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Russie et dépendances.


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Il y a 2 heures, Desty-N a dit :

Dans ce cas, pourquoi n'y fait-elle pas appel, plutôt que de recourir à des mesures d'austérité aussi importantes? Faut-il y voir un lien avec la déclaration de Poutine comme quoi un déficit de plus de 3% mettrait à mal l'indépendance financière du pays?
Pour le reste, l'article conforte mon analyse. Pour sortir de la récession, le Kremlin doit rester attentif à deux facteurs : les sanctions occidentales et le prix du baril. Je ne crois toujours pas que Poutine restera les bras croisés, en attendant que le vent tourne.

- Question intéressante en effet.

En creusant un peu, je tombe sur cette définition du Fonds de réserve de la Russie. Ce fonds est destiné à adoucir l'impact des variations du prix des hydrocarbures sur le budget de l'Etat russe, sans endetter l'Etat exagérément - c'est un amortisseur en quelque sorte. Il est géré par le Ministère des finances et contenait au 1er novembre 2015 environ 66 milliards de dollars. C'est ce fond dont le ministre des finances Siluanov prévenait en fin d'année dernière qu'il risquerait de s'épuiser à fin 2016. 

Ce qui est trompeur, c'est la présentation comme quoi ce serait là la dernière réserve de la Russie.

Les réserves internationales de la Russie se montaient au 30 novembre 2015 à 365 milliards de dollars, montant qui n'inclut qu'en partie les 66 milliards du Fonds de réserve : "Part of resources on accounts of the Reserve Fund and of the National Wealth Fund of the Russian Federation which is denominated in foreign currency, deposited with the Bank of Russia and further invested by the Bank of Russia in foreign financial assets is included in the international reserves of the Russian Federation."

Certes Moscou ne mettrait sans doute pas en jeu la totalité des réserves internationales - l'or, pour commencer ! - mais enfin il semblerait bien qu'ils conservent pas mal de marge - aux alentours de 300 milliards tout de même !

Ce programme d'austérité est donc un choix politique destiné à conserver l'essentiel des fonds.

 

- La déclaration comme quoi "la période de bas prix des hydrocarbures s'annonce très longue" me semble assez contestable, sauf naturellement à partir de l'idée comme quoi l'économie mondiale est en train d'entrer en récession ou du moins stagnation éventuellement longue.

Ce qui certes n'est pas exclu. Et pourrait être la motivation principale du choix politique de ne pas utiliser plus qu'une petite partie des réserves.

Donc mon hypothèse serait que les dirigeants russes ont choisi de préparer le scénario négatif "récession mondiale", et de commencer dès maintenant.

 

- Dans ce programme d'austérité, une chose me frappe, c'est que ce sont les dépenses sociales qui seront touchées. Pas le social parmi d'autres choses. Même pas principalement. Mais exclusivement.

Citation

The Russian government has decided to optimize the budget for 2016. The ministries have until mid-January to prepare and submit proposals to the Finance Ministry to reduce costs by 10 percent.

Fomichev didn’t specify which programs will face cuts. The list of state programs includes healthcare, education, social security, pensions, culture, tourism and sports.

Si c'était les dirigeants russes qui gouvernaient la Grèce, les relations avec la Troïka seraient excellentes. Wolfgang Schaüble serait content. :angry: Pas de mauvais garnement genre Tsipras pour faire le malin. Pas de type peu clair genre Hollande qui donne certes des gages comme la nomination de Macron, mais traîne ensuite les pieds pour exécuter tout ce qu'on attend de lui.

 

- Et dans la manière... donner deux jours aux ministères concernés pour détailler comment ils envisagent de diminuer leurs ressources de 10% :blink: !

Bon, cet accès d'autoritarisme très démonstratif n'est évidemment pas un signe de force. Soit le ministre a besoin de montrer au Président qu'il agit - c'est donc que Vladimir l'a à l’œil - soit il sait qu'il rencontrera beaucoup de résistances et essaie donc de frapper un grand coup sur la table pour montrer qui est le patron, Чёрт побери́!‎

Ça serait drôle si ça n'était pas grotesque.

 

- Sur l'idée que tu défends "Poutine ne restera pas les bras croisés" - au sens diplomatique voire militaire - je continue à penser que cet homme, en tant que dirigeant, reste un être calculateur et de sang-froid. Il y aurait beaucoup plus de risques que de bénéfices potentiels à adopter une stratégie de déstabilisation des autres producteurs de pétrole, et la situation économique du pays ne le nécessite absolument pas, donc je ne vois pas Poutine le décider.

Sans compter naturellement que nombre de ces autres producteurs se déstabilisent bien tous seuls comme des grands :mellow: ...

En ce qui concerne une action diplomatique, là ce serait plus vraisemblable si la Russie avait de véritables options. Mais sans l'exclure totalement ça me paraît vraiment difficile, car il y faudrait :

- soit un gouvernement saoudien désireux de calmer les oppositions géopolitiques sur le long terme, donc potentiellement ouvert à une entente avec la Russie sur le sujet pétrolier combiné à une sorte d' "accord de non-agression" sur les sujets de friction tels Syrie et Iran. Mais ce n'est vraiment pas la tendance à Riyad en ce moment...

- soit des gouvernements européens désireux de réparer les relations avec la Russie, c'est-à-dire prêts à lever les sanctions économique, probablement en échange de quelques concessions supplémentaires russes, peut-être sur le sujet ukrainien, mais sans mettre exprès la barre trop haut pour que Moscou puisse l'atteindre en s'installant dans une opposition structurelle à la Russie. Mais là encore ce n'est vraiment pas la tendance en UE en ce moment...

Même si la Russie peut bien rester militairement active sur le théâtre syrien, voire augmenter son activité à tel autre endroit, je m'attends à ce que la stratégie générale de Moscou reste défensive, sur le plan économique comme géostratégique - l'intervention en Syrie était elle même de nature défensive, destinée à éviter l'effondrement d'un allié.

Et oui, tel que je l'interprète, cela consiste bien à être sur la défensive "en attendant que le vent tourne". Que ce vent soit par exemple une forte augmentation du prix du pétrole qui reste un scénario notamment si la récession mondiale est évitée, ou bien une série de révisions déchirantes des politiques européennes suite à l'avènement de gouvernements nationaux "contestataires" en UE, ou encore une révision en profondeur de la politique étrangère américaine en 2017 suite à l'élection d'un certain Donald, voire même une récession mondiale qui irait jusqu'à effondrer une partie du système financier rebattant ainsi toutes les cartes.

Dans un monde qui pour dire les choses ainsi est rempli de "scènes d'accident qui ne demandent qu'à arriver", consolider sa position en attendant que l'un ou l'autre accident arrive pour pouvoir le mettre à profit n'est pas une mauvaise stratégie générale.

Il me semble que c'est celle de Vladimir Poutine.

 

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Il y a 4 heures, Desty-N a dit :

Il y a un point qui m'échappe: je pensais que la Russie disposait d'importantes réserves de liquidités:

http://www.bloomberg.com/quote/RUREFEG:IND

Dans ce cas, pourquoi n'y fait-elle pas appel, plutôt que de recourir à des mesures d'austérité aussi importantes? Faut-il y voir un lien avec la déclaration de Poutine comme quoi un déficit de plus de 3% mettrait à mal l'indépendance financière du pays?

[...]

Il y a plusieurs choses étonnantes mais, pour répondre à ta question : la Russie a un problème d'inflation. Je ne sais pas trop pourquoi, mais même du temps du "rouble fort" avant l'Ukraine, ils en étaient sur des valeurs entre 6% et 12% annuels. Ca plombe complètement la productivité quand la monnaie reste forte.  Avec la chute du rouble, la Russie a certainement importé de l'inflation, lourdement dépendante qu'elle est des productions étrangères, et ça rebaisse un peu depuis. Mais ça n'est pas joli-joli, et ça re-grinotte le gain de compétitivité induit par la chute du rouble de moitié.

De sales habitudes ont probablement été prises (voire l'évolution des prix à la production). Combiner à la fois forte hausse des salaires (15%) et récession forte (>3%) après dévaluation (-50% de mémoire), c'est un peu l'horreur. Il faut dire aussi que la dévaluation ça sert à quelque chose quand on a quelque chose à vendre, d'une part, et qu'on peut le vendre parce qu'on est pas sous embargo. Or là, mis à part l'armement et le pétrole, que vend la Russie ? Quelques produits agricoles ?

Bref : est-il opportun de réinjecter des liquidités, ce qui favoriserait encore l'inflation ?
Et en plus un truc ne marche pas : ils ont du $, OK. Comment injectent-ils du rouble ? Ils rachètent du rouble à l'international (qui en détient ?) pour le réinjecter en interne ? Ils feraient bêtement mieux d'en imprimer plutôt que de gâcher leurs bons $$ !! Je blague à peine.

Sinon, pour les réductions de dépenses "de 10% décidées en 10 jours sans toucher aux salaires", outre le côté illusoire de ce type d'oukazes (aucune réduction intelligente de cette magnitude ne peut être conçue en aussi peu de temps)  :  ça va mécaniquement avoir un effet récessif.

A-t-on une idée des sorties de capitaux, recommencent-ils à fuir ? Ca s'était sérieusement calmé voire inversé je crois, du moins dans les stats officielles.
Dans la même veine : les russes continuent-ils à "dollariser" leur économie ?

Et puis une chose est tout de même frappante : c'est l'extrême dépendance du budget de l'état russe aux recettes liées au pétrole ! N'ont-ils aucun autre impôt ou taxe pour que celles-ci représentent 50% des recettes budgétaires ? Ca c'est délirant.
Sur ce, c'est une bonne occasion d'un rapprochement franco-russe : on devrait pouvoir leur déléguer des experts ès-créativité fiscale, on est champions, depuis longtemps. La TVA est une invention française, Mônsieur Poutine !  :mechantc:

Modifié par Boule75
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Je me demande si après cette mauvaise passe, la Russie va diversifier son économie et ne plus tout miser sur l'énergie et l'armement. Développer son agriculture, le secteur tertiaire, les haute-technologies... C'est un projet qui revient souvent mais qui ne se concrétise toujours pas.

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il y a 52 minutes, Kiriyama a dit :

Je me demande si après cette mauvaise passe, la Russie va diversifier son économie et ne plus tout miser sur l'énergie et l'armement. Développer son agriculture, le secteur tertiaire, les haute-technologies... C'est un projet qui revient souvent mais qui ne se concrétise toujours pas.

C'est qu'il ne suffit pas de vouloir... :smile:

Ça se saurait, sinon.

 

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Il y a 2 heures, Alexis a dit :

- Question intéressante en effet.

En creusant un peu, je tombe sur cette définition du Fonds de réserve de la Russie. Ce fonds est destiné à adoucir l'impact des variations du prix des hydrocarbures sur le budget de l'Etat russe, sans endetter l'Etat exagérément - c'est un amortisseur en quelque sorte. Il est géré par le Ministère des finances et contenait au 1er novembre 2015 environ 66 milliards de dollars. C'est ce fond dont le ministre des finances Siluanov prévenait en fin d'année dernière qu'il risquerait de s'épuiser à fin 2016.  (...)

 

Il y a 2 heures, Boule75 a dit :

Il y a plusieurs choses étonnantes mais, pour répondre à ta question : la Russie a un problème d'inflation. (...)

D'abord merci de vos réponses, très complètes et complémentaires. Il va me falloir un peu de temps pour les assimiler.

Juste une précision: quand j'écris "Poutine ne restera pas les bras croisés", je ne pense pas obligatoirement à une opération de déstabilisation de grande ampleur. Avant tout, car je ne vois qu'un pays qui cumule une importante production de pétrole et une grande fragilité : le Venezuela. Les autres produisent trop par rapport à la consommation mondiale d'hydrocarbure (Ex :Algérie) ou s'avèrent trop solides (Ex: Russie ...)
Cependant, il existe plus d'une manière d'agir vis-à-vis de Caracas. Par exemple en ne l'aidant pas. Moscou possède d'importantes réserves de liquidités. Boule75 a expliqué le peu d’intérêt qu'il y avait à les utiliser en interne, mais d'autres pays s'avérer heureux de bénéficier de prêts moyennant contrepartie (par ex: une basse russe sur la côte vénézuélienne)  Et il ne s'agit là que d'un aperçu d'une des solutions existantes.

Depuis hier, j'envisage aussi que Poutine aie recours à des solutions plus diplomatiques, comme un modus vivendi avec l'Opep, voire une adhésion. Le président de la Fédération de Russie n'est pas un imbécile, mais je ne l'imagine pas non plus rester passif devant la situation actuelle, plutôt difficile pour son pays. Il agira. J'essaie juste de cerner toutes les options qui s'offrent à lui, afin d'améliorer mes chances de tâcher de deviner ses prochaines actions (on peut rêver ...)

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Il y a 3 heures, Boule75 a dit :

Il y a plusieurs choses étonnantes mais, pour répondre à ta question : la Russie a un problème d'inflation. Je ne sais pas trop pourquoi, mais même du temps du "rouble fort" avant l'Ukraine, ils en étaient sur des valeurs entre 6% et 12% annuels. Ca plombe complètement la productivité quand la monnaie reste forte.  Avec la chute du rouble, la Russie a certainement importé de l'inflation, lourdement dépendante qu'elle est des productions étrangères, et ça rebaisse un peu depuis. Mais ça n'est pas joli-joli, et ça re-grinotte le gain de compétitivité induit par la chute du rouble de moitié.

De sales habitudes ont probablement été prises (voire l'évolution des prix à la production). Combiner à la fois forte hausse des salaires (15%) et récession forte (>3%) après dévaluation (-50% de mémoire), c'est un peu l'horreur. Il faut dire aussi que la dévaluation ça sert à quelque chose quand on a quelque chose à vendre, d'une part, et qu'on peut le vendre parce qu'on est pas sous embargo. Or là, mis à part l'armement et le pétrole, que vend la Russie ? Quelques produits agricoles ?

Bref : est-il opportun de réinjecter des liquidités, ce qui favoriserait encore l'inflation ?
Et en plus un truc ne marche pas : ils ont du $, OK. Comment injectent-ils du rouble ? Ils rachètent du rouble à l'international (qui en détient ?) pour le réinjecter en interne ? Ils feraient bêtement mieux d'en imprimer plutôt que de gâcher leurs bons $$ !! Je blague à peine.

Sinon, pour les réductions de dépenses "de 10% décidées en 10 jours sans toucher aux salaires", outre le côté illusoire de ce type d'oukazes (aucune réduction intelligente de cette magnitude ne peut être conçue en aussi peu de temps)  :  ça va mécaniquement avoir un effet récessif.

A-t-on une idée des sorties de capitaux, recommencent-ils à fuir ? Ca s'était sérieusement calmé voire inversé je crois, du moins dans les stats officielles.
Dans la même veine : les russes continuent-ils à "dollariser" leur économie ?

Et puis une chose est tout de même frappante : c'est l'extrême dépendance du budget de l'état russe aux recettes liées au pétrole ! N'ont-ils aucun autre impôt ou taxe pour que celles-ci représentent 50% des recettes budgétaires ? Ca c'est délirant.
Sur ce, c'est une bonne occasion d'un rapprochement franco-russe : on devrait pouvoir leur déléguer des experts ès-créativité fiscale, on est champions, depuis longtemps. La TVA est une invention française, Mônsieur Poutine !  :mechantc:

 

L’impôt russe est très inégalitaire car ils ont réalisé le vieux rêve des ultras libéraux de l’impôt à taux unique. Il y'a peut être de la marge de ce coté, en passant par l'impôt foncier ou sur les successions par exemple.

D'ailleurs faudrait qu'on nous explique pourquoi le budget russe a tant besoin de la rente gazière pour s'équilibrer si la flat tax était si efficace.

Modifié par MontGros
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(...)  "Le baril d'or noir s'enfonce sous le seuil des 30 dollars, ce qui risque de se traduire par une nouvelle année de récession pour la Russie, a admis le ministre de l'Economie Alexeï Oulioukaïev (...)
Dès l'ouverture de la Bourse de Moscou, le dollar a dépassé le seuil des 78 roubles et a atteint 78,93 roubles, se rapprochant de son sommet historique de 80 roubles (...)
L'euro a atteint 85,88 roubles, là aussi un pic (...) 

Le marché boursier, après une ouverture en forte baisse, se stabilisait. L'indice RTS (en dollars) cédait 0,88% vers 09H00 GMT, soit un plongeon de près de 15% au total depuis le début de l'année
(...) Les prévisions économiques et le budget sont bâtis sur une prévision de baril à 50 dollars. Si la moyenne sur l'année est de 40 dollars, le produit intérieur brut subira cette année "une petite baisse, moins de 1%", a évalué ce week-end le ministre de l'Économie Alexeï Oulioukaïev, cité par l'agence Interfax. (...)"
http://www.lepoint.fr/bourse/russie-le-rouble-chute-avec-le-petrole-18-01-2016-2010869_81.php

Problème: je n'ai pas trouvé la dépêche d'Interfax. 

J'ai cherché des éléments pour approfondir le sujet:
"Pour Patrick Artus, directeur de la recherche de Natixis, l'excès d'offre sur la demande de pétrole pourrait maintenir le prix du baril sous les 30 dollars pendant "les deux ou trois années à venir". 
(...) Du côté des pays producteurs, la chute est si violente et tellement inattendue qu’elle se traduit par une réduction de la demande intérieure toute aussi brutale. Ce qui commence à peser négativement sur les exportations
des pays de l’OCDE vers les pays producteurs d’or noir. Hormis les Saoudiens qui peuvent tenir le choc – ils disposent de 750 milliards de dollars de réserve -, les autres pays producteurs comme la Russie, l’Algérie, l’Iran, l’Irak, le Nigeria, le Venezuela, la Colombie et Équateur sont déjà confrontés à de sérieux problèmes budgétaires."
http://www.challenges.fr/challenges-soir/20160118.CHA4033/petrole-pourquoi-le-retour-de-l-iran-sur-le-marche-est-inquietant.html  

Je vois mal le locataire du Kremlin se contenter de faire le gros dos en attendant que le vent tourne, comptant sur sa bonne étoile. Patient oui, passif non.

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Le 14/1/2016à16:23, Kiriyama a dit :

Je me demande si après cette mauvaise passe, la Russie va diversifier son économie et ne plus tout miser sur l'énergie et l'armement. Développer son agriculture, le secteur tertiaire, les haute-technologies... C'est un projet qui revient souvent mais qui ne se concrétise toujours pas.

 

Le 14/1/2016à17:16, Alexis a dit :

C'est qu'il ne suffit pas de vouloir... :smile:

Ça se saurait, sinon.

Pourtant, ils ont l'air d'avoir de bonnes compétences dans le domaine aéronautique (militaire) et spatial, ça m'étonne que la part des russe soit si faible dans l'aéronautique civil (que ce soit comme constructeur d'avion ou comme motoriste).

Normalement, ils devraient avoir la compétence technique, et avec des cout salariaux plus faible qu'en europe ou aux US, il devrait pouvoir se faire une place sur le marché non ?

C'est un problème de masse critique trop faible qui les empêche de concurrencer des Boeing, Airbus, GE, Rolls Royce, SNECMA, etc... ?

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Il y a peut-être ça mais aussi le fait qu'historiquement (enfin depuis les années 50/60), les appareils russes ont été moins nombreux sur le marché international. Et de fil en aiguille, cela devient de plus en plus difficile de construire et développer de nouveaux appareils. 

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Le problème de fond de la Russie c'est pas la technique c'est le manque d'efficacité managériale au global, dans le publique aussi bien que le privé, et qui garde les mauvaises habitudes de gaspillage de l'ère soviétique.

Je me souviens de ce chiffre hallucinant de 20% du gaz naturel qui fout le camp dans l'atmosphère durant le transport ! 

Bref, c'est pas tout de savoir faire des avions, encore faut-il qu'il soit sobre en carburant, économique à exploiter et à entretenir, et confortable pour les passagers.

Autre chose, il ne faut pas sous-estimer la perte de compétences dans tout les domaines consécutive au chaos qui a suivie la chute de l'URSS et le pillage/dépeçage généralisé de l'économie durant les mandats d'Eltsine. Casser c'est facile, reconstruire c'est une autre affaire. On est pas loin de la chute des Mayas ou de l'empire romain en la matière avec le même genre de conséquences.

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il y a 11 minutes, Shorr kan a dit :

Le problème de fond de la Russie c'est pas la technique c'est le manque d'efficacité managériale au global, dans le publique aussi bien que le privé, et qui garde les mauvaises habitudes de gaspillage de l'ère soviétique.

Je me souviens de ce chiffre hallucinant de 20% du gaz naturel qui fout le camp dans l'atmosphère durant le transport ! 

Bref, c'est pas tout de savoir faire des avions, encore faut-il qu'il soit sobre en carburant, économique à exploiter et à entretenir, et confortable pour les passagers.

Autre chose, il ne faut pas sous-estimer la perte de compétences dans tout les domaines consécutive au chaos qui a suivie la chute de l'URSS et le pillage/dépeçage généralisé de l'économie durant les mandats d'Eltsine. Casser c'est facile, reconstruire c'est une autre affaire. On est pas loin de la chute des Mayas ou de l'empire romain en la matière avec le même genre de conséquences.

Je pense qu'on peut également rajouter de sales habitudes du type "augmentation systématique des salaires et/ou clientèlisme" : je ne vois pas comment expliquer autrement des augmentations de 10-20% de la hausse des prix à la production en plein milieu d'une récession assez violente (-4%) alors même que les taux d'intérêt de la banque centrale sont de l'ordre de 10-14%  (les taux d'intérêt aux entreprises sont donc probablement supérieurs) et alors que l'état ne laisse pas filer son déficit en menant une politique de contraction des dépenses.

Une autre manière de le dire : leur marché du travail ne fonctionne pas...

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Il y a 9 heures, Imparator a dit :

Le pétrole est en dessous des 28$ le baril. Et 1$ dépasse les 80 roubles. 

Citation

 

Russie : le rouble tombe au plus bas niveau de son histoire face au dollar

La monnaie russe, plombée par l'effondrement des cours du pétrole, a atteint, mercredi, un niveau encore plus bas que lors de la crise de décembre 2014.

La monnaie russe est tombée, mercredi 20 janvier, à son plus bas niveau historique face au dollar, sous le coup de l'effondrement des cours du pétrole, qui enfonce la Russie dans la crise économique. Le dollar a atteint 80,20 roubles à la Bourse de Moscou. Le rouble ne s'est jamais échangé à ce niveau depuis que Moscou a enlevé trois zéros à sa monnaie, au moment de la grave crise financière de 1998.

Jusqu'à présent, la monnaie russe s'était maintenue au-dessus de ses pires niveaux des journées noires de décembre 2014, quand un vent de panique s'était emparé des investisseurs et des Russes. Mercredi, l'euro est, quant à lui, monté jusqu'à 87,67 roubles, son plus bas niveau depuis décembre 2014. La monnaie unique européenne avait alors atteint 100 roubles.

"Nous n'avons pas de plan d'action", dénonce Gorbatchev

Le pétrole représente, avec le gaz, plus de la moitié des revenus de l'Etat russe et la chute des cours du baril intervient au moment où le pays, également visé par des sanctions liées à la crise ukrainienne, espérait sortir de la récession qui l'a frappée en 2014. Le gouvernement a déjà indiqué qu'avec un pétrole aux niveaux actuels, le produit intérieur brut devrait encore se contracter cette année et que des coupes budgétaires seraient nécessaires.

Dans ses nouvelles prévisions publiées mardi, le FMI a réduit sa prévision pour la Russie et table sur une baisse de 1% du PIB cette année. "Nous n'avons toujours pas de programme (...), pas de plan d'action" pour sortir de la crise économique, a dénoncé l'ex-président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, cité par l'agence de presse publique Ria Novosti. Jusqu'à présent, "tout ce que l'on nous dit vise visiblement à nous calmer, mais peu d'efforts sont entrepris pour réaliser" ces promesses, a-t-il ajouté.

http://www.francetvinfo.fr/monde/russie/le-rouble-tombe-au-plus-bas-niveau-de-son-histoire-face-au-dollar_1277821.html

 

Même Gorbatchev s'en inquiète de la situation.

Citation

 

Comment les priorités géopolitiques de Poutine pénalisent davantage l’économie russe que la conjoncture

Les difficultés économiques de la Russie sont en partie liées à des causes conjoncturelles mais ce sont des facteurs structurels endogènes qui pénalisent le plus durement l'économie russe. Pour asseoir son pouvoir, Vladimir Poutine s'est depuis l'année 2008 concentré sur les questions de politique étrangère au détriment de l'économie. Les handicaps dont souffre l'économie russe ne pourront être levés que si Vladimir Poutine fait preuve de davantage de rationalité...
Pour la suite:

http://www.atlantico.fr/decryptage/comment-priorites-geopolitiques-poutine-penalisent-davantage-economie-russe-que-conjoncture-cyrille-bret-2549094.html

 

 

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Il y a 12 heures, Imparator a dit :

CZL24aIWwAA_0l0.jpg

 

Il s'agit là de deux "actions de protestation des emprunteurs en devise". Voir un lien détaillé ici (en russe, mais la traduction automatique est assez claire)

Environ 150 personnes au total, devant deux établissements bancaires, endettés en devise étrangère, exigeant la restructuration de leur dette à un taux acceptable. Utiliser une devise étrangère comme référence d'un prêt, ou encore d'un loyer par exemple, est pratique relativement courante en Russie - sans que je dispose de chiffres, j'ai au moins un autre exemple parmi des gens que je connais, donc je peux affirmer que ça n'est pas rare.

Evidemment, avec un dollar dont la valeur a augmenté de +140% entre mi-2014 et aujourd'hui, ou un euro qui a pris +100% dans le même temps, ça doit faire vraiment mal...

Et l'augmentation entre il y a un mois et aujourd'hui c'est +18% dans les deux cas. Il y a donc de plus un "flash de douleur" récent et un mouvement qui inquiète car ne donnant pas l'impression d'être nécessairement achevé.

 

Soit dit en passant, c'est là un exemple de l’ambiguïté de la position russe par rapport au système financier comme au système, disons le mot, hégémonique mondial. Moscou est comme qui dirait le c.. entre deux chaises :

- d'un côté elle se veut diplomatiquement un membre essentiel des BRICS, qui se soutiennent mutuellement - elle a par exemple reçu leur soutien pour ce qui est de la Crimée, font des projets ensemble tels les câbles sous-marins alternatifs qui leur permettront d'échapper à la surveillance que la NSA exerce sur le réseau mondial d'information à l'aide des câbles existants sous contrôle américain, et encore elle fonde avec eux un embryon de "FMI alternatif", militairement elle est membre fondateur de l'OCS, elle fait des exercices avec l'armée chinoise, lui vend des armes ainsi qu'à l'Inde, etc. etc.

- de l'autre, la Russie reste à ce jour bien plus ouverte aux flux financiers, bien plus libérale du point de vue des capitaux que n'importe quel autre membre des BRICS. Des prêts en devise étrangère aux particuliers, des loyers libellés en euro ou en dollar, croyez-vous que ce soit autorisé en Chine ? C'est bien sûr interdit. De même il existe des mesures de contrôle des capitaux. Et l'Inde non plus, et le Brésil non plus ne sont pas ouverts au degré où l'est le système financier russe.

 

Si le pétrole continue d'être si bon marché, voire baisse encore, le gouvernement russe aura le choix entre d'une part laisser se développer une crise sociale avec beaucoup de gens - des millions ? je ne sais pas - acculés à des faillites personnelles pour cause de prêts en dollar ou de loyers libellés en euro.

D'autre part clarifier quelque peu sa position ambiguë par rapport au système financier mondial et à la diplomatie hégémonique - ou bien américano-centrée, si le mot hégémonique vous déplaît. Donc choisir entre soumission aux Etats-Unis - elle devrait être abjecte, regardez le régime imposé à Athènes par l'Union européenne qui a empiré suite à la tentative du gouvernement Tsipras de le desserrer, Bruxelles, Francfort et Berlin ont voulu faire un exemple - et dégagement au moins partiel de la libéralisation financière qui distingue la Russie de pays comme l'Inde et surtout la Chine.

J'imagine très mal Poutine choisir d'aller à Canossa comme un Tsipras. Reste donc à voir s'il choisira de laisser la crise sociale se développer, en la compensant par une propagande "patriotique" accentuée - l'homme est très libéral en économie, ne l'oublions pas - ou s'il préférera dégager autant que nécessaire la Russie de sa libéralisation financière.

Ce qui pourrait en pratique se faire avec une intervention de l'Etat pour faire passer du dollar ou euro au rouble les prêts en question, donc pertes pour l'Etat comme quand dans le bloc atlantique on "sauve" une banque. Ou avec des pressions et accusations pour que les banques proposent "d'elles-même" les aménagements qui s'imposent, car après tout derrière ces banques il n'y a jamais que des oligarques qui savent qu'ils n'ont le droit d'être super-riches que pourvu qu'ils se tiennent à carreau - et Poutine pourrait certainement leur "expliquer" qu'il modifie le contrat. Y a des exemples :laugh: (lien vers la vidéo)

Vader_Lando.jpg

"I am altering the deal. Pray I don't alter it any further"

A voir pour le dosage entre les deux options. A la place de Vladimir, je n'hésiterais pas - sur ce coup, c'est Anakin qui a raison :happy: - mais encore une fois le président russe est un libéral en économie, donc il pourrait choisir de laisser le pékin moyen souffrir en compensant avec davantage de propagande interne.

 

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Le 20/1/2016à10:17, Shorr kan a dit :

Autre chose, il ne faut pas sous-estimer la perte de compétences dans tout les domaines consécutive au chaos qui a suivie la chute de l'URSS et le pillage/dépeçage généralisé de l'économie durant les mandats d'Eltsine. Casser c'est facile, reconstruire c'est une autre affaire. On est pas loin de la chute des Mayas ou de l'empire romain en la matière avec le même genre de conséquences.

1) Je pense que cette perte de compétences est un facteur absolument essentiel en effet.

Un exemple révélateur, ce sont les problèmes dantesques auxquels ont du faire face les Russes pour mettre au point leur nouveau missile balistique Boulava - échecs à répétition, dérapages calendaires etc. - alors qu'il s'agissait certes d'un nouveau modèle plus performant, mais enfin rien de révolutionnaire non plus par rapport à ce qui se faisait dans les années 80 en Union soviétique. L'explication la plus simple, et probablement la plus vraie, est que toute un corpus de connaissances non explicites, non formulées, représentant en quelque sorte un certain "art" ou "tournemain", et encore des connaissances plus managériales, n'ont pas été transmises à cause de la profonde désorganisation des années 90 des vieux ingénieurs vers les jeunes. Et ceux-là ont donc du reconstituer ces connaissances en partie au moins "sur le tas", d'où des délais et coûts plus lourds. En pratique, ils ont du faire leurs propres erreurs, pour réapprendre ce que les générations précédentes d'ingénieurs avaient appris mais n'avaient pu transmettre.

En ce qui concerne les missiles balistiques, le processus est sans doute déjà arrivé à son terme. D'une manière générale il arrivera à terme pour l'ensemble des technologies militaires critiques, parce que la volonté politique est là, donc les crédits suivent. Mais c'est une exception plutôt qu'une règle, la plupart des autres domaines économiques ne bénéficient pas de mêmes parrains prêts à investir beaucoup et longtemps.

Ce qui nous mène directement à un deuxième facteur débilitant :

2) Les richesses et les capitaux russes sont concentrés à un degré stupéfiant dans les mains d'un nombre incroyablement réduit de personnes super-riches : en 2013, 110 personnes possédaient 35% de la richesse privée, un degré d'inégalité qui ne se retrouve dans aucune autre nation digne de ce nom (l'exception ce sont quelques îles des Caraïbes servant de refuges à milliardaire)

Les riches peuvent être des investisseurs dans des projets risqués, lourds et à long terme, avec les reins assez solides pour accepter les coûts initiaux. Ça fait même partie de leurs rôles sociaux essentiels, pour ne pas dire que c'est le seul. Mais ces 110 super-riches, ou ces quelques centaines si on élargit au maximum, ne jouent pas ce rôle, pour des raisons assez claires :

- ils sont trop peu nombreux, la loi des grands nombres ne peut guère jouer pour assurer que se trouvent parmi eux au moins quelques personnes avec les talents et la volonté de construire pour le long terme et de créer quelque chose dont ils puissent être fiers

- pire, ils n'ont obtenu leur super-richesse que par le pillage et la mise en exploitation de ressources et d'entreprises existantes, ou bien en étant les premiers à appliquer en ex-URSS des méthodes déjà mises au point ailleurs - banques, médias. Le tout dans un contexte criminel, en étant non seulement les plus efficaces mais surtout les plus impitoyables. Bref, ce ne sont pas des créateurs, mais bien souvent des bandits de grand style et des profiteurs. Pas des Citroën, des Gates, des Dassault, des Porsche ni des Musk. Plutôt le genre Al Capone.

Bien sûr, ils voulaient être respectables, et ils y ont largement réussi. Et quand on est devenu respectable, il faut se comporter de la manière qui convient, et c'est ce qu'ils font. Mais cela signifie pour eux davantage jouir de leur fortune, avoir un club de foot en Angleterre ou un yacht géant, vivre entre villa sur la Côte d'Azur et palais somptueux en Russie, et encore investir dans telle entreprise bien établie en Europe ou aux Etats-Unis... que mettre les mains dans le cambouis à tous risques pour faire quelque chose de neuf au pays.

Leurs enfants sont éduqués dans les meilleures écoles internationales. En anglais, bien sûr. Certains même ne parlent pas si bien le russe que cela.

C'est un lieu commun de dire que les milliardaires n'ont guère de patrie. Lieu commun, en fait à relativiser dans le cas général. Dans le cas russe cependant, je crains qu'il puisse être pris au pied de la lettre.

3) Enfin et plus généralement, la Russie souffre à un degré très fort de ce qu'on appelle la "maladie hollandaise", ou bien malédiction des matières premières,

Citation

qui relie exploitation de ressources naturelles et déclin de l'industrie manufacturière locale. Ce phénomène est suscité par l'accroissement des recettes d'exportations, qui à son tour provoque l'appréciation de la devise. Le résultat est que dans les autres secteurs, les exportations deviennent moins favorables que les importations. Inspiré du cas des Pays-Bas des années 1960, le terme maladie hollandaise est utilisé par extension pour désigner les conséquences nuisibles provoquées par une augmentation importante des exportations de ressources naturelles par un pays.

La hausse de la devise nationale provoquée par l'afflux des recettes d'exportation de matières premières n'est qu'une dimension, ou bien le principal levier du problème.

En forçant le trait, la Russie pourrait être décrite comme une Arabie avec une agriculture autosuffisante, une armée sérieuse, une technologie militaire avancée, un régime semi-démocratique et sans idéologie religieuse extrémiste. Ces différences en font certes un pays plus stable, plus puissant et plus sympathique... mais pas un centre d'innovation technologique et industrielle, que le pays aurait pourtant les ressources intellectuelles et scientifiques pour être.

Il n'existe tout simplement pas de motivation suffisante pour le devenir.

Pour prendre quelque peu l'échelle du problème, on peut remarquer qu'après une quinzaine d'années d'un grave déclin, l'industrie manufacturière française exportait 445 milliards de dollars de produits en 2013, contre 101 milliards de dollars pour l'industrie manufacturière russe, ceci avec une formation techno-scientifique de niveau comparable sinon supérieur et avec une population de plus du double.

 

A côté de ces trois facteurs, je crois que les habitudes de gaspillage soviétique qui pourraient persister et les manques éventuels de technique managériale sont relativement secondaires - car ils pourraient être corrigés relativement rapidement, si ces trois facteurs de perte de compétences, de classe super-riche non entreprenante concentrant les capitaux et de malédiction des matières premières ne bloquaient pas le chemin.

 

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Il y a 3 heures, Alexis a dit :

(...) Environ 150 personnes au total, devant deux établissements bancaires, endettés en devise étrangère, exigeant la restructuration de leur dette à un taux acceptable. Utiliser une devise étrangère comme référence d'un prêt, ou encore d'un loyer par exemple, est pratique relativement courante en Russie (...)

Evidemment, avec un dollar dont la valeur a augmenté de +140% entre mi-2014 et aujourd'hui, ou un euro qui a pris +100% dans le même temps, ça doit faire vraiment mal...

Et l'augmentation entre il y a un mois et aujourd'hui c'est +18% dans les deux cas. Il y a donc de plus un "flash de douleur" récent et un mouvement qui inquiète car ne donnant pas l'impression d'être nécessairement achevé

Soit dit en passant, c'est là un exemple de l’ambiguïté de la position russe par rapport au système financier comme au système, disons le mot, hégémonique mondial. Moscou est comme qui dirait le c.. entre deux chaises :

- d'un côté elle se veut diplomatiquement un membre essentiel des BRICS, qui se soutiennent mutuellement (...)

- de l'autre, la Russie reste à ce jour bien plus ouverte aux flux financiers, bien plus libérale du point de vue des capitaux que n'importe quel autre membre des BRICS. Des prêts en devise étrangère aux particuliers, des loyers libellés en euro ou en dollar, croyez-vous que ce soit autorisé en Chine ? C'est bien sûr interdit. De même il existe des mesures de contrôle des capitaux. Et l'Inde non plus, et le Brésil non plus ne sont pas ouverts au degré où l'est le système financier russe

Si le pétrole continue d'être si bon marché, voire baisse encore, le gouvernement russe aura le choix entre d'une part laisser se développer une crise sociale (..) D'autre part clarifier quelque peu sa position ambiguë par rapport au système financier mondial (...)

J'imagine très mal Poutine choisir d'aller à Canossa comme un Tsipras. Reste donc à voir s'il choisira de laisser la crise sociale se développer, en la compensant par une propagande "patriotique" (...)- ou s'il préférera dégager autant que nécessaire la Russie de sa libéralisation financière.

Ce qui pourrait en pratique se faire avec une intervention de l'Etat pour faire passer du dollar ou euro au rouble les prêts en question, donc pertes pour l'Etat comme quand dans le bloc atlantique on "sauve" une banque. Ou avec des pressions et accusations pour que les banques proposent "d'elles-même" les aménagements qui s'imposent, 

(...) À voir pour le dosage entre les deux options. A la place de Vladimir, je n'hésiterais pas - sur ce coup, c'est Anakin qui a raison :happy: - mais encore une fois le président russe est un libéral en économie, donc il pourrait choisir de laisser le pékin moyen souffrir en compensant avec davantage de propagande interne.

  Alexis
Malgré une économie nettement moins ouverte au système financier mondial, il ne me semble pas que la Chine se trouve à l'abri de difficultés économiques pour autant. Non seulement en ce qui concerne la croissance ( http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20160119-croissance-pib-chine-69-faible-record-25-ans-ralentissement-economique ) , mais aussi pour la monnaie et la bourse ( http://www.courrierinternational.com/article/economie-bourse-pekin-multiplie-les-faux-pas , http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/01/12/comprendre-la-chute-du-yuan-en-3-questions_4846123_4355770.html )

De plus, je persiste à penser que le coté financier ne constitue qu'une facette du problème russe et donc de la solution. Au delà de l'hypothétique défaut d'un gros producteurs d'hydrocarbures comme le Venezuela, il existe des approches diplomatiques: 
 • vis-à-vis de l'OPEP en général et de l'Arabie Saoudite en particulier pour arriver à se concerter sur la production globale de pétrole
 • vis-à-vis de l'Union Européenne, pour alléger les sanctions. Sur ce point, le cas de l'Iran constitue un exemple à garder à l’œil 

Une dépêche de Sputnik donne peut-être quelques indices: "La fin de la parité entre les monnaies nationales des monarchies du Golfe et le dollar ne paraît plus improbable alors que les cours du brut dégringolent, et certains analystes voient dans la chute du pétrole la fin inexorable du lien historique du riyal saoudien avec le billet vert. 
Le lien historique du riyal au dollar rend toutefois l'Arabie saoudite moins vulnérable que d'autres pays du Golfe, on pense notamment à Oman et au Bahreïn. (...) " 

http://fr.sputniknews.com/economie/20160119/1021064363/golfe-pays-dollars-petrole.html  

La Russie ne semble donc pas la seule nation qui pourrait voir sa monnaie chahutée.

 Enfin, je ne peux que me réjouir que tu partages mon opinion : Poutine ne restera pas les bras croisés, en attendant que le vent tourne. Patient oui, passif non. :combatc:

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Il y a 6 heures, Alexis a dit :

1) Je pense que cette perte de compétences est un facteur absolument essentiel en effet.

Un exemple révélateur, ce sont les problèmes dantesques auxquels ont du faire face les Russes pour mettre au point leur nouveau missile balistique Boulava - échecs à répétition, dérapages calendaires etc. - alors qu'il s'agissait certes d'un nouveau modèle plus performant, mais enfin rien de révolutionnaire non plus par rapport à ce qui se faisait dans les années 80 en Union soviétique. L'explication la plus simple, et probablement la plus vraie, est que toute un corpus de connaissances non explicites, non formulées, représentant en quelque sorte un certain "art" ou "tournemain", et encore des connaissances plus managériales, n'ont pas été transmises à cause de la profonde désorganisation des années 90 des vieux ingénieurs vers les jeunes. Et ceux-là ont donc du reconstituer ces connaissances en partie au moins "sur le tas", d'où des délais et coûts plus lourds. En pratique, ils ont du faire leurs propres erreurs, pour réapprendre ce que les générations précédentes d'ingénieurs avaient appris mais n'avaient pu transmettre.

...

 

C’est bien pire, c’est systémique.

 

 

Citation

Russia's Ailing ICBM Program

Spiral over Norway latest in string of failures

By James Oberg

Posted 19 Jan 2010 | 21:23 GMT

19 January 2010 - One of the most spectacular sky shows in recent history took place shortly before dawn this past 9 December over northern Norway. Hundreds of witnesses—many of them fortuitously equipped with the latest in camcorder technology—stared in amazement at a bright white spiral cloud spinning silently in the eastern sky.

Before being identified as what it was—a Russian military missile test—the apparition was variously hailed a UFO, a cosmic wormhole, a divine vision, a mishap caused by the newly operational Large Hadron Collider, and some nefarious ionospheric engineering by the notorious High Frequency Active Auroral Research Program antennas.

At the Russian Ministry of Defense, in Moscow, one could easily forgive officials for wishing that one of those explanations were correct. That's because the reality was a glaring advertisement for what has become the greatest aerospace engineering crisis of the Russian government: the disaster-ridden ("trouble-plagued" would be an understatement) military missile called Bulava [accent on the middle syllable]. Designed to be the next-generation submarine-launched intercontinental ballistic missile (ICBM), Bulava has had 11 test flights since 2005—and has failed most of them, including the last three in a row.

For more than a full day after the Norway "sky spiral," major Moscow news media ignored any connection with a Russian missile. The few remaining independent papers were the first to recapitulate the lamentable story of the Bulava. Finally, about 26 hours after the failed launch, an official press release admitted that a "technical malfunction" in the third stage of the missile had led to the failure of its test flight.

Beyond the threat to Russia's nuclear deterrent, the problems with the missile have become a major scandal for the Putin/Medvedev government. Hard-line Communist Party critics accuse them of letting the entire Russian military industrial complex decay to the point of danger. (Russian aircraft, communications, and navigation equipment performed poorly in the brief Russia-Georgia War, in late 2008.) "Russia's technological potential has been totally destroyed by the reformers," complained ardent nationalist Captain Konstantin Sivkov in an interview last October with the Svobodnaya Pressa [Free Press] Web site. Critics are also looking more closely at how the troubled missile project got started in the first place and whether there were bribes involved.

In 1998, as economic collapse was starving most post-Soviet defense industries, a firm named the Moscow Institute of Thermal Technology won a contract to provide the next-generation submarine-based solid-fuel nuclear missile, beating out the experienced Makeyev Design Bureau, whose prototype R-39 Bark missile had suffered three test failures. The new firm, which had never built submarine-launched missiles before, proposed adapting its existing ground-based ICBM (the solid-fuel RS-12M Topol) to underwater launch mode.

Supposedly because that missile was already in use on land was already proved out, the Bulava program (R-30 is its official name) skipped extensive intermediate testing at ground facilities and even tests normally conducted in a large water tank that simulates sea-based launches. It proceeded directly to sea trials, and the first three simplified tests achieved their objectives.

After more-realistic, full-range tests began, the program imploded. One launch after the next failed—and most discouragingly, in different ways. "Each accident takes place for different reasons, and there is no end to them," wrote independent military commentator Viktor Myasnikov the day after the latest failure. "Elimination of the most recent 'weak spot' only leads to the appearance of the next one."

By mid-2009, the program looked doomed. The missile's top designer, Yury Solomonov, resigned, and the military officer in charge of all Russian military missiles retired. Special review panels were formed from experienced space and rocket experts at the Russian Academy of Sciences and the Russian Federal Space Agency, which, though nominally civilian, has long been in charge of developing all long-range Russian military missiles.

Already, three giant nuclear-powered missile submarines have been constructed specifically to carry the Bulava, with its six to eight independently targeted 150-kiloton warheads. Desperate planning to come up with backup missile designs has not yielded results—the subs can carry only Bulava-like missiles.

Even before the latest failure, Russian military industry experts had been speculating about systemic weaknesses behind the problems. Two weeks before the spiral failure over Norway, Sergey Kovalev, a designer of missile submarine at the Rubin Design Bureau, in Saint Petersburg, told a reporter for the weekly Argumenti i Fakti [Arguments and Facts] that for many components of Bulava, well-tested standard equipment had been replaced with new and untried products. "The Bulava is built with much more modern materials and a different component base" than the Topol, the missile on which it was supposed to be based, he said.

Igor Korotchenko, editor in chief of the trade journal Natsionalnaya Oborona [National Defense], pointed to the industrial base as the culprit. "A portion of the components are seriously defective," he wrote. General Vladimir Popovkin, deputy defense minister for acquisitions, also blamed the manufacturers of critical components for sloppy work in an interview in the newspaper Vremya Novostey.'

Kovalev, in his interview in Argumenti i Fakti, agreed. "One of the reasons for the failed Bulava launches is unsuitable metal piping," he said. "[This was] because the plant, which earlier had manufactured it in accordance with state standards, now sets its own norms, which allows various deviations. Poor-quality work in the race for money. The piping leaked, and the missile blew up." Kovalev said that shoddy materials like that wouldn't have been tolerated under the Soviet regime, and he predicted that more such stories would come to light in future test flights.

The next test flight is now planned for sometime in June, with the eyes of the Russian defense industry focused on it. UFO watchers in Norway and Finland should keep their camcorders handy as well.

 

About the Author

James Oberg was an aerospace engineer at NASA for 22 years before turning to journalism. He's written frequently for IEEE Spectrum. His feature on China's chances of getting to Mars appeared in our special report: "Why Mars, Why Now?" in June 2009. In February 2009 he covered NASA's plan to use commercial communications satellites for Moon missions.

 

 

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