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Systèmes de recrutement: quelle meilleure armée pour quelle tâche?


Tancrède
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Un francais servant en professionnel dans l'armée francais classique, serait moins mercenaire, qu'un étrangers servant dans la légion étrangere? A priori les conditions de rémunération de la légion sont pas plus favorable que l'AdT, les conditions d'emploi sont grosso modo les meme, les conditions de service aussi, la durée d'engagement du meme accabit etc.

http://www2.ohchr.org/french/law/protocole1.htm

Article 47 -- Mercenaires

    1. Un mercenaire n'a pas droit au statut de combattant ou de prisonnier de guerre.

    2. Le terme "mercenaire" s'entend de toute personne :

    a) qui est spécialement recrutée dans le pays ou à l'étranger pour combattre dans un conflit armé;

    b) qui en fait prend une part directe aux hostilités;

    c) qui prend part aux hostilités essentiellement en vue d'obtenir un avantage personnel et à laquelle est effectivement promise, par une Partie au conflit ou en son nom, une rémunération matérielle nettement supérieure à celle qui est promise ou payée à des combattants ayant un rang et une fonction analogues dans les forces armées de cette Partie;

    d) qui n'est ni ressortissant d'une Partie au conflit, ni résident du territoire contrôlé par une Partie au conflit;

    e) qui n'est pas membre des forces armées d'une Partie au conflit; et

    f) qui n'a pas été envoyée par un Etat autre qu'une Partie au conflit en mission officielle en tant que membre des forces armées dudit Etat.

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c) qui prend part aux hostilités essentiellement en vue d'obtenir un avantage personnel et à laquelle est effectivement promise, par une Partie au conflit ou en son nom, une rémunération matérielle nettement supérieure à celle qui est promise ou payée à des combattants ayant un rang et une fonction analogues dans les forces armées de cette Partie;

e) qui n'est pas membre des forces armées d'une Partie au conflit;

Merci G4lly

ne serait ce que ces 2 points invalident l'idée qu'un légionnaire puisse être un mercenaire

il serait bon de revoir et s'appuyer sur les exemples  historiques, la nationalité ne faisant pas le mercenariat et inversement

ainsi des français ont combattus pour François Ier roi de France dans des compagnies mercenaires payées et statuées comme telles

(quitte à changer de camp pour un meilleur pécule)

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Je crois que l'une des principales confusions qui autorise le plus souvent ce raccourci de "étranger = mercenaire" est une négation de l'importance et de la nature de l'organisme employeur, qui est lui porteur de la vraie différenciation. Dire qu'un légionnaire est un mercenaire parce que c'est un étranger qui se loue à la France, c'est nier:

- que la France est un Etat, donc législateur, qui peut donner plus qu'un emploi: un statut. Exit donc la thèse de l'intérimaire de guerre.

- que la Légion est ainsi une telle institution, et non une entreprise ou un contrat passé entre un "condottiere" moderne et l'Etat français. La Légion est un service officiel, pas une entreprise.

A noter d'ailleurs que Rome avait des distinctions similaires, et même plus poussée, surtout quand l'armée est devenue professionnelle: les mercenaires embauchés ponctuellement pour combler des gaps capacitaires n'ont jamais été les seules troupes non romaines sous commandement romain. Les "alliés" (terme qui peut induire en erreur car sa réalité était autre que celle qu'on lui attribue aujourd'hui) en étaient un exemple (le terme romain est "socii"), mais il y eut aussi les "auxiliaires" à partir des débuts du principiat (terme qui ne recouvrait plus seulement la fonction des unités supplétives, mais un statut permanent dans l'armée romaine), le statut de "lète", et graduellement, les "fédérés" (foederati).

Le mercenariat n'est pas dans la nationalité, il est dans le statut de l'organisme. Et le mercenariat sur base individuelle est en soi un débat difficile à trancher: le maréchal de Saxe était-il un mercenaire? Bernard de Saxe Weimar en était un, c'est un fait, même si son armée a été l'objet d'une OPA hostile de Richelieu :lol: (incluant la mort douteuse de Saxe Weimar) et a rejoint l'orbat régulier français (le 1er cuirassier, entre autres unités, vient à la base de cette armée).

Enfin il faut relativiser les définitions exactes du terme mercenaire qui peuvent encore varier aujourd'hui, mais sont surtout extrêmement différentes selon les époques. Mais s'il faut s'en tenir à quelques principes généraux, j'ai tendance à penser que le statut défini, la permanence et l'organisme entre l'Etat et l'individu font toute la différence. Les unités étrangères de la Monarchie tout comme la Légion ne sont en rien l'équivalent de "Condotta" ou de contractors.

En revanche, pour les unités étrangères de l'Ancien Régime, l'opération de recrutement proprement dite passait par un processus lui très entrepreneurial, particulièrement dans le cas des Suisses et des Allemands (les Ecossais étant initialement plus liés à des loyautés aristocratiques d'ordre personnel, et les Irlandais étant des immigrés/réfugiés politiques employés militairement): le recrutement des Suisses était "outsourcé" à titre personnel aux colonels des régiments concernés qui jouaient les intermédiaires entre les cantons, lieus et bases du recrutement et organisme étatique régulateur. Mais une fois recruté, les officiers comme les soldats étaient sous régime militaire régulé, et même leur statut différent ne changeait pas les règlementations, obligations et statut fondamental de soldat français sous lesquels ils vivaient en temps de paix et opéraient en temps de guerre.

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Je trouve assez étrange cet obession du SN, c'est une mesure qui coute cher à la société (retrait des actifs d'une classe d'age, perte sèche d'une année à ne rien faire, plus entretien et encadrement), sans compter qu'elle est inéquitable et imposée sous la contrainte, donc qui doit avoir une justification vraiment valable et sérieuse. En l'absence de menace à nos frontières et ce de manière durable (un retour aussi bien russe que d'un grand pays européen étant exclu pour très longtemps), quel intérêt à maintenir une conscription?

Si il s'agit d'envoyer les conscrits en OPEX, il faut que le conflit remplisse un role important pour la défense nationale (encore heureux étant donné le cout d'une telle mesure): imagine on mener une conflit de ce genre dans l'avenir? Lequel? Si on doit se retirer demain la queue entre les jambes d'Afghanistan, ca ne fera ni chaud ni froid à l'homme de la rue, car l'homme de la rue il s'en fout complètement.

Le vietnam aussi bien que la corée étant fondée sur un péril réel et sérieux, la menace communiste, et était quand même mal percue, a on une menace de genre dans l'avenir proche? Celui qui répond l'Iran sera pendu haut et court.  :lol:

La comparaison avec israel ne tient pas non plus car le hez est à la frontière et pose une menace certaine à israel.

Tu as aura beau faire de la propagande par les spin doctors, tu ne feras pas passer des vessies pour des lanternes à la population et ce n'est pas plus mal. L'envoi d'armées pro est bien plus facile car les pros ont choisi d'être là et que cela ne concerne en rien les affaires du pékin moyen.

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Il ne faut pas non plus généraliser le terme de conscription, qui est déformé dans notre esprit par cette "chose" exceptionnelle dans l'Histoire qu'est la conscription MILITAIRE universelle obligatoire: la conscription existe depuis l'Antiquité, sous une forme ou une autre, mais ce n'est qu'à partir de la Révolution française que l'idée pour ainsi dire contre-nature de conscription universelle a fait son chemin dans les cultures occidentales, et de là au reste du monde. Cela correspond non seulement à un dispositif militaire, mais aussi et surtout à une conception très spécifique de la nation et à un mode de pensée qui est aujourd'hui plutôt en perte de vitesse un peu partout (ou à divers degrés de force) au regard de la mise en priorité de nouveaux facteurs.

Ne pas oublier que la conscription peut être aussi civile, et que la conception d'un service militaire universel obligatoire n'est qu'un avatar extrême, d'une certaine façon très idéologique, et terriblement spécifique, d'un concept général bien plus ancien qui est celui de l'impôt en nature et de divers devoirs par lesquels chacun contribue à sa communauté d'appartenance, que celle-ci soit simplement locale, régionale, nationale et/ou impériale, mais aussi sociale/économique. Plus spécifique encore et unique dans l'Histoire est l'idée que le service rendu par l'entièreté d'une classe d'âge (au moins dans sa moitié masculine) doive être le même (intégrer l'armée pour une même période de temps, avec le même statut) quel que soit le rang, la fortune, l'origine, le statut....

D'une certaine façon, un concept de noblesse/ethnie/caste guerrière est une forme de conscription établie en devoir plus ou moins monopolistique ("l'impôt du sang" pour la noblesse européenne). Cependant, il va généralement de pair (pas toujours) avec une déclinaison de devoirs militaires ou non (service d'intendance aux armées, part de la production personnelle réservée comme "impôt de guerre", paiements en nature....) pour d'autres catégories de la population.

Mais même au temps de la Révolution, quand a été décrétée la "Levée en Masse", beaucoup émettaient des réserves sur l'idée d'universalité, étant donné qu'il était généralement considéré que seuls ceux qui avaient un bien à défendre avaient à la fois l'intérêt et le devoir de combattre. Ainsi auraient pu se retrouver exemptés, entre autres, tous les hommes dans des fonctions de domestiques (1/3 de la population parisienne, peut-être 20% de la population masculine française), les ouvriers agricoles non propriétaires.... Soit la reprise de conceptions antiques du service armé. Il était aussi question de garder le principe de base du système colbertien des classes qui réservaient les populations côtières au service sur la flotte de guerre, ce qui n'a été fait qu'en partie.

Universalisme abstrait contre réalité d'une société et, souvent, différenciation interne; les principes restent constants dans l'histoire, et la confrontation aux réalités fait varier de l'un à l'autre. Le différencialisme de sociétés hiérarchiques (classes, castes....) a sa rationalité, généralement axée sur le princupe que "plus on a, plus on doit" (forme structurelle d'impôt sur le revenu :lol:): Rome n'a jamais fonctionné autrement, et jusqu'au IIIème siècle, l'aristocratie (sénateurs et chevaliers) a un devoir de service public et, au premier chef, de service militaire, infiniment plus important que celui des autres catégories de citoyens, devant non seulement servir plus et plus longtemps, mais prendre plus de responsabilité et payer de ses deniers. Le principe de recours à l'ensemble de la population masculine à Rome existait comme un dernier recours, mais là, il n'était pas question de mobiliser tout le monde, mais juste de mettre tous les hommes à disposition pour déterminer les plus aptes (au moment de la 2ème guerre punique, Rome, qui contrôle surtout l'Italie, a déjà une masse mobilisable de 900 000h, un total inégalé alors, mais elle n'a pas le quart des moyens pour équiper une telle armée) à servir au mieux dans une armée qui reste limitée. Cet acte est le "tumultum" dont l'éthymologie reflète le caractère d'urgence désespérée. Et il s'agit en fait surtout de passer en économie de guerre totale, avec seulement une part réduite de la population masculine qui partira au combat. Le tumultum n'a été déclenché que 3 fois en tout: pendant la 2ème Guerre Punique, pendant la crise de la grande révolte illyrienne (sous Auguste) et pendant la grande crise du IIIème siècle.

C'est pourquoi les termes de conscription, de service militaire et de service national (sous entendu la conscription militaire universelle obligatoire) ne doivent surtout pas être compris de la même façon, sous peine de fausser la question. Le ban et l'arrière ban féodaux, suppléés éventuellement par le service armé de la population ou le devoir de milice sont de fait un mode de conscription dont les bases ont été jetées par les carolingiens (en synthèse réctualisée de la levée mérivingienne et d'un système de conscription d'inspiration romaine) et qui a eu son heure de gloire et d'efficacité avant de s'étioler, étant partiellement repris par la féogalité naissante aux XIème-XIIème siècles, avec divers degrés de qualité selon les régions et les pays.

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Je trouve assez étrange cet obession du SN, c'est une mesure qui coute cher à la société (retrait des actifs d'une classe d'age, perte sèche d'une année à ne rien faire, plus entretien et encadrement), sans compter qu'elle est inéquitable et imposée sous la contrainte, donc qui doit avoir une justification vraiment valable et sérieuse. En l'absence de menace à nos frontières et ce de manière durable (un retour aussi bien russe que d'un grand pays européen étant exclu pour très longtemps), quel intérêt à maintenir une conscription?

Il s'agit juste d'un impot temps, que chacun peu payer meme les pas riche :)

Le service nationale doit etre avant pris comme du temps au service de la nation. Il peut selon les besoin de la nation constister en n'importe quoi. Ce peut etre civil, militaire autres. Par exemple, la dépendance est un souci a terme, une partie des personne appeler au service nationale pourrait etre des assistants a domicile. Une autre pourrait participer a la sécurité civile, une troisieme servir de brancardier dans les hopitaux etc. Une partie aussi pourrait servir militairement, plutot dans les unité de soutient si possible.

Associer a cela une réserve importante, elle aussi plutot axé sur les unité de soutient, ou les spécialisté mal pourvu dans l'armée. Et on dégagerait des moyen humains militaires pour les concentrer plus sur les activité a risque militaire.

Par contre il faut absolument que les OPEX implique la réserve et les conscrit, meme si c'est pour des taches moins risqué. C'est ce principe de force indivisible qui garanti le juste engagement des forces dans un conflit. Et pas un certain détachement de la nation vis a vis de "mercenaire" ou "contractuel" de la guerre.

Si il s'agit d'envoyer les conscrits en OPEX, il faut que le conflit remplisse un role important pour la défense nationale (encore heureux étant donné le cout d'une telle mesure): imagine on mener une conflit de ce genre dans l'avenir? Lequel? Si on doit se retirer demain la queue entre les jambes d'Afghanistan, ca ne fera ni chaud ni froid à l'homme de la rue, car l'homme de la rue il s'en fout complètement.

Ca contraindrait nos politique a expliquer, et justifier l'engagement militaire de la France de maniere un peu plus impliquée.

Le vietnam aussi bien que la corée étant fondée sur un péril réel et sérieux, la menace communiste, et était quand même mal percue, a on une menace de genre dans l'avenir proche? Celui qui répond l'Iran sera pendu haut et court.  :lol:

La comparaison avec israel ne tient pas non plus car le hez est à la frontière et pose une menace certaine à israel.

Tu as aura beau faire de la propagande par les spin doctors, tu ne feras pas passer des vessies pour des lanternes à la population et ce n'est pas plus mal. L'envoi d'armées pro est bien plus facile car les pros ont choisi d'être là et que cela ne concerne en rien les affaires du pékin moyen.

Remarque que malgré le total force policy, GWB n'a eu aucun mal en engager l'armée US dans la guerre d'Irak, réserve, et garde nationale incluse.

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Remarque que malgré le total force policy, GWB n'a eu aucun mal en engager l'armée US dans la guerre d'Irak, réserve, et garde nationale incluse.

A partir où tu as tous les médias dans la poche tu peux faire à peu près n'importe quoi. Maintenant est-ce vous avez en France des médias/propagandistes comme Fox News ou CNN qui se mettent aux ordres du pouvoir ?

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Il s'agit juste d'un impot temps, que chacun peu payer meme les pas riche :)

N'est on pas déja dans ce cas en payant des impôts et en travaillant?

Les peu riches peuvent payer dans la mesure où ils sont moins imposés que les autres (du moins en principe).

D'un point de vue économique, le service civil est une allocation non optimale de ressources puisque qu'on prend des travailleurs dans leur domaine de compétences, là où il sont efficaces pour les attribuer à une tâche où ils ont un rendement largement moindre (sauf pour les chomeurs encore que contestable car c'est du temps perdu pour la recherche d'emploi).

Sans parler de la désorganisation engendrée par un tel service car il faut savoir que ce que les recrutés vont foutre (question con mais à la réponse peu évidente, le travail au bénéfice d'un intérêt privé étant bien sûr exclu), les encadrer, les former à leur travail, etc etc. Toute ceci coute cher.

En question de service rendu, la société est perdante économiquement.

Ce peut etre civil, militaire autres. Par exemple, la dépendance est un souci a terme, une partie des personne appeler au service nationale pourrait etre des assistants a domicile. Une autre pourrait participer a la sécurité civile, une troisieme servir de brancardier dans les hopitaux etc. Une partie aussi pourrait servir militairement, plutot dans les unité de soutient si possible.

Ne serait il pas plus bénéfique pour tout le monde d'y employer des chômeurs plutot que de leur piquer des emplois? C'est pas la ressource qui manque.

Ca contraindrait nos politique a expliquer, et justifier l'engagement militaire de la France de maniere un peu plus impliquée.

Vu les efforts déployés pour éviter à tout prix le débat sur la guerre en Afghanistan, vaut mieux pas. Le politique n'aura jamais la même lattitude de décision qu'avec une armée 100% pro.

Remarque que malgré le total force policy, GWB n'a eu aucun mal en engager l'armée US dans la guerre d'Irak, réserve, et garde nationale incluse.

La garde nationale justement n'est pas un modèle d'efficacité de ce point de vue. Il faut que je retrouve les articles qui traitent des cas de désertion et de désobéissance graves: les gardes nationaux s'étaient en général engagés pour accomplir a priori des taches de service civil, l'envoi en Irak a été très mal vécu.

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N'est on pas déja dans ce cas en payant des impôts et en travaillant?

Les peu riches peuvent payer dans la mesure où ils sont moins imposés que les autres (du moins en principe).

Bof, les riches payent une fortune avec l'impôt sur la fortune, mais ça ne correspond à rien pour eux vu qu'ils ont hérité de cette fortune et n'ont pas fait d'effort pour la gagner.

Les pauvres ne payent pas d'impôts, au contraire avec la prime pour l'emploi (par exemple) ils reçoivent de l'argent.

Tandis qu'avec un service militaire (ou civil) chacun donne une année de sa vie de travailleur au profit de son pays. Chacun paye exactement la même chose, mais avec une monnaie qui a du sens concret et ne se limite pas à quelques pixel sur un écran.

Sans parler de la désorganisation engendrée par un tel service car il faut savoir que ce que les recrutés vont foutre (question con mais à la réponse peu évidente, le travail au bénéfice d'un intérêt privé étant bien sûr exclu), les encadrer, les former à leur travail, etc etc. Toute ceci coute cher.

Faudrait savoir, dans les autres postes on nous affirme que c'est la masse salariale des armées qui nous empêche de payer des PA2, pour une fois qu'on trouve de la main d'œuvre pas cher on a encore des reproche.

En question de service rendu, la société est perdante économiquement.

Bah oui, l'armée tout comme une assurance, ça coûte cher. Un pays ne devrait pas pouvoir y gagner économiquement d'avoir une armée puissante.

Ne serait il pas plus bénéfique pour tout le monde d'y employer des chômeurs plutot que de leur piquer des emplois? C'est pas la ressource qui manque.

Je ne suis pas sur qu'il y ait véritablement un lien entre le nombre de chômeurs et le nombre d'emplois. Sinon l'ajout de 2 ans de service militaire serrait intégralement compensé par un décalage de 2 ans de l'âge de la retraite. J'avoue que j'aurais tendance à penser comme toi, mais on m'affirme que je n'y connais rien donc si j'écoute "ceux qui s'y connaissent" un service militaire de 2 ans tout comme un changement de l'âge de la retraite n'aura aucun impact sur le taux de chômage.
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Il s'agirait d'un service nationale, pas forcément militaire, meme si une partie des conscrit pourrait servir comme militaire.

Accessoirement une partie du financement pourrait venir de l'EN ou de l'enseignement supérieur, si les conscrit se voit proposer des formations continues, des compléments de formation, ou des solution de validation des acquis. Une partie pourrait etre payé par d'autre ministere qui profiterait du SN. Le ministere de la santé pour la prévention rappel vaccination etc., et le passage du brevet de secouriste par exemple.

Bien pensé ca pourrait etre un bel outil égalitaire, et solidaire, pour impliquer les francais dans la vie de la France, aussi bien civil que militaire.

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La comparaison avec israel ne tient pas non plus car le hez est à la frontière et pose une menace certaine à israel.

On peut ajouter que le maintien d'appelés au Liban dans les années 90 et les pertes en résultant ont aussi joué dans la décision de retraiter du sud liban ( même si une petite partie du Liban reste occupée ) 

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Un exemple de conscription parmi d'autres: le service de milice tel qu'il a été mis en place et employé en France à partir de 1688. Auparavant existait une triple forme de milice, en fait un agglomérat de structures empilées au fil des siècles et dont la base initiale remontait à la grande réforme carolingienne, elle-même une rationalisation des systèmes hérités de la Gaule Romaine et de l'apport mérovingien. Il y avait ainsi les milices communales (dont la "mystique" remontait à Bouvines, et qui se politisèrent très vite pendant la Guerre de Cent Ans, puis les Guerres de Religion: la Garde Nationale vient avant tout des survivances de ces organisations), la milice provinciale (en fait celles des provinces frontalières, les seules à imposer ce devoir aussi bien aux villes qu'aux campagnes) et la milice côtière (créée une première fois sous Charles V, et instituée sous François Ier).

Le principe initial, depuis les Mérovingiens, était, en l'absence de structures d'Etat comme sous l'Empire Romain (qui avait aussi de la milice de défense domaniale ou citadine), de fournir une armée fondée sur l'assemblée des hommes libres pouvant fournir leur équipement en fonction de leurs ressources (équipement de fantassin léger ou lourd, de cavalier léger ou lourd). Toute l'Histoire de la féodalité, qui commence lentement à partir des carolingiens, consiste en fait en un constat que la guerre professionnelle ne peut compter sur de tels organismes dès lors que la concentration des richesses atteint un tel niveau que la disposition de temps d'entraînement et de moyens pour l'équipement ne peut plus fournir assez d'effectifs qualifiés pour une guerre mobile. Dans les régions où la féodalité est plus faible, ou la conflictualité plus grande, les milices, en revanche, atteignent de bons niveaux (Flandres, Italie du Nord, Suisse, Espagne du nord, Gascogne, Poitou). Plus la féodalité se renforçait, moins les seigneurs féodaux laissaient leurs populations en contact même potentiel avec les armes: Christine de Pisan souligne l'importance de ce fait, et notamment l'imprudence de l'aristocratie anglaise, imposée en fait par le roi, d'armer la population. Cela servira aux Anglais pendant la Guerre de Cent Ans, mais permettra aussi la multiplication des révoltes armées extrêmement sanglantes, dès la même période.

A noter que comme dans la féodalité et en fait selon des principes intangibles remontant à l'Antiquité, tout est fonction du rang et de la fortune, et un barême des devoirs est imposé selon ces faits: plus fortune et rangs sont élevés, plus les périodes de service et la dépense personnelle exigée (équipement) sont grands. Au plus bas de l'échelle sociale, il n'y a pas de tels devoirs. Au plus bas de l'échelle des mobilisables, il n'est pas question de faire sortir de la province, voire de la seigneurie, pour des campagnes militaires. Pour la noblesse, le temps de mobilisation est strictement régulé par les barêmes prévus par les coutumes et règles du Ban et de l'arrière-Ban (prolongeable par paiement "plein tarif", contrairement au simple défraiement pendant les périodes d'astreinte).

En un sens, ce système est plus juste et constitue à la fois une forme d'impôt sur le revenu et le statut, et un système de contre-pouvoir qui limite la latitude du roi à faire la guerre sur décision arbitraire.

Sous Charles VII et Louis XI existe une expérience intéressante, celle des Francs Archers: créée à la fois pour compenser le déficit constaté de la France en archerie et pour fournir des contingents importants, il s'agit d'une milice (inspirée des milices bretonnes et anglaises) levée par paroisse, selon le revenu global et la taille de la communauté. Chaque groupe de 50 à 80 feux (le foyer est l'unité comptable) doit fournir un homme équipé (selon un standard défini) et entraîné (1 à 2 jours par semaine, plus des périodes d'entraînement en unités locales). L'archer est exempt de l'impôt permanent, d'où son nom de "franc". L'effectif disponible est grand et rapidement mobilisable, et Louis XI l'augmente en astreignant à fournir un piquier en plus de l'archer. Il les supprimera après la bataille de Guinegatte, soit disant pour lâcheté et indiscipline (les remplaçant par l'infanterie pro de nos premiers régiments, en gardant le système de prélèvement spécifique par paroisse), mais le point en est discutable étant donné le déroulement de la bataille, qui est loin d'être à leur désavantage, ce qui peut suggérer des réalités plus politiques, notamment le refus de voir des milices armées à une époque où la pression fiscale locale et nationale est très importante.

A partir de louvois, il s'agit plus d'une véritable conscription généralisée à toutes les provinces (y compris celles de l'intérieur), destinée à compléter le dispositif de l'armée de métier en la dégageant d'une bonne part de ses obligations de défense statique, en lui fournissant un bassin de remplacement des effectifs, et à pallier aux déficits de son recrutement. Elle procède par tirage au sort, mais implique aussi une sorte de sous traitance d'une part des effectifs aux corps de métiers qui fournissent d'eux-mêmes des volontaires, mais aussi en engagent d'autres sur leurs fonds communs. "Milices provinciales" ou "troupes provinciales" (et "milice garde-côte") pour les littoraux étaient encadrés par des contingents minimums de professionnels "d'active", mais aussi par les "morte payes" (soldats âgés ou en partie incapacités reconvertis en gardes permanents de fortifications), les agents de la Prévôté (flics) et les argousins des douanes (en fait des employés de la Ferme Générale).

Ce n'est pas une organisation permanente, mais uniquement levée en temps de guerre, dès les prémisses annonciateurs: ne pas oublier qu'à cette époque comme souvent, les "grandes guerres" se voient venir au moins quelques mois à l'avance (la Guerre de Succession d'Espagne fut une "surprise" et se déclencha très rapidement.... Mais ça veut encore dire presque un an :lol:), la France étant quasiment le seul Etat à avoir une armée puissante constamment sur le pied de guerre ou prête à l'être sur préavis très court (troupes permanentes restant en unités constituées, plus d'autres réparties dans des garnisons proches, magasins, relais et dépôts approvisionnés en fonction de cet effectif....) pour opérer des opérations coup de poing pendant que le gros des préparatifs est fait (Flandres et pays rhénans sont souvent l'objet de ces "attentions").

La milice était là pour dégager encore plus l'armée de toute préoccupation de défense de place. Un point important: son effectif, même théorique, n'est pas fixe: il est entièrement fonction des besoins. L'Etat fixe un effectif par province, et l'intendant de la province répartit la charge entre les paroisses qui sont les organismes essentiels fournissant effectif et équipement personnel (munitions et vivres étant du ressort de l'Etat). Une longue liste de statuts d'exemption existe en général (domestiques, personnes de moins d'1,62m, les chefs de famille ou, par défaut s'ils sont invalides, leur fils aînés....), qui sont complétés par de exemptions propres à chaque province, déterminées par les intendants. Pour l'essentiel, le bassin de recrutement est celui des hommes célibataires ou mariés sans enfants.

En 1726, elle fut rendue permanente avec une meilleure définition de ses attributions:

- désignation des membres par volontariat (qui implique l'immunité de toute la famille au recrutement forcé de la "pressee de l'armée en temps de guerre) et tirage au sort. Le "volontariat" est aussi un biais pour que des paroisses et corps de métiers engagent des volontaires extérieurs

- entraînement en temps de paix, sur le temps libre (il y a 52 dimanches et 106 jours fériés par an dans les pays catholiques) ou sur un temps rétribué par l'administration locale ou les corps de métier. Cela représente quelques semaines par an, rarement plus de 3.

- défense et devois locaux minimum en temps de paix

- service aux frontières en temps de guerre (places fortes)

- fournir rapidement des effectifs de remplacement des unités régulières décimées. Les miliciens ayant reçu une éducation fournirent ainsi souvent des officers de remplacement promus sur le terrain

Très impopulaire, la milice était présentée comme l'un des maux les plus condamnés sur les cahiers de doléance de 1789, cependant plus pour le temps d'entraînement permanent voulu en temps de paix que pour les besoins de temps de guerre qui n'ont jamais été contestés autrement que localement. Elle permit cependant de lever jusqu'à 300 000h pendant les Guerres de Louis XIV (à ajouter aux 20 000 à 30 000h de la Marine sur pied de guerre et en moyenne 150 à 200 000h des armées pros). Mais la condamnation du système, malgré la faiblesse des effectifs concernés, explique surtout en quoi la conscription de plus en plus universelle et obligatoire voulue par la Révolution fut si combattue et détestée, notamment dans les provinces très agricoles et traditionnelles de l'ouest. A noter aussi que l'un des griefs contre l'obligation de milice était d'avoir à sortir de sa province, un peu en temps de guerre, mais surtout en temps de paix (en plus des semaines d'entraînement, ça représentait un certain temps de trajet et un coût).

De fait, la conscription universelle et obligatoire était complètement étrangère aux mentalités de l'époque, et ses aléas montrent, de façon plus discutable, qu'elle n'est pas un système "naturel" pour les communautés humaines, sauf pour de brèves périodes de temps correspondant à des "moments" de la mentalité collective.

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Pour compléter un panorama, il convient de voir l'ensemble du spectre de l'armée qu'un système de recrutement complet (se déclinant de plusieurs façons) peut procurer. Ainsi, en France, après le système carolingien, il n'y eut en fait que 2 grandes réformes (réussies) couvrant le spectre complet fournissant le tryptique armée de défense/armée mobile/réserve, celle de Charles VII-Louis XI, et celle de Louis XIV.

La première se décomposait en:

- une armée mobile et professionnelle fournie essentiellement par les Compagnies d'Ordonnance (1 compagnie = 100 lances de 6h dont 4 combattants) auxquelles s'ajoutaient la Maison du Roi et des troupes complémentaires, le plus souvent mercenaires (étrangères, mais aussi françaises: gascons surtout, et les premières compagnies d'artillerie). Les Compagnies d'ordonnance ne sont pas des unités opérationnelles mais des unités de comptes et des formations administratives sur base locale. En opération, elles sont séparées en unités opérationnelles: le cavalier lourd rejoint des compagnies de gendarmes formées sur base de proximité locale, le coutilier rejoint des unités de fantassins, et les 2 "archers" (qui n'en sont pas toujours) se répartissent souvent entre archers à pied et "archers à cheval" (qui deviennent bien vite les chevaux légers et sont organisés en régiments spécifiques)

- un contingent professionnel d'encadrement de la défense de place (servant aussi de 2ème carrière aux soldats méritants): les Mortes Payes (organisées aussi en lances, mais de 4h dont 3 combattants)

- une armée de milice fournie par les Francs Archers qui étaient la participation "citoyenne" à une armée mobile aussi bien qu'à la défense. Les premières unités permanentes de fantassins professionnels se bâtiront sur le système fiscal de ces unités, auquel seront adjoints les budgets des coutiliers des compagnies d'ordonnance (qui en seront retirés)

- une milice de pure défense de place (milices communales) et frontières (provinces frontalières et côtières)

- une ultime réserve existe avec la conservation des systèmes du Ban et de l'Arrière Ban, malgré leur mauvais rendement pour garder la noblesse guerrière (dont la plus grande partie ne peut s'engager dans les compagnies d'ordonnance aux effectifs contingentés) sous le coude

La réforme de Louvois reprend ce même genre de fondamentaux, raye les empilements de réformes successives et rationalise ces "grandes masses" de la défense:

- armée permanente qui se décompose en unités permanentes complètes (prêtes à être engagées telles qu'elles), en unités cadres (régiments à effectifs pleins dont les sous-unités, en temps de guerre, encadreront des effectifs levés pour la guerre) et en unités "squelettes" ou théoriques (qui ont un titulaire et quelques cadres mais pas ou peu d'effectifs)

- petits effectifs de Mortes Payes émargeant toujours dans l'armée professionnelle permanente

- système généralisé à tout le royaume des milices provinciales et côtières, servant principalement à la défense des places de frontières (multipliées sous Louis XIV, par le système de Vauban), mais aussi de bassin de recrutement captif en temps de guerre. C'est donc à la fois une milice de défense, et de facto la réserve opérationnelle

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Il faudrait signaler, à l'égard des sociétés militaires privés/mercenaires/gardes privées/condotieres/compagnies de mercenaires permanentes.... Que leur histoire est toujours en parallèle, en reflet et en opposition avec celles des armées organisées, des modèles militaires, du niveau de stabilité des Etats et des problèmes de "GRH" des "populations militaires":

- la gestion des "secondes carrières" des soldats

- les problèmes de paie et de respect/opportunités de reconversion

- les vides laissés par des autorités quand à la paix civile dans les frontières, et/ou parallèlement les troubles analogues dans des pays voisins (ou accessibles; aujourd'hui, les transports modernes abolissent ce facteur de distance)

- l'abandon de modèles de conscription voire de la volonté des Etats/entités politiques d'assumer leur défense par des moyens nationaux

Ces facteurs (et d'autres) montrent en fait l'Histoire des structures d'Etats organisés comme étant en concurrence directe avec ce type d'organisation qui ne sont rien d'autre, quelle que soit leur appellation et leurs spécificités diverses à chaque époque, que le monde de la violence privée, qui se construit TOUJOURS sur les vides laissés par les Etats. Quelques exemples:

- l'instabilité de l'Italie aux XVème-XVIème siècles est moins due aux ambitions des grands Etats qui y sont intervenus ou à la longue opposition Guelfes-Guibelins qui se poursuivait d'une autre façon qu'à l'abandon par les entités politiques italiennes de la volonté de se donner les moyens de se défendre par elles-mêmes et donc de régler leurs affaires entre elles en établissant des rapports de forces déterminés au moins pour un temps, façon dont ils avaient procédé depuis l'éviction des menaces massives de Frédéric Barberousse au XIIème siècle et qui, sans établir une paix totale, avait limité les conflits internes à un niveau bien éloigné des dévastations occasionnées par les guerres "totales" que furent les Guerres d'Italie. La multiplication des compagnies mercenaires procéda de cet abandon, faisant de l'Italie un "marché" de la violence auto-alimenté, invitant de la "concurrence" étrangère. Ce dit marché avait intérêt à encourager l'instabilité, à opérer des concentrations qui permirent de voir apparaître des leaders mercenaires s'imposant dans telle ou telle région pour y prendre le pouvoir (les Sforza et les Visconti ne sont rien d'autre). Quand le point d'instabilité permanente et de ravages constants fut suffisant, que les entités mercenaires s'invitant au jeu des princes et des Cités furent assez grandes pour constituer une menace permanente pour un jeu de chaises musicales avec nettement tropd de danseurs pour trop peu de places, d'aures acteurs, en l'occurrence France et Espagne, purent y voir des opportunités d'intervention sous couverts de droits immémoriaux qu'ils n'avaient pas revendiqué en plusieurs siècles mais qui firent office de déclencheurs et de prétextes parce que l'opportunité avait là été créée.

- l'apparition des samourais dans le Japon féodal ne fut là aussi qu'un remplissage du manque laissé par la Cour Impériale après le règne de l'Empereur Kammu et l'abandon de l'armée de conscription (de modèle chinois), inadaptée à l'expansionisme d'alors mais aussi aux tâches de répression intérieure. La Cour Impériale encouragea le développement de clans guerriers issus d'aristocraties locales, mais aussi de groupements divers de défense locale constitués face à l'instabilité intérieure grandissante due au déclin du pouvoir central. Le titre de Shogun date de cette époque et peut s'apparenter à celui d'un général expéditionnaire victorieux, d'un ministre de la défense et d'un chef pour les temps exceptionnels, soit l'équivalent du connétable en France, et d'un mélange entre l'Imperator et le Dictator romains. Ces clans guerriers à base initiale géographique étaient un mélange d'aristocraties locales désoeuvrées, de milices d'autodéfense, de soldats professionnels sans emploi et de citoyens lambda n'ayant pas trouvé d'autre emploi. Elles proposaient leurs services, mais jouaient aussi bien les mafias locales que les exécutants de tâches officielles diverses allant de la collecte de l'impôt (sans trop de contrôle)à la police en passant bien sûr par la défense locale contre les brigands. Nombre de bandes de brigands se reconvertirent d'ailleurs dans ce business en plein boom. Et comme ailleurs, l'organisation qui procure sa "protection" peut être aussi celle qui menace pour imposer l'emploi de son service, un procédé bien connu. Ces clans guerriers, quand ils avaient atteint une certaine taille, se liaient souvent à des localités, villes importantes ou grands domaines ruraux, se mêlant graduellement aux élites locales au point de les intégrer pour ne plus former qu'une seule aristocratie provinciale par opposition à l'aristocratie impériale qui devait désormais négocier chaque service comme un acte politique contre concession jusqu'au moment où ce ne fut plus possible (XIèmeXIIème siècles). La guerre civile en résultat, avec la victoire des provinciaux pour constituer ce qui devint le premier shogunat et l'avènement définitif d'une féodalité très instable.

- le processus est au final assez analogue dans l'Europe féodale: l'affaiblissement de la structure étatique carolongienne favorisé l'émergence d'un système de violence privée qui devint graduellement dominant et de plus en plus morcelé, à l'instabilité congénitale. Barons brigands et seigneurs locaux rivaux se comportaient souvent comme des mafias locales instituées d'une pseudo légitimité politique, et si la féoldaité a eu son heure de fonctionnement et de paix civile, de limitation des guerres et déprédations et d'encadrement des conflits, force est aussi de reconnaître que cette heure n'a pas été longue et que le système a rapidement eu besoin de "soupapes" (comme les croisades) pour délayer les plus grandes guerres qui sont de toute façon venues rompre les suites de raccomodages de plus en plus difficiles (la Guerre de Cent Ans n'est rien d'autre).

Mais il existe d'autres systèmes de violence privée qui n'ont pas connu de tels succès et avènements: la cosa nostra sicilienne n'est à la base qu'un système de contractors locaux, fournisseurs de sécurité (et d'insécurité) pour les exploitants agricoles, grands propriétaires et coopératives de l'est de l'île, dont le succès a été rendu inévitable par l'incapacité de la police du nouvel Etat italien à juguler l'insécurité. Le temps que l'Etat se consolide, ces acteurs étaient déjà devenus incontournables et bien trop puissants pour pouvoir être éradiqués, et leur "protection" étaient bien plus souvent une vente forcée pour éviter d'avoir à être leur victime. De plus, tant qu'existait un certain code moral, les mafieux jouaient le rôle de police de proximité pour juguler l'insécurité que la police officielle n'était pas encouragée, et de ce fait peu apte, à contenir. L'amergence de la cosa nostra américaine, surtout à NY, procéda d'une exportation des ce système, la Mano Nera initiale assurant une sécurité relative dans les communautés d'immigrants italiens tout en faisant ses affaires, alors que la police locale, corrompue et souvent raciste, s'en lavait en grande partie les mains.

De même, les premières organisations de Yakuzas ont émergé par une jonction de samurais déclassés et d'associations professionnelles (notamment de dockers) fournissant et imposant la "sécurité" dans leurs zones d'activité, et avec lesquelles l'Etat japonais a choisi de passer des deals pour obtenir une paix civile dans les zones troubles. L'extension de leurs activités au trafic et la consolidation de ce "secteur" leur ont procuré une taille et une puissance qui les rendit incontournables et indélogeables assez rapidement, d'autant plus qu'ils jouaient les régulateurs de la "petite violence" de rue (contrôle des petites bandes de voyous qui constituent autant leur défouloir que leur prétexte, mais aussi que leur base de recrutement).

L'outsourcing de la violence est toujours le signe d'un désengagement de l'Etat et d'un affaiblissement de la notion de collectif, et reproduit au final éternellement les bases de nouvelles féodalités et d'une généralisation de l'instabilité. bandes armées locales ou entreprises privées, mouvements révolutionnaires ou idéologiques prélevant leurs "impôts" et la jouant entités politiques, mouvements de résistance/milices de défense ou recyclage de professionnels sans emploi, peuples nomades ou rassemblements de circonstances, toutes les formes ont existé, mais le processsus qui suit la constitution de ces groupes et les logiques de leur développement ne changent pas. Ponctuellement, leur emploi peut rendre un vrai service ou représenter aussi bien le manque de volonté des gouvernants quand au maintien de forces armées propres, mais aussi quand au problème de gestion de populations d'anciens soldats en trop grande quantité; processus condamné en son temps par Machiavel, mais aussi à bien d'autres reprises dans l'Histoire. Car le manque de volonté des gouvernants peut devenir très vite une absence de choix/d'options alternatives étant donné que de tels acteurs, au final comme toute entreprise commerciale ou collective, est de se consolider et de grandir au point de devenir incontournable.

Au final, le processus aboutit toujours au même résultat (à moins d'une reprise en mais d'autant plus brutale que les acteurs externes à l'Etat ont grandi), même si conjoncturellement, et selon les époques, la nature du processus de création d'acteurs non étatiques de la violence professionnelle peut varier:

- réfugiés Goths révoltés des années 370 qui s'arment et se constituent en entité politique autonome au sein de l'Empire Romain suite à la vitoire d'Andrinople (et qui donnent des idées à d'autres "entrepreneurs de guerre" qui constituent des lignes multi-ethniques au sein des peuples celtes, germaniques, iraniens et asiatiques bordant le limès). La reprise en main brutale de Théodose permettra de sauver l'Empire d'Orient, mais au prix de l'amorce du processus de déliquescence de l'Empire d'Occident qui sera remplacé par les descendants de ces entrepreneurs de guerre qui se tailleront les premiers royaumes chrétiens.

- l'expansionisme militaire romain de la Fin de la République était en partie du au système militaire qui faisait entrer les vétérans de légions dans la clientèle de leur titulaire, obligeant celui-ci à fournir des datios (lopins de terre et donations en argent) qui ne pouvaient exister en quantités suffisantes et imposaient donc de nouvelles conquêtes nécessitant de nouvelles légions, entretenant un système de croissance constante qui, par les masses d'esclaves qu'il procurait, aggravait d'autant les problèmes sociaux romains en accroissant les masses de citoyens inemployés qui n'avaient d'option que militaire. La structure privée de la gestion des légions favorisait encore plus la rapacité des sénateurs qui ne concevaient pas non plus de limiter leurs bénéfices pour ralentir le système qui causa la Grande Guerre Civile. 

- l'absence de volonté et/ou de moyens de s'occuper des vastes populations de soldats après les guerres féodales au Japon a conduit à des guerres d'invasion de la Corée, mais aussi à des opérations d'exécutions assez massives aux XVIème et XVIIème siècles.

- soldats grecs désoeuvrés des lendemains des Guerres du Péloponèse qui forment des bandes de mercenaires importantes qui contribuent à aggraver les dissenssions internes de la Grèce et à y inviter le "protectorat" de l'Empire Perse

- grandes compagnies mercenaires de la première phase de la Guerre de Cent Ans (plus féodale que nationale, contrairement à la 2ème partie) qui généralisent l'insécurité et contribuent à entretenir le climat de guerre. Seule la reprise en main de Charles V et Du Guesclin y remédiera

- instabilités des IXème-Xème siècles qui voit au contraire l'émergence des féodaux (structuration régionale des "fournisseurs de violence privée") au détriment de l'Etat royal carolingien totalement déliquescent. le processus est inverse en Allemagne où l'avènement de l'Etat Othonien et du Royaume de Germanie autour duquel s'agglomère le nouvel Empire Romain dit plus tard Germanique permet de juguler dans un premier temps la puissance des féodaux et de leurs vassaux au profit d'une notion minimale de collectivité et de structuration d'une entité étatique forte

Un des aspects de cette histoire est la différenciation à opérer entre les acteurs de la violence privée, et le simple rôle de fournisseur de recrues pas forcément nationales, qu'il soit opéré par un acteur privé ou un organisme étatique; là est une des différences principales entre un contractor/mercenaire et des institutions comme la Légion ou les Ghurkas.

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Tancrède :

De fait, la conscription universelle et obligatoire était complètement étrangère aux mentalités de l'époque, et ses aléas montrent, de façon plus discutable, qu'elle n'est pas un système "naturel" pour les communautés humaines, sauf pour de brèves périodes de temps correspondant à des "moments" de la mentalité collective.

Ceci semble une généralisation abusive.

Le système de milice fonctionne dans un pays ou les milices et leurs hommes sont respectées.

Par exemple, en indemnisant correctement et en s'arrangant pour que l'entrainement soit aménagé et non pris sur le temps de travail agricole à l'époque.Ou en privilégiant le volontariat.Ou en donnant un statut.Ou en s'arrangeant pour conduire les campagnes en dehors des périodes de récoltes.

Conditions qui étaient remplies par les milices Anglaises ou Suisses.

Les Yeoman anglais ou les archers britanniques qui ont battu les Francais à Azincourt, ou les milices suisses qui ont battu les Habsbourgs ont fait preuve de leur efficacité.

Evidemment ce qui marchait au pays de l'Habeas Corpus et de l' "Archery Law", ne marchait pas dans un pays ou les hommes étaient considérés comme des serfs corvéables à merci comme en France, n'importe quand et au gré de l'arbitraire de la noblesse.

Comme tu le soulignes, il faut attendre 1726 pour avoir un début d'aménagement du système en France.

Aujourd'hui on peut constater que les systèmes de réserve ne marchent pas en France contrairement à d'autres pays, pour les mêmes raisons: entrainement pris sur le temps de travail (les pros ne veulent pas encadrer et entrainer le WE, alors qu'évidemment s'entrainer en semaine pénalise le réserviste continuellement vis à vis de son emploi et son employeur), absence d'indemnisation conséquence, mépris des réservistes etc.

L'échec francais est plus du à des considérations culturelles propres à la France...qui perdurent.

A propos Tancrède , nul part tu n'évoques le rôle des corsaires comme Surcouf.Ne sont ils pas des membres de SMP?

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A propos Tancrède , nul part tu n'évoques le rôle des corsaires comme Surcouf.Ne sont ils pas des membres de SMP?

D'une certaine façon ces gars là en drainant les population côtières, ont empêchés une marine de haute mer de se former en France et ont entérinés une situation qui était défavorable à la Royale d'un point de vue budgétaire lorsque le numéro 14 se désintéressera de la mer (notamment suite à des nécessités terrestres).

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Attention, je parle de conscription militaire universelle et obligatoire (insistance sur les 2 derniers termes), et qui plus est avec un usage réel et intensif dans une ère de conflictualité importante, mais il est vrai que ce mode de raisonnement peut aussi être tempéré par le caractère incroyablement meurtrier et d'engagement long des armées de conscription à partir de l'ère révolutionnaire: aux XIXème et XXème siècles, la guerre est un hachoir à viande sans précédent.

Le système de milice fonctionne dans un pays ou les milices et leurs hommes sont respectées.

Vrai, mais encore une fois (voir plus haut même si j'ai tartiné), les milices furent et sont rarement une conscription universelle, mais plûtôt sélective, partielle, voire volontaire. Et elles sont rarement bien vécues quand il y a des perspectives fréquentes d'aller à la guerre, et surtout quand il s'agit d'aller au combat LOIN: la mauvaise volonté de miliciens peut ainsi souvent s'expliquer, avant la période révolutionnaire et l'ère des nationalismes, par le fait d'avoir à aller se battre au-delà de sa province natale.

A cet égard, les petits pays sont avantagés par rapports aux grands: la conscience nationale est de fait une conscience locale, plus facilement intériorisable par tout le monde, la communauté étant très homogène, géographiquement, ethniquement et culturellement très proche. La Suisse semble à cet égard une comparaison limitée avec la France. Mais le point n'est certes pas de contester son efficacité, juste de voir que la conscription TOTALE qu'est la conscription moderne est une chose assez étrangère à l'histoire. Même le cas des milices suisses victorieuses des Habsbourgs et Bourguignons sont un moment transitoire: il s'agit d'un court moment de l'indépendance des cantons suisses qui n'a pas duré éternellement (était-ce de la conscription universelle d'ailleurs?) et s'est rapidement reconverti. La Suisse n'a pas été vachement en guerre ensuite, et son modèle militaire a vite perdu son efficacité comme l'a montré la prestation des mercenaires suisses pendant les guerres d'Italie.

Qui plus est, la conflictualité autour du pays concourt de ce sentiment national/local en aiguisant le sens de l'intérêt collectif, en mettant à l'honneur ceux qui servent.... Ainsi en France, sous la monarchie, les provinces frontières étaient infiniment moins reluctantes à fournir des volontaires aux milices du modèle de Louvois ou à l'armée, de même que les provinces maritimes n'avaient pas de problèmes pour fournir les effectifs des milices gardes-côtes.

Mais même cela a une limite, quand la guerre dure trop, quand les conflits sont trop fréquents: la Suisse n'a pas eu à faire face à des guerres depuis combien de temps? Gageons que l'effet ras le bol marche aussi bien dans les montagnes helvètes qu'ailleurs (avec trop de guerre ou avec pas assez: un récent sondage a montré une population suisse très partagée quand au maintien de l'armée de milice).

Les Yeoman anglais ou les archers britanniques qui ont battu les Francais à Azincourt, ou les milices suisses qui ont battu les Habsbourgs ont fait preuve de leur efficacité.

Attention avec les archers anglais (qui sont la yeomanry): il ne s'agit pas de contingents de milice proprement dits, mais du résultat d'une sélection issue de la yemonary qui a débouché sur l'emploi de miliciens convertis en professionnels. l'obligation d'entraînement à l'arc pour tout homme libre imposé par Edouard Ier, devoir de milice, n'est qu'un devoir de milice pour disposer d'archers formés au maniement dans la longue durée du longbow, très difficile à prendre en main (et dont les Anglais avaient beaucoup souffert face aux Gallois). Seulement, pour la guerre, c'est pas des contingents de milice qu'Edouard III lève, mais une sélection nationale des meilleurs archers issus de cette milice (soit pas plus de 5% du total à un moment donné, voire moins encore), sélectionnés par les concours réguliers (avec prix importants) opérés dans le royaume. Entre autres critères, cette sélection visait à prendre les meilleurs parmi ceux qui maniaient les longbows les plus puissants (=les plus grands), en soi une petite minorité (des hommes très grands et très forts qui peuvent bander les grandes versions des longbows, à forte puissance et seuls capables d'envoyer des flèches assez fort pour percer des armures de plates).

Et dans les préparatifs de guerre, il y avait un temps de formation pour les convertir à l'usage armé, soit en faire des soldats professionnels, ce qu'ils étaient bien à l'arrivée étant donné que ce qu'ils signaient dans l'armée du roi était un contrat d'engagement, pas l'usage du devoir de milice de défense. Ce sont par ces registres d'enrôlement très professionnels que les effectifs anglais d'achers peuvent être connus. Et le fait a eu aussi une conséquence en Angleterre: ces yeomans, dès les années 1350, étaient devenus des professionnels de la guerre, délaissant souvent leurs domaines pour préférer la carrière de soldat permanent et le butin que les premières chevauchées victorieuses avaient rapporté. Ce sont eux, et nombre de leurs pairs non engagés dans l'armée royale mais assez bons pour porter efficacement les plus lourds longbows, qui se retrouvent dans les effectifs des "Free Compagnies" de mercenaires qui vont pulluler pendant la première moitié de la Guerre de Cent Ans (plus souvent pour la rapine que pour autre chose) et vont aller aussi servire en Espagne et en Italie, faisant de la guerre un mode de vie. Un peu loin du concept de "part time soldier"; c'est même l'inverse: la yeomanry n'a jamais servi en tant que telle (c'est une milice de défense), mais juste à servir de bassin de recrutement et de filtre pour trouver un faible nombre de sujets répondant aux critères exigés pour en faire des soldats pros.

De plus, les archers fournis par la yeomanry (ce que seront ensuite les francs archers en France) ne sont pas en général de grands combattants, même l'élite emmenée sur le continent: ils sont des archers, pour le reste, ils font pas grand-chose. Et les Anglais ont eu aussi à regretter ce choix de milices obligatoires un peu partout: dès la dernière partie du règne d'Edouard III, les révoltes se multiplient, parfois liées à des soulèvements aristocratiques parfois non, et elles sont massives et violentes (la révolte de 1381 est précisément en grande partie contre le servage). Les années 1360 à 1390 sont très sanglantes en Angleterre. Et après les années 1430 et la reconquête de Charles VII, l'Angleterre entre dans un cycle long de guerres internes (qui culmine dans la Guerre des 2 Roses) dont la violence et la longueur sont en partie dues à ce fait.

Evidemment ce qui marchait au pays de l'Habeas Corpus et de l' "Archery Law", ne marchait pas dans un pays ou les hommes étaient considérés comme des serfs corvéables à merci comme en France, n'importe quand et au gré de l'arbitraire de la noblesse.

Attention aux généralisations toi aussi ;): les milices de défense ont très bien marché, encore une fois, sur les côtes et dans les provinces frontières après la réforme de 1688 et mieux encore après 1726: les rendements sont bons en terme d'effectifs. Et avant cela, tant qu'il s'agissait de défense locale et citadine, les candidatures n'ont jamais manqué ni la ténacité et la compétence. Les exemples abondent de défense extrêmement efficaces et pleines de mordant, y compris pendant la guerre de Cent Ans, et encore plus après l'organisation d'un premier effort de coordination "nationale" sous Charles V qui, s'il ne met pas sur pied de grandes armées permanentes (sponsorisant au contraire la stratégie très "forces spéciales" de Du Guesclin), met en oeuvre la grande mise en défense du royaume qui anéantira la stratégie anglaise des grandes chevauchées et se fera avec l'accord et la bonne volonté des populations comme des corps constitués. Quand l'intérêt est local, donc immédiatement perceptible, y'a pas vraiment de problèmes.

Il faut rappeler aussi que, contrairement à l'Angleterre, la France a aboli le servage à ce moment, et depuis longtemps: c'est Philippe Le Bel qui a lancé le mouvement qui s'est généralisé au XIVème siècle. Malgré les réalités économiques, il n'y a (presque) que des hommes libres en France (il n'y a plus que quelques cas locaux qui demeurent jusqu'à la Révolution, surtout dans des zones conquises après le XIVème siècle), loin des caricatures anglophiles qui feraient croire que la France est un pays d'esclaves et l'Angleterre la terre des hommes libres où rènerait l'habeas corpus pour tous alors qu'il ne s'agit que d'une charte pour règlementer les rapports de la noblesse et, dans une moindre mesure, d'une partie seulement de la population anglaise, en accord avec les divers statuts féodaux. L'habeas corpus est un principe, mais en aucun cas il n'est séparable de la division de la société anglaise en ordres, classes et statuts. La généralisation de l'abolition du servage a été accélérée en France, de façon "ironique", par les ravages de la guerre et de la Grande Peste Noire, qui a fait du pégu une denrée rare que se disputaient les seigneurs féodaux et ecclésiastiques, les invitant à s'installer sur leurs terres contre une franchise gratuite (alors qu'initialement, le serf devait acheter sa franchise). Dès les années 1350-1360, c'est même quelque chose de très rapide. Pour mémoire, le servage dure en Angleterre "anglaise" jusqu'à la moitié du règne d'Elizabeth Ière, et en Pays de Galles et Ecosse jusqu'à la fin du XVIIIème siècle. 

De même, question serfs corvéables à merci faut pas se faire d'illusions sur l'Angleterre: ils sont dans le même cas question traitement réel, et évidemment pire question statuts (non abolition); La yeomanry n'est pas vraiment faite du pécore lambda, mais des gens qui ont un certain bien à la base (tout comme les milices bourgeoises qui font le Guet et la défense dans les villes françaises). le pégu lambda est traité comme de la merde en Angleterre aussi bien qu'en France par une aristocratie locale pour qui l'habeas corpus est fait (pas vraiment pour le tout venant à la base: c'est encore une société d'ordres) et qui se conçoit comme les seuls dignes des vraies "libertés", la pensée féodale les faisant égaux en statuts même au roi, même si pas de même puissance (base du contrat féodal). C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Edouard III et Henry V n'emmèneront jamais de grands effectifs nobles au combat en France, par peur de voir les mêmes comportements que dans la chevalerie française (qui leur ont si bien servi).

Pour être plus précis: la yeomanry, ce sont les paysans propriétaires de la terre qu'ils exploitent mais qui, comme les serfs, sont quand même attachés à la seigneurie dont ils dépendent; ils sont l'élite des roturiers ruraux avec ça.... Mais outre le fait d'être propriétaire, un yeoman doit avoir une certaine superficie, pour faire plus que juste nourrir sa famille (5 hectares pour nourir une famille est un minimum). Et pour maintenir ce statut, le devoir de milice est le service en nature qu'ils doivent rendre, et qui n'incluent pas que le combat en milices locales, mais aussi des travaux d'entretien (dégagement des futaies, éclairage ou érection des haies, réparation des ponts et bien communaux/seigneuriaux), même s'il n'y était pas astreint autant que le reste de la paysannerie. L'autre "élite" rurale non noble ou ecclésiastique, ce sont les tenanciers, des exploitants non propriétaires dans de grands domaines, mais qui n'ont pas le statut "d'homme libre" des yeomens même s'ils peuvent arriver à des niveaux de revenus élevés.

Pour dimensionner, le yeoman au moment de la guerre de cent ans doit avoir un minimum d'une quinzaine d'hectares à lui, et même plutôt 40 que 15 selon les normes sociales, ce qui en fait une élite restreinte et, ce qu'il faut souligner aussi, assez fréquemment éduquée et cumulant son activité avec une charge officielle plus ou moins importante (constable local ou d'une plus grande zone, Gardien de pont ou d'Eglise, Guet/maréchaussée locale, superviseur/collecteur....). Avec le refroidissement du au XIVème siècle, les rendements agricoles sont de plus en plus bas, et nombre de yeomens sont déclassés (ce qui peut aussi expliquer une plus grande propension à se presser à la sélection pour le recrutement militaire), phénomène qui limite graduellement ce bassin de recrutement à une population vraiment très limitée avant que le mouvement des enclosures à partir du XVIIIème siècle ne l'achève en tant que classe un peu significative démographiquement.

C'est à l'aune de ces faits qu'il faut lire "l'Archery Law" ou Assise d'Armes de 1252: la pratique de l'arc est une généralité, mais il ne s'agit pas du longbow en général, une arme à la fois très difficile et longue à maîtriser, mais aussi très chère malgré son apparente simplicité. Les petits propriétaires non yeomen ne manient qu'un arc long/plat ordinaire, et même dans la yeomanry, la pratique du longbow dépend des moyens personnels, mais encore plus du gabarit de l'homme qui doit être capable d'en utiliser les plus grandes versions, celles qui requièrent une force de traction minimum de 120 livres, et plus encore celles exigeant de 150 à 200 livres qui étaient l'exigence dominante pour aller combattre en France (arc standard: 50 à 60 livres). On parle donc d'un pool de personnes TRES limité.

Quand les premières pertes anglaises importantes commencèrent à avoir lieu, via les harcèlements à grande échelle des petites troupes de Du Guesclin, et surtout dans la dernière partie de la Guerre de Cent Ans, en bataille (Baugé, puis surtout Patay et la campagne de la Loire), à chaque fois qu'un contingent significatif d'archers était zigouillé, le remplacement dans un délai bref était complètement impossible tant cette réserve était inexistante (ce qui est l'exact opposé du but d'une milice/réserve opérationnelle).

A propos Tancrède , nul part tu n'évoques le rôle des corsaires comme Surcouf.Ne sont ils pas des membres de SMP?

Alors eux le sont sans la moindre contestation: c'est un pur modèle entrepreneurial de temps de guerre. Dans le cas français, la mauvaise habitude est prise d'y recourir même un peu trop après l'époque de Seignelay, avec les encouragements d'une série de mauvais ministres de la marine qui sous-traitent le harcèlement du commerce anglais. le phénomène atteint une telle dimension (tout le monde à la Cour a une lettre de marque et sponsorise un corsaire) que les marins manquent pour la flotte et que le ministre se repose trop sur cette action stratégiquement de peu d'intérêt (même à grande échelle) au détriment d'une vraie stratégie navale (et du fait de défendre un peu plus son turf pour avoir des crédits).  

Mais là j'étais plutôt sur terre.

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Un effet amusant de l'impact du recrutement et de l'adaptation à sa tâche principale sur l'organisation militaire est l'histoire de l'armée romaine de la période républicaine: aussi bien l'adaptation aux circonstances (adversité en général et adversaires en particulier, distances à couvrir, terrain....) que l'évolution socio-économique ont défini un modèle qui s'avèrera en fait le plus efficace. Il n'y a pas eu d'inventeurs/penseurs/opérationnels géniaux qui ont sorti de nulle part des innovations militaires qui ont donné l'avantage à Rome, mais des conditions, et quelques hasards et circonstances fortuites qui ont fait apparaître le modèle légionnaire et manipulaire tel qu'il s'est affirmé et à partir duquel la pensée et l'organisation militaire romaines ont commencé à réellement évoluer comme système original.

Comme dans le cas des tercios où la création de l'effectif initial de l'unité vient d'une division en 3 de l'effectif espagnol présent en Italie, l'effectif d'une légion a été défini en fonction de la population de Rome et de ses levées (legio en latin) de conscrits, et celui des centuries s'est opéré comme un ordonnancement du recrutement socio-économique dont la base administrative était fondée sur les tribus composant la population romaine (il peut y avoir confusion en ce que Rome a été fondée par un rassemblement de quelques tribus latines, mais s'est aussi divisée administrativement en tribus plus petites recoupant les circonscriptions des quartiers de Rome; ces dernières ne sont pas des réalités culturelles/ethniques dès le départ).

Ainsi, l'armée romaine initiale, sous la royauté, consiste en une levée (légion) unique de 9000h, faite d'une phalange massive de 6000 hoplites, de 2400 vélites provenant des populations les moins favorisées, et d'une cavalerie (légère) de 600h faite de l'élite de la population. Le centre de l'Italie est impropre à l'élevage en grand de chevaux, et les races présentes ne sont pas de celles dont on fait des montures de cavalerie de choc.

L'armée des débuts de la République ne change pas beaucoup, sinon qu'elle est divisée en 2 légions de 4500h qui forment le début du cadre de pensée militaire romaine en termes de dimension. Sans doute des condidérations tactiques ont pu jouer: le centre de l'Italie est montagneux et impropre à des déploiements massif de type hoplitique. Mais la division en 2 est surtout politique: 2 consuls élus annuellement ont remplacé le roi comme tête de l'exécutif et donc comme chefs de guerre, la division étant une des garanties de non tyrannie. La guerre est alors saisonnière, exceptionnelle, et défensive. Et il est plus fréquent de voir l'engagement de petites forces, centrées sur quelques centuries, que de voir l'armée levée en grand. La centurie, échelon à la fois administratif (cadre fiscal et géographique de recrutement), politique, socio-économique (les classes définies par le cens définissent des centuries homogènes) et tactique, s'affirme comme la base du modèle. L'encadrement, les solidarités, les proximités de classes et fortune, la permanence dans le temps au-delà des temps de mobilisation, les connaissances et liens personnels en font la solidité. La redistribution opérationnelle en centuries réparties selon les classes d'âge (des plus jeunes aux plus vieux: hastati, principes et triarii) entre les 2 premières guerres puniques ne changeait pas les fondements avant tout socio-économiques des centuries fiscales.  

En fait, le vrai démarrage de l'évolution singulière du modèle romain vient vers le milieu de la période républicaine, soit autour des IVème-IIIème siècles av JC, période de conflictualité locale intense et quasi permanente, et de survie de la jeune république. C'est aussi là que l'une des grandes originalités de Rome, peut-être dictée par les circonstances, mais aussi par le modèle culturel grec, permettra de commencer à forger le dit modèle. Plutôt que d'anéantir ou de soumettre ses voisins, Rome pratiquera un hegemon assez doux (selon les critères de l'époque, qui ne le sont pas DU TOUT) sur ses voisins vaincus, et avant tout fondé sur l'assistance militaire mutuelle et une sorte de fédération de défense.

Bien plus que le seul modèle légionnaire, c'est cette alliance avec les "socii" qui définit la base de la future puissance romaine: il s'agit d'une fédération des tribus et cités-Etats latines où Rome a léhegemon, mais s'impose des devoirs équivalents à l'ensemble des socii. Ainsi, la base de mobilisation militaire impose la parité numérique entre le contingent romain et la somme des contingents des autres groupes.

Sur le plan tactique, chacun se spécialise ainsi de plus en plus, Rome fournissant avant tout l'infanterie lourde et une part de l'infanterie légère (sa contribution en cavaliers est marginale). Cette base permettra d'unifier le latium dans son intégralité et de réussir ainsi ce que les Grecs n'ont jamais pu faire, à savoir fédérer de manière égalitaire des entités de culture similaire dans une entité militaire crédible et importante. Même si l'histoire écrite, plus par considération culturelle que par chauvinisme proprement romain, accorde une exclusivité aux performances des fantassins lourds (élite de la population), le modèle militaire est complètement interarme, et réfléchir à l'armée romaine ne peut faire l'impasse de cette vision plus complète que ce que les chroniques transmettent. Une mobilisation spécialisée des populations pour un ensemble militaire suffisamment cohérent pour accepter un tel système (qui ne se pense que globalement, et non à l'échelle de chaque cité ou tribu le composant) est la base historique de l'expansion romaine. Cette organisation déjà plus planifiée et centralisée, mais aussi liée à des campagnes plus longues que de simples raids locaux et occasionneles batailles défensives, s'accompagne du dédommagement des jours de mobilisation, soit un premier système de paiement.  

Quand arrive la période de grands changements du milieu de la République, c'est ainsi armée que l'alliance latine (réalité militaire et politique de ce que nous appelons "Rome") fera face. De ses socii, Rome n'exige que la contribution militaire permanente spécialisée (qui force l'interdépendance) et rien d'autre, ni n'impose de modèle culturel, quoique de force forcée, l'acculturation se fasse avec le temps dans cet ensemble uni de facto sous la férule de Rome.

Et le grand adversaire qui vient tester et souder ce modèle, c'est la Ligue des Samnites, ensemble plus vaste représentant grosso modo le sud de la péninsule italienne: la 2ème moitié du IVème siècle et le début du IIIème sont quasiment entièrement consacrée à la guerre contre ce voisin pour la domination sur l'Italie. C'est aussi là que le modèle traditionnel romain doit pour la première fois réellement s'adapter en grand sur des critères opérationnels et non sur sa seule réalité socio-économique et politique. A partir de là, le recrutement et l'organisation de la conscription sont de plus en plus orientées par cette contrainte, et de là, le domaine militaire pratique dicte aussi des réalités d'organisation sociale, administrative et politique.

Le plus grand changement opérationnel est l'abandon de l'alignement hoplitique au profit du modèle manipulaire piqué aux samnites: la base tactique de l'armée devient ainsi le groupement de 2 centuries en manipules opérationnelles, formation bien plus apte à combattre dans le centre montagneux de l'Italie, et qui impose un nouvel ordre de bataille rangée, le triplex acies, triple ligne de bataille des 3 types d'infanterie lourde dont un seul garde la lance d'arrêt d'origine (hasta) tandis que les 2 autres adoptent le javelot lourd (pilum) fait pour être lancé et apte à un combat d'arrêt limité. Mais la légion cherche désormais le corps à corps, et a troqué le modèle défensif ou lentement offensif de la phalange pour une tactique résolument agressive et extrêmement offensive et brutale qui nécessite plus de savoir-faire.

La disposition manipulaire impose la définition stricte d'espaces de combat réguliers, tant entre chaque homme dans une centurie qu'entre chaque manipule dans la ligne: chaque ligne de la triplex acies est désormais une alternance d'un espace vide et d'une manipule, qui peut soit s'étendre en une ligne unique, soit laisser des espaces pour les fantassins légers ou laisser le passage à la ligne qui suit. Un tel combat exige une discipline plus grande, des entraînements plus fréquents, et donc une conscription nettement plus poussée qui coûte plus cher à la société romaine. L'effort de guerre pour  lancer une campagne militaire devient plus lourd, d'autant plus que la recherche d'une homogénéité dans la formation et la tactique impose, outre le paiement des conscrits, celui de leur équipement standardisé selon les normes en vigueur pour des guerres longues: fini la cuirasse qui se transmet de génération en génération dans la famille, besoin de pilums en grand nombre parce qu'en partie "jetables", adaptation parfois rapide de l'armement.... L'Etat romain paie l'équipement (sans doute en déduisant une bonne partie du prix de la paie des conscrits, jouant donc plus le rôle de centrale d'achats rationalisée que de payeur pur).

Les samnites seront vaincus par cette adaptation en grand, et Rome généralisera vite ce modèle initial aux forces de ses alliés latins dont la conscription s'aligne désormais totalement sur le modèle romain, avec l'octroi de la citoyenneté indifférenciée, chose qui lui posera problème quand viendront les guerres puniques. La confrontation contre les voisins italiens voyait des modèles militaires assez proches s'affronter, malgré quelques différences organisationnelles. Face aux forces carthaginoises très expéditionnaires, Rome va voir ses manques. Outre son fort patriotisme et les circonstances, c'est désormais sa base démographique et son système de recrutement qui vont lui offrir la latitude stratégique de pouvoir encaisser une forte attrition et de s'adapter: quand commence les guerres Puniques, Rome maîtrise déjà l'essentiel de la péninsule italienne de façon assez homogène, ce qui lui procure un réservoir de mobilisation total de 900 000h, un chiffre inégalé dans le monde méditerranéen.

Ce que les guerres puniques imposeront:

- la nécessité d'une marine permanente et des "bases" outremer (d'abord la Sicile, puis l'Espagne), soit un coût bien plus élevé pour la guerre, une autre façon de la penser et la nécessité de concevoir des engagements plus long au moins pour une partie de l'armée, même en temps de paix, soit le développement, jugé contre-nature et dangereux dans la culture romaine, d'effectifs "volontaires" de service long, de facto des professionnels. Une loi votée renforce cet aspect en empêchant les conscrits de servir plus de 6 ans, principalement sous la pression de la masse des petits propriétaires tenus loin de leurs domaines par les guerres incessantes et de plus en plus lointaines.

- des effectifs auxiliaires bien plus vastes et spécialisés (archers, frondeurs et cavaliers, surtout faits pour la mêlée), surtout dès lors que les socii proches (en fait tous les italiens) étaient enrégimentés dans des formations légionnaires dnt l'entraînement devait être plus poussé et ne pouvait être improvisé en dernière minute. Ces unités auxiliaires sont des mercenaires, et coûtent donc très cher, surtout dans les effectifs et durées pour lesquelles elles sont employées. La défaite carthaginoise sur son propre sol est réellement due au changement d'alliance de la cavalerie numide de Masinissa et à la perte conjointe de la base de recrutement espanole pour la cavalerie de mêlée.

- des armées plus mobiles et maniables étaient rendues nécessaires par les guerres plus complexes et les déploiements plus lointains: la lourde formation défensive statique en légions-centuries dut voir émerger une unité intermédiaire, la cohorte (attribuée à Marius, mais apparue en fait bien plus tôt, peut-etre pendant la 2ème guerre punique), qui impose ainsi un nouvel échelon de commandement et d'entraînement, changeant en profondeur les systèmes hiérarchiques, décisionnels et tactiques.  

- une évolution plus poussée vers le corps à corps, notamment avec l'introduction du gladius espagnol et la mise en place d'une escrime complexe gladius-bouclier qui concourt de cet entraînement plus poussé et d'un plus grand besoin de service long et de permanence, notamment en raison des formations et manoeuvres nécessaires et plus élaborées qu'il faut mettre en place pour rendre la légion apte à contrer des adversaires plus variés

- la répartition opérationnelle des classes d'infanterie lourde par âge et non selon la fortune pour répondre à ce besoin d'homogénéité dans un combat plus agressif et mobile (les triarii, plus âgés et munis de la hasta, restant en réserve moins nombreuse). Le renforcement du besoin d'homogénéité conduira ainsi à l'abandon des spécialisations dans la légion au profit d'un standard unique de légionnaire où le service long, puis le professionalisme, seront une obligation pour l'efficacité.

- de plus vastes effectifs en général, de même qu'une augmentation des moyens nécessaires pour mettre en campagne une armée suffisamment élaborée et aguerrie, et surtout de la faire tenir dans le temps compte tenus des adversaires (plus puissants, plus longs à battre) et des distances couvertes (plus de temps de transport)

Mais cette expansion hors d'Italie signifie aussi le passage, autant par avidité que par nécessité de faire face aux coûts grandissants et aux intérêts désormais méditerranéens de la Cité, à un modèle où la guerre devient un impératif régulier, bien au-delà de la seule défense territoriale, et où elle arrive au point où seule la guerre peut alimenter la guerre. De plus, les masses d'esclaves procurées par ces conflits changent profondément la société romaine, artisanale et agricole: des masses de plus en plus vastes de citoyens se retrouvent contraintes de vivre sans emploi régulier et sans terre, dans les agglomérations. la contradiction du système est que la conscription marche de moins en moins, alors que la population est en expansion constante; le cens n'est plus réalisé tous les 5 ans, entre autre parce que chaque nouveau recensement fiscal voit se réduire la masse des mobilisables pour l'infanterie lourde, qui exige un certain niveau de fortune, et grandir les 2 classes les plus basses des citoyens, celles qui fournissent les vélites, et surtout celle qui n'est pas affectée par la conscription (phénomène qui s'est vu, en plus petit, à Sparte, et explique son déclin).

La plèbe inemployée devient non seulement un souci permanent pour la paix intérieure, une force politique à garder dans le rang, mais aussi un sujet de division politique de plus en plus profonde entre les optimates et les populares, les 2 clans politiques de la classe sénatoriale, en même temps que grandit la dangerosité d'une population croissante d'esclaves sur le sol italien. Guerres sociales et guerres serviles sont indissociables de l'expansion romaine en Méditerranée, dans un modèle politique, militaire et socio-économique dangereusement instable où seules les campagnes militaires permanentes permettent d'alimenter une relative paix sociale, à défaut d'un équilibre interne réel.

Une partie seulement de la plèbe peut être employée en "service long", soit devenir soldat professionnel, étant donné les moyens limité de la République, ce qui donne un poids croissant aux sénateurs les plus puissants qui peuvent désormais se faire voter la levée de légions (qu'ils financent) qui tendent à devenir permanentes et dont ils doivent aussi assurer les retraites (allotissement sur des terres conquises, donations en argent), ce qui fait d'eux la cheville ouvrière du besoin constant d'expansion. Mais le système fait aussi des soldats vétérans, de ceux qui servent longtemps et des professionnels, des clients, donc des fidèles, des dits sénateurs, bien plus qu'ils ne se sentent redevables à la République (les soldats retirés restent une réserve mobilisable, avant tout à l'appel du sénateur-patron). Désormais, à part les 4 légions consulaires historiques (2 initiales de Rome et 2 des premiers socii), les légions sont des forces de fait privées qui ne seront romaines que tant que l'oligarchie au pouvoir pourra et voudra se mettre d'accord et garder la République ensemble en dernière instance (à partir de Sylla, et surtout du premier triumvirat, ce consensus minimum disparaîtra).

Pour finir, il convient de mentionner dans cette évolution le cas de l'encadrement: initialement, les officiers (6 tribuns par légion plus 3 décurions pour les 3 turmae de la avalerie légionnaire) venaient de la classe sénatoriale ou de celle des chevaliers et devaient avoir au moins 5 ans de service pour pouvoir se présenter aux élections. Les chefs d'armées étaient les 2 consuls élus. En cas de levées de plus de légions, comme au moment des guerres samnites, les consuls désignaient les officiers des légions surnuméraires (ce qui dévelopa le clientélisme aristocratique de façon permanente). A noter aussi que 10 ans de service militaire étaient exigés des officiers pour avoir le droit d'envisager une carrière politique, et que la rotation des postes d'officier concouraient de la volonté de ne pas voir trop de concentrations permanentes de pouvoir, autant que d'une exigence de service patriotique plus grande pour l'aristocratie. Cette conscription nobiliaire surviva à toute la période d'évolution, même si la rotation des offices tendit à devenir moins systématique, autant par besoin opérationnel que par clientélisme et décadence oligarchique.

Les centurions, mélange de sous-offs et bas officiers, étaient initialement élus dans chaque centurie et promus par les officiers. Le mouvement de professionalisation tendit naturellement à les rendre plus permanents, de même que les sous-officiers et vétérans à statut particulier.

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  • 4 weeks later...

Juste un petit point amusant:

- "mercenaire" vient du grec "merces", qui veut dire "salaire", ce qui donne au terme une étymologie proche, même si plus générale dans son usage, donc "privatisée" de "soldat" (qui vient du vieux français "soudée", évoquant le militaire payé, et du latin soldeus, faisant référence au versement d'un salaire)

- "contractor" fait référence au contrat.... Et "condottiere" vient de "condotta", le contrat que les mercenaires italiens passaient avec une puissance employeuse :lol:

Qui dit que quoi que ce soit ait jamais été inventé :lol:?

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Un effet amusant de l'impact du recrutement et de l'adaptation à sa tâche principale sur l'organisation militaire est l'histoire de l'armée romaine de la période républicaine: aussi bien l'adaptation aux circonstances (adversité en général et adversaires en particulier, distances à couvrir, terrain....) que l'évolution socio-économique ont défini un modèle qui s'avèrera en fait le plus efficace. Il n'y a pas eu d'inventeurs/penseurs/opérationnels géniaux qui ont sorti de nulle part des innovations militaires qui ont donné l'avantage à Rome, mais des conditions, et quelques hasards et circonstances fortuites qui ont fait apparaître le modèle légionnaire et manipulaire tel qu'il s'est affirmé et à partir duquel la pensée et l'organisation militaire romaines ont commencé à réellement évoluer comme système original.

SNIP

passionant à lire

merci

mais veut tu dire par là que c'est les affrontements successifs avec les samnites puis carthaginois qui ont permis la contruction de la base fonctionnelle de l'armée romaine ?

ca fait de l'interessant what if là

parceque en même temps que les samnites (avec qui les romains n'etaient pas obligé d'entrer en conflit généralisés) y'avait suffisemment à faire dans peninsule italienne : Cités grecs dans le bas de la botte et en sicile

Carthaginois (deja presents en Sicile, aux baléares et en sardaigneà

les etrusques egalement avant leur soumission de même que les ombriens

et je ne parle pas des celtes

il est interessant que ce soit l'organisation manipulaire samnite qui soit ressortie (alors qu'elle a aussi  fait defaut à plusieurs reprise contre certains adversaires notamment lors d'incursion celtes ou de combat contre les certains italiques non romains utilisant encore le système des phalanges)

amis bon là on va partir en HS

peut etre qu'on peut discuter de cela sur le post armée romaine ??

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ais veut tu dire par là que c'est les affrontements successifs avec les samnites puis carthaginois qui ont permis la contruction de la base fonctionnelle de l'armée romaine ?

Oui, révélant par là les vraies grandes qualités et forces de Rome en tant que puissance/collectif:

- un "esprit national"/civique sans doute plus fort qu'ailleurs (peut-être la jeunesse et/ou le renouvellement de ce groupe au moment où c'est la République qui prend la main), assorti d'une sorte de messianisme embryonnaire, sous une forme ou sous une autre. Des peuples plus anciens, plus souvent des ligues de Cités et territoires que des groupes, ont pu ne pas avoir une telle union

- de ce fait, un certain degré "d'ouverture" plus élevé qu'ailleurs, en ce sens que les apports étrangers, par pragmatisme, sont plus facilement intégrables dans la mentalité romaine. la capacité(et la rapidité) d'adaptation de Rome (au moins dans le domaine militaire) a été l'une de ses qualités les plus affirmées par rapport à nombre d'autres puissances méditerranéennes

- l'acquisition rapide d'une taille critique à l'échelle de la botte italienne, via le pacte conclu avec les cités et territoires latins environnants, dont les termes cléments pour l'époque ont permis de faire fonctionner cette répartition initiale des tâches militaire de façon organique: l'interdépendance était quasi forcée de cette façon. Plus prosaïquement, cela peut aussi renvoyer à un cadre plus conjoncturel d'une gestion satisfaisante de cette hégémonie pas trop abusive. La taille critique ainsi obtenue a donné à Rome la capacité d'absorber des défaites répétées tout en conservant la marge de manoeuvre pour s'adapter, capacité renforcée par l'aptitude du collectif à se remettre en question plus facilement que d'autres, et la volonté/conscience collective peut être plus forte. Le relief environnant, montagneux, a pu aussi préserver relativement Rome des conséquences de défaites assez lointaines dans les guerres samnites.

Mais les conflits avec les Etrusques et les Samnites ont été clairement déterminants dans la définition des bases d'un modèle militaire original, fait que les Guerres Puniques ont porté à un degré plus élevé encore, une fois cette dynamique en place. Les interprétations peuvent varier, mais le fait reste que Rome a démontré une capacité d'adaptation plus profonde et plus rapide que les autres puissances méditerranéennes, dans un laps de temps relativement court.

il est interessant que ce soit l'organisation manipulaire samnite qui soit ressortie (alors qu'elle a aussi  fait defaut à plusieurs reprise contre certains adversaires notamment lors d'incursion celtes ou de combat contre les certains italiques non romains utilisant encore le système des phalanges)

Ou alors la question peut ne pas concerner là QUE l'organisation militaire, mais bien aussi le commandement et la qualité de la formation de la troupe, ainsi que les circonstances de l'affrontement contre les Celtes, soit avant tout des questions de "recrutement", ou plutôt de sélection dans le cas des décideurs. La formation manipulaire et les débuts de la répartition des armées en campagne en légions identifiées comme unités de combat (et non plus comme l'ensemble de la levée de l'infanterie) ont relevé d'un changement aussi bien tactique que conceptuel: plusieurs armées en campagne et leur organisation tactique pratique pour un terrain qui, contre les samnites, ne pouvait souvent autoriser l'affrontement en vastes phalanges eu égard au relief, mais aussi à la façon de faire campagne dans de vastes zones montagneuses très découpées.

L'adaptation implique la manipule, mais en devenant une unité de référence, elle structure aussi bien l'armée quand elle est déployée en plaine, comme une sous-unité permanente qui ne perd pas pour autant l'aptitude à l'autonomie qu'elle a du apprendre pour le combat en montagne (là où la phalange grecque ades subdivisions avant tout faites pour structurer sa solidité en tant que masse).

Mais évidemment, qui dit unités plus autonomes ou pouvant constituer des groupements, dit aussi que les officiers, sous-officiers et soldats ne peuvent plus être juste formés à tenir en paquet serré pour la seule poussée du combat de phalanges. Il faut des entraînements différents, peut-être plus poussés, d'autres profils pour commander.... Et il peut y avoir des moments de flottement entre la réorganisation et l'adaptation des formations et commandement qui vont avec cette orga.

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  • 4 weeks later...

si j'ai bien compris le but de ce topic est de trouver le meilleur modèle d'armée (j'avoue n'avoir pas eu le courage de tout lire donc excuser moi si par mégarde j'ai repris les propos d'un autre)

et bien tout d'abord cela dépend de sa situation géopolitique et de sa taille: le fait comme en suisse que chacun ai une arme chez soi et qu'il y ai conscription marche car c'est un petit pays et de plus l'arme fait partie de l'histoire, rapelons nous des difficultés pour conquérir le tyrol par napoléon à cause de ces armes

je ne parlerai donc que pour la france et de mon point de vue

alors: je sui favorable au retour du service militaire car il permet d'instaurer une certaine rigueur et un sentiment réel d'appartenance à une nation peux importe son origine

mais quel type de conscription: les opérations tout terrain et tout type d'environnement est réservé aux militaire professionels qui passe le plus clair de leur temps à s'entrainé

or le conscrit si il s'entraine un ou deux ne peut pas avoir les mm capacités: comment y remédier:

tout d'abord pour plus d'efficacité i faut les entrainer à un environnement qu'il connaissent: les citadins à la défense de leur ville et au combat urbain

chaque corps doit être entrainé dans son lieu d'origine: si attaque il y a: connaissance du terrain approfondis et entrainement en ce mm terrain: intérêt tactique: pas besoin de projeter des personnes de toutes la france car ils sont déjà sur place (ai je préciser que chaque corps voit ses membre sélectionner dans le mm lieux et entrainé en ce lieux) donc intérêt économique: on mobilise moins de ressource

de plus étant le lieux où ils on vécus ils le connaissent relativement bien

ensuite pour attaquer nous auront à la fois des conscrits efficace voir quasi aussi efficace que des professionnels sur un terrain particulier, les professionnels étant surtout des troupes polyvalente ou très très spécialisé

de plus ce type de conscription peut permettre de se faire des cercles de connaissance

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  • 3 weeks later...

Pour remonter un peu ce topic sur un sujet auquel j'attache beaucoup d'importance, question est posée à la cantonnade pour savoir ce que l'Histoire enseigne sur la qualité du recrutement et son impact sur l'efficacité militaire.

- Il est de toute façon établi qu'il n'existe de "bon" recrutement qu'en fonction d'un type d'armée et de mission. Même si certaines caractéristiques fondamentales, pour l'officier comme pour le sous-off ou le trouffion, restent les mêmes, selon les circonstances -type d'engagement/mission, unités, modes de guerre, durée, statut politique, développement- auxquelles une armée est confrontée (engagement long et lointain, défense territoriale plus ponctuelle, armée de garnison/temps de paix, infanterie légère, grandes formations....), la question change d'aspect.

- il va de soi que tout type d'armée est composite (dans des proportions très variables: il faut une part de pros présents pour la carrière, avec un degré plus ou moins élevé de vocation/motivation/résignation, un volant de conscrits et/ou réservistes besoins de brassage social, de contribution de certaines catégories, de renouvèlement, d'accès ponctuel à un autre pool de recrutement, surtout dans les hauts profils, ouverture de l'armée à des profils pas forcément idoines au premier abord et offre de "seconde chance....), une part de pros/engagés qui ne sont pas destinés à rester longtemps....

- aucun système ne dure dans le temps à efficacité égale

Il peut donc être important de considérer une politique de recrutement efficace nettement plus "par segments", soit par pools de recrutements considérés chacun comme à part et ciblés comme tels, la formation initiale et les unités se chargeant en aval de l'homogénéisation. Dans la mesure du possible, ces "segments" doivent pouvoir être modifiés dans leurs proportions selon les besoins, l'état de la société (niveau de patriotisme, sentiment de menace, situation socio-économique....) et les structures de transition/formation initiale spécifiques à chacun.

Parce qu'il faut aussi se rendre compte d'une grande constante historique: le recrutement a très souvent toujours posé problème en quantité, et quasiment tout le temps en qualité. Pour des nations stables et sans menace directe sur leur territoire, c'est même une règle absolue.

Dans le cas de la France, quels pools seraient souhaitables?

- une porportion importante de filières d'enseignement supérieur ou technique financées par l'Etat en échange d'un temps de service donné, afin de fournir plus de spécialistes de qualité pour une période donnée? Cela afin de coupler une telle politique avec un accès facilité de couches sociales défavorisées à l'enseignement supérieur aujourd'hui très fermé

- un accès faclité à la nationalité pour des étrangers (sélectionnés) acceptant de passer un temps donné sous les drapeaux?

- en lien avec le précédent, une extension du principe de la légion afin de brasser un meilleur pool de recrutement pour fournir plus d'unités avec un bon matériau initial?

- plus délicat: une sorte de conscription partielle des élites (forme non déterminée, mais je reste en fait étonné par l'évolution de l'Empire romain à partir du moment où les élites sénatoriales et provinciales ont été interdites de toute fonction militaire)

- un ciblage découpé des populations du pays dans une GRH consacrant plus de moyens à ce sujet: hommes ayant le potentiel mais pas la forme physique immédiate, personnes ayant une difficulté superficielle avec la discipline.... Et toutes causes de désaffection de prime abord par la recrue potentielle ou l'armée, alors que peu de temps peut changer beaucoup de choses. De même, les femmes devraient faire l'objet d'une phase d'adaptation spécifique.

le fait est que l'armée n'a pas vraiment les moyens de faire la fine bouche: elle est demandeuse, et les seuls facteurs qui l'empêchent de s'en rendre compte d'agir en conséquence sont:

- la non-importance absolue et culturelle accordée au matériau humain

- les priorités budgétaires qui concourent de cette culture, ou la justifient, et assimilent l'humain à une main-d'oeuvre semi-qualifiée juste bonne à servir les systèmes d'armes

- la désaffection politique pour le domaine militaire, qui n'a d'égale que l'éloignement (en partie voulu) des questions de sécurité d'avec la population

- la trop faible perception de "l'offre" comme un ensemble de pools de recrutement séparés nécessitant chacun un traitement spécifique pour attirer, convaincre, préparer (avant la formation militaire homogénéisée) et fidéliser

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Concrètement, il s'agit plus des élites socio-économiques (pas nécessairement les 2 à la fois), celles qui, hors périodes de patriotisme élevé, se détachent le plus vite et le plus massivement du métier des armes, là où des systèmes plus anciens plaçaient au moins un certain niveau de proportion entre droits et devoirs. Evidemment, c'est pas si aisé à déterminer précisément, de même qu'à trouver un système compatible avec une société fondée sur l'individualisme et l'égalité des droits. Cependant, l'accès aux fonctions de pouvoir et responsabilités publics (plus facile à déterminer/circonscrire) et assimilés (chambres de commerce, syndicats et associations ayant part à la décision "sociale", bref, tout ce qui permet de "peser" hors de l'entreprise privée stricto censu) pourrait être conditionné à ce type de devoirs. Pas forcément plus mal de tamiser un peu les décideurs via un accès imposant un vrai "service de la nation" pas forcément folichon en soi, potentiellement risqué....

Mais le point est que d'une manière ou d'une autre, une armée doit attirer ses élites de toutes sortes (une proportion raisonnable); les plus intelligents, les plus dynamiques, les plus culottés, les plus aisés/éduqués.... Rendre le métier des armes plus attrayant n'est qu'une partie du tout, tant il y a aussi une notion de devoir partagé, et surtout le simple constat qu'aucune armée (hors dictatures corrompues et pays peu développés) ne pourra aligner revenus et confort et de vie sur les standards du privé où ces populations ont beaucoup plus d'opportunités. Bien sûr, tous les plus intelligents/talentueux/dynamiques ne viennent pas des couches les plus favorisées, mais la proportion y est nettement plus élevée, et plus un pays est en phase de stratification sociale (c'est le cas en occident), plus c'est vrai.

Ce serait en outre le moyen de remettre en partie les questions de sécurité et stratégie dans les sphères favorisées de la société, et de faire sortir le militaire du déclassement et de l'isolement qui sont son lot actuel, réduit qu'il est à une sorte de rôle de consultant spécialisé pour le pouvoir et le niveau décisionnel stratégique/politique (concrètement, il s'est éloigné de la prise de décision).

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