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Suite et fin de la mise en place d"un systèmes monétaire entre pays fortement producteur de matières premières d'une monnaie unique basée sur un panier de matières première :

 

UN NOUVEAU SYSTÈME MONÉTAIRE MONDIAL EST IMMINENT (3/3)

https://la-chronique-agora.com/nouveau-systeme-monetaire-mondial-est-imminent-3/

rédigé par Cyrillejubert 21 avril 2022

Le projet sino-russe de nouvelle monnaie mondiale pour remplacer le dollar est basé sur des idées qui ne sont pas toutes neuves. Il pourrait pourtant mieux s’en sortir que le système de domination du dollar qu’il viendra concurrencer…

Nous étudions depuis mardi la possibilité qu’un nouveau système monétaire émerge prochainement. Cette proposition est revenue sur le devant de la scène à la suite de la guerre en Ukraine, et des sanctions prononcées contre la Russie. Coupée de ses réserves en dollars et en euros, celle-ci a commencé à travailler avec la Chine et quelques autres pays d’Asie pour élaborer une nouvelle monnaie mondiale, qui pourrait remplacer le dollar.

Les premières pistes mettent en avant une monnaie qui ne serait ni le yuan, ni le rouble, mais quelque chose de tout à fait nouveau, une monnaie adossée à un panier d’une vingtaine de matières premières.

Nous avons vu hier que cette possibilité avait été évoquée lors de la grande conférence de Bretton Woods de 1944, qui a fixé le système monétaire mondiale après la Seconde Guerre mondiale. Mais nous avons surtout vu qu’elle avait été rejetée en raison d’un très grand nombre de problèmes, allant de l’impossibilité de réagir rapidement pour compenser une crise à toutes les difficultés qui découlent de l’obligation de stocker des dizaines de matières premières partout dans le monde pour une durée indéterminée.

La solution qui l’emporte à Bretton Woods fut donc le « Gold Exchange Standard » ou étalon de change-or. Avec deux principes simples : toutes les devises participantes sont rattachées au dollar avec un taux de change fixe (mais ajustable), tandis que le dollar est rattaché à l’or.

Un système, puis un autre…

Ce système s’effondre en deux temps : d’abord en 1971, avec la fin de la convertibilité des dollars en or, puis en 1973 avec la fin des taux de change fixes.

Depuis lors, le système est resté à peu près le même. Il est basé sur la dette, en partant du principe qu’elle sera toujours remboursée. Les banques centrales ont privilégié un système monétaire résistant et souple au détriment de la stabilité du pouvoir d’achat.

Depuis la crise systémique de 2008, la création monétaire croissante des banques centrales a amené une inflation telle des prix des matières premières sur les marchés internationaux, qu’il est difficile de ne pas y voir une dévaluation monétaire.

Cela mène au fameux « Grand reset », qui pourrait donc avoir une forme bien différente avec le projet sino-russe.

Cela n’est pas encore sensible sur l’or et l’argent, dont les prix sont encore parfaitement contrôlés par les bullion banks au service des banques centrales dominantes.

Le FMI, les banques centrales et le bancor

Comme nous l’avons vu mardi, le gouverneur de la banque centrale chinoise (la PBoC), Zhou Xiaochan, a publié en mars 2009 un article dans lequel il regrettait que le bancor de Keynes n’ait pas été expérimenté. C’est à partir de ce moment que le sujet a été à nouveau abondamment repris et étudié.

Ainsi, le 13 avril 2010, le FMI a publié une étude intitulée « Accumulation des réserves et stabilité monétaire internationale », qui peut être consultée sur leur site (en anglais). Ce document évoque notamment la création d’une banque qui administrerait une monnaie mondiale, le bancor, comme une alternative possible au système actuel (à partir de la page 26, paragraphe 48).

Warren Coats est un économiste qui a travaillé 26 ans au FMI. De 1982 à 1988, il était le responsable de la division des droits de tirages spéciaux (DTS), le panier de monnaies du FMI, au département finance de l’institution. En novembre 2011, il a publié un article dans le magazine des banques centrales, Central Banking, se faisant l’avocat du « DTS réel », c’est-à-dire garanti par un panier de matières premières. Le 15 avril 2019, il publie un nouveau plaidoyer pour un équivalent moderne au bancor, « Returning to currencies with hard anchors ? », sur le site de l’institut Adam Smith.

Depuis 10 ans, de nombreux articles ont été rédigés par d’anciens dirigeants de banques centrales faisant l’apologie d’une nouvelle monnaie mondiale ancrée sur des valeurs matérielles et concrètes.

En juillet 2019, la Banque de France accueillait le G7 sur le thème : « Bretton Woods : 75 ans plus tard, réflexions pour les 75 années suivantes. » Le logo de la conférence, pour moi, parle de lui-même. A gauche, les monnaies fluctuent dans le désordre, puis, à droite, il y a une stabilité, un nouvel ordre monétaire.

Vers un troisième système de Bretton Woods ?

Zoltan Pozsar a été un jeune prodige de la finance. A peine sorti de l’université, il a été recruté par la Fed de New York, où il est devenu « le » maître de ce qu’il est convenu d’appeler le « shadow banking », dont font partie les produits dérivés qui ont fait exploser le système financier mondial en 2007-2008. Malgré son jeune âge, il a été le conseiller du Trésor américain et de la Fed pour tenter de résoudre cette crise systémique.

Pour ce brillant spécialiste, couper les banques russes du système de paiement international SWIFT ne pouvait que générer une gigantesque crise de liquidités, comme celle de la faillite de Lehman, et une crise systémique.

Le 7 mars 2022, il écrit dans un essai intitulé « Bretton Woods III » (disponible en intégralité en anglais ici) :

« Nous assistons à la naissance de Bretton Woods III – un nouvel ordre monétaire mondial centré sur les monnaies basées sur les matières premières à l’Est qui affaiblira probablement le système de l’eurodollar et contribuera également aux forces inflationnistes à l’Ouest. » 

En simplifiant ses propos à l’extrême : en bloquant toutes les matières premières du plus gros exportateur mondial, les Etats-Unis provoquent une gigantesque crise de liquidités du fait des appels de marge, des défauts de règlement ou défauts de livraison…

Pour Pozsar, c’est la somme de la crise de 1997 des « petits dragons asiatiques », du défaut de la Russie entrainant la faillite de LTCM, de la crise des subprime entraînant la faillite de Lehman, et de la crise de 2020, où toutes les frontières étant fermées, provoquant des défauts de livraison dans le monde entier.

Pour lui, il n’existe pas assez de liquidités pour payer les appels de marge et les CDS.

Toujours en simplifiant à l’extrême, il ne voit qu’une solution : que la banque centrale chinoise achète des matières premières russes et les stocke. Pour ce faire, la Chine devra imprimer de l’argent, mais sa monnaie sera garantie par un immense panier de matières premières et donc totalement stabilisée.

C’est ce que Keynes avait appelé le bancor. Zoltan n’écrit pas ce mot, mais c’est vraiment évident. D’autant plus qu’il parle de Bretton Woods III, ce qui va dans le sens de la proposition du gouverneur de la banque centrale chinoise en 2009.

Moins d’une semaine après la publication de cette note par Zoltan Pozsar, le 11 mars, la Russie, la Chine et les pays de l’Union économique eurasiatique se réunissaient pour préparer leur nouveau système monétaire. Un système basé sur un panier de monnaies à la manière du DTS du FMI, stabilisé par un panier de matières premières.

Deux systèmes monétaires 

Sauf accident majeur sur l’échiquier international, le monde monétaire et financier sera ainsi déchiré en deux. D’un côté, les tenants du système monétaire en vigueur depuis 1971, de l’autre, les nations adhérant à un système monétaire ancré sur l’or et les matières premières, pour tenter de stabiliser leur monnaie.

Il est probable que tous les pays émergents et les pays exportateurs de matières premières vont avoir tendance à choisir le nouveau système monétaire sino-russe, ce qui devrait entrainer une dépréciation du pouvoir d’achat des monnaies fiduciaires et une forte inflation dans la zone dollar et la zone euro.

Il est cependant à noter que, depuis la crise systémique de 2008 et les négociations monétaires qui ont suivi, les banques centrales ont cessé de vendre leur or, et sont même devenues acheteuses nettes, très largement, avec la Russie et la Chine en tête.

Si l’or n’a pas encore massivement monté, c’est probablement du fait que démêler l’écheveau des swaps d’or des banques centrales, ce qui a été vendu, prêté ou revendu, perdu ou expédié en Chine.

Malgré la mise en place des règles de Bâle III et du ratio structurel de liquidité à long terme pour les banques de premier rang à la fin de l’année dernière, le ratio or-papier contre or physique sur les marchés est toujours d’environ 100 contre 1.

Une hausse brutale des métaux précieux entrainera de grosses faillites, que les gendarmes du système cherchent à retarder.

Quoiqu’il en soit, le monde monétaire est en plein Reset. Mais est-ce vraiment celui qu’annonçait en juillet 2020 Klaus Schwab, du Forum International de Davos ?

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BRETTON WOODS III

Vous n'en avez pas encore entendu parlé ? Moi je commence à peine à tomber sur des analyses là-dessus.

Je suis un peu perplexe quand même parce BRETTON WOODS III est une description de la fin de système de finance mondial adossé au dollar. C'est pas rien. Le problème c'est que çà fait écho à plein de thèses altermondialistes, fin du monde et j'en passe. Alors je vais prendre comme habitude de présenter l'auteur de l'article avant de vous donner l'article lui-même. Je pense qu'il ne faut ps trop faire attention au site qui reprend l'article.

L'un des points les plus intéressant de cet article est que la Russie est probablement à l'abri d'un inflation forte parce que le rouble serait adossé peu ou prou à l'or. Quand on compare le court de l'or avec celui d'autres matière première il y aurait une grande stabilité entre eux.

L'article en-dessous est de Alasdair Macleod qui a une expérience conséquente dans la finance à New-York


Alasdair MacLeod previously occupied the position of Partner at Deloitte LLP (New York). 

Alasdair MacLeod is a businessperson who has been at the head of 6 different companies. Presently, Mr. MacLeod occupies the position of Chairman of SilverStripe Ltd., Chairman of Optimal Product Ltd., Chairman for Hold Fast Investments Ltd., Chairman of Trade Window Holdings Ltd., Chairman of Trade Window Origin Ltd. (a subsidiary of Trade Window Holdings Ltd.) and Chairman for Napier Port Holdings Ltd.

Ce monsieur est également très prolixe et à mon sens sait écrire.

https://mises.org/profile/alasdair-macleod-0

Son thème actuel est la fin de BRETTON WOOD II.

L'article ci-dessous malgré un départ un peu poussif est bien argumenté et mérite une lecture attentive. Il est dans la ligné de plusieurs articles parlant non seulement de la fin de BRETTON WOODS II mais également de la mise en place d'un système de monnaies (rouble et reminbi) découplé des monnaies DOLLAR ET EURO et basé sur un panier de matière première. 

https://www.lesemeurs.com/Article.aspx?ID=12556

La révolution des matières premières

Nous regarderons les événements actuels et réaliserons qu’ils ont marqué le passage d’une économie mondiale basée sur le dollar et garantie par des actifs financiers à des monnaies adossées à des matières premières. Nous sommes confrontés au passage d’une garantie de nature purement financière à une garantie basée sur des matières premières. C’est le collatéral qui garantit l’ensemble du système financier.

La fin du système financier est accélérée par les développements géopolitiques. L’Occident tente désespérément de sanctionner la Russie pour qu’elle se soumette économiquement, mais il ne réussit qu’à faire monter les prix de l’énergie, des matières premières et des denrées alimentaires contre lui-même. Les banques centrales n’auront d’autre choix que de gonfler leurs devises pour payer tout cela. La Russie lie le rouble aux prix des matières premières par le biais d’une parité or mobile, et la Chine a déjà démontré qu’elle comprenait le jeu inflationniste de l’Occident en stockant des matières premières et des céréales essentielles au cours des deux dernières années et en permettant à sa monnaie de s’apprécier par rapport au dollar.

La Chine et la Russie ne suivent pas la voie des monnaies inflationnistes de l’Occident. Au contraire, elles s’orientent vers une stratégie monétaire plus saine, avec la perspective de taux d’intérêt et de prix stables, alors que l’Occident accélère dans la direction opposée.

L’analyste du Crédit Suisse, Zoltan Pozsar, appelle cela un Bretton Woods III. Il conclut que c’est le dollar et les monnaies occidentales, et non le rouble, qui auront le plus de mal à faire face à la fin de cinquante ans de financiarisation de l’économie.

La finance pure est remplacée par la finance des matières premières

La nouvelle n’a pas encore atteint les grands médias, qui en sont encore à relater la bataille d’hier. Mais en mars, l’administration américaine a prononcé l’arrêt de mort de sa propre hégémonie dans un dernier pari désespéré sur le dollar. Non seulement elle a mal interprété la situation de la Russie en ce qui concerne son économie, mais l’Amérique a cru à tort en sa propre puissance en sanctionnant la Russie et les oligarques de Poutine.

Elle a peut-être réussi à bloquer partiellement les volumes d’exportation de la Russie, mais la compensation est venue de la hausse des prix des matières premières, au profit de la Russie et au détriment de l’alliance occidentale.

La conséquence est une bataille finale dans la guerre financière qui se prépare depuis des décennies. On ne sanctionne pas la plus importante source d’exportation d’énergie au monde et un important fournisseur d’un large éventail de produits de base et de matières premières, dont les céréales et les engrais, sans nuire à tout le monde sauf à la cible visée.

Pire encore, la cible visée a en la Chine un ami extrêmement puissant, avec lequel la Russie est partenaire dans le plus grand bloc économique du monde – l’Organisation de Coopération de Shanghai – qui gère un marché en développement de plus de 40 % de la population mondiale. C’est l’avenir, pas le passé : le passé, c’est l’esprit occidental, la fiscalité punitive, les économies dominées par l’État et sa bureaucratie, le socialisme anticapitaliste, et les magiques arbres à fric pour aider à payer tout cela.

Malgré cet énorme trou dans le filet des sanctions, l’Occident ne s’est donné d’autre choix politique que de tenter de renforcer encore plus les sanctions. Mais la réponse de la Russie est dévastatrice pour le système financier occidental. En deux annonces simples, en liant le rouble à l’or pour les établissements de crédit nationaux et en insistant sur le fait que les paiements pour l’énergie ne seront acceptés qu’en roubles, elle met fin à l’ère du dollar fiduciaire qui a régi le monde depuis la suspension de Bretton Woods en 1971 jusqu’à aujourd’hui.

Il y a un peu plus de cinq décennies, le dollar s’est substitué à l’or en tant qu’actif de réserve mondial. Après les années 70, qui ont été marquées par la volatilité des devises, des taux d’intérêt et des actifs financiers, nous nous sommes tous installés dans un monde de financiarisation croissante. Le big bang de Londres du début des années 80 a ouvert la voie aux produits dérivés réglementés et les années 90 ont vu l’essor des fonds spéculatifs et des dotcoms.

Cette évolution a été suivie d’une explosion des produits dérivés non réglementés négociés de gré à gré, qui ont atteint des centaines de milliers de milliards, et des titrisations, qui ont connu le choc de la faillite de Lehman. Depuis lors, l’expansion du crédit mondial pour les activités purement financières a été remarquable, créant une bulle d’actifs financiers qui dépasse tout ce qui a été vu dans l’histoire des excès financiers. Et, avec la suppression statistique de l’effet sur les prix à la consommation, le transfert des ressources économiques de Main Street à Wall Street a caché au public les signes inflationnistes de l’expansion du crédit.

Tout cela touche à sa fin avec une nouvelle structure, ce que Zoltan Pozsar, analyste des flux respecté au Crédit Suisse, appelle Bretton Woods III. Dans son énumération, le premier a été suspendu par le président Nixon en 1971, et le second s’est déroulé depuis lors jusqu’à aujourd’hui, où le dollar a régné sans partage. Cela nous amène à Bretton Woods III.

L’insistance de la Russie pour que les importateurs de son énergie paient en roubles et non en dollars ou en euros est un développement significatif, un défi direct au rôle du dollar. Il n’y a pas d’options pour les « non-amis » de la Russie, c’est ainsi que la Russie décrit l’alliance contre elle. L’UE, qui est le plus grand importateur de gaz naturel russe, doit soit prendre le taureau par les cornes, soit chercher des alternatives insuffisantes. L’option est d’acheter du gaz naturel et du pétrole à des prix raisonnables en roubles ou de faire grimper les prix en euros et de ne toujours pas obtenir assez pour faire tourner leurs économies et permettre à leurs citoyens d’être au chaud et mobiles. Dans les deux cas, il semble que la Russie gagne et que l’UE perde, d’une façon ou d’une autre.

Quant à la conviction de Pozsar selon laquelle nous sommes à la veille d’un Bretton Woods III, on peut comprendre la logique de son argument. La bulle financière fortement gonflée marque la fin d’une époque, qui a duré cinquante ans. Les taux d’intérêt négatifs dans l’UE et au Japon ne sont pas seulement une anomalie, mais le dernier coup de dés pour le yen et l’euro.

La BCE et la Banque du Japon ont des portefeuilles d’obligations qui ont effacé leurs fonds propres, et même plus. Toutes les banques centrales occidentales qui se sont livrées à l’assouplissement quantitatif ont le même problème. En revanche, la banque centrale russe et la Banque populaire de Chine n’ont pas procédé à des assouplissements quantitatifs et ont des bilans sains. La hausse des taux d’intérêt dans les monnaies occidentales est rendue plus certaine et leur hauteur encore plus grande par la réponse agressive de la Russie aux sanctions occidentales. Elle accélère la faillite de l’ensemble du système bancaire occidental et, en faisant éclater la bulle financière fortement gonflée, ne laissera guère plus que des économies vidées de leur substance.

Poutine s’est inspiré de l’accord conclu en 1973 entre Nixon et Kissinger et les Saoudiens, qui prévoyaient de n’accepter que des dollars US pour le paiement du pétrole, et d’utiliser son rôle dominant au sein de l’OPEP pour obliger les autres membres à faire de même. En tant que premier exportateur mondial d’énergie, la Russie déclare maintenant qu’elle n’acceptera que des roubles, répétant pour le rouble la stratégie du pétrodollar. Et même l’Arabie Saoudite se plie maintenant au vent et accepte le renminbi chinois pour son pétrole, remettant symboliquement en cause l’accord Nixon/Kissinger sur les pétrodollars.

L’Occident, c’est-à-dire les Etats-Unis d’Amérique, l’UE, la Grande-Bretagne, le Japon, la Corée du Sud et quelques autres, s’est mis en tête d’être le bouc-émissaire. Cette phrase décrit à peine la stupidité stratégique. En éliminant progressivement les combustibles fossiles avant qu’ils ne puissent être entièrement remplacés par des sources d’énergie vertes, une énorme pénurie d’approvisionnement en énergie est apparue. Avec un zèle presque religieux, l’Allemagne a supprimé sa production nucléaire. Et pas plus tard que le mois dernier, elle excluait encore de prolonger la durée de vie de ses installations nucléaires. Non seulement l’ensemble des membres du G7 n’étaient pas préparés à un retournement de situation de la part de la Russie, mais ils n’ont toujours pas trouvé de réponse adéquate.

La Russie a effectivement adossé sa monnaie, notamment sur l’énergie, l’or et les denrées alimentaires. Elle suit la Chine sur une voie similaire. Ce faisant, elle a sapé l’hégémonie du dollar, peut-être de manière fatale. En tant que moteur de la valeur des devises, les matières premières seront les garanties qui remplaceront les actifs financiers. Il est intéressant d’observer la force du peso mexicain par rapport au dollar (en hausse de 9,7 % depuis novembre 2021) et du real brésilien (en hausse de 21 % sur un an). Et même le rand sud-africain a augmenté de 11 % au cours des cinq derniers mois. Le fait que ces monnaies d’habitude fluctuantes soient en hausse nous indique que l’adossement des monnaies à des ressources a ses attraits au-delà du rouble et du renminbi.

Mais ayant tourné le dos à l’or, les Etasuniens et leurs épigones occidentaux n’ont pas de réponse adéquate. Au contraire, ils risquent de poursuivre la lutte pour l’hégémonie du dollar plutôt que d’accepter la réalité. Et plus les Etats-Unis se battent pour affirmer son autorité, plus la probabilité d’une scission du partenariat occidental augmente. L’Europe a désespérément besoin de l’énergie russe, ce qui n’est pas le cas de des Etats-Unis. L’Europe ne peut pas se permettre de soutenir inconditionnellement la politique US.

C’est, bien sûr, le pari de la Russie.

Le point de vue de la Russie

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Pour la deuxième fois en huit ans, la Russie a vu sa monnaie mise à mal par l’action occidentale sur l’Ukraine. Pour l’avoir vécu en 2014, la Banque Centrale Russe était cette fois mieux préparée. Elle s’était diversifiée hors des dollars en ajoutant des réserves d’or officielles.

Le système bancaire commercial a été remanié, et la gouverneure de la BCR, Elvira Nabiullina, en suivant des politiques monétaires classiques au lieu du keynésianisme de ses contemporains occidentaux, a contenu les retombées de la guerre en Ukraine. Comme le montre la figure 1, le rouble a été divisé par deux par rapport au dollar dans une réaction instinctive, avant de retrouver ses niveaux d’avant-guerre.


 

Taux de change Dollar/Rouble

Le lien avec les matières premières est l’or, et la Banque Centrale Russe a annoncé que, jusqu’à la fin juin, elle était prête à acheter de l’or aux banques russes à 5 000 roubles le gramme. L’objectif déclaré était de permettre aux banques de prêter contre la production minière, étant donné que l’or d’origine russe est inclus dans les sanctions. Mais cette mesure a encouragé les spéculations selon lesquelles le rouble serait en train de passer à un quasi-étalon-or, sans compter qu’un étalon-or fonctionne dans l’autre sens, les utilisateurs de la monnaie pouvant l’échanger contre de l’or.

Outre le fait qu’il constitue, avec l’argent, la définition juridique internationale de la monnaie (le reste étant la devise et le crédit), l’or est un bon indicateur des matières premières, comme le montre la figure 2 ci-dessous. Évalué en grammes d’or, le prix du pétrole brut est aujourd’hui inférieur de 30% à ce qu’il était en 1950, bien avant que Nixon ne suspende les accords de Bretton Woods. Dans le même temps, mesuré en monnaies fiduciaires dépréciées, le prix a grimpé en flèche et a été extrêmement volatile en cours de route.


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Prix du pétrole et du gramme d’or, de janvier 1950 à Mars 2022

Il en va de même pour les prix des autres matières premières, dont la stabilité maximale se trouve dans les prix mesurés en grammes d’or. Reprenant l’argument de Pozsar selon lequel les monnaies sont de plus en plus liées aux matières premières dans Bretton Woods III, il semble que la Russie ait l’intention d’utiliser l’or comme substitut des matières premières pour stabiliser le rouble. Au lieu d’un taux de change fixe de l’or, la RCB s’est sagement laissé la possibilité de réviser périodiquement le prix qu’elle paiera pour l’or après le 1er juillet.

Le tableau 1 montre comment le taux de change fixe actuel de l’or en roubles de la Banque Centrale Russe se traduit en dollars US.


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Prix de l’or en dollars en fonction de différents taux de change US$/Rouble

Bien que les établissements de crédit non russes n’aient pas accès à ce mécanisme, il semble que rien n’empêche une banque russe d’acheter de l’or dans un autre centre, comme Dubaï, pour le revendre à la banque centrale russe contre des roubles. Il suffit que le taux dollar/rouble soit favorable à l’arbitrage et qu’elle puisse régler dans une monnaie non sanctionnée, comme le renminbi, ou avoir accès à des eurodollars qu’elle pourra échanger contre des euroroubles (voir ci-dessous) auprès d’une banque située en dehors des juridictions « non amies ».

Le taux dollar/rouble peut maintenant être facilement contrôlé par la RCB, car la façon dont la demande de roubles en pénurie est traitée devient une question de politique. La branche de paiement de Gazprom (Gazprombank) est actuellement dispensée des sanctions occidentales et les paiements de gaz et de pétrole de l’UE passeront par elle.

En résumé, un consommateur occidental peut acquérir des roubles de quatre manières différentes :

 

• En achetant des roubles sur les bourses étrangères.

• En déposant des euros, des dollars ou des livres sterling auprès de Gazprombank, qui se chargera de la conversion en tant qu’agent.

• En augmentant le bilan de la Gazprombank pour fournir des crédits, mais des garanties non sanctionnées seraient exigées.

• Par des banques étrangères créant des crédits en roubles qui peuvent être versés à la Gazprombank contre la livraison d’énergie.

La dernière de ces quatre possibilités est certainement possible, car c’est la base des eurodollars, qui circulent en dehors du système monétaire de New York et sont devenus un élément central de la liquidité internationale. Pour comprendre la création des eurodollars, et donc la possibilité d’un marché des euroroubles en développement, il faut se plonger dans le monde de la création de crédit.

Il existe deux façons pour les étrangers de détenir des soldes en dollars. La manière communément comprise est le système des correspondants bancaires. Votre banque, disons en Europe, gère des comptes de dépôt avec ses banques correspondantes à New York (JPMorgan, Citi, etc.). Ainsi, si vous effectuez un dépôt en dollars, le crédit sur votre compte correspondra à la variation du compte correspondant de votre banque à New York.

Supposons maintenant que vous vous adressiez à votre banque européenne pour un prêt en dollars. Si le prêt est accordé, il apparaît comme un actif en dollars dans le bilan de votre banque, qui, grâce à la comptabilité en partie double, est assorti d’un passif en dollars en votre faveur, l’emprunteur. Il ne peut en être autrement et c’est la base de toute création de crédit bancaire. Mais notez que dans la création de ces soldes, le système bancaire américain n’est nullement impliqué, ce qui explique comment et pourquoi les eurodollars circulent, étant fongibles avec les dollars américains mais distincts dans leur origine.

Par la même méthode, on pourrait assister à la naissance et à l’expansion rapide d’un marché d’Euroroubles. Il suffit qu’une banque crée un prêt en roubles, assorti d’une comptabilité en partie double et d’un dépôt pouvant être utilisé pour les paiements. La devise dans laquelle la banque gère son bilan n’a pas d’importance, il suffit qu’elle ait de l’espace dans son bilan, qu’elle ait accès à la liquidité en roubles et qu’elle soit une contrepartie crédible.

Cela suggère que les banques de la zone euro et du Japon ne peuvent avoir qu’une participation limitée car elles sont déjà très fortement endettées. Les banques les plus aptes à gérer des soldes en Euroroubles sont les étasuniennes et les chinoises, car elles ont des ratios actifs/fonds propres plus conservateurs. En outre, les grandes banques chinoises sont majoritairement détenues par l’État et ont déjà des intérêts commerciaux et monétaires avec la Russie, ce qui leur donne une longueur d’avance en matière de liquidités en roubles.

Nous avons remarqué que les grandes banques des Etats-Unis n’hésitent pas à traiter avec les Chinois, malgré la politique, et elles aimeraient donc sans doute avoir l’occasion de participer aux Euroroubles. Mais cette semaine encore, le gouvernement US leur a interdit de verser aux détenteurs de la dette souveraine de la Russie plus de 600 millions de dollars. Nous devons donc supposer que les banques US ne peuvent pas participer, ce qui laissera le champ libre aux mégabanques chinoises. Et toute tentative d’accroître les sanctions à l’encontre de la Russie, peut-être en ajoutant Gazprombank à la liste des établissements sanctionnés, n’aboutit à rien, exclut définitivement les banques US de l’action et renforce l’intégration financière entre la Russie et la Chine. Le fossé entre les monnaies adossées aux matières premières et la fiat financière d’antan ne fera que s’élargir.

Pour l’instant, de nouvelles sanctions relèvent de la spéculation. Mais Gazprombank, avec l’aide de la Banque Centrale Russe, jouera un rôle clé en fournissant au marché international du rouble des liquidités en gros, du moins jusqu’à ce que le marché acquière une profondeur de liquidité. En retour, Gazprombank peut agir comme un recycleur de dollars et d’euros obtenus grâce aux excédents commerciaux sans qu’ils n’entrent dans les réserves officielles. Le dollar, l’euro, le yen et la livre sterling étant des monnaies peu amies, les seules retenues seront probablement le renminbi et l’or.

De cette manière, on peut s’attendre à ce que le rouble, l’or et les matières premières aient tendance à augmenter en tandem. Nous pouvons voir le processus par lequel, comme l’a dit Zoltan Pozsar, Bretton Woods III, un régime monétaire mondial basé sur les matières premières, peut prendre le relais de Bretton Woods II, qui a été caractérisé par la financiarisation des monnaies. Et il ne s’agit pas seulement de la Russie et de ses roubles. C’est une direction partagée par la Chine.

Les effets économiques d’une monnaie forte adossée à des matières premières défient les croyances monétaires et économiques qui prévalent en Occident. Mais les conséquences qui découlent d’une monnaie forte sont souhaitables : baisse des taux d’intérêt, maintien de la richesse dans le secteur privé et échappatoire à l’échec inévitable des monnaies occidentales et de leurs marchés de capitaux. Les arguments en faveur du découplage du système monétaire dominé par le dollar sont soudainement devenus convaincants.

Les conséquences pour l’Occident

La plupart des commentaires occidentaux sont très favorables à de nouvelles sanctions contre la Russie. Relativement peu de commentateurs indépendants ont fait remarquer qu’en sanctionnant la Russie et en gelant ses réserves de change, les Etats-Unis détruit sa propre hégémonie. Les avantages des réserves d’or ont également été soulignés pour ceux qui en possèdent. En outre, le fait que les banques centrales laissent leurs réserves d’or dans les coffres des banques centrales occidentales les expose à des sanctions, dans le cas où une nation se mettrait à dos les États-Unis. Il ne fait aucun doute que la question fait l’objet de discussions dans le monde entier et que certaines demandes de rapatriement de lingots ne manqueront pas de suivre.

Il y a aussi le problème des contrats de location et d’échange d’or, qui sont essentiels pour assurer la liquidité des marchés de l’or, mais qui entraînent un faux comptage des réserves. En effet, selon les procédures comptables du FMI, les soldes d’or loués et échangés sont enregistrés comme s’ils étaient toujours sous la propriété et le contrôle d’une banque centrale, bien que les lingots soient transférés à une autre partie sur des comptes non alloués.

Personne ne connaît l’ampleur des swaps et des baux, mais il est probable qu’elle soit importante, étant donné les preuves d’interventions sur le prix de l’or au cours des cinquante dernières années. Les pays qui ont été heureux de percevoir des frais et des intérêts pour couvrir les coûts de stockage et faire du stockage des lingots d’or une activité rentable (mesurée en monnaie fiduciaire) sont maintenant susceptibles de ne pas renouveler les accords de swap et de bail et d’exiger la réaffectation des lingots dans des comptes réservés, ce qui drainerait les liquidités des marchés des lingots. Une hausse du prix de l’or ne manquera pas de s’ensuivre.

Depuis la suspension de Bretton Woods en 1971, le gouvernement américain a essayé de supprimer la relation entre l’or et le dollar, en encourageant la croissance des produits dérivés de l’or pour absorber la demande. Le fait que l’or soit passé de 35 à 1920 dollars aujourd’hui démontre la futilité de ces politiques. Mais, au moins sur le plan émotionnel, l’establishment américain reste virulemment anti-or.

Comme le montre clairement la figure 2 ci-dessus, le lien entre les prix des matières premières et l’or a perduré malgré tout. C’est ce facteur qui échappe complètement à l’analyse populaire, tous les analystes de matières premières supposant dans leurs calculs une valeur objective constante pour le dollar et les autres devises, la subjectivité du prix étant confinée à la seule matière première. L’utilisation de graphiques et d’autres méthodes de prévision des prix des produits de base suppose comme une règle d’or que les changements de prix dans les transactions proviennent uniquement des fluctuations de la valeur des produits de base.

La vérité des prix mesurés en monnaies non adossées est démontrée par le fait que le coût du pétrole évalué en or a diminué d’environ 30% depuis les années 1960. Cette baisse est raisonnable compte tenu des nouvelles technologies d’extraction et est cohérente avec la tendance des prix à baisser au fil du temps sous un étalon-or. Ce n’est qu’en monnaie fiduciaire que les prix ont explosé. Il est clair que l’or est beaucoup plus objectif à des fins de transaction que les monnaies fiduciaires, qui ne le sont absolument pas.

Par conséquent, si, comme le suggère le graphique du tweet ci-dessous, le prix du pétrole en dollars double à partir de maintenant, ce sera uniquement parce qu’à la marge, les gens préfèrent le pétrole aux dollars, non pas parce qu’ils veulent du pétrole au-delà de leurs besoins immédiats, mais parce qu’ils veulent moins de dollars.


 

Dans quelle direction le WTI va-t-il sauter ?

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Je parie qu’après cette consolidation triangulaire il va monter fortement, peut être doubler jusqu’à 200 dollars.

La Chine a reconnu cette dynamique à la suite des politiques monétaires de la Fed de mars 2020, lorsque celle-ci a réduit son taux à la limite du zéro et a institué un QE de 120 milliards de dollars par mois. Le signal concernant la dépréciation future du dollar était clair, et la Chine a commencé à stocker du pétrole, des matières premières et de la nourriture, juste pour se débarrasser des dollars.

Cela a contribué à la hausse des prix des produits de base en dollars, qui a commencé à partir de ce moment-là, malgré la baisse de la demande due aux problèmes du Covid et des chaînes d’approvisionnement. L’effet de la dépréciation du dollar est illustré par la figure 3, qui représente un ETF populaire de suivi des matières premières.


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Index des prix des matières premières Invesco DB

Une meilleure compréhension serait de considérer l’augmentation de la valeur de ce panier de matières premières non pas comme un quasi-doublement depuis mars 2020, mais comme une quasi-diminution de moitié du pouvoir d’achat du dollar par rapport à celui-ci.

En outre, les Chinois ont eu la clairvoyance d’accumuler des stocks de céréales. Résultat : 20% de la population mondiale a accès à 70% des stocks mondiaux de maïs, 60% de riz, 50% de blé et 35% de soja. Les 80 % restants de la population mondiale seront presque certainement confrontés à de graves pénuries cette année, car les exportations de céréales et d’engrais en provenance d’Ukraine et de Russie ont effectivement cessé.

Les actions de la Chine montrent qu’elle a, dans une certaine mesure, déjà lié sa monnaie aux matières premières, reconnaissant que le dollar perdrait son pouvoir d’achat. Et cela se reflète partiellement dans le taux de change du yuan par rapport au dollar américain, qui a gagné plus de 11 % depuis mai 2020.

Implications pour le dollar, l’euro et le yen

Cet article a montré la relation étroite qui existe entre l’or, le pétrole et les autres matières premières. Il semble que la Russie ait trouvé un moyen de lier sa monnaie non pas au dollar, mais aux matières premières par le biais de l’or, et que la Chine fasse effectivement la même chose depuis deux ans sans le lien avec l’or. La logique est d’échapper aux conséquences de l’expansion de la monnaie et du crédit pour le dollar et les autres monnaies occidentales, dont le pouvoir d’achat est sapé. Et l’utilisation d’un lien avec l’or est un développement intéressant dans ce contexte.

Nous devons garder à l’esprit que, selon le système TIC du Trésor américain, les étrangers possèdent 33 240 milliards de dollars de titres financiers et d’actifs à court terme, y compris des dépôts bancaires. Cela s’ajoute à quelques milliers de milliards, peut-être, d’eurodollars non enregistrés dans les statistiques TIC. Ces fonds ne sont présents en de telles quantités qu’en raison de la financiarisation des monnaies occidentales, une situation dont on attend maintenant la fin. On peut s’attendre à ce qu’un changement de l’ordre monétaire mondial vers le Bretton Woods III de Pozsar ait un impact substantiel sur ces fonds.

Pour empêcher la vente à l’étranger des 6 970 milliards de dollars de titres à court terme et de liquidités, il faudrait augmenter les taux d’intérêt non seulement pour faire face à la hausse des prix à la consommation (un malentendu keynésien sur le rôle économique des taux d’intérêt, réfuté par le paradoxe de Gibson) mais aussi pour protéger la monnaie sur les marchés étrangers, notamment par rapport au rouble et au yuan. Malheureusement, des taux d’intérêt suffisamment élevés pour inciter l’argent et les dépôts à court terme à rester déstabiliseraient les 26 270 milliards de dollars de titres à long terme – obligations et actions – détenus par les étrangers.

En tant que gestionnaire des taux d’intérêt du dollar US, le dilemme de la Fed est rendu plus aigu par les sanctions contre la Russie qui exposent la faiblesse de la position du dollar. La baisse de son pouvoir d’achat est amplifiée par la flambée des prix, en dollars, des matières premières, et la hausse des prix à la consommation sera plus importante et plus rapide en conséquence.

Il devient possible d’argumenter de manière convaincante que les taux d’intérêt pour les dépôts en dollars à un an devraient bientôt être à deux chiffres, plutôt que les trois pour cent environ avancés par les faucons de la politique monétaire. Quels que soient les chiffres, les conséquences ne peuvent être que catastrophiques pour les actifs financiers et pour l’avenir des monnaies à vocation financière où les actifs financiers constituent la principale forme de garantie.

Il semble que Bretton Woods II soit bel et bien terminé. Cela étant, il sera pratiquement impossible pour les Etats-Unis d’Amérique de conserver les flux de capitaux internationaux qui lui ont permis de financer son double déficit, budgétaire et commercial. Et comme la valeur des titres diminue avec la hausse des taux d’intérêt, à moins que le gouvernement américain ne prenne un couteau très aiguisé sur ses dépenses en période de stagnation ou de baisse de l’activité économique, la Fed devra intensifier l’assouplissement quantitatif.

L’excuse selon laquelle l’assouplissement quantitatif stimule l’économie aura été usée et exposée pour ce qu’elle est : la dépréciation de la monnaie comme moyen d’imposition caché. Et les capitaux étrangers qui parviendront à échapper à une crise du dollar chercheront probablement à se réfugier ailleurs. Mais les deux autres grandes monnaies dans le camp du dollar, l’euro et le yen, partent d’une position encore pire. Elles sont illustrées à la figure 4. Alors que leur pouvoir d’achat s’effondre visiblement, la BCE et la Banque du Japon ont toujours des taux d’intérêt négatifs et semblent coincées sous la borne du zéro.

Les décideurs politiques se retrouvent tiraillés entre le Scylla de l’inflation des prix à la consommation et le Charybde du déclin de l’activité économique. Un autre problème est que ces banques centrales sont devenues d’importants investisseurs en obligations d’État et autres (la BOJ a même des ETF à son actif) et que la hausse des rendements obligataires a des répercussions sur leurs bilans, effaçant leurs fonds propres et nécessitant une recapitalisation systémique.


Le Yen glisse par rapport au dollar et l’Euro chute de manière plus ordonnée, jusqu’à maintenant.

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Non seulement la BCE et la BOJ sont techniquement en faillite sans injections massives de capitaux, mais leurs réseaux de banques commerciales sont extrêmement surendettés, leurs banques d’importance systémique mondiale – leurs G-SIB – ayant des actifs par rapport aux fonds propres en moyenne plus de vingt fois supérieurs. Et contrairement au real brésilien, au peso mexicain et même au rand sud-africain, le yen et l’euro sont en baisse par rapport au dollar.

La réponse de la BOJ consiste à s’accrocher désespérément aux politiques actuelles. Elle truque le marché en plafonnant le rendement du JGB à 10 ans à 0,25 %, où il se trouve actuellement.

Ces évolutions monétaires sont le signe de grands bouleversements et de l’approche d’une crise. Les bulles financières sont sans aucun doute sur le point d’éclater, coulant les valeurs financières fiduciaires et tout ce qui navigue avec elles. Les obligations d’État ne seront plus qu’une histoire ancienne, car ni la Chine ni la Russie, dont les monnaies devraient survivre à la transition d’une orientation financière à une orientation sur les matières premières, n’ont d’importants déficits budgétaires. Cela fera d’ailleurs partie de leur force.

La guerre financière, prédite depuis si longtemps et décrite dans mes essais pour Goldmoney, semble atteindre son apogée. En fin de compte, elle s’est résumée à la question de savoir qui comprend le mieux l’argent et les devises. Mené par les Etats-Unis, l’Occident a ignoré la définition légale de l’argent, lui substituant des dollars fiduciaires. La politique monétaire a perdu son ancrage dans le réalisme, pour dériver sur une mer de croyances inflationnistes farfelues.

Mais la Russie et la Chine n’ont pas fait la même erreur. La Chine a joué le jeu des keynésiens tant que cela lui convenait. Par conséquent, à moins d’un miracle, que la Russie soit militairement en difficulté, l’Occident semble condamné à perdre la guerre financière et nous sommes, en effet, en train de transiter vers le Bretton Woods III de Pozsar.

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Orhographe
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Le statut de réserve du dollar a pris un coup ces dernières années, tandis que le yuan chinois a vu sa part augmenter, selon JPMorgan.
Phil Rosen Apr 22, 2022, 7:31 PM
https://markets.businessinsider.com/news/currencies/dollar-vs-yuan-us-currency-reserve-status-falls-china-rises-2022-4
La part du dollar américain dans les réserves de devises mondiales a plongé à son plus bas niveau historique, selon les analystes de JPMorgan. 
Ce déclin s'est accéléré ces dernières années, alors que le yuan chinois représente une part plus importante des réserves.
Les sanctions contre la Russie pourraient exacerber la tendance à la diversification des devises détenues, selon JPMorgan.

La part du dollar américain dans les réserves de devises mondiales est tombée à son niveau le plus bas jamais enregistré, tandis que le yuan chinois représente une part plus importante. 

L'allocation du dollar est passée sous la barre des 59 % au quatrième trimestre de 2021 - avant que les sanctions occidentales contre la Russie ne fassent douter de la fiabilité de l'accès au billet vert. C'est une baisse par rapport à près de 62 % au début de 2020 et 65 % en 2015. En outre, le taux de déclin s'est récemment accéléré. 

"La proportion des réserves activement allouées aux actifs libellés en dollars a diminué d'environ 5 % depuis 2018, et le rythme s'est accéléré au cours des derniers trimestres", ont écrit les analystes de JPMorgan dirigés par Michael Hanson dans une note vendredi. 

Le déclin du dollar est encore plus spectaculaire lorsque les valeurs des devises sont prises en compte. Le récent renforcement du dollar masque une baisse plus marquée de son statut de réserve, ont constaté les analystes de la banque, et ce changement semble avoir pris de l'ampleur depuis le début de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine en 2018. 

La tendance signale qu'un mouvement clair vers des détentions de devises plus diversifiées est en cours, ont noté les analystes, et il est possible que les sanctions actuelles contre la banque centrale de Russie exacerbent ces effets à terme. 

Par ailleurs, l'euro - la deuxième monnaie la plus détenue - a connu une réduction nette au cours de la dernière décennie, mais a augmenté au cours des trois dernières années, selon JPMorgan.

Plus récemment, les cours offshore du yuan ont connu la plus forte baisse hebdomadaire par rapport au dollar depuis 2015, alors que Pékin réimpose des verrouillages stricts pour contenir un coronavirus résurgent, tandis que la hausse des rendements obligataires américains pousse les investisseurs vers les avoirs en dollars.

Un porte-parole du bureau des changes de la Chine a déclaré vendredi que malgré la récente volatilité du yuan, la monnaie reste stable et sera en mesure de résister aux changements à venir de la politique de la Fed américaine en faveur de taux plus élevés.

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

 

L'exemple d'israël qui allège ses réserve en euros et en dollars :

https://markets.businessinsider.com/news/currencies/dollar-vs-yuan-israel-central-bank-chinese-currency-holdings-reserves-2022-4

Israël ajoute le yuan chinois pour la toute première fois et réduit ses avoirs en dollars dans le cadre du plus grand remaniement monétaire de la décennie.
La banque centrale d'Israël a ajouté des yuans à ses réserves pour la toute première fois.
Auparavant, la banque ne détenait que des dollars américains, des euros et la livre sterling. 
Selon le FMI, la part du dollar dans le total des réserves monétaires mondiales a atteint son point le plus bas depuis plus de vingt ans. 

 

La banque centrale d'Israël va ajouter des yuans chinois tout en réduisant ses avoirs en dollars et en euros dans le but de diversifier la répartition de ses réserves et d'allonger son horizon d'investissement, rapporte Bloomberg. 

"Nous devons examiner la nécessité d'obtenir un rendement sur les réserves qui couvrira les coûts de l'engagement", a déclaré le vice-gouverneur de la Banque d'Israël, Andrew Abir, dans une interview.

Outre le yuan, la banque ajoutera également les dollars canadien et australien, ce qui marque un changement dans "l'ensemble des directives et de la philosophie d'investissement" de la banque, a déclaré M. Abir. Auparavant, la banque ne détenait que des dollars américains, des euros et la livre sterling. 

Le stock de réserves d'Israël dépassera pour la première fois les 200 milliards de dollars. 

À l'avenir, le yuan occupera 2 % des réserves de la banque, et les monnaies canadienne et australienne auront chacune 3,5 %, selon le rapport annuel de la banque. 

Ces nouveaux ajouts signifient que la part de l'euro passera de 30 à 20 %, et que le dollar représentera 61 %, contre 66,5 % auparavant. 

Selon le Fonds monétaire international, la part du dollar dans le total des réserves monétaires mondiales est tombée à son point le plus bas depuis plus de vingt ans, ce qui a suscité des spéculations sur la montée du yuan chinois. 

La Chine fait depuis longtemps pression pour que le yuan supplante le dollar comme principale monnaie de réserve. L'armement de la monnaie américaine contre les institutions financières russes signifie qu'un changement radical pourrait se produire, selon les experts. L'efficacité des sanctions occidentales contre la Russie a réveillé les pays qui cherchent à réduire leur exposition au dollar, a déclaré l'économiste Aleksandar Tomic à Insider. 

Mais pour que le yuan chinois gagne encore beaucoup, il faudrait que les autres nations perdent leur confiance dans l'économie américaine et gagnent en confiance dans les autorités monétaires chinoises. 

"Des défis ont déjà été lancés au dollar, mais aucun ne s'est imposé parce que lorsque les choses deviennent volatiles, les États-Unis ont tendance à être stables, donc le dollar persiste", a déclaré M. Tomic.

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Le 21/04/2022 à 10:35, wagdoox a dit :

A mon sens la dette americaine vient surtout que la politique de privatisation des gains et nationalisation des pertes d’un coté. Politique mise en place par obama qui a permis notamment de remettre sur pieds les banques us (beaucoup plus qu’en europe). De l’autre une ouverture trop importante au commerce international alors que la competitivité industriel du pays est pas bonne. Elle est donc sacrifié par les services qui s’exporte beaucoup gafam … mais l’un permet pas de compenser l’autre. L’idée etant que ces secteurs d’avenir permettront demain de redevenir exedentaires (c’est l’idee general depuis clinton). Et comme ces secteurs ne paient que peu d’impot …

Parlons du mur de la dette américaine. Ce fameux mur dont on nous parle chaque année depuis au moins une dizaine d'année et qui arrive vers octobre. Chaque année ce mur est repoussé plus loin. Mais tant que rien n'est voté l'état US n'investit plus.

Pour financer une dette il faut une contre partie. Oui mais voilà d'un coup les US prévoient de se séparer d"un certains nombres de financeurs potentiels à cause du régime des sanctions ... Il ne reste plus que les plus proches alliés dont certains (Israël) commencent à sentir le danger et diversifient leur réserve amplifiant le mouvement.

https://la-chronique-agora.com/dette-federale-americaine-franchi-barre-30000-mds/

 

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Point de situation sur l'inflation aux USA :

https://tradingeconomics.com/united-states/inflation-cpi

united-states-inflation-cpi.png?s=cpi%2B

 

Le taux d'inflation annuel aux États-Unis s'est accéléré à 8,5 % en mars 2022, le plus élevé depuis décembre 1981, contre 7,9 % en février, alors que les prévisions du marché étaient de 8,4 %. Les prix de l'énergie ont augmenté de 32 %, à savoir l'essence (48 %) et le mazout (70,1 %), l'invasion de l'Ukraine par la Russie ayant fait grimper les prix du pétrole brut. De plus, les prix des aliments ont fait un bond de 8,8 %, le plus important depuis mai 1981. En outre, l'inflation s'est accélérée pour le logement (5 % contre 4,7 % en février) et les véhicules neufs (12,5 % contre 12,4 %), mais a diminué pour les voitures et camions d'occasion (35,3 % contre 41,2 %). Si l'on exclut les catégories volatiles de l'énergie et de l'alimentation, l'IPC a augmenté de 6,5 %, soit le taux le plus élevé en 40 ans, mais légèrement en dessous des prévisions de 6,6 %. De nombreux analystes s'attendent à ce que le mois de mars marque le pic de l'inflation, bien que la guerre en Ukraine soit loin d'être terminée, que les goulets d'étranglement des chaînes d'approvisionnement persistent et que la demande des consommateurs reste élevée, ce qui devrait peser sur l'IPC pendant plus longtemps. source : U.S. Bureau of Labor Statistics

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Si l'on e croit le modèle de Zoltan Pozsar l'inflation sur les matières premières en particulier alimentaire et énergétique va se poursuive. Donc attendons pour voir si c'est bien le cas.

 

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Ca va faire mal à tout le monde mais moins à ceux qui ont des réserves et qui ont fait dépendre leur monnaie des matières premières :

https://www.bloomberg.com/news/articles/2022-03-27/a-world-that-s-more-expensive-is-starting-to-destroy-demand

Un monde plus cher commence à détruire la demande
Les acheteurs rechignent devant les prix élevés des carburants, des denrées alimentaires et des métaux, ce qui risque de faire retomber les économies dans la récession.


Les prix de certains des produits les plus importants au monde - aliments, carburants, plastiques, métaux - dépassent les moyens de nombreux acheteurs. Cette situation oblige les consommateurs à réduire leurs dépenses et, si la tendance s'accentue, elle risque de faire retomber dans la récession des économies déjà éprouvées par les pandémies et les guerres.

Le phénomène se produit à grande et petite échelle. La flambée des prix du gaz naturel en Chine oblige les usines de céramique qui utilisent ce combustible à réduire de moitié leurs activités. Une entreprise de camionnage du Missouri débat de la suspension de ses activités parce qu'elle ne peut pas récupérer entièrement le coût croissant du diesel auprès de ses clients. Les aciéries européennes utilisant des fours à arc électrique réduisent leur production en raison de la flambée des coûts de l'énergie, ce qui rend le métal encore plus cher.

Selon les Nations unies, les prix mondiaux des denrées alimentaires ont atteint un record le mois dernier, l'invasion de l'Ukraine par la Russie ayant perturbé les livraisons des pays qui, ensemble, fournissent un quart des céréales et une grande partie de l'huile de cuisson dans le monde. L'augmentation du prix des denrées alimentaires peut être frustrante pour la classe moyenne, mais elle est dévastatrice pour les communautés qui tentent de se sortir de la pauvreté. Pour certains, la "destruction de la demande" sera une façon indolore de dire "faim".

Le prix du pétrole s'envole, les véhicules électriques aussi
La flambée des prix du lithium pourrait rendre les voitures électriques plus chères, tout comme le pétrole fait grimper l'essence.


Source : Bloomberg

Dans les pays développés, la pression exercée par la hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires pourrait contraindre les ménages à réduire leurs dépenses discrétionnaires - sorties, vacances, derniers iPhone ou PlayStation. La décision de la Chine de placer son principal centre sidérurgique sous le régime de verrouillage Covid-19 pourrait limiter l'offre et faire grimper les prix des articles de grande consommation comme les appareils ménagers et les voitures. Les véhicules électriques de Tesla Inc, Volkswagen AG et General Motors Co. pourraient être l'avenir des transports, mais le lithium contenu dans leurs batteries est presque 500 % plus cher qu'il y a un an.

"Dans l'ensemble, cela indique ce qui pourrait se transformer en récession", a déclaré Kenneth Medlock III, directeur principal du Centre d'études sur l'énergie à l'Institut Baker pour les politiques publiques de l'université Rice.

Le Fonds monétaire international s'apprête à réduire ses prévisions de croissance mondiale en raison de la guerre, et il voit des risques de récession dans un nombre croissant de pays, a déclaré la directrice générale Kristalina Georgieva. L'économie mondiale devrait encore progresser cette année, mais moins que les 4,4 % prévus précédemment, a déclaré Mme Georgieva dans une interview accordée au magazine Foreign Policy.

Voici (presque) tout ce que Wall Street attend en 2022

Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a déclaré que l'invasion de l'Ukraine par la Russie aggravait les pressions inflationnistes en faisant grimper les prix des denrées alimentaires, de l'énergie et d'autres produits de base "à un moment où l'inflation est déjà trop élevée". Freiner l'inflation élevée est une priorité absolue, et la banque centrale est prête à augmenter les taux d'intérêt d'un demi-point de pourcentage lors de sa prochaine réunion si nécessaire, a-t-il déclaré.

Le danger est plus aigu en Europe, où les factures énergétiques s'envolent en raison de la dépendance à l'égard des approvisionnements russes. Les prix du gaz naturel sur le continent sont six fois plus élevés qu'il y a un an, et l'électricité coûte presque cinq fois plus cher.

Ces prix pourraient fusionner avec le conflit qui fait rage aux portes de l'Union européenne pour rendre les entreprises et les ménages réticents à toutes sortes de dépenses. Le Royaume-Uni a revu ses prévisions économiques à la baisse, passant de 6 % à 3,8 %, les consommateurs devant faire face à la pire compression du niveau de vie depuis au moins six décennies.

"Il ne fait aucun doute que l'inflation va rester plus élevée pendant plus longtemps en raison de la guerre en Ukraine", a déclaré James Smith, économiste pour les marchés développés chez ING, basé à Londres. "Une nouvelle flambée des prix du gaz verrait la destruction de la demande se généraliser."

L'économie britannique à l'approche des derniers chiffres sur l'inflation
Des clients parcourent les articles de la gamme de cuisine italienne dans un magasin Marks & Spencer Group Plc à Norwich, au Royaume-Uni.
Cette dynamique se manifeste dans des produits aussi omniprésents que le pétrole et aussi spécialisés que le lithium, un ingrédient clé des batteries de pointe pour l'électronique grand public et les voitures rechargeables. Les fabricants de batteries en Chine, qui paient le métal cinq fois plus cher qu'il y a un an, doivent répercuter une partie de ce coût sur les constructeurs automobiles, ce qui pourrait ralentir les ventes de véhicules électriques.

"La pression est sur les constructeurs automobiles", a déclaré Maria Ma, analyste au Shanghai Metals Market. "Ce qui inquiète le marché maintenant, c'est que les ventes de VE dans les deux prochains mois pourraient rester stables ou ne pas être très performantes après les ajustements de prix."

Les fabricants d'engrais, qui utilisent le gaz naturel comme matière première, ont commencé à réduire leurs activités l'année dernière. L'Italie, l'Allemagne et le Royaume-Uni étudient la possibilité de brûler davantage de charbon l'hiver prochain afin de réduire les besoins en gaz pour la production d'électricité. Cela permettrait de libérer davantage de combustible pour les industries, telles que les verreries et les grandes aciéries, qui ne peuvent pas facilement le remplacer.

Mais cela pourrait ne pas suffire, et il existe des plans d'urgence pour limiter une partie de la demande. Les fabricants de briques du Royaume-Uni ont été invités par le gouvernement à se préparer à des ralentissements de la production si la guerre étouffe les approvisionnements en énergie, a déclaré le groupe de pression de l'industrie.

L'augmentation du coût des carburants a déjà un effet dramatique en Asie. Foshan, une ville de la province méridionale de Guangdong, a commencé à rationner les livraisons de gaz aux utilisateurs industriels, et la moitié des chaînes de production de céramique de la province ont cessé de fonctionner.

Les consommateurs et les entreprises américains sont plus à l'abri de la flambée des prix du carburant, car le pays n'est pas fortement tributaire du pétrole ou du gaz naturel russes, mais ils ne sont pas à l'abri pour autant. Les prix du pétrole brut aux États-Unis ont grimpé en flèche en janvier et février, alors que la menace de guerre se faisait de plus en plus pressante, et les prix de détail de l'essence ont suivi, établissant un record nominal de 4,31 dollars pour un gallon de carburant ordinaire. À Los Angeles, le prix moyen dépasse maintenant les 6 dollars.

Pourtant, la demande ne faiblit pas. Elle est d'environ 4 % supérieure à celle de l'année dernière à la même époque, selon l'Administration américaine d'information sur l'énergie. Cela peut refléter le fait que les Américains, enfermés par des années de restrictions, sont déterminés à voyager.

"Cela a tout faussé", a déclaré Andrew Gross, porte-parole de l'AAA, basée en Floride. "S'il n'y avait pas eu de pandémie, ces prix élevés pourraient écraser la demande".

Si les prix du pétrole restent élevés pendant un niveau soutenu, la destruction de la demande menace. JPMorgan Chase & Co. a réduit ses prévisions de demande mondiale pour le deuxième trimestre de 1,1 million de barils par jour et réduit les perspectives pour les deux trimestres restants d'environ 500 000 barils. L'Europe est à l'origine de la plupart de ces réductions.

"Que ce soit les automobilistes qui font le plein de leur voiture, ou le chauffage ou la climatisation de leur maison, c'est un niveau que les consommateurs ont commencé à repousser un peu, et nous avons vu la destruction de la demande dans le passé", a déclaré Ryan Lance, directeur général de ConocoPhillips, le 8 mars sur Bloomberg TV. "Les gens commencent à économiser et à changer leur comportement".

Supply Lines est une lettre d'information quotidienne qui suit le commerce et les chaînes d'approvisionnement perturbées par la pandémie. Inscrivez-vous ici.

Gary Hamilton, propriétaire d'une entreprise de camionnage indépendante à Frankford, dans le Missouri, se demande s'il doit suspendre ses activités jusqu'à ce que les coûts baissent. Le diesel y est en moyenne à 4,67 dollars le gallon, selon l'AAA, et si les prix grimpent au-dessus de 5,25 dollars, c'est suffisant pour lui.

Une partie du problème est qu'il ne fixe pas ses propres prix ; ce sont les entreprises agricoles pour lesquelles il transporte qui le font. S'il demande une augmentation de ses tarifs en raison de la hausse des prix du carburant, ils vont simplement "appeler le prochain gars", dit-il.

"Le carburant nous tue", a déclaré M. Hamilton. "Il serait moins coûteux pour nous de garer nos camions et de licencier des employés que de continuer à travailler."

Tout comme l'essence, la demande de produits alimentaires dans les pays développés a tendance à ne pas beaucoup changer avec le prix. Les consommateurs peuvent changer ce qu'ils achètent - délaissant les articles les plus chers pour des substituts moins chers - mais ils doivent quand même acheter.

Pourtant, les restaurants trouvent que la hausse des prix est un obstacle alors qu'ils tentent de relancer l'activité après la crise. Gus Kassimis, propriétaire du Gemini Diner, basé à New York, a déclaré que les clients commandent moins de steaks et de fruits de mer, et qu'il a donc réduit ses achats auprès des fournisseurs d'environ 10 %. Gemini a déjà augmenté les prix du menu une fois et s'apprête à le faire à nouveau.

"Les gens sont plus prudents sur ce qu'ils dépensent", a déclaré Kassimis. "Je ne sais pas combien de consommateurs supplémentaires sont prêts à accepter".

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J'aurais tendance à tempérer un peu plus les déclarations de l'article quand même, très centré sur la sphère anglophone (c'est normal, c'est bloomberg) en particulier à cause du Royaume-Uni qui souffre aussi des problèmes liés au Brexit et ses conséquences (surtout pour l'augmentation de l'énergie et du coût de la vie apparemment)

Mais la tendance générale reste effectivement vraie et à craindre aussi en Europe (sans doute avec un petit décalage de calendrier par rapport au continent nord-américain...)

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Pour revenir au sujet

un article (un peu) spéculatif sur les attentes de la Chine concernant la politique étrangère de la France, suite à l'élection présidentielle.
https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/26/presidentielle-2022-les-felicitations-mesurees-de-la-chine-apres-la-victoire-de-macron_6123723_3210.html

En gros, selon l'extrait gratuit (qui extrapole des félicitations officielles et d'éditos dans le global times), le gouvernement chinois aimerait que la France soit suffisamment indépendante pour déstabiliser le bloc US, mais pas trop forte pour ne pas gêner la Chine ailleurs (Afrique, etc)...
Et espère que la stratégie indo-pacifique FR échoue (ou encore mieux, perturbe la coalition Quad US/AUS/Inde/Japon anti-chinoise)

Note: Lemonde est un journal bloqué sur l'internet chinois

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  • 2 weeks later...
Il y a 5 heures, herciv a dit :

“en tant que puissance disposant de la deuxième plus grande zone économique exclusive (ZEE) au monde, dont 93 % sont situés dans les océans Indien et Pacifique, la France doit désormais travailler avec l’Indonésie. Pourquoi ? Parce que l’Indonésie possède la plus grande ZEE de toute l’Asie du Sud-Est maritime.” Et de conclure :

“Le moment est venu pour Paris et Jakarta d’aider les différentes parties en conflit dans l’arène indo-pacifique à faire taire les armes.”

Super ! 

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  • 1 month later...
il y a 1 minute, herciv a dit :

France hors jeu !  Je crains ... Malgré  toutes les antériorités des 2 côtés

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il y a 4 minutes, Bechar06 a dit :

France hors jeu !  Je crains ... Malgré  toutes les antériorités des 2 côtés

Ni l'un ni l'autre ne veulent placer toute leur bille dans une seule source. Pour l'instant je me dit qu'ils ont peut-être la mêm vision de l'avenir et c'est pas si mauvais pour nous.

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Voilà exactement ce que je prédisais et ce que j'espérais. L'Inde ne veut pas prendre position et entraine derrière elle un paquet de pays. Du coup elle va devenir une puissance mondiale au moins sur le plan économique. Il semble bien que nous ayons choisi le bon cheval.

 

Modifié par herciv
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il y a 24 minutes, Ciders a dit :

On note aussi qu'ils ne sont pas foutus de situer l'Iran.

Ils l'ont confondu avec l'Afghanistan. Auraient-ils de bonnes raisons de savoir placer ce pays sur une carte ?

PS : C'est hors-sujet, mais je recommande cet article sur le travail de cartographie réalisé par les Britanniques au cours du 19ème siècle en Asie centrale : https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1997_num_52_5_279623. C'est très intéressant. Par ailleurs, on imagine facilement un roman se déployant en ce contexte.

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Le 07/07/2022 à 21:18, Skw a dit :PS : C'est hors-sujet, mais je recommande cet article sur le travail de cartographie réalisé par les Britanniques au cours du 19ème siècle en Asie centrale : https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1997_num_52_5_279623. C'est très intéressant. Par ailleurs, on imagine facilement un roman se déployant en ce contexte.

Kim! 

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  • 2 weeks later...
  • Et voilà Le système SWIFT est attaqué par des systèmes concurrents ainsi que VISA et MASTERCARD. Mais plus encore les monnaies électronique sont une façon de concurrencer le dollar et de réduire sa prédominence dans les échanges internationaux. L'Europe elle-même a des projets dans ce sens.
Révélation

Big Bang en vue dans la finance : la fragmentation des systèmes de paiement internationaux s'accélère

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/bing-bang-en-vue-dans-la-finance-la-fragmentation-des-systemes-de-paiements-internationaux-s-accelere-925428.html

DOSSIER MONDIALISATION- Le ver était déjà dans le fruit depuis l’application des sanctions contre l’Iran, puis la Russie. Mais la guerre en Ukraine et l’exclusion des banques russes du système Swift, sans parler des tensions géopolitiques entre la Chine et les États-Unis, ont accéléré le besoin des États ou des zones monétaires de se protéger en développant leurs propres infrastructures de paiement. Et l’essor des monnaies digitales de banque centrale devrait renforcer ce mouvement de fragmentation du système monétaire mondial, bâti dans les années 1970 pour accompagner la mondialisation de l’économie.

Eric Benhamou

19 Juill 2022, 9:47

L'exclusion des banques russes du réseau interbancaire Swift a frappé les esprits des dirigeants du monde entier. (Crédits : DADO RUVIC)

« La bombe atomique » que devait représenter la déconnexion de la Russie de la messagerie interbancaire internationale Swift semble, pour l'instant, avoir fait pschitt. L'impact sur l'économie se fait attendre, le pays continue d'engranger des dizaines de milliards de dollars de recettes énergétiques, et la devise russe a retrouvé ses niveaux d'avant l'invasion de l'Ukraine, grâce notamment à des mesures drastiques de contrôle des changes et des capitaux.

« C'est bien une bombe atomique, mais à retardement ! Les systèmes de paiement se sont construits jusqu'ici sur une logique de mondialisation et d'ouverture complète entre les différentes zones économiques ou monétaires. C'était la « globalisation », la construction du « Global Village » sur le Web », observe Hervé Sitruk, président de France Payments Forum.

Fragmentation des systèmes de paiement mondiaux

Les grands pays, Chine, Russie, mais aussi Inde, Brésil, Afrique du Sud ou bien Turquie l'ont bien compris, ils doivent trouver des alternatives dans les paiements dans le cas où ils tomberaient, pour une raison ou une autre, sous le coup des sanctions américaines.

« Les sanctions, certes nécessaires, vont casser ce mécanisme et conduire à une fragmentation des systèmes de paiement mondiaux, à la fois pour les transferts de gros et les paiements retail, qui vont donner place à des zones d'échanges concentriques, et parfois concurrentes. Pour l'Europe, ce sera la construction de systèmes de paiement internes à la zone SEPA, puis le renforcement des liens d'échange au sein du monde occidental, et le maintien de systèmes mondiaux existants mais aussi le développement de systèmes concurrents, qui regrouperont d'autres zones économiques et monétaires... », prédit Hervé Sitruk.

L'union sacrée entre Chine et Russie, cauchemar des États occidentaux

Lors du 14e sommet des BRICS - les principaux pays émergents - en juin dernier, sous la présidence du président chinois Xi Jinping, le président russe Vladimir Poutine a une nouvelle fois dénoncé les pays occidentaux qui se servent « des mécanismes financiers pour rendre le monde entier responsable de leurs propres erreurs de politique économique », appelant les BRICS à créer leurs propres systèmes de paiement pour bâtir « un système mondial réellement multipolaire ». Le propos n'est pas nouveau. Il est même théorisé en Russie depuis les premières sanctions imposées par l'Occident lors de l'annexion de la Crimée en 2014.

Mais il a désormais le soutien officiel de la Chine dans une sorte de croisade commune contre l'Occident.

« Pour un groupe qui ne représente qu'environ un dixième de la population mondiale, le G7 n'a aucune qualification pour parler au nom du monde entier, et encore moins pour adopter leurs propres valeurs et normes comme étant les valeurs et normes internationales universelles », a martelé Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères le 29 juin dernier dans la foulée de la réunion du G7.

L'union sacrée entre la Russie et la Chine est le cauchemar des États occidentaux et sans doute les prémisses d'une fracture majeure.

Entente cordiale

Au cours des trente années qui ont suivi l'effondrement de l'Union soviétique, la Chine et la Russie ont considérablement amélioré leurs relations et les échanges commerciaux ont été multipliés par 14 en vingt ans. Et la confrontation parallèle entre la Chine et les États-Unis a encore renforcé ses liens, d'autant que les deux dirigeants russe et chinois ont cette volonté commune de redonner de la grandeur à leur pays en s'opposant au leadership américain.

C'est donc autant par nécessité que par idéologie que la Russie s'est engagée, dès 2014, à mettre en place un système équivalent à Swift de transfert interbancaire de messages, baptisé SPFS. L'idée est bien de répliquer la messagerie Swift, et les autorités russes ont fortement encouragé les banques du pays à adhérer à ce système, qui regroupe aujourd'hui environ 400 établissements, russes dans leur quasi-totalité. En revanche, aucune banque européenne ou américaine, ni même d'ailleurs une banque russe de renom comme Tinkoff (avant sa reprise en main par les autorités) n'a accepté de faire partie du système SPFS. On est loin donc des quelque 11.000 établissements bancaires qui utilisent 24H/24 le réseau Swift.

Vers une alliance sino-russe dans le domaine des paiements ?

Cette même politique a été appliquée au système de cartes bancaires pour tenter de s'extraire de la dépendance des réseaux américains Visa et Mastercard. Détenu par la banque centrale russe, et imposé, de fait, au public par le gouvernement, le réseau Mir (« le monde ») permet de compenser les transactions de cartes bancaires réalisées en Russie.

Mais Mir, qui porte assez mal son nom, est quasiment utilisé seulement pour des opérations domestiques. A l'étranger, la carte Mir doit être co-brandée avec un partenaire étranger, comme Mastercard ou le chinois UnionPay. En mai dernier, un diplomate chinois en visite à Moscou a évoqué, selon l'agence Reuters, des consultations à venir pour faciliter l'utilisation des réseaux Mir et UnionPay.

Car, dans un cas comme dans l'autre, ces initiatives russes butent sur un obstacle de taille : celui de leur non-acceptation par les grandes banques internationales et les grands sites marchands. D'où les promesses d'une alliance Russie/Chine dans le domaine des paiements.

C'est notamment le projet russe de faire converger le réseau SPFS avec la messagerie chinoise interbancaire CIPS pour faire naître une alternative plus crédible au réseau Swift. Mais, là aussi, il reste beaucoup de chemin à faire alors que la part du yuan dans les échanges internationaux demeure marginale (2% à 3 % environ, selon les chiffres de Swift) et que CIPS pèse encore peu par rapport aux volumes traités par Swift. On ne construit pas une infrastructure avec des protocoles acceptés par tous du jour au lendemain, sans parler du principal critère pour les échanges interbancaires, la confiance.

Enjeux de souveraineté : l'Union européenne aussi

Reste que la Chine et la Russie ne sont pas les seuls à revendiquer une souveraineté dans les paiements. C'est le cas notamment de l'Union européenne, ou du moins, au sein de la zone euro. En mai dernier, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a défendu l'idée « d'un système financier multilatéral coopératif » pour réduire une dépendance « excessive » à une monnaie, le dollar.

C'est d'ailleurs sur fond de désaccord avec la politique américaine à l'égard de l'Iran que l'Union européenne a lancé INSTEX, sorte d'alternative à Swift mais limitée au commerce humanitaire. Le projet européen IXB est plus ambitieux : il s'agit de créer un système de paiement international quasi instantané, du moins entre les deux rives de l'Atlantique. Il est lancé par les chambres de compensation EBA Clearing et The Clearing House et le réseau Swift, avec 24 banques (dont trois françaises) dans sa phase pilote.

« Ce projet est extrêmement important car il préfigure les nouveaux dispositifs européens. La guerre en Ukraine va contraindre l'Europe à construire, brique par brique, sa souveraineté et créer au-dessus de la zone euro, une nouvelle zone financière pour les échanges avec les Etats-Unis et les pays alliés », observe Hervé Sitruk.

Cela passe par une forte consolidation européenne des infrastructures, notamment dans le domaine de la compensation. Et le projet européen EPI, pour l'instant mis en demi-sommeil sur le seul volet carte bancaire, alors qu'il visait à créer un système européen face aux géants Visa et Mastercard, devra être repris par la suite mais sous de nouvelles approches.

L'empilement de ces différents systèmes de paiement (par zone monétaire, ou par zone d'influences entre alliés ou, enfin, au niveau mondial) va nécessairement rogner peu à peu la position de quasi-monopole de Swift pour les échanges internationaux.

Le mouvement prendra cependant des années et Swift ne disparaîtra pas du jour au lendemain : la messagerie a toujours sa capacité à accepter toutes les banques et elle conserve surtout son statut de tiers de confiance entre les banques, notamment en cas de litige. Les nouveaux systèmes auront bien du mal à totalement remplacer Swift, notamment pour les petites banques qui auront sans doute plus de difficulté à se faire entendre face à une banque centrale russe ou chinoise.

Révolution numérique, une course au leadership

Reste que Swift est une messagerie électronique qui n'a pas encore fait sa mue numérique. Or, à cette géopolitique des paiements qui se met en place répond un autre enjeu, plus technologique, celui des monnaies digitales. Et, dans ce domaine, après quelques retards à l'allumage, c'est une course qui s'enclenche sur fond de rivalités.

La place de Londres souhaite prendre le leadership sur les stables coins, les Etats-Unis misent les plateformes d'échange, et la Chine semble avoir pris une longueur d'avance sur la monnaie digitale de banque centrale. Elle a notamment testé des pilotes lors des Jeux Olympiques de Pékin, en y associant même de grandes entreprises américaines, comme McDonald's.

La Chine développe également un projet de monnaie banque centrale pour les paiements transfrontières, baptisé M-CBDC Bridge(*), auquel participent 22 institutions financières, dont les six banques publiques chinoises, mais aussi des banques de Hong Kong, de Thaïlande ou des Émirats arabes unis. Ce projet, encore à un stade très précoce, pourrait en théorie, remplacer Swift pour les échanges entre les pays concernés. Des banques russes pourraient d'ailleurs rejoindre cette initiative.

« Vers une double fragmentation, géopolitique et numérique »

La Russie compte également aller vite dans ce domaine pour contourner les sanctions. Sa banque centrale multiplie les annonces de tests réussis sur la monnaie digitale et promet même la mise en œuvre d'un pilote grandeur nature de l'e-rouble dès 2023, soit avec un an d'avance sur le calendrier prévu. Enfin, le conglomérat Rostec, très lié au secteur de la défense russe, vient d'annoncer un projet blockchain pour permettre aux pays étrangers de payer leurs importations russes.

Reste un obstacle de taille : l'e-rouble, pas plus que le rouble, ne devrait être accepté en dehors de la Russie. Mais l'émergence de l'économie numérique est de nature à remettre en cause à terme l'hégémonie actuelle du dollar sur les paiements internationaux.

« Nous allons vers une double fragmentation, géopolitique et numérique, et il sera de plus en plus difficile de communiquer entre certaines zones économiques et monétaires. Le processus est lent mais bel et bien lancé », résume Hervé Sitruk.

Les crises nourrissent toujours les innovations et il n'y aura pas de retour en arrière - du moins, pas à la situation qui prévalait depuis les années 2000, et à laquelle les sanctions contre l'Iran puis contre la Russie ont mis fin.

Eric Benhamou

 

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  • 3 weeks later...

Le bloc c’est l’alliance Atlantique declare le CEMAhttp://www.opex360.com/2022/08/04/le-general-burkhard-decrit-larmee-dont-la-france-a-besoin-pour-les-annees-a-venir/

Extraits :

Citation

En Afghanistan ou au Mali par exemple, les dispositifs de défense sol-air n’ayant pas d’utilité, des impasses ont été faites. Il convient maintenant de les rattraper », a fait valoir le général Burkhard. « Il en va de même dans les domaines du franchissement, de la guerre électronique [comme la suppression des défenses aériennes adverses ou SEAD, ndlr] ou des moyens de protection nucléaire, radiologique, bactériologique ou chimique », a-t-il ajouté
 

Les fonctions de soutien ayant été les plus impactées par les réformes de ces dernières années, le CEMA estime qu’elles doivent faire l’objet d’un effort particulier.

la « guerre de haute intensité en Europe et les menaces stratégiques de nos grands compétiteurs nécessitent de repenser les équilibres entre la technologie et la masse, l’efficience et l’efficacité, l’optimisation et la résilience ». Et aussi de « changer d’échelle dans l’entraînement »

Durant son audition, le CEMA a identifié trois axes sur lesquels il est « indispensable de faire porter nos efforts ». 

Le premier concerne les forces morales de la Nation. Sur ce point, a-t-il dit, il « importe de lancer une nouvelle dynamique pour les réserves, afin de pouvoir les engager dans des missions plus complexes et de dégager des marges de manœuvre pour compléter les effectifs d’active », et cela d’autant plus que les « réserves sont en mesure d’apporter une masse, une expertise non détenue dans les armées et sont aussi un des vecteurs les plus directs pour le maintien et la consolidation du lien entre l’armée et la nation ». 

Le second axe porte sur la nécessité d’accroître l’influence des forces françaises. Pas seulement pour « gagner la guerre avant la guerre »… Mais aussi au sein de l’Alliance atlantique, qui reste la « clé de voûte de notre défense collective », a dit le CEMA [qui n’a pas cité la défense européenne, ndlr].

les forces françaises sont « en mesure d’affronter un adversaire et d’infliger des dégâts importants dès les premiers contacts, ce qui nécessite par exemple de l’artillerie de longue portée ». 

Et, en matière de capacités à acquérir ou à renforcer, il a évoqué les « à énergie dirigée et les drones de combat ». En outre, a-t-il poursuivi, il faudrait qu’elles soient encore « plus résilientes », grâce notamment « à plus de redondance des moyens de commandement, d’autonomie numérique et de communications satellitaires ». 

Et peut-être le plus gros changement (car pour le reste, il me semble qu’on n’avait pas raté grand chose sur AD, sinon qu’on veut plus, beaucoup plus de Rafale :tongue::

« avec une létalité très forte »

plus Réserve, Stagiaires Étrangers dans nos écoles, outils d’influence…

 

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On 7/19/2022 at 10:09 PM, herciv said:

« La bombe atomique » que devait représenter la déconnexion de la Russie de la messagerie interbancaire internationale Swift semble, pour l'instant, avoir fait pschitt. L'impact sur l'économie se fait attendre, le pays continue d'engranger des dizaines de milliards de dollars de recettes énergétiques, et la devise russe a retrouvé ses niveaux d'avant l'invasion de l'Ukraine, grâce notamment à des mesures drastiques de contrôle des changes et des capitaux

C'était tellement prévisible malheureusement...

L'Allemagne qui voyait une mesure forte dans cette "sanction" prouve encore une fois que ses dirigeants manquent de vison globale et stratégique au niveau international (mais vu ce qu'est la politique allemande, ils doivent déjà bien réfléchir en national pour ne serait-ce que rester en place et un minimum pertinent... donc forcément ils n'ont pas le temps de vraiment s'instruire sur le "hors-frontière". Et je ne dis pas que les autres pays européens font mieux non plus. Je trouve juste qu'ils ont été naïfs de décrire cela comme un geste fort et une vraie sanction quand ça nous a fait gentiment rire. Encore plus quand ils ont annoncé le calendrier prévu...)

Bref, ça aura au final été un bel effet d'annonce sans grandes répercussions sur la cible prévue. Il me semble qu'on appelle ça un échec mission pratiquement, non ?

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Le niveau du rouble n'a plus aucun intérêt pour la mesure de l'économie russe, ça a déjà été expliqué plusieurs fois sur le fil Ukraine. 

Et ce d'autant plus qu'il est inconstant, sa valeur absolue change par rapport à la monnaie sur laquelle il est apprécié, et les échanges rouble-dollar étant désormais inexistants, ce taux de mesure n'est plus pertinent. Le taux rouble-yuan serait meilleur s'il n'était pas aussi volatile (on a eu une appréciation surprise de 10% il y a un mois, par exemple).

 

Modifié par Heorl
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