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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques


Messages recommandés

il y a une heure, Banzinou a dit :

Décompte macabre mais ils ne meurent ni dans les même proportions, ni dans les mêmes circonstances qu'on pu subir certains ukrainiens, et l’élément déclencheur de leur mort est la décision que leur dirigeant prend depuis plus de 2 ans.

Il a fallu 2 ans pour que les civils russes soient (volontairement ?) ciblés, les civils ukrainiens ont été ciblés dés le 24 février 2022, et volontairement

Effectivement... 

Et puisqu'on en est à comparer les traitements d'un pays à l'autre, pour tenter d'instaurer sinon une parité, au moins une forme de symétrie très mal avisée, je partage un long reportage sur les victimes de viols par l'armée Russes et supplétifs. C'est très pénible et gênant, et ça reste une des nombreuses démarcations avec ce que vivent les civils en Russie. Des témoignages, mais aussi des chiffres et des procédures en cours. 

Extraits:

Assez rapidement, deux vagues de crimes sexuels sont identifiées : quand les troupes ennemies avancent, pour montrer leur force, puis quand elles battent en retraite, par vengeance. Au départ, sont surtout mis en cause des militaires bouriates, des séparatistes ukrainiens alliés à Moscou ou la garde nationale russe. Lorsqu’il s’agissait de Tchétchènes, aucune femme n’était laissée en vie.

Les épouses de soldats ukrainiens sont particulièrement ciblées, violées, puis exécutées. La grande majorité des crimes sexuels a été commise en groupe, des proches ont parfois été contraints d’y assister. Chez les militaires russes, une phrase revient sans cesse : « Je vais faire de mon mieux pour que tu ne puisses plus avoir d’enfants ukrainiens. » [...]

Une villageoise y raconte comment des soldats russes ont poussé la porte d’une ferme où vivaient deux jeunes filles, aussi belles l’une que l’autre. Devant tout le monde, ils ont demandé à la mère : « Choisis toi-même laquelle, sinon nous le ferons nous-mêmes. » La réponse qu’elle a donnée la déchirera toujours, elle et la maisonnée entière.


https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/19/ukraine-apres-les-viols-le-long-combat-des-survivantes_6228691_3210.html

Citation

Le long combat des Ukrainiennes victimes de violences sexuelles, des « survivantes » dans un pays où le viol est tabou

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Par Florence Aubenas Publié le 19 avril 2024 à 06h00, modifié le 23 avril 2024 à 17h35

EnquêteDepuis le début de la guerre, le 24 février 2022, de très nombreuses Ukrainiennes ont été victimes de violences sexuelles de la part des soldats russes. Même si le sujet reste tabou, les témoignages remontent peu à peu. Au fil de ses séjours sur place, notre grande reporter Florence Aubenas a pu mesurer l’ampleur du traumatisme.

Il lui faut prendre un pseudonyme et elle choisit Oksana. Pour le reste, en revanche, tout est vrai : ukrainienne, 47 ans, fonctionnaire. En cet été 2023, elle voudrait témoigner de ce qui lui est arrivé pendant l’invasion russe, dans le cadre de la première conférence sur les violences sexuelles en temps de guerre organisée à Kiev par l’association Sema-Ukraine. Oksana ouvre la bouche, mais sa voix la lâche. Le regard plonge au sol : « En fait, je ne me souviens de rien, j’avais les yeux bandés, j’ai tellement honte. » Autour d’elle, on évite avec délicatesse de la regarder s’éloigner vers la sortie.

« Parler, c’est se condamner à une forme de mort », commente une femme. Elle aussi a pris un nom de code : Viktoria. Profil : commerçante, 61 ans. Cela fait des mois que Viktoria envisage de témoigner, mais elle hésite encore. « Vu mon âge, j’ai assez de force pour parler. C’est à nous de le faire, les plus vieilles, pas aux jeunes qui ont encore la vie devant elles », avance Viktoria, comme pour se convaincre elle-même. Bien sûr, elle n’a jamais rien dit à ses proches. Ils s’en doutent, mais eux aussi évitent le sujet. Puis, d’un coup, Viktoria lâche : « L’heure est venue de me sacrifier, mettre ma dignité de côté. » Elle essaie de ne plus penser à rien, sauf au pays. Et elle se lance.

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Viktoria, 61 ans, vit dans la région de Boutcha. Elle a été violée chez elle durant l’occupation, en mars 2022, par un jeune soldat russe. Ici, à Kiev, le 22 juillet 2023. GUILLAUME HERBAUT / VU POUR « LE MONDE »

Donc, cela s’est passé dans un joli quartier boisé, en banlieue de Kiev, au début de l’invasion russe, en mars 2022. Devant l’avancée des chars, les habitants avaient fui, tous ou presque, y compris la famille de Viktoria. Elle avait insisté pour rester et protéger la villa : le couple avait déjà tout perdu une fois en 2014, quand la guerre du Donbass l’avait poussé à quitter Donetsk, dans l’est du pays. La famille n’aurait pas les moyens de repartir de zéro une nouvelle fois, ils le savaient tous. Viktoria s’était dit que les soldats russes ne se soucieraient pas d’une femme comme elle, déjà grand-mère et sans homme à la maison. Inoffensive.

 

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Partie 2

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Quand une centaine de militaires avaient envahi la bourgade, ils lui avaient ordonné de ne plus sortir. Viktoria les entendait piller les habitations désertées, l’une après l’autre, positionner partout leurs blindés et leurs snipers. Au bout de quelques jours, un soldat russe avait poussé la grille. On ne lui voyait que les yeux entre le casque et le foulard qui masquait son visage. Il devait avoir 20 ans, pas davantage. « Déshabille-toi », avait-il dit, avant de la pousser dehors, nue dans la neige. Son fusil lui éperonnait les reins, elle avait été forcée de courir autour de la maison. Quand elle était tombée à genoux, il l’avait relevée à coups de pied.

Elle tremblait et suppliait :

« Je suis vieille, je ne suis pas belle, tu pourrais être mon petit-fils.

– Ferme ta gueule, sinon ce sera pire pour toi », criait le soldat. Il n’était même pas ivre.

De retour dans la villa, Viktoria espérait qu’il ne ferait « que » la torturer, c’est son expression. Il l’avait violée avec son arme.

Elle était restée un mois terrée chez elle, anéantie par la terreur, l’humiliation et d’affreuses blessures. Par la fenêtre, un matin, elle avait aperçu des militaires entourés de caméras. Cela devait encore être un de ces films bidon, comme les Russes en trafiquent régulièrement à des fins de propagande. La peur de Viktoria était remontée en flèche. Des voix lui étaient parvenues, familières : ça parlait ukrainien. En fait, la zone était en train d’être libérée. Seulement alors, elle s’était autorisée à pleurer. C’était le 11 avril 2022.

Un phénomène de masse

Dans cette région autour de Kiev, où Moscou vient de battre en retraite, le monde entier découvre avec épouvante ce qu’étaient l’occupation, les exécutions de civils, les disparitions forcées, les tortures : il ne s’agissait pas uniquement de conquérir un territoire, mais de détruire un pays jusqu’au plus profond de son identité. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, se rend à Boutcha, ville martyre où les corps de 458 personnes ont été retrouvés. Des enquêtes sont lancées pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, l’Assemblée générale des Nations unies suspend la Russie de son siège au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

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Le policier ukrainien André Kovani, 36 ans, dans une salle utilisée pendant l’occupation comme salle de torture par l’armée russe, à Kherson (Ukraine), le 24 juillet 2023. GUILLAUME HERBAUT / VU POUR « LE MONDE »

A l’époque, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est le premier à évoquer les viols, le 12 avril 2022 : « Des centaines de cas ont été enregistrés, y compris des jeunes filles mineures et des tout petits enfants. Même un bébé ! Ça fait peur rien que d’en parler. » Des viols ! L’information avait provoqué une telle sidération chez les Ukrainiens que certains n’avaient d’abord pu y croire. « Mon cerveau n’arrivait tout simplement pas à traiter l’information. Dans notre pays, on commençait juste à se préoccuper de violences conjugales. Alors le viol ! Même le mot était tabou. Nous n’étions pas prêts à affronter ça, ni notre société ni nos institutions », se souvient un député du parti gouvernemental. Dans sa ville, dans le nord du pays, certains soutenaient alors que c’était inimaginable, trop grave pour être vrai : ça ne pouvait être que « des histoires inventées ».

Dès le début de l’invasion, la gynécologue Natalia Leliukh était, elle, persuadée que des viols seraient commis, « parce qu’il y en a toujours pendant les guerres », dit-elle. Connue depuis vingt-trois ans pour son engagement contre les violences faites aux femmes, blogueuse très populaire, la médecin avait diffusé immédiatement ses propres messages sur les réseaux sociaux : « Comment nettoyer certaines plaies ? Comment interrompre une grossesse non désirée ? » Les milliers de consultations de ses posts, notamment dans les zones encore occupées, lui avaient laissé entrevoir un phénomène de masse.

Au printemps 2022, les premières à parler n’ont pourtant pas été les « survivantes » (terme revendiqué par les ONG internationales pour les victimes de viols), mais des témoins ou des élus locaux. Assez rapidement, deux vagues de crimes sexuels sont identifiées : quand les troupes ennemies avancent, pour montrer leur force, puis quand elles battent en retraite, par vengeance. Au départ, sont surtout mis en cause des militaires bouriates, des séparatistes ukrainiens alliés à Moscou ou la garde nationale russe. Lorsqu’il s’agissait de Tchétchènes, aucune femme n’était laissée en vie.

Les épouses de soldats ukrainiens sont particulièrement ciblées, violées, puis exécutées. La grande majorité des crimes sexuels a été commise en groupe, des proches ont parfois été contraints d’y assister. Chez les militaires russes, une phrase revient sans cesse : « Je vais faire de mon mieux pour que tu ne puisses plus avoir d’enfants ukrainiens. »

Poids de la société

Comment Oleksandr Koukhartchouk, la quarantaine, s’est-il retrouvé à arpenter les villages pour venir en aide aux survivantes ? Lui-même doit faire un effort pour s’en rappeler, la guerre brouille le temps et les souvenirs. En fait, comme des milliers d’autres volontaires en Ukraine, cet homme, chargé de mission à la fondation médicale privée Assisto, s’était mobilisé en urgence. Premières missions : les zones tout juste libérées en avril 2022. Koukhartchouk se revoit arriver dans certains lieux coupés du pays, privés de toute communication. Silhouettes hagardes sortant des caves au milieu des maisons détruites, engins calcinés, cadavres d’habitants laissés où ils étaient tombés, sans qu’on ait pu les enterrer.

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Traces de matraque en caoutchouc sur le mur d’une salle du centre de détention provisoire n° 1 du département principal de la police nationale de la région de Kherson, utilisé par l’armée russe pendant l’occupation pour la détention et la torture. A Kherson (Ukraine), le 24 juillet 2023. GUILLAUME HERBAUT / VU POUR « LE MONDE »

Encore sous le choc de l’occupation, des gens s’étaient mis à évoquer des violences sexuelles, désignant une victime, puis deux, puis dix. Beaucoup répétaient l’obsédante question que leur jetaient les soldats russes : « Où sont les maisons avec des femmes ? » Les mots des villageois ressemblaient à un flot incontrôlé, surgissant seul, sans retenue. Les membres de l’équipe d’Assisto en avaient eu le souffle coupé. Il leur avait fallu apprendre à maîtriser leurs émotions, à retenir leurs sanglots. « On ne s’y attendait pas. La fondation s’est recentrée sur les crimes sexuels, comme une évidence », dit Koukhartchouk.

 

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à l’instant, herciv a dit :

Ca respure pas l'oprimisme a l'EM ukrainien.

Sur le front il n'y a pas beaucoup de bonne nouvelle ... même si les choses évoluent doucement le temps fort russe dure longtemps, et dans le même temps les ukrainiens ne semble pas en profiter pour constituer de nouvelle force destinée à renverser les choses.

Et contrairement à l'année précédente, ni la présidence, ni l'EM ne se projette vers un futur victorieux.

Apres peut etre que contrairement à l'année derniere on aurait une bonne surprise.

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Partie 3

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L’idée s’impose de proposer 100 euros par mois aux survivantes (le salaire minimum en Ukraine avoisine les 200 euros). Mais lorsque le chargé de mission se met en quête des victimes, plus personne. « A peine ouverte, la petite fenêtre de parole s’était aussitôt refermée », poursuit-il. Dans le huis clos des bourgades, la fondation ne rencontre plus que le silence. Il lui faut parfois revenir vingt ou trente fois aux mêmes endroits, faire appel au maire, au médecin, aux volontaires locaux. Quand Koukhartchouk sollicite les églises, il reste prudent, « surtout avec certains prêtres toujours fidèles au patriarcat de Moscou. L’un d’eux avait montré aux occupants où se cachaient des femmes », dit-il.

Les premiers mots que les survivantes finissent par lui murmurer à l’oreille sont toujours les mêmes : « Je ne veux pas que ça se sache, je veux pouvoir me marier et avoir une famille. Sinon, personne ne voudra plus de moi. » Celles qui sont en couple font tout pour le cacher à leur conjoint : « Il va me rejeter. » Et il y a cette terreur d’être enceinte – surtout chez les jeunes filles – que charrient depuis des décennies des croyances populaires : « Si tu avortes de ton premier enfant, tu resteras stérile. » Le sujet est si délicat à aborder que certains chauffeurs de la fondation n’osent pas descendre de voiture. Ce poids de la société, la gynécologue Natalia Leliukh le connaît bien. En 2021, la médecin avait voulu élaborer le premier programme d’éducation sexuelle destiné aux lycéens ukrainiens avec l’Unicef et le ministère de la santé. Le projet avait dû être abandonné face au tollé des parents et des institutions.

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Olga, 47 ans, a été arrêtée avec son fils et son mari, en juillet 2022, à Kherson, par des soldats russes. Torturés durant leur captivité, ils ne souhaitent pas donner de détail sur les sévices subis. Olga fait aujourd’hui partie de l’association Sema-Ukraine. Ici, à Kiev, le 22 juillet 2023. GUILLAUME HERBAUT / VU POUR « LE MONDE »

Pour les survivantes, le regard des autres vient parfois ajouter à la douleur. « La culture est restée patriarcale, l’exclusion sociale des femmes violées les rend doublement victimes, reprend Natalia Leliukh. Témoigner reste vécu comme un risque. » Dans un village, une mère de quatre filles, forcée d’héberger des militaires sous la menace des armes, a été accusée d’« avoir monté un bordel ». Ailleurs, quelques mots barbouillés sur un portail de bois signalent la présence d’une survivante : « Pute russe », a cruellement tracé une main. Les voisines qui ont fui devant les envahisseurs se montrent souvent les plus dures face à celles qui sont restées sur place. « Elles ont provoqué les Russes, elles se promenaient dans la rue les cheveux lâchés », accuse l’une. Certaines victimes n’osent plus sortir. « Aujourd’hui encore, quand j’entends quelqu’un arriver, je me cache. N’importe où, mais je me cache, même de la famille », confie une épicière, dans la région nord.

Pour échapper aux soldats, des femmes se sont enfuies à travers un champ de mines. D’autres se sont tapies comme des bêtes dans la forêt pendant des semaines. Certaines se sont volontairement défigurées. « Les crimes sexuels sont des bombes à retardement chez les victimes, les familles, les villages, dans la société tout entière », poursuit la docteure Leliukh. Tout plutôt qu’être violées. Tout plutôt que le dire.

« Mécanismes du féminicide »

Dans les conflits à travers le monde, ce silence reste une donnée constante chez les survivantes. Mais pas seulement : il a longtemps été aussi un angle mort pour les chercheurs. Dans le livre Viols en temps de guerre (Payot, 2011), un collectif international d’historiens s’est penché sur ces crimes « longtemps relégués au second plan parce que les victimes étaient majoritairement des civils et des femmes », considérés comme des dommages collatéraux, butin de guerre ou repos du guerrier. A travers l’étude de vingt conflits récents, le collectif insiste sur la nécessité de donner à ces viols une « nouvelle visibilité » et de les analyser en tant que « stratégie à part entière ». Pour la première fois, au tournant des années 2000, les crimes sexuels ont été jugés constitutifs de « génocide » et de « crimes de guerre » par les tribunaux internationaux sur le Rwanda et l’ex-Yougoslavie, alors qu’ils avaient été les grands oubliés au procès de Nuremberg, après la seconde guerre mondiale.

L’agression en Ukraine, comme tout conflit, possède aussi son caractère singulier. Reconnue pour ses travaux en ce domaine depuis trente ans, l’anthropologue Véronique Nahoum-Grappe a décelé ici « les mécanismes du féminicide » : « L’Ukraine est souvent représentée sous des traits féminins dans l’imaginaire politique russe, avec cette blonde chevelure des blés sous le bleu d’un ciel pur, à qui Moscou hurle : “Tu m’appartiens, tu portes mon nom, un nom russe, je te détruis si tu me quittes !” » Comme une prémonition, peu avant le 24 février 2022, Vladimir Poutine s’était adressé à Volodymyr Zelensky, à la manière d’un homme devant une femme qu’il entend soumettre : « Que ça te plaise ou non, ma jolie, il faudra supporter. »

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Les inscriptions « gloire aux forces spéciales » et le texte de l’hymne russe sur le mur d’une cellule de détention du centre de détention provisoire n° 1 du département principal de la police nationale de la région de Kherson, utilisée par l’armée russe pour la détention et la torture durant l’occupation. A Kherson, le 24 juillet 2023. GUILLAUME HERBAUT / VU POUR « LE MONDE »

Trois mois plus tard, le gouvernement ukrainien avait voulu organiser, en urgence et en pleine bataille, un procès pour viol contre des soldats russes, sans attendre la justice internationale, jugée trop lente. Dans cette guerre hybride, où les combats sont aussi acharnés sur le front de l’information que sur celui des armes, Kiev comptait prendre Moscou de vitesse : établir les faits avant que le Kremlin lance, comme à son habitude, une campagne de désinformation. Mais rien ne va se passer comme prévu.

Selon l’acte d’accusation, les crimes ont eu lieu dans un village près de Brovary, une des premières villes occupées, aux environs de la capitale. Le 9 mars 2022, deux militaires russes du 239e régiment de la 90e garde blindée de la division Vitebsk-Novgorod surgissent dans une maison en bordure d’une pinède. Un jeune couple y vit, la trentaine. Tous deux sortent bras en l’air avec un drapeau blanc. Mais la colère saisit les soldats à la vue d’une veste impression camouflage sur la banquette de leur voiture. L’homme est abattu, la femme violée, pendant que leur fils de 4 ans pleure, enfermé dans la chaufferie.

Tout au long de la nuit, des militaires reviennent une fois, deux fois, enjambant le mari mort près du portail pour violer de nouveau l’épouse. Ils se moquent d’elle : « Elle est nulle, non ? On la tue ou pas ? » Quand les soldats s’écroulent endormis sur des chaises, elle parvient à fuir avec son fils chez sa belle-sœur dans une ville voisine sous contrôle ukrainien. Au journal britannique The Times du 28 mars 2022, la jeune femme a raconté anonymement s’être rendue aussitôt dans un commissariat : « J’aurais pu garder le silence, mais lorsque nous sommes arrivés à la police, la sœur de mon mari m’a fait parler et il n’y avait plus de retour en arrière possible. Je comprends que de nombreuses personnes blessées gardent le silence parce qu’elles ont peur (…). »

L’enquête n’avait pas duré plus longtemps que quelques clics sur Internet. Dans sa déposition, elle avait signalé qu’un des violeurs présumés exhibait sur sa poitrine le tatouage d’une impressionnante tête d’ours. Or, un dénommé Mikhail Romanov, 33 ans, appartenant au bataillon en poste dans le village, pose fièrement torse nu sur les réseaux sociaux. Au-dessus de son mamelon droit, un ours furieux montre les crocs. C’est bien lui, la survivante est formelle. Les autres militaires n’ont pas été identifiés.

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Dans un couloir de cellules du centre de détention provisoire n° 1 du département principal de la police nationale de la région de Kherson. Durant l’occupation russe, c’était aussi un centre de torture. A Kherson, le 24 juillet 2023. GUILLAUME HERBAUT / VU POUR « LE MONDE »

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il y a 1 minute, g4lly a dit :

Apres peut etre que contrairement à l'année derniere on aurait une bonne surprise.

Le mot d'ordre et les EDL semble dire il faut tenir repousser ou au moins ne pas craquer lors de l'offensive a venir sur sumy ou kharkiv.

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il y a 1 minute, herciv a dit :

Le mot d'ordre et les EDL semble dire il faut tenir repousser ou au moins ne pas craquer lors de l'offensive a venir sur sumy ou kharkiv.

C'est bizarre mais je n'y crois pas à ce plan sur Soumy pour prendre Kharkiv ... du du moins si ça devait être dans les plans ça me parait pas une riche idée.

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il y a 8 minutes, olivier lsb a dit :

tenter d'instaurer sinon une parité, au moins une forme de symétrie très mal avisée,

Personne je crois n'a jamais évoqué une symétrie et encore moins une parité. Mais c'est un raccourci commode.

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il y a 51 minutes, Manuel77 a dit :

Les auditeurs n'opposeraient après tout que des arguments émotionnels que Scholz considère comme indignes de lui. En fait, il veut gouverner sans être dérangé et aborder chaque sujet comme s'il s'agissait d'un acte administratif ou d'un problème mathématique. 

Angela Merkel était aussi un peu comme ça, non ? Avec même un sous-entendu féministe supposant que les hommes sont prêts à perdre du temps dans des bagarres inutiles, alors que les femmes sont plus rationnelles, pensant à résoudre les problèmes plutôt qu'à "gagner" pour rechercher la gloire et la fierté :

Le 10/07/2015 à 19:12, Wallaby a dit :

https://www.newyorker.com/magazine/2014/12/01/quiet-german (1er décembre 2014)

Grand article biographique sur Angela Merkel. La deuxième partie se perd un peu dans la rhétorique de nouvelle guerre froide russo-américaine, mais la première partie dégage des aspects peut-être moins connus du personnage.

Inintéressante.

Le new yorker indique que ses principales qualités sont d'être inintéressante, incolore. Elle ne cherche pas à se grandir, à avoir des costumes élégants. Si elle le pouvait elle se ferait plus petite qu'une souris.

La fille d'un drôle de pasteur.

Son père, le pasteur Kasner, est un pasteur atypique. Alors que bien des Allemands de l'Est fuyaient vers l'Ouest, il est un Allemand de l'Ouest qui s'est installé à l'Est. On ne sait pas trop si c'est par conviction communiste ou par opportunisme carriériste. Il n'est pas représentatif des pasteurs est-allemands revendiquant plutôt leur indépendance face au communisme. Les autres pasteurs se méfient de lui.

Angela Kasner est donc par la profession de son père une enfant de l'intelligentsia en phase avec le régime. Elle a fait les jeunesses communistes, elle a remporté le premier prix de langue russe : elle a été moulée par le système.

La scientifique entourée d'hommes.

C'est peut-être l'aspect le plus important de sa formation, qui déteint sur son style en politique. Elle n'a pas de réaction épidermique, émotionnelle. Elle n'est pas dans l'impulsion mais dans le calcul et la réflexion. Pourquoi ? Lorsqu'elle travaillait en laboratoire, seule femme parmi des hommes, elle s'est aperçue que « les hommes dans le laboratoire avaient toujours leurs doigts sur tous les boutons en même temps. Je ne pouvais pas les suivre, parce que je réfléchissais. Et puis soudain, pschitt, et tout l'équipement était détruit ».

La chute du mur, un non-événement.

Le soir de la chute du mur elle va au sauna comme d'habitude.

Peu de convictions, mais une soif de pouvoir.

Elle a appris et récité le "credo" de la CDU par coeur, mais elle n'y croit pas vraiment. Selon Michael Naumann, "son attitude vis à vis des Etats-Unis est une attitude apprise". Son idée de la démocratie ou de la liberté est aussi apprise, et non ressentie : elle ne comprend rien à l'anti-autoritarisme issu de mai 1968, selon elle un mouvement d'enfants gâtés ne comprenant pas leur chance par rapport à l'Est.

Sa vision à long terme ? "Deux semaines", dit l'ancien ambassadeur Kornblum.

Mais l'Allemagne reste si traumatisée des grandes idéologies de son passé qu'une politique zéro-idée a une allure réconfortante.

L'auteur de nouvelles et journaliste Peter Schneider la compare à un chauffeur par temps de brouillard : "vous ne voyez qu'à 5 mètre, pas 100, donc il vaut mieux être prudent : vous ne dites pas trop de choses, vous avancez pas à pas. Pas de vision du tout."

Elle n'aime pas chez Obama le côté beau parleur, à la rhétorique de haut vol, mais qui accomplit beaucoup moins que ce qu'il dit dans ses discours.

“She’s always been skeptical of Putin, but she doesn’t detest him. Detesting would be too much emotion.”

Elle a veillé à trouver un équilibre entre l'unité européenne, l'alliance avec l'Amérique, les intérêts commerciaux allemands et la poursuite du dialogue avec la Russie. L'empereur Guillaume Ier aurait fait remarquer que seul Bismarck, qui avait lié l'Allemagne à un ensemble d'alliances compensatoires, pouvait jongler avec quatre ou cinq balles. Le successeur de Bismarck, Leo von Caprivi, s'est plaint qu'il pouvait à peine en gérer deux et, en 1890, il a mis fin au traité entre l'Allemagne et la Russie, contribuant ainsi à préparer le terrain pour la Première Guerre mondiale.

Lors d'un voyage à Washington, elle a rencontré un certain nombre de sénateurs, dont les républicains John McCain, de l'Arizona, et Jeff Sessions, de l'Alabama. Elle les a trouvés plus préoccupés par la nécessité de faire preuve de fermeté à l'égard de l'ancien adversaire américain de la guerre froide que par les événements en Ukraine. Pour Mme Merkel, l'Ukraine est un problème pratique à résoudre. Ce point de vue reflète celui d'Obama.

 

Modifié par Wallaby
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il y a 22 minutes, Wallaby a dit :

Angela Merkel était aussi un peu comme ça, non ? Avec même un sous-entendu féministe supposant que les hommes sont prêts à perdre du temps dans des bagarres inutiles, alors que les femmes sont plus rationnelles, pensant à résoudre les problèmes plutôt qu'à "gagner" pour rechercher la gloire et la fierté :

Oui, c'est vrai, Scholz est devenu chancelier (il semblait n'avoir aucune chance, les sondages étaient mauvais) en émulant le style d'Angela Merkel - ou plutôt, il n'a pas eu à l'émuler, c'est de toute façon sa son personnalité.
Merkel n'a pas non plus fait de grande rhétorique, la phrase que l'on retiendra d'elle est celle qu'elle a prononcée en 2015 face à la crise des réfugiés, "Wir schaffen das !  (Nous y arriverons !).
Seulement voilà, Scholz est confronté à des défis bien plus importants que Merkel, on peut douter qu'il puisse se passer de rhétorique. Le mainstream médiatique et les think tanks exigent de lui un discours de sang, de sueur et de larmes, dans lequel il annonce qu'il demandera des sacrifices au peuple allemand, du moins sur le plan matériel. Scholz pense toutefois qu'il perdrait les élections avec de tels discours. Il a appris avec Merkel que le peuple veut être administré sans bruit. 
Comme on l'a souvent dit, la pensée géopolitique avec la guerre et les chicken games est beaucoup moins familière aux Allemands qu'aux Français. Nous sommes plutôt comme un pétrolier lourd qui ne change de cap que lentement. Cependant, une fois le changement de cap effectué, nous sommes assez stables. 

Modifié par Manuel77
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Il y a 1 heure, Manuel77 a dit :

On peut trouver ce sourire schtroumpfant inapproprié au vu du sujet, mais lors d'une réunion électorale du SPD en province, c'est la méthode de communication typique de M. Scholz. Il se considère en effet toujours comme l'homme le plus intelligent de la salle

Peut-être a t il d'ailleurs en général raison :huh: ?

Après tout, je ne crois pas avoir jamais été dans la même pièce que lui

 

==>[     ] :tongue:

Révélation

Quoi ? La réputation d'arrogance des Français ? Ah non, je ne vois pas de quoi vous voulez parler...

 

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Il y a 18 heures, Wallaby a dit :

Le régime de Poutine est très proche d'un napoléonisme : la première phase autoritaire du régime Napoléon III, qui s'est libéralisé sur le tard, mais qui envoyait les opposants au goulag bagne de Nouvelle-Calédonie (Louise Michel) et forçait les opposants à s'exiler (Victor Hugo).

Victor Hugo est resté volontairement en exil, les autres comme Blanqui (autrement plus dangereux politiquement) ont très vite pu revenir et sans persécutions de la part du pouvoir. On rappelle quel a été le destin de Navalny quand il est revenu en Russie ?

Modifié par Heorl
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Il y a 11 heures, g4lly a dit :

C'est bizarre mais je n'y crois pas à ce plan sur Soumy pour prendre Kharkiv ... du du moins si ça devait être dans les plans ça me parait pas une riche idée.

Il y a apparemment un voie médiane plus plausible mais elle n'est pas décrite :

 

"À plus long terme, le chef du renseignement suggère que la Russie se prépare à un assaut autour des régions de Kharkiv et de Soumy, dans le nord-est. Le calendrier de cette opération dépend de la solidité des défenses ukrainiennes dans le Donbass, dit-il. Mais il suppose que la principale poussée de la Russie commencera à la « fin du mois de mai ou au début du mois de juin ». La Russie dispose d’un total de 514 000 soldats terrestres engagés dans l’opération ukrainienne, a-t-il déclaré, ce qui est supérieur à l’estimation de 470 000 donnée le mois dernier par le général Christopher Cavoli, commandant en chef de l’otan. Le maître-espion ukrainien a déclaré que le groupement nord de la Russie, basé de l’autre côté de la frontière de Kharkiv, compte actuellement 35 000 hommes, mais qu’il devrait s’étendre à 50 000 à 70 000 soldats. La Russie est également en train de « générer une division des réserves » (c’est-à-dire entre 15 000 et 20 000 hommes) dans le centre de la Russie, qu’elle peut ajouter à l’effort principal.

Ce n’est « pas suffisant » pour qu’une opération prenne une grande ville, dit-il – un jugement partagé par les responsables militaires occidentaux, mais qui pourrait suffire pour une tâche plus petite. « Une opération rapide pour entrer et sortir : peut-être. Mais une opération pour prendre Kharkiv, ou même la ville de Soumy, est d’un autre ordre. Les Russes le savent. Et nous le savons. Quoi qu’il en soit, des jours sombres s’annoncent pour Kharkiv, une ville de 1,2 million d’habitants qui a repoussé les premiers assauts de la Russie en 2022."

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D'un coté la conquête de Kharkiv et Sumy semblerait un objectif politiquement logique ... s'il s'agit de mettre un sorte de tampon entre l'ouest et la Russie. D'un autre coté vu comment les russes rament coté Kupiansk ... je ne les vois pas capable de prendre deux Oblast aussi peuplé par magie !!! Et encore moins les tenir !!!

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il y a 3 minutes, g4lly a dit :

Et encore moins les tenir !!!

C'est beaucoup plus difficile à prendre qu'à tenir surtout dans l'état dans lequel sera l'armée ukrainienne à la sortie d'un tel affrontement. Pour moi les russes vont encercler Kharkhiv et en faire le siège plusieurs mois si il faut.

Modifié par herciv
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il y a 1 minute, herciv a dit :

C'est beaucoup plus difficile à prendre qu'à tenir surtout dans l'état dans lequel sera l'armée ukrainienne à la sortie d'un tel affrontement. Pour moi les russes vont encercler Kharkhiv et en faire le siège plusieurs mois si il faut.

Pas c'est coin là ou la population est vivement opposé à la Russie ... déjà au début de la guerre ça avait été compliqué de ne serait ce que passé par là ...

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il y a 8 minutes, g4lly a dit :

Pas c'est coin là ou la population est vivement opposé à la Russie ... déjà au début de la guerre ça avait été compliqué de ne serait ce que passé par là ...

La ville et les alentours se sont déjà largement vidés ces dernieres semaines. Je pense que le plan pourrait être d'interdire les accès terre et air pour affamer la ville et en obtenir la reddition. Compte tenu de la longueur du front une armée de secours sera difficile a constituer. 

Modifié par herciv
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il y a 21 minutes, herciv a dit :

La ville et les alentours se sont déjà largement vidés ces dernieres semaines. Je pense que le plan pourrait être d'interdire les accès terre et air pour affamer la ville et en obtenir la reddition. Compte tenu de la longueur du front une armée de secours sera difficile a constituer. 

Les russes n'ont même pas été foutu d'encercler la ville !!!

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Si on en croit tes nouvelles récentes, les Russes avancent, les Ukrainiens reculent, ça ne défend plus nulle part.

Alors pourquoi pas ? Qu'est-ce qui les gênerait cette fois ?

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il y a 1 minute, Ciders a dit :

Si on en croit tes nouvelles récentes, les Russes avancent, les Ukrainiens reculent, ça ne défend plus nulle part.

Alors pourquoi pas ? Qu'est-ce qui les gênerait cette fois ?

Si ca défend bien selon les endroits. A Chasiv Yar les russes n’avancent plus depuis un moment ... le front bouge mais il n'y a plus d'avancer notable.

Pareil pour l'ouest d'Avdiivka plus de mouvement notable depuis un moment.

Même chose à Vulhedar le front reste plus ou moins au même endroit pourtant ils se mettent sur la gueule gaiement.

Le seule endroit ou du terrain à vraiment été perdu récemment en dehors de Ocheretyne c'est Rabotyne.

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il y a 6 minutes, g4lly a dit :

Les russes n'ont même pas été foutu d'encercler la ville !!!

On est d'accord. Mais çà n'est plus la même situation non plus. Les réseaux ont été largement attaqué en particulier les points de production d'énergie. Le résultat est qu'une large partie de la population est partie et que surtout les campagnes alentours sont probablement des no man's land. Pour moi les russes vont attaquer les villes dans les 10 - 20 km autour de Kharkiv pour couper les routes.

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