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aqva

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  1. Il est pas improbable ce scénario, mais complètement impossible. Il n'y a jamais un mec qui débarque, prend tout d'un coup, au mépris de toutes les réalités historiques, culturelles et ethniques, sans que personne ne pipe mot. Sinon faire l'UE aurait été une cure de jouvence, les cités grecques seraient unies en moins de deux, le saint empire romain germanique serait devenu la puissance dominante européenne et pas le terrain de jeu de ses voisins. Dans l'Histoire, non seulement les scénarios d'union sont rares, mais en plus ils demandent des siècles de volonté continue pour avoir une assise et une puissance dominante dans l'ensemble, elle même solide en interne, qui puisse forcer les récalcitrants à accepter l'union. Rien de tout cela en Afrique La guerre symétrique avec des grosses opérations c'est bon pour l'époque des Etats nations occidentaux centrés sur le XIXème-XXème siècle, époque qui n'a jamais eu cours à aucun moment dans la grande majorité des pays africains et encore moins avec une UA fantasmée. Ca peut exciter des imaginations (voir autre chose :-X) d'imaginer des combats entre de gros PA avec plein de chasseurs qui brillent, mais dans ce scénario c'est de la pure science-fiction, même en faisant un énorme effort d'imagination du fait du caractère uchronique du scénario. Autant ajouter l'Etoile Noire au scénario, ça ne nuira pas à la crédibilité du truc. :lol:
  2. Elle est arrivée après coup le 15 aout, trop tard pour peser sur les évènements. Le reste de l'armée géorgienne avait déja cessé d'exister en tant que force militaire. C'est l'élement politico-militaire mentionné plus haut, le plus important qui définit une armée. L'armée géorgienne a subi une inflation artificielle financée par les US, dans un Etat fragile et corrompu à de nombreux échelons (notamment par le système de patronage d'unités et la politique intérieure qui poussait à l'aventurisme militaire): le bilan avait peu de chances d'être brillant. Pour revenir à nos moutons, Zimumba aura peu de chances de faire mieux et même avec un excellent matériel, son outil a toutes les chances d'être stratégiquement et opérationnellement nul malgré les conseillers chinois, tant son Etat sera fragile, récent avec sans doute de la corruption massive à tous les échelons. Le ratio de pertes aurait pu augmenter considérablement (en masses de prisonniers faits par les russes) si les russes avaient poursuivi l'armée géorgienne après sa déroute au lieu de se contenter de tenir leurs acquis. Ce qui donne l'illusion d'un "kill ratio" relativement équilibré pour ceux qui pensent selon cette mesure et non d'une manière globale. Je partais du principe que dans un conflit moderne, en principe on ne massacre pas un ennemi qui s'enfuit mais on le fait prisonnier. Comme tu le dis, ce n'est pas vrai pour la plus grande partie de l'histoire humaine. :-[
  3. Les habitants sont délibérément empêchés de revenir et l'intérieur des maisons brulé pour être inutilisable. Allez voir les photos sur google: c'est une vraie ville fantôme ravagée. A noter que tout cela ne concerne que misrata et non l'ensemble de la libye dont le bilan est bien pire encore. Par exemple au mois une centaine de morts, probablement plus, récemment à Koufra dans les affrontements entre arabes et toubous.
  4. Faux: les géorgiens visaient précisément à prendre la capitale de l'ossétie du sud, ils n'ont pas pu être attaqués "dans le dos" vu que c'était leur objectif et que les milices ossètes ont simplement défendu leur capitale face à une aggression géorgienne visant à tout prendre avant que les russes ne puissent réagir. Quant au front abkhaze et le raid sur Poti, ils ont pris les géorgiens par surprise, mais ces évènements sont en grande partie postérieurs à la déroute géorgienne en ossétie en fin de matinée du 10 aout et il n'y pas eu de jonctions, ils n'ont pas eu d'influence là dessus. Les pertes ont été relativement faibles du fait de la fragilité de l'armée géorgienne qui s'est très vite effondrée: l'histoire militaire prouve qu'il y'a moins de morts quand un des adversaires ne se bat plus. :lol: Quant à l'aviation, la défense sol-air géorgienne était en effet une de ses rares composantes qui tenait un peu la route, ce qui n'a pas empêché l'aviation géorgienne de disparaitre très rapidement des écrans radar. Rapport de Sapir (qui n'écrit pas que des conneries) là dessus: (partie 1) https://docs.google.com/viewer?a=v&q=cache:z3RXm7JeWQIJ:www.iris-france.org/docs/pdf/forum/2008_09_09_ossetie1.pdf+&hl=en&pid=bl&srcid=ADGEESjyXNL5nyTO1dzhj49rOAYXjVK-0_WIYUcH61fiGV3nEQhdeXZAPwP_LuSElNQ55UmHQERHHk9HhkQSMdggzg2NcT3u1h04zZYuxzNtDtX9079wmLATpQSVjDFQnBz5Hdmbq-7d&sig=AHIEtbSanPDKO5zZbRYdjjUm2QsbbMvMEg (partie 2) https://docs.google.com/viewer?a=v&q=cache:8C5_4lS68gkJ:www.iris-france.org/docs/pdf/forum/2008_09_09_ossetie2.pdf+sapir+g%C3%A9orgie+sale+petite+guerre&hl=fr&gl=fr&pid=bl&srcid=ADGEESjHD1rSQ3VXFdaEqEc7Kd-xL-XHBiWjwyoaibxwlRUY3rgQ1y6WuPY5ovYENGR5f9cZiqkQ93NgdWOZLpkYBhKDTul_--VseeDk__7eZebkS81jnOOKP2kk1x1Bsltab7NhLRKp&sig=AHIEtbQ38rwADRErwxtiqCNTFAq3i60rEg
  5. Ouep, on finit toujours par parler politique quand on analyse une organisation humaine et ses causes de fonctionnement ou dysfonctionnement. :lol: De ce point de vue Zimumba est un vrai géant aux pieds d'argile. Par comparaison la Prusse a mis 55 ans à obtenir quelque chose de tangible après la période de patriotisme des guerres napoléoniennes, dans un contexte de nationalisme pan-germanique beaucoup plus fort que le pan-africanisme éventuel, avec un état à la fois solide, bien ancré et fortement dominant en Allemagne qui a réussi à évincer son seul concurrent sérieux l'Autriche (et aussi grâce à la bêtise des dirigeants des autres puissances). Aucun Etat comparable n'existe en Afrique, pas de structure préexistante pour mener l'union ni du noyau dur... Rien.
  6. D'ailleurs elle ne maitrisait pas les tactiques les plus simples des barrages d'artillerie de la première guerre mondiale, ses unités étaient inaptes à la manoeuvre la plus élementaire; même face à une section de miliciens iraniens, il lui fallait mettre un place une préparation d'artillerie et chars massive pour l'enjeu. Un autre contre exemple est l'armée géorgienne: voilà une armée avec du matos américain et israelien moderne, qui a bénéficié du financement américain (au point d'en faire vivre artificiellement l'économie du pays) et de leurs conseillers militaires pendant une période longue. Pourtant en 2008 face aux russes à parité numérique (autour de 20 000 hommes de chaque coté) et avec l'inconvénient pour ces derniers d'avoir des forces acheminés progressivement par le goulot d'étranglement du tunnel de Gori, elle a tenu une journée, une et demi au mieux, après quoi ça a été la débande complète, le reste a été l'exploitation de la victoire russe - les russes auraient pu prendre Tblissi presque sans combat si ils l'avaient voulu. Une armée est dans l'ordre: une organisation politico-militaire, des hommes, un matériel. Le matériel est le facteur le moins important et dont le rôle est le plus faible dans le résultat final.
  7. Bien sur il y'a des degrés plus ou moins grands d'échecs de l'Etat, et le Liban n'est pas la Somalie. Mais mon point est que dans tous ces pays (et bien d'autres...) la légitimité de l'Etat est quelque chose qui doit se négocier en permanence avec d'autres sources d'autorité (comme le hezbollah et d'autres), contrairement à un Etat occidental où la légitimité étatique va de soi et ne souffre pas de contestation. Du moins c'est comme cela que je le vois. :-X :lol:
  8. Je peux t'assurer scientifiquement que les armes des rebelles sont tout aussi capables de faire des trous dans un batiment ou dans un enfant qui n'a rien demandé. A moins de considérer qu'un milicien est plus "noble" qu'un char? Quant à opprimer et tirer aveuglément dans la population, les milices en Libye démontrent tout à fait cette capacité, en fait elles font des crimes de guerre encore pires que Khadafi car elles ne sont pas encadrées par une hiérarchie capable de tenir les rangs une fois la paix revenue, et un pouvoir qui peut et veut maintenir la stabilité et la légalité au long terme. Les partisans alaouites-druzes-chrétiens du régime ont aussi des familles à défendre (pour "se comporter en homme" (sic)) et ont tout à craindre en cas de victoire des milices sunnites à commencer par un nettoyage ethno-religieux comme en Irak. Le monde réel, c'est des milices qui se trouvent en permanence à la frontière entre le grand banditisme mafieux et la bande armée, et qui n'obéiront pas à l'Etat car un "président" a obtenu une sorte d'aura magique nommée "élection". Croire que la paix civile va revenir car une autorité "libre" "démocratique" l'a décrété du haut de son piédestal, c'est vivre dans la fantaisie: l'impuissance du CNT (reconnu insolitement comme seul interlocuteur légitime :lol:) est un bon exemple. Quant à la population lybienne ou irakienne, est elle vraiment plus heureuse que sous Saddam ou Khadafi? Les bourreaux ont simplement changé de camp avec un recul supplémentaire du niveau de vie et plus de violence incontrolée qu'avant. L'anarchie ne veut pas tellement mieux que la tyrannie. Une zone de non-droit qui est un repaire à djihadistes à quelques encablures des côtes européennes, qu'on le veuille ou non cela nous concerne. Ca fait une plaque tournante pour les trafics d'armes, de drogue, les mafias, des bases de repli pour le terrorisme bien mieux située que les camps afghans, une menace sur les approvisionnement en matières premières sur lesquelles est fondée notre économie, un point de passage pour l'immigration illégale: toutes ces choses ont des conséquences et se paient. L'objectif stratégique pour l'Occident reste le maintien d'un ordre stable fondé sur des Etats légitimes, ce qui permet d'avoir des interlocuteur qui ont le même intérêt que nous à lutter conter les phénomènes sus cités et avec qui les menaces conventionnelles, qui sont notre point fort, sont opérantes. Si on intervient pour aider le CNS, cela va à l'encontre de cet objectif. Si on essaie de créer un Etat légitime, c'est l'échec garanti comme en Irak car le nouveau pouvoir que les occidentaux auront crée sera marqué du sceau de Quisling. La meilleure chose à faire et de ne pas intervenir et d'espérer qu'un Etat légitime finira par apparaitre, dans le meilleur des cas possibles un Etat de droit qui est le seul à être solide dans dans la durée (contrairement à une dictature fragile par essence). C'est une autre époque, avec d'autres mentalités, une monarchie française qui a mis des siècles à créer un sentiment national et à construire la France (bien plus que la révolution): on ne peut pas transposer. Même pendant les troubles révolutionnaires, il y'a toujours eu un pouvoir central fort à Paris, capable de contrôler la quasi-totalité de son territoire (seules la vendée militaire et quelques zones chouanes ont pu fonctionner autrement pendant quelques mois: ça fait très peu à l'échelle du pays), capable de faire respecter la loi et de mettre en place une conscription qui n'avait rien d'acquis à l'époque. Les rebelles lybiens ou syriens n'ont aucun de ces attributs qui rélèvent du pouvoir, de la légitimité, de ce qui fait qu'un Etat est respecté et pas obligé de négocier en permanence des miettes du gateau avec des légitimités alternatives qui poussent comme des champignons. Penser que l'Etat est une chose naturelle et acquise, qu'un président est respecté du moment qu'il y met les formes et remporte une élection, c'est un tropisme occidental propre aux deux derniers siècles. Imaginer que la "modernité" changera les choses, c'est de nouveaux Liban, Somalie, Afghanstan, etc. garantis et qui à l'évidence n'évoluent pas dans le sens souhaité. :P
  9. Là, tu fais comme beaucoup de journalistes, tu verses justement en plein dans le storytelling idéologique "le dictateur contre le peuple". Après quoi ce sera la "Démocratie", le "Bonheur" j'imagine. :P Il s'agit en grande partie d'un conflit entre les 60% sunnites et les autres minorités (alaouites, druzes, chrétiens), les frères musulmans sont certains de récupérer le pouvoir avec la chute de bachar pour faire avancer leur agenda islamiste (ce sont les mêmes qui étaient derrière la révolte de Hama en 1982), comme dans tous les pays touchés par le "printemps arabe" (expression déja lourde de sous entendus qui implique une opinion favorable). Dans les réalité, les deux camps ont des casseroles, bachar aussi détestable soit il (et je n'ai aucune sympathie pour ce genre de personnage) n'est pas forcément pire que ce qui suivra son départ à savoir un chaos probable avec des nettoyages ethniques entre les divers camps en présence comme Irak. Mais ça c'est rarement la version de la presse qui préfère verser dans un cliché gentils contre méchants, sans connaitre les dynamiques ethniques ou religieuses à l'oeuvre derrière le mouvement (par ignorance, contraintes de quantité qui prime sur la qualité, etc.). Il n'y a pas besoin d'être sous les bombes pour avoir accès à de telles informations générales, il suffit d'avoir les avis des experts (pas des idéologues), facilement accessibles avec internet, et de regarder ce qui s'est produit ailleurs dans des circonstances proches: c'est pas les exemples qui manquent entre Irak, Egypte, Libye, Yemen, etc. Doit on à nouveau s'ingérer dans une guerre civile qui ne nous concerne en rien et dont les conséquences sont suspectibles de déstabiliser la région, allant au contraire des nos intérêts? Le conflit en Syrie commence déja à s'exporter au Liban, qui n'avait pas besoin de cela, avec aussi des porosités avec l'Irak. Si ca peut te faire ouvrir les yeux: La Libye est "au bord de la guerre civile" (dixit le président du CNT), le CNT a un pouvoir très limité dans la pratique c'est le règne de diverses milices locales qui font régner la terreur et l'anarchie. A koufra il y'a des combats voire des "massacres" entre toubous et arabes: mais que fait BHL? :O En Cyrnénaique et dans le sud le CNT est très impopulaire. Il est même possible qu'une alliance des mécontents se forme contre le CNT en Tripolitaine, incluant warfallas et berbères, pour mener une sorte de contre révolution verte (Saif el islam est toujours vivant et protégé par une des milices hostiles au CNT). Au lieu de "Démocratie", on a une Libye somalisée, pire qu'avant, qui déstabilise toute la région: la rebéllion touareg au Mali en est une conséquence directe. En Irak après l'invasion américaine de 2003, l'interventionnisme a produit le même résultat: fractionnement du pays entre milices, guerre ethno-religieuse, violence incontrolable pour les américains. Inutile d'insister sur la situation au Yemen ou en Afghanistan. En Egypte, les frères musulmans ont la moitié des sièges du parlement, les salafistes le quart. Voilà pour ceux qui s'attendaient à une démocratie libérale à l'occidentale. La Tunisie de par son histoire est plus modérée et "laïque" mais prend la même direction. Les journalistes raisonnent beaucoup en calquant nos raisonnements et valeurs occidentales sur des pays qui historiquement et culturellement n'ont rien à voir, ce qui revient à se fourrer le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Certains propagent même des rumeurs de "génocides" tout à fait imaginaires (comme en Libye), se content d'un copier coller du discours des opposants, ou inventent de toutes pièces des armées de mercenaires étrangers (comme les prétendus mercenaires tchadiens de khadafi ou les iraniens en syrie). Sans parler du viagra qui aurait été distribué à ces mercenaires khadafistes fantomes. :lol:
  10. D'ailleurs les menaces étrangères sur l'Iran sont elles un facteur de survie du régime?
  11. Dispositif standard (bien que 4 compagnies pour un bataillon ça semble beaucoup mais ca doit inclure la compagnie d'accompagnement qui est normalement en arrière en appui par exemple tir indirect des mitrailleuses). On n'aligne plus la totalité de l'effectif devant depuis 1914-1915! La tâche des plus avancés est de servir d'éclairage pour détecter les menaces sans trop de casse (par exemple il est inutile d'envoyer trop de monde prendre le risque de passer dans le champ d'une potentielle mitrailleuse cachée, ça fera juste plus de morts). Tout le dispositif est systématiquement échelonné en profondeur pour amener les renforts dans les brèches (dans la doctrine US-GB-FR c'est l'artillerie qui les crée) et prendre le relais. D'ailleurs je suis déçu de l'impasse faite sur l'art opératif allemand dans l'émission, alors que c'est quand même la meilleure armée à ce niveau pendant la seconde guerre mondiale ET la première (eh wé, les alliés en 1918 ont aussi gagné par le calcul numérique en leur faveur, pas du fait d'une supériorité doctrinale). Il n'y en a presque aucune mention. J'ai l'impression que Goya est dans une ligne de valorisation de l'armée française de 1918 (comme dans son livre la chair et l'acier), et qu'il élude ou diminue les réalisations allemandes pour mieux la mettre en valeur. Par contre il a entièrement raison quand il dit que les armées US et GB sont les successeurs en ligne directe de l'armée française de 1918 puis 1940, avec beaucoup plus de moyens (et une supériorité numérique massive).
  12. Là encore partialité complète du système médiatique qui a d'emblée pris fait et cause pour l'"opposition", le plus consternant étant qu'elle reprend les rapports des "opposants" sans émettre le moindre doute sur leur objectivité ou leur véracité. Où est passé le travail d'investigation, de recherche de la vérité qui est tout simplement le boulot normal de la presse? On dirait du storytelling gentils vs méchants à la BHL, à croire que personne n'a retenu la leçon libyenne et que nos dirigeants ont une mémoire à coté de laquelle un poisson rouge aurait l'air intelligent. Les "opposants" sont vraisemblablement sur le point d'être battus sans aide extérieure plus directe et rapide tant la volonté d'intervention semble être précipitée et le battage médiatique comme à s'accélérer. Pour le reste on a tout simplement pas l'information pour savoir ce qu'il se passe précisément.
  13. Ouep, les gros industriels sont des "puissances" en soi dans l'appareil politique, avec leurs propres objectifs indépendants de la défense nationale (eux s'en foutent) et qui consistent principalement à maximiser les dépenses dans des programmes aussi intensifs en capital que possible (car ce sont les plus rentables). Le problème n'est pas l'existence de ces "puissances", toute organisation humaine à partir d'une certaine taille se met à raisonner en terme de survie et d'expansion indépendamment du monde extérieur, mais que la puissance de ces gros industriels est devenue telle que ce sont eux, de facto, qui décident de la doctrine et imposent leur agenda propre. Ces gros industriels emploient de nombreux généraux à la retraite comme "consultants", des journalistes, financent les politiques proches des questions de défense, ont leurs propres revues internes à l'armée, ont la capacité de peser sur les carrières militaires ce qui leur donne un poids considérable dans l'élaboration de la doctrine qui est là pour servir leurs intérêts, la RMA en étant un cas d'école. On en est arrivé au point où leur influence devient tout simplement incompactible avec l'intérêt national, tant la course au tout-technologique cher prend le pas sur la réflexion stratégie et écarte d'emblée les solutions efficaces mais peu couteuses qui sont pourtant celles qui devraient être favorisées. Aux USA les sommes en jeu sont encore bien plus importantes, ce qui empire le problème qui devient de plus en plus flagrant avec le temps. Un réformateur sérieux du Pentagone devrait commencer en tout premier lieu, avant ne serait ce d'envisager de faire quoi que ce soit d'autre, à réduire la puissance de ces gros industriels pour la ramener à quelque chose de compactible avec l'intérêt national, ce qui consisterait avant tout à limiter bien plus la porosité entre milieux industriels et militaires d'une part, et à couper le financement des gros programmes couteux pour tarir leur source de revenus d'autre part. Mais je vois mal un quelconque politique aller griller son capital dans une telle lutte d'influence, sauf grave menace aux frontières (très peu probable) ou gros désastre militaire qui donne d'un coup une résonnance médiatique aux questions de défense et la transforme en quelque chose d'exploitable électoralement.
  14. Je me suis trouvé à voter plusieurs fois "sans opinion" tant les options proposées étaient toutes... à coté de la plaque. :lol: En dehors de son manque d'intérêt comme prédicteur de vote, ce site montre quand même bien comme le syndrome de la mesurette qui doit résoudre tous les problèmes et n'y arrive jamais est largement présent. Le fait qu'une dépense nouvelle veut dire augmentation d'impôts, qu'une réglementation en plus implique un coût supplémentaire, que les tentatives de manipuler un marché (par exemple en bloquant les loyers) ont des conséquences négatives et n'atteignent jamais leurs objectifs, sont des réalités que les rédacteurs de programme ont encore du mal à intégrer. On ne peut que déplorer le manque total d'innovation dans les programmes de partis politiques complètement à court d'idées, qui tournent tous autour des mêmes mesures qui ont échouent depuis longtemps: emplois jeunes, formation professionnelle, "soutien" aux PME, police de proximité, concours de subventions en tout genre, grande concertation avec les partenaires sociaux, etc. Dans le programme de Hollande (je le prends juste comme exemple, la situation est la même chez les autres candidats), la seule idée vraiment novatrice est la réforme fiscale poussée par piketty, si il va jusqu'au bout de la réforme en supprimant toutes les subventions/incitations fiscales via le remplacement de l'IRPP par la CSG, mais il a récemment reculé sur le sujet et c'est le genre de promesse qui n'est pas tenue ou vidée de sa substance. Le reste est du programme lambda avec un peu plus de rigueur budgétaire du fait de la crise. Pour revenir au sujet: vous croyez sérieusement qu'un seul parti politique (parmi ceux qui ont une chance d'avoir un candidat élu) propose ne serait ce qu'une idée en matière de défense? :lol:
  15. On peut ajouter qu'à ce moment la France est divisée officieusement en une centaine (au moins) de "pays", qui n'ont pas de liens avec les départements actuels (avec autant de lois non écrites, sur lesquelles on a très peu de sources, selon lesquelles fonctionnent la société locale, chose difficile à concevoir aujourd'hui). La vendée militaire se situe autour de Cholet principalement à cheval sur plusieurs départements, le département de la vendée lui n'est pas dans la vendée militaire dans sa partie sud. D'ailleurs en 1950, ces "pays" se retrouvaient encore très bien dans la géographie électorale (c'est devenu de mois en moins vrai avec le temps). On peut ajouter la distinction entre les bourgeois des villes (républicains) et les campagnes.
  16. Ceci dit un gouvernement à la belge devient de plus en plus séduisant en ce moment: alors pourquoi pas un pingouin plutôt qu'une chaise vide? Tant qu'on y est, il faudra penser à mettre un quota à l'Assemblée Nationale, avec obligation de faire des menus avec poisson. Bon je sors...
  17. Le bleu horizon a été choisi quelques mois avant aout 1914, après d'interminables hésitations et essais, la tenue n'a pas eu le temps d'être prête assez tôt. Ce choix s'est fait après rejet du résada (proche du kaki) par peur des confusions avec les allemands et italiens et pour avoir une infanterie "reconnaissable". Et aussi suite à une campagne de presse dénigrant le résada. :O
  18. Le plus drôle dans l'histoire est qu'on présente Reagan comme un libéral forcené. Un président qui a augmenté les tarifs douaniers, fait pression sur le gouvernement du Japon pour diminuer ses exportations et stigmatisé ces horribles japonais qui grâce au libre échange vendaient de bons produits pas cher... Accessoirement il a aussi augmenté significativement la taille du gouvernement et les dépenses de l'état: il a pu tenir un discours libéral à un moment donné, mais ses actes ont été contradiction complète avec ses paroles. Comme quoi certains thèmes en politique ne changeront jamais (hier les japonais, aujourd'hui les chinois, demain qui?). :P
  19. Plus que les problème du programme (qui mettent toujours du temps à se finaliser), ce qui est étonnant est de voir qu'on est passé directement à l'équipement de tous les RI sans vérifier la viabilité du système et qu'un 1 milliard a été dépensé là dedans pour un truc qui si ça se trouve, ne sera jamais au point ou qui sera incapable de démontrer son utilité (à mon avis le système sera même nuisible, arguments donnés plus haut dans le fil). Du point de vue de l'efficacité finale, ce choix est inexplicable. Ca illustre bien un fait qui est que les priorités en matière de Défense sont en grande majorité déterminés par les intérêts industriels et politiques, qui favorisent les programmes les plus chers possibles sans se soucier un instant de leur utilité opérationnelle ou la réalité de la guerre :-[. Au détriment des stratèges et penseurs militaires, qui existent Michel Goya étant un bon exemple - il a d'ailleurs pondu plusieurs posts sur son blog qui abordent la situation de l'infanterie française et lui aussi est bien conscient du peu de poids de mecs comme lui face à un lobby industriel (il a été la cible de la vindicte de Dassault quand il a fait vaguement semblant de critiquer le Rafale en comparant son coût à celle de la paie d'un bataillon ANA). L'avenir à long terme des armée occidentales est l'armée saoudienne: une armée faite pour faire tourner l'industrie (nationale dans notre cas mais ça marche aussi avec une industrie étrangère comme les pays qui achètent tout US), préserver des clientèles politiques et la bureaucratie, avec une efficacité zéro contre la réalité extérieure à son petit monde magique. Dix défaites telles que l'Afghanistan n'y changeront rien: elles n'ont aucun impact politique interne (ça pèse zéro dans une élection) et le système peut continuer à fonctionner indéfiniment tel quel tant que la réalité de la guerre ne viendra pas se rappeler à lui, de manière bien visible et brutale.
  20. On peut ajouter que le niveau tactique faible des deux cotés (voir très faible pour les milices), et particulièrement du coté républicain qui ne pouvait pas faire autre chose que la défense statique (posture en qui demande le moins en compétence). Même coté franquiste, il n'y avait aucune chance de voir une infanterie manoeuvrière comme celle de l'Allemagne. C'est pour cela que le seul moyen à mon avis (et sauf génie visionnaire qui lance une grande réforme à l'appui d'une étude historique du conflit précédent) de voir l'armée française se réformer et éviter 1940, aurait de voir un engagement important à l'Est qui aurait mis clairement en évidence les déficiences de la bataille méthodique face à un adversaire sérieux et un terrain plus une technologie qui n'interdisent pas le mouvement. Contrairement à 1940, l'armée française aurait survécu à une défaite. Ce scénario n'en reste pas moins très improbable et revient à une réécriture massive de la géopolitique des années 20-30... L'armée française a à l'évidence perdu toute culture de mobilité en 1914-1918, ce qui est bien illustré par ses sérieuses difficultés dans le combat en terrain libre pendant les offensives allemandes de 1918. Pour la note, en 1918 il ne restait à peu près plus aucun fantassin de 1914 (chaque division a perdu 7 fois en tués et blessés son ordre de bataille d'infanterie en moyenne). En schématisant beaucoup, je résumerai les causes fondamentales de la défaite de 1940 à deux phénomènes: 1) L'armée française a appris en 1914-1918 a se battre dans le contexte d'une mobilité très restreinte et désappris la guerre mobile. L'armée allemande a elle pu bénéficier de l'expérience des deux fronts, ce qui lui a permis de combiner de les au mieux quand la technologie a rendu la guerre bien plus mobile. 2) Autre point que je n'ai pas mentionné, l'excellence du système institutionnel de Generalstab prussien puis allemand qui n'a pas d'équivalent ailleurs dans le monde en centralisant toute la machine militaire dans les mains d'une poignée de décideurs qui sont l'élite (très réduite en nombre) de l'armée, sont passés par la même école et suivent la même doctrine (celle de la kriegsakademie). L'histoire institutionnelle des armées a encore beaucoup a dire sur le sujet de 1914-1918 et 1940, je détaillerai peut être plus tard.
  21. Plutot d'accord, ceci dit quelques remarques. Pour le 1): victoire défensive assez méconnue, c'est l'action française la plus brillante de la campagne (bien plus que les exemples de Abbeville ou Moncornet :O >:( que l'on entend souvent citer et dans une moindre mesure Stonne Gembloux). Ceci dit, la défense a peut être plus profité d'une erreur allemande, à savoir utiliser les chars en percée sur une ligne défensive bien établie, que d'un commandement extraordinairement bon: les autres attaques notamment l'attaque principale celle du PzG Kleist a utilisé l'infanterie pour faire la percée en réservant les chars à l'exploitation, avec des résultats bien meilleurs. Le 3) est aussi le résultat d'un erreur allemande où les panzerbrigades allemandes étaient tout de même une ineptie sans nom sur le front occidental, contraires à tous les enseignement de la guerre, et qui ont connu la catastrophe à peu près partout où elles ont été engagées. Ce qui n'enlève rien au mérite indiscutable de la 2ième DB, mais une autre GU blindée alliée aurait peut être pu obtenir une victoire semblable? D'accord, d'ailleurs il avait mieux compris intuitivement le fonctionnement de la guerre blindée moderne, de par son expérience des tactiques d'infiltration de l'infanterie, que les théoriciens/visionnaires comme Guderian. Pour la note Rommel est un converti tardif (le mot est faible) aux blindés lors de la guerre de pologne, qui n'avait pas de bagage théorique ni de temps important passé en tant que chef de GU blindé en temps de paix. Pourtant c'est celui qui crée la première tête de pont le 12 mai au soir, perce le premier la défense française dès le 13 mai, avec un axe d'attaque pourtant non prioritaire par rapport à Sedan. Puis il est le premier à trouver la solution contre la défense en hérisson lors de fall rot et là encore à percer.
  22. Choix assez étonnant puisque Dietriech est un amateur sans formation militaire d'officier qui est arrivé à son poste par ses affinités politiques avec le régime nazi (il fait penser à l'autre amateur qui lui est à la tête de toute l'armée allemande). En pratique il a poussé le "commandement depuis l'avant" à l'exagération au point de ne diriger que des actions tactiques locales à la place de ses subordonnés, abandonnant de facto son poste de commandement de division à son EM.
  23. D'accord avec loki: le seul espoir pour les alliés de ne pas être battus dès le début est de mener une bataille d'arrêt statique en étant au moins à parité numérique, donc d'anticiper les axes d'attaque et s'y porter avec les unités les plus mobiles pour avoir une défense déja en place au moment du contact les 12/13 mai à la sortie des ardennes et le long de la meuse. Dans la réalité, une fois que la bataille prend un caractère mobile le 14 mai, on peut considérer que c'est mort et des réserves en plus à Reims et Compiègne n'auraient pas suffi sauf panique du haut commandement allemand (historiquement les 4 DCR en seconde ligne qui ont eu l'ordre de mener les contre attaques n'ont pas eu d'impact sur le plan allemand et ont rapidement fondu, les DI ont ete elle incapables de monter des contre attaques sans appui d'une GU blindée). Ce plan pour survivre au premier round bien sur peu réaliste car il faut connaitre le plan de l'adversaire à l'avance, et on aurait pas éternellement pu anticiper les axes d'attaque allemands lors des "rounds" suivants. Le vrai what if de 1940 aurait été de mettre en 1918 ou 1919 à la tête de l'armée française un général suffisamment clairvoyant pour voir la supériorité de l'infanterie allemande (toute l'infanterie était apte à divers degrés à la manoeuvre, pas seulement les stosstruppen, ce qui n'était le cas d'aucune unité alliée), voir que les allemands ont été capables de pouvoir créer les poches de l'ordre de 60km de profondeur en une semaine et de menacer sérieusement de percer (ce qui n'a jamais été le cas d'une offensive alliée même à l'armistice) . Puis de lancer une grande réforme pour reproduire leur modèle en tachant d'oublier la maladie de la victoire et les mauvaises habitudes acquises lors de la phase de bataille méthodique. Un tel général aurait été un des plus grands génies militaires de l'Histoire tant il est exceptionnel pour une armée victorieuse de se rendre compte que l'ennemi vaincu est plus efficace mais a perdu à cause d'une situation stratégique impossible (et d'une technologie qui met tout le monde à égalité en transformant toute bataille en boucherie). Quand on voit que beaucoup aujourd'hui refusent encore d'abandonner la RMA et ses avatars, ça en dit long sur les difficultés qu'il aurait fallu surmonter! En pratique le seul moyen aurait été probablement d'assister à un conflit dans les années 20 entre l'armée française et un adversaire à notre échelle plus apte à la manoeuvre sur un terrain qui la favorise (du style l'est de l'Europe contre l'URSS ou l'Allemagne), conflit où une armée française aurait pu se prendre une sévère dérouillée sans disparaitre. Alors ça aurait pu ouvrir les yeux.
  24. C'est bien là le problème! :P
  25. A ce sujet j'ai lu un what if intéressant quelque part: adopter une version plus modeste de l'avancée en Belgique, avec annulation de Breda et échange dans le dispositif entre le BEF et la 9ème armée de Corap au sort funeste. L'armée britannique motorisée aurait pu avancer beaucoup plus vite en direction de la meuse pour établir une ligne de défense prête le 12 mai au soir, avec des divisions d'infanterie d'active, ce qui n'a pu être le cas de la 9ème armée composée de DI (dont bon nombre de réserve) ce qui a donné au combat un aspect de bataille de rencontre. Les 7ième et 9ième armée auraient suffi pour remplacer le BEF (élements motorisés de la 7ième armée puis arrivée à pied du reste). Ca aurait facilité les choses à houx et monthermé, bien sûr il y aurait toujours eu un problème à Sedan mais d'une ampleur moindre avec en étant optimiste :P seulement 3 PzD qui percent au lieu de 7, ce qui aurait peut être suffi à voir un ordre d'arrêt beaucoup plus rapide. Naturellement le plus difficile aurait été de convaincre les anglais se s'éloigner des côtes belges, à savoir une possibilité d'évacuation et la défense de leurs intérêts stratégiques. D'accord sur le diagnostic, avec des effectifs équivalents un meilleur déploiement aurait pu retarder une défaite mais pas l'empêcher tant les armées alliées ont de chemin à faire pour apprendre la guerre moderne, sans pouvoir comme l'URSS perdre des millions d'hommes et reculer de milliers de kilomètres.
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