BFM TV CNews TPMP Sud Radio (bien sûr) et évoquée dans des publications aussi diverses que: Libération (pour lui opposer un contre-argumentaire factuel, certes, mais sa position est présentée au préalable, et on ne peut suspecter ce journal d'être macroniste ou pro-américain) Gala Télé 7 jours Elle On peut débattre de l'accueil qui a été réservé à cette journaliste et de la qualité des argumentaires qui lui ont été opposés mais difficilement avancer que l'on n'a pas parlé d'elle et de ses opinions. Arte, chaîne publique, a consacré un documentaire à la vie dans le Donbass qui met en avant les souffrances des populations: Donbass : voyage au pays des séparatistes
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