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[Union Européenne] nos projets, son futur


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Et c'est là qu'il est extrêmement important de rester ferme face aux demande de Cameron. Ce dernier est entrain à nouveau de tout faire pour torpiller le projet pour qu'il reste dans une forme légère de libre échange commercial qui va bien à Londres. La stratégie anglaise (car pour moi ce sont les anglais qui sont avant tout à la manœuvre dans cette histoire au détriment des autres nations du RU), a toujours eu pour priorité de garder un continent divisé en jouant sur les alliances. C'était vrai face à Napoleon, puis face à l'Allemagne industrielle, c'est encore vrai face à la zone euro. Leur modèle n'a finalement pas beaucoup évolué depuis le XIXeme.

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3 minutes ago, Shorr kan said:

J'avoue ne pas comprendre pourquoi au sein de l'UE les "continentaux"  cèdent aussi facilement aux tentatives d'extorsions de Cameron alors qu'il est clair que le rapport de force n'est pas du coté britannique ? Qu'on-t-ils peur de perdre ?

L'apparence du statu quo? L'impression de monolithisme d'une UE censée ne faire que croître? Le soutien de maintes entreprises qui veulent continuer à être dans la City et profiter des avantages particuliers du cadre britannique ET de l'accès plein et sans restriction au continent ainsi que de la capacité à faire du lobbying à Bruxelles pour accroître les dits avantages? L'intégration de la place boursière de Londres (de fait un paradis fiscal on ne peut plus opaque) dans le marché unique? Ce dernier point est notable, parce que si Brexit il y a, la place de Londres va en prendre plein la face: un grand nombre d'activités devront de facto être rapatriées sur le continent parce qu'inséparables de l'appartenance à l'UE, raison pour laquelle les places de Francfort et Paris espèrent se partager ces juteux morceaux si la situation en venait là (sans compter que la perte de ces activités pourrait avoir un effet d'entraînement plus ou moins important).... Et pour laquelle Cameron fait des pieds et des mains. 

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il y a 22 minutes, Shorr kan a dit :

J'avoue ne pas comprendre pourquoi au sein de l'UE les "continentaux"  cèdent aussi facilement aux tentatives d'extorsions de Cameron alors qu'il est clair que le rapport de force n'est pas du coté britannique ? Qu'on-t-ils peur de perdre ?

Cette fois-ci j'ai justement l'impression que les continentaux ne sont pas aussi prêt. La Pologne est vent debout, l'Allemagne aussi très réticente, et Hollande a donné une fin de non recevoir à toute tentative de révision des traités particulièrement si cela vise à ce que des pays hors de la zone euro puissent bloquer des décisions interne à cette dernière (un des objectifs de Cameron). Chose à noter c'est que la déclaration de Hollande au lieu après l'annonce de compromis tout juste négocier entre Tusk et Cameron,  jetant à l'eau ce dernier.


Pour moi il est grand temps que le Royaume Uni quitte l'UE dont elle n'a toujours été qu'à moité membre et dont la seul action fut de tenter de la saborder. Ceux qui ont le plus à perdre dans cette histoires sont les anglais, et hélas les gallois, écossais et irlandais du nord seront les dindons. D'ailleurs il n'est pas exclu qu'une sortie de l'UE du RU ne provoque pas un retour de la question de l'indépendance de l'Ecosse.

Un sondage qui montre les divergences sur ce sujet entre les différents royaumes du RU: http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/11/24/97001-20151124FILWWW00171-un-sondage-donne-le-oui-au-brexit-en-tete.php

 

Citation

C'est en Ecosse et au Pays de Galles que le soutien à l'UE est le plus fort avec respectivement 60% et 56% en faveur d'un maintien dans l'Union, tandis qu'à Londres 53% se disent pour le Brexit. 

 

Modifié par Dino
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Il y a 1 heure, Shorr kan a dit :

J'avoue ne pas comprendre pourquoi au sein de l'UE les "continentaux"  cèdent aussi facilement aux tentatives d'extorsions de Cameron alors qu'il est clair que le rapport de force n'est pas du coté britannique ? Qu'on-t-ils peur de perdre ?

C'est surtout je pense parce que l'Europe est malade. Politique monétaire forte pour servir l'Euro, sauvetage de pays mais sous certaines conditions dramatiques pour les peuples, incompréhension du système politique, négativisme vis à vis des derniers entrants et de la façon dont, grâce (ou à cause de) à l'Europe, ils nous "volent notre travail",... Et vu qu'il n'y aucun travail pédagogique pour expliquer ce qu'apporte vraiment l'Europe, et que non ce n'est pas forcément qu'un machin lointain, lourd inutile et coercitif. 

Un état de fait qui arrange pourtant bien les politiques au niveau national puisqu'il leur permet de tout rejeter ce qui ne va pas sur le dos de l'Europe, et de flatter la bassesse et la peur des peuples en toute impunité. Or en tant de crise, ça aide pour se maintenir au pouvoir. Mais dans leur sillage, il y a les euro-septiques qui eux ne veulent vraiment pas de l'UE, car c'est le mal, et qui mangent donc du pain béni avec les petits mots et sous entendus des équipes au pouvoir. Et parfois ces euro-septiques sont rejoints par les euro-déçus, qui eux ne se reconnaissent plus dans l'actuel projet, et qui pensent qu'il faudrait tout casser pour repartir sur de bonnes bases...

Et pour répondre à ta question ? Une fois ces bases posées, la sortie de la GB de l'UE, même si son intégration (et sa dépendance) dans le système laissait à désirer, serait un signal pour tous les "casseurs" d'UE, un précédent prouvant qu'hors de l'Union, il  a bien le salut et une possibilité de vivre, et non pas la fin du monde apocalyptique que l'on veut nous faire avaler (c'est d'ailleurs un des problèmes dans les médias, cette pensée unique et irrationnelle qui fait que maintenant les gens s'en méfie)

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Il y a 2 heures, Dino a dit :

Cette fois-ci j'ai justement l'impression que les continentaux ne sont pas aussi prêt. La Pologne est vent debout, l'Allemagne aussi très réticente, et Hollande a donné une fin de non recevoir à toute tentative de révision des traités

(...) Ceux qui ont le plus à perdre dans cette histoires sont les anglais, et hélas les gallois, écossais et irlandais du nord seront les dindons. D'ailleurs il n'est pas exclu qu'une sortie de l'UE du RU ne provoque pas un retour de la question de l'indépendance de l'Ecosse.

(...) Un sondage qui montre les divergences sur ce sujet entre les différents royaumes du RU: http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/11/24/97001-20151124FILWWW00171-un-sondage-donne-le-oui-au-brexit-en-tete.php

C'est en Ecosse et au Pays de Galles que le soutien à l'UE est le plus fort avec respectivement 60% et 56% en faveur d'un maintien dans l'Union, tandis qu'à Londres 53% se disent pour le Brexit. 

- Les autres membres de l'UE s'arrangent pour fournir à Cameron ce dont il a besoin, c'est-à-dire une feuille de vigne permettant de prétendre auprès de la population britannique "J'ai obtenu des concessions majeures, on peut rester !". 

La manœuvre est coordonnée entre Cameron et les autres dirigeants européens. Personne n'est vent debout pour défendre l'UE ni pour défendre la souveraineté britannique. Tous ont le même objectif, qui est d'en faire le minimum pour que les Britanniques restent. Les oppositions ne sont que de façade ou au pire de détail.

- Concernant les Ecossais, selon ce sondage 60 - 40 en faveur du maintien, alors que les Londoniens sont 53 - 47 pour le départ, la différence est certes notable mais il ne faut pas l'exagérer.

Lorsque la Suisse a voté pour rejoindre l'UE, les cantons germanophones ont voté majoritairement "Nein" tandis que les francophones votaient "Oui". Le nombre des germanophones a emporté la décision... mais n'a aucunement menacé l'unité de la Confédération.

Certes, dans le cas de l'Ecosse il y a un mouvement indépendantiste préexistant et fort. La question devient est-ce qu'une sortie du RU de l'UE pourrait devenir "la goutte qui fait déborder le vase" du point de vue d'Edimbourg.

 

il y a 23 minutes, rendbo a dit :

C'est surtout je pense parce que l'Europe est malade. Politique monétaire forte pour servir l'Euro, sauvetage de pays mais sous certaines conditions dramatiques pour les peuples, incompréhension du système politique, négativisme vis à vis des derniers entrants et de la façon dont, grâce (ou à cause de) à l'Europe, ils nous "volent notre travail",... Et vu qu'il n'y aucun travail pédagogique pour expliquer ce qu'apporte vraiment l'Europe, et que non ce n'est pas forcément qu'un machin lointain, lourd inutile et coercitif.

- Je rajouterais les accusations réciproques entre Sud et Nord - pour schématiser, entre les PIGS (cochons) paresseux incapables et voleurs, et les dominateurs pisse-froid hypocrites et égoïstes ainsi que leurs affidés.

Celles entre Est et Ouest - pour schématiser encore, entre les ultra-conservateurs antidémocratiques et xénophobes, et les dominateurs amis des islamistes et des homos.

- Concernant le "travail pédagogique", s'il s'agit de discours expliquant combien l'UE est merveilleuse, ils sont bien là. Ce qui manque, c'est un minimum de succès économique, de réponse aux volontés des peuples et de contrôle minimal des frontières.

La situation globale, chômage exacerbé, pouvoirs autistes, constitue en elle-même un travail pédagogique. Cela s'appelle l'épreuve de la réalité, et l'UE la passe de la manière dont on pouvait s'y attendre.

Naturellement, ce travail pédagogique sur les conséquences de l'UE ne va pas dans le sens de renforcer l'adhésion au Projet.

 

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Citation

- Les autres membres de l'UE s'arrangent pour fournir à Cameron ce dont il a besoin, c'est-à-dire une feuille de vigne permettant de prétendre auprès de la population britannique "J'ai obtenu des concessions majeures, on peut rester !". 

La manœuvre est coordonnée entre Cameron et les autres dirigeants européens. Personne n'est vent debout pour défendre l'UE ni pour défendre la souveraineté britannique. Tous ont le même objectif, qui est d'en faire le minimum pour que les Britanniques restent. Les oppositions ne sont que de façade ou au pire de détail.

C'est vrai pour les représentant de l'UE, Tusk en tête. Mais ce n'est pas l'attitude affiché par les dirigeants nationaux des pays de la zone euro qui ont pour l'instant donné un niet sur la volonté du RU de pouvoir poser un véto sur des décision de la zone euro et de revoir la libre circulation des personnes. Je rappel encore une fois Hollande qui a été catégorique sur ce sujet: pas de renégociation des traités, pas d'ingérence britannique dans la zone euro.

Après on jugera sur pièce à la fin sur l'accord conclu et signé à la fin, si il a lieu, mais là tu fais des procès d'intentions.

Modifié par Dino
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7 minutes ago, Alexis said:

 

- Concernant le "travail pédagogique", s'il s'agit de discours expliquant combien l'UE est merveilleuse, ils sont bien là. Ce qui manque, c'est un minimum de succès économique, de réponse aux volontés des peuples et de contrôle minimal des frontières.

La situation globale, chômage exacerbé, pouvoirs autistes, constitue en elle-même un travail pédagogique. Cela s'appelle l'épreuve de la réalité, et l'UE la passe de la manière dont on pouvait s'y attendre.

Naturellement, ce travail pédagogique sur les conséquences de l'UE ne va pas dans le sens de renforcer l'adhésion au Projet.

 

Le seul message qui sort occasionnellement pour aborder très vaguement ce sujet, c'est "sans l'Europe, ce serait pire".... Et les messages du style "ça peut toujours être pire" ont ces petits problèmes que:
- ils sont rarement vrais, souvent alarmistes sans grand fondement ("sans l'UE, c'est la guerre"....) là où il faut pas et oublieux des points de préoccupation/contestation effectivement soulevés
- ils n'ont jamais été politiquement efficaces, devenant souvent complètement contre-productifs

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Le probleme c'est qu'un travail pédagogique va soulever tous les lièvres dont l'union est miné ... vu qu'elle a été construite cul par dessus tête.

Aujourd'hui on nous parle de garde frontiere "européen", c'est a dire des gens qu'on auraient une compétence pan-européenne ... hors il n'y a absolument aucun outil juridique qui permette cela!!! Il n'y a pas de d’exécutif européen qui puisse prendre la responsabilité de ces employés chez les membres par exemple! Pas de ministère de finance européen avec une compétence police/justice dans chaque pays de l'union, pas plus qu'un ministère de l'intérieur européen ou qu'un garde des sceaux.

Partant de la tout est forcément basé sur les compétence des membres ... leur exécutif, et leur bonne volonté, et leur interet a procédé ou pas a la garde des frontieres, avec quelles compensations etc.

En gros une forme d'externalisation avec client captif :bloblaugh:

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Il y a 5 heures, Dino a dit :

Ce qui est vrai c'est que c'est un processus long, et l'une des erreurs principales de la construction européennes, c'est d'avoir voulu aller trop vite, beaucoup trop vite. On aurait jamais du faire l'élargissement à l'est en 2004.

Processus long :happy: - là je suis plutôt d'accord oui. Une identité collective se construit au fil des siècles. Combien a-t-il fallu de temps pour faire l'unité suisse ? Et l'unité française, entre cinq et dix siècles suivant la manière dont on compte.

Ce que je veux dire, c'est que l'Histoire étant imprévisible, surtout à long terme, rien n'interdit de penser effectivement qu'un ensemble de nations constitué en gros en une "CEE" je veux dire à peu près le niveau d'intégration des années 1970 ou 80, aurait fini par évoluer vers une véritable identité collective, après un certain nombre de générations, laquelle identité collective aurait permis à ce moment-là de mettre en place des institutions fédérales qui rencontrent l'assentiment des peuples, et soient donc en mesure de vraiment fonctionner. Peut-être dès le vingt-deuxième siècle, en étant vraiment optimiste ?

Le choix a été tout à fait différent, et n'a que peu à voir avec l'entrée des Polonais, des Britanniques, des Roumains ou de quelque autre peuple de mal-pensants. 

 

Avec le bénéfice du recul, la fin de la guerre froide et la révolution géopolitique de 1989-1991 aurait du mener au contraire à un ralentissement de tout mouvement vers une intégration :

- La réunification allemande signifiait la rupture d'équilibre entre France et RFA, d'où une influence directrice croissante de Berlin qui ne pouvait que susciter des mécontentements croissants si l'intégration européenne en multipliait les effets. Rien à voir avec le souvenir de la période nazie : il n'est tout simplement pas possible à une nation européenne quelle qu'elle soit d'avoir une influence importante structurellement sur les autres, sans commencer à en abuser. Et la perte du balancier français signifiait aussi pour l'Allemagne la perte d'un "référent latin" à même de faire peser dans la politique européenne les intérêts et les points de vue des pays du Sud

- La perte de l'adversaire soviétique signifiait qu'une raison fondamentale et structurelle de vouloir le rapprochement entre ouest-Européens avait disparu. Non seulement les peuples d'Europe centrale ont naturellement un vécu différent et donc des conceptions différentes, mais même le besoin de rassemblement entre les Européens de l'ouest était affaibli. Ne pas se faire trop d'illusion sur nous autres êtres humains : le moyen le plus sûr de rassembler des gens différents - je n'ai pas dit le plus beau - c'est de leur fournir un ennemi commun. Et une part importante de l'esprit européen était tout simplement la peur de l'Armée Rouge.

 

Bien au contraire, ce sont des institutions à puissance fédérale qui ont été mises en place : monnaie unique, marché unique, législation unique qui existait déjà mais dont le champ d'application a été très élargi, espace de circulation unique.

Une fédération bancale qui plus est :

- Pas de moyen de représenter les intérêts de l'ensemble des peuples dans la gestion de la monnaie et la politique de la banque centrale, qui étaient déjà verrouillées par traité

- Marché ouvert par défaut, sans les outils que des pays peuvent se donner pour forcer les autres zones commerciales à appliquer la réciprocité - Etats-Unis, Chine, Inde, Brésil ont tous une politique commerciale active, pas l'UE

- Législation issue de ce qui tient lieu de l'exécutif fédéral - la Commission - donc en violation frontale de tous les principes de séparation des pouvoirs établis depuis le 18ème siècle et consubstantiels à la démocratie, avec en conséquence un autisme structurel des institutions européennes hors d'atteinte des votes populaires

- Circulation ouverte mais sans création d'une frontière extérieure

Le pire est que la méthode du "cliquet" chère à Jean Monnet a continué à être appliquée, c'est-à-dire qu'un élément de souveraineté abandonné par un Etat à la superstructure ne pouvait plus être récupéré. Tandis que non seulement des institutions, mais des politiques ont été fixées dans des traités extrêmement chargés - ces politiques devenant de ce fait pratiquement impossibles à changer, un peu comme si le programme du PS - ou de LR, ou du FN - était intégré à la Constitution française.

C'est cette rigidité extrême qui à mon sens condamne le projet. N'étaient le principe du cliquet et les politiques figées par traité, même les très graves erreurs commises dans les années 1990 et visant à une intégration accélérée auraient probablement pu être rattrapées, par un mécanisme d'essai - erreur. L'étendue et la profondeur de l'intégration auraient été ajustées au fil des événements - c'est-à-dire des problèmes qu'elles posent - tandis que les politiques néfastes auraient elles aussi été ajustées tôt ou tard. Même l'erreur de la mise en place de l'euro aurait pu être corrigée, et le démantèlement indispensable de la monnaie unique n'aurait pas mené à la chute de l'ensemble des institutions européennes.

En somme, l'UE en tant qu'institution aurait été en position de plier pour ne pas rompre.

 

Là où nous en sommes rendus, le plus probable est un éclatement de l'UE, suivant un processus plus ou moins chaotique, plus ou moins long et en tout cas largement imprévisible. Les forces qui pressent contre la superstructure UE ont tendance à s'intensifier, tout en se diversifiant. Je perçois à la fois une exaspération des réactions "contre", de beaucoup de sources différentes, avec chacune sa ou ses raisons particulières, et une rigidité croissante de la politique centrale, qui se donne les moyens de mettre des pays entiers au pas, de manière spectaculaire contre la Grèce l'été dernier.

L'homme qui symbolise le mieux la situation est Wolfgang Schaüble : Allemand, pro-européen de toujours, partisan de la plus grande rigueur dans l'application des traités et de la politique économique qui en découle, même quand elle aurait des conséquences politiques lourdes - il voulait "expulser" la Grèce de la zone euro en juillet 2015 par exemple.

En tant que personne, aucune raison de penser qu'il soit pire qu'un autre. Mais le personnage que l'époque lui propose, et qu'il accepte de jouer, n'est certes pas un personnage sympathique. Et c'est aussi le personnage d'un fossoyeur de l'UE - car l'application des traités existants sans remise en question est précisément ce qui politiquement condamne l'UE.

Le scénario alternatif, c'est une "refondation à chaud" de l'UE, c'est-à-dire qu'à l'occasion d'une crise décisive - une crise dont personne ne douterait qu'elle soit véritablement décisive, qu'elle décide de l'avenir de l'UE - les pays membres s'entendent pour remplacer le Traité existant par un traité "fortement" corrigé pour réparer les erreurs faites il y a une vingtaine d'années.

Une telle réforme n'est pensable qu'à l'occasion d'une crise, précisément parce que le processus de renégociation serait si lourd, et les changements nécessaires si drastiques. Elle revient à tenter une opération à cœur ouvert, ou plutôt une opération de chirurgie lourde sur le cerveau.

Ce scénario est réaliste, dans le sens où il pourrait marcher. Cela dit, à mon avis il n'est pas très probable. Il faudrait notamment qu'il n'intervienne pas trop tard, car la volonté de rester rassemblés est en train de diminuer, dans l'ensemble des pays membre même si à des rythmes différents. Il faudrait encore des dirigeants suffisamment audacieux et clairvoyants, ce qui est possible, mais n'est pas du tout assuré d'avance.

 

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A Bruxelles, tout le monde veut « aider David » à obtenir les concessions de ses partenaires qui permettront au premier ministre britannique de faire campagne pour le oui au référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne (UE). Tout le monde estime qu’un « Brexit » serait « catastrophique », qu’il signerait « le début de la désintégration » de l’UE. Mais quand on gratte un peu le vernis, les critiques surgissent.

Les Britanniques sont accusés de rajouter une crise « inutile », « dont on se serait bien passés », « au plus mauvais moment », alors que l’Europe, très mal en point, n’en finit plus de se diviser à cause des migrants. Beaucoup de diplomates et de fonctionnaires européens déplorent de devoir « perdre tant de temps » pour une histoire de « politique intérieure », relève un dirigeant européen de haut rang. David Cameron avait promis son référendum, en 2013, pour calmer l’aile eurosceptique de son parti, les Tories.

Certaines concessions sont surtout symboliques. Sur le renoncement – partiel – à la mention « ever closer union » (« union sans cesse plus étroite ») dans les traités de l’Union, qu’exige Londres, « on se répète, on surligne, on est dans la tautologie », souligne un diplomate. A contrario, les « cadeaux » jugés sérieux à Cameron inquiètent. Comme la restriction de l’accès aux droits sociaux pour les travailleurs non britanniques. Les critiques relèvent avec amertume « l’erreur » commise par Londres, qui avait refusé, lors de l’élargissement de l’Union, de profiter des mesures de restriction à leur marché d’au maximum sept ans alors prévues. « A l’époque, à Londres, ils se moquaient de nous, disaient que l’immigration, c’était bien », soulèvent plusieurs diplomates.

« S’ils veulent partir, qu’ils partent ! »

Beaucoup ont l’impression de travailler en pure perte. « On a le sentiment de ne participer qu’à un vaste plan com, juste pour aider Cameron à faire gagner le oui », soupire une autre source européenne. Au Parlement européen, les élus sont de plus en plus nombreux à dénoncer une Europe bloquée par la question « brit » : « Tout est gelé, le débat sur le budget de l’Union, sur la directive travailleurs détachés. »

Surtout, beaucoup considèrent que les Britanniques sont des enfants gâtés de l’Union, qui bénéficient déjà de quatre exceptions notables. Le Royaume-Uni n’appartient pas à l’espace de libre circulation Schengen ni à l’union économique et monétaire. Il n’a pas ratifié la charte des droits fondamentaux de l’UE, et, en juillet 2013, a exercé la possibilité que lui offre le traité de Lisbonne de se retirer de 133 instruments de coopération dans le domaine de la police et de la justice pénale (il en a finalement retenu une trentaine).

Londres bénéficie aussi d’un traitement particulier concernant sa contribution au budget de l’Union, un « rabais », en vigueur depuis 1984, au motif que le Royaume-Uni bénéficie moins que d’autres pays de la politique agricole commune. « Beaucoup de collègues pensent : les Britanniques n’ont jamais cessé de critiquer l’Union, malgré tous les efforts qu’on a faits pour eux. S’ils veulent partir, qu’ils partent ! », résume un fonctionnaire européen.

« Parfois emmerdants »

L’attitude des Britanniques à Bruxelles est aussi montrée du doigt : ils seraient de moins en moins investis dans le fonctionnement de la machine communautaire. « Le Royaume-Uni a traîné des pieds pour adhérer à l’Union [en 1973], et se vit encore comme insulaire et tourné vers le large », relève le spécialiste du droit de l’UE Jean-Claude Piris. « N’étant pas dans l’euro, ils se sont mis en retrait pendant la crise financière. En ce moment, ils sont peu présents sur la crise des migrants, car hors de Schengen », se lamente un diplomate.

L’eurodéputé travailliste Richard Corbett relativise les critiques. « Neuf pays bénéficient d’exemptions à Bruxelles, cela n’a pas empêché l’Union de fonctionner. » Et d’ajouter : « La France aussi a fait du chantage à l’UE [de juin 1965 à janvier 1966], durant la politique de la chaise vide du général de Gaulle. Elle aussi, elle a beaucoup agacé, avec son exigence que le Parlement européen soit à Strasbourg ou quand ses citoyens ont rejeté, en 2005, la Constitution européenne ! »

M. Piris nuance aussi : « Les Britanniques sont parmi ceux qui travaillent le plus en profondeur les dossiers. » L’euro ? « Ils ont étudié attentivement le pour et le contre et ont préféré s’abstenir, considérant que c’était trop risqué. » Idem pour Schengen : « Les Britanniques sont parfois emmerdants à Bruxelles. Mais ils ont souvent raison. »

http://abonnes.lemonde.fr/europe/article/2016/02/17/pourquoi-bruxelles-en-veut-a-londres_4866606_3214.html

 

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  • 2 weeks later...

Ambiance ultra pourrie sur fond de migrant et de règlement de compte lors de la réunion des ministre de l'intérieur de l'UE ...

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L’Europe se ressaisira-t-elle ? Et si oui, quand ? La réunion des ministres de l’intérieur de l’Union, jeudi 25 février, à Bruxelles, a donné une nouvelle preuve, édifiante, désespérante, de son incapacité à surmonter la crise des migrants. Invectives, étalage public des dissensions entre des pays pourtant amis, comme la France et la Belgique (concernant la « jungle » de Calais), l’Allemagne et l’Autriche (à propos de l’établissement de quotas de migrants par Vienne). Accidents diplomatiques inédits, avec le rappel par Athènes de son ambassadrice en Autriche. Manque total de solidarité d’une partie de l’assistance (Autriche, pays de l’Est) à l’égard de la Grèce, qui est pourtant en train de se transformer à grande vitesse en vaste « piège à migrants »…

Les ministres ont certes réitéré leur volonté de trouver des « solutions européennes », de poursuivre dans la voie de la relocalisation des réfugiés décidée en 2015, de continuer à miser sur les « hotspots » (des centres d’enregistrement et de tri en Italie et en Grèce), mais les pays des Balkans et d’Europe centrale, à commencer par l’Autriche, ne sont pas revenus sur leurs « décisions unilatérales » de ne plus faire passer les migrants, et même les réfugiés, qu’au compte-gouttes. Et tant pis si en Grèce, à l’autre bout de la « route des Balkans », la crise humanitaire menace, avec potentiellement des dizaines de milliers de migrants coincés à la frontière macédonienne. Tant pis aussi si cela condamne, à très court terme désormais, l’espace de libre circulation Schengen. « Nous n’avons plus que dix jours », a prévenu le commissaire européen à la migration, le grec Dimitris Avramopoulos, jeudi.

« La réunion a été très dure, le ministre de l’intérieur grec [Yannis Mouzalas] a été très dur. Il a reproché longuement à l’Autriche d’avoir organisé, la veille à Vienne, une réunion des Balkans sans l’inviter, a dit que son pays, lui, n’organisait pas ce genre de club », témoigne une source diplomatique. Il a même dénoncé une démarche jugée « ennemie » assure un autre diplomate européen, effaré que ce type de termes puisse être prononcé lors de réunions d’habitude extrêmement policées.

« Cela montre à quel niveau intellectuel le débat est tombé »

D’autres, pays de l’Est et des Balkans, ont accusé la Grèce de n’avoir pas fait son travail pour stopper les migrants. Le ministre français Bernard Cazeneuve et son homologue allemand Thomas de Maizière, ont, a contrario, et avec énergie, selon plusieurs sources, pris la défense d’Athènes, disant qu’elle avait fait beaucoup d’efforts (en installant quatre hotspots désormais opérationnels), qu’il ne servait à rien de continuer à l’accuser, qu’il fallait au contraire l’aider. « Certains, à l’est, ont même mis en doute les chiffres de Frontex [l’agence de gardes-côtes et gardes-frontières européenne], en disant que la majorité des personnes arrivées en Grèce étaient des migrants économiques et pas des réfugiés », témoignait encore un diplomate, jeudi, « cela montre à quel niveau intellectuel le débat est tombé » ajoutait-il, un peu effaré lui aussi.

C’est la présidente suisse, Simonetta Sommaruga, participant au conseil en temps que membre de Schengen, qui a résumé le mieux la situation : « La volonté d’assumer les décisions communes n’est pas très grande, la pression [des opinions publiques] est forte. » De fait, un nombre de plus en plus important de gouvernements — au Danemark et en Suède au début de 2016 ; en Hongrie dès septembre dernier ; en Autriche, il y a dix jours —, ne veulent plus attendre les solutions « propres », « solidaires », de Bruxelles.

La seule « solution » qui fait encore consensus à vingt-huit, c’est la proposition de la Commission faite à la mi-décembre dernier de décupler les moyens et les pouvoirs du corps de gardes-côtes et de gardes-frontières européens — un projet soutenu par la France, qui en revendique la paternité. Les ministres de l’intérieur se sont félicités jeudi que les discussions, sur cette proposition aient très vite progressé, et espèrent désormais un accord au Conseil européen en avril, et un accord du Parlement européen, avant l’été. Un record pour la machine à légiférer bruxelloise, mais qui semble une éternité face à l’urgence de la situation.

Les gouvernements semblent désormais entrés en « panique ». Ils sont tétanisés par les arrivées depuis janvier en Grèce (102 000 migrants), et par la perspective de flux encore plus importants avec le retour du printemps, ils ferment leurs frontières, contreviennent au droit européen et aux conventions de Genève (l’Autriche, avec ses quotas de réfugiés), pour répondre à une opinion publique rétive et à des partis populistes de plus en plus écoutés.

La chancelière Angela Merkel est désormais seule en Europe — avec la Commission européenne — à défendre encore l’accueil de réfugiés. Mais elle est tellement affaiblie qu’elle n’a pas pu empêcher les initiatives erratiques de l’Autriche et de ses alliés, à Vienne, mercredi 24 février, ni l’annonce d’un référendum sur la relocalisation des migrants par le premier ministre Viktor Orban, pourtant membre, comme elle, du Parti populaire européen… La chancelière a réussi à obtenir de ses collègues européens un sommet avec la Turquie, le 7 mars, à Bruxelles. Pour gagner du temps, tenter de retarder d’autres mesures unilatérales de fermeture des frontières. Et limiter la « casse » pour son parti, la CDU, qui est menacé par trois élections régionales en Allemagne, le 12 mars.

La Turquie a signé un « plan d’action » avec l’Union, le 29 novembre dernier, s’engageant à limiter les flux de migrants quittant ses côtes pour la Grèce, contre de l’argent, et la promesse de la réactivation du processus d’adhésion du pays à l’Union. Pour l’instant, cet accord est en grande partie lettre morte. La décision d’enrôler l’OTAN, il y a quinze jours, pour aider à traquer les passeurs et renvoyer les migrants sur la cote turque pourrait aider. « Il faudrait un signal politique, avant le 7 mars, qu’il fonctionne, par exemple, un ferry plein de migrants économiques reconduits de la Grèce vers la Turquie », suggérait un diplomate européen, jeudi…

En attendant, Bruxelles, fataliste, en est réduite aux pis-aller : dans l’urgence, les fonctionnaires de la Commission travaillent à une proposition d’aide « humanitaire » à la Grèce. Du jamais-vu : l’Europe dispose de fonds ad hoc pour les situations d’urgence, mais jusqu’à présent, ils avaient toujours été destinés à des pays tiers.

 

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Il y a 9 heures, g4lly a dit :

contreviennent au droit européen

Annoncent qu'ils contreviendront dans le futur. Nuance. Ce n'est pas pareil que contrevenir maintenant, au présent, auquel cas les associations concernées s'empresseraient de porter plainte devant les tribunaux.

Il y a 9 heures, g4lly a dit :

La chancelière Angela Merkel est désormais seule en Europe — avec la Commission européenne — à défendre encore l’accueil de réfugiés.

Elle défend l'accueil des réfugiés partout ailleurs qu'en Allemagne pour décharger l'Allemagne. C'est une notion très particulière « d'accueil ».

Il y a 9 heures, g4lly a dit :

son parti, la CDU, qui est menacé par trois élections régionales en Allemagne, le 12 mars.

Il n'est pas menacé, puisqu'il est challenger dans deux États sur trois. C'est plutôt la CDU qui menace le SPD et les Verts dans ces deux États.

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Assez flippant tout ça... La Grèce, à propos de laquelle on a vécu 5 ans de psychodrames pour qu'elle ne quitte pas l'euro du fait de sa dette, va-t-elle est poussée en dehors de l'Europe en quelques mois à cause des réfugiés que lui envoie la Turquie? Si elle sort de l'Europe rejoindra-t-elle les russes pour faire un sandwich à la Turquie? Ça sent l'escalade façon 1914...

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il y a une heure, Wallaby a dit :

Elle défend l'accueil des réfugiés partout ailleurs qu'en Allemagne pour décharger l'Allemagne. C'est une notion très particulière « d'accueil ».

Tu n'as pas l'impression de caricaturer sévèrement ? Le gouvernement allemand ne veut pas accueillir tous les réfugiés, en aucun cas d'en accueillir aucun. On peut leur reprocher leur position conciliente envers les réfugier pour ensuite en refourger aux autres, mais de là à dire qu'ils ne veulent pas du tout assumer une part (en plus assez importante) de l'acceuil, c'est tout simplement mensonger.

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Editorial sur le site du Monde qui, à défaut d'être instructif puisque la plupart des faits sont connus, donne une idée : l'Europe est en train de se déconstruire. Bien sûr, on n'est pas forcément d'accord avec tout (chacun ses opinions) mais pour une fois, j'ai le même avis que le journal. 

Certains pays veulent tout simplement "donner" tous les réfugiés à la Grèce, qui dans le même temps doit faire passer, je le rappelle, des réformes douloureuses. Résultat, elle deviendra ingérable à terme si jamais cela devient effectif. En 2011, d'après le recensement, elle possédait un peu plus de 10 millions d'habitants. On parle d'environ 160 000 personnes arrivées sur le côtés grecques depuis début janvier. Et on prévoit plus d'un million de réfugiés cette année. C'est-à-dire, près de 10% de la population. Bien sûr, tous ces réfugiés ne resteront pas en Grèce, mais un certain nombre y seront contraints et forcés. Ce qui ne fera qu'aggraver les problèmes déjà existants. 

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Si c'était pour continuer dans l'austérité toujours plus grande ... à vrai dire ... qui va regretter l'Europe parmi ceux qui la subissent ?

C'aura été un beau rêve l'espace d'un instant - jusqu'à ce que les anglais y mettent le pieds  pour en faire une superette et que merkel, épicière en chef baisse le rideau de la faillite  après liquidation.

Bon va-t-il  falloir reactiver les forts de la ligne des Vosges et notre ceinture de citadelles ? ou  va-t-on pourvoir  conserver et bâtir quelque chose à partir des ruines de l'UE ?

 

 

Modifié par Lezard-vert
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il y a 21 minutes, Dino a dit :

mais de là à dire qu'ils ne veulent pas du tout assumer une part

Je n'ai pas dit "qu'ils ne veulent pas du tout assumer une part". Cela aussi c'est caricaturer. Ce que j'ai voulu dire c'est qu'Angela Merkel mettait le gros de son énergie à persuader son public en Allemagne qu'elle faisait tout pour décharger l'Allemagne en restant dans les clous du droit international et européen, qui certes oblige l'Allemagne à traiter les réfugiés comme il se doit. Elle n'est plus aujourd'hui dans sa posture du mois d'août consistant à dire "nous l'Allemagne nous allons faire plus que le minimum syndical et poser en modèle moral".

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il y a 5 minutes, Wallaby a dit :

Je n'ai pas dit "qu'ils ne veulent pas du tout assumer une part". Cela aussi c'est caricaturer.

Il y a 1 heure, Wallaby a dit :

Elle défend l'accueil des réfugiés partout ailleurs qu'en Allemagne pour décharger l'Allemagne. C'est une notion très particulière « d'accueil ».

Tu m'excuseras mais c'est que je comprends quand je lis ça. Alors bon si tu ne veux pas être caricaturer, il faut peut être aussi faire attention aux formules utilisés.

Modifié par Dino
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il y a 18 minutes, judi a dit :

Editorial sur le site du Monde qui, à défaut d'être instructif puisque la plupart des faits sont connus, donne une idée : l'Europe est en train de se déconstruire. Bien sûr, on n'est pas forcément d'accord avec tout (chacun ses opinions) mais pour une fois, j'ai le même avis que le journal. 

Certains pays veulent tout simplement "donner" tous les réfugiés à la Grèce, qui dans le même temps doit faire passer, je le rappelle, des réformes douloureuses. Résultat, elle deviendra ingérable à terme si jamais cela devient effectif. En 2011, d'après le recensement, elle possédait un peu plus de 10 millions d'habitants. On parle d'environ 160 000 personnes arrivées sur le côtés grecques depuis début janvier. Et on prévoit plus d'un million de réfugiés cette année. C'est-à-dire, près de 10% de la population. Bien sûr, tous ces réfugiés ne resteront pas en Grèce, mais un certain nombre y seront contraints et forcés. Ce qui ne fera qu'aggraver les problèmes déjà existants. 

Je pense que le problème de fond est assez simple : les différents pays ne sont pas d'accord entre eux sur la politique à adopter vis-à-vis des migrants. Or, le maintien de la zone Schengen leur rendrait nécessaire d'adopter une seule politique unifiée.

D'où les deux options sur la table, même si à ma connaissance aucun gouvernement ne les formule aussi clairement :

- soit s'entendre sur une politique unique et l'appliquer pour de bon,

- soit organiser calmement le démantèlement de la zone Schengen, ce qui permettra à chacun de faire comme il l'entendra.

L'une comme l'autre seraient plus raisonnables et en tout cas donneraient meilleure impression que la cacophonie croissante des annonces et décisions désordonnées des différents pays qui se sentent en première ligne. En clair : s'il s'agit de démanteler Schengen, mieux vaudrait le faire par accord mutuel "cette partie de notre Traité ne fonctionne plus, nous en suspendons sine die l'application, en attendant une renégociation à tête reposée" que dans le chaos et les récriminations.

S'il s'agit de s'entendre sur une politique unique, à mon avis la clé se trouve en Allemagne et nulle part ailleurs. Ce n'est certainement pas en Europe de l'Est, ni en Suède, ni d'ailleurs en France, ni probablement en Italie, ni même en Grèce avec son gouvernement classé très à gauche que l'on s'opposerait à une politique ferme "cette fois-ci on ferme la frontière, les migrants sont renvoyés le jour même de leur arrivée en Turquie qui est un Etat sûr". Politique ferme que la Grèce à elle seule aurait peut-être du mal à appliquer, leur géographie avec des centaines d'îles n'est pas simple, mais que quelques Etats venant directement en aide à la Grèce pourraient mettre en oeuvre sans trop de difficulté.

Et ce n'est pas dans aucun de ces Etats que l'on risque de céder aux argument du gouvernement allemand pour laisser ouverte la frontière même avec quelques restrictions qui auraient autant d'effet sur le nombre d'arrivées qu'un château de sable sur la marée montante, et un système de répartition dans toute l'UE par-dessus le marché.

D'un autre côté, si Berlin se range à l'avis majoritaire - qu'il soit exprimé ouvertement ou derrière un sourire de façade, n'est-ce pas M. Hollande ? - et si Angela Merkel accepte enfin de manger son chapeau, eh bien l'accord sera vite fait.

L'obstination du gouvernement allemand est en fin de compte déraisonnable, car si la zone Schengen est démantelée, de manière ordonnée ou non, permettant à chaque pays de fermer ses frontières s'il le décide, tous les pays sauf l'Allemagne le feront, le flux des migrants se dirigera encore plus directement vers notre voisin d'outre-Rhin... qui finira par fermer ses frontières lui aussi, même s'il faut d'abord renverser Merkel pour cela.

Le résultat final sera le même pour ce qui est de barrer la voie à l'immigration chaotique, avec cette différence que la zone Schengen aura été démantelée et de grosses disputes auront eu lieu entre Européens, et qui pourraient laisser des traces de long terme. Il est beaucoup plus raisonnable pour l'Allemagne de s'aligner.

Mais en définitive, c'est Merkel qui choisira.

 

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il y a 32 minutes, Dino a dit :

Tu m'excuseras mais c'est que je comprends quand je lis ça.

La clé de répartition européenne défendue par Angela Merkel est une clé de répartition qui mathématiquement décharge l'Allemagne. Lorsque l'Italie demandait des quotas et que l'Allemagne n'était pas excessivement touchée par le phénomène, la position de Merkel était de dire non au principe des quotas. On voit bien que le principe des quotas est un principe égoïste et non un principe de générosité lorsqu'il est tour à tour refusé puis défendu par l'Allemagne.

D'autre part j'oubliais de préciser en parlant des élections régionales allemandes, que les têtes de listes CDU défendent des politiques plus restrictives qu'Angela Merkel : Julia Klöckner en Rhénanie du Sud et Guido Wolf en Bade sont pour un "plan B" apparemment anti-Merkel (présenté comme "au cas où le plan de Merkel ne marcherait pas, voilà ce qu'on ferait" donc dont l'application est parfaitement hypothétique) sur le modèle autrichien, à tel point que c'est du pain bénît pour le Vert Kretschmann, président sortant de Bade, qui est lui très pro-Merkel et ravi d'accueillir les voix des électeurs de Merkel qui ne se reconnaitraient pas dans ce plan B. Voir notamment http://www.sueddeutsche.de/politik/baden-wuerttemberg-politischer-selbstmord-1.2874440 (23 février 2016).

Mais Kretschmann lui-même est partisan de la mise de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie sur la liste des pays sûrs : http://www.faz.net/aktuell/politik/wahl-in-baden-wuerttemberg/winfried-kretschmann-fuer-neue-sichere-herkunftsstaaten-14089468.html (24 février 2016)

Modifié par Wallaby
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  • 2 weeks later...

L'Union suffisament menacée par les abus - ou le laxisme - concernant les travailleurs détaché et la concurrence "sociale" pour essayer de faire converger les salaires!!!

http://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2016/03/07/le-dumping-social-dans-l-il-de-bruxelles_4877779_3234.html

Quote

L’initiative va satisfaire la France et l’Allemagne mais elle risque de creuser un peu plus encore le fossé entre l’ouest et l’est de l’Europe : la commissaire européenne, Marianne Thyssen, chargée de l’emploi et des affaires sociales, doit annoncer, mardi 8 mars, une révision de la directive « travailleurs détachés » de 1996 sur les travailleurs détachés. L’objectif est de réduire au maximum les différences de coût du travail entre salariés dans un même pays.

Il n’est pas question d’abandonner le principe même du travailleur détaché. « Il est à la base de notre marché intérieur unifié. Mais les abus se sont multipliés, et l’incompréhension monte chez nos concitoyens, nous devons tenter d’y remédier », selon Mme Thyssen, qui fut la présidente du Parti chrétien-démocrate flamand (CD&V) durant l’une des périodes les plus compliquées de l’histoire du royaume belge, avec une crise politique qui dura plus de cinq cents jours.

Quelles sont les propositions formulées par Bruxelles ?

La principale nouveauté apportée par la Commission européenne : le fait que les travailleurs détachés, employés dans un autre pays de l’Union avec un contrat de leur pays d’origine, devront bénéficier des mêmes conditions de rémunération que leurs collègues travaillant pour la même entreprise avec un contrat de ce pays « d’accueil ».

Jusqu’à présent, la directive de 1996 n’imposait qu’une seule chose : que les travailleurs détachés touchent au moins le salaire minimum du pays d’accueil. Désormais, ils devraient aussi pouvoir prétendre au 13e mois, aux primes de Noël ou d’ancienneté si elles existent dans le secteur ou la branche qui les emploient.

« Nous devons imposer le principe d’un salaire égal pour un travail identique dans tous les secteurs », explique Mme Thyssen au Monde. C’est toutefois aux Etats qu’il appartiendra de fixer cette règle, pas à la Commission, souligne-t-elle.

Un exemple ? Un travailleur détaché dans le secteur de la construction en Belgique devrait recevoir, en plus du SMIC local (il oscille entre 13,37 à 19,31 euros de l’heure), des avantages liés aux accords collectifs dans le secteur dans ce pays, c’est-à-dire une allocation en cas de mauvais temps, une prise en charge d’une partie de ses déplacements et de ses vêtements de travail, une prime liée à la pénibilité de certaines tâches, etc.

« Par ailleurs, le travail détaché est par définition temporaire. Mais la notion de “temporaire” est restée jusqu’à présent trop vague dans les textes européens. Nous voulons que le détachement ne dure pas plus de deux ans. Au-delà de vingt-quatre mois, un travailleur détaché sera donc soumis à toutes les lois régissant les conditions de travail du pays d’accueil », précise la commissaire.

En France, par exemple, il bénéficiera des 35 heures.

Que « pèsent » aujourd’hui les travailleurs détachés ?

S’il demeure un phénomène marginal au regard de l’ensemble de la population salariée dans l’Union (0,7 %), le nombre de travailleurs détachés a fortement progressé (de près de 45 %) entre 2010 et 2014.

Pourvus de missions de quatre mois, en moyenne, ils se concentrent principalement dans le bâtiment (43,7 %), l’industrie manufacturière (21,8 %), l’éducation, la santé et les services sociaux (13,5 %). Les secteurs de l’agriculture et des abattoirs ont, eux aussi, été en partie déstabilisés.

La France, l’Allemagne et la Belgique regroupent aujourd’hui la moitié environ des 1,9 million de travailleurs détachés. Ils étaient 400 000 en France, en 2014. Selon les données de la Commission européenne, dans quelques secteurs et certains Etats membres les travailleurs détachés gagnent jusqu’à 50 % de moins que les locaux.

Le projet de directive élaboré par Mme Thyssen prévoit d’ailleurs d’étendre le principe « à travail égal, salaire égal » à la main-d’œuvre des entreprises de sous-traitance. Les agences de travail intérimaire seront également tenues d’appliquer les nouvelles règles. Un principe de base de la légalisation actuelle – le travailleur détaché restera assujetti à la sécurité sociale de son pays d’origine – ne subira, en revanche, aucun changement.

Qui est favrorable à cette révision,qui pourrait s’y opposer ?

Cela faisait des années que Paris plaidait pour une telle réforme, avec l’appui de Berlin mais aussi des pays qui s’estiment les plus lésés par le système actuel et la concurrence jugée déloyale qu’il engendre : la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Suède, l’Autriche.

Toutefois, rouvrir le débat sur la directive de 1996, n’est-ce pas risquer de provoquer une nouvelle réaction des pays d’Europe centrale et orientale, qui s’y opposaient ? Marianne Thyssen le conteste, affirmant qu’elle veut « travailler pour les Vingt-Huit et pour le marché intérieur en créant un système tenable, clair, accepté par nos concitoyens ».

Elle convient cependant que le débat ne s’annonce « pas simple » avec certaines capitales, qui entendent défendre le statu quo.

N’aurait-il pas été plus sage, aussi, d’attendre le résultat du vote britannique de juin sur un éventuel « Brexit » pour ne pas influer sur les électeurs sensibles à de telles questions ? Le projet de directive avait d’ailleurs été décalé une première fois, à la fin de 2015, pour ne pas interférer avec la discussion entre Bruxelles et Londres.

Mais la question des travailleurs détachés n’a « rien à voir » avec le débat sur la sécurité sociale ou les allocations familiales pour les travailleurs étrangers en Grande-Bretagne, souligne la commissaire. Ces débats-là commenceront – ou non – dès le lendemain de la consultation populaire prévue le 23 juin, en fonction de son résultat…

 

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