Aller au contenu
AIR-DEFENSE.NET

Cathax

Members
  • Compteur de contenus

    246
  • Inscription

  • Dernière visite

Tout ce qui a été posté par Cathax

  1. C'est vrai que côté marines, ça fait vraiment organisation bien rôdée, qui permet un bon tempo opérationnel, tout en permettant une bonne intégration des bleus et leur prise en main par des vétérans. Merci pour ces précisions Gibbs, je ne voyais pas comment l'USMC fonctionnait pour gérer cet aspect de son organisation. Je ne voulais pas paraître dénigrer la performance de l'Army, qui globalement a fait plus qu'honorablement sa part, dans des conditions exigeantes. Par contre, j'ai cru comprendre que les périodes de repos entre deux phases de combat ne sont pas aussi satisfaisantes que ça pour permettre aux troupes de récuperer physiquement et mentalement: à priori, les conditions de vie à l'arrière auraient tendance à peser sur la troupe: trop isolée, installée de façon à peine moins rustique qu'au front, nourriture au mieux moyenne (même si abondante), peu de distractions...
  2. Tel que je vois les choses (et c'est une estimation perso, donc peu de choses), l'Army et la Navy ont chacune voulu conserver leur pré carré et le maximum de responsabilités possibles, avec la crainte permanente que l'autre prenne le dessus et impose ses vues, qui seraient mécanique préjudiciables au perdant: bref, on est dans la rivalité serrée typique du système militaire américain, qui est une constante de leur organisation. A partir de là, quand la guerre éclate, chacune se retrouve avec certaines cartes, options, plans et personnes en mains: on tente de recycler dans l'urgence des plans de campagne de l'entre deux guerres, on cherche à se lancer dans le terrain que l'on préfère/juge le mieux adapté à son style de combat et à ses capacités, on prévoit en fonction de sa culture militaire (donc des différences notables entre Army et marines) et on cherche à faire avec l'ego et les conceptions des patrons (Nimitz, MacArthur, King...). La guerre s'installe dans la durée, et la machine US se met à tourner, nécessitant pour l'attribution des ressources une planification serrée, et donc des choix, encore compliqués par la nécessité de tenir compte du théâtre européen. Là-dessus, le rythme des opérations et leur déroulement s'en mêle, avec tout ce qu'il peut y avoir de coups de chance ou de malchance, de conséquences plus ou moins prévues, de ratages, de piétinements... et la marine prend l'avantage. L'Army, pour le coup, me semble être un peu portée à envisager une progression rapide à travers les plus grandes îles du Pacifique (qui, par leur taille, nécessitent des effectifs importants qu'elle peut en théorie fournir plus facilement que l'USMC), un nettoyage systématique à coups de grandes batailles souhaitées; à contrario, les marines, qui doivent faire avec la volonté de la Navy comme ministère de tutelle, ont beau jeu de mettre en oeuvre une tactique plus aggressive: c'est un peu, même s'il faut éviter de trop systématiser, la grosse machine, massive et méthodique, contre le corps d'élite appliquant des poussées plus localisées et plus limitées, manœuvrant et sélectionnant plus ses objectifs. Ultimement, j'ai l'impression qu'il y a pas mal de différence de niveau entre les grandes unités de l'Army engagées: certaines viennent de la National Guard et ont été critiquées, pas toujours justement d'ailleurs, comme manquant d'allant; d'autres sont il me semble plus composées de conscrits "classiques", plus jeunes et n'ayant pas subi la vie monotone des garnisons et entraînements de la période d'avant-guerre. Je n'ose pas trop m'avancer sur ce point, car j'ai assez peu d'infos. Concernant la gestion des effectifs à l'arrière, malgré des conditions difficiles pour tout le monde, j'ai l'impression que l'USMC, encore une fois, tire un peu son épingle du jeu. Le côté engagés volontaires contre conscrits doit bien jouer, mais j'avoue être incapable de dire si c'est quantifiable/estimable au niveau efficacité de la troupe sur le long terme, sur ce théâtre précis. A titre d'exemple, les différences d'approches et de méthodes sont parfois évoquées dans "l'affaire" de la 27 DI à Saipan, bien que la nature de l'unité en question et les circonstances de la campagne aient pas mal jouées.
  3. Tout à fait d'accord avec tout ce que tu dis, Gibbs. Pour rester sur le moral du soldat, il faut aussi signaler l'impact des conditions de vie, qui étaient à ce qu'il paraît meilleures en arrière du front pour les marins et marines, par rapport à l'Army. Il n'y avait pas d'intégration des services d'intendance, malgré un besoin évident et un équipement similaire, entre les différentes composantes des forces US: le logement, la nourriture et l'équipement étaient définis selon les critères propres à chaque arme, avec d'importantes disparités. La marine était clairement la plus généreuse dans ce domaine, avec pour exemple les troupes casernées en Nouvelle-Calédonie: les soldats de l'Army avaient droit à des huttes couvertes de chaume, au sol en terre battue; à comparer avec les baraquements en bois à l'abri de l'humidité des marins; la nourriture aussi était sans commune mesure (est-ce dü à l'expérience de ce genre d'impedimenta sur le moral des hommes pour une campagne de longue durée ?). Et très important: la marine n'était jamais à court de bière.
  4. Au sujet de la progression dans le Pacifique, l'organisation des choses pouvait parfois prendre l'allure d'un serpent se mordant la queue. Les Américains opèrent au bout de longues lignes de communications, dans une zone où il existe peu ou pas d'installations portuaires modernes (hormis l'Australie et la Nouvelle-Zélande), ce qui ralentit la capacité de décharger et répartir rapidement le matériel embarqué, et crée de véritables embouteillages de zones de débarquement (140 navires en attente à un moment dans la baie de Milne). Le tout est encore aggravé par le manque chronique d'unités du génie et d'unités auxiliaires. La progression dans la zone dépend en effet de la mise en oeuvre de bases aériennes, qui permettent de matraquer les positions adverses avant le prochain bond: leur rythme de construction et la disposition d'un nombre important d'entre elles devient fondamental. Or, il n'y a pas assez de génie... Cela est dû, en partie, à la répugnance des commandants US à s'en faire attribuer, leur priorité allant le plus souvent à des unités de combat ou à des fournitures supplémentaires. Cette pénurie mène au suremploi: dans la zone de MacArthur, de nombreux soldats du génie furent à pied d'oeuvre sans permissions ni relèves pendant 2 ans, et les officiers travaillaient jour et nuit pour tenter de gérer des exigences excédant leurs moyens. Je trouve que ça va bien dans le sens de l'expérience des soldats du Pacifique, qui connaissaient de longues phases de pauses opérationnelles entre les batailles (qui elles, étaient il est vrai particulièrement féroces), à la différence des troupes engagées en Europe, qui suivaient un rythme moins "haché". Accessoirement, la flotte américaine avait rôdée une organisation impressionnante de flottes mobiles, réunissant plusieurs dizaines de bâtiments auxiliaires dans des lagons protégés, et fixant des zones océaniques prédéfinies comme zones de ravitaillement. Zones, qui, il me semble, ne furent l'objet que d'attaques de faible envergure de la part des Japonais (mais il est vrai qu'il fallait les trouver et être en moyen de les frapper: les Japonais semblaient préférer tenter une bataille décisive "mahanienne").
  5. Gibbs, merci de me signaler l'existence de ce fil. En fait, la présence du sujet sur les batailles du Pacifique m'a incité à y replonger et à décortiquer me bouquins. Au sujet de la campagne de MacArthur, si elle a commencée de façon "enrouée", elle a finie par prendre un notable coup d'accélérateur à partir de la reprise des Indes Néerlandaises et de ses approches, où il y a eu de durs combats, notamment l'emblématique Lone Tree Hill (Wakde-Sarmi, ou l'on retombe sur des fortifications japonaises avancées). Et également dans ce coin des opérations aéroportées, sur des îles certes beaucoup plus grandes que celles du Pacifique Central. J'ai l'impression que les historiens américains sont très critiques sur la division du théâtre du Pacifique en 2 zones de responsabilités: pour eux, ce fut offrir aux Japonais la possibilité de disposer localement d'un avantage numérique non négligeable, et plusieurs opérations auraient bien pu tourner en défaites et retarder sévèrement la poursuite de l'avancée américaine dans le Pacifique.
  6. McArthur a aussi été critiqué pour sa gestion des combats en Papouasie (assauts frontaux, coûteux en hommes et offensives ne débouchant que lentement); mais derrière lui, il y a aussi en filigrane la rivalité entre les branches des forces armées US: l'US Navy veut pousser dans le Pacifique Central, l'US Army a peur de se retrouver en situation où elle ne sert que de pourvoyeuse de moyens pour la guerre de la Navy... Et il y a l'aura de McArthur, magistralement servie par le réseau de com, très au point, du général: c'est un héros aux yeux de l'opinion, et le pouvoir politique doit en tenir compte. Et si, en plus, on rajoute ses contacts dans le parti républicain... l'homme est incontournable, et il faut faire avec. D'où cette situation aberrante: un théâtre d'opération, 2 zones de responsabilités, où vont pouvoir se jouer pas mal de rivalités entre personnalités, services des forces armées... avec le facteur supplémentaire de la question des puissances alliées (ANZAC et Britanniques entre autres), et une sorte d'obligation "morale" pour pas mal de monde (en tout cas, chez les élites) aux USA de reconquérir les Philippines, quitte à y perdre du temps.
  7. J'ai disséqué ce que donne la source précédemment citée sur Tarawa: voilà le résumé. Beaucoup de choses seront probablement déja connues de pas mal de membres, mais je trouve que ça éclaire bien le caractère un peu improvisé des assauts amphibies dans la Pacifique, que les Américains apprendront à la dure, et à la longue. Au moment où l'attaque est planifiée et déclenchée, la garnison est en cours de renforcement, d'ou la volonté des EM US de foncer: un mois ou deux plus tard, il aurait fallu s'attendre à mordre dans un objectif encore plus dur. Cette volonté, qui est surtout celle de l'US Navy, (l'Army, autour de McArthur, privilégiant sa propre zone), a également pour but de conserver les ressources en navires de transports et en matériel amphibie dans le Pacifique, selon une logique récurrente: plus d'une opération y sera lancée afin d'être sûr de disposer effectivement des ressources (comptées, donc précieuses) nominalement affectées au Pacifique; le risque, dans l'esprit des commandants du secteur, c'est de voir ces bâtiments leur être retirés au prétexte du Germany First. Même ainsi, il y a un manque prononcé de certaines catégories de matériels, sois que leur besoin ait été sous-estimé, soit qu'il n'y en ait qu'un faible nombre de disponibles. L'état-major a un coup de chances en dénichant 50 LVT de plus à San Diego, qui parviendront sur zone juste à temps pour pouvoir être utilisés. Les communications sont un problème sérieux: l'Etat-major est installé sur le cuirassé Maryland, sur la passerelle, et les départs de l’artillerie principale gênent les instruments, trop fragiles. L'US Navy ne veut pas d'une longue préparation d'artillerie: elle argue que cela placerait la flotte d'assaut à portée d'une réaction de la marine et de l'aviation japonaises, comme aux Salomons. Elle tirera quand même 3000 tonnes d'obus, le plus gros bombardement d'une plage qu'elle ait jamais réalisée à l'époque. Cependant, cela ne suffira pas pour venir à bout des blockhaus japonais, de forme aplatie, couverts de plusieurs couches de troncs de cocotiers renforcés par du sable et du béton armé: les obus brisants détonnent avant de pénétrer les ouvrages, causant peu de dégâts, et trompant les assaillants par l'aspect spectaculaire des explosions. De plus, la fumée et la poussière gênent la précision de l'artillerie navale. L'effet n'est cependant pas nul: les Japonais sont secoués par le bombardement, et leurs communications sont pour la plupart détruites. Cet avantage est néanmoins perdu, à cause d'un mauvais timing: le temps nécessaire à la traversée des barges de débarquement à été grandement sous-estimé, donnant le temps aux défenseurs de ses reprendre,et d'accueillir les troupes par un feu nourri. La première vague de 3 bataillons renforcés se retrouve immobilisée sur place, derrière une levée faite de troncs de cocotiers et de bancs de coraux. Les vagues suivantes voient les LCVP chercher en vain à passer les récifs, par manque de hauteur d'eau: ils se retrouvent confrontés à ce que les locaux nomment une "marée capricieuse", qui monte et descend plusieurs fois par jour à intervalles imprévisibles, ou se maintient pendant des heures, soit très haut, soit, ce jour-là, très bas. Les bâtiments se retrouvent coincés sous les tirs, cherchant un passage dans la barrière des récifs: au moins 20 se retrouvent chargés de tués et de blessés. L'une des pièces nippones s'avère particulièrement destructrice, parvenant à placer plusieurs coups au moment où les rampes s'abaissent. Dans ces conditions, beaucoup de soldats ne parviennent pas à débarquer: les 3 premières vagues d'assaut sont à effectifs incomplets,et subissent de lourdes pertes. A la tombée de la nuit, sur 5000 hommes à terre, il y a 1500 tués ou blessés, et les marines s'accrochent à une bande de terre de 300m de profondeur. Décision est prise d'engager la réserve: 3 bataillons du 6e régiment de marines, et le premier bataillon du 8e (qui ne part que plus tard, suite à un cafouillage dans la transmission des ordres). Les Nippons, eux, ont perdu la moitié de leurs effectifs, et n'ont plus de communications. Au final, les Américains en tireront plusieurs leçons: rénover leurs transmissions; créer des bâtiments spécifiques de commandement , à la place des cuirassés et croiseurs plus ou moins bien aménagés pour cela; des répliques de bunkers seront construites à Pearl Harbour, pour les étudier, trouver des parades, et préparer un entraînement préliminaire aux troupes de débarquement; la durée des bombardements sera nettement augmentée; le soutien aérien sera également plus conséquent; les transports amphibies seront plus lourdement blindés. Les Japonais, eux, moderniseront leurs défenses: à Eniwetok, lors de l'assaut préliminaire à Kwajalein, les Américains se retrouveront face à des bunkers en arrière des plage: disposés en toile d'araignée, un blockaus est entouré d'abris individuels en cercle, protégés par de la tôle ondulée, distants de 3 à5 mètres et reliés entre eux par des tranchées ou des tunnels. Les fantassins américains attaquant ces fortifications devront faire face à des attaques venant de plusieurs côtés, les tireurs japonais passant rapidement d'un abri à l'autre pour les harceler. Voilà, c'est un peu décousu, mais j'espère avoir transmis une bonne image de la bataille.
  8. Merci pour ta réponse Janmary. Je suis en train de reprendre Eagle against the sun, de Ronald Spector, pour qui la défense des Philippines, en début de conflit, est plus ou moins condamnée d'avance à échouer (trop loin, ne pouvant compter que sur les forces déja présentes). Cependant, il blâme en particulier McArthur, qui avait semble t-il clamé pouvoir défendre l'archipel via une grande armée américano-phillipine, jamais réellement completée et peu entraînée. Il était prévu, dans l'esprit du général, d'affronter directement une invasion sur les plages, sans esprit de recul: cependant, sans la mise sur pied de moyens adéquats, c'était impossible. La seule contre-attaque fut lancée par le 26e régiment de cavalerie (philippines scouts), sans leur artillerie et avec une partie seulement de leurs blindés: leur action n'a pas pu entraver le débarquement japonais, seulement donner le temps à une partie des troupes défendant la côte de se replier. McArthur, semble t-il, aurait pêché par excès d'optimisme: sur le papier, la mobilisation des forces locales aurait permis d'aligner 10 divisions, d'où l'idée de ne pas défendre uniquement la baie de Manille, comme prévu initialement par les planificateurs américains, mais tout l'archipel. Cependant, la plupart des appelés n'avaient pas de formation militaire, et les quelques réservistes n'avaient reçu qu'un entraînement des plus sommaires. Le programme d'entraînement ne fut lancé qu'à l'automne 1941, et les unités montèrent au front avec des déficits matériels importants. Il semblerait que Washington n'ait jamais réellement pu admettre de perdre l'archipel, ce qui, combiné avec l'aura de McArthur, aurait conduit à croire sa défense possible: ils voulaient y croire, pour des raisons de prestige notamment. Les envois d'armement ordonnés avant l'invasion n'avaient été que partiellement réalisés, et ne pouvaient combler qu'une partie des manques.
  9. Un point anecdotique: lors de l'assaut sur les Philippines, le commandement américain, dans l'incapacité de ravitailler les troupes présentes ou d'envoyer des renforts (ce qui était prévu par les plans de l'entre deux guerres, mais apparemment il y avait à Washington un refus des élites politiques et militaires d'en assumer l'inéluctabilité de la perte de l'archipel), à eu recours à des forceurs de blocus. J'ai trouvé peu de choses sur ce sujet, mais voici des liens (en anglais): https://www.ibiblio.org/hyperwar/USA/USA-P-PI/USA-P-PI-22.html http://www.history.army.mil/books/wwii/5-2/5-2_22.htm Il était aussi question de faire ravitailler par mer les défenseurs de Bataan, avec des stocks disponibles dans les zones de Luçon encore aux mains des Alliés, mais l'organisation n'était pas au point (notamment, les dépôts de nourriture ne pouvaient être déplacés d'une province à l'autre), et les moyens navals manquaient. Si quelqu'un a des infos, je me dis qu'il y aurait matière à en faire un sujet (sur les forceurs de blocus en général: je pense entre autres à ceux qui ont opérés dans les territoires français de la corne de l'Afrique, pendant le même conflit).
  10. Il y a eu des comtés, dans certains états du Sud, à être plutôt pro-union que pro-sécession (sur la côte de Caroline du Nord entre autres, il me semble); j'avais lu il y a longtemps que l'adhésion populaire au Sud, dans certains coins de la Confédération, est très sujette à caution en fonction des spécificités locales, et que pas mal d'opposition (sous des formes variées, le pus fréquemment en faisant le gros dos), a pu exister.
  11. Le guide des chars selon Polandball: lisez bien les caractéristiques techniques http://i.imgur.com/OEZVspo.png
  12. Gibbs, concernant l'aide chinoise au Vietnam (même si c'est un poil dériver du sujet de base), elle à été effective pendant la guerre d'Indochine: matériels et conseillers militaires notamment, dont l'impact sur la stratégie viet aurait été sous-évaluée, à la fois pour exalter l'image de paysans en guenilles repoussant seuls les occidentaux (ce qui est un élément fort de la propagande "légitimisante" que raconte le système communiste), parce qu'il y a méfiance traditionnelle vis-à vis des Chinois, et pour exalter la figure de Giap. Le traitement en est apparemment très vite paradoxal dans les sources vietnamiennes: l'aide est reconnue, mais on cherche à la minimiser.
  13. Petite question Shorr Khan: si les troupes françaises se retirent au Sud et s'y retranchent, combien de temps crois-tu que le gouvernement français aurait été prêt à les laisser en assurer la sécurité/parrainer la création d'une armée locale digne de ce nom ? Même ne tenir que cette partie du pays demanderait d'importants moyens (bien que plus réduits que ceux déployés par le CEFEO, j'en conviens), et dans le contexte de l'époque (engagements dans le reste de l'empire, en Allemagne vis-à vis de l'Otan, reconstruction du pays, reconstruction de l'armée sur le plan matériel...), vu le coût financier et la volonté d'envoyer les effectifs dans des coins jugés plus pertinents, ça risque de pinailler.
  14. Céder le nord aurait voulu dire abandonner le pays Thaï en 54, et cela aurait été une pilule compliquée à faire avaler aux dirigeants. Céder le nord avant, bonne chance pour le faire avaliser par le pouvoir politique français. Expurger la guérilla et les "contre-structures" communistes aurait été théoriquement possible: si on avait pu y mettre les moyens en unités spécialisées, tenir un minimum les zones dégagées, et si les autorités vietnamiennes alliées de la France avaient soutenu cette politique, au lieu de chercher à clientéliser ces unités. Ça fait des gros si. Et puis il y a assez tôt la revendication des 3 Ky, soit l'unité territoriale du Vietnam, qui est posée comme condition non négociable par les élites locales.
  15. Concernant l'Indochine, De Lattre disait qu'il ne voyait pas de miracle possible quand à le situation militaire. Il me semble qu'il y a quand même pas mal de troupes cantonnées à défendre le delta du Tonkin, sur un effectif global certes important, mais qui est des plus disparates en terme de qualité (notamment les troupes de l'Union indochinoise). En face, il y a une armée Vietminh conseillée et ravitaillée en abondance par la Chine de Mao, qui dispose de sanctuaires pas réellement réductibles. Est-ce que, sérieusement, une défaite suffisante (ou une mise en échec prolongée) peut-être infligée au Vietminh, jusqu'à le forcer à négocier ?
  16. Désolé de ne pas avoir pu mettre ça avant, mais j'ai été pas mal pris par le boulot. A propos de Lepante: -la zone est très contrainte: peu de manœuvres sont réellement possibles, d'où un choc frontal sans guère d'évolutions savantes quasi-inévitable; à quoi il faut ajouter que l'endroit est peu ou pas connu de la plupart des pilotes des 2 flottes, hormis quelques ottomans. Le seul à réellement parvenir à manœuvrer sera Euldj Ali, qui isolera et taillera en pièces plusieurs bâtiments de l'alliance pour se frayer un chemin: c'est à la fois dû au talent personnel de l'homme, et au fait qu'il a disposition des subordonnés professionnels et expérimentés, ainsi que des équipages entraînés. -la puissance de feu s'avère l'un des facteurs les plus déterminants: en pièces de gros/moyen calibre, on est à 3 pièces en moyenne sur une galère turque, contre 15-30 pour leurs équivalents chrétiens: le total des pièces importantes doit être à peu près de 180 au maximum chez les Ottomans contre 350 chez les chrétiens. Pour les pièces de plus petit calibre, ça tournerait autour de 2700 pour la flotte chrétienne, contre la moitié pour les Turcs. Pour les troupes embarquées, les commandants alliés ont favorisés les arquebusiers dans une proportion écrasante, en vertu de leurs expériences passées. On adopte assez facilement l'idée, pendant les conseils de guerre, de tirer d'abord, et de ne tenter l'abordage qu'une fois les bâtiments turcs sérieusement affaiblis (au contraire de ce qu'avait pu tenter un Doria au début de sa carrière). L'armement individuel embarqué est abondant, encore plus que prévu par les règlements (déjà généreux en la matière). En face, l'arquebuse est principalement des janissaires, qui l'ont en dotation, les autres troupes embarquées ottomanes restant fidèles à l'arc (dont les effets seront globalement contrés par les armures des combattants chrétiens). Les volontaires ottomans ont peut-être des arquebuses, mais le caractère irrégulier de ces troupes tend à rendre difficile de préciser leur armement, et ses proportions. Au mieux, la moitié des combattants turcs ont une arquebuse, et l'autre moitié un arc. Les Turcs en tireront la leçon très vite: la flotte reconstruite après Lépante embarquait, selon l'ambassadeur français, 20.000 arquebusiers. Le chiffre vaut ce qu'il vaut, mais il y a "conversion", au détriment de l'ars. Cela va compenser le manque d'expérience des troupes alliées (dont se plaignent leurs commandants, indiquant qu'il a fallu embarquer des bleus pour combler les effectifs, après la campagne précédente), de même qu'un équipement défensif abondant et de bonne qualité, et qu'un fort avantage numérique: la conjonction de ces trois facteurs s'avère déterminante. Concernant les effectifs alliés: 21000 fantassins ont été embarqués sur les galères (et 4000 soldats allemands, sur des naves, ne participent pas à la bataille). Les marins (hors chiourmes) et les officiers prennent part au combat, renforçant les effectifs de l'infanterie disponible. Venise dispose de 108 ou 109 galères, comptant 4000 scapoli, qui sont des fantassins originaires des Balkans, principalement Albanais à cette époque (assez appréciés semble t-il): ils aident aussi à la manœuvre des voiles; 50 ou 60 sont déclarés officiellement par navire, mais il s'agit d'un effectif théorique. Il faut y rajouter 2000 Italiens, dont beaucoup de nobles, volontaires attirés par la soif d'en découdre er par l'idée de croisade. Cela donnerait un total d'à peu près 70 combattants par galère vénitienne, au mieux. L'effectif des marins est d'à peu près 30 hommes par bâtiment, les scapoli formant un complément à la marche "habituelle" du navire.. Sur les galères ponantines, les forces sont plus importantes: il faut compter avec 50 à 75 marins et officiers (selon le type du bâtiment: galère simple ou capitane) sur les galères du roi d'Espagne et du pape. On arriverait à un total de 9000 combattants pour cette partie de l'escadre. Les forces sont donc, dans l'escadre chrétienne, très déséquilibrées: la capacité de combat des navires vénitiens est moindre, et la lutte sera pour eux plus acharnée et plus coûteuse.
  17. Je n'ai pas trouvé d'article en français sur le sujet, et j'ai l'impression que c'est passé inaperçu ici: http://blogs.wsj.com/indiarealtime/2016/01/26/french-troops-to-make-historic-appearance-at-indias-republic-day-parade/
  18. Pour revenir au sujet, je signale un livre francophone qui, s'il n'est pas stricto sensu militaire, comporte quand même pas mal de bagarre et une scène de bataille navale limitée: Gagner la guerre, de Jean-Philippe Jaworski. Au menu, des combats d'escrime, des assassinats, le tout dans une ambiance brutale de magouilles politiques sur la conclusion à donner au conflit mentionné dans le titre. Je vous le recommande chaudement.
  19. On pourrait presque trouver un aspect WW1 dans des batailles comme Tarawa: de petites ou très petites surfaces, copieusement préparées par un matraquage d'artillerie lourde, sur lesquelles on envoie plusieurs milliers de gars tenter de s'emparer d'un territoire devenu presque lunaire. Ca doit jouer pas mal, comme environnement, à la fois sur le mental de ceux qui attendent l'assaut, et sur celui de ceux qui y montent.
  20. Ca doit être entre Pearl Harbour et la bataille de la Mer de Corail, mais il me semble que les porte-avions US ont effectués plusieurs raids limités sur des petites bases japonaises isolées: apparemment avec une double optique de rendre des coups, même minimes, et surtout d'aguerrir les unités. De mémoire, Georges Blond en parle dans son bouquin sur l'Enterprise. Sinon, y'a pas mal d'infos à piocher chez un historien comme Ronald Spector, dont j'avais lu un ouvrage en français: il aborde des thèmes qui ne sont pas forcément les plus abordés dans l'historiographie francophone sur le sujet, et il a focalisé ses recherches sur la campagne du Pacifique.
  21. A vrai dire, c'est pas tant les Alliés en général que Roosevelt en particulier. Il a d'ailleurs imposé cela contre l'avis du Département d'Etat, plus enclin au compromis: c'est alors une nouveauté dans la détermination des buts de guerre américains, qui est devenue de nos jours une norme (probablement parce que la 2e Guerre Mondiale fait en quelque sorte figure de "guerre juste et exemplairement menée" dans la mémoire américaine.)
  22. Une bonne sage de fantasy avec des aspects militaires, c'est La Compagnie Noire, de Glen Cook. On y a peu à proprement parler de descriptions grandioses de batailles d'envergure, pas de longues digressions sur la stratégie, le recrutement ou les vertus martiales, on n'y trouve pas non plus de geekery sur l'usage de tel ou tel aspect de la guerre. C'est en partie justifié par le procédé narratif: l'histoire est raconté du point de vue d'un chroniqueur attitré (et improvisé), celui de ladite compagnie, qui évoque ce qu'il voit -d'où un regard fréquemment partiel, partial, ou simplement porté sur autre chose que les "grands" événements du conflit. Cependant, l'ambiance d'une compagnie de mercenaires dans un monde médiéval-fantastique non-idéalisé est plutôt bien rendue, la narration est bien menée. Et bonus, le sens de l'humour vachard de l'auteur. Le style de l'auteur peut par contre polariser (semble t-il, on aime ou on déteste, sans trop de choses au milieu).
  23. j'ai habitude de "creuser" un peu avant de m'attaquer à la lecture d'un cycle de bouquin, ce qui m'avait justement fait découvrir les idées du bestiau. Entièrement d'accord sur la validité du contenu et sur le besoin de polluer un bouquin avec. Ca, plus une interview du bonhomme assez hallucinante, qui en deviendrait d'ailleurs presque drôle tellement il assène ses théories avec la force de conviction d'un prédicateur baptiste du fin fond du Tennessee, qui, c'est sûr, à eu LA révélation. Pour en revenir à Ringo, ce qui est le plus gênant avec le coauteur (T. Kratmann), c'est que l'on sent le gars qui ne tient même pas trop en théorie à une quelconque forme, mais très dévoyée, de démocratie (comme le rabâchent, pour ce que cela vaut dans leur interprétation personnelle, pas mal d'auteurs de tendance conservatrice US), mais qui aime bien les trucs plus autoritaires: une théocratie, tant que chrétienne et nationaliste US, c'est pas si mal; sa vision des nazis étant particulièrement ambiguë: en substance, il leur reproche la Shoah, mais sans cela, ils auraient fait d'acceptables alliés contre le communisme. Plus bien sûr le couplet sur les écologistes qui conspirent pour détruire le monde, les Français vus dans une perspective disons post 2003... Passe encore qu'il veuille faire du fanboyisme pro-armée allemande: pourquoi pas, dans un ouvrage de sf mili, si ça peu faire de bonnes pages: on en a vu sur d'autres pays/armées. Mais ce point de radicalisme est à mon humble avis beaucoup, beaucoup trop. Voilà, pavé-coup de gueule, principalement parce que je n'arrive pas à me sortir de l'idée que cette série aurait pu être sympatique, sans le volet discours de campagne.
  24. Concernant Ringo, j'ai lu les 3 premiers tomes de sa série Aldenata; c'est pas trop mal au début, mais ça vire vite à: -l'adversaire taillé sur mesure pour la guerre "à l'américaine" (ou plutôt une vision très étriquée de la chose) et seulement: caricaturalement, y'a qu'une masse énorme de puissance de feu qui marche, le reste étant plus ou moins accessoire face à des hordes en surnombre, insensibles aux pertes et surarmées. -plus ça avance, plus ça vire au discours idéologique superconservateur. J'ai lâché après le 3e tome, parce que son co-auteur est peut-être l'exemple le plus radical de la droite dure US qu'il m'ait été donné de lire (Ann Coulter à presque l'air d'une sage et d'un prix de modération en comparaison).
×
×
  • Créer...