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Alexis

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Tout ce qui a été posté par Alexis

  1. Il n'y aurait aucun sens à placer la dissuasion française sous double clé étrangère. Elle n'aurait plus guère de valeur dissuasive - une grosse partie de sa crédibilité politique vient du fait que la décision d'emploi reviendrait éventuellement à une personne, pas à un comité Théodule... - et quant à la légalité du point de vue du TNP, elle serait fort douteuse. D'ailleurs aucune puissance n'a jamais placé sa dissuasion sous une double clé. Ce qui s'est fait, et qui pourrait avoir un certain sens, dans certaines situations, ce serait de placer des armes nucléaires supplémentaires sous double clé française et par exemple polonaise, ou allemande, ou italienne. Exactement la même chose que les Etats-Unis font déjà avec Allemagne, Belgique, Italie et quelques autres. Il n'a évidemment jamais été moindrement question de placer la dissuasion américaine elle-même sous double clé étrangère ! Face à un changement stratégique aussi radical que de lier la dissuasion nucléaire française, non seulement en paroles - les paroles, en matière nucléaire, tout comme les écrits, ça s'envole - mais par des faits sur le terrain, le souci du financement est franchement extrêmement secondaire. Il va de soi que si quelque chose de ce genre était jamais mis en place, la France demanderait et obtiendrait le financement intégral par les alliés qui bénéficieraient d'ASMP-A sous double clé de tous les coûts supplémentaires supportés par la France tels que fabrication et entretien des ASMP-A, renforcement du coeur M51 pour le crédibiliser pour la sécurisation de 400 plutôt que 65 millions de personnes, quote-part des coûts de R&D etc. Mais ces coûts seraient vraiment minuscules par rapport à l'enjeu du changement de posture dissuasive. Ils ne seraient qu'une fraction des coûts supportés par la France soit environ 0,2% de notre PIB pour la dissuasion, et étant payés par trois ou cinq fois plus de monde la charge financière en serait pratiquement négligeable.
  2. Je ne pense pas non plus qu'on en vienne à la guerre, même en cas d'embardée "et je te reconnais Taiwan, et dans la foulée je stationne des B-61 chez eux dans ta face, ah on rigole moins hein" de la part de Trump. Je le dirais cependant plutôt en terme de probabilité (certes élevée) que de pleine certitude. Reste qu'à mon sens Trump a passé la "dose" (fort petite) de provocation sur le sujet de Taïwan qui pouvait avoir un intérêt afin de camper son personnage et son imprévisibilité en vue d'une négociation sérieuse - c'est-à-dire essentiellement commerciale - avec Pékin. Dose qu'il avait entièrement utilisée avec ce coup de téléphone publiquement revendiqué avec la présidente de Taïwan. Son dernier mouvement est tout sauf habile, car en mettant en cause la politique de "Chine unique" il se place sur un terrain tout à fait différent des questions de gros sous genre libre-échange, monnaie, tarifs, excédents et le tout tintouin. Sujets qui sont certes extrêmement importants, mais où il est aussi assez facile à chacun des protagonistes de s'en tenir à un comportement rationnel et plus ou moins souple : c'est qu'on ne parle pas d'intangibles comme la face, l'honneur ou la légitimité. Il s'agit en somme d'intérêts froids, et chacun même se battant comme un beau diable peut se dire "à la place du type d'en face, j'agirais comme lui". Rien de personnel en somme, ce qui rend quand même négociation et accord beaucoup plus aisés. S'il confirme le passage sur le terrain du symbole, de l'honneur et de l'intangible, Trump en réalité risquera de retirer toute latitude à Pékin pour faire des concessions, alors qu'il devrait au contraire le leur faciliter. Pour prendre une comparaison juste un peu exagérée - et peut-être pas tant que ça - si la Russie avait des griefs sur la politique commerciale ou monétaire des Etats-Unis, et commençait la négociation en disant "Oui mais les missiles balistiques à Cuba c'était pas une si mauvaise idée en fait" et "Je ne vais pas me laisser dicter quel pays je choisis de protéger avec des armes nucléaires non mais"... est-ce que ça augmenterait la probabilité que Washington entame la négociation commerciale sous les meilleurs auspices ? Non, ce mélange des genres braquerait totalement les Etats-Unis. Il deviendrait probablement tout à fait impossible pour le président américain d'envisager des concessions. Trump devrait mettre en face des enjeux de gros sous - monnaie, taxes, investissements etc - des arguments et des menaces ayant trait aux seuls gros sous - position à l'OMC, taxes, etc. Ce serait le meilleur moyen d'arriver à une négociation où tout le monde certes se jetterait des godasses à la figure, mais où au final on arriverait à quelque accord... parce qu'en fait rien de non négociable ne serait en jeu, et rien - ou pas grand chose - de personnel non plus. Maintenant, est-ce que les gros pontes et les artistes du GOP au Congrès lui laissent le choix des armes ? C'est une autre question. Il est fort possible que ce soit parce que les libre-échangistes fous, les achetés et les corrompus parmi les élus républicains à la Chambre ont déjà dit que ah bah non on va pas vraiment faire de limitation au commerce oh hé dis... que Trump se soit rendu compte qu'il n'a que le choix du quitte - j'm'écrase kowtow devant le Chinois - ou double - eh c'est que sur le terrain diplomatique j'ai beaucoup plus de marge de manœuvre j'ai pas besoin du marais et des alligators de Washington. Et qu'il ait déjà choisi... le double bien entendu. Il s'agit "du" Donald, rappelons-le. Ce ne serait pas nécessairement le meilleur terrain pour une "riposte" chinoise. En dehors des réactions officielles, un quotidien nationaliste chinois généralement considéré comme vecteur occasionnel de messages du gouvernement a publié une tribune non signée qui annonce clairement la couleur. Meuh non allez tranquillise-toi. Il ne s'agit que de l'effondrement des populations américaine et chinoise, rien de plus. Et puis, l'Europe redevenant par défaut le centre directeur de l'humanité, on pourra recommencer une guerre fraîche et joyeuse entre nous, comme en '14 ! Est-ce qu'on n'est pas mieux entre Européens ? Quelqu'un a un archiduc autrichien sous la main, pour intéresser le truc ? Mais je t'en prie ... (eh j'ai déjà le fil Dissuasion nucléaire européenne, voire allemande sur la conscience, je vais pas en plus rajouter celui-là ça serait vraiment tenter le sort ...)
  3. Les pépettes ? Il n'y aurait guère que cet "argument"-là en effet, mais je doute que même les pires ahuris oublieux de l'ensemble du tableau comme du terme moindrement long puissent tomber dans pareil panneau, même si la situation financière du pays devenait catastrophique - ce qu'elle n'est pas. Dans les années 1990, la situation financière de la Russie était proprement catastrophique, et Boris Eltsine n'a pas laissé un souvenir de compétence tellement époustouflante - oui, j'aime les litotes. Et pourtant Moscou ne s'est pas mis à vendre des armes nucléaires à la Terre entière, ni même seulement à l'Allemagne, ni même à un autre... nos politiciens français seraient stupides à ce point ? Ne te méprends pas, j'ai un solide mépris pour une bonne partie d'entre eux - y a qu'à voir la citation de Pierre Messmer que j'ai mis dans ma signature - et je veux bien faire mon populiste autant qu'on voudra ...mais là, pour moi ça dépasse la vraisemblance. La crainte de voir l'Allemagne faire une c....rie - elle n'y est pas loin de là, mais supposons qu'elle y vienne - cela pourrait être une motivation suffisante pour le genre de politique de garantie que j'imaginais un peu plus haut dans cette page, ASMP sous double clé et tout le tintouin, en tant que carotte. Et en tant que bâton, eh bien d'abord crier plus haut que tous les autres sur la sauvegarde du TNP, l'accord de réunification devenu un simple chiffon de papier, et en général l'irresponsabilité de Berlin. Et si ça ne suffisait pas proposer une garantie à base d'ASMP sous double clé au pays qui va bien. Oui, il s'agirait de la Pologne. Bainville faisait remarquer déjà en 1920 que "les noces de la Russie et de la Prusse ont été célébrées plusieurs fois dans l'histoire, à chaque fois le vin servi au mariage était du sang polonais". C'était avant les amours de Molotov et Ribbentrop, c'était déjà une évidence, une autre étant qu'une fois que les mariés se sont bien murgés ça peut se passer moyennement pour les Français aussi. Si l'Allemagne acquérait avec une dissuasion indépendante la capacité à se réorienter librement du point de vue stratégique, le grand classique de l'alliance germano-russe reviendrait tôt ou tard au goût du jour, et il n'y aurait pas de meilleure parade pour la sécurité française que d'avoir placé à l'avance un coin entre les deux époux, et en tout cas de leur interdire strictement l'accès au tonneau de vin. Et pour ça rien de tel que de placer le fil de détente de l' "ultime avertissement" nucléaire juste devant ce même tonneau. Il faut être clair, on peut bien se fâcher et s'insulter à qui mieux mieux entre Français et Polonais, mais il y a une histoire tout à fait particulière entre eux et nous, histoire basée sur des intérêts qui sont étroitement proches dès qu'à Berlin et à Moscou on songe à se passer la bague au doigt. Si - à Dieu ne plaise - ces jours revenaient à l'avenir, tous les énervements entre Paris et Varsovie seraient vus pour ce qu'ils sont, de simples enfantillages. Bon cela dit on est quand même dans une fiction assez échevelée J'ai écrit un peu plus haut pourquoi il me semble que les chances que les Allemands s'inquiètent vraiment beaucoup me semblent très réduites, même si Trump passait en mode isolationniste-turbo - ce qui n'est quand même pas encore le cas d'ailleurs. Le Costa Rica est sauf erreur le seul pays à ne pas avoir d'armée. C'est un pays tranquille et ils ont un joli slogan "¡Vivan siempre el trabajo y la paz!" (Que vivent à jamais le travail et la paix !) - même si perso j'aurais préféré remplacer "travail" par "farniente" mais bon chacun ses goûts. Oui mais d'une part il est dans une région vraiment calme du point de vue stratégique, d'autre part il représente un enjeu minuscule en termes économiques comme démographiques ou autres - 5 millions de personnes, pas de ressources naturelles, une prospérité honnête sans plus. La péninsule européenne n'est pas vraiment dans la même situation...
  4. Pas commode du tout pour le vendeur, et de plus parfaitement illégal du point de vue du droit international. Je ne parle pas d'une illégalité sur un détail, ni sur un point sans importance où tout le monde déjà est hypocrite. Bien au contraire, nous parlons non pas tellement de tordre, mais carrément de réduire en confettis un traité fondamental à l'ordre mondial qui s'appelle le TNP. Et pour l'Allemagne violer le traité même qui a permis sa réunification, par dessus le marché ! L'intérêt pour l'Allemagne de jouer ce genre de jeu est extrêmement discutable, même avec des armes nucléaires en échange. Celui de la France n'est même pas discutable, ce serait s'exposer à tous les coups les plus graves, et pourquoi faire ? Un cadeau pratiquement gratuit à un voisin et c'est tout. Mais quel serait l'intérêt de la France à agir ainsi ? Non, si l'Allemagne dispose un jour de l'arme nucléaire, ce ne sera dans l'intérêt d'aucun de ses alliés, la France pas plus qu'un autre, de lui avoir fait la courte échelle, sans parler même de carrément lui fournir des technologies clé en main voire des armes opérationnelles. Si Berlin veut franchir ce pas, qu'il essaie lui-même et qu'il paie le prix diplomatique - élevé - sur son propre crédit, non celui de la France.
  5. Comme je l'écrivais, j'espère que ce débat s'éteindra. Il me semble dangereux à plus d'un titre. Quelques raisons d'escompter que ce soit le cas - Parmi 193 Etats membres de l'ONU, 184 soit plus de 95% ne possèdent pas d'armes nucléaires, et une partie seulement d'entre eux s'estiment protégés par la dissuasion nucléaire de quelqu'un d'autre. Il n'est pas du tout exclu qu'une situation après tout si courante ne semble pas finalement acceptable à une majorité des Allemands, même si la garantie américaine qu'ils pensent avoir disparaissait, ne laissant que la simple alliance avec des pays nucléaires comme EU, GB ou France, sans aucune garantie nucléaire explicite - Le besoin d'une garantie s'évalue à partir d'une situation réelle. Or la guerre froide est terminée, et il n'est pas du tout certain que la menace de sa relance se matérialise pour de bon. Rappelons l'orientation annoncée par le candidat Trump, rappelons aussi que peu de candidats à la présidentielle française sont favorables à la poursuite des sanctions économiques contre Moscou et notamment aucun des deux finalistes annoncés, rappelons que les craintes d'invasion russe des pays Baltes sont sans fondement moindrement convaincant. Notons aussi que l'Allemagne n'a pas de frontière commune avec la Russie, laquelle n'a qu'une fraction de la capacité de "projection de puissance" loin de ses frontières dont disposait l'Union soviétique. Bref la menace russe contre l'Allemagne a bien peu de chances de devenir si menaçante que cela. S'agirait-il alors de se protéger contre la Chine ? L'Inde ? Israël ? Tout cela ne serait pas très sérieux - Il y a une menace à laquelle l'Allemagne pourrait se sentir exposée, c'est celle d'un chantage nucléaire "Faites ceci, ou ne faites pas cela, sinon récolte de champignons à Berlin !" La menace est théoriquement réaliste. Pratiquement... le seul exemple qui vient à l'esprit est l'URSS menaçant en 1956 la France d'atomiser sa capitale si elle ne cessait pas son intervention militaire à Suez. Autrement dit, ce genre de menace est effectivement à prendre en compte... si l'on envisage de mener des interventions stratégiques, des projections de puissance outre-mer d'un certain poids, concernant des sujets sérieux et en compte propre. Or, sans SNA, sans porte-aéronefs, avec une telle réticence de la population à l'encontre des aventures militaires... ce n'est vraiment pas le cas de l'Allemagne En résumé, l'idée comme quoi l'Allemagne aurait ou pourrait avoir dans un avenir prévisible le besoin criant d'une garantie nucléaire résiste difficilement à l'examen. Et puis il ne faut pas quand même oublier que l'Allemagne à l'heure actuelle n'en a aucune Oui, Washington a peut-être émis des bruits voire publié des positions qui pourraient y ressembler. Mais en matière de dissuasion nucléaire, si les paroles s'envolent, les écrits eux... eh bien ils s'envolent aussi. Le problème principal de la prétendue garantie nucléaire américaine, c'est sa crédibilité politique. La dissuasion se construit avant tout dans la tête d'un agresseur. Or s'il envisage de s'en prendre à l'Allemagne, même à l'arme nucléaire, son calcul des risques ne sera guère influencé par des déclarations américaines de riposte au nucléaire sur son territoire, pour peu qu'il ait aussi les moyens de tirer au nucléaire sur l'Amérique... comment croirait-il que Washington le bombarderait au nucléaire si c'est pour se prendre une riposte similaire en retour ? Nulle déclaration ne rendra crédible l'idée loufoque comme quoi la survie de l'Allemagne serait vitale pour l'Amérique ! Le même raisonnement s'applique évidemment à la France. Sans doute elle serait profondément amoindrie si l'Allemagne était soumise à un envahisseur ou atomisée, mais la survie - même groupe de mots que vital comme dans intérêts vitaux - de la France se joue sur le Rhin et nulle part ailleurs. Le problème est avant tout politique, la politique d'une illusion C'est que beaucoup d'Allemands - et d'autres - semblent vivre assez bien sur l'illusion qu'ils bénéficieraient d'une garantie nucléaire des Etats-Unis. Or Trump pourrait dissiper cette illusion, et il n'est pas toujours bon de dissiper des illusions rassurantes, si du moins les principaux intéressés n'ont guère d'autre illusion à se mettre sous la dent pour remplacer celle qu'ils ont perdue. Serait-il dans l'intérêt de la France de tenter de remplacer cette illusion ? Mon instinct me dit que non, parce que le fait que ça ait plutôt bien réussi aux Etats-Unis de l'entretenir ne veut pas dire que restaurer une telle illusion réussirait à la France, parce que les politiques basées sur un mensonge sont dangereuses, sans oublier d'ailleurs que les Allemands ne sont pas plus c... que n'importe qui d'autre. S'ils ont cru jusqu'ici être protégés par la garantie verbale de l'Oncle Sam, c'est en grande partie par habitude, parce qu'ils ne se posaient pas vraiment la question de la réalité de cette garantie. Si Trump les force à reconsidérer la question, pourquoi ne s'apercevraient-ils pas de la supercherie ? Si le choix était tout de même fait Alors il faudrait faire le plus simple possible, il faudrait rester dans la plus stricte légalité internationale, tout en fournissant un degré suffisant de "garantie", c'est-à-dire en pratique autant que l'Amérique en donnait. Donc : - Pas de construction ni d'acquisition à l'étranger d'armes nucléaires pour l'Allemagne ni aucun autre Etat européen non nucléaire. C'est interdit par le TNP, c'est interdit à l'Allemagne par le traité 2+4 qui a rendu possible sa réunification, et ce serait dangereux de mettre tout cela par terre - Pas de "partage" de responsabilité, à la fois impraticable et très critiquable pour ne pas dire interdit du point de vue du TNP - Construction de plusieurs dizaines voire d'une centaine d'ASMP supplémentaires, adaptation des Eurofighters allemands et d'autres appareils pour pouvoir les tirer, et système de double clé pour leurs TNA, similaire au système de contrôle des B61 dont Washington partage le contrôle avec plusieurs pays européens, Allemagne, Belgique, Italie, Pays-Bas ainsi qu'avec la Turquie. Car oui, il ne s'agirait pas de garantir l'Allemagne seule, mais plusieurs alliés dont l'Italie ferait clairement partie, et je dirais aussi la Pologne. Si l'objectif est vraiment de donner des signes de sécurisation de l'essentiel du continent européen contre des menaces extérieures, et si la Russie ne fait pas partie de la solution (...et pourquoi pas, d'ailleurs ? ...mais évidemment ça changerait tout) alors il n'est certes pas nécessaire de donner ces signes à l'égard de tous les pays d'Europe, mais il faut certainement au moins un pays en Méditerranée, et probablement un aussi en Europe centrale. Question de couverture géographique, en un certain sens, sachant aussi que les deux directions "d'intérêt" du point de vue de la sécurité pour la péninsule européenne sont le Sud et l'Est - Sécurisation plus poussée - pour effet politique seulement, en réalité l'actuelle suffirait mais le volume peut faire une "meilleure impression" - de la capacité française de seconde frappe. Dans l'immédiat passage à un cycle opérationnel de 30 jours d'entretien au lieu de 50 après chaque mission de 70 jours, permettant de maintenir 2 SNLE à la mer en permanence. Mise en chantier du 5ème SNLE permettant au bout de quelques années de revenir au rythme 70+50 plus détendu, tout en maintenant les 2 bâtiments à la mer avec leurs 160 - au lieu de 80 - ogives nucléaires de 100+ kt - Frais supplémentaires soit ASMP sous double clé + 5ème SNLE + part des coûts de R&D et maintenance à charge de l'Allemagne, l'Italie et la Pologne - Système à compléter éventuellement de "garanties" britanniques - les mêmes guillemets sont de rigueur bien sûr - dans le cas où Londres désirerait faire l'effort de construire des armes aéroportées afin de pouvoir en mettre sous double clé avec tel pays du continent, et ne pas laisser les Français pérorer tout seuls, ni De Gaulle s'esclaffer dans sa tombe sans que Churchill aussi ne puisse se payer une pinte de bon sang - Aucune participation de l'UE à quelque titre que ce soit. Rappelons qu'il s'agirait de construire des arrangements simples et fonctionnels, on ne pourrait donc pas laisser la superstructure européenne s'y impliquer le moins du monde. D'ailleurs, de même que la sortie de la Grande-Bretagne ne changera pas ses alliances, l'éventuel démantèlement de l'UE, ou la sortie de tel ou tel pays membre, ne changerait en rien les arrangements de sécurité hypothétiques dont on parle Disposer d'armes nucléaires stationnées sur votre territoire, même sous double clé, et des armes fournies par un allié qui dispose d'une capacité crédible de seconde frappe, ça n'est pas une "garantie" nucléaire au sens où la propagande américaine a bien voulu le présenter, et qui a toujours été mensonger, mais ce n'est pas rien non plus. Si un agresseur potentiel n'accorderait guère de crédibilité à une promesse de Paris du genre "si si, j'vous jure, si vous menacez la vie de <pays allié> j'vous atomise", il devrait tenir compte du risque d'enchaînement plus grand lié à la présence d'armes nucléaires opérées par les Allemands, les Polonais ou les Italiens sous double clé. Il devrait aussi tenir compte du fait que pour Paris, refuser d'autoriser une frappe de dernier avertissement par des Allemands ou des Italiens dans le cas où elle serait absolument nécessaire pour stopper une agression menaçant le territoire de leur pays, ce serait affaiblir dans une certaine mesure sa propre crédibilité pour effectuer une frappe de dernier avertissement. Donc ce n'est pas tout à fait inutile d'un point de vue concret, et du point de vue de la sécurisation psychologique ça pourrait j'imagine remplir un besoin. Besoin qui n'existe pas à l'heure actuelle, mais comme les choses pourraient - qui sait - bouger rapidement... Ah oui, j'oubliais ! Et le désarmement ? Ben c'est très simple, la France a actuellement environ 300 TN opérationnelles. Si l'on rajoute rapidement 100 ASMP sous double clé, plus à terme la charge d'un 5ème SNLE donc 4 jeux de M51 au lieu de 3, on reste de toute façon assez nettement en-dessous de 500. Pendant ce temps, Etats-Unis et Russie ont chacun près de 5000 armes maintenues en état de fonctionnement, sans compter celles qui restent "en attente de démantèlement", d'ailleurs ça fait longtemps qu'elles attendent tiens c'est bizarre hein. Donc la situation ne change pas par rapport à aujourd'hui, la France reste absolument non concernée par les négociations de désarmement nucléaire. Quand les deux gros seront descendus à un nombre total d'armes très en-dessous du millier, on pourra envisager de discuter, et pas avant. Y a le temps de voir venir. Il pourrait d'ailleurs être utile dans le scénario ci-dessus que la France prenne des engagements explicites auprès de ses alliés européens de ne pas désarmer sans les consulter. Ça n'est interdit par aucun traité, ça ferait plutôt bien dans l'image, et c'est d'ailleurs tout à fait conforme à l'intérêt français.
  6. Oui en lisant "escalade diplomatique" je pensais deux choses : - Où ai-je déjà entendu parler d'escalade dans un contexte de relations internationales ? Voyons voyons... Ah oui, il s'agissait d'escalade militaire. Ouf je croyais avoir perdu la mémoire, me voilà parfaitement rassuré - C'était qui l'Otto qui disait que "la diplomatie sans les armes c'est la musique sans les instruments" ? Ah oui, Bismarck. C'est au même qu'on attribue généralement cette sentence "There is a special providence for drunkards, fools, and the United States of America". Bon certes, il s'est peut-être trompé, et alors en fait des conséquences graves seraient possibles quand même ? Allons allons il est bon parfois de secouer le cocotier, ou comme on dit en Mewicanie "to rock the boat" T'as ton gilet de sauvetage ? Eh qui vivra verra ! A propos, je note que le cycle opérationnel des Triomphant avec sa durée de 120 jours dont 70 de mission suivis de 50 d'entretien pourrait facilement être raccourci à 100 jours voire moins, dont 30 seulement d'entretien, comme c'était le cas à la fin des années 80 avec un cycle de 90 jours au total dont 20 d'entretien. Ce qui permettrait d'avoir en moyenne non 3 * (70/120) = 1,75 SNLE en patrouille, mais en moyenne 3 * (70/100) = 2,1. D'où possibilité de permanence à la mer de 2 SNLE en permanence, doublant la capacité de frappe en second, le seul prix étant une probable usure légèrement plus rapide des bâtiments donc besoin de les renouveler deux à trois ans plus tôt ce qui ne poserait pas de problème. Pourquoi avoir 160+ TN opérationnelles en permanence plutôt que 80+ ? Pour rien, mais... pourquoi pas en fait ?
  7. Je ne crois pas que Trump soit à la recherche de carottes pour négocier avec la Chine. Il semble plutôt en train de ramasser tout ce qu'il trouve et qui pourrait ressembler à un bâton utilisable contre Pékin. Après, le gouvernement chinois pourrait théoriquement choisir de s'en fiche royalement, modèle "le crachat du crapaud n'atteint pas la blanche colombe" et autres "ça m'en touche une sans faire bouger l'autre" comme aurait dit mon Jacquot. Ça pourrait être la meilleure tactique... si elle était réaliste, ce que j'ai beaucoup de mal à croire. D'une part les enjeux concrets pour Pékin sont bien réels. L'accès au marché américain, et encore le statut de la Chine vis-à-vis de l'OMC, même sans imaginer que Trump n'aurait pas la possibilité de faire tout ce qu'il veut, il est difficile pour le gouvernement chinois d'ignorer tous les risques de dégâts si Trump se "lâchait" vraiment. D'autre part et peut-être surtout les enjeux symboliques semblent difficiles à ignorer. Si les Etats-Unis augmentaient le niveau de la provocation jusqu'à reconnaître officiellement le gouvernement taïwanais, ils placeraient la Chine devant ce choix cornélien soit de rompre les relations diplomatiques avec eux - et alors dégâts commerciaux aïe aïe aïe - soit d'accepter qu'un pays peut avoir des relations diplomatiques à la fois avec Pékin et Taipei - et alors c'est sur le plan politique que les dégâts seraient incommensurables.
  8. Heureux comme un aigle en Suisse ? S'agissant de Bolton, et gardant à l'esprit qu'il affirme toujours que la décision d'envahir l'Irak était la bonne, et bien sûr que seule la décision de retrait était critiquable - pas un partisan de la méthode du retrait ce gars ça paraît clair - peut-on entretenir l'espoir qu'il guide Trump vers un succès tout aussi remarquable avec la Chine que Bush a eu avec l'Irak ? Ça risquerait d'être quelque chose de vraiment super super, du tout fumant. Pensez à l'échelle de la Chine comparée à celle de l'Irak !
  9. Y a des offres intéressantes avec le bunker PLUS le dispositif d'accueil et de bienvenue destiné aux visiteurs à l'impromptu. Je peux te mettre en contact si ça t'intéresse. Faut reconnaître que le Donald est en train de passer la vitesse supérieure s'agissant des provocations pressions sur Pékin. Je sais pas pourquoi, mais je comprends tout à coup beaucoup mieux les interrogations, doutes & affres de quelques-uns de nos amis d'outre-Rhin Voici ce qui semble être la citation exacte de Trump : John Bolton quant à lui disait en janvier dernier que le prochain président Aucune idée si Trump serait prêt à suivre Bolton jusque là.
  10. Juste pour signaler ce nouveau fil Dissuasion nucléaire européenne, voire allemande ? Nan, parce qu'outre-Rhin on en parle. Et à Bruxelles parait-il on chuchote et s'interroge. Si...
  11. Juste pour signaler ce nouveau fil Dissuasion nucléaire européenne, voire allemande ? Nan, parce qu'outre-Rhin on en parle. Si...
  12. Voici l'éditorial du FAZ où l'option nucléaire allemande était évoquée (en allemand) J'avoue que ce débat ne me plait guère, et j'espère qu'il s'éteindra bientôt. Mais la question est suffisamment importante pour à mon avis mériter son propre fil.
  13. C'est un sujet dont à Berlin on n'aurait jamais voulu parler. Un sujet qui ne s'évoque qu'en petit comité, un débat dont beaucoup disent qu'il ne faut pas le tenir en public. Et pourtant les Allemands commencent à en parler. Un article dans le Spiegel où l'on évalue l'option d'une dissuasion européenne, un éditorial dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung a même évoqué l'option d'armes nucléaires allemandes. On avait déjà remarqué que les Allemands étaient vraiment troublés par la perspective du président Trump. Ça se confirme... Voici la version anglaise de l'article du Spiegel. La version originale n'est pas en accès libre. Je traduis juste des extraits, je conseille la lecture de tout l'article qui est bien informé et considère la question de manière assez approfondie.
  14. Aussi peu démocratique qu'il soit, le régime iranien est quand même beaucoup plus dépendant du soutien de sa population que ne l'est le régime nord-coréen. Le contrôle de l'information disponible pour les citoyens n'a pas grand chose à voir non plus. Si le régime l'estime nécessaire, pour raison de sécurité par exemple, il pourra maintenir sans guère de terme prévisible la fermeture du pays. Les sanctions économiques ne peuvent pas non plus aller "trop" loin, je veux dire jusqu'à provoquer un effondrement de l'économie nord-coréenne. D'une part il n'est pas certain que ce soit si facile, le régime étant de mémoire devenu très compétent pour ce qui est d'utiliser des réseaux criminels, par exemple au Japon, ou de se procurer des devises en vendant des technologies balistiques ou nucléaires à l'international. D'autre part et surtout, la Chine le refuse, et c'est très compréhensible. La Corée du Nord est leur voisin, ils veulent une frontière stable, et par dessus tout ils ne veulent pas des troupes américaines sur leur frontière. Or c'est bien ce qui risquerait de se produire si le régime s'effondrait et que la réunification coréenne avait lieu sans un cadre précis de "neutralisation". Il n'y a pas plus de 800 km entre la frontière nord-coréenne et Pékin. Pas beaucoup plus, pour prendre une comparaison, qu'entre la frontière ukrainienne et Moscou. Prendre le risque de se retrouver avec des troupes américaines en Corée du Nord, c'est totalement inacceptable pour la Chine. Le régime nord-coréen a une crainte qui semble tout à fait sincère des entreprises américaines de "changement de régime". Les noms de l'Irak et de la Libye sont utilisés par leur propagande. Le passage du programme nucléaire au stade opérationnel et la préparation d'une dissuasion non seulement régionale mais même intercontinentale ne se comprennent pas sans cet "impératif de survie" que l'activisme notamment américain en matière de renversement de gouvernements a porté à l'incandescence. Les intérêts de sécurité des Nord-Coréens sont d'autant plus sérieux que les Etats-Unis durant la guerre de Corée ont littéralement rasé Pyongyang avec leurs bombardiers. Certes, c'était il y a deux générations, mais il n'y a jamais eu de réconciliation, et la légitimité du régime est fondée en grande partie sur sa capacité à protéger le peuple coréen d'un monde extérieur rempli d'ennemis, avant tout l'impérialiste Amérique, ses hommes de paille du gouvernement sud-coréen, et les pauvres Sud-Coréens trompés par leurs gouvernants et esclaves des Américains. Je parle de la propagande nord-coréenne bien sûr. J'ai trouvé ce livre très éclairant. La race des purs : comment les Nord-Coréens se voient. Ici un entretien avec son auteur. Le mot "race" dans le titre est justifié par le soubassement clairement ethnique de l'idéologie nord-coréenne, ce sont les Coréens en tant que peuple biologiquement défini qui sont considérés comme particulièrement purs et vertueux, donc vulnérables. Comment premièrement maintenir une paix solide, deuxièmement s'assurer que le régime ne fait rien de véritablement dangereux tel qu'une aide à la prolifération nucléaire ou balistique, troisièmement renforcer les chances d'une libéralisation à terme de ce régime ? La réponse me semble claire : il faut le rassurer dans un premier temps. Dans un second temps développer les relations, notamment économiques. Qu'il s'agisse de convaincre ses dirigeants qu'ils ne sont pas en danger - besoin de court terme - ou à long terme de décrédibiliser sa propagande interne sur les ennemis féroces contre lesquels il serait le seul rempart, ni les sanctions, ni les dénonciations bruyantes ne vont dans le bon sens, elles sont tout à fait contre-productives. De mon point de vue, pour ce qui est de la "carotte", une négociation devrait mettre sur la table la levée complète des sanctions économiques, un traité de paix en bonne et due forme, une reconnaissance discrète du statut de puissance nucléaire du Nord - un peu comme vis-à-vis d'Israël, de l'Inde et du Pakistan - ainsi au minimum que des mesures de réassurance militaire concernant les forces américaines stationnées au Sud. Peut-être même le départ des forces américaines devrait-il être sur la table. En apparence cela pourrait sembler traiter les Sud-Coréens par dessous la jambe, mais en réalité Séoul est de très loin supérieur à Pyongyang militairement parlant, et Washington pourrait réaffirmer l'engagement de riposter à tout tir d'ADM du Nord contre le Sud. Pour ce qui est du "bâton", autant être clair, il n'y en a aucun, que cela plaise ou non. Les sanctions sont déjà pratiquement au maximum que peut accepter la Chine, aucune option militaire n'existait avant que Pyongyang ne construise des armes nucléaires à cause de la proximité de Séoul de la frontière, pour ne rien dire d'une option militaire maintenant. En échange de la carotte donc, ce sont des accords de coopération économique qui seraient demandés - permettant l'investissement dans des "zones spéciales" pour les Sud-Coréens et les autres, comme il en existe déjà pour l'investissement chinois - ainsi bien sûr que des mesures de réassurance concernant le transfert de toute technologie balistique ou nucléaire à une autre partie. En somme, il s'agirait de transcrire dans un accord avec la Corée du Nord les garanties de non-transmission de technologie nucléaire incluses dans le TNP, ainsi que celles du traité sur la technologie des missiles. Aucune demande de désarmement nucléaire ne serait réaliste. Le loup qui sourit et parle de paix à l'agneau ne peut en même temps lui demander de lâcher son principal atout, sinon il ne fera que confirmer les pires soupçons. Je ne veux pas dire que la Corée du Nord est un pur agneau et Amérique ou Japon des loups... je veux dire que c'est vraiment la manière dont la plupart des Nord-Coréens voient les choses. Même sans doute leurs élites, on ne baigne pas impunément depuis sa naissance dans un milieu sans en adopter au moins une partie des idées dominantes, même si on fait partie des rares à disposer d'une meilleure information. A terme, et probablement pas très rapproché, l'installation de l'accord de paix dans le paysage, ainsi que la multiplication des liens concrets, donc des occasions pour des Nord-Coréens de prendre conscience de ce qui se passe à l'extérieur, de voyager peut-être même, au moins en Corée du Sud, finirait par saper la légitimité du régime. Qu'il se libéralise progressivement, ou qu'il s'effondre quelque jour - lointain. La Chine a un régime dictatorial, mais il n'a pas grand chose à voir avec la folie de l'ère Mao, le Grand Bond en Avant, la Révolution Culturelle, et l'essentiel du laogai a disparu. S'agissant d'un petit pays intrinsèquement faible comme la Corée du Nord, adopter une politique de paix et de coopération serait à tout prendre un changement beaucoup moins impressionnant, et beaucoup moins risqué, que ne l'a été le revirement de Nixon faisant la paix avec un meurtrier de masse de la dimension de Staline voire d'Hitler, je veux dire le président Mao. Par comparaison, Kim Jong Un n'est certes pas recommandable, mais c'est un "diable" bien petit et bien peu dangereux.
  15. La position officielle à Pékin est que Taiwan appartient à la Chine et lui reviendra un jour. La position officielle à Taipeh est que la réunification ne peut avoir lieu tant que le parti communiste exerce sa dictature en refusant des élections libres. A noter que ces deux positions ne sont pas nécessairement incompatibles... avec la "bonne" échelle de temps certes Les sondages à Taiwan donnent à peu près 40 ou 50% favorables à une déclaration d'indépendance, en contradiction donc avec la position officielle des autorités. Mais j'ai beaucoup de mal à imaginer un gouvernement taïwanais quel qu'il soit franchir le pas d'une telle déclaration. D'une part ça ne servirait pas à grand chose, quel en serait l'intérêt pratique pour Taiwan ? D'autre part et surtout il s'agit d'un casus belli au sens le plus littéral du terme. Si Taipeh déclarait son indépendance, ce n'est pas qu'une guerre serait possible, c'est qu'une guerre aurait lieu. La Marine chinoise a un nombre particulièrement élevé de bâtiments de débarquement. Ce n'est pas par hasard. Je ne pense pas que les Etats-Unis aient besoin de la Chine pour traiter avec la Corée du Nord. La politique des "sanctions" est inefficace, comme généralement toute politique qui ne prendrait pas en compte les intérêts fondamentaux de sécurité de la Corée du Nord. La rencontre avec Kim Jong Un pour négocier un accord de paix dont avait parlé le candidat Trump était une bonne idée. Ce serait la meilleure politique nord-coréenne possible pour le président Trump. Sur l'utilité du coup de fil avec la présidente de Taiwan comme "pique" destinée à prouver qu'on n'a pas peur du partenaire avec lequel on se prépare à négocier probablement durement - sur le plan commercial - je suis d'accord. Si c'est ce que Trump a en tête, ça me semble bien joué. S'il vise à susciter une déclaration d'indépendance taïwanaise pour prouver à Pékin que c'est lui le chef et c'est comme ça et puis c'est tout, alors c'est extrêmement stupide et dangereux. Dangereux dans le sens beaucoup de morts.
  16. Vive la Coopération Fraternelle™ entre Russie, Chine et Inde !
  17. Ça me rappelle soit dit en passant un extrait d'un bouquin de Français ayant voyagé un peu partout en Union Soviétique dans les années 70, Rue du Prolétaire Rouge paru en 1978. Ils signalaient dans leur description de la vie en URSS et leur galerie de types humains une attitude minoritaire, mais pas excessivement rare non plus, celle de gens qui prenaient systématiquement le contre-pied de ce que disait la propagande officielle, qui affirmaient donc par exemple que Pinochet était un grand démocrate. La preuve ? Ben, le PCUS dit le contraire, alors ça doit être vrai ! Ils ne claironnaient pas ce genre de position bien sûr, qui n'était discuté qu'en privé entre personnes de confiance. Même ça aurait été hyper-dangereux à l'époque de Staline, et à l'époque de Brejnev ça ne pouvait passer qu'à condition d'être discret. Je ne dis pas que les grands médias défendent les positions des gouvernements et surtout des puissants intérêts privés de la même manière que les médias soviétiques défendaient les positions du parti communiste. C'est plus compliqué, d'une part le comportement n'est pas absolument universel, d'autre part il est plus habile, enfin il n'y a pas que des positions défendues consciemment mais aussi des effets de groupe, un comportement moutonnier et intolérant en somme. Mais le parallèle a une certaine validité quand même. Et certains des plus conscients et des plus énervés par la propagande peuvent faire la même erreur que les Soviétiques admirateurs de Pinochet par inversion simpliste de leur propagande officielle... La "demande" existe probablement, mais elle est marginale. Ce qui n'est pas marginal du tout, c'est une méfiance prononcée envers les principaux médias, et celle-là est sans doute encore moins marginale aux US que chez nous. Le problème évidemment c'est que quelqu'un qui se méfie de tout média devient par là-même vulnérable aux théories conspirationnistes. Parce que si on a menti sur telle chose... on a pu aussi avoir menti sur telle autre. Ce qui est d'ailleurs strictement vrai ! Mais il faut évidemment tempérer et filtrer sévèrement ce constat au moyen de la culture générale, de la multiplication des points de vue et au final du bon sens. La source de cette méfiance prononcée ? Eh bien, les "fake news" bien sûr ! Ceux qui les dénoncent et s'inquiètent de leurs ravages ont parfaitement raison. Pas les fausses nouvelles parues chez Alex Jones ni les histoires de complot de lézards évidemment. Non, les fausses nouvelles colportées et mises en avant et utilisées, parfois jusqu'à l'hystérie, si souvent avec en tête des intérêts autres que ceux du public par les "grands médias" eux-mêmes ! Pour développer le sujet il faudrait un fil à part entière. Je n'en dis pas plus, sauf cette petite vidéo amusante "Les 10 théories du complot qui se sont révélées vraies". C'est-à-dire autant d'exemples de ce qui était des mensonges d'Etat, souvent soutenus par la plus grande presse... et qui font maintenant partie de l'Histoire en tant qu'exemples passés de complot. Si un nombre non négligeable de gens en sont arrivés à croire que les Américains ne sont jamais arrivés sur la Lune, ou que des lézards à forme humaine contrôlent nos gouvernements, c'est la faute à leur manque de bon sens certes... mais aussi et d'abord à cette longue histoire de mensonges d'Etat avec le soutien de la "meilleure" grande presse.
  18. Quarante-huit ans après, il rejoint le premier Russe dans l'espace Youri Gagarine R.I.P.
  19. Cet article est très - trop - caractéristique de certains des pires travers d'une grande partie de la "grande presse" ou supposée telle. Rien que des commentaires autour du sujet, et les réactions d'un tel, d'un autre tel, et le rappel de telle "sortie" assez stupide du même dans le passé - comme comparer l'UE et l'Allemagne nazie - et encore autre chose... tout pour éviter de prendre position, voire même de simplement informer, voire même de simplement laisser la question posée... Johnson avait-il raison cette fois ? Qu'un gouvernement, le britannique en l'occurrence mais le français n'est pas mieux, fasse semblant de ne pas voir l'évidence pour raison diplomatique, je ne dis pas que j'approuve la politique, mais enfin ce gouvernement est du moins en train d'appliquer une politique, bonne ou mauvaise, donc il est dans son rôle. Qu'un "grand" journal fasse la même chose, il se transforme en simple annexe du gouvernement, et les journalistes en courroies de transmission, sortant complètement de leur rôle, et alors à quoi servent-ils ? Si je veux lire un message gouvernemental, il existe des sites Internet officiels pour cela, pourquoi payer un journal papier, ou s'embarrasser de publicité en lisant le journal en ligne ? Un journaliste digne de ce nom aurait non seulement décrit les réactions d'un tel et de tel autre, il aurait au moins rappelé des éléments permettant de se faire un jugement sur le fond, notamment la Saoudie joue-t-elle le marionnettiste de conflits à l'étranger et déforme-t-elle l'islam ? Je note soit dit en passant que toute personne soutenant que la Saoudie ne déformerait pas l'islam signale qu'elle a une opinion extrêmement négative de cette religion. Johnson, entre autres choses, défendait par cette remarque l'honneur de tous les musulmans qui ne sont pas des fanatiques obtus. Rien que pour cela, il devrait plutôt être félicité... Et puis il y a toujours une place pour celui qui met les pieds dans le plat et dit à voix haute "ce qui ne se dit pas entre gens biens"... mais est à la fois vrai et important.
  20. Rôooh comment as-tu pu douter ? Homme de peu de foi ! Absolument. Il serait très malavisé et dangereux de tenter sérieusement d'utiliser des provocations lourdes au sujet de Taiwan comme levier de pression sur la Chine. Comme tu le dis, les Chinois peuvent être tout aussi passionnels que n'importe qui. En ce qui concerne les questions de nationalisme, j'irais même jusqu'à suggérer : davantage. Cela dit, il n'est pas clair que ce soit ce que prévoit Trump. Le fameux coup de fil peut parfaitement être une simple maladresse, ou encore ça peut être une pique volontairement choisie assez petite pour ne pas vraiment faire mal, tout en passant le message à Pékin qu'on n'a pas froid aux yeux : si on peut "jouer" avec ce sujet-là, même un petit peu, alors quand il s'agira de sujets moins émotionnels et moins dangereux, vous allez voir ce que vous allez voir ! Trump a quand même un historique de plusieurs décennies dans les affaires et le spectacle, donc dans les deux cas des activités avec une dimension manipulatoire. Je le pense tout à fait capable de choisir consciemment une telle entrée en matière. Tout en sachant fort bien jusqu'où ne pas aller trop loin. Nous parlons quand même d'un type qui s'est dit prêt à rencontrer Kim Jong Un pour parler de paix. Bref, exactement ce qu'un président américain devrait tenter, sauf que lui est le premier à au moins en parler. Qu'après avoir montré cette compréhension du point de vue de l'autre - le souci prééminent de la sécurité qui anime le pouvoir nord-coréen - face à ce qui reste une petite puissance même si ce sont des emm...eurs, il se montre incapable de se mettre un minimum à la place de ce qui est rien de moins que la deuxième puissance mondiale... ça me semblerait bizarre.
  21. Alexis

    Le F-35

    Pour compléter je tombe sur cette étude et simulation qui tendrait à montrer qu'un F-18E/F peut décoller d'un tremplin, oui. Evidemment, seuls des essais en vraie grandeur permettraient d'être certain, pour le F-18E/F comme pour le Rafale. M'enfin il y a là quelque chose de rassurant pour la Royal Navy quand même.
  22. Alexis

    Le F-35

    C'est peut-être le problème principal en effet. Pour aller au-delà de 2018, il y a la commande de 28 appareils par le Koweit, et on a parlé de mettre la ligne de production en veilleuse ("go cold") pendant un certain temps. Mais enfin il est difficile d'imaginer la ligne d'assemblage des Typhoon rester ouverte nettement au-delà de 2020, même avec toutes les mesures temporaires et de sauvegarde possibles. Donc à moins que les Etats-Unis ne décident rapidement, genre l'année prochaine, que le F-35 c'est fini - ce qui n'est quand même pas le plus probable il faudrait que la main de Houpe Orange ne tremble pas du tout - il est difficile d'imaginer l'expression d'un besoin Sea Typhoon à temps. Quant à redémarrer une chaîne interrompue, et avec le risque technique du système de caméras et / ou d'automatisme qu'il faudrait mettre au point, ce ne serait pas impossible non... mais l'achat d'appareils étrangers qui fonctionnent serait beaucoup plus prudent. Le F-18E/F pour raison politique si il peut décoller d'un tremplin (aucune idée ???). Sinon il ne resterait que Rafale et Sukhoï-33 et là, oui Dassault aurait sa chance. Mais pas avant ! Les Frogs, c'est moins pire que les Russkoffs, mais comparés aux Américains...
  23. C'est la question première en effet, que posait déjà Hemingway en termes forts Disons que s'agissant du Donald, on devrait être fixé l'année prochaine...
  24. Alexis

    Le F-35

    Le "Sea Typhoon" exigerait de telles modifications qu'il serait impraticable, c'est ce que j'ai entendu aussi, sans pouvoir remettre la main sur les arguments techniques précis. Concernant le Rafale... de fait ! J'avais manqué l'info. Et encore là.
  25. Je perçois chez toi beaucoup d'enthousiasme... à mon sens très prématuré. D'abord, la comparaison avec le Japon dont la monnaie était effectivement sous-évaluée au début des années 1980 a une certaine validité oui. Mais il y a des différences importantes : - Le Japon était un allié, donc d'une part dépendant de Washington pour sa sécurité alors que l'URSS était toujours debout et d'autant plus "pliable" aux injonctions du Grand Frère américain, d'autre part évidemment il n'y avait aucun risque que des disputes commerciales dégénèrent en affrontement stratégique voire militaire. La Chine n'est pas un allié, elle est indépendante pour sa sécurité, elle a beaucoup plus d'ambition nationale que le Japon, et la dérive vers un affrontement stratégique a déjà commencé. - Le Japon avait un potentiel intrinsèque nettement inférieur à celui de l'Amérique, pour simple raison de population, quelles que soient les performances - impressionnantes - de son économie. La Chine a un potentiel humain nettement supérieur à celui de l'Amérique. Même si l'on compte la seule proportion de sa population qui vit dans les zones côtières et profite et contribue pleinement au développement, c'est sans doute davantage que la population américaine. Quant à ses exportations et à la taille de son industrie c'est déjà un peu plus que l'Amérique. - L'Amérique d'alors, quels que soient les doutes de l'après-Vietnam et de la présidence Carter, n'avait pas derrière elle trente ans de déficits, de mauvaise gestion, d'utilisation puis d'abus de la position dominante du dollar, sans oublier de déclin relatif de ses performances éducatives et de décrochage économique et maintenant même sanitaire (!) de la majorité de sa population . Aujourd'hui, l'Amérique veut changer, elle veut rebondir, elle est prête à accepter des politiques surprenantes voire brutales pour y parvenir. Ça c'est pour l'aspect positif, et c'est bien pour cela que Sanders a pu monter si haut, et que Trump a pu être élu. Mais ça n'efface pas tout le reste.
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