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L'Algérie


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En même temps la proportion des sunnites de rites malékites est écrasantes dans le total, et ce dans tout le Maghreb. Maghreb qui et particulièrement homogène sur le plan religieux. Les autres communautés sont très réduites, isolés et souvent des variations de culte musulman. Donc il n'y a pas vraiment matière à conflit à grande echelle comme au Proche/Moyen Orient.

 

 

Donc l'Algérie et l’Égypte étaient plus alliés que rivaux ?

 

Est-ce que maintenant la situation a changé (depuis la mort de Nasser et Sadate) ? Quels sont les rapports entre l’Égypte et l'Algérie ? Déjà militairement ce sont les deux grandes puissances de la région.

 

 

 

 

Alliés, à l'époque, oui. Algériens et marocains ont même participé aux guerres israélo-palestinienne au coté de l’Égypte.

 

Mais avec l'affaiblissement du panarabisme et la tournure autocratique des régimes du monde arabe, tout ces pays sont devenus plus ou moins rivaux les uns des autres, en tout cas très méfiants, sans jamais franchir le tabou de la guerre ouverte entre eux...sauf Saddam Hussein.

 

Sinon, maintenant je ne saurais dire. Il semble y avoir des contacts entre l’Algérie et l’Égypte à propos de la Libye, mais qui peut dire qu'elle en est la teneur ? Quant à savoir à quel jeu joue chacun des protagonistes il faudra attendre encore quelques années aussi avant que ce ne soit plus lisible.

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C'est votre point de vue le nationalisme n'a jamais constitué une entrave pour notre peuple,d'ailleurs chaque peuple a son propre nationalisme :D

Je ne vois pas en quoi votre affirmation viens contredire la mienne. Shorr kan a fort bien compris la chose.

Le nationalisme est à mon sens une entrave pour tous les peuples mais c'est un autre débat.

En même temps la proportion des sunnites de rites malékites est écrasantes dans le total, et ce dans tout le Maghreb. Maghreb qui et particulièrement homogène sur le plan religieux. Les autres communautés sont très réduites, isolés et souvent des variations de culte musulman. Donc il n'y a pas vraiment matière à conflit à grande echelle comme au Proche/Moyen Orient.

 

 

 

 

Alliés, à l'époque, oui. Algériens et marocains ont même participé aux guerres israélo-palestinienne au coté de l’Égypte.

 

Mais avec l'affaiblissement du panarabisme et la tournure autocratique des régimes du monde arabe, tout ces pays sont devenus plus ou moins rivaux les uns des autres, en tout cas très méfiants, sans jamais franchir le tabou de la guerre ouverte entre eux...sauf Saddam Hussein.

 

Sinon, maintenant je ne saurais dire. Il semble y avoir des contacts entre l’Algérie et l’Égypte à propos de la Libye, mais qui peut dire qu'elle en est la teneur ? Quant à savoir à quel jeu joue chacun des protagonistes il faudra attendre encore quelques années aussi avant que ce ne soit plus lisible.

L'équation saoudienne et les djihadistes sont venus compliquer la donne qui était relativement simple du temps de la guerre froide. Le nationalisme arabe reste fort en Algérie, mais d'une part il a mis de l'eau dans on vin (voire l'adoucissement de la politique vis à vis des berbères) d'autre part le danger djihadistes leur à fait changer de perspectives. Du moins c'est l'analyse que j'en fait.

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Mais on parlait surtout du GIA je pense (pas du FIS) quand on évoquait les problèmes de terrorisme. Et FIS et GIA n'étaient pas hyper copains. Si leur dangerosité a peut-être été sous-estimée, je ne pense pas que les occidentaux ait éprouvé un enthousiasme débordant pour le GIA.

 

 Alger trouvait certes que la répression aurait du être plus intense contre les islamistes en Europe (quels qu'ils soient) mais encore une fois, j'ai du mal à imaginer les chancelleries sabrant le champagne après la victoire du GIA.

 

En tout cas, ce sont mes souvenirs de lecture du bouquin de Guisnel et Kauffer (entre autres) sur l'histoire secrète de la République.

 

Mais je t'ai peut-être mal compris?

 

Enfin, moi je disais juste que la collaboration entre services n'avait pas été rose.

Personne n'a parlé d'enthousiasme occidental pour le FIS ou le GIA, d'ailleurs en (géo-)politique on n'a pas besoin de s'aimer hein... le minimum est d'avoir des interets convergents et c'est ce qui s'est passé au début entre les islamistes et les occidentaux (francais et brits), du moins jusqu'en 1995 environ.

D'ailleurs on voit le meme scenario répété de facon encore plus flagrante avec les révolutionnaires/islamistes syriens...

Les nationalistes algériens sont très proches et ont été très influencés par le baas même s'ils n'en portent pas le nom. On peut aussi dire qu'il s'agit de l'influence de Nasser.

L'influence de Nasser est indéniable, le modele baas aussi dans une certaine mesure, mais vous loupez tous et avant tout la dimension propre au nationalisme algérien qui est celle d'avoir été forgé par la guerre d'indépendance contre la France et son inscription dans l'anti-colonialisme, plus internationaliste que panarabiste.

Modifié par amarito
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Je n'ai pas oublié que la marche vers l’indépendance est fondatrice du nationalisme algérien ;). Et l'on pourrait en effet ajouter un autre volet, celui où ledit nationalisme c'est affilié au mouvement des non-alignés, et en a même été un champion. J'avais juste la flemme de faire des ajouts et modifier mon message O0 .

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L'influence de Nasser est indéniable, le modele baas aussi dans une certaine mesure, mais vous loupez tous et avant tout la dimension propre au nationalisme algérien qui est celle d'avoir été forgé par la guerre d'indépendance contre la France et son inscription dans l'anti-colonialisme, plus internationaliste que panarabiste.

C'est vrai mais l'un s'inscrit dans l'autre. Le soutient de Nasser à l'indépendance algérienne unifie un peu le tout.

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Est-ce que l'on a des images de soldats algériens dans la guerre du Kippour (ou d'autres guerres ayant opposé les pays arabes à Israël) ? Je n'en ai jamais trouvé.

 

Les Algériens durant la guerre de kippour etaient confondu avec l’armée Égyptienne,j'ajoute une chose que pour nous etais un devoir de d'aide les Egptiens vue qu'ils nous on aidés durant notre guerre de liberation,meme apres l'independance ils nous on aides dans plusieurs domaine,et cella qui a entraine l'influance des égyptiens,mais apres le soulevement ou le redressement politique du defin president boumediene toute a changé

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r_La_mosquee_El_Rahman_1325271754.jpg

 

C'est bien d'avoir des Algériens sur le forum (mais j'ai l'impression que beaucoup ne viennent plus) en tout cas !

 

situe a cherchell ville romaine Mosque Errahma( Benediction)  Egalement surnommée "mosquée aux cent colonnes", ce bâtiment, ex-cathédrale Saint-Paul, fut bâti sur des ruines romaines.

 

 

C'est bien d'avoir des Algériens sur le forum (mais j'ai l'impression que beaucoup ne viennent plus) en tout cas !

 

 Moi je suis toujours présent et je suis bien parmis vous mes amis

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Après une recherche sur internet, je suis tombé sur ça:

http://conops-mil.blogspot.fr/2013/11/conflits-les-armees-africaines-dans-la.html
D'après l'auteur, la brigade algérienne était chargée de la défense du Caire et pourtant, je connais un vétéran de la guerre qui dit qu'il y avait des algériens à Ismailiya.

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Israélien. J'ai aussi rencontré un algérien dont l'oncle s'était fait tuer lors de la guerre du Kippour dans les rangs de l'armée de terre algérienne. Si l'armée algérienne s'était contentée de se déployer au Caire, je doute qu'il y aurait eu des morts. Ce blog ne parle que d'une seule brigade algérienne qui est une brigade blindée alors que l'article qui parle des corps expeditionnaires arabes lors de cette guerre (il a l'air assez exhastif) parle de deux brigades, une d'infanterie et une blindée.

Modifié par Joab
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Pierre Razoux mentionne une brigade blindée algérienne forte de 2 500 hommes et 120 chars, plus 42 avions. Cette unité a été déployée dans la région du Caire, avec une brigade blindée libyenne (2 000 hommes et 100 chars) dans une force de réaction interarabe, vers la fin du mois de novembre. Le dispositif égyptien reçoit aussi l'appoint d'une brigade soudanaise d'infanterie motorisée (1 800 hommes et 10 chars).

 

Il signale aussi que le président algérien Boumedienne aurait promis 200 millions de dollars pour financer l'effort de guerre arabe.

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Aller je me jette a l'eau on change de theme j'ai trouve cette article pour vous

 

Que s'est-il réellement passé lors de la "Guerre de Kippour"?

par Israel Shamir

http://www.counterpunch.org/2012/02/22/what-really-happened-in-the-yom-kippur-war/

 

J'ai récemment reçu à Moscou une chemise bleu-marine datée de 1975, qui contenait l'un des secrets les mieux gardés de la diplomatie du Moyen Orient et des USA. Le mémoire rédigé par l'ambassadeur soviétique au Caire Vladimir M. Vinogradov, apparemment le brouillon d'un rapport adressé au Politbureau soviétique décrit la guerre d'octobre 1973 comme un complot entre les dirigeants israéliens, américains et égyptiens, orchestré par Henry Kissinger. Cette révélation va vous choquer, si vous êtes un lecteur égyptien. Moi qui suis un Israélien et qui ai combattu les Égyptiens dans la guerre de 1973, j'ai été choqué aussi, je me suis senti poignardé, et je reste terriblement excité par l'incroyable découverte. Pour un Américain cela pourra être un choc.





A en croire le dit mémoire (à paraître in extenso dans le magazine prestigieux Expert de Moscou), Anouar al Sadate, qui cumulait les titres de président, premier ministre, président de l'ASU, commandant en chef des armées, avait conspiré de concert avec les Israéliens, avait trahi la Syrie son alliée, condamné l'armée syrienne à sa perte, et Damas à se retrouver bombardée, avait permis aux tanks de Sharon de s'engager sans danger sur la rive occidentale du Canal de Suez, et en fait, avait tout simplement planifié la défaite des troupes égyptiennes dans la guerre d'octobre 1973. Les soldats égyptiens et officiers se battirent bravement et avec succès contre l'armée israélienne -trop bien, même, au goût de Sadate, puisqu'il avait déclenché la guerre pour permettre aux USA de faire leur retour au Moyen Orient. Tout ce qu'il réussit à faire à Camp Davis, il aurait pu l'obtenir sans guerre quelques années plus tôt.


Il n'était pas le seul à conspirer: selon Vinogradov, la brave grand'mère Golda Meir avait sacrifié deux mille des meilleurs combattants juifs ( elle ne pensait pas qu'il en tomberait autant, probablement) afin d'offrir à Sadate son heure de gloire et de laisser les USA s'assurer de positions solides au Moyen Orient. Le mémoire nous ouvre la voie pour une réinterprétation complètement inédite du traité de Camp David, comme un pur produit de la félonie et de la fourberie.


Vladimir Vinogradov était un diplomate éminent et brillant; il a été ambassadeur à Tokyo dans les années 1960, puis au Caire de 1970 à 1974, co-président de la Conférence de Paix de Genève, ambassadeur à Téhéran pendant la révolution islamique, représentant au Ministère des Affaires étrangères de l'URSS et ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie. C'était un peintre de talent, et un écrivain prolifique; ses archives comportent des centaines de pages d'observations uniques et de notes qui couvrent les affaires internationales, mais son journal du Caire tient la place d'honneur, et parmi d'autres, on y trouve la description de ses centaines de rencontres avec Sadate, et la séquence complète de la guerre, puisqu'il l'observait depuis le quartier général de Sadate au moment précis où les décisions étaient prises. Lorsqu'elles seront publiées, ces notes permettront de réévaluer la période post-nassérienne de l'histoire égyptienne.


Vinogradov était arrivé au Caire pour les funérailles de Nasser, et il y resta comme ambassadeur. Il a rendu compte du coup d'État rampant de Sadate, le moins brillant des hommes de Nasser, qui allait devenir le président par un simple hasard, parce qu'il était le vice-président à la mort de Nasser. Il avait aussitôt démis de leurs fonctions, exclu et mis en prison pratiquement tous les hommes politiques importants de l'Égypte, les compagnons d'armes de Gamal Abd el Nasser, et démantela l'édifice du socialisme nassérien..


Vinogradov était un fin observateur, mais nullement un comploteur; loin d'être un doctrinaire têtu, c'était un ami des Arabes et il soutenait fermement l'idée d'une paix juste entre Arabes et Israël, une paix qui satisferaient les besoins des Palestiniens et assurerait la prospérité juive.


La perle de ses archives, c'est le dossier intitulé "La partie en jeu au Moyen Orient". Il contient quelques 20 pages dactylographiées, annotées à la main, à l'encre bleue, et il s'agit apparemment d'un brouillon pour le Politbureau et pour le gouvernement, daté de janvier 1975, juste après son retour du Caire. La chemise contient le secret mortel de la collusion dont il avait été témoin. C'est écrit dans un russe vivant et tout à fait agréable à lire, pas dans la langue de bois bureaucratique à laquelle on pourrait s'attendre. Deux pages ont été ajoutées au dossier en mai 1975; elles décrivent la visite de Vinogradov à Amman et ses conversations informelles avec Abou Zeid Rifai, le premier ministre, ainsi que son échange de vues avec l'ambassadeur soviétique à Damas.


Vinogradov n'a pas fait connaître ses opinions jusqu'en 1998, et même à ce moment, il n'a pas pu parler aussi ouvertement que dans ce brouillon. En fait, quand l'idée de collusion lui eût été présentée par le premier ministre jordanien, il avait refusé d'en discuter avec lui, en diplomate avisé.


La version officielle de la guerre d'octobre 1973 dit que le 6 octobre 1973, conjointement avec Hafez al-Assad de Syrie, Anouar al Sadat déclencha la guerre, avec une attaque surprise contre les forces israéliennes. Ils traversèrent le canal de Suez et s'avancèrent dans le Sinaï occupé, juste quelques kilomètres. La guerre se poursuivant, les tanks du général Sharon avaient traversé à leur tour le canal, et encerclé la troisième armée égyptienne. Les négociations pour le cessez-le feu avaient débouché sur la poignée de main à la Maison Blanche.


En ce qui me concerne, la guerre de Yom Kipour, comme nous l'avions appelée constitue un chapitre important de ma biographie. En tant que jeune parachutiste, j'ai combattu, pendant cette guerre, j'ai traversé le canal, j'ai pris les hauteurs de Gabal Ataka, j'ai survécu aux bombardements et aux corps-à-corps, j'ai enseveli mes camarades, tiré sur les chacals du désert mangeurs d'hommes et sur les tanks ennemis. Mon unité avait été amenée par hélicoptère dans le désert, où nous avons coupé la ligne principale de communication entre les armées égyptiennes et leur base, la route Suez-le Caire. Notre position, à 101 km du Caire, a servi de cadre aux premières conversations pour le cessez-le-feu; de sorte que je sais que la guerre n'est pas un vain mot, et cela me fait mal de découvrir que moi et mes camarades en armes n'étions que des pions jetables dans le jeu féroce où nous, les gens ordinaires, étions les perdants. Bien entendu, je n'en savais rien à ce moment, pour moi, la guerre était la surprise, mais je n'étais pas général à l'époque.


Pour Vinogradov, aucune surprise: de son point de vue, tant la traversée du canal par les Égyptiens que les incursions de Sharon étaient planifiées, agréées à l'avance par Kissinger, Sadate et Golda Meir. Le plan comportait d'ailleurs la destruction de l'armée syrienne au passage.


Pour commencer, il pose certaines questions: comment la traversée pourrait-elle avoir été une surprise alors que les Russes avaient évacué leurs familles quelques jours avant la guerre? La concentration des forces était facile à observer, et ne pouvait pas échapper à l'attention des Israéliens. Pourquoi les forces égyptiennes n'ont-elles pas avancé après avoir traversé, et sont-elles restées plantées là? Pourquoi n'y avait-il aucun plan pour aller plus loin? Pourquoi y avait-il un large espace vide de 40 km, non gardé, entre la deuxième et la troisième armée, une brèche qui était une invitation pour le raid de Sharon? Comment les tanks israéliens ont-ils pu ramper jusqu'à la rive occidentale? Pourquoi Sadate avait-il refusé de les arrêter? Pourquoi n'y avait il pas de forces de réserve sur la rive occidentale?


Vinogradov emprunte une règle chère à Ssherlock Holmes qui disait: quand vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, aussi improbable cela soit-il, doit être la vérité. Il écrit : on ne saurait répondre à ces questions si l'on tient Sadate pour un véritable patriote égyptien. Mais on peut y répondre pleinement, si l'on considère la possibilité d'une collusion entre Sadate, les USA et la direction israélienne. Une conspiration dans laquelle chaque participant poursuivait ses propres objectifs. Une conspiration dans laquelle aucun participant ne connaissait tous les détails du jeu des autres. Une conspiration dans laquelle chacun essayait de rafler la mise, en dépit de l'accord commun.


Le plan de Sadate

Sadate était au point le plus bas de son pouvoir avant la guerre: il perdait son prestige dans son pays et dans le monde. Le moins diplômé et le moins charismatique des disciples de Nasser se retrouvait isolé. Il avait besoin d'une guerre, d'une guerre limitée avec Israël, qui ne se terminerait pas par une défaite. Une telle guerre l'aurait soulagé de la pression de l'armée, et il aurait retrouvé son autorité. Les USA étaient d'accord pour lui donner le feu vert pour la guerre, chose que les Russes n'avaient jamais fait. Les Russes protégeaient le ciel égyptien, mais ils étaient contre les guerres. Sadate devait s'appuyer sur les USA et se dégager de l'URSS. Il était prêt à le faire parce qu'il détestait le socialisme. Il n'avait pas besoin de la victoire, juste d'une non-défaite; il avait l'intention d'expliquer son échec par la déficience des équipements soviétiques. Voilà pourquoi il avait imparti à l'armée une tâche minimale: traverser le canal et tenir la tête de pont jusqu'à ce que les Américains entrent dans la danse.

Le plan des USA

Les USA avaient perdu leur emprise sur le Moyen Orient, avec son pétrole, son canal, sa vaste population, au cours de la décolonisation. Ils étaient obligés de soutenir l'allié israélien, mais les Arabes n'arrêtaient pas de se renforcer. Il aurait fallu obliger Israël à plus de souplesse, parce que sa politique brutale interférait avec les intérêts américains. Si bien que les USA devaient conserver Israël en tant qu'allié, mais au même moment il leur fallait briser l'arrogance d'Israël. Les USA avaient besoin d'une occasion de "sauver" Israël après avoir autorisé les Arabes à frapper les Israéliens pendant un moment. Voilà comment les USA permirent à Sadate d'entamer une guerre limitée.

Israël

Les dirigeants israéliens se devaient d'aider les USA, leur principal fournisseur et soutien. Les USA devaient consolider leurs positions au Moyen Orient, parce qu'en 1973 ils n'avaient qu'un seul ami et allié, le roi Fayçal. (Kissinger avait dit à Vinogradov que Fayçal essayait de l'endoctriner sur la malignité des juifs et des communistes). Si les USA devaient retrouver leurs positions au Moyen Orient, les positions israéliennes s'en trouveraient fortifiées d'autant. L'Égypte était un maillon faible, parce que Sadate n'aimait pas l'URSS ni les forces progressistes locales, on pouvait le retourner. Pour la Syrie, il fallait agir au plan militaire, et la briser.


Les Israéliens et les Américains décidèrent donc de laisser Sadate s'emparer du canal tout en contrôlant les cols de Mittla et de Giddi, la meilleure ligne de défense de toute façon. C'était le plan de Rogers en 1971, et c'était acceptable pour Israël. Mais cela devait être le résultat d'une bataille, et non pas une cession gracieuse.


Pour ce qui est de la Syrie, il fallait la battre à plate couture, au plan militaire. Voilà pourquoi l'État-major israélien envoya bien toutes ses troupes disponibles sur la frontière syrienne, tout en dégarnissant le Canal, malgré le fait que l'armée égyptienne était bien plus considérable que celle des Syriens. Les troupes israéliennes sur le canal allaient se voir sacrifiées dans la partie, elles devaient périr pour permettre aux USA de revenir au Moyen Orient.



Cependant, les plans des trois partenaires allaient se voir quelque peu contrariés par la réalité du terrain; c'est ce qui se produit généralement avec les conspirations, rien ne se passe comme prévu, dit Vinogradov, dans son mémoire...


Pour commencer, le jeu de Sadate se trouva faussé. Ses présupposés ne fonctionnèrent pas. Contrairement à ses espérances, l'URSS prit le parti des Arabes et commença à fournir par voie aérienne l'équipement militaire le plus moderne, aussitôt. L'URSS prit le risque d'une confrontation avec les USA; Sadate ne croyait pas qu'ils le feraient parce que les Soviétiques étaient réticents envers la guerre, avant qu'elle éclate. Son second problème, selon Vinogradov, était la qualité supérieure des armes russes aux mains des Égyptiens. Elles étaient meilleurs que l'armement occidental aux mains des Israéliens.


En tant que soldat israélien à l'époque, je ne puis que confirmer les paroles de l'ambassadeur. Les Égyptiens bénéficiaient de la légendaire Kalachnikov AK-47, le meilleur fusil d'assaut au monde, alors que nous n'avions que des fusils FN qui détestaient le sable et l'eau. Nous avons lâché nos FN pour nous emparer de leurs AK à la première occasion. Ils utilisaient des missiles anti-chars Sagger légers, portables, précis, qu'un seul soldat pouvait charger. Les Saggers ont bousillé entre 800 et 1200 chars israéliens. Nous avions de vieilles tourelles de 105 mm sans recul montées sur des jeeps, et il fallait quatre hommes sur chacune ( en fait un petit canon) pour combattre les chars. Seules les nouvelles armes américaines redressaient quelque peu l'équilibre.


Sadate ne s'attendait pas à ce que les troupes égyptiennes entraînées par les spécialistes soviétiques surpassent leur ennemi israélien, mais c'est ce qui se passa. Elles franchirent le canal bien plus vite que ce qui était prévu, et avec beaucoup moins de pertes. Les Arabes battaient les Israéliens, et c'était une mauvaise nouvelle pour Sadate. Il était allé trop loin. Voilà pourquoi les troupes égyptiennes s'arrêtèrent, comme le soleil au-dessus de Gibéon, et ne bougèrent plus. Ils attendaient les Israéliens, mais à ce moment les Israéliens étaient en train de combattre les Syriens. Les Israéliens se sentaient relativement tranquilles du côté de Sadate, et ils avaient envoyé toute leur armée au nord. L'armée syrienne reçut de plein fouet l'assaut israélien et commença à battre en retraite, ils demandèrent à Sadate d'avancer, pour les soulager un peu, mais Sadate refusa. Son armée resta plantée là, sans bouger, malgré le fait qu'il n'y avait pas un Israélien en vue entre le canal et les cols de montagne. Le dirigeant syrien Assad était convaincu à l'époque que Sadate l'avait trahi, et il le déclara franchement à l'ambassadeur soviétique à Damas, Muhitdinov, qui en fit part à Vinogradov. Vinogradov voyait Sadate tous les jours et il lui demanda en temps réel pourquoi ses troupes n'avançaient pas. Il ne reçut aucune réponse sensée: Sadate bredouilla qu'il ne voulait pas parcourir tout le Sinaï pouraller à la rencontre des Israéliens, qu'ils arriveraient bien jusqu'à lui tôt ou tard.


Le commandement israélien était bien ennuyé, parce que la guerre ne sa passait pas comme ils s'y attendaient. Ils avaient de lourdes pertes sur le front syrien, les Syriens se retiraient, mais il fallait se battre pour chaque mètre; seule la passivité de Sadate sauvait les Israéliens d'un revers. Le plan pour en finir avec la Syrie avait raté, mais les Syriens ne pouvaient pas contre-attaquer efficacement.


Il était temps de punir Sadate: son armée était trop efficace, son avance trop rapide, et pire encore; il dépendait encore plus des Soviétiques, grâce au pont aérien. Les Israéliens mirent fin à leur avancée sur Damas et envoyèrent les troupes au sud, dans le Sinaï. Les Jordaniens pouvaient à ce moment-là couper la route nord-sud, et le roi Hussein offrit de le faire à Sadate et à Assad. Assad accepta immédiatement, mais Sadate refusa d'accepter l'offre. Il expliqua à Vinogradov qu'il ne croyait pas aux capacités de combat des Jordaniens. S'ils rentrent dans la guerre, c'est l'Égypte qui va devoir les tirer d'affaire. A un autre moment, il dit qu'il valait mieux perdre tout le Sinaï que de perdre un mètre carré en Jordanie: remarque qui manquait de sincérité et de sérieux, du point de vue de Vinogradov. Et voilà comment les troupes israéliennes marchèrent vers le sud sans encombre.


Pendant la guerre, nous les Israéliens savions aussi que si Sadate avançait, il s'emparerait du Sinaï en moins de deux; nous examinions plusieurs hypothèses pour comprendre pourquoi il ne bougeait pas, mais aucune n'était satisfaisante. C'est Vinogradov qui nous donne la clé à présent; Sadate ne jouait plus sa partition, il attendait que les USA interviennent. Et il se retrouva avec le raid de Sharon fonçant.


La percée des troupes israéliennes jusqu'à la rive occidentale du canal est la partie la plus sombre de la guerre, dit Vinogradov. Il demanda à l'État-major de Sadate au début de la guerre pourquoi il y avait une large brèche de 40 km entre les deuxième et troisième corps d'armées, et on lui répondit que c'était une directive de Sadate. La brèche n'était même pas gardée, c'était un porte grande ouverte, comme un Cheval de Troie tapi au fond d'un programme d'ordinateur.


Sadate n'accorda pas d'attention au raid de Sharon, il était indifférent à ces coups de théâtre. Vinogradov lui demanda de faire quelque chose, dès que les cinq premiers chars israéliens eurent traversé le canal, mais Sadate refusa, disant que ça n'avait pas d'importance militairement, que ce n'était qu'une "manœuvre politique", expression fort brumeuse. Il le redit plus tard à Vinogradov, lorsque l'assise israélienne sur la rive occidentale fut devenue une tête de pont incontournable. Sadate n'écouta pas les avertissements de Moscou, il ouvrit la porte de l'Afrique aux Israéliens.


Il y a place pour deux explications, dit Vinogradov: impossible que l'ignorance militaire des Égyptiens fût aussi grande, et improbable que Sadate eût des intentions cachées. Et c'est l'improbable qui clôt le débat, comme le faisait remarquer Sherlock Holmes.


Si les Américains n'ont pas stoppé l'avancée aussitôt, dit Vinogradov, c'est parce qu'ils voulaient avoir un moyen de pression pour que Sadate ne change pas d'avis sur tout le scénario en cours de route. Apparemment la brèche avait été conçue dans le cadre de cette éventualité. Donc, quand Vinogradov parle de "conspiration", il se réfère plutôt à une collusion dynamique, semblable à la collusion concernant la Jordanie, entre la Yeshuva juive et la Transjordanie, telle que l'a décrite Avi Shlaim: il y avait des lignes générales et des accords, mais qui pouvaient changer selon le rapport de force entre les parties.

Conclusion


Les USA ont "sauvé" l'Égypte en mettant un point d'arrêt à l'avancée des troupes israéliennes. Avec le soutien passif de Sadate, les USA ont permis à Israël de frapper durement la Syrie.


Les accords négociés par les USA pour l'intervention des troupes de l'ONU ont protégé Israël pour les années à venir. (Dans son document important mais différent, ses annotations au livre de Heikal Road to Ramadan, Vinogradov rejette la thèse du caractère inévitable des guerres entre Israéliens et Arabes: d'après lui, tant que l'Égypte reste dans le sillage des USA, une telle guerre est à écarter. Effectivement, il n'y a pas eu de grande guerre depuis 1974, à moins de compter les "opérations" israéliennes au Liban et à Gaza.)


Les US ont sauvé Israël grâce à leurs fournitures militaires.


Grâce à Sadate, les US sont revenus au Moyen Orient et se sont positionné comme les seules médiateurs et "courtiers honnêtes" dans la région.


Sadate entreprit une violente campagne anti-soviétique et antisocialiste, dit Vinogradov, dans un effort pour discréditer l'URSS. Dans ses Notes,

Vinogradov charge le trait, affirmant que Sadate avait répandu beaucoup de mensonges et de désinformation afin de discréditer l'URSS aux yeux des Arabes. Sa ligne principale était que l'URSS ne pouvait ni ne souhaitait libérer le territoire arabe alors que les US le pouvaient, le voulaient, et le faisaient..

Vinogradov explique ailleurs que l'Union soviétique était et reste opposée aux guerres d'agression, entre autres raisons parce que l'issue n'en est jamais certaine. Cependant, l'URSS était prête à aller loin pour défendre les États arabes. Et pour ce qui est de la libération, bien des années sont passées, et ont prouvé que les US ne voulaient ou ne pouvaient nullement en faire autant, alors que la dévolution du Sinaï à l'Égypte était toujours possible, en échange d'une paix séparée, et cela même sans guerre.


Après la guerre, les positions de Sadate s'améliorèrent nettement. Il fut salué comme un héros, l'Égypte eut la place d'honneur parmi les États arabes. Mais en moins d'un an, sa réputation se retrouva en lambeaux, et celle de l'Égypte n'a cessé de se ternir, dit Vinogradov.


Les Syriens avaient compris très tôt le jeu de Sadate: le 12 octobre 1973, lorsque les troupes égyptiennes s'arrêtèrent et cessèrent de combattre, le président Hafez al Assad dit à l'ambassadeur soviétique qu'il était certain que Sadate était en train de trahir volontairement la Syrie. Sadate avait permis la percée israélienne jusque sur la rive occidentale de Suez, de façon à offrier à Kissinger une occasion d'intervenir et de concrétiser son plan de désengagement, confia Assad au premier ministre jordanien Abu Zeid Rifai qui le dit à son tour à Vinogradov durant un petit-déjeuner privé qu'ils prirent chez lui à Amman. Les Jordaniens aussi soupçonnent Sadate de tricher, écrit Vinogradov. Mais le prudent Vinogradov refusa de rentrer dans ce débat, tout en ayant bien l'impression que les Jordaniens "lisaient dans ses pensées."


Lorsque Vinogradov fut désigné comme co-président de la Conférence de paix de Genève, il fit face à une position commune à l'Égypte et aux USA visant à saboter la conférence, tandis qu'Assad refusait tout simplement d'y participer. Vinogradov lui remit un avant-projet pour la conférence et lui demanda si c'était acceptable pour la Syrie. Assad répondit; oui, sauf une ligne. Quelle ligne, demanda plein d'espoir Vinogradov, et Assad rétorqua; la ligne qui dit "la Syrie accepte de participer à la conférence." Et la conférence fut un fiasco, comme toutes les autres conférences et conversations diverses.


Quoique les soupçons formulés par Vinogradov dans son document secret soient venus à l'esprit de différents experts militaires et historiens, jamais jusqu'alors ils n'avaient été formulés par un participant aux évènements, une personne aussi haut placée, aussi informée, présente aux moments clé, et en possession de tous les éléments. Les notes de Vinogradov permettent de déchiffrer et de retracer l'histoire de l'Égypte: désindustrialisation, pauvreté, conflits internes, gouvernement militaire, le tout étroitement lié à la guerre bidon de 1973.


Quelques années après la guerre, Sadate était assassiné, et son successeur désigné Hosni Moubarak entama son long règne, suivi par un autre participant à la guerre d'octobre, Gen Tantawi. Obtenu par le mensonge et la trahison, le traité de paix de Camp David protège toujours les intérêts américains et israéliens. C'est seulement maintenant, alors que le régime de l'après Camp David commence à donner des signes d'effondrement, que l'on peut espérer quelque changement. Le nom de Sadate au panthéon des héros égyptiens était protégé jusqu'à maintenant, mais à la fin, comme on dit, tout ce qui est caché un temps s'avèrera transparent.

PS. en 1975, Vinogradov ne pouvait pas prédire que la guerre de 1973 et les traités qui en découlèrent allaient changer le monde. Ils scellèrent l'histoire de la présence soviétique et de sa prépondérance dans le monde arabe, même si les derniers vestiges en furent détruits par la volonté américaine bien plus tard: en Irak en 2003, et en Syrie c'est maintenant qu'ils se voient minés. Ils ont saboté la cause du socialisme dans le monde, ce qui a été le commencement de sa longue décadence. L'URSS, l'État triomphant en 1972, le quasi gagnant de la guerre froide, finit par la perdre. Grâce à la mainmise américaine en Égypte, le schéma des pétrodollars se mit en place, et le dollar qui avait entamé son déclin en 1971 en perdant la garantie or se reprit et devint à nouveau la monnaie de réserve unanimement acceptée. Le pétrole des Saoudiens et des émirs, vendu en dollars, devint la nouvelle ligne de sauvetage de l'empire américain. Avec le recul et armés du mémoire de Vinogradov, nous pouvons affirmer que c'est en 1973-74 que se situe la bifurcation de notre histoire.



Traduction: Maria Poumier

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Impressionnant le déploiement logistique algérien.

 

Au fait, est-ce que c'est quelque chose dont les Algériens parlent encore (les guerres israélo-arabes, la question palestinienne...) ?

Oui bien sure il y a des vétérans de cette guerre,on parle de cette guerre comme une guerre qu'on a mener avec nos freres Egyptions,ils avaient besoin de nous nous avons repondu a l'appel,comme ils ont fait pour nous dans le passé.pour la question palestinienne est toujours d’actualité,on a toujours soutenu le peuple palestinien,meme financierement on ne le cache pas le defin president Houarie Boumedienne a dits Nous sommes avec la Palestine  opprimés ou non dans le sens de la traduction de l'arabe

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Témoignage d'un Général Algerien

«Sur le front égyptien» du général Khaled Nezzar

Un témoignage algérien sur la guerre d’usure
Près de dix ans après la publication de ses «Récits de combats» (2002, Chihab Editions, Alger) qui traite de sa participation à la guerre d’indépendance, le général Khaled Nezzar a fait paraître récemment à Alger de nouvelles mémoires militaires intitulées «Sur le Front égyptien: la 2e brigade portée algérienne, 1968-1969»(1). L’ouvrage relate ses souvenirs de commandant de cette unité incorporée à l’armée égyptienne pendant la «guerre d’usure» qui, après la défaite arabe de juin 1967, a opposé l’Egypte aux forces israéliennes occupant le Sinaï et n’a pris fin qu’en août 1970.

L’auteur est un des chefs militaires algériens qui, dès la fin des années 80, ont joué un rôle politique de premier ordre. Il a été l’architecte de l’annulation des législatives de décembre 1991, dont le premier tour avait été remporté par le Front islamique du Salut (FIS). Après avoir coordonné le « putsch pacifique » de janvier 1992 contre le président Chadli, il a siégé au sein du Haut conseil d’Etat, une instance non élue qui a dirigé l’Algérie de 1992 à 1994 (2). Même après sa démission du poste de ministre de la Défense - et de l’armée - en 1993, il est resté un influent «décideur» et un défenseur acharné de la gestion politique, musclée et hasardeuse, des années 1990.

L’ombre pesante de la crise algéro-égyptienne
«Sur le front égyptien» se divise en deux parties. La première est consacrée aux deux années pendant lesquelles le général Nezzar a dirigé la 2e brigade portée, intégrée aux forces arabes stationnées sur les rives est du canal de Suez et de la mer Rouge. La seconde partie est une évocation sommaire des «guerres successives au Moyen-Orient» (1948, 1967, 1973, etc.). Le livre comprend plusieurs annexes, des cartes militaires et des tableaux énumérant les moyens matériels et humains mobilisés par les unités algériennes déployées en Egypte entre 1967 et 1975.

La première partie alterne anecdotes et observations tactiques rapides, ce qui la fait ressembler si peu à de véritables « mémoires de guerre ». Ses nombreuses imperfections pourraient s’expliquer par l’empressement de l’éditeur à publier l’ouvrage, presque sans révision, afin de tirer profit de l’intérêt du lectorat pour tout ce qui concerne les relations algéro-égyptiennes après les incidents qui ont marqué les rencontres de football entre les équipes d’Egypte et d’Algérie (novembre 2009).

Les carences de l’édition se remarquent dans le non-classement de certains contenus (exemple: la publication d’une annexe sur «les pertes de l’aviation arabe le 5 juin 1967» à la fin d’un chapitre consacré à la guerre d’octobre 1973, page 110). Elles sont également visibles dans la non-datation de certains événements alors que leur datation était possible par le recours à d’autres sources - dont deux sont, d’ailleurs, citées: un écrit du général égyptien Saad El Dine Chazli (3) et «Victimes, histoire revisitée du conflit arabo-sioniste», de l’historien israélien Benny Morris (4). Un travail éditorial plus sérieux aurait permis d’éviter que l’auteur, dans la même page 28, ne fasse commencer la guerre d’usure à deux dates différentes: le 11 mars et la mi-juillet 1969 (5). Il aurait, surtout, délesté le récit de phrases qui sont autant d’injures racistes, à l’exemple de celle décrivant «la véritable nature des Egyptiens, pleine de rancœur et de traîtrise» (sic, page 49).

Importante aide militaire algérienne à l’Egypte entre 1967 et 1973
Bien que nous ne puissions dire, à la suite de Djilali Khellas (le quotidien «El Watan», 7 avril 2010), qu’il s’agit d’une « enquête historique » et d’un «récit impartial de tous ces Algériens envoyés au Moyen-Orient pour une ‘’autre guerre‘’», les mémoires égyptiennes de Khaled Nezzar ne sont pas démunies d’intérêt documentaire. Elles fournissent des informations détaillées, puisées dans les archives du ministère de la Défense, sur l’aide algérienne à l’Egypte entre 1967 et 1975. Elles donnent une image vivante de l’état d’effondrement de l’armée égyptienne après la défaite de juin 1967 et des conditions difficiles dans lesquelles elle a surmonté sa démoralisation pour préparer la guerre de 1973.

L’auteur souligne les bénéfices de la guerre d’usure pour les armées arabes qui y ont participé. Elle a transformé le canal de Suez, écrit-il, en un véritable champ de manœuvres et ainsi contribué aux succès de l’offensive d’octobre 1973 qui, en atteignant deux objectifs, le franchissement et la destruction de la ligne Bar-Lev, «a mis à mal la légende d’une armée israélienne invincible» (page 29).

Le général Nezzar réexamine certaines «légendes» sur la participation algérienne aux guerres israélo-arabes (exemple: l’avion de combat abattu au-dessus de Tel Aviv, en juin 1967, était peint aux couleurs algériennes mais son pilote était un officier de l’aviation égyptienne, page 37). Il rend hommage à des compagnons d’armes égyptiens, le chef d’état-major Abdel Monêem Riad, qui, témoigne-t-il, n’épargnait aucun effort pour accomplir sa mission (page 63) ou le «grand artilleur», le colonel Abou Ghazala (page 49). D’autres officiers, il parle avec un mépris à peine contenu: le lieutenant-colonel Galal qui œuvrait à marginaliser la brigade algérienne (pages 52 et 53) ou cet autre commandant, «aussi confortablement installé que ses troupes étaient laissés à l’abandon» (page 54).

Tensions algéro-égyptiennes sur la ligne de front
A l’encontre des récits convenus, «Sur le front égyptien» révèle que les officiers algériens n’hésitaient pas à désobéir aux responsables égyptiens lorsqu’ils doutaient du bien-fondé de leurs ordres et qu’ils reprochaient à la direction politique égyptienne la «manière irrespectueuse» dont était effectué le rapatriement des corps des soldats de leur brigade morts au combat (page 58). Beaucoup d’officiers égyptiens, lit-on, considéraient avec étonnement ou suspicion ces «défenseurs de la terre arabe» qui prenaient leurs notes en français, ce que Khaled Nezzar commentera en ces termes, lors d’une réunion d’état-major: «Nous n’avons pas eu l’honneur d’apprendre l’arabe, mais nous avons réussi à chasser les Français de notre pays» (page 52)

L’auteur décrit avec une grande sévérité les capacités opérationnelles de l’armée égyptienne (incomparables, à l’en croire, à celles de l’unité qu’il commandait) ainsi que l’indifférence de ses cadres au dénuement de la troupe et aux énormes pertes qu’elle subissait (page 56). Il critique la propension de certains de ses chefs à cacher à leurs supérieurs les mauvaises performances de leurs soldats. En mai 1967, écrit-t-il, lors d’une manœuvre de chars en présence du haut commandement, toutes les cibles ont pu être atteintes, laissant échapper d’épaisses colonnes de fumée, ce qui soulevait l’enthousiasme des présents ; on découvrira plus tard qu’on avait mis derrière chaque cible un baril de pétrole et que tous les tirs avaient été ajustés à l’avance (page 32). En dépit de la tonalité générale de l’ouvrage, cette anecdote ne paraît pas être un règlement de compte anti-égyptien ; elle est immédiatement suivie d’une autre, décrivant une mise en scène similaire lors d’une manœuvre de l’armée algérienne.

Une surenchère chauvine
Si l’intérêt documentaire de la première partie de « Sur le front égyptien » n’est pas en doute, l’utilité de sa seconde partie est sujette à caution; elle ne donne pas sur «les guerres successives au Moyen-Orient» d’informations qu’on ne puisse trouver dans une encyclopédie historique sérieuse. En revanche, les annexes sont d’un grand profit pour le lecteur. Elles détaillent l’aide algérienne à l’Egypte entre 1967 et 1975: 300 millions de dollars, un chèque pour financer l’achat d’armes et de matériels russes, 20.000 combattants, des centaines de chars, de blindés, de véhicules tout-terrain et de pièces d’artilleries, des dizaines d’avions de combat... Une partie considérable de cet arsenal, souligne le général Nezzar, a été cédée à l’armée égyptienne.

Lors de la sortie de son ouvrage, l’auteur a tenté de l’inscrire dans le contexte de la tension diplomatique entre l’Algérie et l’Egypte. Au nom de la défense des symboles de la révolution «attaqués par les Egyptiens» (le quotidien « Liberté », 25 janvier 2010), il s’est livré à une véritable surenchère chauvine. Il a évoqué à propos de l’Egypte «un pays sur le déclin», où «il y a une minorité qui profite des richesses et une majorité qui n’a rien» (l’hebdomadaire «Les débats, 27 janvier 2010), comme si le juste partage des richesses nationales pouvait distinguer l'Algérie du reste du monde. Il a révélé une surprenante méconnaissance de l’histoire en nous apprenant que «les Egyptiens n’ont jamais mené de guerre» (sic) et que «même contre l’Angleterre, ils n’ont manifesté aucune résistance» (re-sic, «Liberté», 25 janvier 2010).

Les relations algéro-arabes en question
Une postface de Bachir Medjahed tente de donner une profondeur intellectuelle à cette tentative d’inscrire « Sur le front égyptien » dans le contexte actuel, marqué par la dégradation des rapports diplomatiques égypto-algériens. Ce chercheur compare « l’engagement de l’Algérie aux côtés de l’Egypte » au « malheureux scénario égyptien » visant à provoquer la rupture des relations entre les deux pays (la regrettable campagne anti-algérienne de beaucoup de médias égyptiens, à la fin de l’année dernière). Il conclut : « La parution de ce livre est salutaire pour la redéfinition des liens entre les pays arabes et, éventuellement, pour l’ouverture d’un débat portant sur des choix à faire entre des espaces géopolitiques auxquels il faudra s’arrimer.»

La proposition d’ouvrir un tel débat exprime le point de vue d’un courant réel au sein du régime et de ses élites qui préconise le relâchement volontaire des liens de l’Algérie avec le monde arabe et son intégration dans d’autres espaces (l’Euro-Méditerranée, par exemple). Ce point de vue semble fondé sur une réalité totalement fantasmée. Favorisé par l’échec du nationalisme arabe, l’isolement international qu’a vécu l’Algérie pendant les sanglantes années 90 l’a progressivement détachée de blocs politiques au sein desquels elle était fortement impliquée (arabe, africain…). Préconiser la redéfinition «des espaces géopolitiques auxquels il faudra s’arrimer» revient, en réalité, à théoriser a posteriori un fait accompli, celui de la rupture grandissante entre le pays et ses différentes profondeurs stratégiques.

 

http://www.babelmed.net/component/content/article/236-algeria/5606-sur-le-front-gyptien-du-g-n-ral-khaled-nezzar.html

il y a meme une image des MIG-21

2.jpg

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Mais est-ce que l'Algérie a déjà voulu adhérer au panarabisme de Nasser ou à l'idée de "nation arabe" qui avait rapproché l’Égypte et la Syrie ?

 

Ou au contraire, est-ce que les dirigeants algériens se sont toujours méfiés de la puissance de l’Égypte et préféré éviter de s'associer avec elle ?

 

Pour les druzes au départ je croyais que c'était une variante de l'Islam (comme le chiisme ou le sunnisme) mais c'est quelque chose de totalement différent. C'est une religion à part et assez étrange. Ils ont leur propre livre sacré et après leur mort les druzes se réincarnent dans un nouveau-né druze. Donc en fait c'est une religion fermée. On ne sait pas se convertir et le nombre de "fidèles" reste toujours le même.

 

Sinon je ne sais pas si vous connaissez la mosquée El Rahman ? On dirait un temple romain ou grec avec ses colonnes.

 

r_La_mosquee_El_Rahman_1325271754.jpg

 

C'est bien d'avoir des Algériens sur le forum (mais j'ai l'impression que beaucoup ne viennent plus) en tout cas !

On est là !!!

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Pour cette mosquée alors c'était une construction romaine qui a été reconvertie en mosquée. Ça explique son architecture inhabituelle pour un lieu de culte musulman.

 

Pour le président Boumédiène il avait l'air fort actif sur tous les fronts, intérieurs et extérieures. Maintenant d'après ce qui est dit ici son règne est fort contrasté. Il a fait de bonnes choses mais il n'avait pas l'air d'un tendre...

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