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[Irak] passé, présent, avenir


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avec tous les stocks qui traîne dans les dépôts syrien/irakiens qui ont été pillés par l'EI, c'est étonnant qu'ils en utilisent pas face aux hélico ou aux avions d'attaque

De ce qu'on en sait, les stocks syriens pris au début de l'insurrection dans des bases de l'armée de l'air ne l'ont pas été par l'EI, et ont soit été consommés soit le matériel n'est plus opérationnel c'est quand même fragile comme matériel.

Du côté irakien on a pas eu vent qu'ils en aient récupérés, et les derniers MANPADS vus en action étaient des FN-6 chinois, pas  en dotation ni chez les syriens ni les irakiens donc importés par réseau extérieur, du soudan a priori.

Modifié par debonneguerre
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L'EI aurait exécuté 150 femmes qui avaient refusé de se marier avec des djihadistes
 
Le ministère des droits de l'homme irakien a annoncé, mardi 16 décembre, que l'Etat islamique (EI) avait exécuté 150 femmes, dont certaines étaient enceintes, parce qu'elles avaient refusé de se marier à des combattants du groupe terroriste, rapporte l'agence de presse turque Anadolu. 
 
[...]

« De nombreuses familles ont également été forcées de quitter la province au nord de la ville d'Al-Wafa après que des centaines de résidents ont reçu des menaces de mort », précise Anadolu. Le ministère irakien a ajouté que de nombreux enfants étaient morts dans le désert après avoir quitté la ville. L'Etat islamique a également exécuté, en public, la militante pour les droits des femmes Samira Salih Al-Nuaimi, à Mossoul, en Irak, après qu'elle avait critiqué le groupe terroriste sur sa page Facebook.
 
 
Putain de barbares... 
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Il y a le "aurait" de rigueur dans cet article. Je ne doute pas une seconde que ces gars soient des barges, après gare à la tentation de leur mettre tout et n'importe quoi sur le dos.

Parce que l’exécution de femmes enceintes ça me rappelle quelque chose de 1991.

 

Et tu as bien raison de te méfier ;). Selon Iyad El-Baghdadi, le conseil tribal irakien réfute cette histoire ...

 

Iraqi tribal council issues angry refutation of the story about "150 women killed by ISIS for refusing marriage". pic.twitter.com/12NeH4IW8A

— Iyad El-Baghdadi (@iyad_elbaghdadi)

December 17, 2014
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Il y a le "aurait" de rigueur dans cet article. Je ne doute pas une seconde que ces gars soient des barges, après gare à la tentation de leur mettre tout et n'importe quoi sur le dos.

Parce que l’exécution de femmes enceintes ça me rappelle quelque chose de 1991.

 

C'est tout à fait possible. Par contre le meurtre de la militante est plus probable. Par contre il fallait être inconsciente pour oser les défier sur internet en restant sur place.

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L'EI aurait exécuté 150 femmes qui avaient refusé de se marier avec des djihadistes

 

Depuis quand les barbus du Daesh demande son autorisation pour se marier avec une femme ?

 

Qu'ils auraient tués autant de femme, peut être mais je doute que ce soit pour les motifs qui sont invoqués (surtout au vu de l’appétit de certains de leurs membres).

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Un des cing Dingo des Peshmergas détruits par un IED

 

#Peshmerga Dingo armoured vehicle destroyed by #ISIS IED in push towards Mt Sinjar #Iraq - 5xDingo from #Germany pic.twitter.com/gH4HYFpbpi

— Joseph Dempsey (@JosephHDempsey)

December 19, 2014

 

Ils utilisent des HJ-8 chinois

 

#Peshmerga #Iraq using #China HJ-8 ATGM on #HMWWV - anti-tank sys prev supplied to #Syria op groups + known #ISIS use pic.twitter.com/g0L6E1PZjj

— Joseph Dempsey (@JosephHDempsey)

December 19, 2014
Modifié par Arnaud D.
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ca commence à faire de l'effet on dirait, des gros vilains liquidés en irak.

 

Daech subit plusieurs revers en Irak

 

http://www.lefigaro.fr/international/2014/12/19/01003-20141219ARTFIG00364-daech-subit-plusieurs-revers-en-irak.php

 

Plusieurs chefs de l’État islamique ont été éliminés par la coalition internationale

 

http://www.opex360.com/2014/12/19/plusieurs-chefs-de-letat-islamique-ont-ete-elimines-par-la-coalition-internationale/

Modifié par zx
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"Lignes de défense" annonce de nouveaux gros contrats d'armement US pour l'armée irakienne. 190 M1A1 par exemple, ce qui doublera le parc blindé de Bagdad.

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2014/12/20/les-coups-de-pouce-du-state-departement-a-l-armee-irakienne-13153.html

Modifié par collectionneur
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  • 3 weeks later...

Ottawa accusé d'avoir menti sur l'engagement militaire contre l'EI

Ottawa - L'accrochage en Irak entre des forces spéciales canadiennes et le groupe État islamique (EI) suscitait mardi la colère de l'opposition à Ottawa, selon qui le gouvernement n'a pas dit la vérité sur la participation du Canada à la coalition internationale.

Présent sur la ligne de front pour préparer le bombardement de cibles de l'organisation ultra-radicale, un commando canadien s'est retrouvé sous le feu de jihadistes et a répliqué en mettant hors d'état de nuire un mortier et une mitrailleuse.

Aucun canadien n'a été blessé lors de l'affrontement, a indiqué l'état-major en annonçant lundi cet échange de coups de feu, survenu au cours des sept derniers jours.

Il s'agit du premier engagement au sol révélé entre un pays de la coalition et l'EI.

Si l'armée canadienne a plaidé l'autodéfense, le principal parti d'opposition, le NPD, a plutôt jugé que cet incident venait changer la nature de la mission canadienne en Irak. Cette dernière, telle qu'approuvée début octobre par le Parlement, ne prévoit aucun engagement militaire au sol, mais uniquement des attaques aériennes et la formation de l'armée irakienne et des milices kurdes.

Maintenant qu'on sait que les Canadiens sont impliqués dans les combats (au sol, ndlr), on dit que ce n'est toujours pas une mission de combat. Les hommes et les femmes qui sont là-bas méritent mieux que les jeux de mots du Premier ministre. C'est une question d'intégrité gouvernementale, a regretté le chef du Nouveau parti démocratique (gauche), Thomas Mulcair, lors d'une conférence de presse.

Le Premier ministre Stephen Harper a promis aux Canadiens qu'il consulterait les élus du peuple à la Chambre des Communes si jamais on voulait être impliqué dans des missions de combat. Et il ne l'a pas fait, a ajouté M. Mulcair. Il n'a pas dit la vérité, M. Harper.

Le gouvernement a immédiatement balayé ces accusations, assurant la mission militaire canadienne en Irak de son appui à 100%. Le mouvement jihadiste international a déclaré la guerre au Canada et à ses alliés. Nous devons faire face directement à cette menace et c'est exactement ce que fait le gouvernement, a dit à l'AFP le porte-parole du Premier ministre Harper, Jason MacDonald.

Nous allons continuer à soutenir la coalition internationale dans la lutte contre l'EI, a-t-il poursuivi, accusant l'opposition, qui avait voté contre la mission en Irak, de préférer voir le Canada se tenir en marge pendant que d'autres (pays) se battent pour nous.

Relativement méconnue avant son avancée éclair l'été dernier en Syrie et en Irak, jusqu'aux portes de la capitale Bagdad, l'organisation radicale État islamique est désormais combattue par un front composé des Etats-Unis, de la France, du Royaume-Uni, du Canada, de l'Australie, du Danemark, de la Belgique ou encore de la Jordanie et du Qatar. Plus d'une soixantaine de pays sont impliqués dans la coalition internationale.

(©AFP / 20 janvier 2015 18h49)

Ottawa accusé d'avoir menti sur l'engagement militaire contre l'EI

Ottawa - L'accrochage en Irak entre des forces spéciales canadiennes et le groupe État islamique (EI) suscitait mardi la colère de l'opposition à Ottawa, selon qui le gouvernement n'a pas dit la vérité sur la participation du Canada à la coalition internationale.

Présent sur la ligne de front pour préparer le bombardement de cibles de l'organisation ultra-radicale, un commando canadien s'est retrouvé sous le feu de jihadistes et a répliqué en mettant hors d'état de nuire un mortier et une mitrailleuse.

Aucun canadien n'a été blessé lors de l'affrontement, a indiqué l'état-major en annonçant lundi cet échange de coups de feu, survenu au cours des sept derniers jours.

Il s'agit du premier engagement au sol révélé entre un pays de la coalition et l'EI.

Si l'armée canadienne a plaidé l'autodéfense, le principal parti d'opposition, le NPD, a plutôt jugé que cet incident venait changer la nature de la mission canadienne en Irak. Cette dernière, telle qu'approuvée début octobre par le Parlement, ne prévoit aucun engagement militaire au sol, mais uniquement des attaques aériennes et la formation de l'armée irakienne et des milices kurdes.

Maintenant qu'on sait que les Canadiens sont impliqués dans les combats (au sol, ndlr), on dit que ce n'est toujours pas une mission de combat. Les hommes et les femmes qui sont là-bas méritent mieux que les jeux de mots du Premier ministre. C'est une question d'intégrité gouvernementale, a regretté le chef du Nouveau parti démocratique (gauche), Thomas Mulcair, lors d'une conférence de presse.

Le Premier ministre Stephen Harper a promis aux Canadiens qu'il consulterait les élus du peuple à la Chambre des Communes si jamais on voulait être impliqué dans des missions de combat. Et il ne l'a pas fait, a ajouté M. Mulcair. Il n'a pas dit la vérité, M. Harper.

Le gouvernement a immédiatement balayé ces accusations, assurant la mission militaire canadienne en Irak de son appui à 100%. Le mouvement jihadiste international a déclaré la guerre au Canada et à ses alliés. Nous devons faire face directement à cette menace et c'est exactement ce que fait le gouvernement, a dit à l'AFP le porte-parole du Premier ministre Harper, Jason MacDonald.

Nous allons continuer à soutenir la coalition internationale dans la lutte contre l'EI, a-t-il poursuivi, accusant l'opposition, qui avait voté contre la mission en Irak, de préférer voir le Canada se tenir en marge pendant que d'autres (pays) se battent pour nous.

Relativement méconnue avant son avancée éclair l'été dernier en Syrie et en Irak, jusqu'aux portes de la capitale Bagdad, l'organisation radicale État islamique est désormais combattue par un front composé des Etats-Unis, de la France, du Royaume-Uni, du Canada, de l'Australie, du Danemark, de la Belgique ou encore de la Jordanie et du Qatar. Plus d'une soixantaine de pays sont impliqués dans la coalition internationale.

(©AFP / 20 janvier 2015 18h49)

Ottawa accusé d'avoir menti sur l'engagement militaire contre l'EI

Ottawa - L'accrochage en Irak entre des forces spéciales canadiennes et le groupe État islamique (EI) suscitait mardi la colère de l'opposition à Ottawa, selon qui le gouvernement n'a pas dit la vérité sur la participation du Canada à la coalition internationale.

Présent sur la ligne de front pour préparer le bombardement de cibles de l'organisation ultra-radicale, un commando canadien s'est retrouvé sous le feu de jihadistes et a répliqué en mettant hors d'état de nuire un mortier et une mitrailleuse.

Aucun canadien n'a été blessé lors de l'affrontement, a indiqué l'état-major en annonçant lundi cet échange de coups de feu, survenu au cours des sept derniers jours.

Il s'agit du premier engagement au sol révélé entre un pays de la coalition et l'EI.

Si l'armée canadienne a plaidé l'autodéfense, le principal parti d'opposition, le NPD, a plutôt jugé que cet incident venait changer la nature de la mission canadienne en Irak. Cette dernière, telle qu'approuvée début octobre par le Parlement, ne prévoit aucun engagement militaire au sol, mais uniquement des attaques aériennes et la formation de l'armée irakienne et des milices kurdes.

Maintenant qu'on sait que les Canadiens sont impliqués dans les combats (au sol, ndlr), on dit que ce n'est toujours pas une mission de combat. Les hommes et les femmes qui sont là-bas méritent mieux que les jeux de mots du Premier ministre. C'est une question d'intégrité gouvernementale, a regretté le chef du Nouveau parti démocratique (gauche), Thomas Mulcair, lors d'une conférence de presse.

Le Premier ministre Stephen Harper a promis aux Canadiens qu'il consulterait les élus du peuple à la Chambre des Communes si jamais on voulait être impliqué dans des missions de combat. Et il ne l'a pas fait, a ajouté M. Mulcair. Il n'a pas dit la vérité, M. Harper.

Le gouvernement a immédiatement balayé ces accusations, assurant la mission militaire canadienne en Irak de son appui à 100%. Le mouvement jihadiste international a déclaré la guerre au Canada et à ses alliés. Nous devons faire face directement à cette menace et c'est exactement ce que fait le gouvernement, a dit à l'AFP le porte-parole du Premier ministre Harper, Jason MacDonald.

Nous allons continuer à soutenir la coalition internationale dans la lutte contre l'EI, a-t-il poursuivi, accusant l'opposition, qui avait voté contre la mission en Irak, de préférer voir le Canada se tenir en marge pendant que d'autres (pays) se battent pour nous.

Relativement méconnue avant son avancée éclair l'été dernier en Syrie et en Irak, jusqu'aux portes de la capitale Bagdad, l'organisation radicale État islamique est désormais combattue par un front composé des Etats-Unis, de la France, du Royaume-Uni, du Canada, de l'Australie, du Danemark, de la Belgique ou encore de la Jordanie et du Qatar. Plus d'une soixantaine de pays sont impliqués dans la coalition internationale.

(©AFP / 20 janvier 2015 18h49)

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à noter que quelques tensions commencent à apparaitre entre les partis kurdes (PKK et KDP ) après la déclaration de la faction armée yézidie (MFS si je ne me trompe pas ) de son désir d'autonomie . Le KDP accuse le PKK d'être derrière le coup histoire de créer une zone d'influence en Irak ( à savoir le shingal )

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à noter que quelques tensions commencent à apparaitre entre les partis kurdes (PKK et KDP ) après la déclaration de la faction armée yézidie (MFS si je ne me trompe pas ) de son désir d'autonomie . Le KDP accuse le PKK d'être derrière le coup histoire de créer une zone d'influence en Irak ( à savoir le shingal )

 

Pourtant ça pourrait être intéressant pour les kurdes, c'est un territoire de plus pris à l'irak. 

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Pourtant ça pourrait être intéressant pour les kurdes, c'est un territoire de plus pris à l'irak. 

 

J'avais parcouru une page facebook représentant les kurdes irakiens ( page  anglophones), ou le cas des yezidis faisaient débat. Tous admettaient que ce qu'il leur arrivait était malheureux, mais pour aller les aider, les avis chez les kurdes irakiens semblaient partagés. Certains affirmaient que les yezidis sont des kurdes, et même les kurdes les plus anciens, d'autres que peut être mais que ça n'étaient pas vraiment prouvé. Les yezidis parlant une langue proche du kurde, mais qui n'est pas le kurde parlé par les autres kurdes. ça et le fait que c'est un courant religieux très anciens ( c'est une religion à part entière, ils ne sont pas musulmans). Certains disaient qu'ils pratiquent la religion originel des kurdes avant l'arrivée des musulmans.

Il me semble qu'il y a eu des bisbille entre kurdes irakiens et yezidis, sur le mont sinjar, ces derniers reprochant au premier de ne pas être intervenu plus tot, volontairement, pour les aider contre l'EI, même si au final, il y sont allés.

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Les Yézidis sont t'il allé en aide à leurs frères Kurdes contre Sadam ou la Turquie ?

En tapant sur Google se lien :

Religioscope ,analyse sur les yézidis .

De très bonnes explications sur les liens entre yézidis et kurdes .

 

 

Edit et correction :

 

http://religion.info/french/articles/article_633.shtml#.VMDEbkeG9SI

 

 

tu peux lire la suite sur se lien ce-dessus ,qui apporte des informations très intéressante ,ainsi que les notes de l'auteur .

 

 

 

Analyse: les yézidis, entre nationalisme kurde et identité réinventée d'une minorité religieuse

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Allan Kaval

11 Dec 2013

Kurde mais non-musulmane, la minorité yézidie est minoritaire parmi les minoritaires. Bien qu'elle suscite depuis longtemps fascination et spéculations, elle demeure un objet difficile à appréhender. Ses origines historiques, les sources religieuses de sa tradition, la nature même de ses pratiques et le nombre de ses membres sont aujourd'hui encore débattus. La situation des yézidis, en marge des Etats-nations où ils sont présents, contribue à pérenniser ce flou, continuellement alimenté par les dangereuses mécaniques identitaires auxquelles cette communauté doit faire face, aussi bien au Kurdistan, dont elle est originaire, que dans le Caucase ou dans la diaspora. 

Depuis l'arrivé des premiers missionnaires européens dans le Kurdistan ottoman, les yézidis fascinent les observateurs extérieurs. Kurdes mais non-musulmans ; non-musulmans mais historiquement exclus de la condition de dhimmi [1], ils font figure de minoritaires parmi les minoritaires, de marginaux parmi les marginaux. A cela s'ajoutent des pratiques auréolées de mystère et une réputation sulfureuse d'adorateurs du diable. Cette idée reçue, aussi fallacieuse que tenace, leur a valu des persécutions constantes de la part de leurs voisins musulmans et a fait d'eux une curiosité pour orientalistes. En cause, un système religieux syncrétique mêlant des apports de différentes traditions gnostiques et au cœur duquel on retrouve la présence sacrée de Malek Tawus, l'Ange Paon, le plus puissant des sept anges qui dirigent le monde, que les croyances populaires musulmanes - reprises par certains observateurs hâtifs - ont pu identifier à tort à la figure de Satan. Les yézidis apparaissent certes comme une singularité théologique; mais, loin de ces lieux communs, leur trajectoire historique met surtout en évidence les grands enjeux du fait minoritaire dans les espaces post-impériaux russo-soviétique et ottoman.

Aujourd'hui encore, ce qui touche aux yézidis demeure nimbé d'un halo indistinct. Leur nombre n'est pas connu avec précision. Les estimations oscillent amplement entre 200 000 et 1 000 000 de personnes [2], la fourchette basse de cet ordre de grandeur paraissant plus proche de la réalité.

La majorité des yézidis - entre 120 000 et 500 000 personnes - vivent en Irak, essentiellement dans les zones contrôlées par le Gouvernement régional du Kurdistan. C'est là que se trouvent leurs principaux foyers de population ainsi que leur sanctuaire, la vallée de Lalish. Les quelques 15 000 yézidis de Syrie [3]descendent, pour une part importante, de réfugiés ayant fui les persécutions turques à l'époque du mandat français sur la Syrie (1920-1946). La présence yézidie en Turquie se limiterait aujourd'hui à quelques familles, l'essentiel de la communauté ayant quitté le pays pour l'Allemagne dans les dernières décennies du XXe siècle, fuyant les persécutions renouvelées de leurs voisins musulmans et les affrontements entre l'armée turque et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) [4].

Dans le Caucase se trouve l'autre branche du monde yézidi, en Arménie et dans une moindre mesure en Géorgie. Descendants de tribus yézidies d'Anatolies venues se réfugier en terre chrétienne au cours du XIXe siècle, les yézidis du Caucase ont essaimé dans toute l'ex-URSS et comptent de nombreux expatriés en Allemagne.

Oralité, mémoire et histoire 

L'appartenance à la communauté yézidie est héréditaire. La religion des yézidis étant essentiellement une orthopraxie, la prière n'y a pas une importance fondamentale. Elle se définit sur le plan religieux par le respect d'un volumineux corpus d'interdits, notamment alimentaires, par l'observance de règles et d'obligations, par des rites intervenants aux moments importants de la vie et par la célébration de fêtes annuelles. Si les lieux de culte ne jouent pas un rôle important dans la vie religieuse, la vallée sacrée de Lalish, berceau du yézidisme, situé dans l'actuel Kurdistan d'Irak, est un lieu de pèlerinage où chaque yézidi était tenu de se rendre une fois par an.

 

Ce système normatif est assorti d'une catégorisation en trois «castes» [5]héréditaires et endogames, les Pirs, les Cheikhs et des Mourides, auxquelles sont attribuées des fonctions sociales et religieuses distinctes. Si les mariages entre deux individus issus de castes différentes sont évidemment proscrits, certaines familles appartenant à la même caste peuvent n'être pas autorisées à nouer des unions matrimoniales du fait de l'incompatibilité de leurs lignées. La transmission de l'héritage religieux est essentiellement oral [6] et se fait au moyen de chants sacrés, d'hymnes et d'épopées qui participent également de la mémoire historique de la communauté.

L'importance de l'oralité dans la tradition yézidie rend délicate l'étude des conditions historiques de leur origine en tant groupe distinct. Suivant les auteurs, les yézidis sont présentés tantôt comme les héritiers d'une secte islamique qui se serait progressivement détachée de la communauté des croyants, tantôt comme les dépositaires d'éléments religieux empruntés aux anciennes religions de la Mésopotamie et de la Perse antiques ou du mithraïsme. La littérature contemporaine admet cependant que le yézidisme est issu de la rencontre entre un système religieux pré-islamique, encore vivant dans les montagnes isolées du Kurdistan plusieurs siècles après leur conquête par les musulmans, et les enseignement d'un mystique soufi originaire de la Bekaa, Cheikh Adi (*1073 ou 1078 - †1160 ou 1163), qui s'est établi dans la région au début du XIIe siècle. Peu de choses distinguaient au départ les disciples de Cheikh Adi des autres ordres mystiques musulmans; mais, génération après génération, leurs pratiques religieuses virent ressurgir en leur sein des éléments hétérodoxes de plus en plus affirmés. Innovations dérogatoires au dogme musulman ou rémanences préislamiques, ces usages attirèrent sur les yézidis l'hostilité de leurs voisins musulmans, encouragés par des autorités politiques et religieuses. Garantes de l'orthodoxie islamique, ces dernières avaient également fort à craindre la puissance militaire de cette communauté dissidente, qui regroupait alors des tribus kurdes comptant parmi les plus puissantes.

Certaines d'entre elles se convertirent cependant à l'islam aux XVIe et XVIIe siècles, quand les rivalités entre les dynasties ottomanes et safavides leur offrirent des ouvertures politiques et économiques que la condition d'infidèle ne leur aurait pas permis de saisir. Le reste de la communauté s'en trouva durablement affecté. Les pillages et les massacres devinrent alors monnaie courante et s'accentuèrent au cours du XIXe siècle, si bien que plusieurs tribus yézidies furent contraintes de trouver refuge en Transcaucasie.

Le tournant du XXe siècle, marqué par les premiers massacres arméniens, par les tentatives d'éradication violentes des autres minorités religieuses anatoliennes ainsi que par le chaos de la Première Guerre mondiale, fut à son tour funeste aux yézidis. Plus tard, le sort que leur réservèrent les Etats nations établis dans l'entre-deux guerre au Moyen-Orient ne devait guère être plus enviable. Les frontières tracées sur la dépouille de l'Empire ottoman au sortir de la Grande guerre divisèrent durablement une communauté visée - aussi bien en Turquie qu'en Irak et en Syrie - par les politiques d'assimilation ou d'épuration ethnique menées par les autorités centrales, que ce soit en tant yézidis non-musulmans ou en tant que Kurdes non-arabes. 

Les yézidis et le nationalisme kurde 

Kurdophones dans leur très grande majorité [7], les yézidis se distinguent exclusivement par leur religion d'un monde kurde par ailleurs très divers, contrairement à la majeure partie des chrétiens et des juifs du Kurdistan, qui ont pour langue maternelle différents dialectes de l'assyrien moderne. Cependant, la place des yézidis dans le récit national kurde pose question. Le nationalisme kurde commença en effet à se développer dans les tout derniers moments de l'Empire ottoman, grâce l'influence exercée par les idéologies nationales issues des minorités arméniennes ou grecques sur une élite intellectuelle urbaine kurde très réduite. Il s'agit d'un nationalisme tardif, qui n'a pas bénéficié, comme le nationalisme des dhimmis, de la transmission précoce des idées occidentales, d'un alphabet propre et de l'apport structurant d'une Eglise organisée et appelée à servir de base à la nation à venir.

Aussi, alors que l'Empire ottoman entrait dans son ultime phase de décomposition, le fait national kurde restait encore tributaire d'une ligne de fracture interne et cardinale entre musulmans et non-musulmans. La singularité kurde ne put alors s'affirmer qu'au sein de l'islam et par rapport à des identités arabes et turques qui s'y inscrivaient également. On ne pouvait bâtir d'identité kurde qu'à l'intérieur de la catégorie absolue à laquelle la très grande majorité de ceux qui étaient appelés à l'embrasser se trouvaient : l'islam sunnite. La construction d'une «kurdicité» séculière, en mesure de transcender le clivage entre musulmans et yézidis, représentait un idéal que seuls quelques intellectuels occidentalisés et isolés de la société pouvaient envisager.

Aussi, le rapport des yézidis à la kurdicité est toujours demeuré ambigu. Comme les autres nationalismes orientaux, le nationalisme kurde a eu du mal à dépasser la question religieuse au delà des cercles qui adhèrent à une vision romantique et s'inscrivent en rupture par rapport à l'Islam. Dans une telle perspective, l'Islam peut en effet être rejeté à double titre. D'une part, il s'agit d'une religion imposée par des envahisseurs arabes et, d'autre part, l'universalisme dont elle est porteuse s'oppose à l'expression naturelle d'un génie national censé lui préexister et lui être supérieur. En Iran et en Turquie, des corpus idéologiques nationalistes ont exalté l'héritage glorieux des peuples turc et perse, en ravivant la flamme des antiques civilisations anté-islamique dont ils seraient les dépositaires. Placés dans cet environnement idéologique, les nationalistes modernistes kurdes sont eux aussi partis en quête de grands ancêtres qui pourraient justifier leur place dans le concert des nations. Par la singularité de leur religion, les yézidis sont apparus à certains intellectuels nationalistes comme les héritiers de ce passé refoulé par l'islamisation. Ils se sont ainsi transformés à leurs yeux en derniers représentants d'une kurdicité authentique, non encore corrompue par un universalisme musulman lui-même identifié implicitement aux politiques d'assimilation dont les Kurdes sont victimes dans les quatre Etats qui se partagent désormais leurs territoire.

L'intérêt de certains nationalistes kurdes pour les yézidis est intervenu au moment d'un certain revival zoroastrien dans le monde iranien, dans lequel l'espace kurde s'inscrit, ce qui conduit à une identification latente les deux religions dans les discours. Bien qu'ayant peu à voir d'un point de vue historique et théologique, zoroastrisme et yézidisme sont frappés du sceau de l'authenticité pré-islamique et fournissent au nationalisme kurde une profondeur historico-mythologique qui, quoique confuse, a pu se montrer relativement efficace. Certains yézidis du Caucase, redécouvrant ainsi leur religion à la chute de l'URSS, ont pu même adhérer à l'identification contestable des pratiques de leurs ancêtre aux zoroastrisme. La perception des yézidis comme gardiens d'une identité kurde authentique est toujours relayée par les discours de personnalités politiques kurdes. A titre d'illustration, Massoud Barzani, président de la Région autonome du Kurdistan d'Irak, où se trouvent la majorité d'entre eux ainsi que leur sanctuaire, a pu déclarer que les Kurdes d'avant l'Islam étaient yézidis et qu'à ce titre les yézidis incarnaient les caractères originels de la nation kurde.

 

Si l'on peut déceler dans de tels discours les traces résiduelles de la version romantique du nationalisme kurde telle qu'elle a pu se développer au XXe siècle, ces déclarations sont également à mettre en relation avec le souci d'intégration de la communauté yézidie au sein du Kurdistan autonome après 2003 [8]. L'implantation géographique des yézidis d'Irak est en effet associée à des enjeux politiques importants du point de vue du leadership kurde. Historiquement implantés dans la région de Mossoul, les yézidis occupent un territoire situé aux confins des régions historiquement influencées par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de M. Barzani et des zones de peuplement arabe sunnite où des groupes radicaux islamistes, liés à al-Qaïda, ont pu commencer à opérer alors que le pays sombrait dans le chaos suite à l'intervention américaine de 2003. Cibles naturelles pour les islamistes radicaux, les yézidis n'ont eu d'autre choix que de quitter les grandes villes de l'Irak arabe où ils avaient pu s'établir, de regagner leurs terres historiques et de se placer sous la protection des autorités kurdes. Cette évolution profite au gouvernement régional du Kurdistan, lui permettant d'affermir son emprise dans des zones démographiquement mixtes et donc disputées, et de valoriser auprès de ses interlocuteurs occidentaux son rôle de protecteur des minorités; elle profite également au PDK, qui retire des avantages électoraux de cette clientélisation face à ses rivaux politiques internes sur la scène kurde.

Ces développements récents n'obèrent cependant pas l'ambigüité persistante des relations qu'entretiennent les yézidis d'Irak avec leur kurdicité. En effet, si l'espace kurde est marqué par une certaine exceptionnalité, puisque ses acteurs dominants n'ont pas abandonné leur base idéologique nationaliste et séculière, le Kurdistan d'Irak, situé au cœur du Moyen-Orient, ne peut pas rester entièrement étranger à la confessionnalisation du champ politique et aux crispations communautaires l'œuvre partout ailleurs dans la région. Les relations des yézidis avec leurs voisins musulmans demeurent problématiques: les tensions qui les affectent se fixent notamment sur des questions de nature matrimoniales. On recense plusieurs cas de mariages entre de jeunes femmes yézidies et des hommes musulmans qui, célébrés sans l'assentiment par ailleurs impossible des parents de la mariée, ont déclenché des vendettas, des crimes d'honneur et des expéditions punitives d'une grande violence. Une affaire de cette nature a même été aggravée en 2007 par l'intervention de groupes islamistes dans la région de Mossoul: suite à la mort d'une jeune fille yézidie accusée de s'être convertie à l'Islam pour se marier, ces groupes ont frappé la communauté en son cœur par un meurtrier attentat au camion piégé.

A cela s'ajoute la réalité d'une société kurde affectée par un repli relatif sur des valeurs religieuses traditionnelles: celui-ci, conjugué à un certain sentiment de frustration sociale et politique exprimé par les plus jeunes, peut se traduire par des explosions de violences ponctuelles ciblant directement ou indirectement les membres des minorités religieuses. Ce fut notamment le cas fin 2011, dans le nord du Kurdistan d'Irak, après qu'un imam ait fustigé dans son prêche du vendredi la présence de boutiques d'alcools dans les villes du Kurdistan, lançant ainsi une foule en colère vers ces commerces qui se trouvent être tenus par des chrétiens mais également par des yézidis.

Ces événements se détachent d'une atmosphère générale où la défiance demeure assez commune, même si la coexistence entre les communautés reste globalement pacifique au regard de ce qui prévaut dans le reste de l'Irak et dans la Syrie voisine. Les autorités kurdes contribuent largement à ce que l'équilibre soit maintenu en assurant la protection des yézidis sur le plan sécuritaire et en louant, sur le plan politique et médiatique, les bienfaits de la tolérance et de la pluralité religieuse. Sans paraître en danger imminent d'éclatement, cet équilibre reste relatif, d'autant que le repli identitaire de la majorité musulmane se répercute sur une minorité yézidie, dont les responsables pourraient être tentés par une construction identitaire en dehors de la kurdicité. Si cette voie devait être empruntée par l'ensemble de la communauté, le rôle qu'y joueraient les yézidis de l'espace post-soviétique serait central.

 

Modifié par gibbs
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Après les quelques rares personnels français d'unités conventionnelles déployés depuis l'été (notamment des artilleurs) avec les forces spéciales du côté du Kurdistan, déploiement d'une petite centaine de militaires à Erbil et à Bagdad, pour 2 DIO Génie (génie combat et contre-IED), un "DIO Etat-major" au sein de la 6ème division irakienne, et des éléments de soutien/protection autour de ces DIO :

 

http://www.defense.gouv.fr/operations/actualites/chammal-point-de-situation-du-12-fevrier

 

http://www.rfi.fr/moyen-orient/20150212-irak-groupe-etat-islamique-empare-al-bagdadi/

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