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EADS et BAE Systems vont créer le numéro un mondial de l'aéronautique-défense


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Il n'y a qu'à séparer cette activité, le reste n'a pas de justification pour être contrôlé par les Etats. J'entend bien que ça ouvre potentiellement la porte à des prises de décisions qui peuvent ne pas être dans l'intérêt du pays mais comment on justifie qu'on empêche une entreprise de prendre librement ses décisions pour mettre en place sa stratégie ?

Déjà évoqué plus haut:

- 1/ On n'a pas à le justifier: c'est effrayant ce que certains ici ont un problème avec les notions d'intérêt national et de préséance de la légitimité de l'Etat, comme s'il devait se justifier de son existence devant le très saint et très haut marché qui serait la référéence morale supérieure.  

- 2/ une légitimité simple: l'Etat est ACTIONNAIRE de cette putain de boîte.... CA veut dire qu'il est un des grands PROPRIETAIRES d'EADS. Et qu'outre cette propriété simple, il a aussi convenu d'un ensemble de dispositions spécifiques destinées à préserver les implantations nationales et divers degrés de contrôle sur nombre de technologies et de capacités technologiques, et nombre de capacités de production.... Pourquoi? Parce qu'à la base, avant la création d'EADS, une bonne partie des boîtes qui composent le machin sont des boîtes publiques ou semi publiques. C'est cet état de fait qui a été retranscrit (imparfaitement) sous forme de titres de propriété (actions) et divers dispositifs. Si les proprios dominants (pas seulement par leurs parts dans la boîte, mais en tant que clients majeurs, subventionneurs et soutiens en tous genres) décident que la stratégie de la boîte doit correspondre avant tout à LEURS intérêts, c'est leur prérogative de l'imposer. Et si cet intérêt est de décider que la boîte doit avant tout être sûre d'exister dans 20 ans à haut niveau et de toujours être un fournisseur en partie "sous contrôle", plutôt que de redistribuer des dividendes avant toute chose, c'est leur droit et aucune logique au monde ne justifie qu'ils y renoncent.

- 3/ la stratégie d'une entreprise n'oeuvre que dans l'optique des intérêts de ses actionnaires. Si ceux-ci sont des individus privés qui veulent du fric, on aura BAE, cad l'entreprise qui redistribue massivement ses dividendes et prépare l'avenir quand elle y pense. Vouloir écarter France et Allemagne de la décision dans EADS, c'est, si on s'en tient même au seul "argument" de la légitimité "supérieure" de l'intérêt privé d'une entreprise ou plutôt de ceux qui la dirigent (qui est en fait le seul fondement de la position Enders/pro-Enders, même si ça se dit pas tout haut parce que ça sonne moins classe), ce qui est exigé de la France et de l'Allemagne dans ce projet, c'est d'être des partenaires majeurs silencieux devant renoncer à leur intérêt propre.

L'intérêt d'un Etat dans ce domaine est d'avoir les armements les plus performants et adaptés à sa doctrine et ses moyens aujourd'hui, sans contrainte d'autres acteurs (Etats ou non), dans les meilleures conditions possibles, et de pouvoir être sûr que ce sera toujours le cas dans 20 ans ou plus. Ce que ce projet de fusion dit sans vouloir le formuler clairement, c'est que l'Etat doit tout connement renoncer à ça pour se mettre dans la main d'un acteur unique même pas seulement européen, ayant son agenda propre et qu'il doit s'estimer heureux que le dit acteur maintienne quelques usines chez lui et produise des armements selon ses spécifications (liées à sa stratégie de développement propre), conditions et prix, et qu'on adapte plus ou moins aux besoins de l'Etat qui n'a d'autre choix que demander, ou alors se fournir ailleurs (donc favoriser l'intérêt national d'un pays extra-européen et en être dépendant) et flinguer emploi, recherche et capacité de défense chez lui.

La logique d'un Etat, qui repose sur la disponibilité et l'exclusivité de matériels aujourd'hui et le maintien de la capacité de recherche et production maîtrisée dans l'avenir, n'est pas compatible avec la logique d'un acteur privé multinational intégré, surtout s'il est unique: à beaucoup d'égards, un tel acteur cesse d'être un fournisseur intéressant et devient même plus une gêne qu'un avantage, tant par sa logique et ses impératifs que par sa position de négociation. Un tel acteur dicte ses termes (prix, conditions, subventions, nature des matériels), tant au secteur défense qu'en politique étrangère (exigence de soutien, transferts de technologie contre les intérêts de l'Etat, choix de clients et partenaires contre la politique étrangère de l'Etat qui se trouve souvent obligé de suivre....).

Les Américains pour l'instant peuvent se passer de cette polémique pour des raisons qui ont peu à voir avec ces principes:

- leur taille en tant qu'acteur militaire a permis de maintenir un peu plus d'entreprises: ils peuvent avoir des géants ET en avoir plusieurs, donc garder une capacité d'arbitrage pour faire jouer un minimum de concurrence en interne. Leurs budgets sont d'une taille incontournable. Ceci dit le nombre des acteurs est devenu tellement restreint qu'ils sont déjà de fait dans un marché oligopolistique fermé qui soulève des remous croissants tant dans les abus en termes de coûts d'acquisition que de performance/pertinence des matériels obtenus. Quand même des Républicains (pour l'instant encore des "mavericks" comme McCain avant sa tentative de présidentielle) attaquent violemment les surcoûts énormes des programmes d'armement comme entrave à l'effort de défense, c'est que la pertinence du système est arrivée au bout de son efficacité et qu'il va falloir commencer à changer. De facto, les ricains vont se trouver bientôt en face du même type de choix que les Européens dans cette polémique EADS-BAE.

- ils jouent un protectionnisme fort lié à leur politique étrangère et à un keynésianisme militaire qui donne avantage à des conglomérats privés via le lobbying et la nature incestueuse à grande échelle des relations entre industrie d'armement et ministère de la défense.

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C'est normal qu' Enders veuille que les Etats sortent du capital, aucun de ses concurrents, notamment les Américains, n'ont cette "particularité" et ça gène pour prendre les décisions d'une part, et d'autre part ça pénalise les relations avec le Pentagone.

Et donc, si on sort l'etat Francais du capital, EADS va signer pour des milliards ? C'est tres tres optimiste je pense, surtout que sur ce sujet, on dit bien que le marche militaire americain risque de fortement se contracter a l'avenir, surtout pour un fournisseur europeen.
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Quand cette industrie reçoit des montagnes d’argent public pour la R&D et des commandes garanties + qu'elle détient la technologie et les outils de production qui garantissent la sécurité, l’indépendance et la souveraineté de pays, il est normal qu'on ne la traite pas comme un éleveur de poulet.

Mais je ne comprend pas, explique moi comment font les Américains ? Je ne crois pas qu'ils ont des participations dans Boeing, Raytheon, Electric Boat, Lockheed, etc...

Ou est-ce-que d'après toi la "sécurité, l'indépendance et la souveraineté" des US est compromise aujourd'hui parce que les fournisseurs du Pentagone sont privés ?

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Mais je ne comprend pas, explique moi comment font les Américains ? Je ne crois pas qu'ils ont des participations dans Boeing, Raytheon, Electric Boat, Lockheed, etc...

Ou est-ce-que d'après toi la "sécurité, l'indépendance et la souveraineté" des US est compromise aujourd'hui parce que les fournisseurs du Pentagone sont privés ?

Boeing, Raytheon et Cie, ils ont intérêt à servir les US, c'est l'énorme majorité de leur CA regroupé sur un seul client. Sans lui ils sont tous morts. Quand ton unique client est aussi le seul client qui compte pour toi les autres étant ridicules en comparaison, tu essayes de ne pas trop le pousser. Et puis ce sont des groupes Américains, dirigé par des Américains, formé aux US ou ils parlent tous américain, ou les usines sont sur le territoire américain etc. Beaucoup de différence comparé a ce qui ce fait de ce coté de l'atlantique.

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Boeing, Raytheon et Cie, ils ont intérêt à servir les US, c'est l'énorme majorité de leur CA regroupé sur un seul client. Sans lui ils sont tous morts. Quand ton unique client est aussi le seul client qui compte pour toi les autres étant ridicules en comparaison, tu essayes de ne pas trop le pousser. Et puis ce sont des groupes Américains, dirigé par des Américains, formé aux US ou ils parlent tous américain, ou les usines sont sur le territoire américain etc. Beaucoup de différence comparé a ce qui ce fait de ce coté de l'atlantique.

A mon avis, pour la défense, EADS est aussi dépendant des ses marchés nationaux que les entreprises Américaines le sont des leurs. Tous les produits ou presque de défense d'EADS sont développés sur une base de besoin domestique, après on essaye d'exporter avec plus ou moins de succès. C'est vrai des 2 cotés de l'Atlantique je ne vois pas de différence à part que bien sûr coté US les budgets sont beaucoup plus importants donc il y a plus d'acteurs. Pour ce qui sont des histoires de nationalité et de localisation d'usines, je ne suis pas au courant d'usines EADS de défense hors d'Europe, et je ne crois pas que Cassidian soit dirigé par des extra-européens.

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Mais je ne comprend pas, explique moi comment font les Américains ? Je ne crois pas qu'ils ont des participations dans Boeing, Raytheon, Electric Boat, Lockheed, etc...

Ou est-ce-que d'après toi la "sécurité, l'indépendance et la souveraineté" des US est compromise aujourd'hui parce que les fournisseurs du Pentagone sont privés ?

- Les USA ont un énorme budget, sans comparaison avec aucun autre client au monde, et ils sont sûrs d'en garder l'essentiel pour le futur visible = énorme position pour négocier avec des intervenants privés

- Les USA sont, mondialement, en position d'imposer leurs conditions commercialement (leur "empire" fait de nombreux Etats des clients captifs ou très influençables), et le fait d'être le premier marché d'armement de très loin les place aussi, par rapport à leurs fournisseurs nationaux, dans la position de contrôler les technologies qui sortent et une bonne part des conditions de vente

- les USA protègent activement leur marché et le contrôle des entreprises nationales, subventionnent énormément leurs géants nationaux, ajoutant au degré d'interpénétration Etat-fournisseur. Des acteurs étrangers n'ont pas leur mot à dire dans leurs grands fournisseurs, leurs implantations industrielles et leurs technologies

- les USA ont un budget qui leur permet de maintenir PLUSIEURS grands fournisseurs dans chaque domaine (et ils font attention pour l'instant à ce que ça reste le cas), même si c'est oligopolistique et si le lobbying et la nature du fonctionnement de la "machine" militaro-industrielle impactent fortement le processus de décision en matière de programmes et d'acquisitions, ça laisse une marge de capacité pour imposer leurs conditions en fonction des impératifs nationaux de sécurité, à court comme à long terme

En bref, la taille du budget militaire (taille présente et future) et la nature "impériale" des USA (leur politique extérieure, la volonté qui la sous-tend, les moyens disponibles et mis en place....) permet pour l'instant de maintenir un système de fournisseurs avant tout privés sans trop se poser de question quand au conflit d'intérêts. Cependant ce système a déjà connu de nombreux couacs, surtout depuis que le marché américain est de plus en plus concentrés autour de peu d'acteurs géants (surtout dans l'aéronautique, secteur culturellement crucial aux USA), avant tout dans la définition des grands programmes (où les intérêts des entreprises tendent à compter de plus en plus face aux besoins militaires) et plus encore dans leurs coûts non maîtrisés et dont le poids devient réellement problématique même à l'échelle de leurs budgets de défense. Bref, ils vont se retrouver face aux mêmes questions qu'en Europe dans pas longtemps. Mais en attendant, fondamentalement, les logiques auxquelles répond un Etat en matière de défense (garantir la capacité à avoir les meilleurs équipements en quantités suffisantes, à prix tolérable, de façon autonome/non dépendante d'aucun type d'acteur, non seulement aujourd'hui mais aussi demain et après-demain) sont encore compatibles avec celles d'une entreprise (faire du fric à un horizon généralement assez court, ne pas se faire contraindre par qui que ce soit).

Essayer de comparer USA et Europe ne peut se faire dans l'absolu et l'abstrait, en disant "eux ils ont du privé et ça marche sur tous les plans, alors ça veut dire qu'ils ont la bonne solution". Ils ont un budget absolument énorme (inégalable), une position dominante (technologique, politique, militaire, culturelle -y compris dans la culture militaire avec un "pouvoir de prescription"-....), des marchés captifs et un protectionnisme de fait et de droit surdéveloppé. Ca éloigne des préoccupations qu'ont les Etats européens qui n'ont aucun de ces avantages et se trouvent confrontés à une situation où leur capacité à maîtriser leur propre capacité à un effort de défense maîtrisé se trouve directement menacée.

A mon avis, pour la défense, EADS est aussi dépendant des ses marchés nationaux que les entreprises Américaines le sont des leurs.

LE marché américain, LES marchés européens. Déjà une différence. Ensuite évidemment la taille globale des budgets et plus encore leur taille pris chacun à part "face" à un fournisseur unique. Et on parle ici d'une fusion EADS BAE, soit un acteur sans contrainte face à 3 clients majeurs plus quelques-uns plus réduits. Qui a l'avantage? Ajoute le fait encore une fois que les Etats ont l'obligation de garder la maîtrise de nombreux domaines de recherche et de production pour pouvoir rester des acteurs politiques relativement autonomes et crédibles/qui comptent, aujourd'hui et après-demain. Les Etats ne se font pas confiance et ce n'est pas leur rôle: ils ont un intérêt supérieur à défendre et qui plus est, dans le cas d'EADS, ils défendent leur propriété. EADS n'existerait pas sans leur recherche de préservation de leur intérêt: elle a été créée pour ça et pour aucune autre raison, et certainement pas pour que Tom Enders ait sa petite baronnie personnelle. Il suffit d'examiner la capacité de défense britannique sur les 20 dernières années: s'est-elle si bien portée que ça de l'existence de BAE? Ont-ils encore la maîtrise des technologies essentielles et capacités de production qu'ils avaient encore il y a 20 piges? Sacrifier le budget de quelques années pour faire des économies, en frappant essentiellement les commandes et les capacités à un instant T est une chose, sacrifier la capacité à remonter en puissance en est une toute autre. Les Japonais, eux, préfèrent garder la maîtrise des labos et capacités de production quitte à avoir des programmes chers et moins de capacités immédiate: forcés d'arbitrer entre les 2, ils ont fait un choix. Les Américains n'ont pour l'instant pas à le faire. Les Anglais ont sacrifié graduellement leurs forces ET leur capacité future à avoir une industrie d'armement complète. Et là, on voit en France apparaître la délégitimation de l'intérêt de l'Etat. Je trouve ce débat autour de la question EADS-BAE proprement surréaliste, comme si la logique d'une entreprise (qui plus est propriété publique à plus de 50%) avait préséance sur l'intérêt de l'Etat dans sa mission première.

je ne suis pas au courant d'usines EADS de défense hors d'Europe, et je ne crois pas que Cassidian soit dirigé par des extra-européens.

Et tu crois que c'est lié au patriotisme des décideurs d'EADS, à la sagesse immanente des logiques de marché :-[?
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Pour ce qui sont des histoires de nationalité et de localisation d'usines, je ne suis pas au courant d'usines EADS de défense hors d'Europe, et je ne crois pas que Cassidian soit dirigé par des extra-européens.

Pourtant sur le plan economique c'est pas l'envie qui manque. Si EADS avait eu le contrat KCX, il aurait construit les avions ou ? Et en partenariat avec quelle entreprise americaine ? ( Et il faut voir l'energie que mets EADS a essayer penetrer le marché US et l'argent qu'il depense)

On ne peut pas traiter de la meme facon les US, nation seule , et la somme incomlete et variable de certain pays d'europe face a un mastodonte industriel. La comparaison est tres difficile.

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Pleinement d'accord avec les analyses de TANCREDE  et même, pour aller plus loin:

Je crois que la vraie cible de Tom ENDERS est l'Europe  comme "actionnaire", c'est à dire pousser les états, décideurs en dernier ressort, à se réunir et se concerter dans une même logique et une même stratégie de Défense et de technologies aéronautiques  + spatiales et techno. associées

=> Une Europe de la défense + de l'innovation  + industrielle dans les secteurs clefs qui sont encore les siens

BAE n'est qu'un écran de fumée dans cette bataille.

La cible Europe ne sera peut-être atteinte qu'à terme de 5 ou 10 ans, mais les états majeurs sont mis au pied du mur de ré-orienter et d'intégrer, au plus tôt, plus fortement leur stratégies propres en 1 seule

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Pleinement d'accord avec les analyses de TANCREDE  et même, pour aller plus loin:

Je crois que la vraie cible de Tom ENDERS est l'Europe  comme "actionnaire", c'est à dire pousser les états, décideurs en dernier ressort, à se réunir et se concerter dans une même logique et une même stratégie de Défense et de technologies aéronautiques  + spatiales et techno. associées

=> Une Europe de la défense + de l'innovation  + industrielle dans les secteurs clefs qui sont encore les siens

BAE n'est qu'un écran de fumée dans cette bataille.

La cible Europe ne sera peut-être atteinte qu'à terme de 5 ou 10 ans, mais les états majeurs sont mis au pied du mur de ré-orienter et d'intégrer, au plus tôt, plus fortement leur stratégies propres en 1 seule

Et ce n'est pas du tout le role de Enders de faire ca.

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Pourtant sur le plan economique c'est pas l'envie qui manque. Si EADS avait eu le contrat KCX, il aurait construit les avions ou ? Et en partenariat avec quelle entreprise americaine ? ( Et il faut voir l'energie que mets EADS a essayer penetrer le marché US et l'argent qu'il depense)

On ne peut pas traiter de la meme facon les US, nation seule , et la somme incomlete et variable de certain pays d'europe face a un mastodonte industriel. La comparaison est tres difficile.

Est-ce-que je dois comprendre que pour toi la perte du contrat KC-X est une bonne chose pour la France ? (ou l'Allemagne). Ce n'est pas choquant que pour un contrat de cette taille l'usine soit aux US. Et je rappelle que le contrat inclue des milliards de développement donc je répète que les sociétés s'installent là où sont les contrats de développement. D'ailleurs je ne comprend pas ton argument sur KC-X: si le contrat avait été gagné l'Etat actionnaire aurait approuvé cette usine aux US, tout comme il approuve l'usine d'A320NEO donc on voit bien que l'Etat actionnaire n'a pas une ligne claire dans les affaires industrielles et réagit ou pas selon les circonstances.

A mon avis, un actionnaire public ne prend pas toujours en considération les nécessaires adaptations auxquelles doivent faire face les entreprises car il réagit sur les conséquences sociales à court terme,etc.. C'est compréhensible mais ça n'est pas une stratégie pour une entreprise.

Je veux bien qu'on imagine qu'un EADS privé prenne des décisions mauvaises pour la France, mais est-ce-qu'on peut aussi imaginer ne serait-ce qu'une seconde que parfois ce genre de décision est nécessaire, et que empêcher l'entreprise de prendre les décisions de gestion qui peuvent s'imposer fait peser des conséquences bien plus problématiques sur le long terme.

Savais-tu, puisque tu sembles intéressé par les histoires de valorisation d'entreprise, que lorsque Aerospatiale-Matra a fusionné avec DASA la raison du 50/50 c'était, que bien qu'Aerospatiale-Matra avait plus de technologie que DASA, celle-ci était faiblement rentable car non restructurée, alors que DASA, elle, avait été restructurée. Et la raison pour laquelle Aérospatiale n'avait jamais pris les mesures d'adaptation nécéssaires c'est que l'actionnaire étatique ne voulait pas en entendre parler. Résultat la France n'a pas pu défendre au mieux ses intérêts par la faute de l'Etat actionnaire qui a laissé Aérospatiale en position de faiblesse en Europe au moment des grandes maneuvres de consolidation.

Dans le même genre d'idée, beaucoup d'entreprises du secteur aéronautique ont du délocaliser une partie de leur production dans des pays à bas coût pour rester compétitives, pas sûr que si l'Etat avait eu son mot à dire elle auraient pu le faire et elles seraient peut-être en grande difficulté aujourd'hui.

La France est forte en Aéronautique, je ne pense pas qu'elle devrait particulièrement redouter un EADS prenant ses décisions de façon apolitique. L'Allemagne aurait peut-être plus de soucis à se faire et clairement, si l'Allemagne obtient le droit d’ingérence politique chez EADS ou EADS-BAe alors la France n'aura pas d'autre choix que de faire la même chose.

Pour finir sur ce sujet, c'est vrai qu'aujourd'hui la France est actionnaire et effectivement la France n'a pas a se faire dicter quand et comment elle se séparerait éventuellement un jour de cette participation. En ce sens je rejoins certains commentaires postés ici. Mais sur le long terme, je suis loin d'être sûr que l'Etat actionnaire soit une bonne chose pour une entreprise comme EADS.

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Dans un tel domaine, on se fout que ce soit bon ou non pour l'entreprise EADS. La seule chose qui compte est la capacité du pays à garder la maîtrise de certains savoirs-faires, de les garder à niveau et de garder de quoi produire. Evidemment, la posture suppose que le dit Etat soit prêt si besoin est à combler ponctuellement des manques en cas de creux du carnet de commande: c'est la contrepartie nécessaire. Mais un EADS-BAE dont l'Etat disparaît (hors domaine nucléaire) n'a plus aucun intérêt pour le pays et sa seule posture devient dès lors de négocier en position de recul pour garder des emplois (pas terrible) et d'ouvrir son marché totalement à la concurrence sans préférence aucune ni garantie de soutien pour la nouvelle entité; ça permet au moins de garder un contrôle minimum de ses coûts d'acquisition, mais c'est de toute façon une position de dépendance sans alternative aucune. Les Anglais sont nettement plus avancés que nous dans cette évolution.

Le tort des pays qui lanternent à cet égard, c'est de ne pas faire de choix alors que les réductions constantes de budgets et l'accroissement vertigineux (et pas forcément justifié) des coûts des programmes les ont placé en face de cette échéance, celle de la perte d'indépendance ou celle de payer pour garder une capacité de maîtrise de son destin en matière de défense.

Au final, ce sont des actifs en majorités nationaux, et Tom Enders n'est qu'un mandataire qui veut se débarrasser de ses patrons pour avoir sa dose de pouvoir. Je trouve simplement aberrant de ne considérer que l'angle du "projet industriel" (si même c'en était réellement un) comme légitime, là où le prisme des Etats est le seul qui compte réellement. EADS est une capacité nationale, ou plutôt plusieurs capacités nationales, avant toute autre chose. Et garder cette capacité sous contrôle (bref, que ce soit NOTRE capacité, pas celle d'un autre) en état de produire maintenant et demain, et de rechercher maintenant et demain est la seule chose qui compte.

je ne pense pas qu'elle devrait particulièrement redouter un EADS prenant ses décisions de façon apolitique

Au nom de quoi ne le penses-tu pas? La logique d'une boîte est de faire du fric: si un EADS-BAE veut se reconvertir graduellement dans la fabrication de toasters hi-tech et se débarrasser de la défense, elle le fait et basta. Si les actionnaires/décideurs veulent une politique de hauts dividendes (ce qui est un tantinet ce que tous les actionnaires veulent et ce que BAE a fait) et se foutre de l'investissement à 10 ans ou 20 ans, ils vont pas se gêner. S'ils décident que les programmes d'avions, c'est trop hasardeux et de trop longue haleine pour être un risque acceptable, ils font des missiles et des hélicos et point barre. S'ils décident que les budgets sont plus importants et constants aux USA et qu'ils veulent y placer le coeur de leurs implantations permanentes, ils le font (c'est au final ce que BAE a fait en bonne partie) et les Etats européens se trouvent sommé de racheter les structures lâchées en Europe, des les maintenir sous perf (sans les contrôler) ou de les laisser mettre la clé sous la porte. Et quand on entre dans le détail, un offreur en situation de monopole de fait décide plus, généralement de ce que le client veut, que le client lui-même (c'est la logique des monopoles et autres offres contraintes) :-[ en matière de degré de sophistication, de cahier des charges, de ce pourquoi un appareil est fait.... Y'a pas vraiment de contre exemple heureux (sauf pour le proprio) dans l'histoire des monopoles privés.

Le seul point où la France garde quelques bargaining chips par rapport à un EADS-BAE fusionné, c'est si un pôle se fait autour de Dassault et parvient à radiner quelques autres trucs européens dans le mix, ce qui semble pas forcément évident et serait aussi un offreur répondant peu aux besoins de l'Etat.

Est-ce-que je dois comprendre que pour toi la perte du contrat KC-X est une bonne chose pour la France ? (ou l'Allemagne). Ce n'est pas choquant que pour un contrat de cette taille l'usine soit aux US. Et je rappelle que le contrat inclue des milliards de développement donc je répète que les sociétés s'installent là où sont les contrats de développement. D'ailleurs je ne comprend pas ton argument sur KC-X: si le contrat avait été gagné l'Etat actionnaire aurait approuvé cette usine aux US, tout comme il approuve l'usine d'A320NEO donc on voit bien que l'Etat actionnaire n'a pas une ligne claire dans les affaires industrielles et réagit ou pas selon les circonstances.

Le point du contrat KC-X aurait été de faire du chiffre et d'emmerder Boeing, rien d'autre: il n'aurait rien changé aux commandes des Etats européens, il n'aurait pas impacté les sites européens; qui plus est ça aurait été une vente à un pays développé qui a déjà sa propre industrie dans ce domaine. Rien de stratégique, aucune mise en danger des savoirs-faires, de la capacité française ou européenne: en l'occurrence, c'est quelque chose de presque purement économique (sauf pour le montant qui rend la chose de première importance comme négo d'Etat). C'est un deal particulier, pas une politique. Si chaque deal à l'avenir, face à un EADS-BAE, doit être négocié à ce point (votre commande est suffisante, je produis chez vous, sinon cassos), je laisse imaginer le coût réel de chaque programme ou la marge de manoeuvre des Etats.

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http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/10/04/et-si-eads-bae-se-sentait-au-dessus-des-lois_1770346_3234.html#xtor=RSS-3208

Un article qui nous dit que BAe est blanc comme neige (il évoque Al Yamamah en soulignant que c'était il y a longtemps) et que par contre les Français et EADS font dans l'opacité et la corruption. Pas un mot sur l'arret des enquêtes du SFO ordonné par Blair, ni sur les allégations de corruption en Afrique du Sud, et je dois en oublier.

Le journaliste n'a du recueillir que le point de vue britannique.

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EADS-BAE : pour l'amiral Jacques Lanxade, la fusion serait "un signal extrêmement fort "Dans une interview, l'amiral Jacques Lanxade, ancien chef d'Etat major des Armées, appelle les gouvernements à réaliser la fusion entre EADS et BAE. "Ce serait un signal extrêmement fort, explique-t-il : il témoignerait de la volonté de l'Europe de restructurer son industrie de défense et de ne pas se laisser marginaliser dans sa politique extérieure". Or, "il n'y a pas de capacités militaires satisfaisantes sur le long terme sans un groupe industriel puissant pour les développer".

2 octobre 12 - lexpansion.lexpress.fr

Merchet en reparle

http://www.marianne2.fr/blogsecretdefense/Fusion-EADS-BAE-Dans-la-corbeille-de-la-mariee_a780.html

Air&Cosmos, le 2 http://www.air-cosmos.com/industrie/eads-bae-ca-se-complique.html

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Ca coince ! =)

http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2012/10/05/97002-20121005FILWWW00511-eads-bae-negociations-dans-l-impasse.php

Les english ne veulent surtout pas que les français aient la plus grande part dans le nouveau groupe et souhaite avoir des garanties de l'état français à ce qu'il ne rachètera jamais les part du groupe LAGARDERE.

En effet, l'idée de voir leur fleuron industriel BAE dominé par les "frogs" leur seraient insupportable.

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Ca coince ! =)

http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2012/10/05/97002-20121005FILWWW00511-eads-bae-negociations-dans-l-impasse.php

Les english ne veulent surtout pas que les français aient la plus grande part dans le nouveau groupe et souhaite avoir des garanties de l'état français à ce qu'il ne rachètera jamais les part du groupe LAGARDERE.

En effet, l'idée de voir leur fleuron industriel BAE dominé par les "frogs" leur seraient insupportable.

Voila ce qui devait arriver depuis le début, c'est marrant on va leur faire à l'anglaise.

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Ca coince ! =)

http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2012/10/05/97002-20121005FILWWW00511-eads-bae-negociations-dans-l-impasse.php

Les english ne veulent surtout pas que les français aient la plus grande part dans le nouveau groupe et souhaite avoir des garanties de l'état français à ce qu'il ne rachètera jamais les part du groupe LAGARDERE.

En effet, l'idée de voir leur fleuron industriel BAE dominé par les "frogs" leur seraient insupportable.

étonnant comme dès que le jeu s'inverse les chantres du libéralisme se découvrent protectionnistes...

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Mais cet homme sur la fin de sa carriere est plus un politique qu'un militaire.

En deuxième section il y a longtemps que sa carrière est derrière lui, ancien chef d'état-major particulier du président de la République de 1989 à 1991 et ancien chef d'État-Major des armées françaises, de 1991 à 1995.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Lanxade

Président de la Fondation méditerranéenne d'études stratégiques (F.M.E.S).

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Ca coince ! =)

http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2012/10/05/97002-20121005FILWWW00511-eads-bae-negociations-dans-l-impasse.php

Les english ne veulent surtout pas que les français aient la plus grande part dans le nouveau groupe et souhaite avoir des garanties de l'état français à ce qu'il ne rachètera jamais les part du groupe LAGARDERE.

En effet, l'idée de voir leur fleuron industriel BAE dominé par les "frogs" leur seraient insupportable.

Que ce soit l'annonce du Figaro ou celle du Monde, un démenti vient de tomber. ;)

http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/10/05/la-fusion-eads-bae-serait-dans-l-impasse_1770893_3234.html

http://www.boursier.com/actualites/economie/dementi-sur-l-echec-des-negociations-concernant-la-fusion-bae-eads-16921.html

Et revoilà des nouvelles du front sur la fusion BAE Systems/EADS...! Une source gouvernementale française a indiqué vendredi que les informations de presse allemande sur un échec probable du rapprochement entre les deux groupes étaient "infondées", rapporte l'agence Reuters.

Incapacités d'entente entre la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne ?

"Les négociations sont sur le point d'échouer: les trois gouvernements de l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne ne sont pas parvenus à s'entendre sur la part que chacun pourrait détenir dans la société future", peut-on lire sur l'édition en ligne du 'Spiegel '. Le quotidien allemand croyait même que l'échec était plus particulièrement imputable à la Grande-Bretagne et la France, Londres souhaitant éviter que l'un des trois pays ne détienne plus de 10% du groupe, ce que Paris aurait refusé. La semaine dernière, l'Allemagne a toutefois affirmé sa volonté de disposer d'une position équivalente à celle de la France en cas de fusion entre les deux entreprises.

Les différentes parties n'ont plus que quelques jours pour se mettre d'accord, les autorités boursières britanniques leur ayant laissé jusqu'au 10 octobre pour détailler leur projet. Ils peuvent toutefois demander à avoir un délai supplémentaire.

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Par ailleurs, le produit phare du groupe EADS, Airbus http://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRPAE89407Q20121005

Airbus a placé moins de commandes que Boeing au cours des neuf premiers mois de l'année et a souffert de la forte demande des compagnies aériennes pour le nouveau monocouloir 737 MAX du constructeur américain, une contre-performance susceptible de lui faire perdre la place de numéro un cette année.

La principale division du groupe d'aéronautique et de défense EADS a annoncé vendredi matin la signature de 437 commandes brutes entre janvier et fin septembre. De son côté, Boeing affiche 962 commandes entre le 1er janvier et le 2 octobre.

Retraité des annulations, ces chiffres ressortent à 382 pour Airbus et 879 pour Boeing.

Le groupe américain est également parvenu à livrer davantage d'appareils sur la période (436) que son grand concurrent européen (405), notamment grâce à l'accélération, au troisième trimestre, des cadences de livraisons du long courrier 787 Dreamliner.

Et BAE vient de dire que les discussions ne sont pas rompues http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL6E8L5IEQ20121005

L'accord en vue d'une fusion avec EADS n'est pas mort, a assuré vendredi BAE Systems , niant une information du de la version internet du magazine allemand Der Spiegel selon lequel les discussions seraient dans l'impasse.

"L'accord n'est pas rompu et nous continuons à travailler en vue de la date limite du 10 octobre" fixé par les autorités britanniques, a déclaré un porte-parole de BAE.

"Si l'accord était mort, nous adresserions un communiqué aux autorités boursières", a-t-il ajouté.

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Ca coince ! =)

http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2012/10/05/97002-20121005FILWWW00511-eads-bae-negociations-dans-l-impasse.php

Les english ne veulent surtout pas que les français aient la plus grande part dans le nouveau groupe et souhaite avoir des garanties de l'état français à ce qu'il ne rachètera jamais les part du groupe LAGARDERE.

En effet, l'idée de voir leur fleuron industriel BAE dominé par les "frogs" leur seraient insupportable.

Décidément, vous courez. Depuis quand ce que sortent les journaux est vérité d'évangile?

Par radio couloir j'ai entendu que les Anglais ne voulaient pas, finalement, car pour eux le plan c'était sans les Allemands avec le veto.

C'est à peu près aussi fiable, surtout que ceux qui le racontaient étaient des Polonais qui l'avaient lu dans je ne sais quel journal de parlaba. Bref, demain un article dira que ça avance bien. C'est un peu comme les gros transferts au foot, tout le monde en parle car ça fait vendre, mais ceux qui savent ne l'ouvrent pas.

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