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Les guerres du milieu de XIXème siècle


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Bonjour, en ce moment je m'intéresse beaucoup aux guerres du XIXème siècle(guerre franco-prussienne, austro-prussienne, guerre franco autrichienne, guerre de crimée), ainsi qu'aux évolutions qu'elles ont apporté, tant au niveau opérationnel qu'au niveau tactique.

Et j'ai beaucoup de mal à visualiser à quoi une bataille ressemble à l'époque. Voit-on toujours de longues rangées de fantassins avancer à découvert, et tirer simultanément sur un ennemi situé à 100/200 mètres?La précision des armes s'est-elle grandement améliorée depuis les guerres napoléoniennes?Les distances d'engagement ont-elle augmenté?Le combat est-il moins linéaire, voit-on de petits groupes de soldats se mettre à couvert,tirer allongés?

Ces guerres, au niveau opérationnel, sont elles très différentes des guerres napoléoniennes et d'ancien régime, ou sont-elles juste des guerres napoléoniennes "accélérées" (avec les chemins de fer, la plus grande densité du réseau routier)?

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Sur le global, c'est une question que tu pourrais résumer quasiment à la seule Guerre de Crimée tant elle concentre massivement les défauts et innovations de l'époque. Intellectuellement, on assiste un grand retour en arrière sur l'époque napoléonienne dans les cercles d'officiers, et même plutôt à une régression sur les fantasmes qu'ils ont des guerres napoléoniennes, tant ils en oublient les vrais enseignements. Seuls les Prussiens sauront s'adapter un peu mieux, au moins au niveau de l'organisation globale et de la conception stratégique, via la constitution du seul grand Etat-Major permanent et professionnel.

Si c'est pour les aspects purement "champ de bataille", on constate effectivement un accroissement des distances d'engagement, mais le combat reste en général très linéaire: les effectifs grimpent en flèche sur la période, et les communications sur le terrain restent les mêmes qu'avant. Il faut donc "tenir" de très grosses unités elles-mêmes, et les coordonner sur un champ de bataille envahi par un bruit sans cesse croissant (cadences de tir accélérées, puissance de la nouvelle artillerie....) et par une fumée omniprésente (celle des armes, celle du terrain). En fait, on constate qu'à ce niveau tactique, toutes les armées ont du mal à faire de brillants mouvements. Même les Prussiens ne sont pas mieux lotis: pendant la guerre de 1870, au niveau du déploiement et du mouvement en brigades, divisions ou corps, ils sont mauvais, et même plus que nous (armée de conscrits contre nos professionnels), et plus lents, qui plus est commandés par des généraux de brigades et de divisions assez lamentables en général (des "vieux" idolâtres de Blücher, assez cons et obtus), mais qui n'ordonnent que la marche en avant quelles que soient les pertes.

Le fait est que les officiers du temps sont obsédés de l'attaque, de la charge de cavalerie héroïque, de la ligne disciplinée (celle là pour de bonnes raisons, évoquées plus haut, et pour de mauvaises: imagerie stupide, début de l'illusion du choc de rupture -malgré la nouvelle puissance de feu- qui dégénèrera jusqu'en 1914).... pour eux, "l'intendance suit" et n'est pas importante; ils calculent peu la logistique, anticipent en amateur et ne réunissent des EM complets que quand une campagne commence. Seuls les Prussiens font exception, et c'est leur haut EM qui fera la différence, pas leurs officiers de terrain.

Parce qu'au niveau tactique, on est dans une impasse qui préfigure, en moins catastrophique, les boucheries de 1914:

- puissance de feu d'artillerie sans cesse croissante, de même que sa précision: l'effet sur des concentrations de troupes peut-être rapidement décisif, quel que soit le terrain ou la météo

- puissance de feu d'infanterie absolument meurtrière contre des troupes en ligne

- portées désormais trop élevées pour que le choc soit encore une hypothèse rationnelle (les soldats ayant trop de distance en espace dangereux à parcourir avant d'arriver au contact: les pertes sont énormes)

- impossibilité de coordonner souplement un effort sur le terrain. C'est déjà quasiment impossible de faire quelque chose avec les absurdes concentrations en gros paquets, mais quand il faut faire intelligent et répartir ses mouvements sur un champ de bataille d'une certaine taille, aucun effort efficace n'est possible. Le temps et l'espace sont peu connectables: le renseignement ne peuut jamais venir à temps et suffisamment, la transmission des ordres non plus. la battle awareness est minable et la coordination pourrie.

- Cet effet est accentué par l'obsession pour les vagues d'infanterie et les charges de cavalerie en dépit du bon sens, alimentée par l'imagerie napoléonienne et la mentalité "virile" du temps

- la puissance de feu globale rend aussi ce problème de connaissance et communication, additionné de l'idéologie faussement napoléonienne, dramatique

On ajoute ça à un mépris pour les pertes assez prononcé.

On peut aussi noter le développement de formations adaptées qui ne cessent de monter en puissance, pour le renseignement et l'action dispersée utilisant au mieux le terrain et la portée comme la précision des armes modernes afin de maximiser l'efficacité et de minimiser les pertes, et pour offrir à des armées de plus en plus concentrées la "ventilation" nécessaire pour mener la "petite guerre", les combats hors bataille, les "opérations commandos".... On assiste ainsi, au milieu du XIXème, à une renaissance de l'infanterie légère très malmenée après 1815 (conservation d'un petit nombre de régiments, par rapport au tiers de l'infanterie qu'elle a représenté sous Napoléon); la France est pionnière dans ce domaine (ce que les Prussiens copieront vite), ce qu'autorise l'expérience coloniale, mais aussi les critiques adressées par des officiers de terrain. Il suffit pour s'en rendre compte de voir la rapide croissance du nombre de bataillons de chasseurs à pied et alpins, en plus des unités coloniales. Le fait d'avoir une armée professionnelle et principalement expéditionnaire a permis à la France de développer rapidement cette spécialité.

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je rejoindrais Tancrède sur son analyse et rajouterais un exemple pâtant à savoir la guerre de sécession qui voit en accéléré au cours du même conflit l'evolution du mode de combat à savoir debut de batailles en lignes qui sur la fin engagent des tirailleurs de plus en plus nombreux

de même cadence et portée de l'artillerie la rend emminement meurtrière pour les grosses unités d'infanterie qui finiront par combattre de façon dispersée (de même que la cavalerie demontée) ce qui est autorisé par la meilleure cadence de rechargement des armes à chargement par la bouche au debut puis l'arrivée des carabines à repetition

enfin la cavalerie perd son aspect rupture mais sert pour la reconnaissance, l'action en profondeur et sur les arrières de l'ennemi

la dessus se rajoute aussi les combats de tranchée avec technique de sape, contre sape et mines et mise en place de reseau "barbelés" primitifs servant à canaliser l'action adverse

l'ensemble des leçons :  *faiblesses des charges à la baionettes ou de cavalerie par rapport au feu (moins de 0.7% des pertes sont infligées par des armes blanches)

* puissance de l'artillerie de campagne (voir l'ecrasement de la brigade Picket à Gettysburg) ou de siege

* importance du train de ravitaillement et sanitaire (dans l'armée du Potomac 1 chance sur 37 d'etre blessé ou tué au combat, 1/16 d'etre mis hors de combat par maladie, guerre des lignes ferrées)

* importance d'unités d'exploitation stratégique (cavalerie de N.B Forrest, de Stuart.... )

* vulnérabilité des officiers en première ligne et de la cohésion si les officiers sont blessés ou tués (mise en place des marksmansmiths ou tireurs d'elites)

tout cela n'a pas été analysé par les armées occidentales (y compris française) mais une partie des leçons ont été retenues par l'armée prussienne avec le succès qu'on lui connait en 1870 (relatif  cela dis vu nos erreurs de commandement egalement)

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*faiblesses des charges à la baionettes ou de cavalerie par rapport au feu (moins de 0.7% des pertes sont infligées par des armes blanches)

C'était déja 2% des blessés à l'époque napoleonienne, stat peut etre faussée par le fait qu'on passe moins à l'hopital apres ce genre de blessure.

Quoi qu'il en soit, l'effet de ce genre de charge à toujours été psychologique, soit le défenseur fuit avant qu'on en arrive au contact, soit l'attaquant est arrêté dans son élan. La nouveauté c'est surtout que la distance à parcourir est devenue tellement prise sous le feu que s'en est devenu suicidaire.

Et non, l'armée prussienne n'a pas tellement retenu les lessons de cette guerre, voir les pertes monstrueuse de la garde prussienne en seulement 20 minutes et la tendance des grades inférieurs à lancer des assauts frontaux dans n'importe quelle circonstance. Coté francais l'apprentissage des lecons est dur à évaluer car les francais sont passifs et dans l'immense majorité des cas en pure défensive, qui devient très avantageuse à ce moment là.

Notre faiblesse a surtout été l'absence de grand état major, qui traduit un recul par rapport à l'époque napoleonienne où direction politique et militaire étaient mélangées ce qui rendait les choses plus simples, l'EM étant le simple exécutant des volontés du tondu. Ce qui explique d'ailleurs pas mal les revers subi quand le dit tondu n'était pas au commandement supreme. Chez les prussiens, pendant les guerre napoleoniennes l'EM lui était un vrai outil de décision et d'information pour un commandant, le roi de Prusse ne s'occupant que très peu des questions militaires.

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Y a la guerre, prusso-autrichienne avec la bataille de sadowa, un exemple du genre avec l'utlisation du fusil qui se recharge par la culasse, démultipliant la cadence de tir des fantassins.

a propos de Sadowa et du conflit austro prussien un petit detail marrant qui montre a quel point cette periode est riche en ruptures qui ont du mal a etre digérées par les etats majors de tout bord

les canons Krups en acier tirant des obus fusants ont été placés en batterie à l'avant du dispositif comme de vulgaires bouches à feu en bronze de l'epoque napoleonienne pour des tirs tendus comme sils tiraient encore des boulets pleins, perdant ainsi l'avantage de portée et de dispersion des eclats

les français ne feront pas autrement avec la mise en batterie dans les batterie d'artillerie cad en ligne et trop loin pour etre efficaces des nouvelles mitrailleuses en 1870

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C'était déja 2% des blessés à l'époque napoleonienne, stat peut etre faussée par le fait qu'on passe moins à l'hopital apres ce genre de blessure.

Quoi qu'il en soit, l'effet de ce genre de charge à toujours été psychologique, soit le défenseur fuit avant qu'on en arrive au contact, soit l'attaquant est arrêté dans son élan. La nouveauté c'est surtout que la distance à parcourir est devenue tellement prise sous le feu que s'en est devenu suicidaire.

Pour affiner un peu, j'ajouterais que pendant la période napoléonienne (et avant), les charges à la baïonnette sont encore, malgré leur effet limité en terme de pertes infligées, à la pointe de l'attaque et de l'action décisive. Leur impact psychologique comme les blessures infligées ont lieu très souvent à des points cruciaux de la bataille, là où la ligne peut casser ou casse effectivement, entraînant la création d'une brêche, ou tout au moins d'une opportunité, à échelle plus ou moins vaste. C'est d'ailleurs pourquoi les unités d'élite (compagnies ou régiments de grenadiers....) et de vétérans s'en font une spécialité.

Au milieu du XIXème et après, cet effet n'est plus suffisant face à la démultiplication de la puissance de feu en cadence, en puissance et en portée, qui impacte bien plus fortement une charge baïonnette au clair avant que celle-ci ait même une chance de voir le contact. De plus, les lignes sont plus profondes et plus longues en raison de la croissance énorme des effectifs et des dispositifs plus concentrés, mais aussi et surtout le dispositif d'une armée mise en ligne est déjà nettement plus profond, ne serait-ce que par l'effet de l'accroissement des portées des armes individuelles comme de l'artillerie et par l'accroissement du train nécessaire à de telles armées (il faut plus de champ derrière, donc plus de protection, ce qui donne aussi des positions de repli plus conséquentes): la distance à parcourir sous le feu, qui plus est sous un feu plus dense et plus meutrier, n'est tout connement plus en rapport avec les possibilités de mouvement de l'infanterie comme de la cavalerie. Seul le terrain intelligemment utilisé peut relativiser parfois cet effet, comme la guerre franco-prussienne l'a montré. Mais pour ce qui est de la baïonnette, les blessures qui lui sont dues ne reflètent plus que quelques points d'accrochage localisés, à un endroit de la ligne ou un autre, qui n'offrent plus de possibilités quelconques, et plus encore, des actions et combats d'escarmouches ou de prises de batteries sans réel impact à une échelle significative.

dans cette guerre, l'armée française n'a pas seulement été supérieure tactiquement parce qu'elle était en défense, mais bien parce qu'elle était faite de professionnels qui ont toujours mieux utilisé le terrain, toujours été mieux encadré au niveau des unités élémentaires (par des officiers et sous-offs expérimentés), et qui utilisaient leurs armes (une meilleure arme d'ailleurs) bien mieux que les conscrits prussiens.

Ceux-ci n'étaient formés qu'à charger en masse, à part quelques unités légères au global moins nombreuses et compétentes que leurs adversaires. Mais elles étaient plus nombreuses et surtout nettement mieux dirigées dans l'action d'ensemble par l'EM général prussien, pas au niveau des commandements de grandes unités. Ce dernier était juste lamentable, mais il avait le double avantage d'être composé d'idiots obtus ne cherchant qu'à aller en avant au mépris de toute considération (syndrôme du con qui marche), et d'avoir en face un EM français indécis, attentiste et tâtillon qui ne laissait pourtant la bride sur le cou à aucun chef de grandes unités (divisionnaire, bridagier, chef de corps et même chef d'armée), ne faisant rien et ne laissant rien faire.

Si on regarde l'action de l'armée prussienne en 1870, on n'y verra en fait rien d'impressionnant et des collections d'erreurs et de ratages.... Sauf du côté de l'EM général et encore plus de son grand patron; à l'inverse, on voit un EM français improvisé, amateur, plein d'illusions et d'idéologies (comme les généraux prussiens hors de l'EM général) qui est mauvais avant tout parce qu'il ne commande pas (plus encore que parce qu'il commande mal). Si on se cotente de l'outil militaire, l'armée française avait tout pour compenser et l'emporter sur le terrain, malgré l'infériorité numérique et les insuffisances: l'avantage allemand du chemin de fer s'arrêtait à la frontière à partir de laquelle les Prussiens devaient marcher, et avec un train énorme vu leur effectif, le renseignement opérationnel pêchait des 2 côtés (on peut même dire qu'il était nul), mais jouer à domicile donne des avantages de ce côté, la supériorité des canons prussiens était compensée par le professionalisme des artilleurs français (face à des conscrits), l'efficacité du tir d'infanterie français et les possibilités de mieux utiliser le terrain (surtout à mesure qu'on attirait les Prussiens loin de la frontière: le canon krupp est logistiquement lourd)....

La grosse faute française est cette mentalité d'amateurs romantiques qui sévit dans tous les milieux d'officiers européens alors, y compris prussiens (où le grand EM, très professionnel et obsédé par les questions logistiques et prévisionnelles si "dégradantes", n'est pas très populaire): tous les officiers européens vivent alors dans la mythologie napoléonienne, méprisant les vraies leçons. Seule une caste d'officiers généraux prussiens "intellectuels", a retenu la leçon de l'Etat-Major professionnel et permanent de Berthier, le premier EM moderne, et en a imposé le maintien et l'entraînement constant (mais aussi sa "veille" technologique et sa pensée prospective) dès après le Congrès de Vienne.

Je ne sais pas si la Guerre de Sécession est un si bon exemple, en ce qu'on peut y voir tous les stigmates et symptômes de la modernité technique, mais absolument aucune "pensée" de la guerre: dans l'ensemble, et jusqu'à la fin, je ne trouve pas qu'elle ait été une guerre très bien menée, ou même pensée au niveau stratégique. Certes, on trouve quelques grands chefs et meneurs d'hommes au niveau brigade, division ou corps d'armée, mais dans l'ensemble, on constate du gâchis permanent jusqu'au bout, et pas de vrais grands chefs (on peut fonder une religion autour de Lee, je vois pas ce qui la justifie pour un chef de ce niveau; l'habileté, voire l'inspiration, tactique ne suffit pas).

Mais pour ne pas trop charger facilement les officiers généraux, il faut noter quand même ce que j'ai évoqué plus haut; l'une des grandes faiblesses de ce moment est que le champ de bataille est devenu très peu visible et "contrôlable", et le théâtre d'opération plus encore:

- les armées sont bien trop grande, couvrent trop de surface, et leur train comme leurs lignes d'approvisionnement et communications sont trop étendues

- les nuisances entravant la coordination sont multipliées à toutes les échelles: accroissement de la surface couverte par les armées et unités, bruit multiplié (artillerie plus grosse, plus nombreuse et plus puissante, obus explosifs, densité -cadences, nombre et puissance- du feu d'infanterie en croissance exponentielle), fumée omniprésente à une toute autre échelle....

- les moyens de communication, sur le théâtre comme sur le champ de bataille, n'ont pas progressé d'un iota: télégraphe optique ou par câble dans quelques cas (mais peu pour une armée en campagne), pigeons voyageurs, mais pour l'essentiel, signaux visuels et auditifs (musique et fanions: face à la nouvelle dimension du bruit et de la fumée, c'est peanuts), et avant tout, messagers et estafettes (mais qui doivent couvrir plus de terrain et plus vite, dans un environnement au feu plus dense, et risquent encore plus de se perdre ou de se faire avoir)

- le renseignement est insuffisant à tous égards, principalement à cause de l'accroissement du temps et des distances à couvrir; même multiplier le nombre d'unités, à pied ou à cheval, qui s'y collent, ne suffit pas. En effet, la surface à couvrir croît bien plus que ce qu'une augmentation des unités dédiées peut couvrir, et plus encore, la temporalité est impossible à respecter, étant donné que c'est toujours par les mêmes moyens (cheval et pieds) que l'on doit rapporter l'info en temps et en heure. Le flux d'info peut augmenter, mais l'essentiel périme bien plus vite qu'avant, sans même compter que la capacité de traitement reste insuffisante, et que prendre une décision devient plus dur encore.

Rarement le "brouillard de guerre" a été aussi grand pour les décideurs opérationnels; cela doit être mis à leur décharge. On peut donc aussi comprendre, en dehors du facteur impardonnable de cette idéologie napoléonisante erronée, leur obsession pour concentrer leur dispositif en permanence, histoire d'avoir un semblant de contrôle dessus. Si à l'époque napoléonienne, il devenait déjà difficile d'embrasser une bataille d'un seul regard, à cette époque, on peut à peine en voir un cinquième au mieux, dans le cas des grosses batailles d'armées concentrées.

Le fait de conserver au-delà de son temps l'obsession de l'infanterie de ligne et du contact décisif n'est donc pas du qu'à de l'idéologie, mais aussi tout connement à l'absence d'alternative en termes de moyens de commandement, contrôle et renseignement. Adopter un mode opérationnel fondé sur une infanterie légère diluée sur de grandes surfaces et se concentrant rapidement pour aussitôt se ré-étaler, et reculant ou avançant au gré des opportunités et d'une stratégie générale, n'est pas possible et ne le sera pas avant que l'aviation d'observation, la photo, le téléphone, l'automobile (pour déplacer vite l'artillerie et pouvoir faire suivre rapidement la Log entre 2 voies ferrées, parallèlement au front) et la TSF ne soient disponibles (et encore, en 1918, c'est pas encore bien glorieux).

Rappelons enfin que si l'instruction a progressé, coordonner des masses humaines en paquets denses est dur, même quand il s'agit de pros: c'est un long temps d'instruction qui est nécessaire pour faire une bonne infanterie de ligne. La rendre polyvalente est quasi-impossible. Et l'infanterie légère aussi a besoin de temps, mais ne peut pas devenir encore le modèle dominant pour les raisons évoquées plus haut.

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L'armée française de 1870, du moins celle qui fait le gros des combats jusqu'à Sedan (je ne compte pas l'armée de la Loire: c'est plus vraiment de la guerre) au sens où nous l'entendons dans ce topic), est essentiellement l'armée d'active professionnelle. C'est un compromis politique entre la droite bonapartiste et monarchiste qui veut du tout pro, et la gauche républicaine qui reste dans la volonté d'un "peuple en armes". Grosso merdo, l'armée d'alors dans son ensemble est faite de:

- l'armée pro (peut-être 350 à 400 000h)

- les unités coloniales pros, dans lesquelles on incluera alors la Légion, pas encore autorisée à opérer en métropole (100 000h, pour l'essentiel non rapatriables, en tout cas rapidement)

- la Garde Mobile, armée de conscription (600 000h théoriques)

Le tout est censé atteindre un total de 900 à 1 000 000h dont 450 000 pour la garde mobile effectivement réunie. Mais cette dernière ne s'illustrera réellement qu'après Sedan, constituant le coeur (avec la masse de volontaires) de la résistance: très motivée, héroïque même, mais peu efficace. La Garde Mobile avant Sedan n'a jamais bénéficié des moyens permettant un entraînement et un équipement corrects (une armée pro, surtout aussi grosse que celle du Second Empire, sans compter ses ambitions maritimes, coûte très cher, et il y a aussi des réticences à financer une institution plus républicaine que bonapartiste); elle est réduite au rôle de force supplétive (garnisons, forts, arrières....) et ne participe que marginalement aux combats d'avant Sedan.

En face, les prussiens ont une force de 900 000 conscrits, plus 300 à 400 000h issus des autres Etats allemands; mais il faut noter qu'il y a une force d'active et une de réserve (ainsi que des disparités qualitatives fortes pour les autres Etats allemands), et que dans l'ensemble, les Prussiens n'ont pas les moyens de mettre en oeuvre et de coordonner cette masse, ce qui compense un peu, même si leurs réserves sont au global très supérieures. De fait, la France ne pouvait pas compter sur plus de 400 000h mis en campagne, et la Prusse sur plus de 800 à 900 000. Mais plus encore, si une guerre défensive avait pu être bien menée côté français, tout indique que les Prussiens n'auraient pu faire direr et profiter de leurs réserves, tant les moyens auraient manqué et tant, dans un tel cas de figure, leur armée d'active aurait trop souffert pourqu'il soit judicieux de poursuivre avec la réserve peu encadrée. Dans les faits, aucun des 2 Etats n'avait les moyens d'une guerre longue: le conflit de 1870 ne pouvait être qu'un sprint.

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je ne veux pas être méchant mais en 1870, on a une situation un peu caricaturale entre une armée trop aggressive ( l'armée allemande qui attaque de façon systématique ) et une armée trop peu aggressive ( l'armée française qui ne fait que défendre sur de "belles positions" jusqu'au moment ou elle est percée en un point ou tournée et là défaite ........ )

toutes les bataille tournent systématiquement à l'avantage des alleamnds d'ailleurs

difficile d'évaluer les "forces" offensives francaises  on a jamais été à l'assaut mais les guerres précédentes ( italie par exemple ) ne montrent pas une capacité offenisive si formidable de nos professionnels

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Il n'y a pas vraiment de "compétences" offensives, surtout quand on parle d'une infanterie de ligne (où la compétence.... Est la ligne); et pour l'assaut, y'a la guerre de Crimée. La "compétence" offensive allemande est juste due au fait que l'armée allemande est à l'attaque; mais cette attaque est bordélique et coûteuse, et ne fait pas montre d'une quelconque capacité. Notons par exemple que la doctrine de l'artillerie allemande est stupide (foutre les canons Krupp sur l'avant, comme on positionne l'artillerie depuis les Guerres d'Italie), autant que la nôtre (disperser l'artillerie), et leur a valu des pertes énormes et évitables.

Le problème vient précisément de ce que j'ai mentionné plus haut: la coordination de ces armées est devenue impossible, et l'historique des mouvements de grandes unités prussiennes le souligne gravement, de même que les commentaires sur la difficulté à manier des conscrits à cette échelle et la nullité des généraux de brigades et de divisions prussiens, souvent vieux et obsédés par l'attaque à tout prix, passant leur incompétence sous les compliments à la bravoure des petits gars qui crèvent par paquet, plus souvent parce que les mouvements sont hasardeux et non coordonnés et que les unités ne s'appuient pas entre elles, rendant les batailles de rencontre, les combats et les premiers moments des grandes batailles particulièrements meurtriers pour les unités avancées.

Les pros français étaient un peu plus faciles à manier à grande échelle (surtout pour les grandes marches), et il était plus aisé de se reposer sur les officiers de terrain, plus autonomes.

Pour la note, l'armée française a été à l'attaque dans la campagne de Crimée, avant que le siège de Sébastopol ne s'installe.

L'un des problèmes qu'il faut aussi mettre à la décharge des généraux français (ils y en a peu pour eux dans ce registre, alors mettons le) est que l'absence de réserves qualifiée (la Garde Mobile inspirant peu) a pu pas mal impacter leurs calculs et expliquer pour une petite partie leur attentisme: il n'y avait que 400 000 pros à foutre en l'air, contre plus du double d'effectif dans l'armée prusso-allemande (et plus vite concentrés en plus) et pas de réserve de qualité approchante (et de loin) à mettre en oeuvre. Ca n'excuse en rien l'immobilisme total, mais ça aide à mieux voir.

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Merci pour vos réponses ;)

Pourriez vous me parlez d'Helmuth Von Moltke?

J'ai entendu dire qu' il avait une génération d'avance sur son temps, en quoi est-ce vrai?Avait-il conscience de la nullité de ses subalternes?

A part ça, quelle a été la qualité de la performance de l'armée française pendant la guerre d'Italie, en 1859?

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Von Moltke, c'est le génie militaire d'entre 1815 et 1914, et sans doute même le seul vrai génie militaire de cette période riche en meneurs d'hommes, penseurs militaires, grands tacticiens et grandes figures hautes en couleur et fortes en gueule, mais plutôt vide côté grands stratèges et chefs opérationnels à haut niveau. Il critique par ailleurs lui-même vertement la qualité lamentable des chefs de corps et de division en 1870, et n'apprécie vraiment que ses collaborateurs du grand EM.

Je ne crois pas, pour le reste, que la guerre d'Italie de 1859 puisse être qualifiée de "performance" pour qui que ce soit, tant le commandement souffre d'une nullité et d'une inhumanité crasses, allant connement à un affrontement frontal ne pouvant donner que des victoires à la Pyrrhus.

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