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Manuel77

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Tout ce qui a été posté par Manuel77

  1. Bien sûr. L'idée verte allemande était de développer massivement les énergies renouvelables et de couvrir les périodes creuses par des centrales à gaz à démarrage rapide. Même dans ce cas, on ne consomme pas autant de gaz pour l'électricité. Mais tu dois garder à l'esprit que le problème allemand du gaz est celui du chauffage dans les habitations. 50 % de gaz, 25 % de pétrole, 10 % de chauffage urbain. L'électricité ne joue aucun rôle. Je peux t'assurer que l'anti-nucléaire allemand n'est pas un complot de Gazprom. Il n'est pas non plus dirigé par le KGB/FSB. C'est une névrose spécifiquement allemande de la société majoritaire. C'est/était un véritable mouvement de grassroots
  2. Les Allemands n'ont jamais fait confiance à la dissuasion par ICBM. Déjà pas dans les années 80, ce qui a conduit à la double décision de l'OTAN. Personne en Allemagne ne croit que si les Russes font exploser une bombe de démonstration au-dessus de la mer Baltique, les Etats-Unis activeront un silo dans le Montana. L'Allemagne/l'Europe (ex-France) seraient incapables d'agir dans une guerre conventionnelle en raison du chantage aux petites bombes atomiques.
  3. Gazprom aurait financé le parti vert allemand ? Je n'en ai jamais entendu parler. Ils ont toutefois une influence sur le SPD (Schröder, Manuela Schwesig, Ministerpräsident Mecklenburg-Vorpommern). Nos Verts sont contre le nucléaire, le gaz et le charbon. Ils souhaitent que l'électricité soit fournie par la prise électrique.
  4. C'est un peu exagéré. Le char emblématique est le Tigre 1, pas la Panthère. En général, seuls les hommes qui s'intéressent particulièrement à l'histoire de la guerre connaissent son existence. Et peut-être les adolescents qui possèdent trop de jeux vidéo. On pourrait argumenter, du point de vue de la psychologie des profondeurs, qu'un char Panther est plus modeste. Le tigre et le lion se disputent la couronne du règne animal, la panthère suit son chemin. Elle est plus légère et plus discrète. J'admets toutefois que l'ex-général allemand Wittmann pense que le choix du nom est malheureux. https://www.welt.de/videos/video239363465/So-funktioniert-der-Panther-Panzer-von-Rheinmetall.html
  5. Tu crois que Biden pleure pour s'endormir à cause de telles préoccupations ? Il met Paris à la hauteur de Washington... On serait clairement le leader de l'UE en matière de politique étrangère. La France pourrait enfin monétiser à grande échelle les investissements militaires qu'elle réalise depuis des décennies. Tu veux le bouclier ? Alors achète-le chez nous avec ton argent national/européen. D'ailleurs, nous gardons les emplois et la "blackbox". Tu veux payer en espèces ou par carte de crédit ? Et s'il te plaît, ne reprends pas l'argument du traité de non-prolifération. La Russie a déchiré le traité en février. La Chine l'a déchiré lorsqu'elle a permis à son Etat client du Sud de se comporter en chien de garde nucléaire à la moindre occasion.
  6. Les idées allemandes sur les armes nucléaires européennes sont de plus en plus concrètes. Jusqu'à présent, je n'ai pas encore lu de propositions aussi élaborées : https://www.welt.de/debatte/kommentare/article240480267/Europas-nuklearer-Moment-ist-jetzt.html Le moment nucléaire de l'Europe, c'est maintenant Vladimir Poutine mise sur le sabre nucléaire. Mais l'Europe est à court d'armes : Seule la France dispose d'armes nucléaires. L'Allemagne devrait y participer. Bien sûr, c'est une imposition - mais qui pourrait en valoir la peine. Le Kremlin a fait des livraisons de gaz une arme finement calibrée dans la course au système. Il maintient la dépendance au gaz russe (et les paiements occidentaux) tout en exerçant une pression sur la situation macroéconomique et par conséquent politique en Europe via une poussée inflationniste ciblée. Cela mobilise l'attention politique. Ces douleurs d'adaptation qui accompagnent la reconfiguration du marché de l'énergie font toutefois passer au second plan le sabre nucléaire avec lequel le président Poutine cherche régulièrement à diviser l'alliance occidentale. Bien que l'utilisation d'armes nucléaires par la Russie ne semble pas plausible, la menace ne manque pas d'avoir un effet dissuasif : elle paralyse des membres importants de l'OTAN et freine leur enthousiasme à s'opposer résolument au projet impérial russe en Ukraine. Cette paralysie s'observe particulièrement bien en Allemagne, l'État dans lequel des forces politiques sérieuses voulaient même, il y a peu, abandonner la participation nucléaire, ce qui aurait gravement affecté, sinon la capacité de dissuasion de l'Alliance dans son ensemble, du moins sa cohésion. La participation nucléaire est sensible du point de vue de la politique de sécurité, car elle implique, au sein de l'OTAN, des membres intéressés ne disposant pas de leurs propres armes nucléaires (tactiques) dans la planification de leurs objectifs et leur transfert en cas de défense. Il s'agit actuellement de l'Allemagne, de l'Italie et de la Turquie, qui étaient particulièrement exposées pendant la guerre froide. Un petit nombre d'armes nucléaires américaines (actuellement une vingtaine) sont ainsi stationnées sur le sol allemand, dans le cadre de la dissuasion élargie, afin d'une part de protéger la République fédérale et d'autre part de s'assurer que les États-Unis restent fidèles à leurs alliés européens. La participation nucléaire renforce donc la cohésion au sein de l'Alliance et réduit en même temps le risque de prolifération, car elle rend superflues les armes nucléaires propres aux États participants. Ce qui frappe dans les livraisons d'armes, c'est "l'écart important entre l'aide promise et l'aide effectivement fournie", indique le rapport du Kiel Institut für Weltwirtschaft. Pourtant, l'Europe vit actuellement un "moment nucléaire" en raison de la guerre dans son voisinage immédiat, ce qui rend envisageable une nouvelle conception de la dissuasion nucléaire : L'agression russe devrait être contrée par une dissuasion renouvelée et européanisée. Il ne s'agit pas ici de l'armement nucléaire d'autres membres de l'Alliance atlantique. Il s'agirait plutôt d'augmenter la capacité de dissuasion de l'Europe par une européanisation de la participation nucléaire - une contribution importante à l'autonomie stratégique de l'Union européenne en tant que pilier au sein de l'OTAN. Au sein de l'UE, la France reste le seul Etat doté de l'arme nucléaire qui serait disponible pour une participation nucléaire européenne. Une européanisation complète du dispositif français d'armes nucléaires sous l'égide du Comité militaire de l'UE ou même de la Commission européenne semble totalement impossible. L'Allemagne devrait réfléchir à la coopération Une telle supranationalisation n'est toutefois pas nécessaire. Elle serait également en contradiction avec le modus operandi actuel de l'intégration européenne en matière de défense, dans lequel les capacités militaires restent entre les mains des États membres. Le président Macron lui-même, dans son discours du 7 février 2019 sur le rôle de la dissuasion nucléaire française dans la défense européenne, a proposé un dialogue stratégique à ce sujet avec les partenaires européens intéressés, qui aurait pu inclure la possibilité de coopérer avec les forces de missiles. L'offre de dialogue s'adressait en particulier à Berlin, qui n'avait alors pas pu ou voulu répondre à cette preuve de confiance. L'Allemagne - ainsi que l'Italie, deuxième État membre de l'UE à utiliser l'instrument de la participation nucléaire - devrait maintenant accepter cette offre et réfléchir activement à une coopération sur la manière dont les armes nucléaires françaises pourraient être utilisées pour une "dissuasion européenne élargie". Les armes nucléaires françaises stationnées dans les pays partenaires resteraient la propriété de la France, seul le transfert en cas de défense serait pris en charge par les partenaires. Cette répartition des tâches souderait les partenaires entre eux, même en temps de paix. Un tel reflet de la participation nucléaire américaine aurait pour objectif de renforcer la défense européenne tout en préservant la souveraineté des prérogatives nationales - en tant que pilier européen au sein de l'OTAN, qui doit rester le cadre de référence pour les menaces territoriales profondes de l'Alliance. La République fédérale continuerait à ne pas devoir acquérir d'armes nucléaires, mais pourrait ainsi avoir davantage voix au chapitre sur leur rôle et leur fonction. Ce miroir constituerait certes une réassurance contre un éventuel éloignement des États-Unis de l'OTAN, par exemple en cas de nouvelle victoire électorale d'un président isolationniste à Washington. Elle ne remplace cependant pas la participation existante, ce qui serait en même temps un signal que cette forme d'intégration de la défense n'est pas dirigée contre les États-Unis, qui restent l'épine dorsale de la défense de l'Europe. En outre, une dissuasion européenne élargie ne signifierait pas l'abandon des intérêts de sécurité allemands à la France, mais montrerait plutôt le niveau d'intégration que la coopération basée sur la confiance entre les deux partenaires serait capable d'atteindre. En même temps, cette participation montrerait aux autres membres de l'UE qu'il ne s'agit pas d'un cavalier seul franco-allemand - si elle s'accompagne d'une offre de dialogue renouvelée de Paris aux partenaires intéressés, ce qui pourrait même inclure à long terme une extension de cette participation aux États intéressés. Face à la Russie, ce serait enfin un symbole fort de la détermination européenne à faire concrètement plus pour sa propre défense. Le rôle de l'Union européenne serait limité, mais pas inefficace. Contrairement à ce qu'espèrent les supranationalistes, l'intégration européenne en matière de défense restera certes organisée de manière intergouvernementale. Une "Commission géopolitique" à Bruxelles Cela n'exclut pas une Commission activiste, ni une structure institutionnelle supranationale plus robuste autour de l'intégration de la défense de l'UE, ni davantage de financement et de coordination de la part de l'UE pour pousser les États membres vers une coopération horizontale plus profonde et plus efficace. Le rôle de la Commission européenne pourrait toutefois être de soutenir l'infrastructure de partage du nucléaire par ses propres financements, par exemple à partir du Fonds européen de défense. En perspective, un soutien pourrait même inclure un financement supranational direct des plates-formes de déploiement correspondantes, par exemple sous la forme du Future Combat Air System (FCAS). Une "commission géopolitique" à Bruxelles ne devrait pas être fermée à un tel projet. Car une "dissuasion européenne élargie" ainsi conçue servirait à renforcer la défense nationale. ENGAGEMENT DANS L'OTAN Dépendante de la protection des États-Unis - quand l'Europe dépassera-t-elle son statut de nain ? Elle serait plus qu'une politique symbolique et donc sans aucun doute une imposition pour la République fédérale. Mais la guerre d'agression russe a durablement modifié les coordonnées de la défense européenne et fait apparaître une nouvelle conception de la dissuasion nucléaire comme possible, voire judicieuse. Pour une projection de puissance globale efficace - le deuxième côté de la même médaille de l'autonomie stratégique européenne -, il faudrait en outre au moins deux groupes de porte-avions européens, qui pourraient être constitués de manière flexible par des unités nationales de membres de l'UE intéressés, autour du porte-avions français de nouvelle génération (PANG). Il devrait être complété par un autre porte-avions européen, que l'UE pourrait cofinancer en tant que plateforme (à propulsion nucléaire) pour les avions de combat européens - de la même manière que les capacités AWACS sont aujourd'hui maintenues de manière supranationale par l'OTAN. L'interopérabilité des marines européennes étant déjà plus avancée que celle des forces terrestres, une telle forme d'intégration serait relativement facile à réaliser. Il s'agirait également d'un moment nucléaire - mais ce serait alors une autre histoire. --- Pour citer Don Barzini : La France doit partager l'eau du puits. Bien sûr qu'elle peut faire une facture, après tout nous ne sommes pas communistes.
  7. Je ne suis pas artilleur, mais peut-être les Ukrainiens utilisent-ils la mauvaise tactique ? Si j'ai une pièce d'artillerie lourde fortement blindée, je devrais peut-être me rapprocher de l'objectif. Je tire plus précisément et avec moins de pression et de charge propulsive. Il semble que les obusiers soient peu menacés. Ne peuvent-ils être détruits que par des tirs à pleine puissance ?
  8. https://www.businessinsider.de/politik/deutschland/kaputte-panzerhaubitzen-im-ukraine-krieg-a/ Obusier blindé 2000 Les armes d'artillerie s'usent trop vite En effet, selon les informations de Business Insider, une grande partie des armes ne sont plus opérationnelles, mais sont en principe encore en état de marche. Mais les raisons de cette panne sont apparemment multiples : des sources gouvernementales affirment que les obusiers blindés livrés ont certes été reprogrammés en Allemagne pour l'utilisation de munitions françaises et américaines, mais qu'ils ne sont pas adaptés à l'utilisation de munitions américaines. Mais les résidus de munitions après le tir sont apparemment plus importants que prévu dans des conditions de guerre. Rien que cela doit apparemment entraîner des difficultés techniques pour les appareils high-tech. Il semble qu'il manque effectivement des pièces de rechange. De plus, il y aurait également des erreurs d'utilisation, ce que les experts attribuent à la durée de formation extrêmement courte des soldats ukrainiens. Le fait est que le soutien technique à distance apporté jusqu'à présent par l'école d'artillerie d'Idar-Oberstein ne suffit apparemment plus pour réparer les armes. Selon les informations de Business Insider, l'industrie et le gouvernement fédéral envisagent désormais de réparer les appareils dans les pays voisins occidentaux de l'Ukraine, car les techniciens allemands ne doivent en aucun cas prendre le relais en Ukraine. Cela pourrait être considéré par la Russie comme une participation à la guerre, s'inquiète-t-on. Selon des sources gouvernementales, il n'est pas encore possible de dire quand une solution réaliste sera trouvée.
  9. Le plan élaboré derrière la stratégie "Panther" de Rheinmetall https://www.welt.de/wirtschaft/article240487991/Kampfpanzer-Panther-Jetzt-attackiert-Rheinmetall-Suedkoreas-Angebote-in-Europa.html Au cours des 20 prochaines années, au moins 1000 chars sur les 8000 que compte l'Europe devraient être remplacés, estime le CEO de Rheinmetall, M. Papperger. Le nouveau char de combat devrait en profiter massivement - et aider à éviter les défaites face à la concurrence étrangère. Annonce Rheinmetall a des projets de vente ambitieux avec le nouveau char de combat Panther KF51, présenté en juin à la surprise générale. Le directeur du groupe, Armin Papperger, estime qu'au cours des 20 prochaines années, au moins 1000 des 8000 chars au total en Europe, y compris dans les pays limitrophes de la Russie, devront être remplacés. "Si nous parvenons à remporter seulement 50 pour cent de ces commandes, ce sera une grande chance et une énorme entrée de commandes pour nous", a maintenant expliqué Papperger devant des analystes. Il s'agit avant tout d'éviter autant que possible une défaite face à la concurrence de la Corée du Sud, comme cela a été le cas récemment en Pologne. Le gouvernement de Varsovie a commandé des chars de combat à la Corée du Sud pour renforcer ses forces armées en réaction à la guerre d'agression menée par la Russie en Ukraine - mais pas de chars Leopard supplémentaires en provenance d'Allemagne. Le projet d'échange de chars entre l'Allemagne, la Pologne et l'Ukraine est tombé à l'eau. Le gouvernement de Varsovie veut désormais acquérir, outre des chars de combat américains Abrams supplémentaires, le modèle K2 Black Panther auprès du fabricant sud-coréen Hyundai Rotem. Le ministre polonais de la Défense Mariusz Blaszczak a déclaré lors de la signature du contrat fin juillet : "Le système d'arme coréen était le plus approprié compte tenu de la technologie, du prix et du moment de l'introduction". Les chars sont fournis par le groupe technologique Hyundai Rotem, qui appartient au grand groupe automobile Hyundai. 180 chars de combat devraient être importés de Corée du Sud dans les plus brefs délais et 800 autres devraient être produits directement en Pologne à partir de 2026 dans une variante propre. Varsovie avait cédé à l'Ukraine environ 250 chars de conception soviétique et cherchait à les remplacer. L'Allemagne a proposé 20 chars de combat Leopard 2 en plusieurs fois, mais seulement à partir d'avril 2023, ainsi que 100 anciens modèles de type Leopard 1. Trop peu du point de vue polonais. Selon la transcription d'un entretien avec des analystes qui vient d'être publiée, le chef de Rheinmetall Papperger a donné un aperçu de ce qui se cache derrière le nouveau développement de son modèle Panther. Il admet ouvertement que ce modèle doit également être considéré comme un concurrent du char de combat traditionnel Leopard. Le Leopard est construit et vendu sous la régie du fabricant d'armement Krauss-Maffei Wegmann (KMW), même si Rheinmetall y participe de manière déterminante. Le Panther a au moins dix capacités dont le Leopard ne dispose pas. Le groupe de Düsseldorf se fait certes un peu de concurrence, mais il veut vendre plus au total et, contrairement au modèle Leopard, il aurait alors la main sur le Panther. En outre, avec sa proposition, Rheinmetall empiète sur le développement franco-allemand d'un nouveau char de combat commun au sein de l'alliance KMW-Nexter. Or, celui-ci ne sera opérationnel qu'entre 2035 et 2040. Un délai trop long selon Papperger. Son nouveau Panther possède au moins dix capacités dont le modèle Leopard ne dispose pas, a déclaré Papperger aux analystes. C'est pourquoi il prend les devants et espère ainsi attirer des clients. Le modèle dispose d'un nouveau canon plus puissant, d'un calibre plus grand de 130 millimètres et d'un système d'atterrissage automatique, ce qui lui confère une plus grande puissance de combat que le Leopard. Papperger a parlé d'une très bonne réaction du marché au nouveau modèle, mais n'a pas cité de nom de client. Mais il ne s'agit pas seulement de technique, mais aussi de prix. Le chef de Rheinmetall affirme que le Panther, malgré ses nouvelles capacités, est moins cher que le modèle haut de gamme Leopard 2A7. La Corée du Sud en particulier tente de gagner des clients par le biais du prix. Pour le Leopard 2A7, la fourchette de prix se situe actuellement entre 18 et 20 millions d'euros par pièce, "ce qui est un prix élevé en comparaison avec la Corée", selon le chef de Rheinmetall. Il ne précise pas si cela inclut les munitions, la formation et les pièces de rechange. Littéralement : "Nous disons, d'accord, nous devons baisser les prix, et c'est ce que nous voulons". Le prix du Panther pourrait toujours être légèrement supérieur à celui du modèle sud-coréen, mais pas aussi nettement que celui du Leopard actuellement. Le char K2 Black Panther de la Corée du Sud provient certes en grande partie d'Asie et son développement s'inspire essentiellement du modèle Leopard. Cependant, au moins les premiers exemplaires étaient encore basés sur des moteurs (MTU-Friedrichshafen) et des transmissions (Renk-Augsburg) allemands, soit par livraison directe, soit par production sous licence. Contrairement au Leopard, le K2 dispose d'un système moderne de chargement automatique des munitions. Les experts militaires expriment certes des doutes quant à l'utilité pour la Pologne d'exploiter à l'avenir trois chars de combat de fabricants différents pour des raisons de sécurité d'approvisionnement et de logistique : Des chars Abrams des États-Unis, des chars Leopard d'Allemagne ainsi que des chars K2 de Corée du Sud avec une production nationale ultérieure. Pour la Corée du Sud, cette commande est en tout cas une sorte de porte ouverte sur le marché européen de l'armement et une concurrence à prendre au sérieux pour les grands fournisseurs de chars Rheinmetall et KMW d'Allemagne ainsi que Nexter de France. La prochaine décision clé pourrait être prise en Norvège. Ici, le Leopard et le K2 de la Corée du Sud sont en lice pour de nouveaux chars. Comme en Pologne, il s'agit de savoir si d'autres Leopard seront commandés ou si des achats supplémentaires seront effectués en Asie. La Norvège utilise le modèle allemand depuis plus de 50 ans.
  10. De nombreux pays ont tendance à glorifier le passé. Chez nous aussi, il y a eu ces 20 dernières années beaucoup de nostalgie pour les années 1980, quand tout était soi-disant tellement mieux. Les étés étaient plus ensoleillés, les piscines en plein air plus sûres, le mark allemand avait un meilleur pouvoir d'achat, les voitures étaient en tôle plus épaisse. Vu de l'extérieur, le déficit de la France semble surtout résider dans les rigidités de son économie. Dans tous les autres domaines, elle est supérieure à l'Allemagne, surtout dans ceux qui se font sentir dans ce nouveau monde : meilleure géographie, meilleure diplomatie, meilleure armée, meilleure démographie, plus d'autarcie, plus indépendante du commerce mondial. Je pense que cet article de 2018 de Peter Zeihan est toujours valable : https://zeihan.com/i-think-they-get-it-now-part-deux-france/ Mais pour les Français, il n'a jamais été question d'économie. Les territoires métropolitains français sont riches. Des terres agricoles d'une productivité phénoménale. Une richesse de zones climatiques habitables. De grands fleuves pour l'industrie et le transport interne. Une population beaucoup plus jeune et vieillissant beaucoup plus lentement que la norme européenne. L'économie française a toujours été tenue en grande partie à l'intérieur, et l'époque de la guerre froide n'a pas fait exception. La France bénéficie également d'un accès facile à la mer du Nord, à l'océan Atlantique et à la mer Méditerranée, ce qui lui permet - et à elle seule - d'être présente dans tous les domaines importants pour l'Europe. La position de la France à l'extrême ouest de la péninsule européenne lui confère même une bonne profondeur stratégique, même si cette "profondeur" appartient à d'autres pays. L'isolement stratégique de la France a permis à la planification de la défense française de se concentrer sur l'horizon lointain, comme en témoignent le porte-avions nucléaire et la force de missiles nucléaires de la France. Presque seuls parmi les États européens, les Français n'ont pas besoin de quelqu'un pour les défendre. Tout cela signifie que les Français n'ont pas vraiment vu un grand attrait pour le plan de Bretton Woods des Américains. Les Français savent très bien que si les Américains se retirent de Bretton Woods, la sécurité mondiale qui permet à l'Union européenne - qui est au fond une union d'exportateurs dépendant d'un accès mondial - ne serait plus possible. Cela bouleverse évidemment Macron, mais cela ne fait pas trop de mal à la France. Tout comme les Américains ont conçu l'ordre mondial pour des raisons stratégiques et n'ont donc jamais attaché leur économie à Bretton Woods, les Français ont conçu l'UE pour des raisons stratégiques et n'ont donc jamais attaché leur économie à l'Europe. La France peut survivre à tout effondrement mondial, même européen, sans subir le genre de chocs économiques, politiques, culturels et stratégiques catastrophiques et transformateurs qui ravageront presque tous les autres pays. La France n'est pas non plus confrontée à des défis stratégiques significatifs à court ou moyen terme. Elle est suffisamment éloignée de la Russie et de la Turquie pour éviter les complications liées à leurs expansions. Sa position sur les réfugiés est si hostile que peu de gens essaient de s'y rendre. Ses voisins sont militairement ineptes, démographiquement en implosion, terriblement dépendants de la stratégie américaine en matière de commerce mondial et de sécurité, ou dans la plupart des cas, tout cela à la fois. En revanche, en dehors des États-Unis et du Royaume-Uni, ce sont les Français qui ont la plus longue et la plus active histoire d'engagement dans des interventions militaires. Les forces françaises sont capables, expérimentées, professionnelles, elles ne risquent pas du tout de rouiller sur les étagères, et quand elles y vont, elles y vont fort - même dans des endroits comme l'Afrique sub-saharienne où les Yankees ont peur d'aller. Cela signifie plus ou moins que, dans un monde sans les Américains aux commandes, la France est de loin le pays le mieux placé de la planète (à part les États-Unis eux-mêmes) pour tracer une voie indépendante. Macron ne fait pas le tour du monde (seulement) parce qu'il est un mégalomane en mal d'ego. Il le fait parce qu'il représente une superpuissance qui se réveille, parce que le monde qui se dessine est un monde dans lequel la France va briller, parce qu'il pose les bases pour que la France soit à nouveau une puissance impériale. Il n'est pas étonnant que Macron ait été si combatif avec Donald Trump ces derniers temps. Non seulement son pays est le mieux protégé de tout conflit commercial significatif, mais il est de loin le mieux placé pour s'en sortir si tout s'écroule. L'un des avantages d'avoir un système national fort, sans dépendances ni expositions internationales, est que vous pouvez choisir vos batailles plutôt que de les voir choisies pour vous. La France va devenir un acteur libre dans l'âme. Il est donc quelque peu difficile de déterminer avec précision ce que les Français vont rechercher, mais trois thèmes méritent d'être pris en considération. Premièrement, les Français doivent avoir une stratégie allemande. Les Français ont mené de multiples guerres avec les Allemands au fil des ans et la plupart d'entre elles... ne se sont pas particulièrement bien passées. La combinaison de Bretton Woods et de l'Union européenne a permis à la France de déflorer l'armée allemande et de mettre l'économie allemande au service des intérêts stratégiques français. Ce fut une période heureuse, mais elle est presque terminée - ce qui signifie que Paris doit maintenant trouver un moyen de remettre l'Allemagne sur les rails, de l'orienter fermement dans une autre direction, ou les deux. Une Russie qui gronde et qui a l'intention de sécuriser sa périphérie avant que l'effondrement démographique ne la transforme en une coquille fragile offre des opportunités pour les deux options simultanément. Deuxièmement, les Français ont besoin d'une stratégie pour la Méditerranée occidentale. En tant que seul pays d'Europe du Nord ayant un pied en Europe du Sud, les Français ont une capacité unique à tirer parti des densités de capital, d'industrie et de population de l'Europe du Nord dans une région qui n'a pas beaucoup de capital, d'industrie ou de population. (Les territoires impériaux les plus importants de la France se trouvaient dans le bassin méditerranéen pour une bonne raison). Il y a beaucoup plus d'opportunités que de dangers pour les Français ici. L'Italie, l'Espagne et le Portugal sont peut-être européens, mais ce ne sont pas des puissances de projection. Avec l'UE sur la corde raide et probablement bientôt disparue de ce monde, la France devient rapidement le premier parmi des égaux, même pas proches, et sera en mesure d'utiliser sa capacité supérieure pour faire entrer le trio d'Europe du Sud dans le conteneur qu'elle souhaite. La France entretient déjà des relations solides avec le Maroc et la Tunisie, et si les relations franco-algériennes sont toujours tendues, dans un monde post-américain, Alger n'aura aucun partenaire fiable en dehors de ses anciens maîtres impériaux. La Libye représente même une opportunité pour un effort français de construction d'un État qui, grâce au pétrole libyen, pourrait s'autofinancer. Le succès des deux premières stratégies nécessite une troisième stratégie : celle de l'alliance temporaire. Il y aura constamment des conflits d'intérêts, non seulement avec l'Allemagne et l'Algérie, mais aussi avec des pays un peu plus éloignés : le Royaume-Uni, la Turquie, l'Égypte, Israël, les Pays-Bas, la Suède, la Russie, voire les États-Unis. Tous conserveront la capacité de se mettre à dos la France, et pourtant tous se révéleront être des alliés tactiques en fonction de l'enjeu du moment. S'assurer de telles alliances temporaires est une spécialité nationale française, mais un flair pour la négociation ne signifie pas que la France sera capable de tirer parti de ces positions pour en faire quelque chose de plus important. Pour projeter sa puissance au-delà de sa région d'origine, il faut une portée, un accès, une isolation et une force. La France possède toutes ces qualités, mais seulement assez pour dominer sa propre cour et son arrière-cour, et seulement avec beaucoup de va-et-vient. S'implanter en Méditerranée orientale, en Afrique subsaharienne ou au Moyen-Orient, et encore moins en Asie ou dans l'hémisphère occidental, nécessite un degré de capacité de réserve que la France ne peut tout simplement pas générer, à moins de simplifier son voisinage. Cela pourrait prendre de nombreuses formes. Vaincre la mauvaise humeur de l'Algérie et enterrer la hache de guerre avec succès ferait de la Méditerranée occidentale un bassin français. Une entente avec le bon vieux Londres se prêterait naturellement à la co-domination de la mer du Nord. Une alliance significative avec la Russie désespérée ou la Turquie néo-impériale mettrait l'Allemagne dans une boîte si ferme qu'elle permettrait à la France d'avoir les mains libres en Europe occidentale. Une entente (publique) avec ces Américains névrosés permettrait d'aller très loin dans tous les domaines. Mais toutes ces options exigent que les Français fassent quelque chose qu'ils ne font pas bien : agir de manière fiable et de bonne foi. Ce n'est pas ainsi que les Français ont tendance à fonctionner. La France fait pencher l'échiquier. La France change de camp. La France abandonne les causes perdues. La France abandonne ses alliés. La France extrait ce qu'elle peut quand elle peut, comme elle peut, car les Français savent qu'ils ne seront pas impliqués longtemps dans une situation particulière. La France est un acteur qui réussit parce que la France est un acteur. Comme le disent les Français eux-mêmes, "la France n'a ni ennemis ni alliés, seulement des intérêts". Cette mentalité de passeur a bien servi les Français pendant des siècles, et continuer à suivre le mantra des seuls intérêts permettra effectivement à la France de récupérer sa position de première puissance de sa région. Mais ce va-et-vient constant empêche la France de devenir plus. Il est facile pour une nation puissante et unie de se tailler une sphère d'influence temporaire dans une période de bouleversements mondiaux. Mais construire quelque chose de plus grand, quelque chose qui dure, cela nécessite un conseil éclairé - et c'est quelque chose que la France ne peut faire à moins d'avoir quelques alliés qui lui font vraiment confiance. Les périodes de chaos international sont de merveilleuses occasions de réinitialiser les normes culturelles. L'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron a fait voler en éclats l'élite politique française traditionnelle, ce qui fait de cette période un moment opportun pour changer la mentalité des Français sur la signification du mot "alliance".
  11. Un résumé de la politique de sécurité franco-allemande par le "Bundeszentrale für politische Bildung". Il s'agit d'un organe étatique qui présente la "doctrine d'Etat" allemande. https://www.bpb.de/themen/europa/frankreich/508853/aussen-und-sicherheitspolitik/ Le partenariat franco-allemand en matière de sécurité depuis 2011 En 2011, l'Allemagne se trouvait dans une position marginale en matière de politique de sécurité, notamment parce qu'un trio de tête composé des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France s'était formé au sein de l'OTAN. Après les élections de 2013, la République fédérale a tiré les conséquences lors de la Conférence de Munich sur la sécurité de 2014 et s'est engagée publiquement à renforcer son engagement en matière de politique étrangère et de sécurité. Cette réorientation a donné lieu à des initiatives qui ont également été bien accueillies en France, notamment les négociations avec la Russie et l'Ukraine dans le cadre du "format Normandie" à partir de 2014, ainsi que l'envoi d'un total de jusqu'à 10 000 soldats de la Bundeswehr au Mali depuis 2015 , dans le cadre de la mission de l'ONU MINUSMA et de la mission de formation de l'UE EUTM Mali. La coopération entre les deux pays dans l'industrie de l'armement a également été renforcée. En 2017, Merkel et Macron ont annoncé le développement d'un avion de combat franco-allemand, auquel participent également la Belgique et l'Espagne. Cela a débouché sur le grand projet Futur Combat Air System (FCAS), qui a été lancé en 2019 sous la forme d'un accord-cadre. En 2018, les ministres de la Défense des deux pays ont également signé une déclaration d'intention de coopération en matière d'armement pour le Main Ground Combat System (MGCS). Dans le cadre de ce projet franco-allemand, il ne s'agit pas seulement de développer un nouveau char, mais un système de combat terrestre entièrement interconnecté. Ce système pose des exigences élevées aux deux États et à leurs armées, notamment sur le plan financier. C'est pourquoi la France plaide pour une politique d'exportation d'armement offensive. Le gouvernement fédéral, tant sous Merkel que sous Scholz, est plus restrictif à ce sujet - une attitude qui, du point de vue français, met en danger la réalisation des deux projets. L'orientation politique de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) est également source de dissensions de part et d'autre du Rhin. Du point de vue français, la PESD devrait avant tout être efficace sur le plan militaire et largement autonome par rapport à l'Alliance atlantique du Nord. C'est pourquoi Paris plaide pour plus de flexibilité dans les projets de la PESD, qui ne devraient être portés que par les Etats qui ont les moyens et la volonté de la développer. Pour faire valoir ces intérêts, Macron a lancé en 2017 l'"Initiative européenne d'intervention" (IE2), à laquelle participent désormais douze pays de l'UE ainsi que, malgré le Brexit, le Royaume-Uni. L'Allemagne participe certes à ce forum, mais préfère la "coopération structurée permanente" (CSP), qui englobe tous les États de l'UE et renforce ainsi la cohésion politique de l'UE. Il existe toutefois des parallèles entre les deux projets, qui visent tous deux à renforcer la synchronisation des structures de forces armées nationales à l'échelle européenne et à promouvoir la réalisation de projets d'armement communs. Ce qui n'est pas clair, c'est le degré d'indépendance de l'UE par rapport aux États-Unis. Macron fait la promotion du concept d'"autonomie stratégique", qui a rencontré une certaine résistance en Allemagne sous le gouvernement Merkel. On ne sait pas encore quelle sera la position du gouvernement Scholz à ce sujet - même si les deux pays défendent ensemble le projet d'une "boussole stratégique" (CS). Les travaux préparatoires ont déjà été réalisés sous la présidence allemande du Conseil de l'UE en 2020. Mais le concept en lui-même n'a été finalisé qu'en 2022, sous la présidence française de l'UE. Le CS doit renforcer l'ambition de l'UE d'apparaître sur la scène mondiale comme un partenaire pertinent en matière de politique de sécurité et approfondir l'autonomie stratégique de l'UE. Il doit identifier les crises à venir (jusqu'en 2030) et préparer l'UE à les maîtriser. La "boussole stratégique" est donc une sorte de livre blanc de la défense, sur lequel la politique européenne de sécurité et de défense doit s'orienter sous la direction informelle du tandem franco-allemand. Mais tous les malentendus franco-allemands en matière de politique de sécurité ne sont pas pour autant dissipés. Après le Brexit, Paris est certes plus ouvert à une coopération militaire avec Berlin, mais attend de l'Allemagne plus d'engagement et plus de flexibilité en ce qui concerne l'envoi de la Bundeswehr dans des missions de combat de l'UE et de l'OTAN en dehors des frontières européennes. Pour Berlin, Paris est le partenaire le plus important en Europe, mais du point de vue allemand, se détacher des États-Unis serait une grave erreur. C'est pourquoi le gouvernement allemand apporte une certaine dose de méfiance aux initiatives françaises de l'UE. Berlin n'est prêt à investir dans le partenariat de sécurité franco-allemand que tant qu'il n'affaiblit pas la cohésion de l'OTAN et la coopération transatlantique. Après le "changement d'époque" = "Zeitenwende" Avec l'invasion russe de l'Ukraine, l'occupation russe de vastes territoires à l'est et au sud de l'Ukraine et le bombardement généralisé de villes ukrainiennes par l'armée russe, le partenariat franco-allemand en matière de sécurité est confronté à des tâches entièrement nouvelles. L'invasion du 24 février 2022 marque la fin de la tentative de coopération pacifique et constructive avec Moscou. L'impact de ce changement d'époque est massif pour la politique de défense des deux pays, mais il est plus profond pour Berlin que pour Paris. Même si la dotation financière et matérielle de l'armée française a donné lieu à des critiques dans le passé, la France a toujours investi environ 1,8 % de son produit intérieur brut dans le budget de la défense, ce qui a garanti la capacité de défense du pays dans son ensemble et lui a permis de mener des missions de combat et des opérations militaires, notamment en Afrique. A l'avenir, on peut s'attendre à ce que la France se concentre davantage sur les besoins de la défense territoriale du pays dans le cadre de l'OTAN. Pour la République fédérale, dont les dépenses de défense n'ont pas dépassé 1,3 % du produit intérieur brut pendant de longues années, la menace de la politique d'expansion russe représente un défi bien plus important. Et ce, bien que le budget de la défense soit passé d'environ 32 milliards d'euros à 50 milliards actuellement depuis 2014, sous la houlette des ministres CDU Ursula von der Leyen et Annegret Kramp-Karrenbauer. Rétrospectivement, la Bundeswehr semble avoir été sous-financée dans les années 1990-2014. Le 27 février 2022, le chancelier Olaf Scholz a annoncé au Bundestag, dans son Lien externe:Discours sur le changement d'époque, qu'il augmenterait le budget de la défense en temps voulu. Avec l'accord conclu fin mai 2022 entre le gouvernement de l'Ampel et la CDU/CSU sur un fonds spécial de 100 milliards d'euros, le budget de la défense passe à 2 % du produit intérieur brut et augmentera chaque année à environ 70 milliards d'euros. Avec un tel volume, la Bundeswehr pourrait devenir la première force armée d'Europe, à condition que les marchés publics soient réformés et rationalisés, comme prévu. Ce changement de paradigme ne pourrait pas seulement renforcer la coopération franco-allemande en matière de politique de sécurité. La République fédérale mettra probablement l'accent sur les besoins de sécurité de ses partenaires orientaux de l'OTAN et augmentera notamment la présence de troupes allemandes dans les pays baltes. L'Allemagne se concentre donc en premier lieu sur la coopération en matière de politique de défense avec les États-Unis, dont la présence militaire en Europe de l'Est est considérée comme la principale garantie de sécurité. Il n'est donc pas surprenant que le gouvernement fédéral ait encore opté fin février pour l'achat de chasseurs américains F-35 et non de Rafale français, afin de remplacer à court terme les Tornados vieillissants. La coopération en matière de politique de sécurité reste néanmoins une priorité pour la France et l'Allemagne. Il convient ici de rappeler une nouvelle fois la coopération entre Paris et Berlin dans le cadre du projet du Futur Combat Air System (FCAS). À partir de 2040, il devrait remplacer l'Eurofighter en Allemagne et le Rafale en France. Un autre grand projet de coopération franco-allemande en matière d'armement est, comme nous l'avons déjà mentionné, le Main Ground Combat System (MGCS), dont l'objectif est de développer et de produire un nouveau char de combat qui remplacera le Leopard 2 en Allemagne et le Leclerc en France à partir de 2035. Alors que la France a pris la tête du projet FCAS, l'Allemagne fait de même dans le cadre du MGCS. La coopération en matière de politique d'armement est ici pilotée par Rheinmetall, Krauss-Maffei Wegmann et Nexter. Parallèlement, le projet est suivi par l'Institut franco-allemand de recherche de Saint-Louis (ISL). Si le FCAS et le MGCS ont été lancés dès 2017/2018, ils ont depuis souffert de perspectives financières incertaines, notamment du côté allemand. Cette incertitude devrait être levée par l'augmentation massive du budget de défense allemand. L'intensification de la coopération franco-allemande en matière de politique étrangère et de sécurité est également très probable en raison de ces deux projets clés. De plus, un changement de paradigme de la position allemande sur la dissuasion nucléaire, et donc un rapprochement avec la position française, s'est récemment dessiné.
  12. L'Allemagne change radicalement de cap dans sa politique vis-à-vis de la Turquie et de la Grèce. La ministre des Affaires étrangères Baerbock (Parti vert, ce parti défend une politique étrangère guidée par des valeurs et non par des intérêts) s'est rendue dans les deux pays. Elle a été assez remarquée par nos médias. Elle s'est clairement rangée du côté de la Grèce dans le conflit sur les îles. Elle a également critiqué le traitement réservé au politicien d'opposition Kavala. Pour cela, elle a été félicitée par l'opposition turque. Elle a également critiqué l'action de la Turquie en Syrie. Certes, la Grèce s'est réjouie d'être soutenue dans le litige concernant les îles. Cependant, Baerbock a critiqué les pushbacks de Frontex. Elle ne veut pas non plus payer de réparations pour la Seconde Guerre mondiale. Vous devez savoir que chez nous, l'aide militaire de la France à la Grèce en été 2020 n'a guère fait la une des médias. Ce n'est que depuis quelques mois que le conflit entre la Turquie et la Grèce attire davantage l'attention chez nous. https://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/baerbock-weist-griechische-reparationsforderungen-in-athen-zurueck-18206086.html https://www.tagesschau.de/ausland/europa/baerbock-griechenland-tuerkei-105.html
  13. https://www.welt.de/politik/ausland/article240180235/Ukraine-News-Kiew-meldet-Probleme-mit-deutschen-Haubitzen.html Un mois seulement après la livraison de systèmes d'artillerie allemands à l'Ukraine, les obusiers blindés présentent déjà des signes évidents d'usure, selon un rapport de presse. Selon le "Spiegel", Kiev a informé en milieu de semaine le ministère de la Défense à Berlin que quelques-uns des sept canons de type Panzerhaubitze 2000 livrés fin juin affichaient des messages d'erreur après des tirs intensifs sur des positions russes, plusieurs obusiers auraient donc besoin de réparations. L'armée allemande suppose que les problèmes sont liés à la vitesse de tir élevée avec laquelle les forces armées ukrainiennes utilisent les canons dans la lutte contre les envahisseurs russes ; le mécanisme de chargement de l'obusier est ainsi énormément sollicité. Dans la troupe, 100 tirs par jour sont déjà considérés comme une utilisation très intensive, mais les Ukrainiens ont apparemment tiré bien plus d'obus. De plus, les soldats sur le front auraient au début essayé de tirer des munitions spéciales à une trop grande distance. L'armée allemande s'est engagée à envoyer rapidement d'autres paquets de pièces de rechange en Ukraine pour remédier aux problèmes. Parallèlement, le gouvernement allemand négocie avec l'industrie de l'armement la mise en place d'un centre de réparation en Pologne, où les réparations nécessaires pourraient être effectuées plus rapidement sur le matériel livré. Selon le rapport, de nouveaux problèmes sont également apparus dans le ravitaillement en munitions pour le char antiaérien Gepard, dont les cinq premiers systèmes ont été récemment livrés à l'Ukraine. Lors des tirs d'essai en Allemagne, il s'est avéré que le système de lancement du Gepard ne reconnaissait pas les munitions d'un fabricant norvégien, et qu'il fallait désormais apporter des améliorations aux projectiles. En août, les munitions adaptées seront à nouveau testées. Je me demande comment on peut améliorer les projectiles pour le Guépard ?
  14. Une vidéo assez détaillée sur l'utilisation du Pzh 2000 en Ukraine. Intéressant : on y voit déjà de légers dommages causés par des shrapnels. https://mil.in.ua/en/news/ukrainian-military-shows-german-panzerhaubitze-2000-acs-in-action/ En outre, on voit que des munitions DM 121 ont été fournies par l'Allemagne. La Bundeswehr a commandé plus de 30000 cartouches en 2019 a Rheinmetall. https://www.bundeswehr-journal.de/2019/tausende-artilleriegeschosse-dm121-fuer-die-bundeswehr/
  15. Pologne en colère contre l' Allemagne : L'Allemagne s'est montrée incapable/réticente à remplacer comme convenu les chars de combat livrés par la Pologne à l'Ukraine. Vous devez savoir que Friedrich Merz (CDU)/chancelier de l'ombre, s'est rangé avec délectation du côté de la Pologne et a vivement critiqué son propre gouvernement. Il y a maintenant une "lettre d'excuses" de la ministre de la Défense/SPD. https://www.sueddeutsche.de/politik/ringtausch-lepopard-polen-1.5629906 Pendant des jours, le gouvernement allemand a dû faire face à des réactions de colère de la part de la Pologne, car l'Allemagne, du point de vue du pays voisin, ne respecte pas ses engagements en matière d'échange d'armes. La ministre de la Défense Christine Lambrecht (SPD) tente désormais d'apaiser les tensions. Dans une lettre adressée à son homologue Mariusz Błaszczak à Varsovie, dont le Süddeutsche Zeitung a obtenu copie, elle fait à nouveau la promotion de l'offre allemande et souligne que les chars de combat Leopard 2 les plus modernes pourraient également faire partie de l'accord, mais pas tout de suite. "Comme déjà discuté au niveau du travail le 14 juillet à Berlin", écrit Lambrecht, "une acquisition commune de chars de combat Leopard 2 ultramodernes de l'industrie allemande serait en outre possible". Et il ajoute : "Pour la production et la livraison de ces nouveaux chars, nous ferions tout pour que la Pologne soit traitée en priorité". Le concept d'échange circulaire prévoit que les partenaires d'Europe de l'Est surtout remettent rapidement à l'Ukraine leurs anciens chars de combat et de grenadiers de production soviétique, afin que le pays puisse se défendre contre la puissance militaire russe. En contrepartie, les partenaires occidentaux promettent de reconstituer rapidement les stocks de matériel de guerre. Jusqu'à présent, Varsovie juge l'offre de l'Allemagne insuffisante. La Pologne a déjà soutenu l'Ukraine en lui livrant bien plus de 200 chars de fabrication soviétique. Berlin n'a proposé que 20 chars Leopard 2 plus modernes pour les remplacer, et la dernière variante n'en fait pas partie. Selon le ministre polonais de la Défense Błaszczak, ils ne seraient pas non plus opérationnels avant douze mois. "Il est certain qu'il y a des cadeaux qu'il ne faut accepter qu'avec une grande prudence", a-t-il récemment déclaré. Auparavant, le vice-ministre des Affaires étrangères Szymon Szynkowski vel Sęk avait même parlé dans le Spiegel d'une "manœuvre de tromperie" de l'Allemagne. Dans sa lettre, Lambrecht explique que Berlin a également proposé 100 chars de combat de type Leopard-1 A5 en remplacement et des véhicules blindés de combat d'infanterie Marder. Les deux sont des chars anciens. Elle appelle à la compréhension, car la Bundeswehr manque elle aussi d'équipements modernes : "Comme vous le savez, une compensation à partir des stocks de la Bundeswehr n'est pas possible compte tenu de notre propre sous-effectif et du respect de nos engagements vis-à-vis de l'Alliance". Berlin a toutefois "examiné avec insistance toutes les possibilités de soutenir la Pologne". Elle a lu avec inquiétude les déclarations sur la déception polonaise dans la presse. Elle a expressément remercié l'Ukraine pour la remise de chars provenant des stocks polonais. "Avec la remise généreuse et surtout très rapide de chars, votre pays a soutenu l'Ukraine de manière efficace. Pour cela, je vous adresse mon plus grand respect personnel et mes sincères remerciements". Elle fait encore savoir à son homologue qu'elle considère comme indispensable une "cohésion étroite et infatigable" entre alliés et amis. La balle est maintenant à nouveau dans le camp polonais. Lambrecht demande un retour d'information. ------------ On regarde sans doute avec inquiétude l'acquisition d'armes coréennes....
  16. Les Russes n'ont pas adapté leur armée à leur démographie et à leur société. Ils sont depuis longtemps dans une société post-héroïque, tout comme nous à l'Ouest. Ils se persuadent qu'ils sont des héros. Mais les sociologues nous disent que les pays dont la démographie est catastrophique ne peuvent jamais supporter de pertes. C'est comme si, en 1914, la France avait envoyé exclusivement ses troupes coloniales sur la Marne pour épargner les Parisiens. Cela ne se serait pas bien terminé. Bon, les Russes se battent comme en 14/18, ils n'atteignent même pas le niveau de 41/45. Le combat d'artillerie ne se transforme pas en mouvement. Peut-être réussiront-ils en "investissant" quatre ans et un million de morts. Si je suis la seule armée contemporaine à miser sur des millions d'obus et 10000 chars, alors que les 20 premières nations industrielles ne le font pas, c'est, selon toute l'expérience de la vie, le signe que je fais quelque chose de mal.
  17. Une réaction de la "Frankfurter Allgemeine Zeitung", qui correspond à peu près à "Le Figaro" :https://www.faz.net/aktuell/politik/inland/atomkraft-gruene-verstecken-sich-hinter-dem-streckbetrieb-18198092.html Étendre ou prolonger ? Ce qui ressemble à un jeu de mots a un fond sérieux. Une "prolongation" des trois centrales nucléaires allemandes encore en activité est certes, à proprement parler, une prolongation de la durée de vie, mais elle ne dure que peu de temps, après quoi le four est techniquement éteint. Une "vraie" prolongation de la durée de vie signifie que les anciennes barres de combustible sont remplacées par de nouvelles. Les Verts et le SPD rendent la différence plus importante qu'elle ne l'est, car ils doivent craindre que les vétérans du mouvement antinucléaire montent aux barricades si le deuxième "test de résistance" est différent du premier, c'est-à-dire favorable à la poursuite de l'exploitation. Par mesure de précaution, la règle de langage est la suivante : exploitation étirée en cas de nécessité, prolongation de la durée de vie en aucun cas. Au vu des efforts déployés par l'UE pour atténuer l'urgence gazière par le biais d'une communauté de solidarité, il est toutefois aventureux de voir comment les Verts justifient à présent cette opération de stretching : Le problème, c'est la France ! La chaleur empêche les centrales nucléaires d'être refroidies. L'Allemagne doit venir à la rescousse et exporter de l'électricité. C'est ce qu'a déclaré Katrin Göring-Eckardt dimanche soir sur la chaîne ARD. Le ministère de l'Économie a également déclaré que la situation devait être réévaluée en raison de la France. La vérité est que les problèmes de refroidissement sont peu importants, mais que les problèmes de sécurité dans plusieurs centrales nucléaires françaises surviennent justement au moment où de nombreuses autres centrales nucléaires font l'objet d'une maintenance de routine. L'Allemagne doit être reconnaissante à la France de maintenir ses centrales nucléaires à flot, car elle puise régulièrement dans l'électricité nucléaire française, notamment en hiver, lorsque le vent ne souffle pas et que le soleil ne brille pas. Tout cela, le premier "stress test" du printemps aurait déjà pu le savoir en grande partie. Ce qui a changé depuis : L'Allemagne ne peut pas exiger la solidarité de l'UE en cas de pénurie de gaz et d'électricité si elle pratique elle-même le cherry picking - ou, comme les Verts, si elle cherche toujours les fautes chez les autres.
  18. Les signes d'une prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires se multiplient. On ne sait toutefois pas si l'on parle de quelques mois ou de quelques années. L'une des raisons est que l'on craint une chute de la puissance des centrales nucléaires françaises. -------------- Durée de vie des centrales nucléaires : Prolongation à cause de la France ? La durée de vie des centrales nucléaires restantes sera-t-elle finalement prolongée ? On veut tenir compte de la situation en France, a déclaré dans la soirée la secrétaire d'Etat verte au ministère fédéral de l'Economie. Actuellement, de nombreuses centrales nucléaires sont à l'arrêt en France. L'Allemagne veut tenir compte de la situation en France lorsqu'il s'agit de la question de la prolongation de la durée de vie des trois centrales nucléaires restantes. La secrétaire d'État parlementaire au ministère fédéral de l'Économie, Franziska Brantner (Verts), a déclaré dimanche soir au journal télévisé de la chaîne ARD : "Lors des tests de résistance qui ont lieu actuellement, nous tiendrons bien sûr compte de la situation difficile dans laquelle se trouve la France, car de très, très nombreuses centrales nucléaires ne fonctionnent pas. Nous en tiendrons compte chez nous, afin de pouvoir être solidaires en cas de doute". ------------------------------ +++ 08:29 La chef du SPD ouverte à une prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires +++ La chef du SPD Saskia Esken se montre ouverte à un report de l'abandon de l'énergie nucléaire. Sur la chaîne de télévision ZDF, elle déclare à propos d'une éventuelle prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires : "Nous ne faisons pas d'idéologie sur ce point". Le gouvernement fédéral examine actuellement les options. En ce qui concerne les dettes de l'Etat fédéral dues aux mesures d'allègement contre les prix élevés de l'énergie, elle confirme que le frein à l'endettement devrait également être suspendu l'année prochaine. Elle se prononce en outre en faveur d'un impôt sur les grandes fortunes et d'une "taxe sur les bénéfices excédentaires" pour les entreprises qui auraient profité de la crise. -------------------------- La vice-présidente du Bundestag Katrin Göring-Eckardt (Verts) n'exclut pas un fonctionnement prolongé des centrales nucléaires en Allemagne au-delà de la fin de l'année. En gros, cela signifie maintenir le réacteur en fonctionnement au-delà de la durée de vie naturelle des barres de combustible. Le bloc de réacteur perd alors chaque jour une petite partie de sa puissance. Interrogée dimanche soir sur l'émission "Anne Will" de la chaîne de télévision allemande ARD sur la question de savoir si les Verts autoriseraient un fonctionnement étiré des réacteurs, elle a déclaré : "Si nous en arrivons à une véritable situation d'urgence, si les hôpitaux ne peuvent plus travailler, si une telle situation d'urgence se produit, alors nous devrons discuter de ce qu'il en est des barres de combustible".
  19. L'Allemagne aspire depuis de nombreuses années à un ordre fondé sur des règles et s'éloignait plutôt des armes nucléaires. La Russie a tout chamboulé. Il semble y avoir une astuce juridique utilisée par les États-Unis et l'Allemagne dans le cadre de ce traité : https://www.bits.de/public/researchreport/rr00-2.htm#4.2. Aus der Trickkiste der Diplomatie Pendant les négociations du traité, Washington a eu recours à de nombreuses astuces diplomatiques pour faire coïncider en apparence la participation nucléaire et le TNP, et a peut-être même négocié de manière partiellement frauduleuse. La thèse selon laquelle le TNP et le partage des armes nucléaires sont compatibles se fonde sur des interprétations unilatérales des articles I et II du TNP, que les États-Unis ont consignées dans un document intitulé "Questions on the Draft Non-Proliferation Treaty asked by US Allies together with Answers given by the United States". Ce document, accompagné d'une lettre du secrétaire d'État américain de l'époque, Dean Rusk, a été envoyé au Sénat américain avec les documents de ratification du TNP et explique pourquoi les États-Unis ne considèrent pas la forme existante de participation nucléaire comme une violation du traité. C'est pourquoi on l'appelle souvent la lettre Rusk. Le point de départ de l'argumentation du document est que tout ce qui n'est pas explicitement interdit par le TNP est autorisé. Les différents éléments de la participation nucléaire sont ensuite déclarés admissibles sur des questions précises : les procédures de consultation et de participation dans le cadre du Groupe de planification nucléaire, le stockage d'armes américaines sur le territoire d'États non nucléaires en Europe et l'équipement d'États non nucléaires en systèmes de lancement d'armes nucléaires appartenant aux États-Unis. L'argument est toujours le même : comme seul le président américain peut autoriser l'utilisation de ces armes, le pouvoir de disposition de ces armes en temps de paix reste aux États-Unis, ce qui garantit le respect du TNP. De plus, aucune formulation du traité n'interdit explicitement l'un de ces éléments de la participation nucléaire. La lettre de Rusk a plus de mal à répondre à la question réellement explosive : comment faut-il évaluer l'utilisation d'une arme nucléaire américaine par un système porteur nucléaire d'un Etat non nucléaire, par exemple un avion de la Bundesluftwaffe avec un équipage allemand en temps de guerre ? Dans ce cas, le pouvoir de disposition (control) d'une arme nucléaire est transféré aux citoyens d'un Etat non nucléaire. La réponse présentée dans la lettre de Rusk laisse perplexe : "en temps de guerre", le traité ne s'applique plus. L'argumentation utilisée par le gouvernement américain pour parvenir à cette conclusion est encore plus étonnante : une fois qu'une guerre a éclaté, le traité ne peut plus remplir son objectif - la prolifération des armes nucléaires et la prévention d'une guerre avec ces armes. Il n'est donc plus contraignant. En effet : le préambule du TNP stipule, à la demande des États-Unis, que le but du TNP est "d'empêcher une telle guerre (nucléaire)". L'interprétation américaine en déduit que le TNP n'est plus valable en temps de guerre.
  20. Soyons réalistes : La France ne renoncera pas à sa souveraineté sur les armes nucléaires. Voici un compromis possible : La France reste souveraine sur toutes ses armes nucléaires. Tactiquement et stratégiquement. Seule exception : des armes nucléaires supplémentaires sont conservées par des Français en Allemagne et éventuellement transmises à des pilotes allemands. Ces armes font l'objet d'une décision à deux clés (les deux doivent approuver leur utilisation). Le modèle américain. Pour les Allemands, la dissuasion nucléaire n'a toujours été crédible que si les armes elles-mêmes étaient stationnées en Allemagne. C'était déjà le cas dans les années 1980 avec la double décision de l'OTAN. Toutefois, la proximité géographique de la France rend la promesse de protection déjà existante plus crédible que celle des Etats-Unis. Que Schäuble veuille préparer des bombes atomiques allemandes, je n'y crois pas. C'est politiquement impossible. En ce qui concerne les "erreurs et péchés" de la politique allemande évoqués par de nombreux participants au forum, ils ont peut-être raison et l'Allemagne s'est trompée. Mais le 24 février, une nouvelle ère a commencé en Allemagne. Je pense que le choc a été plus grand chez nous qu'en France. C'est pourquoi la France pourra faire valoir de nombreuses revendications concernant le SCAF, etc.
  21. Nous avons une réaction des autres partis :https://www.welt.de/politik/deutschland/article240095403/Atomare-Verteidigung-Brandgefaehrlich-Gruene-und-SPD-strikt-gegen-europaeische-Nuklear-Abschreckung.html Les Verts, actuellement le parti au pouvoir avec le plus grand nombre d'opinions favorables dans les sondages, réagissent avec horreur. La vice-présidente du groupe parlementaire Agnieszka Brugger lance de graves accusations : "La demande de réarmement nucléaire en Europe est incendiaire, irresponsable et constituerait une violation massive des obligations allemandes en matière de droit international". Bien sûr, en ces temps difficiles, il faut aussi faire plus sur le plan militaire au sein de l'UE et de l'OTAN pour assurer sa propre protection et la défense de ses alliés. Schäuble fait "le jeu du criminel de guerre Poutine", affirme Brugger Le "pas envisagé par Schäuble serait toutefois plus qu'un simple jeu avec le feu, ignorant les énormes risques liés aux armes nucléaires. Ce serait également une violation flagrante de l'important traité de non-prolifération". Alors que le gouvernement fédéral s'efforce de renforcer ce traité et que l'OTAN comme les Etats-Unis endiguent à juste titre le risque d'escalade nucléaire, "la CDU/CSU ne trouve rien de mieux à faire que d'attiser la panique et de faire également le jeu du criminel de guerre Poutine avec une proposition aussi dangereuse", critique Brugger. ---------------- Le parti de la chancelière, le SPD, réagit lui aussi par un refus catégorique. Nils Schmidt, porte-parole pour la politique étrangère du groupe parlementaire au Bundestag, déclare : "La proposition de Wolfgang Schäuble est inadaptée : tout d'abord, la France a toujours fait savoir très clairement qu'elle voulait décider seule et souverainement d'une éventuelle utilisation d'armes nucléaires. Il faut respecter cela". De plus, les armes nucléaires françaises ne sont pas adaptées à la protection de toute l'Europe. "Ce qui serait nécessaire, c'est un armement nucléaire massif que personne ne souhaite. Nous devrions également penser à nos alliés européens : si l'Allemagne et la France avançaient unilatéralement, on aurait l'impression que les deux pays ne veulent se protéger qu'eux-mêmes. Une Europe divisée et donc affaiblie en serait la conséquence, dans le pire des cas". Pour le politicien du SPD, "il n'y a pas d'alternative à la dissuasion organisée par l'OTAN et garantie par les armes nucléaires américaines". Je persiste à dire qu'il est extrêmement intéressant que ces propositions viennent précisément de la CDU.
  22. Eh bien, bien que les États-Unis fournissent une participation nucléaire, ils sont néanmoins souverains. Tout dépend de la conception exacte du modèle. En ce qui concerne le traité de non-prolifération, les juristes qui conseillent l'Allemagne ont affirmé qu'il était compatible avec la participation nucléaire. Il est également possible de financer des armes nucléaires étrangères (je simplifie, je ne suis pas un spécialiste du droit international). https://www.bundestag.de/resource/blob/513080/c9a903735d5ea334181c2f946d2cf8a2/wd-2-013-17-pdf-data.pdf Puisque le siège allemand au Conseil de sécurité de l'ONU est régulièrement mentionné : je pense que vous surestimez beaucoup le débat public allemand à ce sujet. Ce sujet est un zéro absolu dans nos médias, personne n'en sait rien ou ne s'y intéresse. C'est un projet du ministère des Affaires étrangères et de ses diplomates de haut niveau, dont l'ego aimerait s'asseoir dans le plus beau salon du club. L'ONU avait autrefois une assez bonne réputation auprès de l'opinion publique allemande, mais depuis des années, elle est de moins en moins respectée. On a plutôt de la pitié pour cette organisation. Bien sûr, elle a regagné en estime lorsque la Russie a été condamnée. Supposons que la participation américaine soit copiée par la France. Qui a quels intérêts ici ? Il ne peut y avoir en fait que deux raisons pour lesquelles l'Allemagne cherche à le faire. Première possibilité : on craint que dans deux ans, un fou soit élu à Washington et qu'il retire le parapluie protecteur parce que cela lui fait plaisir. C'est possible. Deuxième raison (et c'est particulièrement intéressant dans le contexte où c'est justement la CDU qui signale l'urgence) : On veut conserver la possibilité de jouer une politique plus libre entre les blocs vis-à-vis de la Chine. Les CDU aiment les Etats-Unis et l'Atlantique, mais ils aiment aussi les exportations vers la Chine. S'il y a un conflit avec Taïwan dans x années, Washington pourrait nous faire du chantage pour que nous partagions des sanctions économiques importantes, sous la menace d'un retrait du parapluie. Qu'y gagnerait la France ? Elle aurait le prestige de compléter les Etats-Unis en tant que puissance protectrice de l'Allemagne (voire de les remplacer dans le cas extrême), on serait enfin sur un pied d'égalité avec Washington. Les Français aiment le prestige international. Les arguments plus banals seraient bien sûr l'argent à demander et le levier politique à utiliser sur de nombreux sujets. La France souhaite également une politique européenne plus souple vis-à-vis de la Chine, que l'Allemagne ne peut soutenir que si elle ne peut pas être soumise au chantage des Etats-Unis.
  23. Je voudrais être d'accord avec herciv sur un point. Il est frappant de constater que des têtes importantes de la CDU évoquent résolument la coopération nucléaire avec la France. Pas seulement Schäuble, mais aussi le président du parti, Friedrich Merz. Il est clairement considéré comme un transatlantique, il a longtemps travaillé pour Blackrock. Qu'est-ce que cela signifie ? La CDU a toujours été clairement favorable à la participation nucléaire. La CDU a toujours été le parti des transatlantiques. Le SPD a souvent été rhétoriquement contre la participation nucléaire lorsqu'il était dans l'opposition. Au gouvernement, on n'aimait pas aborder le sujet, on s'en tenait au statu quo. Le SPD n'était pas en soi le parti des transatlantiques. Si la CDU remet en question le statu quo de la participation nucléaire, elle a de vrais soucis. Elle ne peut pas s'en servir pour faire de la polémique à bon marché. Merz s'est également exprimé sur la possibilité d'un partenariat résolument franco-allemand. Je pense même qu'il est possible que la CDU cherche à conclure rapidement un accord bilatéral, auquel d'autres Européens pourraient ensuite se joindre. L'UE en association est trop lente pour eux.
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