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On ne peut pas dire que l'intégralité du processus soit à mettre au profit de Biden. 

JIM MATTIS, JUSSI NIINISTÖ

https://www.defense.gov/News/News-Stories/Article/Article/1125921/

During their meeting, both leaders “identified ways to continue deepening and increasing the lasting security partnership between the two countries,” Davis said.”

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Puisqu'on parle de Hal Brands, je suis tombé sur cette double recension :

https://digital-commons.usnwc.edu/nwc-review/vol72/iss1/7/

Naval War College Review: Vol. 72: No. 1, 2019

Hal Brands, American Grand Strategy in the Age of Trump, 2018

David Hendrickson, Republic in Peril: American Empire and the Liberal Tradition, 2017

Les deux auteurs s'accordent sur un point fondamental, rendu célèbre à l'aube de la guerre froide par le journaliste Walter Lippmann : la grande dimension stratégique de la politique étrangère consiste à "mettre en équilibre, avec un confortable surplus de puissance en réserve, les engagements et la puissance de la nation" (Brands, p 128 ; Hendrickson, pp 172-75). Comme l'explique Brands, il existe trois solutions génériques à ce problème : (1) "réduire les engagements, rétablissant ainsi l'équilibre avec des ressources réduites" ; (2) "vivre avec un risque accru", soit en pariant que les adversaires ne testeront pas les engagements vulnérables, soit en recourant à des approches plus risquées, telles que l'escalade nucléaire ou la cyberguerre, pour "maintenir les engagements au rabais" ; ou (3) "étendre les capacités et rétablir ainsi la solvabilité stratégique".

En outre, les deux auteurs expriment une certaine admiration pour Richard Nixon et Henry Kissinger qui ont tenté une grande réévaluation stratégique destinée à corriger l'extension excessive de l'Amérique en réduisant certains engagements et en transférant certaines charges aux alliés américains pendant la guerre du Vietnam (Brands, pp 115, 118, 140 ; Hendrick- son, pp 175-80). La différence est que Hendrickson met l'accent sur la réduction des engagements, tandis que Brands met l'accent sur l'augmentation des capacités, afin de combler ce que l'on peut appeler le fossé de Lippmann.

Cela dépend en partie de la manière dont on comprend ce qu'est la grande stratégie. Hendrickson est catégorique : Les Américains ont perdu le nord. Tel un prophète de l'Ancien Testament, il tente de nous rappeler à l'alliance originelle. La suprématie, ou l'empire, n'a jamais été le but ultime de la république américaine. L'objectif du régime américain est de garantir la liberté républicaine, non pas partout - même si l'on peut souhaiter du bien à ceux qui cherchent à l'obtenir ailleurs - mais chez nous, la survie de la liberté en Amérique étant une lueur d'espoir pour ces autres lieux. Hendrickson insiste donc sur la primauté de la politique intérieure. Toutes les grandes décisions stratégiques doivent être évaluées non seulement en fonction de la manière dont elles garantissent la vie et la prospérité matérielle mais, en fin de compte, et plus fondamentalement, en fonction de la manière dont elles garantissent la liberté pour nous-mêmes et pour notre postérité.

Hendrickson est accablant dans sa critique de la suprématie comme une menace pour à peu près tout ce que la république américaine est censée représenter. Les empires ont tendance à avoir besoin d'empereurs - ce qui conduit à des présidences impériales. Depuis le 11 septembre 2001, les présidents ont utilisé l'autorisation initiale d'utiliser la force militaire contre Al-Qaïda pour justifier des interventions, eh bien, presque partout en Asie du Nord-Est, au Moyen-Orient et en Afrique, et le Congrès n'a pas réussi à fournir un contrôle sérieux. Et la croissance croissante de l'État de sécurité nationale - ce que Dwight D. Eisenhower, qui n'était pas un libéral, a appelé le complexe militaro-industriel - constitue un énorme transfert de pouvoir à des élites qui n'ont pas de comptes à rendre. Enivrés par l'idéologie de la diffusion de la démocratie partout, les Américains, comme John Quincy Adams avait prévenu il y a longtemps que cela pourrait arriver, sont partis à l'étranger à la recherche de monstres à détruire, mais sont devenus eux-mêmes des monstres, en semant le chaos avec des guerres inutiles et en créant l'anarchie en Libye et en Irak au nom d'un changement de régime.

Hendrickson préconise donc la retenue, même si elle ressemble beaucoup à un repli sur soi. Craignant d'aggraver encore le conflit, il suggère que la grande stratégie américaine se concentre sur l'évitement d'offenser inutilement. Il serait prudent, pense-t-il, que les États-Unis adoptent une politique d'autolimitation - que d'autres pourraient considérer comme l'acceptation de sphères d'influence, pour la Russie et la Chine en particulier. La guerre avec une Russie renaissante et une Chine montante serait moins probable si les États-Unis changeaient de politique et de stratégie. Les déploiements avancés des forces militaires américaines sont inutilement offensifs et devraient être réduits au minimum. Les stratégies maritimes visant à combattre n'importe où près des côtes chinoises sont indûment provocatrices et probablement vouées à l'échec, tandis que les stratégies d'attrition en haute mer ont de meilleures chances de succès. Conformément à la doctrine Nixon, les États-Unis devraient transférer la charge de la défense et de la dissuasion autant que possible aux alliés régionaux et garder leurs forces en réserve jusqu'à ce qu'elles soient nécessaires. L'approche de Hendrickson, en limitant la portée américaine, pourrait empêcher une extension stratégique excessive, qu'il voit en termes politiques plus que militaires ou économiques. Plus les États-Unis agissent comme un empire, plus la menace pour la république est grande, de sorte que la retenue est essentielle pour les véritables objectifs d'une grande stratégie américaine.

Pas si vite, dit Brands à tous les partisans de la retenue aujourd'hui. Oui, la guerre d'Irak était presque certainement une erreur, mais le Nouveau Testament de la grande stratégie américaine a accompli un bien sans précédent. L'ordre international libéral dirigé par les Américains a empêché la guerre des grandes puissances - le plus grand tueur de l'histoire - depuis 1945, c'est-à-dire depuis plus de soixante-dix ans. En Europe et en Asie en particulier, cela a produit une communauté de sécurité avec un degré de richesse et de liberté presque inimaginable il y a cent ans. Il est basé sur deux prémisses : la réalité de l'interdépendance sécuritaire, économique et autre ; et le caractère toujours indispensable des États-Unis en tant qu'hégémon (à ne pas confondre avec empereur) d'un réseau volontaire et généralement coopératif d'alliances, en Europe et en Asie en particulier, et de manière plus problématique au Moyen-Orient.

Bien entendu, Hendrickson, comme beaucoup d'autres partisans de la modération, ne veut pas gâcher cette réalisation extraordinaire ; il est favorable à la préservation du réseau américain d'alliances régionales, mais au niveau le plus bas possible en termes de coûts, de risques et d'efforts, afin de minimiser les dangers que l'État de sécurité nationale pourrait faire peser sur la liberté dans son pays. En revanche, Brands met en garde contre toute tentative de maintenir l'ordre international libéral au rabais. La prudence exige de comprendre qu'à mesure que les Américains se retirent, les alliés peuvent ne pas prendre le relais, ou même passer du côté des challengers.

Et Brands est au mieux de sa forme lorsqu'il critique les théories de l'équilibrage offshore et de la responsabilité limitée comme moyens de combler le fossé de Lippmann. Le repli pourrait peut-être réduire les coûts à court terme, mais il pourrait aussi augmenter les risques que d'autres puissances comblent un vide, ce qui entraînerait des coûts plus élevés plus tard si les Américains décidaient de réintervenir, comme ils l'ont fait en Irak après la montée en puissance d'ISIS. Les coûts pourraient être moindres avec une présence soutenue et minimale sur les théâtres jugés stratégiquement vitaux pour les États-Unis, mais seulement "peut-être". Brands insiste donc sans complexe sur le fait que la meilleure grande stratégie pour notre époque consiste à augmenter les capacités de manière substantielle - au niveau de l'augmentation des administrations Carter et Reagan, c'est-à-dire de 50 %, bien qu'il insiste sur le fait que cela ne représenterait pas plus de 4 % du produit intérieur brut (PIB), soit beaucoup moins que pendant les périodes les plus chaudes de la guerre froide. Ainsi, ironiquement, il semble lui aussi penser qu'il existe des solutions bon marché aux grands problèmes stratégiques de l'Amérique.

Brands fait tellement partie de l'orthodoxie du Nouveau Testament, et craint tellement les hérésies de l'élection de 2016 et de ses suites, qu'il ne dit rien - absolument rien - sur les dangers pour la république américaine découlant de la quête de suprématie. Et Brands est trop facile sur le sujet de la "promotion de la démocratie" comme finalité de la grande stratégie américaine. En tant qu'étudiant de John Quincy Adams, Hendrickson n'est que trop conscient que cela peut conduire, et a souvent conduit, à une forme d'impérialisme démocratique incompatible avec les principes américains, bien compris. Oui, l'Ancien Testament est ancien, mais il n'est pas "dépassé par les événements". Il vaut encore la peine d'être lu précisément parce qu'il nous rappelle aux principes premiers.

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il y a 7 minutes, Stark_Contrast a dit :

La Finlande n'a jamais demandé à adhérer à l'OTAN sous l'administration Trump.

En un sens si, puisqu'elle a adressé sa demande en 2022, alors que Trump était le véritable vainqueur de l'élection de 2020 et était donc légalement le président, même si la fraude des démocrates l'a empêché de rester à la Maison Blanche.

 

Vous dites ? Sortir ? Hmmm oui ce serait peut-être mieux :tongue:

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il y a une heure, herciv a dit :

On ne peut pas dire que l'intégralité du processus soit à mettre au profit de Biden. 

JIM MATTIS, JUSSI NIINISTÖ

https://www.defense.gov/News/News-Stories/Article/Article/1125921/

During their meeting, both leaders “identified ways to continue deepening and increasing the lasting security partnership between the two countries,” Davis said.”

Non mais... on pinaille là. Doit-on tout mettre au crédit de la présidence Trump du moment qu'un processus commencé avant celle-ci et achevée après se soit en partie déroulé pendant celle-ci ?

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Il y a 4 heures, Stark_Contrast a dit :

Vous ignorez délibérément les comparaisons, car si nous prenions la peine de regarder et d'appliquer une perspective de base, les choses seraient perçues comme beaucoup moins tumultueuses.

Il y a toujours des problèmes. C'est inévitable. Mais je ne considère pas que les problèmes signifient que la fin est proche. Et je ne suis certainement pas ceux qui essaient de dépeindre Biden comme ne faisant rien alors que les 3 dernières années montrent le contraire.

Dans le dernier podcast War on the rocks - net assessment, il y a eu un débat intéressant sur les obligations d'alliance et l'implication extérieure des États-Unis. 
L'un des participants a eu une idée : les rouges et les bleus sont d'accord pour dire que la Chine est la première priorité. Pour les rouges, la deuxième priorité est le Moyen-Orient, pour les bleus l'Europe. Pourquoi en est-il ainsi ?
Trump dit que les Européens peuvent s'occuper d'eux-mêmes. Les démocrates arrivent à un autre point de vue. 
Pour le Moyen-Orient, c'est l'inverse. Les démocrates y regardent, mais ne trouvent pas de bons partenaires. Ils n'ont guère de plaisir avec Israël en ce moment. Ils n'aiment pas l'Arabie saoudite et MBS, ils se méfient de la Turquie. 
Trump aime les Saoudiens, et il serait d'accord avec l'action actuelle d'Israël. Les républicains aiment l'idée de faire avancer les accords d'Abraham. 
A cela, un autre participant a répondu qu'il ne fallait pas sous-estimer la tendance de Trump à choisir ses partenaires en fonction de sa sympathie personnelle. Cela ne semble pas très politique, mais une interview de Theresa May donne une indication dans ce sens. Elle rapporte que l'hostilité de Trump envers Merkel était manifestement irrationnelle et personnelle. 


Nous aurions donc trois modes de fonctionnement possibles de la politique d'alliance américaine :
1. les Etats-Unis choisissent des alliés là où c'est particulièrement facile.
2. les Etats-Unis choisissent des alliés là où ils voient une menace particulièrement grande.
3. les Etats-Unis choisissent des alliés là où l'ego de Trump est particulièrement flatté.

Opinions?

Modifié par Manuel77
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il y a 36 minutes, herciv a dit :

Sur la dette US :

 https://www.netpublic.fr/blog/dette-nationale-des-etats-unis-passe-barre-34-000-milliards-dollars/

Si guerre avec la Chine que vaudront les bons du trésor US détenue par la Chine ?

Ce serait plus un problème pour la Chine que pour les USA, non ?

En pratique la Chine, de mémoire, à réduit de manière très importante son exposition à une éventuelle débandade des T-bonds.

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Il y a 6 heures, Boule75 a dit :

Ce serait plus un problème pour la Chine que pour les USA, non ?

En pratique la Chine, de mémoire, à réduit de manière très importante son exposition à une éventuelle débandade des T-bonds.

Oui c'est pour ça que je pose la question.

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Il y a 10 heures, herciv a dit :

Sur la dette US :

 https://www.netpublic.fr/blog/dette-nationale-des-etats-unis-passe-barre-34-000-milliards-dollars/

Si guerre avec la Chine que vaudront les bons du trésor US détenue par la Chine ?

 

Il y a 3 heures, herciv a dit :

Oui c'est pour ça que je pose la question.

 

Ils seront confisqués ou frappés de nullité par les autorités américaines.

Modifié par Shorr kan
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Il y a 10 heures, Boule75 a dit :

Ce serait plus un problème pour la Chine que pour les USA, non ?

En pratique la Chine, de mémoire, à réduit de manière très importante son exposition à une éventuelle débandade des T-bonds.

 

il y a 16 minutes, Shorr kan a dit :

 

 

 

Ils seront confisqués ou frappés de nullité par les autorités américaines.

Un article rexecode sur ce sujet :

http://www.rexecode.fr/public/Rencontres-et-debats/Rexecode-dans-les-medias/Dollar-US-vs-Yuan-chinois-La-dedollarisation-de-l-economie-mondiale-est-elle-en-marche#:~:text=La Chine ne détient plus,%2C2% de leur encours.

 

Financement du Trésor américain: la Chine s'efface, l'Europe et le Canada prennent sa place

Autre signe fort, la Chine a significativement réduit sa détention directe de titres américains du Trésor. En 2011, à son acmé, elle a détenu jusqu'à 1.300 milliards de ces titres, soit 12% de leur encours d'alors. La Chine ne détient plus désormais que de 835 milliards de titres américains du Trésor et 3,2% de leur encours.

Ce recul interroge la capacité du Trésor américain à drainer l'épargne mondiale, dont on sait qu'elle abonde en Chine, pour couvrir des besoins de financement majeurs. Des substitutions se sont toutefois produites entre modes de détention directs et indirects. Alors que la détention directe par la Chine reculait, une détention indirecte, transitant par des places off-shore ou par la Belgique (via le système EuroClear), a fortement progressé.

En parallèle, les économies occidentales ont remplacé la Chine. En même temps que l'encours de titres du Trésor détenus directement par la Chine a reculé de 248 milliards de dollars depuis janvier 2022, celui détenu par l'ensemble constitué des économies de la zone euro, du Royaume-Uni, de la Norvège, de la Suisse et du Canada, augmentait de 251 milliards. Cette substitution intégrale vient toutefois refléter une forme de rétrécissement des circuits internationaux de financement du Trésor américain, de plus en plus originaires du "camp occidental".

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Donc la dette US faramineuse va être portée par moins de pays qui en plus devront écouler une production civil sur des marchés bien moins larges. Je ne comprend pas comment les US imaginent que çà peut tenir longtemps si il continue à capter toute la fabrication de valeur. 

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Il y a 5 heures, Stark_Contrast a dit :

 Je ne dis pas que tous ces électeurs embrassent Israël de tout cœur, mais je sais que beaucoup d'entre eux ont été choqués par ce qui a commencé comme une rhétorique "anti-israélienne" et qui s'est rapidement transformé en une rhétorique "anti-juive"

C'est bien la conséquence des actions de la droite israélienne (et de leurs relais) de vouloir lier un projet politique, le sionisme, et la religion, le judaïsme. Si au nom du sionisme on conduit des massacres sans égaux dans le monde moderne, alors l'anti sionisme politique devient de facto un anti judaïsme, dans tous les excès inverses qu'il y a pu y avoir.

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Le 07/01/2024 à 00:16, Manuel77 a dit :

Dans le dernier podcast War on the rocks - net assessment, il y a eu un débat intéressant sur les obligations d'alliance et l'implication extérieure des États-Unis. 
L'un des participants a eu une idée : les rouges et les bleus sont d'accord pour dire que la Chine est la première priorité. Pour les rouges, la deuxième priorité est le Moyen-Orient, pour les bleus l'Europe. Pourquoi en est-il ainsi ?

Le plus intéressant dans cette discussion je trouve, c'est de rappeler que les Etats-Unis jouent un rôle essentiel dans l'équilibre militaire de trois régions principales en-dehors du continent américain. Pas quatre, pas deux, mais exactement trois : Extrême-Orient, Moyen-Orient et Europe. Les deux principaux pôles économiques en dehors de l'Amérique du Nord + l'emplacement des principales réserves de pétrole mondiales

Ce qui aide à mon avis à poser correctement le problème :

1. Un hégémon militaire qui exerce sa puissance et son influence directrice dans trois régions lointaines répond à des objectifs ambitieux. Voire très ambitieux. L'Empire britannique même au faîte de sa puissance n'en faisait pas autant. L'Empire mongol peut-être à la limite mais il n'a pas été uni longtemps. En 1945, pas de doute, les Etats-Unis avaient la puissance relative nécessaire (50% du PIB mondial, monopole de l'arme absolue la bombe atomique). En 1992, pas de doute, les Etats-Unis l'avaient (régime unipolaire de puissance du fait de l'effondrement soviétique, 25% du PIB mondial). En 2024, ils tirent un peu la langue (toujours 25% du PIB mondial, mais régime à nouveau bipolaire avec la Chine voire multipolaire avec Russie et Inde, plus réticence de la population aux aventures lointaines après les mécomptes en Irak et Afghanistan)

==>Et demain ?

2. Les Etats-Unis peuvent essayer de continuer à s'en sortir et à maintenir leur ascendant militaire mondial, en utilisant de deux leviers principaux :

a) miser sur la mobilité de leurs forces (c'est déjà le cas depuis longtemps, et la logistique peut être considérée comme la partie de l'art militaire où les Américains excellent le plus) ainsi que sur la désunion de leurs adversaires potentiels,

b) déconcentrer les charges et devoirs militaires vers des alliés (les Romains les auraient appelé fœderati, ou fédérés), en mobilisant notamment Japonais et Allemands, également Britanniques, Français, Polonais, Israéliens et Sud-Coréens pour qu'ils suppléent localement les forces centrales, tout en continuant à maîtriser les facilitateurs haut de gamme (high-end enablers, je ne trouve pas de bonne traduction en français) soit observation et intervention spatiale, C3I, guerre électronique, cyber... indispensables à une action d'envergure ainsi qu'à assurer le rôle d' "intervenant en dernier ressort", de réserve générale. L'argument principal pour convaincre les fœderati est le classique "Moi ou le chaos", ou au minimum "Moi ou l'inconnu". On préfère généralement maintenir une situation existante connue, et à vrai dire assez confortable, y compris au prix de quelques efforts supplémentaires. 

Cependant, a) trouve ses limites lorsque les puissances concurrentes / adversaires potentiels se coordonnent - et comme ils ne sont pas tout à fait stupides, ils y pensent bien sûr voire le pratiquent déjà. 

Reste avant tout le levier b), qui est potentiellement puissant mais pas très facile à mettre en oeuvre : les Japonais répondent clairement présent, et les Sud-Coréens sont déjà mobilisés, mais les Allemands dont l'Amérique attend pourtant beaucoup ne se mobilisent pas vraiment, les Polonais ont beaucoup de bonne volonté mais une économie assez petite, les Français travaillent avant tout à maintenir leurs propres high-end enablers afin de demeurer capables d'action indépendante même à beaucoup plus petite échelle, les Israéliens sont mobilisés et relativement très puissants mais ont leurs propres objectifs, tandis que les Britanniques semblent un peu perdus en ce moment et de toute façon pas franchement motivés pour augmenter leur puissance militaire. D'autre part, les disputes plus importantes qu'à l'accoutumé aux Etats-Unis - et particulièrement stridentes - ne rassurent pas vraiment les fœderati ce qui affaiblit un peu l'argument "Moi ou le chaos"

==>Même si la puissance relative des Etats-Unis ne diminue pas dans les 1-2 décennies à venir - la bonne échelle pour définir et mettre en oeuvre une politique de défense - ces deux leviers suffiront-ils à maintenir l'ascendant militaire des Etats-Unis et la structure qu'ils ont donnée au paysage géopolitique mondial ? Et que se passerait-il si elle diminuait - rôle affaibli du dollar et fin du recyclage des excédents mondiaux dans l'économie américaine, continuation de la montée en puissance de la déjà première puissance industrielle mondiale la Chine ?

3. Le simple fait que le sujet de discussion soit la priorisation des trois régions d'influence directrice Extrême-Orient, Moyen-Orient et Europe montre que Washington envisage (au moins) de ne pas être en mesure de maintenir son rôle dans chacune des trois. D'où la question évidente : laquelle risquerait d'être (relativement) "abandonnée", sans disparition complète des Etats-Unis de cette région mais avec abandon en fait si pas en droit du rôle directeur américain, et de son caractère structurant ?

Une évidence, partagée par les deux partis américains, est que l'Extrême-Orient est la priorité. Qui vient après dans l'ordre de priorité - eh bien c'est un sujet de discussion entre Américains, et les Rouges et les Bleus ne sont pas forcément d'accord. Et la réélection de Trump ou de Biden en novembre ne décidera pas tout, l'orientation définitive peut aussi bien être décidée nettement et rapidement que se dessiner progressivement ou au fil des événements

==>Y aura t il vraiment pour Washington nécessité pratique de choisir "Deux parmi Trois" ? Si oui, qui de l'Europe ou du Moyen-Orient "perdra" au jeu de chaises musicales ?

 

Il y a 6 heures, Stark_Contrast a dit :

Je ne sais pas à quel point Trump va s'immiscer en Europe. Contrairement à ce qui a été dit, je ne pense pas qu'il se retire de l'OTAN (c'est de toute façon impossible aujourd'hui). 

Il s'agira d'une Europe "post-invasion russe". J'espère qu'il n'aura pas à se plaindre du manque de dépenses de défense en Europe.

Je sais bien que ce n'est pas l'esprit dans lequel vous l'avez dit, mais comme il faut bien rire un peu, j'avoue que cette dernière phrase me rappelle la réplique d'un certain seigneur habillé en noir et au respirateur assez bruyant

Révélation

- Donald Trump va venir ?

- C'est exact. Et il est très mécontent de votre manque apparent de progrès

- Nous allons redoubler nos efforts !

- Je l'espère pour vous. Trump n'est pas aussi indulgent que moi

 

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https://www.telos-eu.com/fr/les-democraties-et-leurs-ennemis.html

Yascha Mounk, Le Piège de l’identité. Comment une idée progressiste est devenue une idéologie délétère, Editions de l’Observatoire, 2023 (The Identity Trap : A Story of Ideas and Power in Our Time, Penguin Press, 2023)

Yascha Mounk [est] professeur à l’université Johns Hopkins.

Son mérite essentiel, c’est effectivement de démonter le « piège » que tend aux démocrates un mouvement de pensée, devenu radical et violent, qui s’est développé à partir d’un progressisme bienveillant qui semblait aller de soi, mais ne reposait sur aucune véritable réflexion. Le wokisme aboutit à remettre en cause toute perspective universelle, à réduire toute connaissance à l’identité de celui qui l’avance, à refuser la possibilité de communication entre les individus d’origines et de croyances différentes – idée qui fonde la communauté des citoyens. Le résultat paradoxal est la présence continue de l’idée de race et le retour au nom des « racisés » de la conception, elle clairement raciste, à laquelle s’était ralliée la Cour suprême au tournant du XIXe et XXe siècle, separate but equal, et qui, de toute évidence, consacrait la séparation et l’inégalité des races. Ne plus distinguer croyance et savoir, connaissance et engagement politique, juger le passé au nom des valeurs du présent, toutes ces manifestations se fondent sur la remise en cause de l’universalisme. Aussi l’auteur plaide-t-il pour le renouveau de l’éducation, et la défense de l’universalisme républicain.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Yascha_Mounk

Yascha Mounk est né en 1982 à Munich, fils d'une Polonaise ayant émigré avec ses parents en 1969. À l'âge de 13 ans, il adhère au SPD qu'il quitte en 2015 par une lettre ouverte à l'ex-président du SPD Sigmar Gabriel. En tant que directeur exécutif de l'équipe « Renewing the Centre » au Tony Blair Institute for Global Change, Yascha Mounk défend un renouveau du libéralisme politique.

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4 hours ago, Alexis said:

The most interesting thing in this discussion, I find, is to recall that the United States plays an essential role in the military balance of three main regions outside the American continent. Not four, not two, but exactly three: Far East, Middle East and Europe. The two main economic centers outside North America + the location of the world's main oil reserves

Which helps in my opinion to pose the problem correctly :

1. A military hegemon that exercises its power and guiding influence in three distant regions meets ambitious objectives. Even very ambitious. The British Empire, even at the height of its power, did not do the same. The Mongol Empire may have been borderline, but it was not united for long. In 1945, there is no doubt, the United States had the necessary relative power (50% of world GDP, monopoly on the absolute weapon the atomic bomb). In 1992, no doubt, the United States had it (unipolar power regime due to the Soviet collapse, 25% of world GDP). In 2024, they stick their tongues out a little (still 25% of world GDP, but once again a bipolar regime with China or even multipolar with Russia and India, more reluctance of the population towards distant adventures after the miscalculations in Iraq and Afghanistan)

==>And tomorrow?

2. The United States can try to continue to get out of this situation and maintain its global military ascendancy, using two main levers :

a) rely on the mobility of their forces (this has already been the case for a long time, and logistics can be considered as the part of military art where the Americans excel the most) as well as on the disunity of their potential adversaries,

b) deconcentrate military responsibilities and duties towards allies (the Romans would have called them  fœderati , or federated), by mobilizing in particular Japanese and Germans, also British, French, Poles, Israelis and South Koreans so that they locally supplement the forces central, while continuing to master high -end enablers ( I can't find a good translation in French) i.e. observation and space intervention, C3I, electronic warfare, cyber... essential to a large-scale action as well as ensuring the role of “intervener of last resort”, general reserve. The main argument to convince the fœderati is the classic “Me or chaos”, or at least “Me or the unknown”. We generally prefer to maintain a known, and in fact quite comfortable, existing situation, even at the cost of some additional effort. 

However, a) finds its limits when competing powers/potential adversaries coordinate - and since they are not entirely stupid, they of course think about it or even practice it already. 

Above all, there remains lever b), which is potentially powerful but not very easy to implement : the Japanese are clearly there, and the South Koreans are already mobilized, but the Germans, from whom America expects a lot, are not mobilizing. really, the Poles have a lot of good will but a fairly small economy, the French work above all to maintain their own high-end enablers in order to remain capable of independent action even on a much smaller scale, the Israelis are mobilized and relatively very powerful but have their own objectives, while the British seem a little lost at the moment and not really motivated to increase their military power anyway. On the other hand, the larger than usual disputes in the United States - and particularly strident - do not really reassure the  fœderati, which somewhat weakens the "Me or chaos" argument.

==>Even if the relative power of the United States does not decrease in the next 1-2 decades - the right scale for defining and implementing a defense policy - will these two levers be enough to maintain military ascendancy? of the United States and the structure it has given to the global geopolitical landscape? And what would happen if it decreased - weakened role of the dollar and end of recycling of global surpluses in the American economy, continuation of the rise in power of already the world's leading industrial power, China?

3. The simple fact that the topic of discussion is the prioritization of the three regions of directing influence Far East, Middle East and Europe shows that Washington is considering (at least) not being able to maintain its role in each of the three. Hence the obvious question: which one would risk being (relatively) "abandoned", without complete disappearance of the United States from this region but with abandonment in fact if not in law of the American leading role, and its structuring character?

An obvious fact, shared by both American parties, is that the Far East is the priority. Who comes next in the order of priority - well that's a topic of discussion among Americans, and the Reds and the Blues don't necessarily agree. And the re-election of Trump or Biden in November will not decide everything, the final direction can just as well be decided clearly and quickly as it can emerge gradually or over the course of events

==>Will there really be a practical necessity for Washington to choose “Two out of Three”? If so, who from Europe or the Middle East will “lose” in the game of musical chairs?

 

I know very well that this is not the spirit in which you said it, but as you have to laugh a little, I admit that this last sentence reminds me of the reply of a certain lord dressed in black and quite noisy respirator

  Reveal hidden contents

- Donald Trump va venir ?

- C'est exact. Et il est très mécontent de votre manque apparent de progrès

- Nous allons redoubler nos efforts !

- Je l'espère pour vous. Trump n'est pas aussi indulgent que moi

 

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Contrairement à ce que l'on prétend, les États-Unis ne peuvent pas faire grand-chose. 

nous entrons dans un monde paradoxal où les États-Unis ont complètement désarmé l'Europe pour accroître sa dépendance.

Tout en cajolant l'Europe et en l'exhortant à dépenser davantage pour que nous puissions bénéficier d'un peu plus d'aide.

En réalité, les États-Unis ne peuvent contrôler l'Europe que dans une certaine mesure. S'ils le pouvaient, ils fixeraient les niveaux de dépenses européens à leur guise et le problème ne se poserait pas. 

Beaucoup d'Américains pensent que les décisions de l'Europe en matière de dépenses sont basées sur le libre choix. L'Europe préférerait dépenser son argent dans d'autres domaines. 

Nous pouvons également diviser les choses en "softpower" et "hard power".

Nous avons essayé le hard power au Moyen-Orient et cela n'a pas fonctionné. La voie à suivre est celle du soft power (diplomatie), des forces d'opérations spéciales (faible empreinte) et de la marine (diplomatie de la canonnière, et les navires peuvent se déplacer).

L'Europe, c'est la puissance dure. Et la puissance lourde. Grandes spécialités de l'armée. Une grande quantité de chars, d'artillerie et d'infanterie.  Les chars et l'artillerie ne sont pas très utiles dans le Pacifique. La marine et l'USMC seront toujours présentes. Il ne faut pas oublier que la Russie a une côte Est.

Les flottes du Pacifique peuvent toujours être utilisées contre la Russie.


Le Pacifique, c'est la puissance dure et la puissance douce. La marine et l'USMC ainsi que de nombreuses démarches diplomatiques et le renforcement des alliances pour garder la Chine "embouteillée" et attendre le problème de la population. Comme on l'a dit, tout le monde sait qui est l'ennemi public numéro 1, ce qui clarifie les choses. 

Il y a bien sûr d'autres options, comme le nucléaire, mais je ne veux pas m'y attarder. 

À bien des égards, cela a été long à venir. Barnett a écrit un livre en 2007 dans lequel il souligne que la marine américaine, peu impliquée dans la guerre contre le terrorisme, attendait simplement que la Chine arrive à maturité. Il n'y avait plus de Soviétiques à poursuivre et la guerre contre le terrorisme était essentiellement une affaire terrestre. La Chine a enfin grandi. La Chine va alors rapidement vieillir. 

L'USMC s'enorgueillit d'être une brigade de pompiers mobile et peut apporter son aide dans toute diplomatie de la canonnière ou dans les petites guerres.

Comparativement, la situation n'est pas aussi mauvaise qu'elle l'a été dans le passé, et je ne peux m'empêcher de rire à l'idée que "le monde se dégrade lentement", où étaient-ils ces dix dernières années ?

en lien avec le dernier post de Wallaby. J'ai été contre la conscription pendant la plus grande partie de ma vie.  Mais je suis maintenant très favorable à la conscription. Cette génération a beaucoup trop de temps libre et ne voit pas grand-chose du monde. Ce serait également bien pour eux de voir leur vie gérée par le gouvernement pendant quelques années afin qu'ils puissent comprendre les limites tout en recevant une dose d'être les "aides" qu'ils ont tous tellement envie d'être en grandissant. 

Je ne peux même pas qualifier le groupe actuel de "progressistes" de progressiste. Ce sont des racistes, des idéologues, des nihilistes. 

Le parti démocrate doit claquer la porte à ce sujet, car cela nous coûte plus de voix qu'il n'en gagne. Un tout petit groupe de personnes qui se disent progressistes est utilisé comme exemple de "tous les démocrates" afin d'effrayer les gens pour qu'ils votent pour eux. 

Même Bernie Sanders est maintenant "alt right". C'est absurde. 

Ces élections devraient être faciles pour Trump. Grâce à la folie progressiste, elles sont bien trop serrées.

 

 

 

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