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Bat

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Tout ce qui a été posté par Bat

  1. Un article qui essaie une lecture plus historique de la stratégie russe en Syrie: Suite:http://www.slate.fr/story/185267/grozny-idleb-strategie-russe-ecrasement
  2. Bat

    Armée belge

    Ce n'est pas comme ça que j'ai compris la remarque de @wielingen1991 (mais il précisera/corrigera si nécessaire). Ce que je comprends, c'est que face à des discours déplorant que l'armée belge ne pourrait plus faire autant de trucs que durant la guerre froide (ce qui est un fait), on peut objecter que la Belgique ne compte plus faire ces trucs. Donc finalement, ce n'est pas un vrai problème (à court-moyen terme en tout cas). Par exemple, c'est une évidence que la Belgique ne peut plus déployer 200 chars lourds pour affronter les chars russes en Allemagne centrale; mais d'un autre côté elle ne compte pas non plus affronter les Russes qui ne vont de toute façon pas envahir l'Allemagne. Il y a donc une logique à ne plus maintenir des divisions blindées dans l'armée belge.
  3. Bat

    Armée belge

    Oui et non. Tout dépend ce qu'on entend par "y croire". Personnellement, je pense et je souhaite que le futur de la défense européenne est dans une défense intégrée au profit d'une politique étrangère européenne intégrée. En d'autres termes, c'est ce que certains appellent "saut fédéral", transformer l'UE en "Etats-Unis d'Europe" avec un gouvernement fédéral unique pour (notamment) les affaires étrangères et la défense. Les politiques étrangères nationales n'existent plus, les armées nationales sont dissoutes et intégrées à l'armée fédérale européenne. Les questions que tu poses ne sont alors plus d'actualité: on ne se demande plus "qui fait quoi" car tout est pris en charge au niveau fédéral: cette défense fédérale est financée par le budget fédéral alimenté par des impôts fédéraux (qui peuvent recapter notamment une partie des ressources ex-nationales qui étaient consacrées à la défense (*) ), le commandement se fait au niveau de l'état-major fédéral, les missions et interventions éventuelles sont décidées par le gouvernement fédéral dans le cadre de la politique fédérale. Est-ce que je pense que ça va arriver demain? Non, clairement: beaucoup de pays n'y sont pas prêts voire y sont opposés, et il faudra penser la transition, ce qui n'est pas évident non plus. Mais ce que je voulais dire est que c'est, peu ou prou, le modèle implicite qui est dans la tête de la quasi-totalité des politiques belges, et c'est au départ de celui-ci (au moins comme point d'aboutissement) qu'ils pensent plus ou moins directement la question de la défense européenne quand c'est abordé avec les partenaires de l'UE. Sur ce plan, il y a une différence philosophique assez importante avec la vision française qui consiste, finalement, à construire des coalitions à la carte au sein de l'UE sur des intérêts nationaux et à "européaniser" ses champions nationaux. Si la Belgique participe, c'est un peu "faute de mieux" que par adhésion enthousiaste au modèle, puisque l'objectif final de quasiment tous les partis de gouvernement est, à mon sens, une armée au service d'un gouvernement européen pour une politique européenne. (*) Les budgets de la défense cumulés des membres de l'UE sont supérieurs à 250 milliards d'EUR/an, ce qui est assez conséquent. Retirons le Royaume-Uni (45 milliards), il reste autour de 200 milliards: de quoi faire un truc quand même plus crédible que 1 moyenne et 26 petites armées juxtaposées. C'est quand même un peu plus complexe que des citoyens qui ne veulent pas payer et des politiques qui ne savent pas quoi faire. Le problème ne tient pas qu'à la cupidité des uns et à la stupidité des autres, mais également par l'histoire: la quasiment seule raison d'être de l'armée belge depuis 1945 est l'insertion dans une alliance (OTAN) supposée éviter les affres de la neutralité passée (2 invasions en 25 ans) face à une menace existentielle globale (l'URSS et ses satellites). L'armée belge s'est construite, structurée, organisée, équipée, entraînée dans ce seul but, parce que c'était le seul objectif politique belge en matière de défense (si on met de côté aller récupérer de temps-en temps des ressortissants dans une rébellion au Congo). Depuis la chute du Mur et la dissolution de l'URSS, et ce qui a suivi, l'armée belge a en réalité perdu sa raison d'être parce qu'elle a perdu le seul objectif politique qui lui était dévolu. L'incapacité des politiques à (re)construire une vision structurante est sans doute en partie due à un désintérêt et une ignorance pour ces questions, mais aussi à un "momentum" qui n'arrive jamais: dès 1992 la Belgique était prête à une intégration fédérale européenne... qu'on attend toujours. On a donc des politiques qui, indépendemment de leur nullité réelle ou supposée, doivent en permanence ménager la chèvre et le chou en maintenant une armée inutile (car ils se rendent compte que la supprimer totalement n'est peut-être pas la meilleure idée, mais en même temps sont conscients que garder une armée juste pour garder une armée sans qu'elle ne serve à rien est idiot, coûteux et de ce fait impopulaire), en réaffirmant sa loyauté à une alliance Atlantique qui est de facto la vrai politique de défense belge, et à attendre une intégration européenne dont tout le monde parle mais que personne ne fait arriver. Le côté "poule sans tête" peut donc s'expliquer par des façons différentes de se situer entre ces 3 pôles dans ce qui pourrait presque être vu comme une façon de "gagner du temps" en attendant que l'intégration européenne en la matière telle que pensée par les politiques belges advienne, et de gagner du temps sur ce temps gagné au fur et à mesure que cette intégration s'éloigne dans le temps. Comme je le dis ci-dessus, c'est en fait quelque chose qui se construit depuis 1945. L'armée belge post-guerre ne s'est construite quasiment que comme une partie des forces intégrées de l'OTAN. Ce qui a présidé à ce choix (menace soviétique) a disparu mais l'OTAN est restée, donc la Belgique continue à penser son armée dans ce cadre OTAN, avec la donne nouvelle de l'UE depuis les années 90-2000. Je pense que la lecture qui consisterait à penser qu'on "transformerait" l'armée belge en quelque chose qui serait désormais intégré à un machin plus grand est critiquable car c'est ce qu'on fait en réalité depuis 70 ans. La logique reste, mais le cadre se transforme, d'où une visibilité peut-être plus grande de la chose, et d'où aussi les crises (car le cadre vers lequel on va n'est pas clair: l'OTAN est en état de mort cérébrale comme disait l'autre, avec des Etats-Unis plus incertains que jamais, et penser qu'il y aurait aujourd'hui une alternative UE crédible est de la science-fiction: la Belgique voudrait bien continuer à jouer la même pièce mais ne sait plus bien dans quel cadre la penser).
  4. Bat

    Armée belge

    Au risque de vous décevoir, la question n'est pas vraiment posée de la même manière dans le débat politique et intellectuel belge. Le problème qui se dessine n'est pas tellement "mais qu'a-t-on fait de notre armée?", mais plutôt "c'est un scandale, voyez ce que ça nous coûte encore cette connerie de blindés inutiles". (Je viens de lire la prise de position sur Facebook d'un chercheur de l'ULB spécialisé en défense et qui explique en gros que la flotte de blindés divers de l'armée belge est hors de prix, inutile et scandaleuse et que vivement qu'on bazarde tout ça). Ceci étant, quelques observations en vrac sur les derniers échanges: Depuis la fin de la guerre froide, la Belgique a un problème avec son armée vue comme globalement inutile en tant que telle. Avec de grosses nuances idéologiques: une partie de la gauche et des verts trouve que l'armée est inutile tout court, une partie de la gauche et du centre pense qu'il faut une armée mais à un niveau européen (donc interrogation sur la pertinence d'avoir une armée belge en tant que telle), et la droite ou les nationalistes pensent globalement que l'armée belge doit se penser comme une branche de l'OTAN coordonnée avec l'Europe. Le problème, à mon avis, n'est pas tant qu'on "détruirait l'armée" (il ne faut pas déconner non plus: la Belgique est entourée d'alliés, n'a pas besoin d'une armée pléthorique et ne prétend pas faire la police aux 4 coins du monde - donc le problème n'est pas la taille de l'armée mais ce à quoi elle doit ou non servir au profit de quelle politique), mais qu'il ya un défaut de vision politique ou stratégique pour penser cette armée, son rôle, et donc son équipement. Cela donne des variations considérables d'un ministre à l'autre, entre celui qui la voit comme une super-ONG supposée aider les gens (Flahaut), celui qui la voit comme un truc pour aller tabasser les ennemis des USA dans le cadre de l'OTAN (De Crem), celui qui veut en faire un truc up-to-date techniquement pour pouvoir saquer dans les effectifs ou les affecter à la police des rues (Vandeput), sans même parler de ceux qui pensent que son seul rôle devrait être la défense territoriale (sans Opex). Paradoxalement, la Belgique investit dans son armée (même si c'est une des parts les plus faibles du PIB - mais le PIB est élevé pour un pays de cette taille donc ça fait quand même du pognon), mais en naviguant à vue, un peu n'importe comment, sans vision cohérente. Le problème de la dimension fédérale de l'armée est réel dans un contexte d'un fédéralisme de désunion: l'armée pose problème car c'est une des dernières institutions fédérales, mais aussi parce que c'est à peu près la seule institution que personne ne propose de régionaliser (on ne parle jamais d'une armée flamande et d'une armée wallonne, par exemple: on est plutôt sur une armée fédérale pour un état qui s'évapore, ou pas d'armée du tout). Pour moi, si je mets de côté le contexte belge spécifique (fédéralisme de désunion), la clé est au niveau européen: c'est la création d'une armée européenne qui peut permettre la sortie de cette contradiction, en faisant de l'armée belge un morceau de l'armée de l'UE au service d'une politique étrangère de l'UE. Ce qui pose la question de la vision qu'on a pour cette défense européenne, et qui en Belgique est, pour le coup, relativement consensuelle au niveau politique: une armée fédérale au service d'une gouvernement et d'une politique étrangère européenne (et pas de membres individuels qui font leur truc dans leur coin puis appellent l'UE à la ressource en disant que ça a un intérêt européen - la question centrale n'est ps pour les Belges ce qu'on fait sur le terrain mais le processus de décision qui y mène), membre de l'OTAN, et axée sur la défense du territoire de l'UE et des opérations OTAN. Divergence claire entre partis sur la question nucléaire par contre. Ça cadre assez bien avec une vision plus allemande ou nordique, c'est plus compliqué avec une vision "à la française" (cf. le relativement faible enthousiasme aux manoeuvres bancales de la France pour refourguer le Rafale).
  5. Oui et non. La règle des 3% est effectivement une règle européenne. Ceci étant, si on peut interroger sa pertinence chiffrée (pourquoi 3% et pas 2 ou 5?) ou ce qu'il faut y mettre précisément (p.ex dépenses de fonctionnement vs gros investissements), la question des déficits publics reste posée, UE ou pas. Prenons le cas de la France: avoir 3% du PIB de déficit annuel, ça veut quand même dire 69 milliards de déficit annuel autorisés pour un état dont les recettes annuelles sont d'environ 260 milliards d'EUR. On voit tout de suite qu'il y a un problème (chaque année, 1/4 des dépenses de la France n'est pas couverte par ses recettes), que cela questionne la viabilité du modèle moyen et long terme, et ce problème n'est pas créé par l'UE (au contraire: les règles de l'UE contribuent à limiter ce décalage). La chasse au déficit et aux dépenses publiques est, par contre, une conséquence de la règle des 3%, mais elle n'est pas imposée en tant que telle par l'UE. Les règles de l'UE disent, en substance: il faut limiter le décalage entre recettes et dépenses pour le maintenir sous la norme, mais ne dit pas comment. La réduction des dépenses est une voie possible, mais notons qu'il y en a d'autres comme l'augmentation de srecettes. Il se fait que les états, souverainement, préfèrent baisser les dépenses (en accusant l'UE) qu'augmenter les impôts (plus impopulaires). Quant à l'idée que tout ça se ferait "pour satisfaire des idéologies libérales où chacun devra se soigner selon ses moyens... adieu les solidarités afin d'enrichir au mieux les acteurs privés qui se substituent à l'Etat", je le répète, en matière de santé c'est un pur fantasme: l'UE n'a aucune compétence en la matière, les états font ce qu'ils veulent, dont font donc souverainement n'importe quoi en la matière. Ce sont les états et non l'UE qui décident de faire des économies de dépense dans la politique de santé ou de privatiser la solidarité. Prétendre le contraire est au mieux du fantasme et de la surinterprétation mal informée, au pire de la propagande grossière. L'idée que l'UE et la Commission seraient une sorte de bastion néolibéral s'imposant aux pauvres gouvernement qui n'auraient pas le choix est une fable: la Commission est avant tout l'émanation des gouvernements des états membres, et si elle est de fait plutôt libérale (dans une logique assez proche de l'économie sociale de marché: organiser un marché fonctionnel dans une série de domaines dévolus à l'UE par l'imposition d'un cadre de régulation fort dépendant de la Commission et des états), elle l'est surtout parce qu'une grande partie des états membres le sont, et parce que leurs gouvernements s'entendent pour construire l'Europe sur ce libéralisme. N'inversons pas les rôles: l'Europe n'est pa slibérale parce que ce libéralisme serait autoritairement imposé d'en haut, mais parce que depuis 50 ans les gouvernements construisent un consensus sur cette vision libérale. Pour revenir à la santé, il suffit d'aller voir les missions de l'UE en la matière, et force est de constater qu'on est bien loin de cette idée de privatisation/priorité aux riches: l'Ue ne s'occupe pas des systèmes de santé Extrait de: https://europa.eu/european-union/topics/health_fr Quand on rentre dans les détails, on constate que la quasi-totalité de ces politiques et des financements sont dirigés vers les infrastructures (recherche, subsides à la modernisation des hôpitaux vétustes, co-financement de centres avec des plateaux techniques spécifiques très coûteux), la coordination des dons de sang/organes/tissus (p.ex l'Action plan on Organ Donation and Transplantation pour lutter contre la pénurie de greffons en facilitant les échanges d'information et la standardisation des procédures de prélèvement et conservation dans les états membres), le contrôle des maladies (notamment par l'établissement de profils de santé, l'aide à la priorisation de la lutte contre des infections, indicateurs de santé, etc.), la lutte contre des maladies spécifiques (recherche, référents médicaux, contrôle des médicaments, information du citoyen et prévention), et pas du tout sur l'organisation et le financement des systèmes de santé nationaux, qui restent une compétence exclusive des états (sauf pour un cas particulier: les soins transfrontaliers et droits des patients en situation transfrontalière, c'est-à-dire permettre à un malade d'un pays A avec un système de santé donné d'être pris en charge dans un pays B avec un système de santé différent - il s'agit de faciliter l'intégration dans le système d'accueil, pas de normer les systèmes en tant que tels).
  6. Factuellement, c'est largement faux. D'une part, ce n'est pas une compétence européenne, pas même un domaine dans lequel l'UE a la charge d'initier des convergences. Donc en la matière, l'UE n'y est pour rien puisqu'elle ne fait rien n'en ayant pas la mission. D'autre part, si les tentatives d'harmonisation européenne se font parfois "par le bas", ce n'est pas tant parce que les technocrates de l'UE seraient d'horribles tortionnaires sans cœur, que parce que les états membres et leurs gouvernements s'opposent à une harmonisation, ou à une harmonisation par le haut. On a évidemment les pays de l'est qui refusent une harmonisation pour conserver leur avantage concurrentiel sur l'ouest, mais aussi des pays de l'ouest qui bloquent les évolutions persuadés qu'ils sont le centre du monde. Je cite toujours l'exemple de la directive "travailleurs détachés" qui est un mauvais compromis pour trouver une solution du refus de pays de l'est et de la France d'une convergence des règles sociales européennes sous prétexte qu'il n'est pas question de faire évoluer le système français (je résume, mais c'est l'idée: harmoniser, oui, si toute l'UE s'aligne sur la France, ce qui n'est pas réaliste pour les 27 autres pour des tas de raisons).
  7. Je ne sais pas trop où le poser alors je le mets ici: Suite: Source:https://www.lalibre.be/economie/conjoncture/a-bruxelles-malgre-les-mises-en-garde-a-repetition-des-services-de-renseignement-l-espionnage-chinois-ne-cesse-de-croitre-5df785509978e272f976dd36
  8. Je précise que ma remarque de tout-à-l'heure porte spécifiquement sur une interrogation/lecture en termes d'apogée, donc de préocupation relative au fait de savoir si on y est, si on l'a passé ou si elle est devant nous. Pour le reste, les questions de savoir comment évolue le pays/le monde, ce qu'on va devenir, comment s'organiser demain, la prise qu'on pense avoir dessus ou pas sont légitimes. Mais se posent pour tous: pas besoin de convier une interrogation existentielle et/ou identitaire sur une éventuelle "apogée" réelle ou imaginaire. (Je citais l'exemple de la Belgique, où on ne se conçoit pas par rapport à une telle idée, c'est pas pour autant qu'on ne s'y interroge pas sur l'avenir... au contraire! S'il y a bien un pays qui se demande en permanence s'il existera encore dans 5 ans, c'est bien la Belgique, sauf qu'il ne développe pas cette interrogation par rapport à une grandeur passée et/ou à venir par rapport à laquelle on interrogerait le présent.) Je pense, mais ce n'est que mon avis aussi, que poser les questions d'avenir/de choix face aux enjeux contemporains en termes d'apogée (qu'elle soit espérée ou au contraire qu'on regrette sa fin) relève non seulement du fantasme un peu vain, mais est en plus potentiellement dangereux: en introduisant une forme de téléologie (c'est-à-dire l'idée qu'il y a une finalité préexistante et quelque part "transcendante" car échappant aux acteurs, qui guiderait l'action nécessaire) dans le jeu politique, on le bride et on le prive de toute sa potentialité: on ne pourrait pas mener n'importe quelle politique sous prétexte que "le destin" transcendant et pré-existant de la nation imposerait certains choix (par opposition à l'idée que la nation deviendra ce qu'on en fera). En fait, c'est vrai de toutes les nations (mais avec une multiplicité de variantes: toutes n'arrivent pas à la même chose): il n'y a pas besoin d'être "à part" ou de s'être construit culturellement et identitairement comme une nation "à part" pour construire son propre modèle, avoir une prise sur son destin et son influence. La géographie va, clairement, en partie structurer et/ou orienter les choses, mais je ne pense pas qu'il y a une sorte de nécessité absolue de l'unicité ou du destin des nations: avec la même géographie, on peut arriver à des modèles différents. Tous les pays qui sont à la croisée d'aires culturelles ou nationales différentes ne se construisent par exemple pas comme des puissances animées d'une prétention universaliste. Exemple, à nouveau: la Belgique (mais il y en a d'autres: rien qu'en Europe, on pourrait citer la Suisse, la Grèce, la Tchéquie, l'Ukraine...). Si la France est "à part", c'est à mon sens plus dans la signification collective et culturelle qu'elle a construite de ce positionnement (qui est authentiquement originale) bien plus que dans une évolution particulière (avec la nuance/la complication que la construction culturelle va, à un moment, contribuer à structurer cette évolution et inversement). Avec cette conception culturelle de l'universalisme français, on peut potentiellement défendre tout et son contraire concernant l'Europe: aussi bien son élargissement infini (vu qu'elle est un modèle universel, l'univers entier pourrait avoir vocation à la rejoindre) comme la fermeture et ce que certains nomment "approfondissement" (il faudrait d'abord uniformiser l'ensemble existant —une autre idée très française, l'uniformisation— avant de penser ce qu'on fait à l'extérieur). Actuellement, le vent est plutôt à la seconde idée, mais dans les années 90-2000 on a défendu allègrement la première au nom des mêmes conceptions. Ce qui, à mon avis, montre par l'absurde qu'il n'y a aucune destinée manifeste mais juste des opportunités et idées circonstancielles, saisies ou non, dans un contexte donné mais changeant.
  9. Oui, pour ce que j'en sais, c'est un peu le bordel au parlement européen depuis les élargissements successifs et donc la multiplication des langues officielles, fût-ce pour des raisons logistiques: pas assez de cabines d'interprètes, par exemple, car en théorie il faut pouvoir traduire de chacune des 23 langues dans n'importe quelle autre des 23 langues, ce qui fait des équipes pléthoriques. Donc on a inventé des traductions "en cascade" comme tu les décris, pas toujours très heureuses... C'est un sujet quasi-philosophique qui à mon avis dépasse le cadre de ce fil, mais je pense qu'il repose sur une prémisse fausse: celle selon laquelle il y aurait une sorte d'évolution nécessaire et souhaitable, standardisée ou stéréotypée pour chaque nation, et que chacune devrait bien choisir son "créneau" (ou, du moins, c'est comme ça que je l'ai compris, peut-être à tort). L'histoire et le sens pratique nous enseignent le contraire: il y a des circonstances et des acteurs plus ou moins ambitieux, et au fil de ceux-ci il y a des trucs qui se passent, point. L'idée d'apogée est une reconstruction intellectuelle a posteriori, pas une nécessité qui guide les acteurs. En très caricatural, lorsque l'empire romain était à son apogée, les romains ne se disaient pas "nous sommes à notre apogée" mais "comment gérer ce bazar". C'est un peu la même chose pour la France, l'UE ou n'importe quoi d'autre. La question linguistique le montre d'ailleurs bien: la France saisit, avec succès, des opportunités pour imposer sa langue dans les instituions européennes, en compétition avec les autres pays/langues. Le fait qu'elle y est parvenue (contrairement à l'Italie, p.ex), montre qu'elle a sans doute plus d'influence et/ou de ressources que d'autres. Savoir si ce serait ou non son "apogée" me semble assez secondaire. (Ou une préoccupation très franco-française, dirais-je en bon Belge qui s'étonne toujours de la capacité de la France et des Français à s'inquiéter à tout moment d'être ou de ne plus être la meilleure en n'importe quel domaine, comme une obsession identitaire permanente, alors que ça ne nous passe jamais par l'esprit concernant notre pays qui est plus pragmatique: comment améliorer les trucs ici, pas comment être mieux que les autres ou au sommet d'on ne sait quelle courbe de grandeur nationale plus ou moins fantasmatique! Mais c'est un autre débat.)
  10. L'union Européenne a 23 langues officielles, mais 3 langues usuelles de travail dans la plupart de sinstitutions: l'anglais, le français et l'allemand. Cela signifie que tous les documents officiels, ou les échanges au Parlement Européen, sont traduits dans les 23 langues. Les autres institutions de l'UE (Commission, Cour de justice, Cour des comptes...) ont chacune leur politique linguistique propre qui définit la (les) langues dans laquelle (lesquelles) travaillent leurs fonctionnaires et sont rédigés les documents de travail interne. P. ex le Conseil utilise les 3 langues de travail, la Cour de justice délibère en français mais publie les arrêts dans la langue du cas, la Cour des comptes travaille en français mais publie ses documents dans les 23 langues officielles. Le français est donc loin d'être minoré, d'autant que le Brexit interroge sur le maintien de l'anglais comme langue de travail. L'idée que l'UE réfléchirait à l'éradiquer est une vieille lubie (a priori fausse) française, dont je n'ai jamais entendu parler ailleurs qu'en France. Par contre, ce qui dessert le français est qu'il est moins répandu dans toute l'UE que l'anglais, et c'est tout le paradoxe: même avec le Brexit, l'anglais reste le moyen le plus simple pour faire communiquer ensemble des Belges, des Tchèques, des finlandais et des Portugais, car appris en seconde ou 3ème langue dans la totalité des pays, là où le français ne l'est pas ou moins. (Par exemple, quand je travaille sur des projets européens, nous travaillons spontanément en anglais et remettons nos documents en anglais simplement parce que c'est la langue qui réunit le plus de partenaires (même s'ils le parlent parfois de façon assez basique), et même si on a le droit (dans beaucoup de cas) de remettre les réponses aux appels d'offres ou rapports en français.) Il suffit de voir les chefs d'état et de gouvernement qui constituent le Conseil actuellement: la quasi-totalité d'entre eux sont anglophones, donc la plupart des réunions se font en anglais par commodité, mais sans obligation de le faire et sans politique visant à éradiquer le français de l'institution. Tous les présidents du Conseil ou de la Commission sont d'ailleurs choisis (aussi) pour leur plurilinguisme: Ursula von der Leyen parle 3 langues (allemand, français, anglais), Charles Michel également (français, néerlandais, anglais). Leurs prédécesseurs étaient également multilingues: Jean-Claude Juncker en parlait 4 (luxembourgeois, français, allemand, anglais) et Donald Tusk au moins 3 (polonais, français, allemand, plus des bases en anglais et en russe). À noter que Martin Schulz, candidat malheureux à la présidence de la Commission contre Juncker et ancien président du Parlement Européen en parle, lui, 6 (allemand, français, anglais, italien, espagnol et néerlandais)!
  11. Bat

    La Composante Air belge

    Suite: https://www.lecho.be/entreprises/aviation/La-Belgique-donne-a-l-Europe-une-lecon-de-ciel-unique/10187272
  12. Suite:https://mobile.francetvinfo.fr/monde/afrique/politique-africaine/les-africains-embarrasses-par-une-presence-chinoise-devenue-etouffante_3510143.html?fbclid=IwAR20KYvJwq-buOAhvihQLHWESsuoSb-eiEVRBWTjIIuVjq6Iia_f7dqO2BI#xtref=http://m.facebook.com/
  13. Depuis 24h, je vois passer beaucoup de tweets et courtes vidéos annonçant des troubles dans la province du Guandong, voisine de Hong Kong, les manifestants réclamant apparemment plus de démocratie. Certaines montrent des blindés qui semblent tirer dans la foule. Mais je ne trouve aucun article de presse à ce sujet. Quelqu'un a-t-il vu des infos (fiables) à ce sujet? EDIT: je viens de trouver ça: https://www.liberation.fr/planete/2019/11/30/chine-gaz-lacrymogenes-et-affrontements-pres-de-hong-kong_1766509 Apparemment une histoire de crématorium contesté: je ne sais pas pourquoi la plupart des tweets qui relaient les images des affrontements, parfois très violents (voitures retournées et brûlées, FDO qui tirent dans le tas, etc.) parlent principalement de soutien aux manifestants anti-totalitaires de Hong Kong.
  14. Suite: https://info.arte.tv/fr/pratiquement-tous-les-produits-chinois-bon-marche-proviennent-dun-camp-de-travail
  15. Bat

    Cyberwarfare

    Source: https://www.lalibre.be/belgique/judiciaire/la-belgique-a-la-tete-d-une-cyberattaque-pour-faire-taire-l-etat-islamique-et-son-agence-de-propagande-amaq-ce-n-est-pas-une-bombe-atomique-qu-on-a-lancee-mais-des-fleches-tres-precises-explique-eric-van-der-sypt-5ddc0dac9978e272f92c83e1
  16. Suite: https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/24/china-cables-revelations-sur-le-fonctionnement-des-camps-d-internement-des-ouigours_6020358_3210.html
  17. Suite: https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/22/la-chine-veut-imposer-sa-vision-des-droits-de-l-homme_6020084_3232.html Pratique, mais très classique: la totalité des états totalitaires ou autoritaires brandissent régulièrement et depuis des décennies cet argument au moindre trouble interne, et de plus en plus souvent des politiques dans des états démocratiques.
  18. Analyse de ces "Xinjiang Papers", et quelques conclusions glaçantes: https://www.nytimes.com/interactive/2019/11/16/world/asia/china-xinjiang-documents.html?action=click&module=Top Stories&pgtype=Homepage
  19. Bat

    Vol MH17

    Suite: https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/14/mh17-on-recoit-les-ordres-de-moscou_6019174_3210.html?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR1wGmYZCzo1N_mHkQA_h_ujNfRElIz8C5Vhjnhl6I2r3Rn-OvzfZ65UYAk#Echobox=1573752124
  20. Bat

    La Composante Air belge

    Bon, comme avec un titre pareil, "l'information" a toutes les chances de faire marrer la presse française demain, je prends les devants avec la fake news imbécile et ignorante du jour. Dans la presse (belge) de ce matin, on avait droit à ça: Evidemment, cela a suscité des railleries et cris d'orfraies sur les réseaux sociaux, notamment parmi une partie de mes connaissances, sur le mode "c'est honteux! quel gaspillage!" et/ou "haha quels branquignolles ces militaires". Du coup, j'ai essayé d'un peu creuser le truc, notamment en essayant de remonter la "chaîne" d'information (car c'est un article qui cite une télé qui cite un journal tabloïd flamand)... pour ne rien trouver! Premièrement, le tabloïd n'a en réalité aucune info: c'est aujourd'hui qu'a été présenté le nouveau centre logistique de Melsbroek pour les A400M, et il se demande, référant à un article du site web de la chaîne TV (qui le reprend pourtant aujourd'hui) d'il y a 5 ans si ce ne serait pas pour remplacer les hangars "trop petits" qu'on aurait achetés à l'époque. Spéculation pure, donc, en ressortant une vieille info. Info? Voyons: que disait-il il y a 5 ans? Que la Belgique avait mal choisi ses hangars pour le A400M? Non, juste qu'elle avait acheté des hangars (sans dire pour quoi), et le média (pas la Défense ou qui que ce soit d'autre) spéculait en remarquant qu'ils étaient trop petits pour les A400M. Scandale? Non: ces hangars ne leur sont pas destinés. Deuxièmement, d'autres journaux ont repris l'info de La Libre qui cite RTL qui cite Het Laatste Nieuws qui ressort une vieille info mal comprise de RTL, mais avec une autre thèse, se basant sur des témoignages plus vieux: ces hangars trop petits n'auraient pas été achetés, mais seraient les hangars existant à Melsbroek et qui accueillent aujourd'hui les C-130. Certes, c'est vrai, mais ces hangars ont été construits pour les C-130, et du reste personne n'a dit qu'on y mettrait les A400M. Deuxième truc vide, donc. Troisièmement, et c'est le pompon, une recherche de 30 secondes (que les médias n'ont manifestement pas la capacité de faire) montrent que cette histoire n'a rien de neuf, puisque le bâtiment logistique dont le projet a été présenté aujourd'hui n'est en rien une nouveauté, mais la conséquence de procédures de marchés publics lancées par le (alors) ministre de la défense Vandeput en 2017! Donc en résumé, on fait un titre polémique sur une mauvaise compréhension d'un non-événement qui est par ailleurs budgété depuis 2017. On trouve les "scandales" qu'on peut... Sinon, si vous voulez un truc plus consistant sur le nouveau centre logistique, le même (!) canard a publié ceci dans l'après-midi (manifestement, ils ne se lisent pas eux-mêmes): Suite: https://www.lalibre.be/economie/conjoncture/le-ministere-de-la-defense-lache-46-9-millions-d-euros-pour-la-construction-d-un-hangar-hors-normes-a-melsbroek-5dcc313df20d5a0c46c44dee
  21. Suite: Source: https://plus.lesoir.be/258898/article/2019-11-07/selon-un-journaliste-espagnol-la-russie-exploite-la-crise-catalane?referer=%2Farchives%2Frecherche%3Fdatefilter%3Dlastyear%26sort%3Ddate%20desc%26word%3Dcatalane
  22. Je l'avais aussi feuilleté en librairie, et au premier abord je n'avais pas spécialement accroché. Puis mon frère me l'a offert le lendemain pour mon anniversaire, et j'avoue que j'ai bien accroché à l'histoire (et ai été très frustré de voir que je devrais attendre le T2 pour avoir la fin).
  23. Bat

    Armée belge

    Source: BELGA / https://www.belgiandefencenews.be/news/861/les-militaires-peu-enclins-a-travailler-pour-la-direction-de-la-securisation-de-la-police
  24. Sur le fond, je suis pleinement d'accord avec toi: je ne suis pas favorable à une extension maximaliste de la notion de conflit d'intérêt, qui me semble porter deux risques que tu pointes aussi: le rejet poujadiste de tout et n'importe quoi, et par conséquent la paralysie de toute possibilité de gouvernement (au sens large). Mais ce que je voulais souligner, c'était surtout le problème que cause le décalage entre la notion juridique et la perception qu'en a la société, et qui aggrave le problème. Mettons qu'Anticor poursuive M. X pour "conflit d'intérêt", puis la justice classe l'affaire sans suite ou innocente M. X car juridiquement il n'en a pas commis. Comment va réagir Anticor, ou la société en général? À mon avis, quelque chose comme: "C'est honteux, X a été protégé! C'est la justice aux ordres d'un entresoi malsain! Tous pourris!" (Etc.) En partie parce que le décalage entre la notion juridique et le sens commun n'est pas compris et/ou pas accepté. Il me semble donc nécessaire de disposer, pour que ça marche bien, de notions juridiques qui ne pourront pas être contestées à tout va par simple ignorance et qui seront donc comprises et acceptées en tant que telles. Cela implique de rapprocher sphère sociale et sphère juridique, mais je ne dis pas qui doit faire le plus grand pas (on pourrait rester à la même définition juridique, et essayer d'agir sur l'opinion pour lui faire comprendre les tenants et aboutissants de la notion, le pourquoi de la définition, etc.). La difficulté, je le reconnais, est que pratiquement, c'est le plus difficile à faire, sur le plan culturel et social: une fois que le sens commun s'est emparé d'une idée, même fausse, il est très compliqué de l'amener à t renoncer. (De ce point de vue, c'est plus simple de changer la loi que changer l'opinion.)
  25. Si mon message passe pour déplacé, ignorez-le: ce n'est absolument pas le but, pas plus qu'il ne s'agit de manquer de respect à la mémoire des soldats maliens. Ceci étant, ce n'est pas la première fois qu'une attaque d'un camp de l'armée malienne fait plusieurs dizaines de victimes parmi les soldats avec peu ou pas de pertes mentionnées parmi les assaillants, aussi cela m'interpelle. Il ne s'agit pas d'hommes en mouvement, pris dans une embuscade ou autres, mais de soldats tués dans leur casernement a priori protégé étant donnée la localisation. Saint-on ce qui explique ces bilans terribles? Les assaillants étaient-ils très nombreux et les soldats submergés? Ou lourdement armés avec des blindés ou autres que ne pourraient affronter les soldats? Ou ont-il été surpris dans leur sommeil, ou tués par des traîtres ou éléments infiltrés? En d'autres termes, a-t-on une idée du modus operandi des assaillants, sans entrer dans des détails inutiles, qui expliqueraient ces bilans? Cela m'aiderait à mieux comprendre les enjeux purement militaires (notamment tactiques) du conflit et du contrôle du territoire face aux groupes armés dans la zone sahélienne.
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