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Les sous-officiers avant 1945


aigle
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Voilà un sujet que je connais mal mais auquel je commence à m'intéresser : la sélection et la formation des sous-officiers du XVIIè s à 1945 (à l'exclusion des appelés promus sergents pendant leur temps de service ou en cas de mobilisation).

Pour l'armée française, j'ai quelques infos imprécises que je résumerais ainsi  : sous l'ancien régime les sous officiers (ou "bas officiers": incluant les caporaux ?) sont recrutés parmi les simples soldats et non formés. Ils jouent pourtant un rôle sensible car les officiers sont superficiellement formés jusqu'à la création des écoles militaires (idée reçue ?) et psychologiquement tout à fait coupés des troupiers. Ils formeront d'ailleurs l'essentiel des officiers des armées révolutionnaires (statistique ?).

Sous l'empire, en pratique ont promeut sur le champ de bataille des simples soldats particulièrement expérimentés courageux et malins (et sachant lire et écrire). Mais Napoléon était très attaché à la formation des sous officiers (concept qui intégrait les caporaux semble-t-il à l'époque) et a imaginé des sortes d'écoles pratiques dans le cadre des vélites et plus largement des unités de la garde impériale vue comme une vaste école de caporaux et sergents pour la ligne. Avec les vélites apparait la volonté de les recruter dans les classes moyennes (il fallait payer pour entrer dans les vélites qui ne recevaient pas de solde). J'ai l'impression que ça n'a pas marché et qu'en pratique les jeunes gens engagés dans les vélites finissaient rapidement dans les régiments de la garde (exemple : les premiers vélites engagés en 1804/1805 sont versés d'office dans le régiment de fusiliers créé en 1806 et appelé plus tard "tirailleurs-grenadiers"). Mais même sur l'empire je manque d'infos précises.

Ce projet tourne court et au XIX è siècle les sous officiers sont choisis parmi les vieux troupiers et sont formés "sur le tas" par imitation des anciens (?).

Ce bref tour d'horizon est il bien exact ? pourriez vus le compléter ? évaluer les avantages/inconvénients du système?

Et hors de France (en particulier en Prusse/Allemagne et en Grande Bretagne) ?

Qui pourrait m'orienter vers des sources aisément accessibles sur le net ? Merci d'avance

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  • 1 month later...
  • 2 weeks later...

Tiens c'est bizarre Tancrède n'est toujours pas intervenu ? Oh non, me dites que nous l'avons cassé.  :'( Bon mon commentaire ne n'égalera pas le sien, mais je vais essayé de partager le peu de chose que je connais.

Pour ce qui concerne les sous officiers dans l'ancien régime, je crois qu'il n'existe pas vraiment de donnée sociologique sur les sous-officiers mais certain estime la fourchette à 50/50 pour les noble et roturiers. Je sais seulement qu'ils étaient tous nommés par leur capitaines. Leur formation se faisait par la pratique, au coté de leur père ou d'un parent, cela à titre purement volontaire. C'est à l'apparition des régiments que certaines familles y envoyaient leurs fils pour former sans solde sous la "tutelle" d'un capitaine. Les régiments des gardes françaises était fort apprécié car plus proche du monarque. Une pratique qui a surtout était privilégié par la petite noblesse.

Il y a bien eu des tentative de créer des institutions académiques pour la formation militaire, comme la Petite Ecurie sous François Ier, une académie à Tours sous Henri IV, ainsi que l'académie de Sedan fondée par le Duc de Bouillon. Elles n'ont pas rencontré un succès dans une société de caste, car financièrement parlant les jeunes nobles avaient intérêt d'écourter leur formation. Chose à nuancer c'est que l'aristocratie ne boudait pas à l'idée d'utiliser des gens qui ont fait leur formation, car ils étaient en général plus instruit que les autres.

L'idée de créer des académie militaire ne s'impose qu'à la seconde moitié du XVIIIème siècle, avec la création de l'école royale militaire et La Flèche.

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Raaaaah putain, j'essaie de me désintoxiquer du forum, et v'là t'y pas que dès que je m'absente, tout part en couille dans cette rubrique ;).

Ce que tu évoques rapidement, Rochambeau, c'est plutôt le processus de lente "professionnalisation" des officiers, en soi un sujet. Les sous-offs, c'est une autre histoire.

Il y a bien sûr toujours eu de bas cadres de contact dans les armées occidentales post empire romain, à la distinction plus ou moins formalisée, mais le fait est que "l'institution", si l'on peut dire, est autant tombée en désuétude en tant que telle, que les armées permanentes et organisées, et d'ailleurs les Etats organisés: le bordel médiéval a constitué une immense régression à cet égard. Ce n'est que vers la fin du Moyen Age, en occident pendant la guerre de Cent Ans, qu'une organisation du travail et une répartition professionnelle, et un peu moins sociale, des rôles, a pu recommencer à se mettre en place de façon durable, accompagnant la renaissance d'armées permanentes liées à un Etat ré-émergeant.

Les armées médiévales ne sont pas des armées permanentes, et elles sont plus des organisations sociales, politiques et hiérarchiques que des institutions militaires, tout autant qu'un reflet de la faiblesse des moyens matériels des institutions pour disposer de troupes. Nées autant d'un effrondrement de l'idée même d'Etat que de la conception culturelle de la liberté (entendez la liberté des personnages importants, pas celle du péquin moyen dont tout le monde -qui compte- se tape :-[), ce sont au final des principes de rationalisation d'une ressource rare (ceux qui savent, peuvent et ont les moyens de faire la guerre) et d'équilibrage politique du pouvoir réel via une interdépendance contrainte (tout le monde a besoin de se mettre ensemble pour qu'un royaume ait un semblant d'armée, chacun s'entraîne et s'équipe dans son coin, mène ses petits conflits dans son coin....). Personne n'a les moyens d'avoir de vastes troupes permanentes et encore moins de financer de longues campagnes, ce à quoi s'ajoute la structure sociale en classes, la défense étant la charge des hommes libres dans une répartition (très très théorique) de l'effort à fournir selon le rang (on est plus donc on fait plus, plus longtemps et plus loin.... Théoriquement). Une pratique qui va très vite salement décader, surtout pour ce qui concerne la mobilisation des bas statuts sociaux (reluctance au devoir de milice, mal compensé, mais aussi accaparement du pouvoir et du prestige par ceux qui ont les moyens).

Tout en bas, on trouve les milices, plus ou moins bien organisées selon l'endroit, plus ou moins entraînées.... La féodalité ayant entre autre logique le fait que beaucoup de seigneurs n'aiment pas l'idée de voir la populace avec des armes (et encore moins sachant s'en servir), ce pourquoi la recroissance des villes vers les XIIème-XIIIème siècle voit beaucoup de cités atteignant une taille conséquente s'affranchir de la tutelle seigneuriale, se munir de milices plus sérieuses (portées par un "esprit citadin/citoyen"), et recevoir des statuts particuliers (les "bonnes villes" en France).

De même, les Etats n'ont pas plus de fonction publique développée que d'armée: pour beaucoup de tâches, les rois et grands seigneurs délèguent, et surtout donnent (enfin vendent plus souvent) des offices, commissions et charges à des individus pouvant les assumer (et se sucrant au passage). Dans la société médiévale comme dans la société antique, toute charge émanant du pouvoir est de même nature, que le taf soit militaire, "policier"/judiciaire, administratif.... C'est un mandat de "l'imperium" pour reprendre la terminologie romaine dont cette conception vient directement.

Le titre d'officier et la conception de l'officier viennent donc de cette mentalité: l'officier est celui qui reçoit un office du roi (ou une commission, terme qui concerne rapidement l'activité surtout militaire), avec un champ d'activité donné à couvrir. A ceci près que la mentalité médiévale, surtout nobiliaire, contrebalance cet héritage romain par la susmentionnée conception "germanique" de la liberté individuelle, réfractaire au principe d'Etat, et par là aux principes fondant une armée organisée.

L'officier militaire, donc, reçoit une charge couvrant des devoirs surtout militaire. Mais il ne peut souvent la remplir seul et sélectionne donc des personnels (ou la charge en a à demeure) pour l'assister. Dans les domaines impliquant de la violence physique, ces personnels sont les sergents: les prévôts ont des sergents royaux pour appliquer la justice, les chevaliers ayant en charge des unités ont des sergents d'armes pour les protéger, les assister, les suivre ou encadrer une troupe.

Le fait est que s'il faut regarder la chose clairement, les hommes d'armes (monopole graduellement nobiliaire: ce sont ceux qui "portent une arme" -entendez une arme de mêlée) dirigent et combattent, et les sergents sont, dans les siècles qui suivent la désintégration post-carolingienne, les seuls non-nobles ayant un savoir-faire plus ou moins développé dans le registre de la violence professionnelle (à divers endroits, des milices peuvent avoir été maintenues à un niveau sérieux et donc disposer de tels personnels, mais il s'agit là de gens liés à leur lieu de résidence, et rarement dédiés à l'année au métier). Indispensables et peu nombreux dans la société féodale (surtout quand la noblesse devient, à partir du XIème siècle, quasiment hermétique à l'ascension sociale), ils constituent donc une ressource rare dans le contexte d'entités politiques sans armée permanente.

Les armées féodales permanentes sont des petits noyaux structurés autour d'un seigneur (ducs, marquis et comtes, parfois barons d'une grande importance) ayant d'une part une petite troupe permanente (nobles directement attachés à sa personne, généralement sans fric, et roturiers professionnels) et d'autre part la pyramide de ses vassaux: pour faire court, on va dire que le seigneur fait appel à ses bannerets, cad les nobles commandant en campagne une bannière (une division de l'host d'un grand seigneur: c'est l'unité tactique fondamentale au Moyen Age), qui en opérations commandent à leur tour plusieurs bacheliers (bas-chevalier), sortes de lieutenants pour comparer avec un grade moderne, chacun commandant un groupe armé de cavaliers (assez uniformément nobles après les Xème-XIème siècles). Il ne faut pas se méprendre sur des termes comme "chevalier", "écuyer" ou "page": il s'agit d'institutions sociales et non militaires, autant que de termes d'appellation génériques ou des désignations de rôles ("chevalier" ne devient un terme militaire qu'en 1355, en fait pour remplacer le grade de "bachelier").

C'est le schéma de l'armée (ou plutôt la mobilisation des hommes libres: l'host, constitué de l'appel au ban et à l'arrière-ban) telle que moulée par l'époque carolingienne, et qui concernait tous les hommes libres (même si évidemment, l'aristocratie, par sa place près du pouvoir, sa possibilité de disposer de temps d'entraînement, et ses moyens financiers, s'y taillait une place disproportionnée), mais qui dérive lentement en devenant un monopole absolu de la noblesse.... Sauf qu'évidemment, les besoins militaires demeurent, et certains sont impératifs même dans des entités politiques aussi atrophiées que les royaumes et grands fiefs féodaux: l'encadrement direct des milices, un minimum de garde au rempart, le soutien direct aux chevaliers, certaines spécialités moins en vue (archerie notamment)....

Dès que le besoin militaire augmente, via des guerres et campagnes de grande ampleur et/ou de longue haleine, la noblesse est très insuffisante et trop peu disponible (et chère à compenser, pas toujours fiable, rarement disciplinée, posant trop de conditions quand elle le peut....). 3 phénomènes conjoints le révèlent: la concentration des grands domaines féodaux, la recroissance balbutiante d'un Etat central (affirmation des rois qui ne veulent pas être des "premiers parmi les pairs") et les croisades. Ces 3 facteurs changent la nature et la taille des guerres.

Les XIIèmes-XIIIèmes siècles voient ainsi la conflictualité changer d'échelle une première fois (le coup de fouet final, c'est la guerre de cent ans) et nécessiter une organisation militaire que la seule féodalité ne peut fournir, ce d'autant plus que le monopole de la guerre établi par la noblesse s'est concentré dès la période carolingienne sur une seule spécialité militaire, la cavalerie lourde (constituant des "armées" théoriques atrophiées et déséquilibrées par cette conception du combat). C'est particulièrement vrai en Palestine où la défense des Etats latins d'orient, bien que théoriquement féodale, repose autant sur un host traditionnel mobilisable que sur le maitien de troupes permanentes en grande partie non noble, par simple nécessité: tout seigneur, aussi petit soit-il, est contraint d'avoir des hommes d'armes professionnels.... Mais plus encore, les ordres de moines soldats deviennent eux les premières armées occidentales permanentes "complètes" depuis Rome, et même si elles ne durent pas toutes longtemps ou font peu école dans l'ensemble, elles ramènent des idées en occident, qui serviront plus tard.

Et quel nom retrouve t-on dans ces armées, pour tous ces roturiers avec des armes? "Sergent": le sergent désigne en fait le soldat non noble professionnel en général. Soit il sert au sein d'unités faites de sergent, donc d'unités pros, soit il encadre une troupe de miliciens: encore une fois, le savoir-faire militaire est une ressource comptée à cette époque, et tout soldat "de base" est un monument d'expérience à côté de troupiers miliciens, tout comme un cadre avec 6-7 ans d'expérience aujourd'hui est un puit de sagesse au milieu d'une troupe de soldats volontaires achevant leur année d'entraînement initial. Le sergent est donc alors le troupier de base, mais dans les unités professionnelles: sorti de ces unités, il est un cadre pour des unités de conscrits/miliciens. C'est une appellation générique, pas un grade officiel ou un statut (sauf dans les ordres de moines soldats, et pour des rôles précis, liés à un titulaire d'office, comme les sergents d'armes, sergents de ville ou sergents royaux).

C'est la guerre de cent ans qui amène une évolution rapide et, en France, deux grandes vagues de réformes militaire majeures, les premières depuis Charlemagne (en 770!!!!): d'abord en 1355, puis surtout, nettement plus fondamentale, autour de 1440. La croissance des troupes permanentes et, nécessairement, la présence toujours plus grande de roturiers parmi elles dans une société de classe (il faut noter que la réforme de Charlemagne n'établissait pas de telles distinctions: seul le statut d'homme libre comptait légalement), imposaient du changement.

"Homme d'arme" n'est alors plus synonyme de noble dès lors que des troupes permanentes mélangent les origines sociales (mais pas les rôles sur le champ de bataille), et que des roturiers peuvent en plus être cavaliers (y compris cavaliers lourds). La distinction ancienne entre "hommes d'armes" (nobles) et "hommes de traits" (roturiers, pendant longtemps l'essentiel des militaires permanents non nobles, parce que liés à une spécialité militaire nécessaire mais méprisée), a désormais vécu.

En 1355, on clarifie donc: Les roturiers servant en permanence deviennent des "maîtres", un terme qui restera dans la cavalerie pour désigner tout cavalier léger de base jusqu'à la fin de l'ancien régime (et après pour certaines unités; les cavaliers lourds garderont aussi longtemps l'appellation "gendarme", et les cavaliers "normaux", celle "d'archers"), et d'ailleurs restera aussi dans la marine (en Angleterre, la navy a aussi gardé ce terme issu de cette époque: les "petty officers", transposition phonétique de "petit officier").

Les nobles entament leur évolution militaire, de moins en moins fondée sur une fonction précise (la cavalerie lourde) et de plus en plus sur un rôle, celui d'officier (même si ça prendra du temps: il faudra attendre les guerres d'Italie et la fin graduelle de la cavalerie lourde pour vraiment les détacher -pour l'essentiel- de la chose) dans un sens plus moderne du terme, celui de cadre de rang médian et haut. En 1355 aussi, le banneret devient capitaine (et la bannière devient "compagnie", terme qui existait concomittament à "bannière", venant du terme latin "comitatus", ou "ceux qui accompagnent") et le bachelier devient "chevalier" (terme qui n'aura en fait qu'une existence militaire brève: moins d'un siècle).

La taille et la variété des troupes permanentes augmentant (et le combat se "sophistiquant" nécessairement avec la complexité croissante), cela ne peut que développer l'encadrement et l'organisation en général; et l'encadrement direct, de "contact", en particulier, surtout aux bas échelons, ne peut donc aussi que se développer, tout comme le degré d'expérience moyen des hommes et des unités, le savoir-faire militaire étant de moins en moins un monopole de ceux qui ont les moyens d'y consacrer leur activité quotidienne. Les roturiers professionnels de la guerre ont donc désormais des possibilités de carrières qui s'étendent avec le nombre de niveaux hiérarchiques et de spécialités, chose par ailleurs d'autant plus cruciale que le rôle des troupes à pied (et de l'artillerie) s'accroît parallèlement au développement et aux évolutions de la cavalerie.

Dans les années 1430-1440, c'est la naissance définitive de l'armée permanente en France, avec les compagnies d'ordonnance, l'artillerie, les francs archers et les compagnies de mortes payes (les garnisons de forteresses). Puis, sous Louis XI, avec le remplacement des Francs archers par une infanterie permanente. C'est dans ces réformes là que naissent réellement officiers et sous-officiers dans leur acception moderne qui les détache franchement d'une conception sociale de l'armée au profit d'une conception toujours plus professionnelle (même si dans un premier temps, le vivier quasiment unique de recrutement des officiers est encore nobiliaire; le changement ne venant réellement pour cela qu'à partir de Louis XIV et l'explosion de la taille des armées).

Et c'est donc à cette époque que naissent nos sous-officiers en tant qu'institution: ce sont alors les "bas officiers". Cela commence dans la cavalerie des compagnies d'ordonnance, avec le maréchal des logis, premier grade officiel de sous-officier en France en 1444, puis le coutilier en 1445 (d'abord un type de fantassin, puis, au sein d'une lance d'ordonnance, il devient celui qui commande le groupe d'archers accompagnant un homme d'arme, remplaçant de fait la fonction d'écuyer). L'appellation de "sergent" comme grade (pour l'infanterie) date de 1485, en fait la décennie qui vit la création de la première infanterie de bataille permanente (les "bandes" de piquiers "à la suisse", initialement dites "de Picardie", qui deviendront ensuite la base des premiers régiments). Le "cap d'escadre" (chef d'escouade, qui deviendra le caporal) est créé en 1534.

Il faut noter que souvent, la création légale de ces grades est la consécration d'un usage déjà en place avant, existant de fait par nécessité et/ou comme système informel et variant d'une unité à l'autre. Mais c'est grosso modo à cette époque, avec la croissance des troupes permanentes et leur détachement graduel d'une conception purement socio-politique du métier des armes, que naît le sous-officier comme institution: je passe les détails qui sont nombreux, mais sans en avoir encore l'appellation, de fait, les bas officiers sont un corps en soi, une carrière à partir de cette époque, initialement moulée pour fournir un parcours aux roturiers (par la suite, à partir de Louis XIV, plus spécifiquement, aux roturiers non éduqués et/ou n'ayant pas les moyens d'acheter une commission d'officier dans une armée en grande partie vénale).

Se créeent ainsi des gradations, des distinctions, des rôles et des spécialités pour les hommes de troupes faisant carrière (plus tard, des corps d'appartenance divers): il y a de multiples sortes, appellations et échelons de sergents (et maréchaux des logis/brigadiers), un corps de "sous officiers supérieurs" (sergents majors puis adjudants), un parcours spécifique pour les musiciens et sous-officiers administratifs/d'intendance.... Ainsi que des distinctions pour les soldats, ayant valeur de grades de fait: certaines spécialités de métier conféraient un tel statut (par exemple le grenadier initialement, au XVIème siècle), mais surtout un statut de vétéran est reconnu.

C'est particulièrement le cas de l'anspessade (de l'italien "lansa spezzata", ou "lance brisée", traduisant le fait d'avoir déjà bien vu l'action), un statut et une distinction (pour les braves) autant qu'un premier grade, créé aussi en 1534, qui assiste le cap d'escadre (puis le caporal): l'escouade, premier groupe de l'infanterie, représente entre 10 et 20-25h selon le moment, et elle se subdivise en "chambrées", soit le groupe de base qui partage une tente et a donc généralement un soldat à sa tête. Il n'y a pas de "sous caporal" ayant un grade particulier pour ce rôle: c'est plus souvent un type juste désigné pour agir comme tel (sans supplément de solde ou de statut), mais c'est aussi, parfois, un anspessade s'il y en a assez (plus souvent, il n'y a qu'un anspessade dans une escouade, et il assiste donc le caporal comme chef en second) ou s'il s'agit d'une unité prestigieuse, donc avec une proportion plus forte de vétérans.

S'il faut une comparaison moderne, l'anspessade est l'équivalent d'un "1ère classe", et dans les armées anglo-saxonnes, il a survécu sous le terme de "lance corporal". Dans le contexte des armées d'ancien régime, c'étaient les simples soldats qu'on ne licienciait pas la paix revenue, quand la majorité des troupes était licenciée, y compris des régiments entiers, d'autres voyant la majorité de leurs compagnies dégagées, généralement à l'exception d'une seule (la compagnie dite "mestre de camp") où on concentrait les sous-offs et les vétérans distingués, base des savoirs-faires de l'unité et pouvant la faire remonter en puissance.

Pour ce qui est de la formation, il n'y a aucune institution proprement dite avant le XIXème siècle pour les sous-officiers: les choses s'apprennent sur le tas, à l'entraînement et en campagne, à ceux qui sortent du lot (ou sont sélectionnés par les sous offs en place par divers moyens, pas tous louables) et/ou sont distingués/récompensés par un officier. L'unité est en fait l'école de formation continue, par transmission de savoirs en place et usage (rôle des sous-offs), d'où l'importance des unités permanentes par rapport à celles purement levées pour une guerre (où on devait essayer de faire radiner des sous-offs piqués ailleurs, processus lent), qui avaient ainsi une "mémoire institutionnelle" des savoirs-faires individuels et collectifs, et des logiques et mécaniques en place. Les bataillons dits "de dépôt" au sein de chaque régiment, sont ainsi le "lieu" premier de cette mémoire institutionnelle, au même titre que les bataillons et compagnies combattants.

Il faut quand même se mettre à l'esprit qu'à part une proportion variable mais réduites de troupes pleinement permanentes (unités à effectif plein ou quasiment plein à l'année, et pas séparées pour former de nouvelles unités quand la guerre arrive), les armées de l'époque moderne (fin du Moyen Age à la révolution) sont à des degrés divers de "battle readiness", mais généralement pas des degrés élevés quand les guerres commencent, et que le temps de montée en puissance est long. Il faut des guerres vraiment longues pour disposer d'une forte proportion d'unités réellement bonnes; d'autant plus longues que mortalité, indisponibilité et désertion sont très importantes. Cela souligne le rôle crucial de sous-officers et soldats vétérans distingués, et plus encore de structures d'unités à l'existence continue (pas seulement les sous-offs, mais leur dynamique de travail en tant qu'organisation structurant et articulant une unité): des sous-offs expérimentés ET bien en place au sein d'une unité un peu rôdée, c'est une ressource très rare même dans des armées dont les effectifs nous semblent importants, un fait dont il faut se rendre compte quand on veut comparer à nos armées actuelles, qui même loin d'être parfaites, disposent de tels facteurs à un degré infiniment plus élevé en proportion (formation standardisée des sous-offs, taux d'encadrement élevé, permanence généralisée, faible désertion, bonne disponibilité, faible mortalité, carrière organisée, sélectivité possible, niveau de moyen consacré par individu nettement plus élevé qu'à l'époque moderne....). Concrètement, s'il fallait jauger les armées des XVIIème-XVIIIème siècles avec nos critères, en écartant bien sûr le niveau technologique et en se focalisant sur les aspects organisation/fonctionnement/taux d'encadrement/compétence "moyenne"/articulation, on dirait que ce sont de mauvaises armées (type pays du tiers-monde), à part quelques unités, voire quelques grandes unités de manoeuvre.

Nombre d'unités d'élites ou de haut statut, par ailleurs, à partir des XVIème-XVIIème siècles, ont eu une tendance à devenir, au moins en partie, des "écoles à sergents" (tout comme la formation des officiers se faisait, après une éducation théorique longtemps dispensée dans le cadre familial, dans des unités spécifiques et/ou à des types de postes rattachés à des officiers: pages, puis cadets, aides de camps, cornettes/guidons/enseignes....): les Gardes Françaises, par exemple (et la Jeune Garde sous Napoléon). Un processus qui existe encore aujourd'hui.

Après tout cependant, la formation sur le tas n'a pas produit tant de merde que ça: le centurionnat, après tout, est à cet égard le premier corps d'officiers modernes, à l'efficacité plus qu'avérée, et il s'agissait d'officiers tirés du rang et formés purement sur le tas.

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Résumé très intéressant (même si j'ai l’impression que je met plus de temps à le lire, que Tancrède à l'écrire  :lol:).

Si je puis apporté ma petite pierre à l'édifice... il me semble que l'organisation et grades des armées actuelles doivent beaucoup aux grandes compagnies qui écumèrent l'Europe à la fin du moyen-age et au début de la renaissance.

En effet, on peut considérer les compagnies comme les premières armées régulière d'Europe (bien que "privées")

Apparues en Europe vers le milieu du XII°s, appelées d'abord: "bandes", puis: "compagnies pillardes", sont des groupes de mercenaires (roturiers) qui, à la différence d'avant, ne se dispersent plus quand revient la paix. Ils restent unis et occupent et/ou ravage le pays où ils se trouvent, en attendant qu'on les l'embauchent pour d'autres guerres. En cela, la guerre devient réellement leur unique profession.

Ces compagnies auront leurs "heures de gloire" durant la guerre de cent ans (appelées "grandes compagnies") et les guerres d’Italie (ou elles sont à l'origine des "tercios").

Ces troupes de soldats vont être très appréciés des souverains en temps de guerre:

  - Elles sont expérimentés, forment l'élite de l'infanterie d'une armée, sont "projetable" sur un territoire adverse (à l'opposée des milices à caractère plus local et défensif) et sont déjà autonomes car elle incorporent, en elles même, plusieurs métiers d'armes et de logistique.

   -Et détestées en temps de paix, car elles ravages complètement une région, et sont très difficilement expulsable par la force (les souverains n'ayant, souvent, pas d'armées assez puissante).

A leurs têtes, on trouve un chef de guerre appelé "capitaine",  du latin: caput, capitis (tête), très souvent un roturier, qui par son charisme, habilité, expérience... joue le rôle de leader de bande.

Pour l'aider, ont trouve des "sous-chefs" qui sont appelés "adjudants", de l'espagnol "ayudante": celui qui aide (terme apparu au début XVI°s, peut-être même avant). Le terme de "caporal", du latin: caput (tête), proviendrait aussi des compagnies, pour désigner un chef ou un soldat expérimenté qui dirige un petit groupe d'hommes.

Plusieurs autre termes apparaissent au XVI° s.

Ainsi, à la tête de plusieurs de ces compagnies (difficilement gérables), un souverain place un noble pour les enrégimenter, les mettre en régiment, du latin: regimentum (diriger, orienter), ce chef qui dirige ces troupes mises en colonnes, est appelé: "colonel".

Pour commander ces régiments, le roi nomme un "général de capitaine" (comme il existait un "général trésorier" pour les finances du royaume, ou un "général de la cavalerie" pour les chevaliers...), celui-ci qui commande donc à tous les capitaines de compagnies, ce titre se raccourcira, en "général". Le terme de bataillons, désigne aussi le fait de placer les compagnies en ordre pour la bataille.

Au début de la renaissance, les souverains vont tout faire pour incorporer ces unités d'élites à leur armées régulières naissantes (de gré ou de force) et où elle joueront un rôle centrale à la fin du XVI°s.

http://www.cosmovisions.com/ChronoCriminaliteMA02.htm

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Les grandes compagnies, unités d'élite :rolleyes:? Le terme recouvre trop de réalités: il est générique pour décrire des groupes de mercenaires plus ou moins organisés et de plus ou moins bonne qualité. Faut pas chercher un descriptif générique: aucune unité, aucun groupe, ne ressemble à un autre, ne s'organise de la même façon (quand ils s'organisent de façon un peu stricte). Il s'agit d'ailleurs bien plus souvent, en France, de troupes levées par le roi ou un grand féodal, qui se trouvent virées en fin de conflit ou de saison de guerre, et décident de rester ensemble pour sévir en bandes et attendre la prochaine guerre. C'est un des multiples maux manifestes de la mauvaise gestion d'une reconversion post carrière militaire: à moins de sérieux mécanismes de reconversion/réadaptation (professionnelle, psychologique....), ce fait a toujours et partout créé des problèmes majeurs (voir la Grèce antique, le Japon, l'histoire des croisades -surtout la 1ère-....).

Par ailleurs, dans un système féodal, nombre de ces troupes commencent sous un régime qu'on comparerait à une entreprise privée: un individu (généralement de renom, d'une certaine richesse et/ou disposant d'un important réseau de relations) lève une troupe qu'il loue à un belligérant  ou à un "entrepreneur de guerre" de plus haut rang (nombre de bandes armées mercenaires se subdivisent ainsi en "sous bandes" qui sont en elles-mêmes des entreprises "sous traitantes") qui lui traite avec un souverain, un féodal, une cité ou une institution (un évêché, une corporation de métiers....).

La longévité du groupe, la qualité du ou des chefs, la pertinence du métier (spécialité militaire particulière).... Déterminent si l'unité est bonne ou pas. Mais dans les "grandes compagnies" et l'histoire du mercenariat au Moyen Age, il y a vraiment de tout, à boire et à manger, du bon et du pas bon: beaucoup de ces bandes étaient juste des agglomérats de brutes pas forcément très efficaces, mais qui constituaient, dans un Moyen Age sans troupes permanentes importantes ni Etats capables de financer longtemps un effort de guerre, à peu près l'essentiel du vivier disponible de gens capables de violence relativement organisée hors de la chevalerie (et de milices essentiellement liées à leur zone de résidence sauf circonstances exceptionnelles). Hors quelques cas particuliers d'unités exceptionnelles, ce qui peut faire qualifier la plupart d'entre elles "d'élite" réside dans le fait que ce sont les seules troupes un peu permanentes qui existent: ça ne veut pas dire qu'elles sont bonnes, qu'elles tiennent le choc.... Ce fait souligne surtout la rareté de la main d'oeuvre militaire qualifiée au Moyen Age: au pays des aveugles, les borgnes sont rois  :lol:. Et si les rois les trouvent commodes (hors quelques cas particuliers d'unités de bonne -voire excellente- tenue), c'est surtout parce qu'ils n'ont à les payer qu'au moment des guerres et s'en tamponnent après, ce qui, à l'époque de monarchies sous-financées, semble évidemment un avantage, même si ce n'est qu'un avantage de court terme qui implique des coûts démesurés après (les ravages et emmerdements financiers, politiques et militaires causés par ces bandes). L'Italie du XVème siècle est l'exemple le plus criant de l'inconvénient majeur de telles unités, tout comme le Japon des IXème-Xème siècle d'ailleurs.

Dans beaucoup de cas, on trouve plus des agglomérats de crapules, de psychopathes, de criminels en cavale.... Ou tout aussi souvent de gens déracinés par la guerre et n'ayant plus d'autres moyens de subsistance. Dans d'autres, des groupes issus de réseaux familiaux, claniques ou relationnels proches (d'une même région le plus souvent). Dans d'autres encore, un plus "pur" système de recrutement générique (même si quand même souvent lié à une aire géographique donnée à la base) qui se rassemble autour d'un grand nom ou d'un élément particulier (un chef prestigieux, une unité qui a un certain renom, une spécialité militaire particulière....).

Souvent, une milice longtemps employée voyait tout ou partie de ses personnels devenir si accoutumés à la guerre qu'ils ne pouvaient pas revenir à la vie civile, n'y voyaient pas d'intérêt (faible possibilité de reconversion, changement psychologique lié à la guerre....), et devenait mercenaire: ce fut le cas par exemple pour les Almogavres, les Suisses, les Gascons et les Souabes (à l'origine des premières unités de Lansquenets), 3 populations qui se sont longtemps spécialisées dans le mercenariat (souvent par absence de ressources dans leur zone, et par sollicitation militaire pendant de longues périodes à un moment donné, qui ravage une économie locale faible et oriente culturellement et professionnellement la jeunesse locale vers la guerre).

Autre processus en Italie où la polarisation des richesses, l'accaparement graduel du pouvoir politique par les élites urbaines et la baisse de la pratique milicienne font croître un mercenariat professionnel très organisé qui devient un secteur d'activité économique (puis politique) majeur aux XIVème-XVème siècles.... Et une plaie dramatique qui entérine le destin de l'Italie pour longtemps.

les guerres d’Italie (ou elles sont à l'origine des "tercios").

C'est l'infanterie espagnole, des troupes soldées de façon permanente après la fin de la reconquista, qui est à l'origine des tercios, soit les 3 subdivisions initiales de l'armée expéditionnaire que les souverains ibériques envoient en Italie et répartissent pour une occupation outre mer permanente.

et où elle joueront un rôle centrale à la fin du XVI°s.

A la fin du XVIème siècle, la messe est dite depuis longtemps pour les unités de mercenaires: les armées nationales ont largement pris le pas depuis les guerres d'Italie, et les seules formes de mercenariat qui subsistent à une échelle significative sont des systèmes nettement plus encadrés: ceux qu'on appelle encore "condottiere" sont des généraux et chefs de haute qualité qui se louent avec leur Etat Major, et les groupes mercenaires sont essentiellement des Suisses et des Souabes fournissant des contingents de recrues en unités constituées aux armées régulières (et qui y sont intégrées dans l'ordre de bataille normal, soumis à des règles proches de celles des troupes normales et non plus des semi-indépendants), plus quelques autres cas spécifiques comme des unités de cavaliers légers des Balkans (estradiots grecs et albanais, hussards hongrois).

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C'est l'infanterie espagnole, des troupes soldées de façon permanente après la fin de la reconquista, qui est à l'origine des tercios, soit les 3 subdivisions initiales de l'armée expéditionnaire que les souverains ibériques envoient en Italie et répartissent pour une occupation outre mer permanente.

Tu as raisons, mais les espagnols copient les grandes compagnies françaises: même effectifs, même armement, même organisation, même nom: puisque les tertios s’appellaient d'abord: "capitanías" ou "capitaineries" pour: groupes de capitaines (de compagnies)...

La seule grosse différence c'est que ces "tercios" ne sont pas mercenaires, mais de "réguliers".

Cela confirme bien que les 1° armées régulières "officielles" copient ce qui fonctionne le mieux à l'époque, militairement parlant: les compagnies.

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Non; tu essaies de voir les "compagnies" comme un modèle militaire ou une espèce de moule unique. Ces compagnies privées sont aussi diverses en tailles, en composition et en qualité que possible (il y a pour ainsi dire autant de modèles que de compagnies). Il n'y a aucun effectif type, aucune organisation type, aucun armement type. Toute bande armée au Moyen Age tardif (d'ailleurs privée, féodale ou royale) s'appelle "compagnie": c'est un nom générique, et cela peut représenter aussi bien une centaine d'hommes ou moins que plusieurs milliers. "Bandes" et "compagnies" sont les noms les plus fréquents pour des groupes militaires plus ou moins permanents, et ils recouvrent mille et une réalités, pas un supposé "modèle": quand les rois de France louent des arbalétriers gênois, ce sont des "compagnies", quand les archers anglais s'exportent pendant une courte période au XVème siècle, ce sont aussi des "compagnies". Les "bandes" ou "compagnies" de Gascons levées initialement par l'action de Charles le Mauvais deviennent un secteur d'activité pour cette région peu développée et ravagée par la guerre: ils se louent ainsi sous de tels vocables qui recouvrent des réalités très diverses, allant de petits groupes élémentaires d'arbalétriers ou de fantassins de divers types à des groupements "interarmes" (cavalerie, archerie, fantassins de contact) plus ou moins hétéroclites, en passant par des agglomérats plus ou moins organisés de tout ce qui a pu être raclé ici et là. Le tout pour des niveaux qualitatifs variables.

Les grandes compagnies ne sont par ailleurs que très rarement "ce qui fonctionne le mieux", hors de quelques cas particuliers (la "compagnie catalane" dite des Almogavres est un exemple exceptionnel). L'armée française telle qu'elle se moule dans les années 1440 est essentiellement ce qui fonctionne le mieux en Europe (avec pour un temps l'armée hongroise du XVème siècle, sous la dynastie Hunyadi; "l'armée noire"), et elle ne s'est pas calquée sur des compagnies privées: elle a eu sa propre évolution pendant la guerre de cent ans (via des chefs  et professionnels développant une longue mémoire institutionnelle vu la permanence des conflits et le besoin de réfléchir face aux échecs), et fera école pour l'organisation fiscale et administrative, l'organisation et le fonctionnement de la cavalerie (les lances et compagnies d'ordonnance, notamment copiées en Bourgogne et influant de là l'Espagne et l'Autriche), l'artillerie....

L'autre grand modèle qui a un impact pan européen (hors, à l'est, les Hussites, mouvement régionalo-religieux, qui ont une certaine influence), ce sont les milices communales suisses dont l'impact sur l'infanterie  et la guerre vient à partir des guerres de Bourgogne et peut rayonner via l'aire géographique de leurs actions (France, couloir rhénan, Allemagne occidentale, Autriche, Italie du Nord): l'infanterie française permanente s'en inspire directement puisque Louis XI fait venir des "consultants" et cadres suisses au camp de Pont de l'Arche à partir de 1477-1479 pour former les premières "bandes" d'infanterie mixte (à dominante de piquiers).

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Attention aux amalgames et à l'époque!

Ces mercenaires n'ont rien de comparable entre le XII°s, ou se sont plus des bandes de pillards/meurtriers plus que des soldats, et dont les effectifs, motivations, armement très variables... et la fin du XV°s/debut XVI°s ou elles ont beaucoup évolués: plus structurés, armées, professionnalisés, "expertes", disciplinées (même s'il il y a encore du travail car il reste un côté "soudard").

On peut y voir, tout de même, un évolution de cette structure militaire.

Ainsi, au XVI°s, une armée de mercenaires est souvent subdivisée en plusieurs compagnies de plusieurs centaines de soldats qui font, dès lors, partie d'un ensemble plus cohérent. Leur armement est homogène mais ils peuvent combiner plusieurs armes au sein de la même compagnie. C'est cela que l'on voit durant les 1ère guerres d'Italie. par ex: L'armée de Marignan contient huit bandes de Picards formant un ensemble 4000 hommes (soit environ 8 x 500 hommes).

C'est ces dernières compagnies que les armées royales "régulières" essayent de copier faute de pouvoir les incorporer.

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Ainsi, au XVI°s, une armée de mercenaires est souvent subdivisée en plusieurs compagnies de plusieurs centaines de soldats qui font, dès lors, partie d'un ensemble plus cohérent. Leur armement est homogène mais ils peuvent combiner plusieurs armes au sein de la même compagnie. C'est cela que l'on voit durant les 1ère guerres d'Italie. par ex: L'armée de Marignan contient huit bandes de Picards formant un ensemble 4000 hommes (soit environ 8 x 500 hommes).

C'est ces dernières compagnies que les armées royales "régulières" essayent de copier faute de pouvoir les incorporer.

Eh? Les "bandes de Picards", ce sont les bandes de Picardie: c'est l'infanterie de ligne régulière de la France, formée depuis Louis XI (salement réduite par Charles VIII par économie de courte vue, avant de remonter en puissance) et inspirée du modèle milicien (donc pas mercenaire) suisse. Le terme "bandes de Picardie" traduit le fait que les unités de base sont des "bandes", groupement interarme (piquiers, hallebardiers et arbalêtriers) centré autour d'une majorité de piquiers formés en carré: la maison mère est en Picardie, où se trouve le centre de formation royal qui "fournit" ces bandes. Les seuls mercenaires à Marignan côté français, ce sont les lansquenets (qui forment la majorité de l'infanterie), le reste est l'armée régulière.

Le déclenchement des guerres d'Italie et leur inscription dans le temps long déboule sur la création des "bandes d'au delà des monts" (qui deviendront "bandes de Piémont") qui rassemblent un nombre conséquent de bandes affectées en permanence à cet usage expéditionnaire (le centre de Picardie demeurant un lieu de formation et de garnison vu sa place stratégique sur la frontière des Pays Bas bourguignons devenus Habsbourgs par héritage entretemps). Une démultiplication analogue survient peu après (toujours contre les Habsbourgs) et débouche sur la création de "bandes de Champagnes". Viennent ensuite les "bandes de Normandie" et quelques autres qui durent moins étant donné que peu de garnisons durent très longtemps, l'usage allant plus vers la guerre mobile.

Cet usage est la raison essentielle qui mène au rassemblement de nombres donnés de bandes dans les nouvelles formations qui apparaissent au milieu du XVIème siècle, les régiments (formation reflétant le rassemblement d'une "task force" expéditionnaire à laquelle on confie un nombre donné de bandes): d'abord des régiments aux noms temporaires, puis un certain nombre qui prennent des appellations plus permanentes.

D'autres bandes sont formées en cours de route lors d'une campagne, ou ici et là via des cadres, quand le roi décrète un besoin, mais il s'agit de formations temporaires, ou qu'on adjoint à des bandes plus anciennes et permanentes dans des formations de campagne. C'est pourquoi rapidement, les soldats pros demandent une distinction dans leurs drapeaux (et leurs statuts et paie) pour obtenir le qualificatif de "vieilles bandes" par opposition aux unités temporaires levées pour une guerre spécifique. Ces "vieilles bandes" sont celles qu'on garde pour l'essentiel en temps de paix et qui seront enrégimentées, transmettant leur appellation aux plus anciens régiments de l'armée, qui auront une position et un statut particulier dans l'armée d'ancien régime: ce sont les "quatre vieux" (Picardie, Piémont, Navarre, Champagne) plus le régiment des Gardes Françaises (qui, aussi considéré comme un "vieux", avait en plus un statut particulier par son appartenance à la Maison Militaire du Roi).

Une "bande" issue du moule de Picardie, est aussi appelée une "enseigne" (puisque c'est l'unité de base qui a un drapeau propre, une existence tactique et légale/règlementaire), c'est l'unité tactique essentielle (le niveau "interarme" de base de l'infanterie: pique, hallebarde -qui s'efface lentement-, et arbalètes -puis armes à feu, avec en plus les éléments de musique et de signaux organiques), commandée par un capitaine, mais ayant une taille qu'on attribuerait aujourd'hui plus à un bataillon (autour de 400-600h, soit dans les mêmes eaux, via l'influence suisse, que les carrés des lansquenets, ou les "capitanias" espagnoles avant la formation des coronellas -"colonnes"- puis des tercios).

et la fin du XV°s/debut XVI°s ou elles ont beaucoup évolués: plus structurés, armées, professionnalisés, "expertes", disciplinées (même s'il il y a encore du travail car il reste un côté "soudard").

On peut y voir, tout de même, un évolution de cette structure militaire.

Encore une fois: y'a de tout, à boire et à manger. Tu ne trouveras de degré de sophistication important dans l'organisation qu'en Italie où ce secteur économique s'est développé au cours du XVème siècle, souvent d'ailleurs comme une chose assez peu militaire étant donné que les premières guerres d'Italie, celles entre Italiens dans la 2ème moitié du XVème siècle, sont rapidement plus un théâtre simili-guerrier que de vraies guerres: les condottiere, entre gens de métiers aux allégeances changeantes, s'abîment peu entre eux, s'épargnent, prévoyant leur avenir, ménageant les rancunes et préservant leur outil (qui leur sert à se monnayer, voire souvent à jouer un rôle politique en constituant une menace, mais surtout un "bargaining chips" dans la table de négociations où tout se joue).

Les structures capitalistiques de ces petites armées privées se louant, se relouant et saignant très peu, sont très développées et ont évolué pour correspondre au jeu politique tel qu'il se pratique dans l'Italie divisée du quatrocento puis, surtout, d'un XVème siècle qui voit un début de concentration du pouvoir et des terres autour d'un nombre plus réduit de pôles (une unification qui aurait pu avoir lieu a été définitivement enrayée par l'européanisation du conflit à la toute fin du XVème siècle, qui a ouvert une Italie encore désunie aux appétits franco-espagnols). Mais aucune de ces "armées" n'est permanente: ce sont des rassemblements temporaires (souvent saisonniers) de groupes élémentaires ou composites (eux-mêmes temporaires) qui vont sans arrêt d'une allégeance à l'autre, se composant et se recomposant en permanence.

Faut vraiment se départir de l'idée de petites armées privées "expertes" et servant de modèles militaires: certaines ont concouru à des innovations, mais ce sont les armées nationales et quelques matrices miliciennes (pour l'essentiel en Europe centrale et occidentale: France, Espagne et Suisse) qui ont fait l'essentiel des modèles. Il n'y a pas eu de "modèle privé" de la guerre qui ait réellement concouru à la révolution militaire. Une raison parmi d'autres: il n'y a pas d'unités durables. Elles sont liées à un ou plusieurs personnages à un moment donné de leur vie, et sont essentiellement des rassemblements temporaires: les groupes essentiels de soldats à louer (carré de piquier, groupe d'arbalétrier, petit "escadron" de cavalerie) vont et viennent sans arrêt pour s'associer à d'autres, chercher le plus offrant, changer de patron. Personne n'a la surface financière pour avoir en permanence une masse d'unités de divers types qu'il ferait évoluer pour faire progresser l'efficacité tactique de son outil: il faudrait maintenir cet effort pendant des années, en continu, tout en assurant le maintien des effectifs, l'entraînement normal de chaque spécialité, la structure administrative/de soutien pour organiser cela, l'activité "normale".... Seuls des Etats peuvent faire ça, certainement pas des particuliers, même fortunés.

Les grands noms parmi les condottiere (Urbino, Sforza, Malateste, Jean de Medicis dit "des Bandes Noires", César Borgia....) ne sont pas des individus ayant une grosse armée permanente mercenaire: ce sont des gens ayant par eux-mêmes une petite troupe (souvent liée à un domaine familial qui leur donne une assise et un statut, ainsi que les moyens d'entretenir au moins ce petit noyau d'armée), mais qui font appel à des condottiere de plus petite volée et des chefs de troupes élémentaires à un moment donné pour une campagne donnée, les attirant par leur renom, leur talent et leur carnet d'adresse. Ils s'adaptent à ce qui se rallie à eux à un moment donné: aucune permanence, aucun moule générique, aucune unité type ne peut émerger de ça. Surtout que ces "armées" étant des coalitions temporaires d'entrepreneurs indépendants, la loyauté et la confiance entre eux est très limitée: chacun essaie de préserver son outil et de récolter le plus de butin possible, et aucun n'a vocation à prendre des coups pour l'amour de l'équipe. C'est du capitalisme "pur" et dur, en aucun cas un lieu propice à faire émerger un modèle militaire où le tout devient plus que la somme des parties.  

Si à cette époque, il y a beaucoup de mercenaires et d'unités mercenaires (de toutes tailles et de tous types), ça ne veut pas dire qu'il s'agit de bons éléments, et surtout pas d'éléments qui font école. Tout connement parce qu'aucune de ces unités n'est durable: seuls les noms des chefs le sont (cad des gens à qui on fait confiance pour pouvoir rassembler une troupe, attirer des "sous-chefs" de qualité, et des troupes). La plupart des unités mercenaires sont souvent des unités de miliciens ou des unités anciennement régulières ayant traversé une longue période de conflit (donc accumulé de l'expérience) et qui, guerre terminée, cherchent de l'activité ailleurs, proposant ainsi pour une saison ou deux des unités de base "clés en mains" à des Etats/féodaux ou à des entrepreneurs de guerre de plus haute volée, mais des unités fournissant une capacité existant ailleurs et venant d'un "moule national". Ce ne sont pas des unités de "purs" mercenaires développant leur savoir-faire "en interne" et allant ensuite le vendre. Et surtout pas des "armées permanentes" privées, composites.

Les Suisses commencent à créer des "entreprises" sponsorisées par les cantons (pour exporter une jeunesse batailleuse, entraînée et désoeuvrée) dans les années 1480, soit pour reconvertir une partie des mobilisations des guerres de Bourgogne (et donc s'éviter des troubles à domicile vu les effectifs en démobilisation.... Et l'absence d'avenir qui les attend dans une Suisse sous-développée): c'est le modèle milicien qui fait école en France, longtemps avant que le mercenariat suisse devienne massif et un débouché professionnel pour la jeunesse, perdant d'ailleurs au passage beaucoup des qualités du modèle milicien (d'une "doctrine" tactique interarme très manoeuvrante avec une importante coordination interarme, le modèle mercenaire suisse devient vite un "machin" de gros carrés massifs fonçant tout droit et se faisant de plus en plus écharper).

Les Lansquenets viennent à la base d'une mobilisation levée par les Habsbourgs qui forment une infanterie "à la suisse" en Souabe et dans le sud de la Bavière, et qui, conflit fini, licencient massivement parce qu'ils ne peuvent plus payer (ce qui posent quelques menus problèmes et beaucoup de violence); ces mêmes individus continuent donc ce qu'ils savent faire, et, de retour au pays, transmettent le savoir. Ces bleds sous-développés voient là un secteur d'activité et s'y lancent pendant un siècle, accordant des patentes à des entrepreneurs locaux pour lever des djeunz et les exporter en bandes organisées (comme en Suisse).

Quel est l'autre modèle militaire qui fait école en occident, à part la France (organisation et fiscalité, compagnie d'ordonnance et cavalerie lourde, parcs d'artillerie, cavalerie légère), l'Espagne (cavalerie "médiane", organisation d'un échelon de manoeuvre de l'infanterie "pike and shot" à la suisse, amélioration du modèle suisse via des EM d'unités et une part croissante aux armes à feux) et la Suisse (infanterie de ligne interarme et mobile)? Honnêtement, il n'y en a qu'un, dernier élément de ce qui devient la guerre européenne telle qu'elle va exister à partir du XVIème siècle; c'est la cavalerie légère balkanique, celle des "estradiots" grecs et albanais (et hongrois). Inspirées des méthodes traditionnelles locales de la guerre dans les balkans qui se sont mélangées à celles des cavaliers nomades dans la grande plaine hongroise, et donc liées à des milices et troupes locales, ces unités ont été de plus en plus poussées à se grouper et à se louer en occident suite à la conquête ottomane qui termine notamment les guerres albano-turques (chez les estradiots, la majorité des cavaliers sont albanais, mais les officiers sont souvent grecs, soulignant une "joint venture" locale où les grandes familles grecques -noblesse byzantine- ont du jouer les entremetteurs avec leurs correspondants italiens). Là encore, d'anciennes unités régulières ou miliciennes (avec un modèle en place, plus traditionnel que militaire) qui, à un moment historique donné, n'ont pas eu d'autre choix que de se louer ailleurs. Pas un modèle "privé" de la guerre qui aurait eu une évolution propre au sein d'unités durables et sophistiquées: juste des gens de métier perdant soudain leur patron, leur cause, et devant aller trouver un employeur.

Mais au final..... ON EST LOIN DU SUJET: les SOUS-officiers. Pas les officiers, pas les unités....

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Eh? Les "bandes de Picards", ce sont les bandes de Picardie: c'est l'infanterie de ligne régulière de la France, formée depuis Louis XI (salement réduite par Charles VIII par économie de courte vue, avant de remonter en puissance) et inspirée du modèle milicien (donc pas mercenaire) suisse.

Les bandes Picardes (par exemple) sont des milices créées par louis XI avec des compagnies de mercenaires, soldés régulièrement (d'ou infanterie "régulière").

Certes, celles-ci sont re-entrainées à se battre à la façon milices Suisse (normal puisque elle doivent servir de milices, et les suisses sont le must pour l'infanterie), mais elles conservent leurs chefs, structures de commandement, la fougue/férocité et la discipline... hérités des compagnies, d'ailleurs c'est leurs originalités (mi-milice/mi-mercenaire) qui permet de les envoyer en Italie.

Il ne faut pas se leurrer, quand un souverain de cette l'époque (fin XV°s) décide d'organiser une armée "régulière", les seuls soldats immédiatement disponibles: ce sont les mercenaires des compagnies, et ceux-ci vivent, se battent et se recrutent surtout en bandes, très peu individuellement. Quand aux milices, elle ont un caractère défensif local, rarement permanentes, levées parmi la population, et dont l'efficacité militaire est très relative et disparate d'une région à l'autre (les suisses, à force de combattre, font exception notable).

Le roi n'a donc pas beaucoup de choix pour le recrutement.

De se fait, les compagnies sont embrigadées "entières" et c'est cela qui donnera la structure de base commandement des armées "régulières" par la suite (fin XV)/début XVI°), charge au souverain de modifier sont style d'armée/armement/combat.

C''est au fil de nombreuses années, lorsqu'on lui adjoindra, progressivement, des nouvelles recrues individuelles (au début, encore des mercenaires!), que les compagnies perdrons leur caractère d'origine, tout en conservant les grades.

Mais la créations d'armées "régulières", ne font pas disparaitre, d'un cout de baguette magique, les compagnies encore "privées". Celles-ci s'adaptent et adoptent aussi la façon de se battre suisse, à l'image des Lansquenets, mais ce n'est pour autant qu'elles transforment en milice (à caractère plus défensifs). Même les suisses forment des bandes de mercenaires et "s'exportent" (et ne sont plus miliciens, du coup).

C'est ce j'essaye d'expliquer au début, les compagnies sont, en partie, à la bases des grades actuels, auxquels vient s'ajouter d'autres, existants précédemment, comme "sergent", "lieutenant".

Ainsi, au tout début des armées, les non-nobles pouvaient occuper des postes jusqu'à "capitaine".

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Les bandes Picardes (par exemple) sont des milices créées par louis XI avec des compagnies de mercenaires, soldés régulièrement (d'ou infanterie "régulière").

Certes, celles-ci sont re-entrainées à se battre à la façon milices Suisse (normal puisque elle doivent servir de milices, et les suisses sont le must pour l'infanterie), mais elles conservent leurs chefs, structures de commandement, la fougue/férocité et la discipline... hérités des compagnies, d'ailleurs c'est leurs originalités (mi-milice/mi-mercenaire) qui permet de les envoyer en Italie.

D'où tu tiens ça? Y'a pas une source que j'ai lue (et j'en ai pas mal) qui mentionnerait quelque chose d'approchant. Le recrutement au Pont de l'Arche a été essentiellement un recrutement de groupes existants, selon la tradition de l'époque, et levés par des entrepreneurs de guerres individuels ou plus prosaïquement des gens chargés de recruter un effectif donné correspondant plus ou moins à un "cahier des charges" minimal. L'Etat médiéval sous-traite. Il y a aussi des traces indiquant un recrutement direct dans la région (par des troupes existantes), comme c'est souvent l'usage dans les provinces frontières, plus "militarisées" et consciente de la menace de la guerre. Le tout dans des proportions impossibles à connaître. Tout comme le fait de savoir si beaucoup d'entre eux étaient déjà à la base des "gens de guerre" (ayant vu le combat), s'ils étaient tous bleus.... Vu la nouveauté du concept et la taille de l'effectif initial (environs 12 000h) au regard des moyens réduits de l'Etat à l'époque, surtout sous Louis XI et son effort militaire  (et en plus le coût d'un soldat expérimenté), une forte proportion de bleus a des chances d'avoir été la norme; réentraîner des pros ayant toute leur vie exercé une spécialité différente dans un cadre d'emploi différent n'est pas si simple, et le bleu bien encadré est à cet égard une recrue plus pertinente.

Tu veux absolument caser des "compagnies de mercenaires" ayant un format donné et précis, une organisation en place et déterminées (et qui plus est homogène entre elles).... C'est complètement aberrant. Et ce d'autant plus qu'il ne peut y avoir de "conservation des structures de commandement", puisque précisément la formation des bandes -ou enseignes- à partir de 1479 consiste en l'organisation d'un nouveau modèle standardisé et aligné sur le modèle suisse, méthode nouvelle qui requière des unités d'une taille précise (on ne forme pas un carré de piquiers n'importe comment: nombre de rangs....), une organisation différente et bien spécifique, une proportion donnée de cadres et sous-cadres, une répartition des rôles et métiers (piquiers, hallebardiers, arbalêtriers, musiciens, cadres "à temps plein"....) précise....

Il n'y a alors tout simplement rien de comparable en France (ou ailleurs) en terme de fantassins: les francs archers (une milice) ont été précisément écartés au profit de cette infanterie, et d'autres fantassins spécialisés servent au sein des lances d'ordonnance et compagnies de mortes payes, et il ne semble pas que beaucoup d'entre eux aient été "prélevés" sur ces unités pour être envoyés au Pont de l'Arche. En fait apparemment juste un archer sur les trois que comprend alors une lance d'ordonnance (on les appelle "archer" en général, mais seule une partie semble avoir réellement été faite de gens de traits). Mais enlever un archer sur 3 dans chaque lance, momentanément, ça représente alors environs 4000h disponible (4000 lances à la fin du règne de Louis XI dans les compagnies d'ordonnance). Les seuls autres combattants aptes au combat d'infanterie, ce sont les hommes d'armes (devenus gendarmes) à cheval et leurs coutilier/écuyer, vu qu'ils s'agit de chevaliers, en majorité nobles, à l'entraînement très poussé, et qui sont suffisamment polyvalents pour démonter et combattre en formation à pied s'il le faut (au moins ponctuellement); les chevaliers italiens et autrichiens l'ont d'ailleurs démontré à cette même époque contre les milices suisses.

A part ça, il n'y a alors pas ou peu de compagnies de mercenaires en France au moment de la création des bandes: le royaume est ordonné et les rois valois ont montré qu'ils n'aimaient pas qu'on lève des troupes chez eux sans leur accord. Et plus généralement, faut pas imaginer des réservoirs entiers de mercenaires disponibles à tout moment et n'importe où: le mercenaire est là pour le profit. Quand la guerre cesse, soit il va au loin en chercher une autre, soit son groupe se débande et disparaît (des contacts peuvent être maintenus un temps, mais c'est vite périssable). L'option de rester ravager le territoire où il est ne marche plus en France depuis Du Guesclin. Il n'y a tout simplement pas grand chose sur le territoire que Louis XI aurait pu embaucher s'il avait voulu des groupes mercenaires organisés; et le mercenaire français ne s'est pas signalé par l'exportation massive à cette époque (y'a pas de mystérieux effectifs immenses au loin qui réapparaîtraient comme par miracle pour fournir des effectifs au roi, et pas de "fameuses" bandes de mercenaires français à cette période). Le recrutement gascon s'est calmé depuis avant la fin de la guerre de cent ans (soit plus de 25 ans avant la formation au Pont de l'Arche): même si il reste une tradition de fantassins légers (en fait essentiellement des arbalêtriers et archers) gascons (qu'on retrouvera, très efficaces, à Marignan), et que des contingents (frais, jeunes) ont du être levés pour participer à la formation des bandes, il n'y a alors pas de troupes mercenaires en Gascogne, tout connement parce qu'il n'y a pas de guerre dans le coin et que ça fait un bail que l'usage en a disparu, précisément parce que les rois de France ont créé une armée permanente!

Ce ne sont pas des compagnies de mercenaires que le roi emploie: le fait de déléguer le recrutement (comme la plupart de ses activités jusqu'à un certain échelon) est alors dans la nature de l'Etat royal. C'est un affermage du recrutement, pour fournir des effectifs, et c'est en fait souvent lié à une marque de l'armée royale moderne: la vénalité des charges: un chef d'unité a la charge de recruter son propre effectif (déterminé lui par décret royal en quantité et en qualité) et de le maintenir (des inspections ayant lieu régulièrement, les "montres" et les revues -c'est l'origine du passage en revue des troupes), tout comme il a la charge de la maintenir au niveau d'équipement, d'entraînement et de "battle readiness" prévu par le roi (et aux standards spécifiés).... Et de la commander. C'est comme ça que fonctionne l'armée jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, même si la proportion d'unités vénales diminue graduellement. Un individu (noble essentiellement, et surtout riche) achète une charge d'officier et par là le droit de lever un régiment (auparavant une compagnie d'ordonnance, une bande....) pour un prix donné, et, dans le cadre expressément fixé par ordonnance, il constitue et maintient l'unité, recevant une somme donnée du roi pour ce faire (généralement insuffisante, surtout s'il veut que l'unité se distingue, donc il y remet de sa poche aussi) et annexement le droit de procéder à son tour à une revente des charges d'officiers subalternes du régiment (des capitaines) à des gens qui vont se charger en fait du boulot à leur échelon (lever, entretenir et mener une compagnie), et accessoirement, assez vite, se compenser en revendant eux-mêmes une charge de lieutenant (ou se faire payer pour prendre un "fils de" comme lieutenant).

Ce n'est pas du mercenariat (ou alors tout soldat est par essence un mercenaire, puisqu'il est payé): c'est ainsi que l'armée permanente s'est constituée et a fonctionné de 1444 à 1789.

Certes, celles-ci sont re-entrainées à se battre à la façon milices Suisse (normal puisque elle doivent servir de milices

Gné? "milice", ça veut dire des gens normaux exécutant leur devoir de milice en temps de guerre (comme la réserve citoyenne ou la garde nationale quoi), et théoriquement un temps d'entraînement régulier chaque année: des "temps partiel". Ce qui est formé au Pont de l'Arche, ce sont des unités professionnelles permanentes.

De se fait, les compagnies sont embrigadées "entières" et c'est cela qui donnera la structure de base commandement des armées "régulières" par la suite

Non, les bandes ne se sont pas faites comme ça.

Celles-ci s'adaptent et adoptent aussi la façon de se battre suisse, à l'image des Lansquenets

Les Lansquenets sont une création des Habsbourgs à la base: des unités régulières chargées de se former "à la suisse", précisément pour contrer les Suisses qui avaient fait bobo aux Autrichiens. Bref, c'est le St Empereur qui a créé une unité régulière en allant recruter des braves paysans souabes et bavarois, et en embauchant des instructeurs suisses (avec des adaptations locales mineures).... Comme Louis XI. Sauf qu'à un moment, en fin de conflit, il a pas pu tout garder, et que les unités licenciées ont profité de ce savoir acquis pour aller se vendre ailleurs et commencer un business.

Tu veux absolument essayer d'inventer une "matrice mercenaire" qui aurait vu des groupements privés inventer grades, mécanismes, tactiques et organisation, mais c'est faux. Il y a peu de continuité dans les unités mercenaires "élémentaire" (durées d'existence très courtes, même en Italie), aucune armée mercenaire permanente qui puisse devenir une telle matrice.

Même les suisses forment des bandes de mercenaires et "s'exportent" (et ne sont plus miliciens, du coup).

C'est ce que j'ai décrit plus haut: et en quoi serait-ce un "modèle privé" de guerre? Les mercenaires suisses ne font que former et reformer sans cesse (puisque les groupes qui s'exportent ne durent jamais longtemps: une ou deux saisons de guerre au plus) des unités entièrement calquées sur le modèle milicien, d'ailleurs en l'abâtardisant et en l'appauvrissant tactiquement.

C'est ce j'essaye d'expliquer au début, les compagnies sont, en partie, à la bases des grades actuels

Et ce que je montre, c'est précisément l'inverse: il n'y a pour ainsi dire aucune nouveauté qui vienne d'unités mercenaires, aucune invention, aucune structure, aucune innovation, aucune organisation. Tout connement parce que les unités mercenaires sont pour l'essentiel des unités miliciennes ou "régulières" (sur le moule féodal ou des "suites" de grands personnages) mobilisées plus ou moins longtemps pendant une guerre et qui, en fin de saison de guerre ou surtout à la fin d'un conflit, décident pour une raison X ou Y de ne pas se débander ou rentrer dans leurs pénates (bien souvent parce qu'il n'y a pas de pénates où retourner, mais aussi, souvent, parce que passé un temps, retrouver une "vie civile" est impossible pour des gens trop marqués par la guerre). Ils ne changent rien à ce qu'ils savent faire et vont juste se vendre tels quels ailleurs.

Innovation et changements ont bien plus de chances de venir d'armées régulières, qui, même atrophiées comme les armées féodales, sont les seuls organismes durables permettant d'avoir une mémoire institutionnelle qui apprend de ses expériences, de ses réussites et de ses échecs, et peut capitaliser l'expérience; à un moindre degré, des organisations miliciennes le peuvent aussi. Moindre parce qu'elles sont généralement plus petites, ont moins de temps à consacrer à l'art militaire, et plus encore ont tendance à être spécialisées dans une façon très particulière de faire la guerre, tournée autour d'un type unique de soldat (ou pas beaucoup plus): les milices suisses sont à cet égard exceptionnelles puisque les guerres prolongées contre les Habsbourgs les ont amené à développer un modèle "interarme" et surtout une conception de la tactique, de la manoeuvre, du combat et des opérations (donc une capacité à mener la guerre en général, au sens large: un art de la guerre) à partir de leur modèle milicien primitif (à la base assez commun: des groupes de hallebardiers et des archers arbalétriers, chargés de la défense statique de villages et petites villes). Les Hussites ont pu développer un modèle de guerre original et redoutablement efficace de leur côté, dans des circonstances de conflit prolongé assez analogues. A part ça, peu d'organisations non étatiques ont pu parvenir à ce stade: franchement, au Moyen âge, à part eux, je ne vois que, à un degré un peu moindre, les Almogavres, et plus précisément la compagnie catalane qui, sortie du cadre de la reconquista et des armées des royaumes chrétiens d'Espagne, a commencé à s'autonomiser et à se concevoir comme une entité propre, donc à développer son propre "modèle" pour poursuivre son activité, d'abord en Sicile (à la suite des "Vêpres siciliennes" et de l'éviction des Angevins), puis dans l'empire byzantin. Mais cette compagnie n'a pas fait école, d'ailleurs pas plus que les Almogavres en général (qui étaient une sorte d'infanterie de choc très légèrement équipée qui perpétuait un mode de combat directement hérité des fantassins ibériques.... Et des légionnaires romains).

Donc non, il n'y a rien qui indique le moindre héritage venant de "créations" au sein d'unités de mercenaires. Au mieux, on peut dire que des unités devenues mercenaires ont pu être le vecteur de transmission de certaines structures, de certaines organisations.... D'une région à l'autre. La courroie de transmission, quoi. Mais ça vaut essentiellement pour les Suisses, et dans une moindre mesure les estradiots. Les grades, particulièrement ceux longtemps moins formalisés de sous officiers (les officiers étant pendant longtemps liés à la structure socio-politique de la féodalité), sont plus des transmissions et évolutions au sein des armées permanentes, et on constate d'ailleurs souvent la longévité de beaucoup de noms (même si ce qu'ils représentent change).

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D'où tu tiens ça? Y'a pas une source que j'ai lue (et j'en ai pas mal) qui mentionnerait quelque chose d'approchant . Le recrutement au Pont de l'Arche a été essentiellement un recrutement de groupes existants,

Il y a aussi des traces indiquant un recrutement direct dans la région (par des troupes existantes) , comme c'est souvent l'usage dans les provinces frontières, plus "militarisées" et consciente de la menace de la guerre. Le tout dans des proportions impossibles à connaître. Tout comme le fait de savoir si beaucoup d'entre eux étaient déjà à la base des "gens de guerre" (ayant vu le combat), s'ils étaient tous bleus....

Je ne sais pas ce tu lis, mais ont trouve sur le net ceci:

http://www.cosmovisions.com/LouisXI.htm

L'armée est augmentée et disciplinée: les ordonnances de 1467 et 1469 réorganisent les compagnies d'ordonnance, et la milice des francs-archers qui, n'ayant pas rendu les services qu'on attendait d'elle, est supprimée en 1480 et remplacée par des mercenaires étrangers, principalement des Suisses et des Ecossais

Les mercenaires écossais sont très prisés en France, comme gardes royaux, entre autres.

Ou sur wiki:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bandes_de_Picardie

Au printemps de 1480, Louis XI réunit en Picardie 10 000 aventuriers et 2 500 pionniers, destinés à remplacer la milice des francs-archers et à être entretenus d'une manière permanente.

Cette nouvelle infanterie est envoyée au camp du Pont-de-l'Arche, ou le roi appelle des bandes suisses afin de servir de modèles aux bandes françaises.

Bref, la majorité des recrutés sont étrangers: suisses, écossais (bien qu'il y est des locaux, aussi) !

Comme on le voit dans ce cas précis, le roi dissous la milice (issue de troupes locale et qui ne lui satisfait pas, car taillée en pièce lors de bataille) et la recréé à base de mercenaires étrangers (plus aguérris), comme il est de coutume à cette époque !

Tu veux absolument caser des "compagnies de mercenaires" ayant un format donné et précis, une organisation en place et déterminées (et qui plus est homogène entre elles).... C'est complètement aberrant. Et ce d'autant plus qu'il ne peut y avoir de "conservation des structures de commandement", puisque précisément la formation des bandes -ou enseignes- à partir de 1479

Non, je ne fait que constater, c'est tout !

Voici quelques liens:

http://www.herodote.net/26_mai_1445-evenement-14450526.php

Après la trêve signée à Tours avec les Anglais en 1444, Charles VII et son connétable Arthur de Bretagne, comte de Richemont, peuvent enfin songer à se débarrasser des «Écorcheurs».

Par milliers, ces bandes de mercenaires sans emploi mettent à mal les campagnes françaises, pillant, violant, brûlant, tuant à satiété et, selon les chroniques du temps, commettant des «abominations telles que les Sarrasins ne font pas aux Chrétiens». Elles rappellent les Grandes Compagnies du siècle précédent, que Du Guesclin avait amenées en Espagne se faire tuer.

Tirant parti de ses ressources financières régulières, le roi va les remplacer par une armée régulière. Ce seront les Compagnies d'ordonnance, constituées avec les éléments les plus présentables des bandes d'écorcheurs ! Chaque compagnie est commandée par un capitaine nommé par le roi et comprend cent lances garnies, une lance garnie comprenant six hommes : un homme d'armes en armure, trois archers, un coutilier et un page.

Trois ans après, en 1448, une ordonnance royale prescrit à chaque groupe de cinquante «feux» (autre nom d'une maisonnée ou ménage) de mettre à la disposition du roi un arbalétrier ou un archer. Celui-ci est exempt de taille d'où son nom de «franc-archer». À l'image de l'Angleterre, la France se constitue ainsi une infanterie de francs-archers

Avec sa «gendarmerie» à cheval formées de nobles (les compagnies d'ordonnance), son artillerie et ses francs-archers, Charles VII dispose ainsi de la première armée d'Europe. Il est prêt pour la bataille contre les Anglais encore présents dans le royaume.

sur celui-là:

http://www.cosmovisions.com/ChronoCriminaliteMA02.htm

Lorsque Charles VII eut reconquis la plus grande partie de son royaume et son gouvernement recouvré sa force et sa régularité, d'efficaces mesures furent prises pour délivrer la France des compagnies. Le dauphin, le roi lui-même, en emmenèrent une partie, l'un en Suisse, combattre les cantons au profit de l'empereur Frédéric Ill, l'autre tenter de soumettre Metz révolté contre René d'Anjou. Ce qui fut le plus utile, ce furent les ordonnances et lettres contre le brigandage ou pour le paiement régulier de la solde, des 5 avril, 19 septembre, 22 décembre 1438, surtout la Pragmatique sanction du 2 novembre 1439, sur l'organisation des troupes royales. L'exécution fut immédiate et énergique en Lorraine, dans le centre, en Anjou, en Bretagne, aux environs de Paris, etc. Enfin une ordonnance, publiée à Nancy au commencement de 1445, acheva cette oeuvre réparatrice : la meilleure partie des compagnies qui restaient forma le premier élément des compagnies ordonnances; le reste fut congédié et mis hors du royaume. On était désormais proche de la fin des bandes des routiers. Cependant,  en France, l'entreprise de leur intégration aux armées régulières occupera encore toute la Renaisssance.

ou même Wiki:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Praguerie

En octobre 1439, les États généraux réunis à Orléans réclament qu'on mette fin aux exactions des « écorcheurs », troupes de soldats sans solde qui ravageaient les campagnes et proposaient leurs services au plus offrant. Le 2 novembre, Charles VII répond à leurs attentes par une ordonnance portant réforme de l'armée. Les princes refusent l'ordonnance : ils utilisaient beaucoup ces « routiers » et ne voulaient pas en laisser le monopole au roi et à Richemont.

Ainsi, les bandes/companies de pillards sont soit recrutées (entières) soit chassées hors du royaume!

Son créées avec, des companies d'ordonnances, qui deviennent des régiments d'ordonnances, lointain ancêtres de nos régiments actuels.

Mais cela ne fait nullement diparaitre les milices pour autant, et les 2 systèmes cohabitent un certain temps. Mais au final les milices, ne donnent pas entièrement satisfaction.

les Almogavres, et plus précisément la compagnie catalane qui, sortie du cadre de la reconquista et des armées des royaumes

Mais cette compagnie n'a pas fait école, d'ailleurs pas plus que les Almogavres en général (qui étaient une sorte d'infanterie de choc très légèrement équipée qui perpétuait un mode de combat directement hérité des fantassins ibériques.... Et des légionnaires romains).

V'la que tu nous met une relation entre les légionnaires romains et les Almogavres  :O

Les Almogravres sont des mercenaires, principalement, armés de lances dans leur histoire tardive. A leur débuts ils n'avait même pas d'armure et étaient faiblement armés, se comportant plus en bandes pillards (comme il en existaient partout en Europe). Pas grand chose à voir avec les légionnaires romains (structure, organisation, armement...)

Encore içi, j'y vois une très très lente mutation entre des pillards et une "unité" qui se constitue, et devient plus ou moins efficace, au fil du temps, et servant de modèle (ou d'inspiration) au armées régulières qui vont suivre.

Pour en revenir au mode de recrutement voici un lien interressant:

http://www.fdn.fr/~rebours/armee.htm

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V'la que tu nous met une relation entre les légionnaires romains et les Almogavres  

Les Almogravres sont des mercenaires, principalement, armés de lances dans leur histoire tardive. A leur débuts ils n'avait même pas d'armure et étaient faiblement armés, se comportant plus en bandes pillards (comme il en existaient partout en Europe). Pas grand chose à voir avec les légionnaires romains (structure, organisation, armement...)

Les Almogavres combattent principalement avec des petites javelines (sagettes: 2 à 3 par tête de pipe au combat) et un gros coutelas au contact, et le font de façon très agressive (tactique essentiellement offensive et mobile) et disciplinée (coordination importante), soit un mode de combat très ancien en Ibérie et ailleurs, porté au pinacle par les légions romaines classiques (le duo pila-gladius, c'est exactement ça) et maintenu surtout au sein des troupes légères et médianes romaines ainsi que dans les unités locales (milice, limitaneis) après les IIème-IIIème siècles, qui disparut largement d'Europe après l'antiquité tardive. Je n'invente rien, je constate: c'est un mode de combat extrêmement exigeant, requérant une discipline et un entraînement terrible pour être aussi efficace que ce qu'on pu démontrer les Almogavres de la compagnie catalane. Et il n'y a aucune raison de penser que le savoir-faire n'ait pas duré après la dispararition de l'empire d'occident, surtout dans les zones montagneuses et reculées, pas en contact fréquent avec d'autres et assez autonomes de fait (voir le cas des Vascons/Basques).

Mais cela ne fait nullement diparaitre les milices pour autant, et les 2 systèmes cohabitent un certain temps. Mais au final les milices, ne donnent pas entièrement satisfaction.

Les milices ne disparaissent jamais: la milice des francs-archers, elle, disparaît. Il reste les milices urbaines et les milices provinciales, puis, à partir de François Ier, la milice côtière. Les Francs-archers étaient une institution particulière pour l'armée. Par ailleurs, leur utilité et efficacité sont sujets de débat, puisqu'ils ont donné entière satisfaction dans les années 1440-1450 pour la reconquête de la Normandie et de la Guyenne face aux Anglais, ainsi que plus tard dans les années 1460 dans la guerre de la Ligue dite du Bien Public: Louis XI double leurs effectifs à cette période, jusqu'à 16-18 000h (étant donné le coût politique et financier de l'institution, on ne fait pas ça avec des branleurs), avec un archer pour 50 "feux" -unité fiscale de l'époque, équivalent du foyer fiscal. Il semble d'ailleurs qu'une proportion donnée d'entre eux devinrent à cette période des vougiers, piquiers et guisarmiers (ou hallebardiers), ce qui concourt avec l'emploi qui en est fait puisque les sources évoquent leur rôle dans la mêlée (ce que les archers et arbalêtriers ne font évidemment pas): il est donc probable qu'ils ont du être formés en unités "interarmes" qui tendaient à devenir la norme pour l'infanterie à ce moment en suivant l'exemple suisse. C'est leur comportement à Guinegatte (mais là aussi il y a débat étant donné les circonstances de l'affrontement) qui donna lieu au démantèlement de l'institution, à l'abolition du statut fiscal de "franc archer" et à l'utilisation de la ressource pour former une infanterie permanente dans un effectif semble t-il relativement équivalent (entre 12 et 14 000h).

A noter qu'on est là en 1479, soit presque 40 ans après la création de l'institution: les "archers" qui se comportent mal (ou non) ne sont pas les mêmes que ceux de la guerre du Bien Public, et encore moins ceux de la reconquête face aux Anglais. L'institution avait-elle dégénéré en temps de paix, des citadins aisés cherchant le statut de franc archer pour ne pas payer d'impôt (c'est ce que veut dire "franc" archer: affranchi de l'impôt contre un "impôt en nature" que constitue le service, avec un équipement cofinancé par le groupement de 50 feux)? C'est très possible. Ils réaparaissent partiellement aux débuts du règne de Charles VIII, en 1487, période difficile politiquement (la "régence" des Beaujeu et la "guerre folle" parallèlement à la 2ème guerre de Bretagne), sans doute plus comme un compromis politique avec les élites bourgeoises locales (bref, une exemption fiscale pour un certain nombre de personnes, en échange d'autre chose, notamment une façon de mieux pressurer les non exemptés).

Sur le reste: désolé, je parle de vraies sources (études, livres, sources originales.... Lire Philippe Contamine, André Corvisier, Jean Favier, Jean Flori, Georges Minois, Julien Bély, Colette Beaune, John Baldwin.... Moi je l'ai fait, ce qui fonde un poil mon opinion que j'estime assez éclairée) pas d'articles internet sortis de pas grand chose qui décrètent tout et son contraire, font des raccourcis simplificateurs et des suppositions peu fondées. Je respecte la passion d'individus qui veulent bien faire et aiment le sujet, et il y a toujours des trucs intéressants à glaner ici et là, mais l'histoire est une science. Et mes sources sont cohérentes entre elles et représentent des études plus complètes et critiques. J'ai donc tendance à m'y fier étant donné que j'en ai accumulé pas mal et que ça fait un bail que je me suis documenté sur ces sujets.

Qu'indiquent les sources pour le recrutement de l'infanterie nouvelle à partir de 1479? Et d'ailleurs pour les compositions de troupes françaises et nobiliaires?

- un encadrement nobiliaire issu des compagnies d'ordonnance et, plus largement, des gentilhommes ayant combattu dans la guerre de la Ligue du Bien Public, qui ne sont pas démobilisés: donc sans doute des hommes issus du Ban

- un certain nombre de gentilshommes sans fortune appartenant à l'effectif du rang, et donc sans grade, dont l'effectif est dur à connaître mais qui a du être important étant donné qu'il semble avoir puisé dans la "réserve" du ban et de l'arrière ban, et constituer une sorte de "programme d'aide" (très keynésien :lol:) aux familles nobles en difficulté (la petite noblesse a beaucoup souffert, au global, de la guerre de cent ans et de ses suites, qui fut aussi, outre une période économique difficile, l'occasion d'un grand transfert de richesses vers les "classes nouvelles").

- 4000 Normands levés directement par le roi (région calme depuis longtemps) sont attestés, apparemment essentiellement des volontaires (une des sources est Thomas Basin, chroniqueur d'alors, et détracteur notoire de Louis XI, qui décrit la chose): le volontariat est apparemment la donne majeure de ce contingent

- 2500 "pionniers" (non comptés dans l'effectif des bandes), aussi appelés "gens du camp", qui semblent avoir été l'élément de soutien et d'appui de cette infanterie: musique et signaux? Intendance? Eléments légers (ceux qu'on appelle plus tard "enfants perdus")? Difficile de le savoir mais probablement. Les termes de mineurs, ouvriers et sapeurs existaient déjà et étaient déjà rattachés aux 5 bandes d'artillerie recensées, de même que ceux de charretiers (tringlots, quoi) et de pionniers, donc ces "pionniers" rattachés à l'infanterie sont sans doute des personnels de soutien (mais des professionnels puisque payés à l'année).

- 1500 hommes d'armes des compagnies d'ordonnance (non comptés dans le total des bandes) dédiés à l'appui tactique de ces unités de piquiers, et chargés de pouvoir démonter et combattre à pied à leur côté si besoin est: on y voit plutôt le début d'une spécialisation d'une certaine proportion des lances/compagnies d'ordonnance dans des rôles plus légers et/ou polyvalents que la cavalerie lourde de choc (ce qui sera entériné en 1494 avec la conversion d'une partie d'entre elles en compagnies de chevau légers), voire le début de ce qui deviendra les miquelets, puis les dragons.

- une proportion importante de recrutement régional, donc de Picardie, du Ponthieu, de Champagne et d'Artois (où peu de bandes mercenaires sont signalées), ainsi que d'Ile de France, ce qui est évidemment logique: dans toute l'histoire de l'ancien régime, les provinces de garnison et/ou les provinces frontières pèsent démesurément dans le recrutement (pas de TGV ou d'autoroute à l'époque, donc l'aire de recrutement d'une unité fixe est limitée).

- Philippe de Commynes (conseiller transfuge de Louis XI) recense ainsi 20 000 gens de pieds et 2500 pionniers payés à l'année en 1480, dont 6000 Suisses (les premiers contrats de la monarchie avec les Suisses). Les Suisses ne sont pas comptés dans les bandes françaises (contrairement à ce que tu soulignes) et forment leurs propres unités (et sont toujours comptés comme tels dans les batailles): on retrouve donc encore ce chiffre de 14 000 Français. Ces suisses sont, eux, les "consultants" qui ont aidé à former les premières bandes françaises tout en constituant des unités mercenaires en contrat avec la France (contrats annuels, donc le contingent varie d'année en année, voire disparaît pendant quelques années), ce qui est cohérent avec la suite puisque les Suisses, jusqu'en 1830, n'ont jamais accepté de servir dans des unités étrangères et de toujours fonctionner en unités "nationales" (ou plus exactement cantonnales: même entre eux, ils se mélangeaient peu pour le service armé, tant par impératif de langue, de contrat et de "patron" de référence, que par impératif de solidarités locales aidant à l'esprit de corps). Il y a donc dans l'armée française des bandes françaises, et, au gré des contrats, des bandes suisses, mais aussi "anglaises" et "écossaises", même s'il faut se méfier de ces appellations: la compagnie "anglaise" de gendarmes de la Maison du Roi n'a, sauf à ses tout débuts, quasiment jamais eu d'Anglais, et la compagnie écossaise n'en a plus beaucoup eu après le XVIIème siècle -sauf un bref revival au moment du soulèvement de Bonnie Prince Charlie dans les années 1740.  Très peu de bandes "écossaises" sont signalées à l'époque, et certainement pas dans des effectifs approchant même une part significative des bandes qui sont levées en 1479: d'ailleurs, une telle migration aurait été difficile pour l'Ecosse (très peu peuplée) et aurait défrayé la chronique! Quand un contingent écossais important arrive dans les années suivant Azincourt (précisément quand la compagnie "d'archers" écossais de la Maison du Roi est créée), c'est un événement géopolitique, malgré la faible influence qu'ils auront sur le cours de la guerre (et leur massacre à Verneuil)! Le site auquel tu fais référence mélange le recrutement en général de toutes les troupes auxquelles le roi peut faire appel, et la composition spécifique de chaque unité et type d'unité de l'armée. Les Ecossais et "Anglais" se trouvent dans quelques compagnies d'ordonnances, les Suisses forment leur contingent à part (et sont comptés comme suisses), et plus tard, lors des guerres d'Italie, les lansquenets souabes en feront autant, tout comme les estradiots albano-grecs, les cavaliers croates, et les unités italiennes.

Sur le recrutement régional, il faut aussi comprendre aussi bien la politique intérieure du royaume à l'époque et son fonctionnement fiscal et social: quand Charles VII réorme le ban et l'arrière ban des nobles (la "conscription" féodale) dans 4 ordonnances de 1448 à 1455, il en fait en quelque sorte une réserve militaire (ce que l'arrière ban avait de fait toujours été, sorte de "seconde réserve") et un vivier de recrutement. Louis XI demande plus et rétablit un degré d'obligation militaire, assorti de cadres permanents et "d'inspecteurs" chargés de veiller à la réalité de la disponibilité du vivier. Chaque année, le roi déterminait un besoin, et avec lui, une proportion d'exemptions fiscales et de dispenses, et un recensement exact des fiefs et de leurs revenus. Dans ces réformes du ban et de l'arrière ban, le royaume est divisé en 4 grandes circonscriptions.... Qui excluent étrangement 3 provinces parmi les plus peuplées et importantes: Ile de France, Normandie et Picardie. Aucun devoir de ban et d'arrière ban dans celles là!

Par ailleurs Les effectifs de l'arrière ban ne sont plus astreints à devoir présenter un homme d'armes à cheval (trop cher pour une énorme part de la petite noblesse), mais juste un homme d'arme à pieds équipé en piquier (et aidés par une stipende royale). Une répartition d'un tiers de hallebardiers et de deux tiers de piquiers est devenue l'obligation imposée par Louis XI (imposant donc un entraînement en ce sens si les gars veulent éventuellement un emploi). Malgré tous les problèmes du ban et de l'arrière ban comme institution (et le peu d'empressement du roi à sévir, historiquement, contre ceux qui ne se présentaient pas à l'appel), le réservoir représenté était important: la noblesse représentait environs 2-3% du pays qui compte alors 20 millions d'habitants environs, soient autour de 400 à 500 000 individus. Moins de la moitié sont mâles (donc environs 200 000 pour prendre l'hypothèse basse), et environs 50% sont en âge et en état de porter les armes, pour prendre encore l'hypothèse basse, soient 100 000h. Tous n'en ont pas envie, préférant ou devant se concentrer sur les fortunes de leur famille et de leurs domaines (quand ils rapportent quelque chose et qu'ils en ont un), mais compte tenu de l'état économique de la noblesse au XVème siècle, évoquer un réservoir potentiel de 50-60 000h pour cette partie du ban et de l'arrière ban est sans doute une sous-estimation (ceux qui servent dans les compagnies d'ordonnance, comme cadres de bandes d'infanterie ou comme cadres de milices et de Mortes Payes sont généralement ceux qui n'ont pas de problèmes financiers, étant donnés qu'il s'agit de postes soit chers, soit statiques). La grande majorité d'entre eux sont des cadets (ou encore plus loin de l'aînesse) de famille sans autre avenir que dans l'armée.

On comprend que recruter du cadet de famille ait représenté un vivier important de gens ayant penchant et éducation faits pour la guerre, et un impératif économique de la faire, soit un vivier bien plus important et préférable que n'importe quelle bande "d'écorcheurs" ou vivier mercenaire qui n'était alors en France plus très abondant dans les années 1470-1480, ou n'importe quel contingent étranger qui, quand il atteint des nombres significatifs, est signalé; on a les rôles d'engagement, les contrats, les budgets.... De ces années là. Et les contrats avec des mercenaires s'engageant par "paquets" ou unités constituées seraient immanquablement présents s'ils avaient existé à cette période: or, on ne voit que les Suisses apparaître sur les registres, en plus de quelques unités particulières dans la gendarmerie des compagnies d'ordonnance (où les "Anglais" sont en fait souvent des Ecossais d'ailleurs), soient de ce côté quelques centaines d'individus à tout casser.

Pour les éventuels "écorcheurs" et autre, il suffit de constater, outre toute mention de leur existence dans les rôles d'engagement ou les chroniques au moment du recrutement des bandes d'infanterie initiales, leur absence signalée dans les guerres qui précèdent ou suivent immédiatement la période: la Guerre dite du Bien Public (années 1460), les guerres de Bourgogne (années 1470), la guerre folle et les guerres de Bretagne (années 1480) n'en voient pas dans les troupes ni royales, ni bretonnes, ni bourguignonnes ni de grands féodaux. Où est le fameux réservoir où apparemment on aurait pu puiser à plein? Où sont les groupes de terribles mercenaires constitués en unités si standardisées? Ils n'existent pas, et ceux des années 1430 sont morts ou des vieillards. Tout au plus voit on, côté surtout breton et chez certain féodaux, des troupes d'archers/arbalétriers et de fantassins légers gascons et béarnais, qui sont soldés pour une campagne et levés localement par la petite aristocratie locale qui profite d'une tradition féodale ancienne (analogue à l'obligation anglaise d'un entraînement régulier à l'archerie pour les hommes libres) pour aller faire du pécule. Et comme ailleurs, ces unités sont engagées comme telles et en tant que telles, pas séparées dans d'hypothétiques unités multilingues où on pourrait qui plus est réentraîner à volonté des archers en piquiers ou en hallebardiers (un métier, à cette époque, on l'avait à vie).

Les autres mercenaires sont étrangers, il y en a peu côté royal, et là encore, ils sont en unités "nationales" et généralement employés en spécialités (fantassins légers arragonais, archers anglais, lansquenets allemands. Le reste, dans ces guerres, c'est-à-dire l'essentiel, est surtout fait de levées féodales (ban et arrière ban des grands féodaux de France se soulevant contre le roi), de milices (francs archers copiés en Bretagne et en Bourgogne) ou surtout de troupes réglées (pour la Bourgogne, qui a beaucoup copié la France: compagnies d'ordonnance et artillerie). La guerre de la Ligue du bien public, par exemple, est surtout centrée sur les compagnies d'ordonnance royales et bourguignonnes, et les artilleries des deux camps.

Autres remarques:

- la petite noblesse de l'arrière ban fournit des groupes cohérents via l'existence de solidarités et réseaux d'amitiés et de relations familiales (tout le monde est cousin dans la noblesse d'une zone donnée :lol:) entretenus par ailleurs par le minimum de pratique exigée par le fonctionnement du système (et les "compagnies" théoriques de l'arrière ban constituent en soi un réseau social).

- on est dans un monde médiéval: tout le monde parle son patois, et au mieux, la majorité de la petite noblesse baragouine le français "pur". Les unités sont toujours constituées sur base locale en grande partie pour cette raison (et pour celles d'éventuels liens sociaux préexistants, de solidarité locale, d'esprit de clocher). On parle alors de "nations" (chaque région est une "nation" en ce sens médiéval; ce phénomène se retrouve ailleurs, comme à l'université qui est pareillement répartie en "nations", système qui a disparu en France mais qu'on retrouve encore dans beaucoup de pays d'Europe).

- l'armée espagnole ne procède pas autrement pour son infanterie professionnelle envoyée en Italie après 1492 et la fin de la reconquista: elle maintient les "capitanias" existantes, en grandes parties constituées sur base locale et incluant surtout la petite noblesse désargentée longtemps mobilisée pour la guerre, l'hidalguia, dont les liens et valeurs particuliers sont à la base de l'esprit de corps des futurs tercios.

- comme souvent dans l'histoire de la monarchie, les systèmes de ban/arrière ban deviennent plus des systèmes de recensement et de présélection de candidats pour l'armée (pouvant inclure le recrutement de force), tout comme les milices deviennent des systèmes de mobilisation de groupes constitués pour former une réserve en cas de guerre longue (auquel cas une unité de milice, d'abord mobilisée en tant que telle, s'aguerrira un peu et, si la guerre dure, sera ensuite tirée de sa garnison pour devenir régulière). Le ban et l'arrière ban fournissent eux un système de conscription de la population noble (obligée de maintenir un savoir faire de guerre), dont le roi détermine chaque année l'effectif à fournir (on sélectionne les bons spécimens, ayant "le pouvoir, le vouloir et le savoir de bien servir le roi" selon  l'expression des ordonnances, et les mauvais doivent payer compensation). En effet, en tant que système de mobilisation, cette nouvelle version de l'arrière ban eut des résultats déplorables pour mobiliser des contingents de défense (puisque pour la noblesse, c'était un déclassement que d'être forcés dans des unités de seconde zone, et de fantassins). Sa vraie utilité fut rapidement de fournir un encadrement des milices locales de défense, et de fournir un bassin de recrutement de volontaires (recensés et examinés) pour les unités régulières désormais permanentes: mobiliser une forte proportion de la noblesse dans des unités de "conscrits" fantassins s'est vite avéré impossible, mais en tirer quelques milliers d'hommes (de qualité) pour le volontariat, afin d'obtenir de bonnes recrues professionnelles, là, c'était possible.

Picardie (incluant, comme circonscription fiscale et militaire, le Ponthieu, le Cambraisis, le Beauvaisis), Ile de France et Normandie sont des provinces exemptes du devoir d'arrière ban alors qu'elles sont parmi les provinces les plus peuplées; si l'arrière ban fournissait un réservoir de volontaires partout ailleurs, il n'a pas pu fournir une proportion déterminante (seulement une petite partie des nobles concernés a du avoir la volonté, la possibilité physique -c'est loin la Picardie quand on est toulousain, provençal....- et surtout le besoin d'aller s'enrôler dans des unités de fantassins). En revanche, dans des provinces peuplées, touchées par les guerres récentes et proches de la frontière nord, 14 000 jobs à salaire fixe (60 livres par an pour le hallebardier, soit l'équivalent d'un coutilier ou d'un archer d'ordonnance) qui s'ouvrent d'un coup, c'est une aubaine pour les cadets de famille qui ont là une occasion ET un voyage pas trop long ou coûteux pour s'y pointer. Quand on ajoute la situation politique intérieure juste après la Ligue du Bien Public (une guerre féodale, donc où les féodaux séditieux font appel à leurs vassaux), on voit là l'occasion qu'a saisie Louis XI pour sortir une partie de la jeunesse noble de ses obligations féodales et se la rallier via un emploi.

Enfin une ordonnance, publiée à Nancy au commencement de 1445, acheva cette oeuvre réparatrice : la meilleure partie des compagnies qui restaient forma le premier élément des compagnies ordonnances; le reste fut congédié et mis hors du royaume. On était désormais proche de la fin des bandes des routiers. Cependant,  en France, l'entreprise de leur intégration aux armées régulières occupera encore toute la Renaisssance.

Ainsi, les bandes/companies de pillards sont soit recrutées (entières) soit chassées hors du royaume!

Beaucoup d'amalgames et de confusion, et surtout une erreur majeur sur la compréhension de l'armée "de transition" qui mène la guerre de cent ans après Azincourt: ce terme "compagnie" est décidément trop interprété et surinterprété, supposant une espèce de moule mercenaire de la guerre alors qu'il n'en est rien. C'est juste que tout groupe armé, quel que soit son type ou son appartenance, était appelé "compagnie", ou parfois "bande". Le seul point commun était qu'une compagnie était commandée par un "capitaine", titre qui valait anoblissement (ou permettait d'essayer d'en négocier un) pour ceux qui n'étaient pas nobles, une place à la table des grands, une position de négo....

Et une compagnie pouvait aussi bien avoir quelques centaines de gars que quelques milliers, une structure (très relative) de sous-unité ou pas, des tas de brigands sans grande valeur militaire comme des professionnels (pas forcément plus honnêtes) aguerris, ou plus généralement un mix de tout ça (beaucoup de capitaines essayant de recruter du nombre au moment de négocier avec le roi ou un féodal, pour faire gonfler la note sans réellement augmenter la valeur militaire de leur troupe). Une des plus importantes bandes d'écorcheurs fut ainsi celle de Caboche, instigateur de la "révolte des cabochiens" dans le Paris des années 1410 (avant et après Azincourt), pendant les affrontements entre Armagnacs et Bourguignons; ces écorcheurs étaient pour l'essentiel la corporation des bouchers de Paris, la "grande boucherie" (une des corporations les plus riches), accompagnés de hordes de garçons bouchers et d'une partie des bas fonds de Paris. D'autres "bandes" et "compagnies" de cette sorte existèrent partout: étudiants (très agressifs et violents au Moyen Age), corporations de métiers en révolte fiscale, malfrats profitant du bordel.... Et représentent une bonne partie des fameux "écorcheurs", sinon même leur immense majorité (le terme étant assez générique), le plus souvent dans des émeutes et soulèvements urbains sanglants (les cabochiens allèrent d'ailleurs faire le siège de plusieurs villes des environs de Paris).

Les mercenaires démobilisés (ou des chevalier sortant de l'appel du ban) ne représentent qu'une toute petite partie de ces effectifs (ce que ne peut que confirmer la faiblesse des effectifs des armées au XVème siècle). Et il n'y a aucune bande ou "compagnie" durable formant des unités constituées; essentiellement des petites bandes armées, ne dépassant sans doute jamais la taille d'une petite section: la difficulté de vivre sur le pays à cette époque (qui interdit le maintien de grandes formations: faibles densités d'habitation, villes fortifiées, faiblesse des stocks alimentaires, "petit âge glaciaire", épidémies....) en serait la première explication, la faiblesse des effectifs professionnels démobilisés étant la seconde (enlève les milices locales -qui font "nombre"-, les suites de grands féodaux, une proportion importante de nobles pouvant vivre par leurs propres moyens, et surtout les pertes nobiliaires -prisonniers et morts- qui constituent l'essentiel des effectifs et pertes dans la 2ème partie de la guerre de cent ans, et ça file vite, surtout quand les totaux d'armées sont déjà limités: 17-20 000 français à tout péter à Azincourt, 15 000 environs à Verneuil, 10 000 à Patay).  

On est loin de l'épisode exceptionnel des "Tards Venus" dans les années 1360-1365.

Une compagnie pouvait aussi bien être "au roi" qu'à un féodal, être une compagnie de l'Ost féodal que de la milice, d'un mercenaire pur et dur louant ses services, ou d'un entrepreneur de guerre stipendié et commandité par le roi (moins du mercenariat que de l'outsourcing militaire, le type n'étant pas habilité à aller se vendre ailleurs: à rapprocher du corsaire? C'est en tout cas le modèle plus fréquemment trouvé dans cette "armée de transition" des années 1415 à 1430, et qui évoluera vers le système de la vénalité).

Mais quand Charles VII fait sa sélection dans ce vivier de groupes et individus armés (dont beaucoup sont des nobles soit contraints à la guerre par le bordel ambiant, soit qui ne se sont jamais débandés après leur fin de période de mobilisation dans l'host, cherchant dans la guerre un moyen de subsistance, d'avancement, ou simplement d'accomplissement), il ne recrute pas des "unités formées": il établit un standard d'unité opérationnelle (la lance à 6h dont un homme d'arme et un coutilier/écuyer qui en sont le pivot, la compagnie d'ordonnance à 100 lances, les commandements répartis à l'aînesse d'âge, de fortune et de rang, de façon fixe) dans lequel ces hommes sont contraints, et qui plus est ce système est aussi un système d'organisation politique, régional et local, les compagnies étant rarement toutes concentrées en un endroit et plutôt réparties dans divers points clés et forteresses de garnison, et les lances elles-mêmes étant rarement rassemblées en compagnie (sauf en temps de guerre et à des intervalles réguliers dans l'année, pour besoins d'entraînements fixés par ordonnance).

Et plus encore, il ne faut pas y voir des unités durables (première condition d'une évolution militaire permettant de capitaliser l'expérience et d'innover), mais des rassemblements temporaires (avec une tendance au fil de la guerre de cent ans à rassembler des individus, eux, expérimentés: les unités, elles, durent rarement), et surtout pas des "armées privées" ou des unités strictement mercenaires: ce sont des chefs employés par le roi et officiers du roi qui sont chargés de trouver du monde (être recruteur fait partie de la charge d'un officier à cette époque). A partir de Du Guesclin, le roi a eu tendance à maintenir et financer un noyau permanent d'armée de manoeuvre (quelques milliers d'hommes au début à tout péter) en plus de sa "suite" militaire personnelle (comme les grands féodaux, ce qui allait devenir la Maison du Roi). Est-ce une armée privée? Oui si on considère le roi comme un personnage privé (c'est ainsi que la culture féodale voudrait le voir: le simple "premier parmi les pairs"), et la seule armée nationale légitime au regard de cette conception, c'est la "réunion des volontés et solidarités" que constitue l'Ost, mobilisation générale des nobles et des milices locales sur un front donné.

A ce moment, si on prend cette conception, la seule armée privée qui a effectivement entamé un processus d'innovation et de capitalisation de l'expérience, c'est celle du roi, qui, une fois la prééminence acquise, s'est affirmée comme la seule force légitime du royaume en étant la seule permanente. Mais c'est en son sein que l'innovation s'est faite, que l'expérience s'est accumulée, que les formes d'unités les plus efficaces se sont définies et ont été imposées comme standard à suivre, et, pour recoller au sujet, que la hiérarchie militaire s'est définie. Tout connement parce que c'est la seule qui durait assez longtemps pour pouvoir organiser un tel processus. Mais aussi, pour la hiérarchie, et surtout la répartition officiers/sous-officiers, parce qu'elle était le lieu des rencontres, confrontations et interactions sociales et politiques d'une société de classe.

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Les sources internets ne sont pas en contradictions avec ce que tu décris, ci-dessus, issus d'historiens, et même eux sont parfois en désaccords sur certaines interprétations des faits et des écrits (pas forcement sur le sujet qui nous interesse, içi). ;)

Pour les écossais ou les suisses, je ne sait combien il y en avaient (j'y était pas, et n'ai pas cherché plus d'infos :P) mais ils ne venaient pas forcement de leurs pays directement, les conflits ne manquaient pas sur le continent.

C'est juste que tout groupe armé, quel que soit son type ou son appartenance, était appelé "compagnie", ou parfois "bande". Le seul point commun était qu'une compagnie était commandée par un "capitaine", titre qui valait anoblissement (ou permettait d'essayer d'en négocier un) pour ceux qui n'étaient pas noble, une place à la table des grands, une position de négo.... Et une compagnie pouvait aussi bien avoir quelques centaines de gars que quelques milliers, une structure (très relative) de sous-unité ou pas, des tas de brigands sans grande valeur militaire comme des professionnels (pas forcément plus honnêtes) aguerris, ou plus généralement un mix de tout ça. Une compagnie pouvait aussi bien être "au roi" qu'à un féodal, être une compagnie de l'Ost féodal que de la milice, d'un mercenaire pur et dur louant ses services, ou d'un entrepreneur de guerre stipendié et commandité par le roi (moins du mercenariat que de l'outsourcing militaire, le type n'étant pas habilité à aller se vendre ailleurs: à rapprocher du corsaire? C'est en tout cas le modèle plus fréquemment trouvé dans cette "armée de transition" des années 1415 à 1430, et qui évoluera vers le système de la vénalité).

Je suis d'accord, c'est exactement de cela que je parle, et (à mon sens) ce sont ces bandes/compagnies qui vont constituer la "matière première" des toutes neuves "unités": les compagnies d'ordonnances (mi-XV°s), elles même "socle", de la "nouvelle" armée régulière que nous verrons fin XV° début XVI°s.

Les rois vont remodeler ces unités "ex-pillardes", les réentrainer, recadrer, fusionner ou réincorporer avec d'autres unités (milices...).

Au point que, les ex-mercenaires y faisant partie n'étant pas éternels, leurs passés sulfureux originel va s'y estomper peu à peu.

Bien entendu, il y a de nombreux "volontaires" locaux (pour pas dire "aventuriers" ou "mercenaires") qui vont venir, dont beaucoup "d'étrangers" au début (la notion de pays/nation ne fait que débuter timidement dans les mentalités).

Et pour ces companies d'ordonnances et autres bandes "régulières", le recrutement s'individualise et se localise fortement, bien que certaines bandes/compagnies s'y recrutent encore de temps à autres, mais de moins en moins, le recrutement local augmentant.

C'est ainsi que peu à peu, les unités d'ordonnances prennent le pas sur les milices.

Enfin bon, tout est une question de point de vue (et le tiens est tout à fait respectable et défendable ;)), et je pense que nous avons (ou plutôt: j'ai) tout dit et je n'insisterai donc pas.

PS:Tu as mentionné les corsaire, c'est très pertinent, les soldats mercenaires pouvaient devenir "réguliers" ou "irréguliers" au même titre que les marins passer de corsaires/pirates/Royale, il n'y avait pas des cloisonnement stricte à l'époque, un groupe, un équipage entier ou un individu seul, pouvaient fort bien passer de l'un à l'autre, sans changer ses habitudes de vivre/combattre!

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Les sources internets ne sont pas en contradictions avec ce que tu décris, ci-dessus

Si, justement: j'ai édité mon post ici et là pour mieux le montrer.

les écossais ou les suisses, je ne sait combien il y en avaient (j'y était pas, et n'ai pas cherché plus d'infos ) mais ils ne venaient pas forcement de leurs pays directement, les conflits ne manquaient pas sur le continent

Moi, j'ai regardé, justement, et longuement, ces sujets, et c'est pourquoi je signale précisément plusieurs faits:

- les unités sont recrutées sur base régionales, essentiellement en raison des solidarités locales, de la proximité géographique (voyager, c'est long, dur et cher à l'époque) et de la contrainte linguistique, ce qui fait qu'il ne peut y avoir, ou très peu, d'étrangers dans cette nouvelle infanterie (ni même tant que ça d'étrangers aux provinces de cantonnement).

- les non ressortissants du royaume sont enrôlés comme tels: comme unités à part, d'abord et avant tout parce qu'ils se vendent comme tels (un entrepreneur de guerre ramène des gens de son coin, parce qu'il recrute plus facilement en terrain connu), ensuite et toujours en raison de la barrière linguistique et des solidarités et confiances locales, enfin parce que des unités se vendent toujours comme des spécialités militaires (archers, arbalétriers, piquiers....). L'époque a certes peu de conscience nationaliste (quoique là on est APRES la guerre de cent ans qui est le creuset des consciences nationales française et anglaise), mais a une très forte conscience d'appartenance à une "nation" (une région culturelle/linguistique, quoi).

- le cas des Suisses a été développé dans mon post précédent: ils ne s'enrôlent jamais dans des unités étrangères, toujours en unités constituées et appelées "Suisses" ou "bandes Suisses" dans les rôles d'engagement français

- les soldats ne changent pas de métier à cette époque (et assez difficilement encore aujourd'hui): on ne réentraîne pas des archers en piquiers.... Ce ne sont pas des trucs polyvalents qu'on verse d'un emploi à l'autre au gré des besoins. Les savoirs-faires s'acquièrent difficilement et se gardent et s'affinent au cours d'une carrière, surtout chez des gens peu éduqués et qui plus est contraints par des barrières linguistiques (qui limitent les horizons pour changer d'unité), et c'est encore plus vrai pour les unités permanentes qui doivent garder leur cohésion et leurs dynamiques.

- il n'y a pas, en 1479-1480, d'effectifs significatifs de soldats démobilisés, en bandes organisées ou non.

- les autres guerres en Europe sont aussi relativement bien connues, et on ne voit pas de hordes d'Anglais ou d'Ecossais aller se vendre partout (la petite aventure de la compagnie blanche de John Hawkwood en Italie est un one shot, où il y a d'ailleurs assez peu d'Anglais). Dans les années 1470-1480, les Suisses ne sont pas encore un produit d'exportation massif (le roi de France est le premier à les employer d'ailleurs): les 6000 Suisses engagés pour la formation de l'infanterie française en 1479 sont en plus de l'effectif de 14 000h qu'ils encadrent (des Français) et n'ont pas vocation à combattre dans les mêmes unités, mais à rester dans les leurs.

Les bandes de fantassins français recrutées en 1479 (10 à 14 000 fantassins et 2500 "pionniers" pour le soutien), désolé de le dire encore, sont des Français, essentiellement de Normandie, d'Ile de France et de Picardie (plus un volant indéterminable de cadets nobles contraints de s'engager et venus d'un peu partout, même si principalement des régions citées), qui sont entraînés par des Suisses et encadrés par des aristos professionnels de la guerre. Et personne n'est engagé en unités constituées qui amèneraient des structures et organisations préexistantes. Les sources et analyses existantes indiquent le contraire, et la logique tend à confirmer le fait.

Je suis d'accord, c'est exactement de cela que je parle, et (à mon sens) ce sont ces bandes/compagnies qui vont constituer la "matière première" des toutes neuves "unités": les compagnies d'ordonnances (mi-XV°s), elles même "socle", de la "nouvelle" armée régulière que nous verrons fin XV° début XVI°s.

Sur ce plan, peut-être: mais ce que le roi recrute pour la formation des compagnies d'ordonnance, ce sont les individus (les plus aptes et les moins séditieux, cad entre autre ceux qui se comportent le moins comme "mercenaires"): il ne recrute pas d'unités constituées puisqu'il forme alors des unités d'un nouveau type. Il se contente de puiser, dans le courant des années 1430-1440, dans le réservoir des gens de guerre disponibles, qui étaient d'ailleurs pour l'essentiel des féodaux et ses propres troupes professionnelles qu'il soldait lui même. Il a commencé par former 15 compagnies, soient 1500 lances de 6 hommes (dont 1 homme d'arme et un coutilier -équivalent non noble, ou pas toujours noble- et 2 hommes de traits), donc environs 9000h (dont 7500 combattants), plus une bande d'artillerie (de 500 à 800h, la plupart n'étant pas des combattants) et environs 2000h pour les compagnies de Mortes Payes (des lances plus petites, avec une bonne proportion de vétérans commençant à vieillir), en même temps que commençait la période de formation des 8000 francs archers (dont la plupart n'étaient pas des professionnels: il aurait d'ailleurs été bien en peine de trouver une masse pareille de gens de guerre dans le royaume s'il avait voulu recruter des pros). Et ce total pas énorme représentait déjà la très grande majorité de la main d'oeuvre militaire en France, en plus de la partie du ban et de l'arrière ban qui prenait ses devoirs au sérieux. Pas un réservoir énorme de bandes armées à cette époque.

Juste pour dire que la création de l'infanterie, comme d'ailleurs des compagnies d'ordonnance, n'est pas une transposition d'unités "privées" apportant une organisation. L'infanterie s'est formée ex nihilo sur le modèle des milices cantonnales suisses avec une organisation créée sur place pour l'encadrement (concoctée par le Sire d'Esquedres, officier du roi en charge de l'opération et qui a donc mis en place une adaptation du système suisse à la mentalité des officiers français et à la nature des opérations de guerre françaises -différentes des Suisses), à partir de quoi elle a entamé son évolution propre. Les compagnies d'ordonnance, elles, constituent en tant qu'unités une synthèse des apprentissages des années 1420-1430 et des évolutions de la petite armée royale à cette période (surtout pendant la campagne de la Loire) et de ses capitaines (Dunois, La Hire, Xaintrailles essentiellement). Peu de sous-offs dans les lances d'ordonnance: ce ne sont pas encore des unités organisées de telles façons, et plutôt des "unités d'officiers", quoique de facto, les "archers" montés de ces lances aient du improviser leur propre façon de fonctionner étant donné qu'en opérations, les lances se séparaient avec les hommes d'armes allant se regrouper entre eux pour former des unités de cavalerie lourde, et les archers allant opérer ensemble.

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j'ai lu avec attention vos posts ,et en tant que Picard sa m'a intéressé vos discussions sur les bandes de Picardie entre autres (à la fierté de sa région quand tu nous tiens  :lol:  =D ) .

faut-il que j'ouvre un nouveau file pour avoir disons un plus grand éclaircissement sur les bandes de Picardie ?

le file du style :"s'était quoi la vie d'un soldat des bandes de Picardie "(un peu dans l'optique du file "s'était quoi la voie d'un soldat à l'époque Napoléonienne" que j'avais ouvert ,et ou j'y avais apprit énormément  =D ) .

merci d'avance  =)

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j'ai lu avec attention vos posts ,et en tant que Picard sa m'a intéressé vos discussions sur les bandes de Picardie entre autres (à la fierté de sa région quand tu nous tiens  :lol:  =D ) .

faut-il que j'ouvre un nouveau file pour avoir disons un plus grand éclaircissement sur les bandes de Picardie ?

le file du style :"s'était quoi la vie d'un soldat des bandes de Picardie "(un peu dans l'optique du file "s'était quoi la voie d'un soldat à l'époque Napoléonienne" que j'avais ouvert ,et ou j'y avais apprit énormément  =D ) .

merci d'avance  =)

GRRRR je suis bourguinon  :oops:

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bon vos échanges sur les grandes compagnies ne sont pas dénués de tout intérêt mais m'éclairent peu sur mon sujet : " la sélection et la formation des sous-officiers du XVIIè s à 1945 (à l'exclusion des appelés promus sergents pendant leur temps de service ou en cas de mobilisation)".

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@ aigle

Peut-être trouveras-tu ton bonheur avec ces récits.

L'infanterie du roi de France à la mort de Louvois

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1996_num_15_1_1852

La question sociale dans l'armée française au XVIIe siècle

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1948_num_3_2_1617

La Compagnie écossaise des gardes du corps du roi au XVIIIème siècle : recrutement et carrières

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1984_num_3_1_1351

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