Aller au contenu
AIR-DEFENSE.NET

Santé publique ressource stratégique?


rendbo
 Share

Messages recommandés

Les femmes médecins toujours plus nombreuses

file6rl8rnn5hi81ixb5vf1e.jpg?itok=Kupy_x

En force dans le système de santé, elles sont encore minoritaires aux commandes. Un symposium, tenu à Berne cette semaine, s’est penché sur les différents aspects de la féminisation de la médecine.

Deux dates. En 1864, l’Université de Zurich est la première en Suisse à ouvrir les études de médecine aux femmes. En 2015 (et au-delà), une majorité d’étudiantes (5732 pour 4209 collègues masculins) entament des études de médecine dans les facultés de Suisse. Si les femmes ont toujours occupé une place de choix dans les soins (infirmiers surtout), elles sont désormais en nombre de plus en plus élevé à embrasser la profession de médecin. Avec quelles conséquences? L’égalité est-elle acquise? Pratiquent-elles autrement? Quels sont les obstacles qui freinent leurs carrières?

Un symposium sur ce thème, organisé le 23 janvier à Berne par Forum Santé, a réuni près de 200 participants. Si les femmes «sont parties à la conquête du système de santé» – titre donné à cette journée ouverte par le président de Forum Santé Jacques de Haller, seul orateur masculin – ce n’est clairement pas dans un esprit guerrier mais au contraire constructif. Ce qui n’exclut pas la fermeté des revendications.

À terme, la féminisation devrait bénéficier en priorité aux patients. Pas forcément parce que les femmes sont meilleures médecins que les hommes, comme l’avait affirmé une étude américaine publiée fin 2016, en créant la polémique. Comparant le taux de mortalité de patients âgés admis aux urgences, l’étude avait révélé qu’il était légèrement inférieur chez les personnes prises en charge par des docteures.

Des soins adaptés au genre

C’est en pratiquant une médecine qui tient compte du sexe (données biologiques) et du genre (facteurs socioculturels), longtemps négligés, que les thérapies gagneront en efficacité. Cette approche, développée prioritairement par les femmes depuis plusieurs décennies, a mis le doigt sur les biais et les stéréotypes induits par une vision thérapeutique basée quasi exclusivement sur le modèle masculin dominant.

Exemple: les maladies cardio-vasculaires. «Nous savons aujourd’hui que si le taux de mortalité des femmes est plus élevé, c’est que la pathologie n’est souvent pas détectée ou prise en charge tardivement. Pourquoi? Parce que les symptômes, plus diffus, moins visibles, ne sont pas les mêmes que chez les hommes», a expliqué lors du symposium le Dr Vera Regitz-Zagrosek, directrice de l’Institut d’études des genres en médecine de l’Hôpital universitaire de Berlin. L’insuffisance cardiaque, en revanche, touche davantage les hommes. «On a identifié le rôle protecteur des œstrogènes, ce qui a permis de développer une substance jouant le même rôle et qui peut par exemple être administrée aux hommes.»

Sensibiliser les étudiants

Différents projets pilotes en médecine de genre (GENCAD) ont été mis sur pied par l’Union européenne. Dans le domaine de la recherche en médicaments, la nécessité de tester les substances sur des animaux des deux sexes et ensuite d’effectuer des études cliniques sur des patients masculins et féminins est aussi désormais la règle.

Pour Carole Clair, médecin cadre à la Policlinique médicale universitaire de Lausanne (PMU), il est très important d’intégrer dans l’enseignement les nouvelles connaissances scientifiques qui découlent de la médecine liée au sexe et au genre. Elle évoque le projet de réforme pour le cursus des étudiants en médecine à l’UNIL. «Il touche au contenu et à la forme, avec le développement d’outils pédagogiques neutres et égalitaires. Les Profiles, par exemple, qui définissent les objectifs d’apprentissage au niveau national pour les études de médecine, ont été modifiés. Ils mentionnent la nécessité de prendre conscience des biais induits par l’âge, le genre, l’origine, la culture, des facteurs qui influencent les choix thérapeutiques.» L’École de médecine s’est dotée d’une commission médecine et genre. «La sensibilisation des étudiants-e-s à la problématique du genre se fait en les confrontant à des situations cliniques avec des patients hommes et femmes ayant les mêmes pathologies, mais pour lesquels les thérapies ne sont pas forcément identiques.»

«J’ai failli lâcher»

Tôt impliquée dans la recherche, sur le tabagisme notamment, Carole Clair, membre du conseil de direction à la PMU, a mené de front une carrière exigeante et la mise au monde de trois enfants. «Le plus difficile a été de ne pas laisser tomber. Entre 30 et 40 ans, lorsque les défis se présentent, envisager le temps partiel est pénalisant. Surtout quand les collègues masculins s’investissent à 100% et que leur épouse gère tout le reste. Il y a eu des moments où je voulais tout lâcher.»

Des crèches, des horaires flexibles, une certaine marge de souplesse dans l’organisation du travail restent des revendications toujours actuelles, dans le monde médical comme ailleurs. En Suède, où médecins hommes et femmes sont quasi égaux en nombre (50% et 50%), un congé parental de dix-huit mois payé à 90% est octroyé (à partager entre les parents), de même que la possibilité pour l’un ou l’autre de travailler à 75% jusqu’à ce que l’enfant ait 8 ans. «Mais même chez nous, relève Heidi Stensmyren, médecin anesthésiste et présidente de l’Association des médecins de Suède, 82% des jours de congé parental sont utilisés par les femmes.»

24Heures.ch

 

«Il faut favoriser la souplesse dans les horaires»

cett-bandeau-peters-petite.jpg
Professeur Solange Peters
Cheffe du service d’oncologie médicale du CHUV, présidente élue de la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO)

Vous juxtaposez trois chiffres significatifs: 60% de femmes assistantes au CHUV, mais seulement 27% deviennent cadres et 12% professeure. Quels sont les obstacles ?
La majorité des femmes mentionnent la difficulté de concilier vie professionnelle et privée. Car entre 30 et 40 ans, c’est à la fois le moment où une femme peut envisager une perspective de famille et celui où se décide une carrière académique ou une prise de responsabilité. Or avec l’arrivée des enfants, le partage des tâches au sein du couple et la distribution des activités domestiques changent significativement.

Justement, il y a cet incontournable, dites-vous: les femmes deviennent mères et restent le pilier de la famille et de la maison. Comment gérer au mieux ?
En continuant à agir sur les perceptions. Pourquoi un homme à temps partiel est-il souvent déconsidéré? Et une mère un peu moins présente qualifiée de mauvaise mère? Il faut favoriser la souplesse dans les horaires, mettre en place des garderies et des facilités d’organisation. Nous devons valoriser nos atouts de femmes, avec nos différences.

Votre conseil aux jeunes femmes: s’entourer de mentors et de sponsors. Pour quel rôle ?
Le mentor conseille, guide, soutient, enrichit vos connaissances. Le sponsor vous rend visible, vous fait connaître, vous propose. Le premier parle avec vous, le second parle de vous.

Vous présidez le comité Femmes en oncologie au sein de l’ESMO, la plus importante société d’oncologie médicale d’Europe. Vos objectifs ?
Faire apparaître les femmes sur le devant de la scène, favoriser la parité sur la liste des intervenants lors de congrès et dans les organes dirigeants des associations internationales. L’ESMO n’a pas introduit de quotas, mais se veut incitative. Quand on veut et que l’on cherche, on trouve toujours les spécialistes féminines ayant les compétences requises.

24Heures.ch

  • J'aime (+1) 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

2 remarques sur la féminisation de la médecine :

Elle est en partie à l'origine de la carence médicale actuelle : le nombre de médecins actuel a été calculé indépendamment du fait que les femmes choisissaient Des postes et des horaires compatible avec une vie de famille.

Cet article est politiquement correct (ou les suisses sont plus clean ?) car il ne mention pas le boycott exercé sur les femmes spécialistes en formation qui avaient l'outrecuidance de déséquilibrer l'organisation d'un service hospitalier en ayant des enfants :dry:

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Ehpad, hôpital : prendre soin de ceux qui nous soignent… et puis quoi encore ?

Les patients ne sont pas disposés à entendre la lassitude ou l'épuisement du personnel de santé. La grève nationale dans les établissements pour personnes âgées vient leur rappeler cette réalité.

aide-soignante-patiente-lit.jpg

Les soignants sont là pour soigner ; qu’ils ne viennent pas nous ennuyer avec leurs problèmes personnels… encore moins lorsqu’on a besoin d’eux ! C’est ce que pensent la plupart des patients. Les professionnels de la santé sont pourtant plus exposés au burn-out que d’autres, mais leurs appels à l’aide sont peu entendus.

On l'a mesuré à la sidération provoquée par le geste fatal d’un médecin à l’Hôpital européen Georges Pompidou (HEGP) en 2015, ou celui de cette infirmière qui s’est suicidée en 2017 dans son bureau d’un autre hôpital parisien. Cette fois, c'est l'épuisement des aides-soignants qui s'invite dans l'actualité, à travers une grève d'ampleur inédite dans les établissements pour personnes âgées, les Ehpad, ce 30 janvier, dans toute la France.

Si la société est peu disposée à ouvrir les yeux sur les fragilités des soignants, il faut reconnaître que les torts sont largement partagés. Car les soignants, en réalité, se plaignent rarement, que ce soit en maison de retraite ou à l'hôpital. Les témoignages rassemblés par un médecin, Valérie Auslender, dans son livre Omerta à l’hôpital (Michalon), font figure d’exceptions. Une centaine d’élèves infirmiers, aides-soignants ou internes en médecine y révèlent en effet les maltraitances infligées par leur hiérarchie. Signe d’un changement des mentalités dans la nouvelle génération ?

LE SILENCE DES MÉDECINS

Plus encore que les autres soignants, les médecins respectent un devoir de réserve digne des militaires, alors que rien ne les y oblige, eux, dans leur statut. De fait, on leur interdit d’avoir besoin d’aide et encore plus, d’en demander. Ce silence est imposé par des normes culturelles implicites, très contraignantes, qui « formatent » les praticiens. Il participe de l’acculturation qui transforme un individu lambda en médecin, comme je le montre dans une étude de 2015 consacrée aux non-dits de la formation des médecins.

Ces normes sont constituées par un ensemble de comportements évidents aux yeux des étudiants et des enseignants mais non explicités, décrit dans la littérature scientifique comme un « cursus caché » (en anglais, hidden curriculum).

Venant compléter la formation officielle universitaire et clinique, ces commandements peignent les contours du « bon » médecin. Le « bon » médecin ne se trompe pas, il n’hésite pas, il ne se dispute pas avec ses collègues ni avec ses patients et il ne se fatigue pas, même s’il travaille 30 heures d’affilée sans dormir. Surtout, il n’est pas sujet aux émotions malgré sa proximité avec les souffrances des patients et les soins qu’il est amené à leur prodiguer. Autant de règles non écrites qui l’empêchent de reconnaître les signes d’un épuisement professionnel.

LES PREMIERS CAS DÉCRITS DE BURN-OUT

Les métiers du soin sont pourtant les premiers dans lesquels les cas de burn-out ont été décrits par les chercheurs, dès 1974. On tend à l’oublier, dans une époque où chacun se considère menacé par ce syndrome, quelle que soit sa profession. Le burn-out est en effet devenu un sujet de conversation, de réflexion et de revendication.

Les travaux se multiplient pour en améliorer la compréhension, la définition et la prise en charge. L’Assemblée nationale a ainsi créé une mission d’information sur le burn-out, qui a rendu son rapport le 15 février 2017.

Avant de revenir sur le problème spécifique des soignants, il convient de comprendre comment le diagnostic de burn-out est posé. Cet état est apprécié, le plus souvent, par une grille d’évaluation aussi controversée que largement utilisée, le Maslach Burnout Inventory (MBI). L’outil comporte trois dimensions qu’on peut retrouver associées chez un même individu, avec pour chacune des taux forts, moyens ou bas : l’épuisement émotionnel ; une dépersonnalisation ou la déshumanisation faisant percevoir les personnes pour et avec qui on est censé travailler comme des objets, voire des problèmes ; une baisse de l’accomplissement personnel dans l’exercice de sa profession.

LES GÉNÉRALISTES PLUS TOUCHÉS QUE LES AUTRES

Il existe donc trois niveaux pour chacun des trois critères, d’où de multiples combinaisons possibles, produisant des tableaux assez différents. La parfaite santé est représentée par un taux faible dans les trois registres. Et la pathologie avérée, par un taux fort dans les trois. Entre ces deux extrêmes, les scientifiques qui étudient le phénomène peuvent placer le curseur à des niveaux variables.

Ces différences de paramétrage sont probablement en cause dans la grande variabilité des chiffres de burn-out énoncés. Si le chercheur se fixe comme critère un taux élevé pour seulement un critère sur les trois possibles, les résultats atteignent parfois des proportions de burn-out supérieures à 50 % de la population étudiée. S’il exige des taux élevés pour les 3 critères, on trouve encore des chiffres importants mais sans doute plus réalistes, inférieurs à 10 %.

Quel que soit l’instrument de mesure, les soignants se montrent particulièrement touchés. Déjà en 2007, dans l’étude que j’ai menée auprès de 10 000 médecins libéraux d’île-de-France (parmi les 24 000 recensés par l’Union régionale des médecins libéraux), 53 % d’entre eux se déclaraient menacés par le burn-out. Le chiffre montait à 60,8 % pour les généralistes.

L’enquête nationale réalisée auprès de médecins et de pharmaciens hospitaliers par des chercheurs de l’hôpital parisien de l’Hôtel-Dieu, l’étude SESMAT, publiée en 2011, a montré une proportion de burn-out de 42,4 %.

7 % DE BURN-OUT CHEZ LES INTERNES

Une étude nationale, menée en 2010 auprès de tous les étudiants internes en médecine générale, a suscité une forte participation (les deux tiers), permettant d’analyser 4 050 réponses sur un total de 6 349 internes. Les résultats ont montré un fort épuisement émotionnel chez 16 % d’entre eux ; une forte dépersonnalisation chez 33,8 % ; un faible accomplissement personnel chez 38,9 %. Les scores sur ces trois critères atteignaient le niveau fort chez 7 % de ces internes.

Rappelons que les médecins ont un risque de suicide 2,3 fois plus élevé que les autres professions, selon l’étude réalisée par le Dr Yves Léopold, publiée en 2008 dans la revue de formation médicale Le Concours médical.

Enfin une étude réalisée dans 12 pays européens et publiée en 2008 par une équipe britannique, l’étude EGPRN, a montré que l’intensité du burn-out chez les médecins généralistes n’est pas une particularité française. Chez les praticiens interrogés, 43 % déclarent un fort épuisement émotionnel, 35 % une forte dépersonnalisation et 32 % une forte baisse de l’accomplissement personnel. Au total, 12 % déclarent un score fort dans les trois dimensions. Surtout, on observe des variations selon les pays, suggérant que le contexte national joue sur la santé mentale des médecins. Et qu’en améliorant l’un, on peut améliorer l’autre.

LE BIEN-ÊTRE DES SOIGNANTS, CONDITION DE LA QUALITÉ DES SOINS

Au-delà du risque pour les soignants eux-mêmes, le burn-out met en péril la qualité de leur travail et la sécurité des patients. Comme l’indique le sociologue canadien Jean Wallace dans une revue de la littérature scientifique, le bien-être des médecins est aussi une condition à la qualité des soins, malheureusement rarement retenu parmi les indicateurs surveillés par les autorités sanitaires.

Du burn-out des soignants peuvent découler des erreurs médicales, comme je le montre dans l’ouvrage L’erreur médicale, le burn-out et le soignant(Springer). La prévention des accidents médicaux passe, aussi, par la prévention de l’épuisement professionnel, à l’hôpital comme dans les cabinets de ville.

Il est trop tôt, encore, pour juger des résultats des initiatives prises par le précédent gouvernement à ce sujet. Dans les suites du suicide du médecin à l’HEGP, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) s’était en effet vue confier une mission sur les « risques psychosociaux des personnels médicaux », qui a débouché en 2016 sur un volumineux rapport.

UN PLAN POUR LA QUALITÉ DE VIE AU TRAVAIL

Dans la foulée, le 5 décembre 2016, la ministre de la Santé d'alors, Marisol Touraine, avait exposé sa Stratégie nationale d’amélioration de la qualité de vie au travail des soignants. Avec un sous-titre éloquent, « prendre soin de ceux qui nous soignent ». Après avoir exposé son plan pour l’hôpital, elle avait détaillé le 21 mars 2017 les mesures prévues pour les professionnels de ville.

Mais le burn-out reste trop souvent réduit, actuellement, à la seule notion d’épuisement physique. On le voit avant tout comme une immense fatigue face à la surcharge de travail, en oubliant ses dimensions émotionnelle et relationnelle. Ces dernières sont pourtant celles qui donnent valeur et sens à l’activité professionnelle, en particulier chez les soignants. Car l’exercice de la médecine clinique ne se conçoit pas sans humanité, sans désir d’aider le patient, donc sans une implication émotionnelle plus ou moins facile à doser.

En niant cet aspect du problème, l'aide-soignant, l'infirmier ou le médecin épuisé risque de se mettre à considérer ses patients comme des objets et d’altérer, du même coup, son accomplissement personnel. Il met ainsi en péril ce qui constitue l’essence même de son métier. « être un docteur et rester une personne », pour reprendre l’intitulé d'un colloque organisé en 2017 à Paris par l’Association européenne pour la santé des médecins(European Association for Physician Health, EAPH), n’est pas une option ; c’est une nécessité. « Prendre soin de ceux qui nous soignent » en est une autre, si les patients souhaitent être bien suivis et ainsi, se respecter eux-mêmes.

Marianne.net

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Grève des Ehpad : "Je n'aimerais pas qu'on s'occupe de mes parents comme ça"

Un mouvement national de grève touche les établissements d'hébergement pour les personnes âgées dépendantes (Ehpad) ce mardi 30 janvier. Le personnel soignant dénonce de mauvaises conditions de traitement des résidents et de travail pour eux, dues au manque de moyens et au sous-effectif.

5952_1.jpg

"En choisissant ce métier, je ne pensais pas m'engager à l'usine". Emilie n'est aide-soignante que depuis cet été dans un Ehpad strasbourgeois. A 32 ans, elle a choisi ce métier après une reconversion. Mais déjà, un sentiment de désillusion l'afflige. "J'étais venue trouver de l'humain mais il n'y a pas le temps pour ça", confie-t-elle à Marianne.

Dans son établissement, qu'elle juge "pourtant moins difficile à vivre que d'autres", la jeune femme pointe le sous-effectif chronique, cause de tous les maux qui rendent son quotidien et celui de ses patients infernal. "On est censé être 16 aides-soignants mais avec les arrêts maladie à répétition, on est au maximum 10 par jour pour 89 résidents chaque jour", détaille-t-elle. Un cas révélateur. Selon le baromètre de l'absentéisme réalisé par le cabinet de conseil Alma CG, les Ehpad enregistrent en effet 1,3 fois plus d'absences que le reste du secteur de la santé. Et même sans ces absences, la France affiche un faible taux de 0,6 salarié par résident, contre une moyenne d'un salarié par résident dans toute l'Europe, selon les données de la Direction des statistiques du ministère de la Santé (Drees).

La santé et l'autonomie des patients menacées

Même trop peu nombreux, sur le terrain, le personnel "tente de faire face", explique Marie-France, 45 ans, infirmière en gérontologie dans un Ehpad des Hauts-de-Seine. Pour elle, dès 7 heures chaque matin, c'est le même rituel. Préparation des prises de sang, mesure des constantes (tension, glycémie), injections, perfusions… Puis à partir de 8 heures, distribution des traitements tandis que les aides-soignants préparent les petits-déjeuners des résidents. Dans l'heure, il faut ensuite alimenter les 84 résidents et réaliser tous leurs soins. Autant dire que chaque matinée est une course contre la montre et que les soignants avouent devoir bâcler leurs interventions.

Dans ces conditions, c'est l'humain qui passe d'abord à la trappe. Et ce sont les résidents en meilleure santé qui en pâtissent, délaissé afin de consacrer le peu de moyens disponibles aux patients les plus dépendants. "Il m'est arrivée de m'apercevoir qu'une dame n'avait pas été douchée pendant deux semaines, se souvient Sophie, aide-soignante dans un Ehpad près de Montpellier. Ou qu'un homme avait été laissé dans son lit toute une matinée alors qu'il avait besoin d'être transféré sur son fauteuil pour pouvoir prendre son petit-déjeuner". "J'ai honte de le dire mais on participe à une forme de maltraitance", résume Marie-France, la voix qui s'éteint.

"Je leur dis que je dois tenir un rendement et je leur demande de me prévenir si je leur fais mal ou si je les brusque…"

A force, c'est même la santé des patients qui se trouve parfois sur la sellette. "Il m'arrive de reporter des soins, des poses de pansements, raconte Marie-France. Cela peut paraître anodin mais c'est problématique quand on sait nos résidents développent souvent des escarres, des ulcères ou de grosses plaies à traiter". Une absence de traitement régulier peut provoquer des problèmes d'odeurs, voire d'infection. Outre la santé physique, un point crucial n'a pas le temps d'être travaillé : l’autonomie des résidents. "Par manque de temps, on est souvent obligé de faire les choses à leur place", développe Marion, 23 ans, jeune diplômée et infirmière dans un Ehpad en Seine-et-Marne. Elle prend l'exemple du repas, souvent expédié en quelques minutes : "Nous n'avons pas le temps de nous asseoir".

Or, selon la Drees, 33% des résidents en Ehpad présentent des maladies neurodégénératives. Ils ont besoin d'être stimulés, sinon la maladie progresse plus vite et c'est un cercle vicieux. "Ces patients aux pathologies lourdes nécessitent une attention accrue mais ce besoin n'est pas respecté", se désole Marion. Désabusée, Emilie en vient à s'excuser auprès des personnes dont elle s'occupe : "Pour ne pas leur faire de la peine, je les préviens tout de suite, je leur dis que je dois tenir un rendement et je leur demande de me prévenir si je leur fais mal ou si je les brusque…". 

Chez toutes ces personnes contactées, le malaise paraît profond. "On tire sur la corde du personnel, s'alarme Marie-France. On nous en demande trop sans nous donner les moyens de pouvoir remplir correctement notre mission. Alors on fait ce qu'on peut mais ça ne suffit jamais". En fin de journée, de retour à la maison, certains se disent pris par un sentiment de culpabilité. "Il m'est arrivé de craquer en arrivant chez moi, concède Emilie. Je n'aimerais pas qu'on s'occupe de moi comme cela ou qu'on prenne en charge mes parents de cette façon. C'est inhumain. Pourtant, c'est ce que je fais". Fatigue, impuissance, culpabilité : le cocktail parfait pour provoquer les burn-out qui expliquent les absences en surnombre dans le secteur. 

Avec ce mouvement de protestation qui commence ce mardi 30 janvier à l'appel de toutes les organisations syndicales (FO, CGT, CFDT, Sud), Emilie, Marie-France et Marion espèrent une prise de conscience de la société. Et que le gouvernement débloque des moyens supplémentaires bien plus importants que ceux annoncés par Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, la semaine dernière : "En plus des 100 millions inscrits au budget 2018 de la Sécurité sociale, nous ajoutons 50 millions d'euros qui vont être donnés aux agences régionales de santé pour qu'elles puissent accompagner au cas par cas, en fonction des difficultés, les Ehpad qui souffrent d'un manque de moyens". Car selon ces professionnelles, on sera encore loin du compte. Alors, elles sont en grève, même symboliquement, comme le confie Emilie : "Je ne peux pas quitter mon poste et laisser mes résidents, alors je m'habillerai en noir le temps de cette journée, je tomberai la blouse". En attendant, peut-être, de la quitter définitivement un jour, d'épuisement.

Marianne.net

Modifié par Kiriyama
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 2 weeks later...
  • 1 month later...

Pour ceux qui s'ennuient ^_^

Une petite heure de leçon inaugurale au collège de France.

https://www.franceculture.fr/emissions/college-de-france-40-lecons-inaugurales/alain-supiot-grandeur-et-misere-de-letat-social

Quote

« L’organisation de la solidarité est une question d’avenir qui se pose en toute société et non un monument historique qu’on pourrait raser ou conserver en l’état. » (Le Monde Diplomatique, 1er nov 2014).

 

  • J'aime (+1) 3
  • Upvote (+1) 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 3 weeks later...

Des médecins de l’hôpital public contre la « gouvernance toxique »

Dans « Hôpitaux en détresse, patients en danger », Philippe Halimi et Christian Marescaux rassemblent des témoignages de médecins sur le malaise au sein des hôpitaux qui s’est intensifié, selon eux, depuis la loi Bachelot de 2009.

Présentation ici

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Il y a 5 heures, Kiriyama a dit :

Des médecins de l’hôpital public contre la « gouvernance toxique »

Dans « Hôpitaux en détresse, patients en danger », Philippe Halimi et Christian Marescaux rassemblent des témoignages de médecins sur le malaise au sein des hôpitaux qui s’est intensifié, selon eux, depuis la loi Bachelot de 2009.

Présentation ici

Ce qui est rapporté sur la prise de commande de l'hôpital par les gestionnaires est ce que je conseillais à JC/Stratege quand il a commencé à faire du consulting dans les hautes sphères de l'EM :

"Dis leur bien de ne pas se laisser dépouiller de la gestion financière de l'armée de la même manière que les médecins ont été dépouillés de la gestion des services hospitaliers puis de l'hôpital sous prétexte qu'ils n'étaient que des soignants et pas des gestionnaires."

 Pour l'hôpital on voit le résultat dans cet article.

(Pour la petite histoire, le Pr Marescaux était le chef de service de neuro à  Strasbourg et avait tout quitté pour prendre une chefferie de service en psychiatrie ou en gériatrie dans un établissement nettement moins prestigieux.)

  • J'aime (+1) 2
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 3 weeks later...

Malgré les promesses de Macron, l'hôpital fera bien près d'un milliard d'économies

180501074949317888.jpg

Alors que le président de la République a promis la fin des coupes budgétaires dans les hôpitaux, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, évoque "960 millions d’euros d’économies" en 2018 dans une circulaire officielle...

Poursuite ou fin de la rigueur dans les hôpitaux ? Quinze jours après la promesse d'Emmanuel Macron qu'il n'y ait "pas d'économies sur l'hôpital durant ce quinquennat", les professionnels de santé en perdent leur latin. Et pour cause : l'agence de presse médicale APMnews et le site d'information Hospimedia viennent de révéler une circulaire, signée de la ministre de la Santé, qui détaille les efforts budgétaires réclamés aux hôpitaux et cliniques cette année.

"Pour 2018, le niveau des économies sur le champ des établissements de santé s'élève à 1,6 milliard d'euros, écrit Agnès Buzyn (en surlignant en gras les montants), dont 960 millions d'économies pesant directement sur le budget des établissements de santé." Difficile d'envoyer un message plus contradictoire avec l'engagement pris par Emmanuel Macron le 14 avril devant 3,8 millions de téléspectateurs… Même si ce dernier avait aussi répondu quelques jours plus tôt à une soignante qui l'interpellait à l'hôpital de Rouen sur le manque de moyens qu'il n'y avait "pas d'argent magique".

En fait, cette circulaire est la simple déclinaison du budget 2018 de la Sécu voté en décembre. Celui-ci prévoit que la hausse des dépenses des hôpitaux sera limitée à 2 % cette année, quand l’évolution spontanée de leurs charges est estimée à 4 %. La différence représente un effort de quelque 1,6 milliard d’euros. Certes, sur ce total, 640 millions seront réalisés grâce à des ristournes sur les médicaments négociées directement par le ministère auprès des industries pharmaceutiques, mais cela laisse quand même 960 millions à trouver.

L'Elysée et le ministère embarrassés

Dans le détail, les hôpitaux et cliniques sont tenus de dégager 640 autres millions d’euros en mutualisant et rationnalisant leurs achats à leurs fournisseurs et 70 millions d’euros via "l’amélioration de la pertinence et des parcours". Les 250 millions de gains restants doivent découler de la fameuse chirurgie "ambulatoire", c’est-à-dire les opérations sans nuit à l’hôpital qui permettent de réduire les postes.

Côté effectifs, tout laisse penser que les hôpitaux et cliniques vont continuer de se serrer la ceinture. "Des économies de fonctionnement sont attendues des établissements de santé", souligne Agnès Buzyn. Avant d’ajouter que "l’évolution des organisations hospitalières doit également permettre de limiter le taux global national d’évolution de la masse salariale à 1,59 % en 2018".

En 2015 – dernière année pour laquelle les chiffres sont connus -, l’ensemble de la fonction publique hospitalière a faiblement augmenté (+ 0,2 %), mais les personnels non médicaux - infirmières, aides soignants, administratifs – ont, eux, légèrement diminué (- 0,1 %). "Etant donné que le volume de soins a parallèlement progressé, la charge de travail a fortement augmenté pour ces personnels", pointe Edouard Couty, médiateur du ministère de la Santé.

Dans ce contexte, pas étonnant que l’annonce d’Emmanuel Macron d’absence d’économies sur l’hôpital ait surpris les blouses blanches. "Comment comprendre cette affirmation alors qu’environ 1 milliard d’économies est demandé aux établissements de santé ?, avait réagi la Fédération hospitalière de France (FHF) dès le lendemain. Rien ne serait pire, dans le climat actuel, que de constater un décalage entre les discours et la réalité que vit au quotidien la communauté hospitalière."

Interrogés, l’Elysée et le ministère de la Santé paraissent gênés aux entournures. "On va bien faire des économies par rapport à l’évolution anticipée de la dépense, mais pour autant on ne va pas baisser la dépense à l’hôpital", répond-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron. "A ce stade, le budget 2018 de la Sécu ne change pas, mais on en saura plus quand le projet de transformation sera abouti", complète-t-on du côté d’Agnès Buzyn. Le chef de l’Etat a promis des "décisions précises" fin mai. Avec de l’"argent magique" ?

Challenge.fr

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

il y a une heure, Kiriyama a dit :

Dans le détail, les hôpitaux et cliniques sont tenus de dégager 640 autres millions d’euros en mutualisant et rationnalisant leurs achats à leurs fournisseurs et 70 millions d’euros via "l’amélioration de la pertinence et des parcours". Les 250 millions de gains restants doivent découler de la fameuse chirurgie "ambulatoire", c’est-à-dire les opérations sans nuit à l’hôpital qui permettent de réduire les postes.

Le prix des médicaments est un poème sans fin : une émission de France culture pointait que le tout dernier ttt contre l'hépatite C que marisol Touraine se flattait d'avoir obtenu pour 40k$ au lieu de 80k$ pour les USA...  Mais seulement 80$ pour l'Égypte

L'omeprazole au moment où il était le 3ème médicament en coût pour la Secu avait pu être négocié gratos pour certains hosto.

Quant a l'ambulatoire...une amie vient de se faire enlever un kyste au sein sous anesthésie générale sans être obligée de rentrer la veille et de rester ensuite 24h en surveillance.

A 1000€ la nuit en chirurgie cela fait effectivement un vrai gisement !

 

Modifié par BPCs
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Sur change.org il y a une pétition qui circule sur la réforme des pharmacies de premier recours : https://www.change.org/p/mme-la-ministre-de-la-santé-sauvez-les-pharmacies-de-premier-recours

Citation

La loi de financement de la Sécurité Sociale 2018, entrée en vigueur le 1er Janvier, entérine la mise en péril de l’implantation homogène sur nos territoires des officines de proximité, stratégiques qui sont des pôles de santé de 1er Recours. [...] De plus, le rapport de la Cour des Comptes attaque sévèrement le maillage territorial pharmaceutique: elle préconise la suppression de 10400 officines sur les 21400 existantes. En outre, elle veut revoir les règles d’implantation et favoriser la vente de médicaments en ligne, alors que nous luttons sur le front de la contrefaçon. [...]

 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Envoyé Spécial : Hôpital public, la loi du marché

Productivité ! Rentabilité ! Management ! Equilibre budgétaire ! Ces règles d’or de l’entreprise privée s’appliquent désormais... à l’hôpital public. Pour combler le déficit de la Sécurité sociale (6,1 milliards d'euros cette année), l'Etat impose aux médecins, infirmières, aides-soignants ou directeurs de nouvelles méthodes de gestion.

A ce chef de service de réanimation, on demande, comme à un cadre du privé, de faire mieux avec moins de personnel et du matériel vieillissant. Ces infirmières, comme des ouvrières à la chaîne, doivent consacrer à la toilette de leurs patients un temps limité, calculé au plus juste. Le directeur de cet hôpital, tel un patron de PME, tente de convaincre les banques de lui prêter de l’argent pour ne pas mettre la clé sous la porte...

Cette transformation radicale ne va pas sans casse. Manifestations, grèves, services surchargés, personnel surmené et déprimé. Jusqu’au suicide ou à l’erreur médicale. Des petits hôpitaux de région jusqu’aux CHU les plus réputés, des urgences du quotidien aux services de pointe, enquête dans des établissements où la pression économique menace la mission même de l’hôpital public.

 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 2 weeks later...

Bonsoir, 

J'avance dans le livre Hôpital en détresse et pas mal de choses font froid dans le dos. 

Il y a de nombreux témoignages de médecins qui expliquent des situations ubuesques, et même révoltantes. 

  • Un neurologue, qui explique que des patients en AVC doivent attendre des heures pour une IRM car l'appareil est occupé par des médecins qui y font passer leur clientèle privée pour des traitements secondaires (IRM du genou, du poignet, etc.). Un homme de 50 ans a d'ailleurs fini par décéder. 
  • Une jeune femme de 22 ans, qui a fait un AVC, a attendu aussi des heures pour passer une IRM. Pour vérifier qu'elle était bien paralysée, des soignants l'ont mise debout avant de la lâcher… forcément elle est tombée et ils ont répété l'opération plusieurs fois.
  • A un médecin qui dénonce l'incompétence d'un collègue (qui a aboutit à la mort d'une patiente et dont il a été prouvé qu'il avait falsifié son CV), le directeur répond : "Voyons, qui n'a jamais falsifié son CV pour obtenir un poste."
  • Après avoir procuré la mort d'un bébé, un médecin est parvenu à faire incarcérer le père en l'accusant de violence envers son enfant. 

On est surtout mal à l'aise avec le déferlement de violence dans les méthodes employées pour "casser" un collègue : harcèlement, dénonciation à la police (avec parfois incarcération), internement en psychiatrie…

180521072754595758.jpg

 

  • Confus 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

je vais faire court.

On demande au SAMU de mieux fonctionner , bien! sauf que (je vais faire une métaphore avec ..DHL!)

Actuellement, imaginez DHL travailler sans savoir ou sont ses moyens (aériens ou terrestre, propres ou partenaires),

mais c'est pas fini! imaginez ensuite que DHL envoie tout ses colis dans le même entrepôt, sans avoir aucun visu direct, sur sa capacité a recevoir les dits colis....

 

transposez ça au SAMU, et vous aurez une des raison des couacs du système (ce n'est pas le seul).

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Ca doit être d'autant plus désagréable que l'écart est énorme entre cette ambiance, détestable, et les buts, nobles, de l'institution. 

Et que cette ambiance peut tout de suite se traduire par de la souffrance humaine, sur les patients d'abord, puis le personnel. 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Les "buts nobles" des institutions sont proclammés par des chartes affichées partout et qui servent à crééer l'illusion... mais ne correspondent pas du tout à la réalité des soins infirmiers.

La reconnaissance et la valorisation dans ce métier est le fait de patients qui sont souvent très remerciant, par contre du côté de la hiérarchie c'est la mise continuelle sous pression et l'absence de reconnaissance.

Ce fut un sacré soulagement d'arrêter de travailler et j'ai mis un certain temps à me remettre...

  • J'aime (+1) 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Restaurer la mise en forme

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

 Share

  • Statistiques des membres

    5 966
    Total des membres
    1 749
    Maximum en ligne
    Aure-Asia
    Membre le plus récent
    Aure-Asia
    Inscription
  • Statistiques des forums

    21,5k
    Total des sujets
    1,7m
    Total des messages
  • Statistiques des blogs

    4
    Total des blogs
    3
    Total des billets
×
×
  • Créer...