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[LPM] Loi Programmation Militaire


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Messages recommandés

Bla, bla, bla...   Cela fait des décennies que l'on dit aux militaires "vous allez voir, avec un budget plus ramassé, un format plus réduit, on aura une meilleure efficacité"...

On ne parle pas de ça: on parle d'un changement de modèle. Ce discours que tu évoques, outre la proportion d'hypocrisie politique, n'a jamais induit de changement de modèle, juste une espérance (même si les promesses avaient été tenues) que les progrès techniques des systèmes compenseraient plus que largement la baisse du nombre de systèmes et unités en ligne. Or cette espérance tactico-technique, principalement issue des Américains, ne peut rien produire que de très marginal en terme d'augmentation de capacité réellement stratégique/opératique. Un surcroît d'efficience des modes de combat n'induit que très peu de surcroît d'efficacité dans la guerre, si la façon de penser et aborder l'armée, l'action armée et la guerre ne change pas. C'est tout le point qu'essaient de soulever un certain nombre de têtes pensantes comme Desportes ou Goya: pour produire de l'efficacité tactique et stratégique, y'a quelque chose à changer radicalement avant de dire que c'est tout la faute des méchants politiques et des budgets qui se réduisent.... Et de ce côté, RIEN n'a réellement été changé, si bien qu'on continue à adapter une armée de guerre froide à des missions qui ne sont pas la guerre froide, et un format qui n'est évidemment qu'une fraction de ce qu'était l'armée de guerre froide. Il ne s'agit pas de "plus" ou de "moins", mais de "différent".

Une autre façon de dire que les décideurs pour le coup militaires ont une énorme part de faute, malgré tous les efforts quantitatifs de réformes qu'ils ont fait: il ne faut pas avoir peur de dire qu'une bonne partie de ces réformes et efforts très durs pour les forces (qui d'ailleurs ont outrageusement préservé les chapelles et castes de hauts galonnés, de façon plus que disproportionnée), ont été des efforts quantitativement réels et impressionnants (encore plus comparés au reste de la fonction publique), mais peut-être qualitativement à côté de la plaque. Parce que changer sa culture et ses façons de faire, de penser et de se penser est infiniment plus dur que tronçonner sans arrêt un peu plus de trucs.

Alors il est facile d'accuser de "blablatage" des "coupeurs de cheveux en quatre" hypothétiques (qu'il est bien pratique d'inventer: c'est plus confortable), mais faudrait voir qu'il y a un peu plus en question, et que les décideurs militaires ont une énorme part de faute dans ce qui se passe actuellement et que leur activisme et quantité de travail pour garder le moule de pensée actuel en l'adaptant à des budgets en baisse ne doit pas obérer. Ils refusent de réellement changer. Le politique n'est pas exempt de fautes non plus dans ce domaine là, mais la faute est quand même avant tout militaire dans ce registre.

Lis le DIS HS de ce mois sur l'AdT, Desportes, Goya, Henrotin, Bihan et quelques autres expriment bien mieux que moi ce qu'est un changement de modèle par comparaison avec ce qu'impose une réduction de budget à modèle inchangé, et avant tout en terme de "production d'efficacité" (à différencier nettement de la production d'efficience qui est la seule chose que le modèle actuel arrive encore à réaliser, et encore à la marge), juste pour dire qu'il y a quelque chose de fondamental à faire bouger avant de parler d'augmentation de budget.

Cela me rappelle "la jeune école" de la Marine française à la fin du XIX° siècle

La Jeune Ecole a pêché par idéologie, avec des facteurs de torts aisément démontrables au moment même de leur émission. Si tu veux des exemples à travers toute l'histoire d'armées qui ont changé de paradigme et ont produit d'énormes surcroîts d'efficacité tactique/opérative/stratégique pour des ressources consacrées équivalentes ou inférieures, je peux en fournir bien plus que ce lamentable épisode de la Jeune Ecole, de la Macédoine et Rome à la Wehrmacht.

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Non Jojo le problème à l'heure actuelle c'est qu'il n'y a pas consensus sur la nature de la menace et surtout les moyens de la contrer. Avec les soviets c'était "simple". Il fallait une Force Aérienne Tactique, des chars, des mécas ... la Marine était à la portion congrue (moins de 15% des dépenses de fonctionnement ...).

Aujourd'hui le débat est intense entre ceux qui préconisent de raboter les dépenses des militaires comme celles des autres ministères (et pas plus contrairement à ce que vous pouvez penser, je vous invite à venir voir aux Finances ...) et ceux qui préconisent de maintenir la garde avec une question essentielle

POUR FAIRE QUOI, COMMENT et AVEC QUELLE ARME ? Où se place le curseur du raisonnable alors qu'aujourd'hui la menace n'est plus blindée à l'est mais plus vraisemblablement au coeur de nos cités...

Aujourd'hui l'absence de menace claire limite le volontarisme. Le discours actuel en faveur de l'outre mer est de ce point de vue novateur on verra si ce sera suivi d'effets.

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Aujourd'hui le débat est intense entre ceux qui préconisent de raboter les dépenses des militaires comme celle des autres ministères (et pas plus contrairement à ce que vous pouvez penser je vous invite à venir voir au Finances ...) et ceux qui préconisent de maintenir la garde avec une question essentielle

Et entre ceux qui ne veulent pas changer (et pour qui le maintien ou l'augmentation des budgets est un "fix" permettant d'éviter la remise en question) et ceux qui mettent en cause l'efficacité du modèle militaire lui-même hors des questions de budget. Comment produire de l'efficacité tactique/opérative/stratégique est une question bien plus dure et dont l'aspect tactico-technique n'est qu'une portion minoritaire. Si on se limite à cet aspect, on ne change rien et on dépend absolument des budgets dont l'augmentation ne produit, dans un tel cadre, qu'une amélioration très marginale des capacités à obtenir des résultats opératifs/stratégiques, donc politiques (qui sont la seule chose qui compte).

Avec les soviets c'était "simple".

Ca, c'est l'autre aspect, pire encore: on n'a jamais eu à se préparer, au final dans l'histoire, que contre un adversaire, relativement similaire (étatique, territorialement proche, culturellement comparable). Une armée se calibre dessus: tout le reste était nettement mineur et on pouvait facilement s'y adapter, et encore, beaucoup de déconvenues ont eu lieu dans les conflits "lointains", en raison précisement du fait qu'une menace plus petite n'est pas forcément moins dangereuse, et que "qui peut le plus" ne peut pas forcément "le moins" (parce que les menaces sont différentes en nature; il est à cet égard édifiant de se pencher sur le détail de ce qui a réellement permis les conquêtes coloniales). La menace actuelle est protéiforme et appelle une capacité d'adaptation sans équivalent dans l'histoire, ce qui est radicalement différent de ce qui fonde les moules de pensée, appareils industriels et modes d'organisation des armées occidentales actuelles.

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Quelle conscience navale pour la France ?

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2012/12/22/maritimisation.html

Avec les disparitions, il y a quelques mois des messieurs Hervé Couteau-Bégarie et Jean-Charles Drouillot ,deux personnes expertes et conscientes des enjeux maritimes de la politique mondiale, cultivées et convaincues que la France doit d'abord défendre ses intérêts partout dans le monde sur et sous les océans .Deux personnes fortement impliquées dans la stratégie navale du grand large, expérimentées dans les géostratégies des océans et des mers, avisées dans les diplomaties navales, orientées dans la puissance à mer pour une Marine Nationale océanique grandement équipée, capacitaire et reconnue.

Ces 2 personnes disparues voulaient que la France acte la nécessité pour notre pays de mettre en œuvre enfin une politique maritime et de doter notre Nation d'une ambition maritime, d'une véritable politique de la Mer.

Cette politique maritime pour la France suppose d'abord qu'elle accorde des moyens à sa défense navale, c'est à dire à la MN tout en mettant en œuvre une stratégie de moyens navals, misant sur une politique industrielle navale, optant pour une géostratégie des océans réaliste pour qu'elle ait la France, les moyens capacitaires, opérationnels et techniques avec sa marine afin de jouer un rôle actif sur sa ZEE de 11 millions de km².

Outre une force de dissuasion océanique qui nous classe pas dans les marines de seconde zone type italienne, espagnole ou allemande comme semble le dire Zayus, cela suppose des moyens d'interventions par exemple avec le lancement du second PA mais aussi du quatrième BPC et de 4 navires polyvalents d'escorte logistique et de ravitaillement, cela suppose des moyens de la 3 D et de communication satellitaire.

Comme le disait le Prince de Joinville :"Pour avoir une marine, il faut la vouloir beaucoup et la vouloir longtemps."Donc afin de confirmer son statut de puissance navale et de puissance économique, la France doit se doter de moyens navals, aériens et amphibiens, mais aussi se doter de stratégies de moyens pour s'affirmer, conforter sa prospérité, sa supériorité et sa sécurité.

Le Général de Gaulle en avait perçu sa dimension stratégique avec sa phrase célèbre :"La mer si redoutée et si désirée des peuples, la mer qui sépare les nations mais leur permet de se joindre, la mer où les pires dangers peuvent menacer les États, mais sans laquelle il n'y a pas de grandeur."

Partout en Asie et dans le monde, les pays se dotent de puissants moyens navals, sous-marins, destroyers, frégates, navire de projection.Un seul continent l'Europe où les pays sont empêtrés dans d'inextricables contraintes budgétaires et baisses d'ambitions désarment et ou réduisent leurs flottes et moyens.A l'aube de la rédaction du nouveau Livre Blanc de la défense, à l'approche décisionnelle et arbitrale sur les programmes de défense, avec un gouvernement d'élus dans des circonscriptions maritimes ,il serait temps que la France assume son destin maritime, sa diplomatie et sa culture navale par des décisions courageuses et pleines de bons sens.Il serait temps que la France aspire à la tradition et à son destin maritime car la France est riveraine de 3 océans et de quatre mers, son espace maritime est le second derrière les USA.Soit une empreinte étendue de 20 fois plus que la superficie de la métropole.La France est donc face à ses aspirations.

Écrit par : Philippe Top-action | 26.12.2012

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Je crois que vous rêvez à des changements de modèle militaire, voire à des fuites en avant dans des trucs échevelés genre "il n'y aura plus de menace haute intensité alors allégeons-nous Folleville..." mais que vous vous leurrez. Montrez-moi quelle armée dans le monde a renoncé à ses chars? A ses avions de combat? A un modèle "lourd"? C'est du conservatisme? Peut-être, le problème c'est que ce sont contre ces armées que nous pourrions avoir à combattre, alors on aurait l'air fins avec une armée allégée au nom d'une doctrine fumeuse. Les changements de paradigme en matière de modèle d'armée sont à manier avec précaution et en gardant les pieds sur terre. Et puis finalement vous proposez quoi comme modèle d'armée? Je serais curieux de le savoir.

Ce livre blanc de toutes façons est une nouvelle façon de nous enfumer derrière des pages creuses dont le seul but est de justifier des coupes budgétaires. Et ce n'est pas nouveau.

Ps: pour moi la seule chose dont on puisse être sûr pour la France c'est qu'il faut mettre le paquet sur la Marine de guerre désormais, il suffit de regarder une carte pour le voir clairement. Pour le reste...

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moi se que je remarque ,s'est qu'on a durant de nombreuses années eu une capacité Force d'Action Rapide légère ,et une capacité à faire du haute intensité face à la menace du pacte de Varsovie .

la menace pacte de Varsovie est tombé mais on a eu la 1°guerre du golfe .

ses surtout les opex de "projection " ambiance FAR qui se sont durcis avec l'alourdissement en protection et puissance de feu ajouté (il est loin le temps des gars en jeep et VLRA sans blindage ,avec juste un treillis léopard en guise de gilet par-balle ,et pourtant sa a saigné à cette époque ) .

il y a un sur armement même chez les pays "pauvres" rien qu'en armement léger et qui font très mal .

pour moi on est dans l'optique expéditionnaire à l'heure actuelle est donc il faut une Marine forte ,mais qui Marine Forte demande de l'amphibie adapté qui permette nos ambitions .

on a du lourd dans notre armée de terre ,mais celui-ci ne devrait pas être vu comme "sacrifiable " car n'étant plus justifié car plus de "menace concrète" .il faut juste le réadapté à cette ambition expéditionnaire pour pouvoir toujours pesé .

mine de rien ,2 PA sa permettrait d'avoir une permanence à la mer pas négligeable (sans compté l'entretien qu'à besoin tout navire au bout d'un temps à la mer ) ,est dans se GAN un groupement amphibie important avec des capacités lourde et légère modulaire ,adaptable en fonction des crises pouvant arrivé dans le futur .

mais bon je pense que s'est pas se que l'on cherche dans un livre blanc ... s'est plutôt comment gratté de l'argent sur le ministère qui à l'avantage de ne mettre personne dans la rue vu qu'ils n'ont pas le droit de le faire .

sans compté les querelles de chapelles entre Terre ,Air et Mer ...

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moi se que je remarque ,s'est qu'on a durant de nombreuses années eu une capacité Force d'Action Rapide légère ,et une capacité à faire du haute intensité face à la menace du pacte de Varsovie .

la menace pacte de Varsovie est tombé mais on a eu la 1°guerre du golfe .

ses surtout les opex de "projection " ambiance FAR qui se sont durcis avec l'alourdissement en protection et puissance de feu ajouté (il est loin le temps des gars en jeep et VLRA sans blindage ,avec juste un treillis léopard en guise de gilet par-balle ,et pourtant sa a saigné à cette époque ) .

il y a un sur armement même chez les pays "pauvres" rien qu'en armement léger et qui font très mal .

pour moi on est dans l'optique expéditionnaire à l'heure actuelle est donc il faut une Marine forte ,mais qui Marine Forte demande de l'amphibie adapté qui permette nos ambitions .

on a du lourd dans notre armée de terre ,mais celui-ci ne devrait pas être vu comme "sacrifiable " car n'étant plus justifié car plus de "menace concrète" .il faut juste le réadapté à cette ambition expéditionnaire pour pouvoir toujours pesé .

mine de rien ,2 PA sa permettrait d'avoir une permanence à la mer pas négligeable (sans compté l'entretien qu'à besoin tout navire au bout d'un temps à la mer ) ,est dans se GAN un groupement amphibie important avec des capacités lourde et légère modulaire ,adaptable en fonction des crises pouvant arrivé dans le futur .

mais bon je pense que s'est pas se que l'on cherche dans un livre blanc ... s'est plutôt comment gratté de l'argent sur le ministère qui à l'avantage de ne mettre personne dans la rue vu qu'ils n'ont pas le droit de le faire .

sans compté les querelles de chapelles entre Terre ,Air et Mer ...

Une des possibilités et diminuer l'ADA et l'ADT à un minimum opérationnel.

Des petites unités qui garderaient les compétences avec un gros complément de réservistes. Sauf pour la  pour la marine c'est le contraire .

Plus des unités expéditionnaires multi-armes.

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Je crois que vous rêvez à des changements de modèle militaire, voire à des fuites en avant dans des trucs échevelés genre "il n'y aura plus de menace haute intensité alors allégeons-nous Folleville..." mais que vous vous leurrez. Montrez-moi quelle armée dans le monde a renoncé à ses chars? A ses avions de combat? A un modèle "lourd"? C'est du conservatisme? Peut-être, le problème c'est que ce sont contre ces armées que nous pourrions avoir à combattre, alors on aurait l'air fins avec une armée allégée au nom d'une doctrine fumeuse. Les changements de paradigme en matière de modèle d'armée sont à manier avec précaution et en gardant les pieds sur terre. Et puis finalement vous proposez quoi comme modèle d'armée? Je serais curieux de le savoir.

Ce livre blanc de toutes façons est une nouvelle façon de nous enfumer derrière des pages creuses dont le seul but est de justifier des coupes budgétaires. Et ce n'est pas nouveau.

Ps: pour moi la seule chose dont on puisse être sûr pour la France c'est qu'il faut mettre le paquet sur la Marine de guerre désormais, il suffit de regarder une carte pour le voir clairement. Pour le reste...

C'est pas "nous, ici" qui le décrétons, ce sont surtout vraiment pas mal de gens et d'experts qui se cassent un peu la cabèche sur ces trucs avant tout. Et si tu veux absolument aller combattre des armées ayant des milliers de chars, je vais te casser le suspense dès maintenant: ces armées avec des milliers de chars, elles ont aussi des centaines de milliers d'hommes et beaucoup de centaines d'avions, et 1/ on a déjà pas les moyens d'aller les chercher maintenant, on les avait pas il y a 10 ans et on les avait pas non plus avant la fin de la guerre froide, 2/ on n'a peu de chances d'avoir à aller au casse pipe contre eux, parce que les grands ont nettement plus d'intérêts communs à arranger ensemble, même si c'est bancal (et si c'est pas le cas, le casse pipe sera nucléaire et/ou se verra venir des années à l'avance avec un temps d'adaptation militaire: ces choses n'arrivent pas du jour au lendemain entre grands acteurs). Par ailleurs, s'il fallait aller casser du maousse avec milliers de chars et d'avions, vu que c'est pas pour notre catégorie, ça se fait en coalition.... Et il peut être réellement intéressant de se demander quel intérêt on a à de telles coalitions (surtout au vu du passé récent), s'il faut pouvoir y peser, et si oui comment, ou si encore on a réellement des chances d'y peser tant qu'il y a les ricains dedans (qu'on envoie l'équivalent d'une ou deux divisions dans une coalition majeure contre un adversaire lourd, avec les ricains dedans, faut arrêter de se leurrer, ça changera pas vraiment le pouvoir de négo, donc c'est une perte d'argent: il n'y a pas vraiment de configuration où, vu le différentiel, on puisse être "l'allié qu'il faut écouter").

Restent les adversaires et menaces à anticiper, contrebalancer, parer ou carrément affronter seuls ou en petites coalitions (sans ricains; cad des scénaris où les ricains ne s'inviteraient pas): et faut un peu regarder le monde au lieu de parler dans des absolus abstraits.... Y'en a pas tant que ça, et les menaces sont rarement des flots de blindés, surtout en grandes quantités ET ayant un niveau technique au top du top. Pour rappel aussi: dans ces configurations "classiques", si tant est qu'il y ait des scénaris crédibles qui pourraient les voir arriver (ce qui est peu sûr, voire pas), et les voir arriver tels qu'on semble les fantasmer (encore moins sûr; faut vraiment se sortir la guerre froide de la tête), le premier tueur de blindé n'est plus le blindé (et en particulier le premier tueur de chars n'est plus le char), c'est l'hélico, et plus encore, c'est l'ensemble des moyens interarmes et interarmées employés en synergie dans des boucles d'information/décision/action très rapides. Les innombrables commentaires s'exaltant comme quoi le char reste indispensable parce que l'Afghanistan, parce que l'Irak, parce que le Liban, sont quand même très risibles: oui, il faut du blindage lourd, mais pas des formules 1 hors de prix (en développement, acquisition, maintien, projection et soutien en opération) qui n'ont été calibrées que pour une autre guerre qui n'a pas eu lieu et se trouve largement dépassée aujourd'hui.

Tu peux t'enfermer dans tes peurs de changement et les certitudes acquises au temps jadis, ou souhaiter en vain une capacité universelle pour pouvoir affronter chaque armée de ce monde quelle qu'elle soit, mais ça, ça n'arrive pas dans le monde réel, et ce ne sont pas 2,5 ou 3% du PIB qui amèneraient cette capacité, ni la possibilité de lancer plusieurs divisions blindées en Chine continentale, ce qui semble être le scénario sur lequel toutes les critiques de changement comme les tiennes semblent reposer en arrière fond. On détermine les MENACES potentielles (pas les adversaires: c'est déjà une vision très réductrice et qui limite d'emblée la capacité à agir et à produire du résultat politique) et on essaie de trouver la meilleure réponse au moindre coût; on détermine les intérêts à protéger et développer, et on voit leur dimension sécuritaire/militaire potentielle, et là on choisit les capacités à avoir pour favoriser ça. Ne penser qu'en terme d'adversaire (sous-entendu "étatique et plus ou moins développé"), c'est déjà fermer son champ de vision, éteindre les 2/3 de son cerveau et de fait se tirer une balle dans le pied avant même de démarrer.

Franchement, la rhétorique de faux bon sens pointant du doigt des "réflexions échevelées", des "coupages de cheveux en quatre", "arguties" et des "doctrines fumeuses", c'est juste se placer très facilement dans une fausse dialectique des "gens logiques" contre les "intellos abstractionnistes" qui sert juste à se donner bonne conscience et éviter de se creuser le caberlot, et pire, de remettre en question ce qu'on croit certain, ce qui est la définition même de la paresse intellectuelle. Histoire à l'appui, c'est pas comme ça que les progrès militaires ont été accomplis.

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Je pense que l'on assiste à un retrait progressif de la France sur la scène international. Même si durant un long moment, la tendance a été de continuer à jouer les funambules avec toujours moins de moyens, j'ai le sentiment depuis quelques temps, que les ambitions du pouvoir Français et de son peuple sont plus dirigé vers l'intérieur que vers l'extérieur. Un peu une politique à la Suédoise. Là où ça coince, ce sont les intérêts de la France à l'étranger, car il y en a. Mais tant qu'ils seront soumis à des risques dû à de petits groupes armées que l'on peut combattre avec deux hélicos et quelques dizaines de FS, investir dans du lourd n'a pas d'intérêt.

La où ça se complique, c'est au niveau Européen. On se dirige apparemment vers des rapports de force de grands ensembles, et l'UE a encore moins de volonté d'action que la France aujourd'hui.

Comme je l'avais dit dans un message précédent, il est probable que les grandes nations actuelles et futur, se dirigent vers des rapports de forces économique utilisant de manière plus ou moins direct les rapports de force comme argument d'intimidation. Les nations émergeantes l'ont bien compris, et construisent leurs armées de demain, celles qui leur permettront de jouer un rôle sur la scène international.

A côté de cela, l'UE et son problème d'union et de volonté militaire va au devant d'un problème fondamental, son incapacité à garantir la survie et l'approvisionnement de ses économies. Celà est dû d'habore à son incapacité à créer une véritable union. La conséquence de cette incapacité, est l'incapacité de définir des enjeux vitaux pour l'union Européens dans une politique étrangère commune. (Par exemple, est ce que les mines d'uranium de la France en Afrique est un enjeu vital pour l'UE ? Sachant la place de la production Française d'électricité dans le park Européen.)

On l'a vu fréquemment, les petites nations préfèrent s'adosser à des nations puissantes, et non à des très neutralistes et sous armées nations européennes.

Il est plus que probable, que dans ce monde en développement, les différentes nations européennes ne finissent par perdre les unes derrière les autres, leurs zones d'influence stratégique, où elles possèdent des enjeux vitaux.

La conséquence sera la monté des prix de certaines matières premières, et la poursuite du décrochage de l'UE et notamment de la France dans le monde. Ce qui provoquera plus de chômage et de désindustrialisation. Ce qui est le plus dramatique, c'est qu'aucune trace de politique volontariste et affirmative de ses intérêts n'existe en Europe. Vous me direz, celà existe depuis longtemps, seulement, le monde a changé, les Européens ne sont plus seul. Et si l'Europe ne se bat pas pour sa place dans le monde, personne ne la lui donnera gracieusement. Je ne suis pas convaincu que ce type de politique clientèliste, qui sacrifie totalement les nations au profit de petits groupes électoraux, afin de maintenir au pouvoir les hommes qui les dirige, puisse exister dans le monde qui nous attends. Je suis pessimiste.

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@S 37

D'où l'idée de renforcer la seule composante capable d'occuper notre espace OM: la Marine

Car si notre outre mer est immense, c'est en revanche un désert où seuls peuvent aller des navires et des troupes en nombre peu important mais dotées d'une forte puissance de feu.

Ce n'est pas à Mayotte ou même en Guyane que l'on va envoyer une Brigade blindée en revanche là bas il nous faudra des navires de présence et éventuellement des frégates omnirôles des BPC avec des TDM très bien équipées voir le PA et ses Rafale avec le SNA kivabien

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http://www.defensenews.com/article/312220001

PARIS -- France should draw up a long-term defense industrial strategy based on key competencies and operational capabilities, and reduce stakes in companies to hold only a "golden share," according to a wide-ranging think tank report on defense policy.

"Defense Without the Cosmetics: a Platform of Proposals for Defense and National Security" is a 62-page "blue paper" study, an unofficial report on policy issues, by think tank Center for Strategic and Prospective Study (CEPS), due to be published in January. An early copy was made available to Defense News.

A government panel also is drawing up an official defense and national security white paper, expected to be released in January.

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C'est pas "nous, ici" qui le décrétons, ce sont surtout vraiment pas mal de gens et d'experts qui se cassent un peu la cabèche sur ces trucs avant tout. Et si tu veux absolument aller combattre des armées ayant des milliers de chars, je vais te casser le suspense dès maintenant: ces armées avec des milliers de chars, elles ont aussi des centaines de milliers d'hommes et beaucoup de centaines d'avions, et 1/ on a déjà pas les moyens d'aller les chercher maintenant, on les avait pas il y a 10 ans et on les avait pas non plus avant la fin de la guerre froide, 2/ on n'a peu de chances d'avoir à aller au casse pipe contre eux, parce que les grands ont nettement plus d'intérêts communs à arranger ensemble, même si c'est bancal (et si c'est pas le cas, le casse pipe sera nucléaire et/ou se verra venir des années à l'avance avec un temps d'adaptation militaire: ces choses n'arrivent pas du jour au lendemain entre grands acteurs). Par ailleurs, s'il fallait aller casser du maousse avec milliers de chars et d'avions, vu que c'est pas pour notre catégorie, ça se fait en coalition.... Et il peut être réellement intéressant de se demander quel intérêt on a à de telles coalitions (surtout au vu du passé récent), s'il faut pouvoir y peser, et si oui comment, ou si encore on a réellement des chances d'y peser tant qu'il y a les ricains dedans (qu'on envoie l'équivalent d'une ou deux divisions dans une coalition majeure contre un adversaire lourd, avec les ricains dedans, faut arrêter de se leurrer, ça changera pas vraiment le pouvoir de négo, donc c'est une perte d'argent: il n'y a pas vraiment de configuration où, vu le différentiel, on puisse être "l'allié qu'il faut écouter").

Restent les adversaires et menaces à anticiper, contrebalancer, parer ou carrément affronter seuls ou en petites coalitions (sans ricains; cad des scénaris où les ricains ne s'inviteraient pas): et faut un peu regarder le monde au lieu de parler dans des absolus abstraits.... Y'en a pas tant que ça, et les menaces sont rarement des flots de blindés, surtout en grandes quantités ET ayant un niveau technique au top du top. Pour rappel aussi: dans ces configurations "classiques", si tant est qu'il y ait des scénaris crédibles qui pourraient les voir arriver (ce qui est peu sûr, voire pas), et les voir arriver tels qu'on semble les fantasmer (encore moins sûr; faut vraiment se sortir la guerre froide de la tête), le premier tueur de blindé n'est plus le blindé (et en particulier le premier tueur de chars n'est plus le char), c'est l'hélico, et plus encore, c'est l'ensemble des moyens interarmes et interarmées employés en synergie dans des boucles d'information/décision/action très rapides. Les innombrables commentaires s'exaltant comme quoi le char reste indispensable parce que l'Afghanistan, parce que l'Irak, parce que le Liban, sont quand même très risibles: oui, il faut du blindage lourd, mais pas des formules 1 hors de prix (en développement, acquisition, maintien, projection et soutien en opération) qui n'ont été calibrées que pour une autre guerre qui n'a pas eu lieu et se trouve largement dépassée aujourd'hui.

Tu peux t'enfermer dans tes peurs de changement et les certitudes acquises au temps jadis, ou souhaiter en vain une capacité universelle pour pouvoir affronter chaque armée de ce monde quelle qu'elle soit, mais ça, ça n'arrive pas dans le monde réel, et ce ne sont pas 2,5 ou 3% du PIB qui amèneraient cette capacité, ni la possibilité de lancer plusieurs divisions blindées en Chine continentale, ce qui semble être le scénario sur lequel toutes les critiques de changement comme les tiennes semblent reposer en arrière fond. On détermine les MENACES potentielles (pas les adversaires: c'est déjà une vision très réductrice et qui limite d'emblée la capacité à agir et à produire du résultat politique) et on essaie de trouver la meilleure réponse au moindre coût; on détermine les intérêts à protéger et développer, et on voit leur dimension sécuritaire/militaire potentielle, et là on choisit les capacités à avoir pour favoriser ça. Ne penser qu'en terme d'adversaire (sous-entendu "étatique et plus ou moins développé"), c'est déjà fermer son champ de vision, éteindre les 2/3 de son cerveau et de fait se tirer une balle dans le pied avant même de démarrer.

Franchement, la rhétorique de faux bon sens pointant du doigt des "réflexions échevelées", des "coupages de cheveux en quatre", "arguties" et des "doctrines fumeuses", c'est juste se placer très facilement dans une fausse dialectique des "gens logiques" contre les "intellos abstractionnistes" qui sert juste à se donner bonne conscience et éviter de se creuser le caberlot, et pire, de remettre en question ce qu'on croit certain, ce qui est la définition même de la paresse intellectuelle. Histoire à l'appui, c'est pas comme ça que les progrès militaires ont été accomplis.

Je en veux pas aller combattre des armées avec des milliers de chars ni envahir la Chine avec plusieurs divisions blindées, quelle drôle d'idée???  :O Et vous? Vous voulez une armée ramassée, juste capable de combattre des milices de pouilleux avec des milliers de Kalash? C'est ça votre ambition? Moi aussi je peux manier la caricature. ;)

Je veux que notre budget soit suffisant pour nous offrir ce que notre économie et notre puissance globale exige que nous ayons pour tenir notre rang. C'est tout. C'est-à-dire au minimum 2,5% du PIB. Avant de parler format des armées et stratégie génétique commençons par mettre un budget dans la Défense qui soit cohérent avec notre rang. Cela sert à quoi de discuter avec un budget de 1,5% du PIB? C'est du renoncement pur et simple. Tout ce qu'on peut dire après à coup d'experts n'est que la déclinaison de ce renoncement initial que l'on va chercher à nous vendre comme une énième réforme géniale qui optimiserait nos misérables moyens. Qui va-t-on dissuader avec ça?

Alors il y a des choses que l'on peut faire, comme se poser la question des achats sur étagère quand notre industrie ne fournit un matos que cher et qu'il ne s'agit pas d'un secteur stratégique. Pour les fusils d'assaut, les mitrailleuses, par exemple c'est clair. Mais aller faire une énième réforme structurelle (la dernière est récente) de nos forces sur la foi des élucubrations d'experts, prendre le risque de mettre notre sécurité future en péril, tout ça juste en fait pour masquer la misère budgétaire, en la faisant paraître voulue alors qu'elle est subie, non, on a déjà donné... Ta vision des choses si je comprends bien, ce sont des militaires bornés, crispés sur le passé, et des politiques aidés d'experts qui essaient de les remuer pour qu'ils y voient plus clair...  :rolleyes:

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Je veux que notre budget soit suffisant pour nous offrir ce que notre économie et notre puissance globale exige que nous ayons pour tenir notre rang

Et moi je voudrais qu'on commence par arrêter ces discours creux sur le fait de "tenir notre rang", comme si l'armée était un standard d'élégance avec des chiffres-quotas correspondant à autant d'accessoires "qu'il faut" porter (nombre de chars, nombre d'avions....) juste parce que c'est la France et c'est comme ça. C'est le genre de discours qui participe plus que largement au fait que l'armée soit complètement devenue invendable à l'opinion et au politique. Ca et les mots comme "prestige", j'y suis positivement allergique tant ils puent la naphtaline, le creux, la prétention détachée des réalités et affirmée juste pour un ego national d'un autre temps. La puissance économique n'exige rien, c'est un terme absolu et abstrait qui ne veut pas dire grand-chose et, plus grave encore, ne fait rien comprendre dans les audiences à qui il faut "vendre" l'armée (pour qu'elle redevienne une réalité politique qui pèse, donc un enjeu de débat et une question que ne peuvent éviter les politiques qui de ce fait se remettraient à y réfléchir sérieusement); la nature de l'économie française telle qu'elle est et tels que ses axes de développement probables/souhaitables sont exigent eux une politique extérieure particulière avec entre autre des capacités d'action militaire précises et adaptées.

Et la capacité à projeter de larges effectifs de Leclercs n'entre pas vraiment en ligne de compte dans les scénaris crédibles correspondant à ces réalités là.

Avant de parler format des armées et stratégie génétique commençons par mettre un budget dans la Défense qui soit cohérent avec notre rang. Cela sert à quoi de discuter avec un budget de 1,5% du PIB?

Non justement, parce que le modèle militaire actuel ne produit plus d'efficacité politique/stratégiquesuffisante, et surtout adaptée, en tout cas plus assez au regard de l'argent investi, et toute augmentation de budget ne ferait qu'accroître très marginalement ses capacités. Dans ce cadre, 2,5% du PIB ne changeront pas franchement la donne sur aucun plan ni dans aucune proportion réellement significative. Le manque offre l'opportunité de devenir intelligent, et si jamais une augmentation devait arriver, dans un monde idéal et fantasmé, je serais d'avis de la foutre dans un compte d'épargne métaphysique :lol: appelé "fonds de la conduite du changement", histoire de l'utiliser comme marge de manoeuvre pour réaliser le changement de modèle vite et bien tout en continuant à forcer le changement en interne des armées par le manque organisé, avec la carotte d'une augmentation "normale" de budget en fin de processus.

Mais aller faire une énième réforme structurelle (la dernière est récente) de nos forces sur la foi des élucubrations d'experts, prendre le risque de mettre notre sécurité future en péril, tout ça juste en fait pour masquer la misère budgétaire, en la faisant paraître voulue alors qu'elle est subie, non, on a déjà donné... Ta vision des choses si je comprends bien, ce sont des militaires bornés, crispés sur le passé, et des politiques aidés d'experts qui essaient de les remuer pour qu'ils y voient plus clair... 

Si seulement les "politiques aidés d'experts" essayaient de les remuer :lol:: non, j'adressais uniquement le volant militaire structurel de ce que je considère comme un problème fondamental. S'il faut parler du politique, on pourrait faire un topic entier dessus pour essayer de décrire le problème des classes politiques européennes (française en particulier) avec la politique extérieure et le fait militaire, le problème de la Vème République avec les "domaines réservés".... Ca c'est un fait acquis: il y a aussi un énorme problème à cet étage là. Mais on est sur Ad.net, et peu de gens s'intéressent réellement à l'analyse du fond culturel et du logiciel de fonctionnement/analyse/décision de l'étage politique (un peu abscons et chiant à l'occasion, j'en conviens aisément), ou de l'histoire des rapports entre élites militaires et politiques. Donc je vise ce qui me semble (et d'ailleurs pas qu'à moi) être le volant militaire et institutionnel du problème, et il est avant tout à la tête, parce qu'un poisson pourrit d'abord par la tête.

La question (je crois qu'on a déjà vu ce problème dans un autre topic où on s'était pris le chou  ;)) n'est pas tant de pointer des doigts sur les hauts galonnés en tant qu'individus, ni de questionner leur loyauté, dévouement, motivation ou qualité personnelle; ça ne m'intéresse pas, même si parfois j'emploie un vocabulaire qui peut sembler facilement antagoniste et accusatoire (c'est les nerfs, c'est l'envie de pas encore rallonger le pavé en cours....). Je questionne le logiciel culturel des dits hauts galonnés, et la structure/organisation de l'institution qui dictent des modes de fonctionnement aujourd'hui hautement improductifs, voire parasitaires, quels que soient les occupants individuels des postes de décision (ils vont et viennent, et au final, l'institution s'impose à eux qu'ils en soient conscients ou non: ça, cette phrase, je la tiens directement d'un amiral, en l'occurrence). L'absence de liberté de parole et de ton en interne des armées n'est qu'une des multiples facettes de ce blocage qui ne peut produire de changement et amène bien peu de capacité à produire du résultat politique (surtout du résultat adapté à notre temps). La faute est loin de n'appartenir qu'aux militaires, mais c'est surtout ici des militaires/de l'institution militaire qu'on parle.

Et les multiples réformes que les armées ont subies (plus qu'elles ne les ont conduites) depuis une quinzaine d'années ne devraient pas masquer l'absence de remise en question de l'institution, de son logiciel de fonctionnement, de sa culture fondamentale (façon de se penser comme institution, de penser le rapport à la société civile et au pouvoir, de penser ses rapports en interne, de former ses cadres....), de son organisation, de ses approches.... C'est pas parce que ces efforts ont été réels, fréquents, importants et saignants à bien des égards qu'ils ont été faits toujours où il le fallait et comme il le fallait, et ce fait ne devrait pas servir d'excuse morale pour refuser de critiquer.

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(...)

Si seulement les "politiques aidés d'experts" essayaient de les remuer :lol:: non, j'adressais uniquement le volant militaire structurel de ce que je considère comme un problème fondamental. S'il faut parler du politique, on pourrait faire un topic entier dessus pour essayer de décrire le problème des classes politiques européennes (française en particulier) avec la politique extérieure et le fait militaire, le problème de la Vème République avec les "domaines réservés".... Ca c'est un fait acquis: il y a aussi un énorme problème à cet étage là. Mais on est sur Ad.net, et peu de gens s'intéressent réellement à l'analyse du fond culturel et du logiciel de fonctionnement/analyse/décision de l'étage politique (un peu abscons et chiant à l'occasion, j'en conviens aisément), ou de l'histoire des rapports entre élites militaires et politiques. Donc je vise ce qui me semble (et d'ailleurs pas qu'à moi) être le volant militaire et institutionnel du problème, et il est avant tout à la tête, parce qu'un poisson pourrit d'abord par la tête.

La question (je crois qu'on a déjà vu ce problème dans un autre topic où on s'était pris le chou  ;)) n'est pas tant de pointer des doigts sur les hauts galonnés en tant qu'individus, ni de questionner leur loyauté, dévouement, motivation ou qualité personnelle; ça ne m'intéresse pas, même si parfois j'emploie un vocabulaire qui peut sembler facilement antagoniste et accusatoire (c'est les nerfs, c'est l'envie de pas encore rallonger le pavé en cours....). Je questionne le logiciel culturel des dits hauts galonnés, et la structure/organisation de l'institution qui dictent des modes de fonctionnement aujourd'hui hautement improductifs, voire parasitaires, quels que soient les occupants individuels des postes de décision (ils vont et viennent, et au final, l'institution s'impose à eux qu'ils en soient conscients ou non: ça, cette phrase, je la tiens directement d'un amiral, en l'occurrence). L'absence de liberté de parole et de ton en interne des armées n'est qu'une des multiples facettes de ce blocage qui ne peut produire de changement et amène bien peu de capacité à produire du résultat politique (surtout du résultat adapté à notre temps). La faute est loin de n'appartenir qu'aux militaires, mais c'est surtout ici des militaires/de l'institution militaire qu'on parle.

Et les multiples réformes que les armées ont subies (plus qu'elles ne les ont conduites) depuis une quinzaine d'années ne devraient pas masquer l'absence de remise en question de l'institution, de son logiciel de fonctionnement, de sa culture fondamentale (façon de se penser comme institution, de penser le rapport à la société civile et au pouvoir, de penser ses rapports en interne, de former ses cadres....), de son organisation, de ses approches.... C'est pas parce que ces efforts ont été réels, fréquents, importants et saignants à bien des égards qu'ils ont été faits toujours où il le fallait et comme il le fallait, et ce fait ne devrait pas servir d'excuse morale pour refuser de critiquer.

Désolé mais je ne comprends rien à ce que tu veux faire pratiquement. Cite-moi une armée européenne majeure où cette démarche que tu préconises a été conduite? Et puis surtout que propose-tu comme modèle d'armée et pour faire face à quelles menaces? Revenons dans le concret svp.  ;)
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Là on va virer franchement HS: y'a un sujet en partie sur la chose dans la rubrique Armée de terre ("modèle pour l'AdT"), j'aimerais faire un truc en histoire sur les grands changements "culturels" d'armées (rien que l'Armée Française peut en voir ainsi quelques-uns lents et étalés, donc moins facilement notables, mais surtout quelques-uns rapides: pendant la guerre de Cent Ans, après la guerre de 30 ans, à la Révolution, pendant la 1ère GM): le problème est que quand on ne regarde que les unités tactiques élémentaires et les systèmes d'armes "juste avant" et "juste après", le changement n'est pas forcément évident si on s'arrête à ça, alors que dans les faits.... Tout a changé. Et c'est ça que j'entends par "changement culturel": formation, mentalité, processus de décision à tous les échelons, promotion, modes de consultation interne, "rapports sociaux" entre militaires, chaîne d'information-décision-action, codes de référence, rapports au politique, rapport à la société.... L'armée napoléonienne qui affronte l'armée prussienne à Iéna-Auerstedt n'offre pas un spectacle physiquement très différent de son antagoniste, et pourtant elles SONT radicalement différentes, ces deux armées, complètement et absolument différentes, et ce ne sont pas des facteurs comme le temps d'entraînement qui font cette différence, pas plus que la hiérarchie des grades ou celle des unités. Et elles produisent des résultats différents, n'ont pas la même capacité à avoir des effets, ne s'utilisent pas de la même façon, ne s'engagent pas dans les mêmes circonstances.... Alors qu'à première vue, on voit des officiers empanachés des 2 côtés, des bataillons, escadrons et batteries organisés en divisions, des lignes de bataille, des carrés, des colonnes, et qu'ils s'étripent tous avec les mêmes armes. Et ces 2 armées, homme pour homme, arme pour arme, n'ont pas des coûts financiers très éloignés, pourtant un franc français produit alors infiniment plus d'efficacité tactique, opérative et politique qu'un thaler prussien. La différence se trouve dans le jus de cervelle qui décide à la base de l'emploi de ce fric.

La différence est justement dans ces trucs "fumeux", parce que pas si évidents à expliquer et formuler en mots, et qui semblent toujours si anecdotiques aux fanas de hardware et de choses facilement mesurables, alors qu'ils sont l'essentiel: sur un plan comparable, je rappelle que la révolution tayléro-fordiste est avant tout un changement culturel, organisationnel, social et technique (dans l'organisation et la conception amont du travail, du modèle social et économique....) et après seulement une révolution technico-technologique, et que le même montant d'investissement financier entre industries similaires adoptant ou non cette "révolution" peut produire des résultats mirifiques ou non.

Encore une fois, on peut en parler, mais vaut mieux gicler de ce sujet parce que pour le coup, la nature du changement à adopter (et je ne prétends pas avoir la formule toute trouvée) n'est plus du tout dans ce sujet. Mais franchement, lis aussi les articles de Desportes, Goya, Bihan, Henrotin dans le dernier DSI HS: ils le formulent de faço beaucoup plus élaborée.

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L'exemple de Iéna est très bien choisi. Ce qui diffère entre les deux armées c'est d'une part le recrutement, puis l'organisation des unités et enfin leur emploi sur le terrain, décrit dans les manuels de combat tel le manuel d'infanterie de 1791. Pour aller vite, du côté prussien on a une organisation à base de mercenariat avec un corps d'officiers coupé de ses hommes, pratiquant encore la punition corporelle, où l'avancement est hyper lent et bloqué à un certain niveau, le corps d'officiers étant interdit à la troupe d'où l'étonnement d'un pauvre grenadier prussien prisonnier, voyant le sieur Augereau, un ancien soldat de sa compagnie, devenu maréchal dans l'armée française...  :lol: On a aussi un système d'unité basé sur le régiment, sans niveau divisionnaire, ni corps d'armée, une intendance où les trains de bagage sont pléthoriques et lents. Un commandement divisé en deux armées voire trois pour des raisons politiques, des méthodes tactiques compassées, où le souvenir des manœuvres lentes et rigoureuses du temps de Frédéric II est devenu une icône indéboulonnable, etc. En face, on emploie les tirailleurs, on manœuvre léger (pas de bagages encombrants), rapide, avec un système de formations souple, adaptées au terrain, avec l'initiative permise aux échelons subalternes etc.

Bref je ne vois pas ce qui dans la doctrine d'emploi de l'armée de terre actuelle par exemple, dans ses procédés tactiques aussi, est vieillot. Des système comme Félin, Sorprion, etc sont largement au goût du jour en augmentant le flux d'information descendant et montant et la réactivité tactique, bref en faisant ce que tu souhaites, à savoir optimiser tout ce qui peut l'être à financement égal. Je vois bien par contre où le bât blesse, et là je te rejoins, dans le domaine de la stratégie d'influence vers le monde politique et le civil. Là y a du boulot...

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où le souvenir des manœuvres lentes et rigoureuses du temps de Frédéric II est devenu une icône indéboulonnable

Frédéric II ne donnait pas vraiment dans la lenteur: c'était justement tout le contraire. Tu ne cites que certaines des différences fondamentales, et plus encore, tu ne vois pas ce qu'elles sous-tendent en termes de mentalités, de fondements culturels et d'approches radicalement différents.... Soit un ensemble de choses qui commandent dans la caboche des esprits du temps à tous les échelons, de la troupe au décideur.... Et qui font que la Prusse d'alors n'aurait pas pu copier le système français si elle l'avait voulu. Elle n'aurait même pas eu le logiciel pour le comprendre: il faudra beaucoup de temps, des changements radicaux, une situation d'urgence, notamment le fait DE VIRER PUREMENT ET SIMPLEMENT 90% des officiers généraux (dont beaucoup étaient certainement bien intentionnés, courageux, dévoués.... Et coincés dans leur système de pensée/culture), et quelques personnages d'envergure pour mettre l'armée prussienne sur d'autres rails.

Bref je ne vois pas ce qui dans la doctrine d'emploi de l'armée de terre actuelle par exemple, dans ses procédés tactiques aussi, est vieillot. Des système comme Félin, Sorprion, etc sont largement au goût du jour en augmentant le flux d'information descendant et montant et la réactivité tactique, bref en faisant ce que tu souhaites, à savoir optimiser tout ce qui peut l'être à financement égal. Je vois bien par contre où le bât blesse, et là je te rejoins, dans le domaine de la stratégie d'influence vers le monde politique et le civil. Là y a du boulot...

Nul doute que les chevaliers français la veille de Crécy ne voyaient pas non plus ce qui clochait dans leur conception de la guerre, pas plus que les Prussiens avant Iéna, les Français en août 1870, toute l'Europe (à divers degrés) en 1914.... A chaque époque, on décide inconsciemment qu'on fait tout bien pour l'essentiel, qu'on est mieux que tout adversaire, qu'on ne peut qu'améliorer à la marge ce qui existe exactement comme ça fonctionne, et augmenter les effectifs (saletés de politiciens radins).

C'est comme les armées des Diadoques (les successeurs d'Alexandre qui se sont poutrés pendant 2 siècles sur les morceaux de l'ex-empire macédonien): des systèmes tactiques, opératifs, donc doctrinaux et politiques similaires qui n'ont fait que surenchérir l'un sur l'autre en réfléchissant en vase clos, pourrissant militairement ce qui faisait la vraie efficacité du modèle macédonien initial. On rallonge sans arrêt un peu plus les sarisses des phalangistes, on accroît la proportion des phalangistes (Philippe II et Alexandre les cantonnaient à environs 30%-35% de leur orbat, et ils les voulaient légers et mobiles), on les blinde toujours un peu plus, on alourdit et on accroît la cavalerie lourde, et de fait on se spécialise sans s'en rendre compte non à gagner les guerres ou à pratiquer l'art militaire, mais à affronter uniquement des armées similaires dans une configuration de bataille donnée. Surgit monsieur le Romain qui a décidé qu'il allait procéder autrement, avec des légionnaires dont l'équipement fait minable à côté (à peine protégé par un petit pectoral pour le coeur, deux javelots, un bouclier, un glaive), mais aux capacités nettement plus polyvalentes, et des unités nettement plus adaptables à beaucoup de configurations et d'adversaires, pour un coût par homme bien moindre. Le résultat est connu. Ca ne veut pas dire que les armées post-alexandriennes étaient faites de branquignolles ou commandées par des branquignolles, ou qu'elles n'étaient pas très bonnes dans l'absolu (si ça existe); elles étaient bonnes à ce qu'elles faisaient, et ce qu'elles faisaient n'était plus ce qu'il fallait dès lors qu'on les sortait de ce sur quoi elles étaient focalisées. Et là on parle à peine de la guerre en général, juste d'armées d'Etats ayant un "système de bataille" particulier (ça ne recouvre même pas tout ce qu'est, y compris à cette époque, la guerre, l'action militaire comme outil politique.... Ce à quoi l'armée d'Alexandre avait démontré aussi une grande capacité d'adaptationen son temps).

sont largement au goût du jour

C'est justement "le goût du jour" qui est l'un des grands trucs sur lesquels il faut s'interroger: c'est pas parce que c'est récent que c'est pertinent dans les scénaris de conflictualité/intervention prévisibles/souhaitables. C'est pas parce que Twilight est récent et que tout le monde va voir cette connerie que c'est bon, que ça apporte quelque chose :lol:....

L'armée française est encore fondamentalement calibrée et optimisée pour considérer qu'il n'y a qu'un adversaire ultime: l'armée blindée/mécanisée d'un adversaire étatique massif hypothétique.... Et en centre Europe. Le reste est censé être du "moins que ça", parce que "différent", apparemment ça ne veut rien dire :P: on décrète que l'adversaire type soviétique, c'est le "plus", et comme on peut le plus -au moins techniquement sinon quantitativement-, on peut le "moins" (cad tout ce qui n'est pas l'adversaire étatique façon soviétique qu'on engage en frontal dans une guerre déclarée et vue/préparée longtemps à l'avance).

L'armée telle qu'elle fonctionne est-elle adaptée aux formes de combat prévisibles? Les formes de combat dont elle a décidé qu'ils seront prévisibles sont-ils pertinents au regard de la poursuite des intérêts du pays dans le monde tel qu'il est? Elle fonctionne plutôt bien cette armée.... Dans les paramètres dont elle a décidé qu'ils étaient ceux du combat, et dans les combats dont elle a décidé qu'ils seraient ceux des guerres qui auront lieu et des adversaires et menaces qui arriveraient.... C'est un peu là que le bât blesse (là on est dans le LB). Elle est trop calibrée encore pour une forme de combat décrétée "ultime" (comme s'il y avait un scénario "maximum" et que tout le reste n'est qu'une version "light", "plus facile", de ce combat; encore une fois, "différent", "avec d'autres logiques", ça n'existe pas), et il y a lieu de se poser la question de savoir si cette vision extrêmement restrictive du combat, et plus encore si la façon d'organiser les combats et approches sont de nature à soutenir comme on le veut les intérêts politiques poursuivis: le scénario avec un adversaire étatique développé dont il faut anéantir l'armée mécanisée en campagne puis foncer sur sa capitale, obtenir une reddition en bonne et due forme et lui imposer des conditions de paix, le tout dans une période bien nette et courte avec redémarrage des relations entre pays belligérants (juste sur d'autres bases définies par le traité), est-il même encore un scénario de conflictualité crédible, ou tout au moins un scénario susceptible d'arriver dans la plupart des occurrences?

Je prends l'exemple d'un changement que l'armée américaine semble mettre en place: l'organisation d'unités spécifiquement dédiées à l'entraînement sur place et au soutien/encadrement de forces d'un Etat failli/faible, qui semble un retex majeur d'Afghanistan. Entraîner devient une discipline, un métier, voire une arme à part entière, parce que les résultats produits par des unités lambda ou même FS (pour qui c'est souvent une corvée en plus) n'ont pas été bons (historiquement, ça semble même souvent une constante): les OMLT ont été un embryon de ce changement d'approche. C'est un secteur d'activité à part entière, qui a ses logiques, réclame son approche particulière, mais aussi ses formations et entraînements particuliers (langues, cultures, connaissance des mentalités visées, "apprendre à apprendre"/pédagogie/méthodologie, encadrement d'unités constituées, modes de combat liés à ce statut à part....), ses matériels, son "mix" interarmes propre, sa mentalité, ses problématiques, sa doctrine opérationnelle (parce qu'une bonne partie des formateurs va aussi au combat avec les troupes entraînées, donc il leur faut trouver une place particulière à tous les échelons dans un déploiement, un combat, une campagne....).

Bref, les ricains vont former une première brigade de ce nouveau métier, avec des sous-unités (spécialisées dans une famille de cursus? "Complètes" et chargées d'encadrer jusqu'à un échelon donné d'unités?).... C'est presque anecdotique, mais c'est un changement radical d'approche d'un problème dans ce qui est un mode de conflictualité et d'intervention beaucoup plus courant et probable dans l'avenir: soutien aux Etats fragilisés/faillis, appui à un allié faible.... Parce qu'en plus, l'extension logique et fluide de ce domaine, dans une approche mieux pensée (donc continue), est d'avoir des unités "d'encadrement" (technique, expertise, appui matériel....) à haute valeur ajoutée (hors de portée au moins pour un temps des forces alliées/soutenues) apportant savoirs-faires et capacités "clés en main", ponctuellement ou à plus long terme, afin par exemple de mieux coordonner une opération (capacités C4I, plates-formes EM de divers échelons "clés en main", ou juste des "nodes" de transmissions....), d'apporter une capacité de renseignement, une capacité d'appui feu lourd rapide, précise et mobile, une capacité d'aéromobilité.... Toutes capacités qui sont aussi bien apportées ponctuellement pour une durée X ou Y, une campagne X ou Y, ou dans une temporalité plus longue visant à faire monter en gamme et en puissance (par la formation et la fourniture) l'armée ou les forces soutenues.

Là il n'est plus question de détacher des éléments dont ce n'est pas le métier, en vampirisant au passage une ou plusieurs unités quelque part (surtout que plus on "offre" un "service complet" et varié, plus on prend un peu de tout ici et là en métropole dans plein d'unités), mais d'avoir des unités permanentes dont c'est le métier (reconnu comme tel à part entière: rappelons à titre de comparaison historique qu'il a fallu plus de 2 siècles pour que le Génie soit reconnu comme une spécialité et ne soit plus "pratiqué" en amateur et à temps partiel, sans doctrine, corps de pensée, méthodes et culture propres....), et qui sont de fait des outils démultiplicateurs d'efficacité et producteurs d'efficacité et de résultat politique: parce que par exemple un pays aidé ne peut pas accepter que des troupes étrangères combattent à sa place (Syriens et libyens ont signalé des choses dans ce genre tout en réclamant de l'appui: comment résoudre la quadrature du cercle avec un problème présenté ainsi? On peut certes bricoler à la hâte, mais il y a lieu de se demander si on ne peut pas faire plus, plus vite, et mieux), parce qu'une mission ressortant de ce registre peut réclamer beaucoup de monde et de savoirs-faires divers, et que si on s'y lance, on vampirise beaucoup de trucs en métropole et que du coup, ce sont autant d'unités non dispo s'il faut faire quelque chose ailleurs (en plus d'abîmer les cycles d'entraînement et les rotations avec les opérations et déploiements existants).... C'est un mode d'action militaire/diplomatique/politique, donc un métier et une pensée opérative à part entière, non une "corvée" annexe des forces d'intervention "classiques". Et un mode d'intervention réclame des unités dédiées qui, au même titre que des unités élémentaires d'infanterie spécialisée ou non (et il y a aussi à débroussailler dedans), ou plutôt des unités élémentaires interarmes de mêlée, offrent une capacité à produire du résultat dans un type de situation donné (qui semble appelé à être relativement fréquent, à diverses échelles, dans diverses configurations, diverses temporalités, circonstances....). C'est une capacité à part entière: on peut soit la pratiquer en amateur et à temps partiel (ce qu'on fait actuellement et ça n'est pas critiquer ceux qui le font: c'est reconnaître qu'il s'agit d'un métier à part entière, pas d'un succédané anecdotique), soit lui accorder une légitimité à part entière comme "arme", comme mode d'action, doctrine.... Ayant sa stratégie, ressortant d'une logique d'intervention, d'une politique.... Si c'est bien fait et ça a des moyens propres, ça devient un outil de politique extérieur (qui doit être donc crédible) et une carte à jouer, mais ça devient aussi, si on veut que ce soit une vraie carte, une partie non négligeable de l'ordre de bataille d'une armée (il faut plusieurs unités dispo, pouvant offrir un panel variable de capacités de formation et d'encadrement et/ou d'appui, pour des tailles de forces diverses, des cas de figures très différents....).

Ca me renvoie au DSI HS où Bihan s'emploie assez bien à définir à quel point la mentalité d'arme est devenue parasitaire et qu'une approche par métiers (avec en aval de ce changement culturel/de mode de pensée suppose en terme d'organisation du ministère, des forces, des unités, de l'entraînement, de la conception des opérations....) est plus souhaitable.

Mais bon, ce n'était qu'un exemple. Ceci dit, un autre exemple pour se pencher sur ce qu'est réellement une différence de "culture" (/mentalité/modes de pensée/logiciels), il suffit d'essayer de comprendre à quel point (réellement à quel immense point) l'US Army et l'USMC sont deux choses très différentes offrant des capacités très différentes (et l'approche des Marines me semble aujourd'hui plus adaptée à la plupart des scénaris de conflictualité crédibles), mais aussi comment ça se traduit en conception des opérations, des unités, de l'action (pas que le combat proprement dit), de la production de résultats.... L'Army semble cependant avoir tiré des leçons du passé récent et adopte des changements à certains égards assez fascinants (le "leadership program" pour la formation des cadres est en soi une révolution des mentalités, et on voit, dans un autre registre, jusqu'aux plus petites sous-unités qui semblent appelées à changer: le remplaçant du Bradley semble appelé à correspondre à un tout autre groupe de combat).

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Bref je ne vois pas ce qui dans la doctrine d'emploi de l'armée de terre actuelle par exemple, dans ses procédés tactiques aussi, est vieillot.

Les résultats américains en Irak et Afghanistan sont pourtant bien faibles pour l'énormité des sommes dépensées. Des trillions de dollars claqués avec vraiment pas grand chose à montrer comme résultat, c'est un bien mauvais rendement par dollar dépensé, et la solution n'est pas d'augmenter le nombre de dollars (déja colossal chez US qui à eux seuls sont la moitié de la dépense mondiale) mais le rendement.  ;)

Nous sommes dans la même problématique qu'eux, en étant sans doute moins bons que les américains qui ont un panel d'expériences plus vaste, un puissant effet d'échelle et l'avantage d'être autonomes pour tester leurs stratégies. A noter que les britanniques en Irak ont été encore plus en difficulté que les américains malgré un secteur supposé facile et leur savoir-faire en contre-insurrection. Je passe sur les autre contingents européens en Irak dont le rôle a été de l'ordre de l'insignifiant.

Un exemple: le coût d'une sortie de rafale vaut un mois de paie d'un bataillon afghan, alors que le marché de l'emploi guerrier se porte très bien en Afghanistan et que les tablians paient souvent mieux. Ca ne choque pas comme allocation de ressources?

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Et là, avec ce qu'annonce l'actuel budget, ça devient vraiment le moment de se poser les bonnes questions sur de bonnes bases, parce qu'on est au stade où les structures de force qui seront dispo ne sont plus suffisantes pour même faire illusion sur la capacité à agir à la hauteur où on prétend pouvoir agir (et vraiment pas qu'à cause des quantités), et où les armées françaises seront, sauf dans de très petites crises et situations, une version juste un peu plus fournie de la Hollande, soit un fournisseur de prétexte diplomatique/politique et de forces complémentaires pour les ricains. La question des budgets globaux et des effectifs (ou plutôt des "pions" géopolitiques interarmes et interarmées) se reposera, ça c'est une évidence et personne ne le contestera ici, mais en attendant, avant cette éventuelle question de remontée en puissance quantitative, il faudrait se préparer à pouvoir la faire sur de meilleures bases, précisément avec un autre modèle "culturel" de forces armées. Ca veut pas dire que les avions, chars et autres en disparaîtraient, mais comme le résultat militaire se produit via des systèmes de forces adaptés aux situations rencontrées ET aux intentions et intérêts poursuivis, et surtout des systèmes utilisés en combinaisons adaptées (interarmes, interarmées), ça suppose d'autres dosages, d'autres mentalités, d'autres formations (peut-être même "d'autres soldats"), d'autres approches, d'autres modes d'organisation des "mix" de forces, d'autres unités et types d'unités, une autre structuration interne de l'institution, d'autres rapports entre ces structures internes et entre les personnes, d'autres processus de décision, d'autres rapports avec les autres composantes de l'action extérieure (et intérieure).... C'est ça, une autre "culture" (je cherche un meilleur mot, il sonne trop vague, mais j'en trouve pas pour l'instant).

Là, il y a une crise: on peut continuer à se lamenter, à crier au déclin et au déclassement en insultant tout le monde (mais apparemment seuls les politiques prennent), ou on peut se rappeler que les crises sont aussi les moments des grandes opportunités. Avant d'être des systèmes d'armes, les armées sont des systèmes d'hommes (bon, et de nanas maintenant aussi), des systèmes sociaux et des systèmes culturels. Leur efficacité vient avant tout de là. Et ça, c'est beaucoup moins de lourds investissements qu'il faut pour les changer et plus de la remise en question et du jus de cervelle.

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La France doit en terminer avec son mode de pensée à 4 têtes (armée de l'air, de terre, marine et force nucléaire).

Il faut monter une armée sur le style des marines américains avec un grand groupe interarme et une partie nucléaire.

Il n'y aurait plus qu'un état-major avec un seul budget et avec un vrai politique du bien commun (difficile à mettre en place).

Chacun construit dans son coin pour garder son petit pré carré.

Un matériel doit être utile dans la plaine de Mourmelon, sur un bateau ou sur une plage d'Afrique.

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Et il faudrait vraiment y libérer la parole: les armées françaises, c'est le secteur privé français en pire de ce côté.... La culture hiérarchique (et je parle pas de l'aspect hiérarchique nécessaire à une prise de décision et à la discipline dans l'action), le culte du chef, "l'aura imposée du diplôme", la peur de dire un truc qui fait passer pour con et/ou surtout qui risque de valoir un retour d'ascenseur peu agréable voire dommageable à la carrière, les rapports de caste à caste, de chapelle à chapelle.... N'y sont vraiment pas propice à une effervescence intellectuelle et à l'élaboration de solutions pertinentes (ne parlons même pas de débat :P). Ca ressemble, en pire, au fonctionnement interne des grandes boîtes françaises, qui s'incarne particulièrement dans ce qu'on trouve généralement dans les "réunions de travail" en France, qui sont pas vraiment des brainstorming si productifs. Y'a qu'au Japon que c'est pire (si évidemment on excepte les dictatures et régimes autoritaires).

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Tancrède tu parles, tu parles, mais tu proposes quoi? Rien. La critique est facile mais l'art est difficile... =) Et si tu n'as rien à proposer comment peux-tu savoir que notre système actuel n'est pas le bon? Moi ce que je subodore dans ta démarche c'est le désir d'alléger notre armée au point de ne la rendre apte qu'à se battre que contre du léger en face. Ce qui serait une grande faute. Mon idée c'est de miser sur le lourd mais avec (car ça manque) quelques régiments en plus d'infanterie légère. Bref ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Et puis définir les menaces futures c'est une vaste rigolade, personne ne prévoit le futur, ou du moins si on se prête à cet exercice, ne pas en tirer de conclusions trop tranchées. Il faut partir de ce qu'offre la technique militaire du moment et organiser ses forces pour optimiser au mieux la façon dont on utilise les armes disponibles à l'instant T ou dans un futur proche. Avec en tête les fondamentaux de toute guerre: renseignement, réactivité, information haut/bas, mobilité, force de frappe, protection, etc.

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