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https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/niger/niger-il-faut-forcement-discuter-avec-les-putschistes-pour-trouver-une-marge-de-man-uvre-selon-un-chercheur_5989259.html (4 août 2023)

Je pense que la France va discuter avec le Niger, avec ceux qui tiennent le pouvoir, des modalités de départs. Ils vont, sans doute, convenir d'un calendrier de départ qui va être long parce qu'en plus du personnel, tout le matériel qui a été évacué du Mali est stationné au Niger. Compte tenu de la guerre en Ukraine, la France n'avait pas pu trouver de gros-porteurs pour ramener tout le matériel qu'elle avait au Mali. Donc, il va y avoir une discussion sur un délai plus long qu'au Mali. Il va falloir tout transporter, peut-être jusqu'à Abidjan, qui est à trois heures d'avion de Niamey. C'est une opération lourde et compliquée.

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il y a 9 minutes, Wallaby a dit :

Ils sont déjà incapable de faire face aux djihadistes dans leurs propres frontières !

Je suis le premier à le dire.

Mais ils trouveront les forces à envoyer au Niger (ne serait-ce que pour le symbole).

Ils sont déjà à préparer cette force, c'est une question de jours !

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il y a 38 minutes, Picdelamirand-oil a dit :

Le mieux c'est de se déplacer par la route vers Lagos, et d'envoyer en parallèle des BPC pour récupérer le Matériel, et des Avions pour le personnel. Comme ça les BPC peuvent aller directement à Gdansk pour livrer le matériel à l'Ukraine.

Absolument. Si la décision de la France est de jeter l'éponge, de piquer une crise et d'aller bouder dans son coin, façon élève de maternelle pas content (mais je crois que tu es ironique :smile:)

Le mieux, et à mon sens ce qui arrivera, serait d'accompagner et de soutenir les gouvernements ouest-africains qui comme le résumait la ministre des affaires étrangères du Sénégal Mme Aïssata Tall Sall considèrent l'équipée des putschistes de Niamey comme

"le coup [d'Etat] de trop"

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Il y a 11 heures, olivier lsb a dit :

Il semblerait qu'il y ait de la friture sur la ligne entre les services et le PR. Malbrunot est clairement en service commandé pour faire passer un message, un genre de droit de réponse, après l'article du Canard, qui semblait suggérer que la DGSE n'avait rien vu venir. 

C'est un scénario qui m'apparaît en tout cas très plausible et qui résume parfaitement la frilosité et la cécité de nos politiques en matière de RI avec l'Afrique : quoiqu'il arrive et quoiqu'on fasse, nous vivons une époque où nous serons accusés et où la caisse de résonance des mensonges et intox coûte pas chère et tourne à plein régime. Alors limite, autant assumer.

Car nous avons (avions ?) un accord de défense avec le Niger, et l'absence de mise en œuvre au profit d'un régime stable et démocratique, va coûter très cher à notre crédibilité diplomatique, ou ce qu'il en reste. 

 

 

 

La crédibilité de Georges Malbrunot est au même niveau que celle de Caroline Galacteros : valeure nulle, spin Lavrov.

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Un article passionnant sur les dynamiques politiques au Niger, pour contextualiser le coup, et une théorie intéressante de l'auteur sur les commanditaires du coup: il ne peut être totalement exclu que Tchiani soit en service commandé, pour le compte de l'ancien Président Issoufou, qui conserve une influence importante sur le parti politique actuellement au pouvoir (même parti que Bazoum). 

https://sahelblog.wordpress.com/2023/08/03/thoughts-on-nigers-coup-at-the-domestic-level-proximate-triggers-structural-causes-and-some-ramifications/

 

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il y a 17 minutes, Boule75 a dit :

 

Malbrunot c'est la voix de Bachar.

Je ne suis pas certain qu'il faille pour autant le mettre sur le même plan que Galacteros, pour son bouquin "les chemins de Damas". Au demeurant, il a une certaine légitimité pour parler de la région. 

Quoiqu'il en soit, entre une opinion discutable sur la Syrie et des informations venant de ses sources (ou en service commandé, c'est plutôt comme çà que ça a du se passer) concernant la position de la DGSE, je ne vois pas trop le rapport ou comment l'un discréditerait l'autre. 

Je m'en tiendrai là, fin du HS pour ma part. 

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Un grand journal conservateur allemand de la maison d'édition Springer, par ailleurs très transatlantique, fait l'éloge de la politique de Macron au Niger. Arguments :
Macron fait preuve de fermeté au service de l'Europe
Contrôle de l'immigration
Lutte contre le terrorisme islamiste
L'Europe a besoin de l'uranium du Niger

https://www.welt.de/politik/ausland/article246672042/Militaerputsch-Macron-zeigt-Haerte-im-Dienste-Europas.html#Comments

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Il y a 2 heures, Non inultus premor a dit :

Depuis son tweet où il affirmait "tenir d'un service de renseignement" que Macron allait démissionner avant la fin de son mandat pour pouvoir se représenter une 3e fois aux élections présidentielles, j'ai de sérieux doutes sur la véracité des informations qu'il prétend détenir.

Exact je m'en souviens, ça m'avait paru un peu gros aussi. Dont acte, même si le 2e mandat en question ne fait que commencer en définitive ;)

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Parmi la documentation citée par Alex Thurston du Sahel Blog (cité plus haut par @olivier lsb) :

https://academic.oup.com/afraf/article-abstract/118/471/392/5253750 (20 décembre 2018)

Le successeur de Tandja, Mahamadou Issoufou, est entré en fonction en 2011. Il a d'abord bénéficié d'un mandat démocratique fort, mais a ensuite utilisé la guerre contre le terrorisme dans le Grand Sahara comme un faux-fuyant pour s'attirer les faveurs de la communauté internationale tout en réprimant la société civile. Le pays connaît une recrudescence des protestations citoyennes, apparemment motivées par une mobilité économique limitée. Selon la plupart des critères, le Niger est le pays le moins développé du monde. Il se classe régulièrement dernier en termes d'indice de développement humain, une mesure composite du revenu, de l'espérance de vie et de l'éducation. Son climat semi-aride, rude en temps normal, devient plus vulnérable à la sécheresse à mesure que le réchauffement climatique dessèche les terres fertiles et crée des pénuries alimentaires. Depuis 2001, des milliers d'enfants nigériens sont morts de malnutrition malgré un taux de croissance économique d'environ 5 %. Tandja et Issoufou ont promis de remédier à ces problèmes chroniques et de restaurer la démocratie. Les deux présidents ont renié cet engagement de manière spectaculaire.

Du même auteur, Sebastian Elischer :

https://democracyinafrica.org/domestic-actors-outside-powers-and-the-unfolding-political-crisis-in-niger/ (31 juillet 2023)

En partie à cause de ces développements et en partie à cause de la réticence des capitales occidentales à remettre en question le leadership intellectuel de la France au Sahel, une approche informelle et pragmatique de Niamey en est venue à guider la politique étrangère de l'Union européenne et des États-Unis : Bien que le Niger ne soit pas un cas d'école en matière de redevabilité et de participation, son gouvernement s'est attaqué à ses défis nationaux et régionaux de manière apparemment plus ordonnée et plus compétente que bon nombre de ses voisins. Bien que cette évaluation n'ait jamais été totalement erronée, elle a utilisé des normes absconses et a commodément ignoré les tendances oppressives profondément enracinées de la classe politique recyclée et népotique du Niger. Si l'on ne reconnaît pas ces tendances, on ne peut pas comprendre la dynamique qui a suivi le coup d'État.

L'instrumentalisation de la loi réglementant les manifestations publiques mérite ici une attention particulière. En retirant à la dernière minute et sans préavis les autorisations de rassemblement public des mouvements d'opposition, les autorités étatiques ont créé un prétexte pour l'arrestation arbitraire et la disparition de centaines de citoyens entre 2015 et 2023. Cette approche répressive adoptée par les autorités de l'État, combinée au harcèlement violent des journalistes critiques, a conduit de nombreux Nigériens à s'abstenir de s'exprimer contre le gouvernement. Cela a créé un faux sentiment de stabilité et un soutien des citoyens au statu quo.

Les politiques répressives de l'État n'expliquent pas le coup d'État. Mais elles expliquent la colère et la violence à l'égard du parti au pouvoir, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), au lendemain du coup d'État. En tant que ministre de l'intérieur d'Issoufou, Bazoum a joué un rôle central dans l'étouffement de la dissidence. Par conséquent, nombreux sont ceux qui refuseront de soutenir son retour au pouvoir.

Pour l'Occident en difficulté, le Niger est devenu trop grand pour échouer (too big to fail).

Tchiani n'est pas très apprécié au sein de l'armée.

Les images de manifestants en colère célébrant la junte ne doivent pas faire oublier que la société civile nigérienne est divisée. Des partisans de la 7e République sont descendus dans la rue à plusieurs endroits en dehors de Niamey. Des groupes tels que Tournons la page, qui ont vivement critiqué Bazoum, ne soutiennent pas le coup d'État. Le soutien à la démocratie pourrait être beaucoup plus important que ne le suggèrent les images véhiculées par les médias.

Sebastian Elischer est professeur adjoint de sciences politiques à l'Université de Floride à Gainesville.

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Toujours dans la documentation d'Alex Thurston :

https://www.jeuneafrique.com/1468468/politique/coup-detat-au-niger-le-grand-gachis/

Jean-Pierre Olivier de Sardan

La première vague de coups d’État des années 1970 tirait parti de la crise des régimes de partis uniques des débuts des indépendances (devenus illégitimes aux yeux des populations), la présente seconde vague tire parti de la crise des démocraties (devenues elles aussi illégitimes).

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Une petite comparaison entre le "caniveau" Mondafrique, aux "très fortes odeurs de mouches et de gangrène", et le très sérieux Alex Thurston du Sahel Blog, s'impose :

Le 31/07/2023 à 15:04, Wallaby a dit :

https://mondafrique.com/a-la-une/nigerle-jeu-trouble-de-mohamadou-issoufou/ (31 juillet 2023)

Mahamadou Issoufou a-t-il quitté le pouvoir pour mieux y revenir ? Le scénario est peu probable. A-t-il en revanche un plan pour que son fils Abba accède à la Présidence comme on le murmure sur les bords du fleuve Niger? Ou bien sentait-il que son successeur, Mohamed Bazoum, échappait à son influence contrairement au chef de la garde présidentielle qui restait peu à peu sa créature ?

https://sahelblog.wordpress.com/2023/08/03/thoughts-on-nigers-coup-at-the-domestic-level-proximate-triggers-structural-causes-and-some-ramifications/

J'ai entendu toute la gamme des théories, émanant de voix crédibles, que l'on peut diviser en trois camps : (1) Issoufou a ordonné le coup d'État et Tchiani et d'autres sont ses outils ; (2) Issoufou a soutenu les efforts initiaux pour contraindre et discipliner Bazoum, y compris par le biais d'une garde présidentielle trop attentive, mais Issoufou n'a pas soutenu la démonstration de force qui s'est transformée en coup d'État lorsqu'elle a dégénéré en violence physique ; et (3) Issoufou n'a pas été impliqué.

Je penche pour la deuxième ou la troisième théorie (qui ne sont pas si différentes, après tout) en partie parce que, qu'Issoufou ait été impliqué ou non, et à quelque degré que ce soit, le coup d'État semble avoir été un net négatif pour lui et son entourage. Issoufou est maintenant sous la loupe, son fils Sani risque de perdre un ministère clé (Pétrole), le PNDS-Tarayya est devenu une cible physique et symbolique de la colère publique (voir ci-dessous), et de nombreux associés de l'ex-président ont été emmenés pour interrogatoire par la junte elle-même.

Donc les hypothèses émises par Mondafrique ne sont guère différentes de celles "émanant de voix crédibles".

Le 31/07/2023 à 15:04, Wallaby a dit :

https://mondafrique.com/a-la-une/uranium-gate-lex-president-issoufou-dans-le-viseur-de-la-justice/ (3 mai 2023)

La révélation par une lettre confidentielle « Africa Intelligence » (AI) de la présence du nom de l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou parmi les bénéficiaires des rétrocommissions dans la vente/achat opaque de 2500 tonnes d’uranium en 2011 par le groupe français Orano (ex Areva), connue sous le nom de l’uranium gate,  a provoqué une onde de choc au Niger et bien au-delà. Tout semble toutefois indiquer que nous ne sommes qu’au début des éléments rassemblés par les justices américaine et français. Un timing qui tombe mal pour l’ex-président chouchou de Paris. 

Cet extrait porte sur l'uranium gate, mais mondafrique évoque aussi dans la foulée le MDN Gate.

https://sahelblog.wordpress.com/2023/08/03/thoughts-on-nigers-coup-at-the-domestic-level-proximate-triggers-structural-causes-and-some-ramifications/

Ce qui me frappe, cependant, c'est que le plus grand scandale de corruption au Niger ces dernières années - un scandale d'approvisionnement en matériel de défense - a impliqué l'armée elle-même. Les dirigeants civils (Issoufou et Bazoum inclus) ont effectivement balayé ce scandale sous le tapis.

Le 31/07/2023 à 16:13, Wallaby a dit :

https://mondafrique.com/politique/la-mefiance-entre-le-pouvoir-nigerien-et-son-armee-annoncait-le-coup-detat/ (30 juillet 2023)

Selon plusieurs sources internes à l’armée nigérienne, le limogeage en mars dernier du chef d’état-major des armées nigériennes Salif Modi, après son retour d’un voyage de Bamako où il est allé prôner la coopération militaire nigéro-malienne, a laissé des traces dans les rangs. 

En Mai 2021, la radiation pour « indiscipline » du général Mahamadou Mounkaila, un gradé très populaire, par le président Issoufou avait illustré de façon éclatante le malaise entre l’armée nigérienne et le pouvoir à Niamey.

https://sahelblog.wordpress.com/2023/08/03/thoughts-on-nigers-coup-at-the-domestic-level-proximate-triggers-structural-causes-and-some-ramifications/

Pourtant, ce coup d'État a été, bien plus qu'au Mali ou au Burkina Faso, un coup d'État d'officiers supérieurs. Rapidement, le général Salifou Modi (ou Mody) s'est imposé comme le numéro deux du CNSP. Modi était en fait le prédécesseur d'Issa en tant que chef d'état-major des forces armées et a été démis de ses fonctions par Bazoum aux alentours du 31 mars de cette année. On peut supposer que Bazoum essayait de remplacer lentement les échelons supérieurs de l'armée, en commençant par Modi, puis en passant à Tchiani et peut-être à d'autres. Tchiani n'était donc pas le seul à voir son poste menacé.

Conclusion : on ne regarde jamais assez souvent dans les caniveaux, car on y trouve des choses très intéressantes (même si ce n'est pas aussi cohérent et argumenté que Sahel Blog).

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https://rahmane.substack.com/p/notes-sur-un-putsch-suite (30 juillet 2023)

Rahmane Idrissa

L’autre rencontre concerne une haute personnalité de l’UE avec qui j’ai été invité à échanger à La Haye, sous le sceau Chatham House. Je ne peux donc pas le nommer ni indiquer son poste. J’essayai de le convaincre que la démocratie nigérienne était très mal en point et que si l’UE voulait gagner les coeurs des gens, elle devait développer une stratégie d’aide aux contre-pouvoirs et à l’opposition. Je ne réussis qu’à mettre cette personnalité sur la défensive. Il se fit notamment, de façon volubile et un rien hostile, l’avocat des présidents Issoufou et Bazoum, bien que je ne les aie pas mentionnés. Il était manifestement sincère, mais bien moins disposé à m’écouter que l’ambassadeur américain: peut-être me soupçonnait-il d’être un opposant et d’être biaisé pour des raisons politiques.

Je mentionne ces rencontres pour souligner la déconnexion qui existait entre les représentants des pays occidentaux (et africains) et le sentiment commun au Niger, déconnexion que j’ai pu personnellement constater.

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https://rahmane.substack.com/p/notes-sur-un-putsch-suite-un-putsch (31 juillet 2023)

Rahmane Idrissa

Les putschs maliens pouvaient être considérés comme des putschs de défaite: la moitié du Mali était entre les mains de groupes non-étatiques (djihadistes et irrédentistes touareg) et la population manifestait massivement contre le régime de IBK qui était complètement à côté de la plaque (il faisait de la cuisine électorale douteuse pour se maintenir en place et le fils du président jouait aux sybarites). Ces putschs ressemblaient à des accidents malheureux, en particulier le premier. Le cas du Burkina Faso semblait similaire, et le premier putschiste (Damiba) avait essayé d’amadouer la Cedeao. Il s’est, cependant, assez rapidement démasqué comme un partisan de l’ancien régime (Compaoré), ce qui a révolté la population, si bien que le second putsch avait presque quelque chose d’attendu.

Il semblait possible, dans le cas des deux pays, de rattacher les événements à des particularités presque accidentelles, comme s’il s’agissait d’anomalies sans répercussion dans le reste de la région. Au Niger, les autorités avaient eu une autre analyse et avaient senti le danger, mais les autres chefs d’État Cedeao n’étaient pas convaincus que ces putschs tiraient vraiment à conséquence. Le Togolais Gnassingbé s’est efforcé de les “normaliser” au point d’aider la junte de Bamako à mettre au point une stratégie pour frustrer les efforts des “faucons” de l’organisation sous-régionale de maintenir leur pays sous cloche (faucons qui, en fin de compte, se résumaient au seul Bazoum, plus isolé, au final, que Goïta!). Quant au Burkina, l’Ivoirien Ouattara essayait de “normaliser” sa junte en rétablissant petit à petit des liens, avec un agenda pragmatique peu crédible au vu de l’ambiance intensément idéologique qui s’est mise en place autour du capitaine Traoré, à Ouagadougou.

Le putsch de Niamey a révélé que ces efforts de normalisation des juntes sahéliennes portaient en eux le risque de normaliser les putschs, et pas seulement les juntes qu’elles ont hissé au pouvoir.

Ce qui changerait vraiment la donne, ce n’est pas un changement de la politique africaine de la France, mais une réforme intellectuelle et morale de ces élites — et en particulier, le fait que ces élites apprennent à se soucier réellement de leur société et de leur économie.

C’est elle, en gros, cette constitution qui a été restaurée en 2010, pratiquement sans changement, puisqu’elle semblait marcher. Mais comme j’ai eu à le montrer, le PNDS a trouvé la faille et s’en est servi comme marchepied pour mettre en place un parti-État camouflé sous des oripeaux démocratiques.

Sur un plan pratico-pratique, le problème se présente sous la forme de ce dilemme: d’une part, Bazoum, qui est un homme de principe, ne démissionnera pas facilement, et encore moins facilement maintenant que la Cedeao a fait du maintien statut son affaire personnelle (ou plutôt, collective), avec l’appui des pays occidentaux, qui y ont aussi intérêt; d’autre part, les putschistes auront du mal à faire marche arrière dans un contexte où la population ne veut absolument pas retomber sous la coupe du PNDS.

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https://rahmane.substack.com/p/notes-sur-un-putsch (28 juillet 2023)

Rahmane Idrissa

Au Niger, un coup d’État n’est pas une surprise, mais une probabilité statistique.

Le Niger a donc, c’est le moins qu’on puisse dire, un problème avec son armée. Elle est une armée structurellement putschiste.

Les choses (...) m’ont donné l’impression (...) que la source principale du problème se trouvait dans l’ambition du PNDS d’être un parti non pas de compromis, mais de domination. L’arme la plus usitée à cet égard était la possibilité du « nomadisme politique », c’est-à-dire le fait de changer d’allégeance, en tant que député, alors qu’on avait été élu au titre d’un certain parti politique.

Il faut noter ici que le Niger du PNDS n’était pas une exception. Le Mali de IBK passait par les mêmes affres. C’est au point que le projet de constitution élaboré dernièrement sous les auspices de la junte de Bamako interdit spécifiquement le nomadisme politique, une clause qui a reçu l’approbation même de nombres d’opposants à ladite junte.

Le PNDS a suivi cette voie afin d’arriver à mettre en place une coalition qui lui conférait un statut de parti unique de fait.

Le régime, sans être à proprement parler autoritaire, avait un style autoritaire, fruit de la position ultradominante.

Une conséquence dangereuse de cette évolution, c’est que si la politique ne peut se faire sur son terrain propre, celui des relations entre partis politiques et des activités au sein des institutions politiques (Assemblée nationale, assemblées régionales et municipalités), elle se ferait là où elle ne doit pas se faire : l’administration, l’armée.

De leur côté, les Français, qui avaient besoin d’appuis étatiques pour leur action, nouèrent des liens chaleureux au plus haut niveau avec ce qui, pour eux, était le Niger ; mais qui, pour les Nigériens, était le PNDS.

On se rappelle qu’un coup d’État avait échoué contre Bazoum la veille même de son investiture. Au vu du fait que les Nigériens étaient fatigués de la domination du PNDS, cette annonce de coup fut bien accueillie, et son échec suscita une déception très nette dans la population.

Le nouveau président fit montre d’une simplicité conviviale avec la population, se déplaça dans les zones affectées par les violences djihadistes pour parler directement avec les victimes – il était d’ailleurs déjà connu pour ses activités dans ce sens en sa qualité de ministre de l’Intérieur –, tint des conférences de presse, parfois même parmi les victimes, et parut généralement décidé à se montrer ouvert et pédagogue. Cela tenait à la fois de son style personnel et du travail d’une bonne équipe de communicants, et cela réussit à lui donner un état de grâce imprévu.

Peut-être Bazoum avait-il en effet l’ambition de s’affranchir, si telle est la manière dont les choses doivent être vues. C’est difficile à dire. Un observateur très perspicace m’a affirmé que ce n’était pas le cas, qu’il serait véritablement un « second couteau » dans l’âme. Ce même observateur m’a dit que s’il ne s’affranchissait pas, il serait renversé. Cette remarque date de 2021, de quelque mois après son investiture. Je n’ai pas trouvé d’éléments qui contrediraient ses arguments. Mais qu’il ait raison ou pas, Bazoum avait certainement ses idées bien à lui, des principes – chose rare dans la classe politique nigérienne – et une forme de générosité qui lui donnait un charisme dont était dépourvu son prédécesseur.

En février dernier, j’ai rencontré un haut gradé de l’armée nigérienne et suis ressorti de l’entretien avec un sentiment de stupéfaction. L’armée était, apparemment, pleine de gens qui préparaient un coup d’État. Il ne me l’avait pas dit ainsi, il me l’a dit de façon beaucoup plus impressionnante, c’est-à-dire comme si c’était la prémisse de départ de nos discussions (il s’agissait de réfléchir sur comment mettre les militaires au fait de certaines problématiques liées à la question sécuritaire et que le travail universitaire a pu mettre au clair). Je ne me rendais pas compte que les choses en étaient arrivées à ce stade. En posant quelques questions, je compris que ces projets étaient tous liés à l’idée que le pouvoir civil ne pouvait pas régler la crise sécuritaire.

Les militaires nigériens avaient observé que les coups d’État de la Guinée, du Mali (deux !), du Burkina Faso (deux !) n’avaient suscité aucune véritable opposition : ils avaient été acclamés par la population, ce qui n’était pas chose difficile ; la CEDEAO n’avait pas réussi à imposer de façon durable et douloureuse des sanctions ; l’Occident s’était tenu en retrait. L’Occident se tient d’autant plus en retrait depuis que la junte malienne a introduit l’ours russe dans l’enclos ouest-africain.

Bazoum a résisté jusqu’au bout à la levée des sanctions contre le Mali, non pas, comme le suppose naïvement l’opinion publique malienne, parce qu’il « détesterait » le Mali, mais parce que la junte malienne donnait des idées aux militaires nigériens.

Le régime PNDS m’a impressionné une fois dans toute sa carrière : sa gestion de la crise de la Covid-19, que j’ai étudiée pour le compte de l’université de Leyde. Par ailleurs, à cette occasion, le régime a libéré le chef du parti Loumana.

Par contraste, la guerre contre le djihadisme n’est pas traitée comme une guerre.

[Ce putsch] semble en fait relever d’une catégorie inédite, le putsch opportuniste. De ce point de vue, le putsch réagit moins à une situation intérieure pas spécialement favorable qu’à une situation internationale porteuse.

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https://rahmane.substack.com/p/notes-de-putsch-suite-dune-certaine (2 août 2023)

Rahmane Idrissa

La réaction des Nigériens, en particulier, dernièrement, des intellectuels (universitaires) qui ont publié une lettre de soutien à la junte et un “J’accuse” tonitruant vis-à-vis de toutes les entités qui sont en désaccord peut surprendre hors du Niger, ou peut-être hors d’Afrique. Elle n’a rien de surprenant. D’abord, il faut remarquer que la cible principale de la haine, dans cette réaction, est la France pour des raisons contingentes. Ailleurs, au Nigeria — en particulier au Nord Nigeria — c’est plutôt les USA qui sont rendus coupables de tous les malheurs du pays. Les reproches que les Nigériens font à la France existent de manière symétrique au Nord Nigeria contre les USA. Bien avant que les Nigériens commencent à accuser la France d’armer des djihadistes, les Nigérians (encore une fois, plutôt du nord que du sud suivant mon expérience et les rapports que j’en ai) croyaient fermement que Boko Haram était une création des USA.

Ces croyances sont idéologiques. Entre autres choses, cela revient à dire qu’il n’y a rien que les Occidentaux puissent faire pour changer l’opinion des gens. Même s’ils se retiraient complètement du terrain, ils seraient encore perçus comme tirant les ficelles à travers tout Africain qui se permettrait de ne pas suivre la directive idéologique. Cette directive est simple. C’est une histoire que se racontent les Africains et dans laquelle les rôles sont distribués une fois pour toute: les Occidentaux (Français surtout au Sahel) sont les méchants, les Africains sont les bons et les victimes, et la lutte que les deux mènent entre eux n’a pas de fin, sauf peut-être si les Russes parvenaient à détruire totalement l’Occident.

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il y a 1 minute, Wallaby a dit :

https://rahmane.substack.com/p/notes-de-putsch-suite-dune-certaine (2 août 2023)

Rahmane Idrissa

La réaction des Nigériens, en particulier, dernièrement, des intellectuels (universitaires) qui ont publié une lettre de soutien à la junte et un “J’accuse” tonitruant vis-à-vis de toutes les entités qui sont en désaccord peut surprendre hors du Niger, ou peut-être hors d’Afrique. Elle n’a rien de surprenant. D’abord, il faut remarquer que la cible principale de la haine, dans cette réaction, est la France pour des raisons contingentes. Ailleurs, au Nigeria — en particulier au Nord Nigeria — c’est plutôt les USA qui sont rendus coupables de tous les malheurs du pays. Les reproches que les Nigériens font à la France existent de manière symétrique au Nord Nigeria contre les USA. Bien avant que les Nigériens commencent à accuser la France d’armer des djihadistes, les Nigérians (encore une fois, plutôt du nord que du sud suivant mon expérience et les rapports que j’en ai) croyaient fermement que Boko Haram était une création des USA.

Ces croyances sont idéologiques. Entre autres choses, cela revient à dire qu’il n’y a rien que les Occidentaux puissent faire pour changer l’opinion des gens. Même s’ils se retiraient complètement du terrain, ils seraient encore perçus comme tirant les ficelles à travers tout Africain qui se permettrait de ne pas suivre la directive idéologique. Cette directive est simple. C’est une histoire que se racontent les Africains et dans laquelle les rôles sont distribués une fois pour toute: les Occidentaux (Français surtout au Sahel) sont les méchants, les Africains sont les bons et les victimes, et la lutte que les deux mènent entre eux n’a pas de fin, sauf peut-être si les Russes parvenaient à détruire totalement l’Occident.

S'il n'y en a pas , la France peut donner au Nigériens des raisons pour cette haine  - mais ca vaut aussi pour ses voisins qui ne nous portent pas dans leur coeur loin de là.

Quels sont les griefs de la France envers ces pays  ? n'y a t'il pas quelques aides qui coûtent à la France un fric de dingue qu'il faudrait remettre en question faute de légitime reconnaissance ou re-aiguiller vers des pays amis ? 

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il y a 1 minute, GOUPIL a dit :

Quels sont les griefs de la France envers ces pays  ? n'y a t'il pas quelques aides qui coûtent à la France un fric de dingue qu'il faudrait remettre en question faute de légitime reconnaissance ou re-aiguiller vers des pays amis ? 

C'est ce que je pensais : vers l'Afrique anglophone, par exemple où la France fait plus de commerce qu'avec la francophone. Vers des pays qui ne sont pas encore des amis, mais qui pourraient le devenir si on démarre à partir de zéro sans un passé-passif mythique inextricable.

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il y a 2 minutes, Wallaby a dit :

C'est ce que je pensais : vers l'Afrique anglophone, par exemple où la France fait plus de commerce qu'avec la francophone. Vers des pays qui ne sont pas encore des amis, mais qui pourraient le devenir si on démarre à partir de zéro sans un passé-passif mythique inextricable.

et surtout ca donnera aux autres lorsqu'ils verront se tarir les aides et les visas  - et qui seraient tentés - de réfléchir à 2 fois avant de se lancer.

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