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Embuscade à Surobi


Messages recommandés

En vrac :

1° Hervé Morin a reconnu ce matin sur RTL qu'il existait un contre-rendu OTAN sur l'embuscade, mais pas un "rapport" ....

"compte-rendu parcellaire, effectué à chaud le lendemain ou dans les 48 heures après l'opération, à partir des éléments dont disposait cet officier"

Dans 5 jours on retrouve un rapport complet de 120 pages rédigés 4 semaines après l'embuscade .....

2° Pour répondre à un post ici quant à l'utilisation de missiles Milans :

Depuis les Malouines, ou les paras brittons ont utilisé avec succès des Milan pour détruire des postes et des blockhaus de mitrailleuses lourdes Argentins, les missiles AC portables ont également "une vie" d'appui. Ce qui peut être une bonne solution pour les stock de missiles anciens comme des Milan 1 ou 2 ... voir suppra

En regardant à gauche à droite sur la toile, vous verrez également que les américains et anglais en A-stan et en Irak, utilisent souvent des missiles AC Javelin pour se débarasser de tireurs de précisions embusqués ou d'ennemis retranchés dans des baraques.

Là il faut reconnaitre que les français sont "économiquement" plus efficaces avec des Milans, car ce missile est 5 à 10x moins cher qu'un Javelin ... 120.000 $ pour abattre un tireur isolé ...

3° Les remarques sur "le tireur d'élite" et "la radio" .... Une section d'infanterie aligne normallement 2 ou 3 tireurs de précision (3 si le groupe Eryx est utilisé en fonction 00) et pas "1 tireur d'élite". Pour la radio, il y a une radio "lourde" (TRPP 13 je crois) pour des liaisons vers la compagnie, elle est servie par un "radio" qui suit comme son ombre le CDS, et puis les différents chefs de groupe ont une TRPP11 ou TRPP39 qui ont une portée de 2 à 4 km. Ces deux derniers modèles permettaient sans doute d'entrer en contact avec les véhicules restés en bas ou la section du RMT.

Clairon

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"120.000 $ pour abattre un tireur isolé ..."

C'est peu, à Fallujah les américains ont tiré des milliers de balles et des dizaines d'obus et perdu un temps faramineux à cause d'un seul sniper.Il n'y a pas vraiment de manière économique de se débarrasser de ce genre de saleté.Que ce soit en tirant à tout va ou en utilisant un soldat specialié à l'entraînement passablement couteux; le portefeuille fait mal dans tout les cas.

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Voyons voir. Il me semble que tu dois apprendre à lire un "rapport" attentivement... =D

1°- Les 2 sections (Can et Solovene) étaient éloignées de plusieurs km de leurs véhicules.  Par conséquent,  pas d'appui possible à partir des véhicules. Mauvais exemple donc, ça ne prouve pas que les LAV grimpent en altitude et surtout ça prouve qu'il y avait 2 sections en l'air, sans appuis autres que ceux portés à dos d'homme. Ca c'est ton récit qui le dit. Comme on peut supposer que pour grimper dans la montagne ils ne portaient pas plus de ~ 40 /45kg ; je te laisse le soin de faire le calcul du poids du paquetage et d'en déduire le nombre de munitions disponibles.

2° - Les deux sections se sont séparées à leur tour de plusieurs km, la section Can restant en relais radio : pas d'appui possible entre elles... 

3° - Comme écrit dans le rapport, les communications entre la section Slovene et la section Can ont été coupées durant plusieurs heures, citation :  "ils s'appretaient à faire appel aux hélicoptères pour nous rétrouver".... Alors, il était où le téléphone "guerre des étoiles"?

4° - Tu dis que l'itinéraire a été réconnu par un drone Sperwer. Bien, dans le recit on parle d'un sommet ou col à 3400 m. Si je ne fais pas trop erreur à cette altitude, on ne doit être pas être loin du plafond de vol du Sperwer O0  Il s'en suit que le drone peut avoir éventuellement des zones masquées par rapport à son axe de vol. Qui plus est c'est une zone truffée de grottes et autres caches... Bref, ce n'est pas une assurance 100 %

- De tout ceci j'en déduis qu'en cas d'embuscade comparable à celle de Spin, ils auraient été mal, mais alors très mal...

C'est pas un rapport, c'est un article de journal, écrit par les nouvelles de l'armée. Et le téléphone sat iridium sert a communiquer vers le camp, pas vers les véhicules(compatibilité). Les radios FalconII pour les blindés à capacité satcom sont arrivé quelques semaines plus tard.

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Donc le rapport inexistant existe :lol: ... la com' de l'armée est toute moisie ça en devient ridicule. Elle aussi a 20 ans de retards comme le reste de l'équipement.

En vrac :

1° Hervé Morin a reconnu ce matin sur RTL qu'il existait un contre-rendu OTAN sur l'embuscade, mais pas un "rapport" ....

"compte-rendu parcellaire, effectué à chaud le lendemain ou dans les 48 heures après l'opération, à partir des éléments dont disposait cet officier"

Dans 5 jours on retrouve un rapport complet de 120 pages rédigés 4 semaines après l'embuscade ...

:)

2° Pour répondre à un post ici quant à l'utilisation de missiles Milans :

Depuis les Malouines, ou les paras brittons ont utilisé avec succès des Milan pour détruire des postes et des blockhaus de mitrailleuses lourdes Argentins, les missiles AC portables ont également "une vie" d'appui. Ce qui peut être une bonne solution pour les stock de missiles anciens comme des Milan 1 ou 2 ... voir suppra

En regardant à gauche à droite sur la toile, vous verrez également que les américains et anglais en A-stan et en Irak, utilisent souvent des missiles AC Javelin pour se débarasser de tireurs de précisions embusqués ou d'ennemis retranchés dans des baraques.

Là il faut reconnaitre que les français sont "économiquement" plus efficaces avec des Milans, car ce missile est 5 à 10x moins cher qu'un Javelin ... 120.000 $ pour abattre un tireur isolé ...

C'est aussi un bon engin d'observation avec des optique puissante et jour/nuit.

Et comme de toute facon sur le terrain y a souvent pas grand chose d'autre pour ce job - appui direct précis moyen/gros calibre -...

3° Les remarques sur "le tireur d'élite" et "la radio" .... Une section d'infanterie aligne normallement 2 ou 3 tireurs de précision (3 si le groupe Eryx est utilisé en fonction 00) et pas "1 tireur d'élite". Pour la radio, il y a une radio "lourde" (TRPP 13 je crois) pour des liaisons vers la compagnie, elle est servie par un "radio" qui suit comme son ombre le CDS, et puis les différents chefs de groupe ont une TRPP11 ou TRPP39 qui ont une portée de 2 à 4 km. Ces deux derniers modèles permettaient sans doute d'entrer en contact avec les véhicules restés en bas ou la section du RMT.

La confusion provient de l'usage section/squad section/platoon c'est la radio du groupe de tete qui s'est tu pas celle du CDS... le probleme c'est que le CDS resté au village avec les véhicules devait pas tout comprendre de ce qu'il se passait 1km plus loin.

Pour les TP ... je suis plus que dubitatif... sur les video d'Afghanistant on voit rarement d'FRF2 tres rarement de la a penser que les section partent sans TP il n'y a qu'un pas. C'est assez logique d'ailleurs ... dans une optique d'autodéfense soit tres rapproché - embuscade en bord de route, vehicule roulant  - soit tres éloigné - RPG tiré a pas loin du kilometre -, la pertinance des TP avec carabine a verrou est peu évidente ;) Par contre avec un HK417 pourquoi pas, vu qu'il peut vider son chargeur assez rapidement ...


Les temoignages "non filtré" des rescapés vont sortir dans la presse cette semaine ... visiblement ca confirmerait grosso modo ce qui s'est dit, en y a apportant la logique interne des choix et impératifs.

Bon c'est clair le doc canadien est un compte rendu des groupe TACP US.

Pour les munitions ... les premiers ravito ont été des munitions US pour les 12.7 qui se sont retrouvé rapidement a cours ... la dotation de 600cps par VAB 12.7 se confirme. pour les 6/7 chargeurs de 25cps des fantassins pareil.

Le compte rendu complet va sortir rapidos il semble...


La polémique sur le matériel continu comme elle a eu lieu en Angleterre.

Plusieurs soldats sont mort de blessures par balle aux flancs ... mal protégé par le gilet en dotation rapportent les parents des victimes.

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ca commence à sentir le chaud pour cette histoire de raport version dahut ou arlesienne

un/des journalistes signalent qu'a force de nier l'existence de ce doc, il va finir par sortir dans les medias et ça va faire mal

http://www.michaelyon-online.com/index.php?option=com_content&view=article&id=2166:french-and-nato-intentionally-deceiving-the-public&catid=34:dispatches&Itemid=55

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ca commence à sentir le chaud pour cette histoire de raport version dahut ou arlesienne

un/des journalistes signalent qu'a force de nier l'existence de ce doc, il va finir par sortir dans les medias et ça va faire mal

http://www.michaelyon-online.com/index.php?option=com_content&view=article&id=2166:french-and-nato-intentionally-deceiving-the-public&catid=34:dispatches&Itemid=55

A part nous dire qu'il n'y avait que 15 taliban et pas 150 je vois trop  ce qui pourrait faire mal.

Je sens surtout l'impuissance d'un type, spéctateur sans grand moyen d'action sur les événements.

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A part nous dire qu'il n'y avait que 15 taliban et pas 150 je vois trop  ce qui pourrait faire mal.

Si j'ai bien compris, il est possible que 4 gars aient en fait été égorgés plutôt que tués par balles. Enfin, maintenant, ils sont bel et bien morts, de quelque façon qu'ils aient été tués...

Peut-être aussi que la défense n'a pas été aussi coordonnée côté français que l'on nous l'a dit...

Bref, il reste peut-être encore des "détails" déplaisants cachés sous le tapis...

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le fait qu'on nous sorte au grand jour (pour ceux qui savaient pas) que l'armée (toues les armées y compris l'OTAN) sont des gros pipeauteurs ??

tu avoueras que ça la foutrait (officiellement et en terme d'opinion publique) un peu mal

Va falloir faire des corvées de bois de journalistes: quand on sait pas faire avec le nouveau, faut utiliser l'ancien  ;).

le fait qu'on nous sorte au grand jour (pour ceux qui savaient pas) que l'armée (toues les armées y compris l'OTAN) sont des gros pipeauteurs ??

tu avoueras que ça la foutrait (officiellement et en terme d'opinion publique) un peu mal

Quod est veritas? Les armées qui, après avoir fait leur pitch formaté de 2 minutes pour les médias et à leur seule et complète gloire, rendent enfin un compte rendu détaillé, ont-elle dit la vérité, même si ce fut laborieux? Ou bien les journalistes citant telle ou telle "source indéfinie" ont-ils systématiquement raison face à l'institution par essence mensongère?

Personne ne sait si 4 soldats ont été égorgés, ni, si c'est bien le cas, si ces 4 soldats étaient encore en vie quand des talibans avec couteaux sont venus se finir sur leur cadavre pour la théâtralité, l'aspect psyschologique et la propagande. Donc pas la peine d'en gloser à moins d'avoir un film montrant l'événement, où, étant sûr de l'authenticité du document, on verrait clairement 4 soldats se faire égorger en gigotant et en hurlant. En l'absence de preuves de cet acabit, discuter de ça, c'est comme gloser sur le sexe des anges ou le chat de Schrödinger.

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De toute façon, ça change quoi qu'ils aient été égorgés ou transformés en écumoire à la M74?, ils sont plus morts si on leur fait un second sourire? Le débat n'est pas tant de savoir comment mais pourquoi.

_Pas assez de mun en dotation (tiens, une nouveauté, on ne le savait pas ça...)

_Gilet merdique et en plus qui laisse des prises aux balles grosses comme des avenues (ça aussi c'est une nouveauté. Il suffit de voir ce foutu gilet pour s'apercevoir que c'est de la brave daube.)

_Appui portatif trop limité, plutôt que des armes antichar, il nous faut des FAE.

_Matériel peu adapté aux conditions locales en général. Sans parler de l'âge...

Là dedans il n'y a quasiment rien de nouveau. Sauf qu'il est plus économique à court terme (le long terme ils s'en branlent, ils ne seront plus au gouvernement à ce moment là) d'envoyer nos gars en claquettes et de les faire rentrer dans des caisses en sapin que de les équiper comme il se doit.

Vous imaginez du matos neuf pour nos pioupious en crash? Enfin, ailleurs qu'en rêve je veux dire. Faut pas rêver justement, nos bidasses ont de la merde, quand ils ont de la chance, sinon ils n'ont rien. La Verte a toujours été le parent pauvre de l'Armée de toute façon et ce n'est pas près de changer.

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Article intéressant : http://www.valeursactuelles.com/public/valeurs-actuelles/html/fr/articles.php?article_id=3321

Qui montre que les liaisons radios n'ont pas été totalement perdues entre Carmin 2 et le reste des troupes.

Clairon

Ce que racontent les paras rescapés révèle une succession d’actes individuels de courage. Leur professionnalisme a permis de limiter les pertes et d’infliger des coups terribles aux insurgés.

Lundi 18 août, 9 heures. Une colonne blindée d’une centaine d’hommes est formée. Elle est composée de deux sections françaises embarquées sur VAB (véhicule de l’avant blindé), deux sections de l’armée afghane formées par les Français, douze hommes des forces spéciales américaines, dont une équipe de guidage aérien. Estimation du renseignement militaire : « La menace a jusqu’alors été le fait d’individus ou de petits groupes commettant des actions isolées… L’insurrection n’y a jamais démontré la capacité ou l’intention de réaliser des actions coordonnées d’ampleur significative. »

13 heures. Carmin 2, commandée par l’adjudant Gaëtan Évrard, arrive à Sper Kunday. L’objectif est un col qui culmine à 2 000 mètres, dominé par des crêtes aux pentes abruptes. La route se transforme en piste, les blindés doivent stopper, il faut poursuivre à pied.

Les VAB et leurs mitrailleuses de 12,7 millimètres se placent dans l’axe du col, situé à 1 500 mètres du village. L’adjudant donne ses ordres. L’ascension commence.

Adjudant Gaëtan Évrard

34 ans, chef de section, dix-sept ans de service

« Je passe en colonne dès que le sentier serpente. Vu le barda, la progression est lente. Il fait chaud. J’ordonne aux chefs de groupe d’accélérer. » Les hommes portent chacun six chargeurs à 25 cartouches et le lourd gilet pare-balles. Un para est victime d’un coup de chaleur. Il reste en arrière avec l’infirmier, un caporal-chef du 2e régiment étranger de parachutistes. « Je demande aux tireurs d’élite de me renseigner sur ce qu’ils voient vers l’avant. Rien à signaler, répondent-ils, en précisant que le premier groupe est à 100 mètres du col. »

13 h 45, heure H. Dans le dernier lacet, l’enfer se déclenche. En une seconde, l’air est saturé de détonations, de rafales et d’explosions. C’est une embuscade. Les réflexes jouent instantanément. « Tout le monde se jette derrière les maigres rochers qui jalonnent la pente. La position est précaire, la section est étalée sur plus de 100 mètres, de bas en haut. Un feu intense laboure la pente pendant près d’un quart d’heure. » Les paras se fondent aux rochers pour éviter les balles. « J’ai tout de suite le contact radio avec le groupe de devant. J’apprends que mon adjoint est blessé, avec deux autres gars. »

Le bruit est assourdissant. Les impacts au sol soulèvent une poussière étouffante. « J’essaie de m’abriter derrière un gros rocher avec cinq paras, dont le radio et le tireur d’élite. D’autres sont à quelques mètres mais pas visibles. » Le sol est haché par la mitraille. Il est impossible d’aller chercher les blessés. « Un de mes chefs de groupe arrive pourtant à me rejoindre. Il est tout blanc, il titube, une balle dans le ventre. On l’allonge, on lui enlève son pare-balles, son casque et on lui met un pansement compressif. Des tirs se déclenchent des crêtes de gauche et de droite. Nous sommes pris entre deux feux. »

Les paras ripostent du mieux possible mais sans voir les assaillants. Les rochers fracassés se transforment en autant d’éclats. « J’ai le visage en sang, d’autres sont criblés aux jambes, aux bras. Le tireur d’élite réussit à abattre plusieurs silhouettes, furtivement aperçues sur la ligne de crête. Plus haut, on entend des rafales de Famas. » C’est la preuve que la section réagit. Les paras se battent. Et bien.

D’en bas, les mitrailleuses des VAB crachent bandes sur bandes pour contenir les talibans et permettre à la section de se dégager. Par deux, par trois ou seuls, les paras isolés entre les rochers se défendent. Ils rendent coup pour coup, alors que les talibans tentent de se rapprocher. « Le sergent Cazzaro me crie que l’ennemi est au plus près. Je perds la liaison avec la section du RMT au village mais je joins le capitaine à Tora. » Évrard réussira à maintenir la liaison radio : « Mon capitaine, dépêchez-vous ! Personne n’est plus en mesure de m’appuyer… Je suis fixé par des feux nourris. C’est Bazeilles ici, mon capitaine. C’est Bazeilles ! »

H + 25 minutes. Évrard a fait une demande d’appui aérien. Dix minutes plus tard, les avions A10 américains sont sur la zone. L’imbrication des combattants est telle qu’ils renoncent à tirer. C’est ce que les talibans cherchaient. Au même moment, un groupement renforcé quitte Tora.

Évrard est blessé. « J’ai senti un choc à l’épaule mais j’ai toujours pu utiliser ma main. Je sentais un picotement mais je n’ai pas regardé tellement on nous tirait dessus. » Originaire des Ardennes, dur au mal, le sous-officier est tout entier à son commandement, sous le feu ennemi. « En fait, j’ai compris que j’étais vraiment bien touché quand on a pu se dégager. »

Les tirs deviennent de plus en plus précis. « Nous nous sommes resserrés car les balles tapaient très près. Ce n’était plus des rafales mais des tirs de précision. J’ai vu un taleb tué par mon tireur d’élite. Le gars a glissé le long d’un rocher, son fusil de sniper a suivi. »

Le poste radio est resté à découvert. Évrard tient le combiné mais le fil est trop tendu. L’opérateur est occupé à sauver le chef de groupe blessé. Il alterne désespérément le bouche-à-bouche et un massage cardiaque. Une balle lui traverse la main. Il se redresse et mon­tre sa main à Évrard. Le sang coule. « Putain, mon adjudant… » Évrard gronde : « Attends, tu crois quoi ? Continue le massage. On verra ta blessure après ! Il m’a regardé avec cet air que je lui connaissais bien, cette grimace comique d’étonnement qu’il me faisait chaque fois que je l’engueulais ou qu’il en bavait au stage commando. »

La radio est toujours à découvert. Les impacts de balles se rapprochent dangereusement. L’opérateur s’en aperçoit : « Mon adjudant, je vais chercher la radio. » Il fonce sous le feu et revient avec le poste. « Il le pose sur mes genoux, sous des tirs redoublés. Les balles claquent tout près. Alors… il s’est mis devant moi, comme pour me protéger. Il m’a regardé. C’est à ce moment-là qu’il a été mortellement touché. Je n’oublierai jamais sa grimace et son petit sourire. » Ce sacrifice symbolise la formidable cohésion de Carmin 2.

La position est intenable. Pour couvrir l’adjudant qui parvient à descendre un peu, les paras organisent une boule de feu en vidant leurs chargeurs vers la crête. Le tireur d’élite resté près du rocher pour protéger le départ de ses copains est tué. Avant de mourir, il aura le temps de murmurer : « J’en ai descendu huit… huit ». Évrard se retrouve près d’un autre para, resté avec l’infirmier légionnaire qui a le genou fracassé. Dans le civil, le caporal-chef du 2e Rep avait déjà sauvé deux personnes. Il sera retrouvé mort, après avoir réussi à mettre à couvert trois de ses camarades.

H + 2 heures et 5 minutes. Carmin 2 a commencé à se replier, appuyée par des hélicoptères et A10 américains. L’appui va durer une heure. Évrard arrive à rejoindre les blindés.

20 heures : la nuit est tombée. Les renforts venus de Kaboul sont arrivés. Quelques paras réussissent à se dégager. D’autres restent entre les rochers, à faire le coup de feu, seuls dans la nuit. « On économisait les cartouches car on se battait depuis près de huit heures ! Nous avions perdu toute notion du temps, saoulés par les tirs… ».

H + 8 heures 15, Sper Kunday est sécurisé. Les premiers corps sont relevés sur les pentes. Le col sera repris au lever du jour et les accrochages se poursuivront jusque vers 12 heures, ce 19 août. Les combats ont duré près de vingt heures. Près de 80 rebelles seront tués.

Pendant toute la durée de l’engagement, l’adjudant Évrard, blessé, a pu garder le contact radio avec son capitaine et avec ses hommes qui contenaient les talibans près du col. Il a su aussi diriger le tir des mitrailleuses lourdes du sergent Andrieux, 600 mètres plus bas. Tous disent : « On a fait comme on l’a appris à l’instruction ! »

Sergent Romain Andrieux

23 ans, chef du groupe appuis, trois ans de service

Ses quatre VAB déployés près du village, leurs mitrailleuses de 12,7 pointées vers le col, Andrieux fournit le premier appui feu. « J’ai désigné les secteurs de tirs à chacun de façon à couvrir l’ensemble des points hauts. » Il observe à la jumelle. « On voyait la section progresser par les lacets. Ça montait raide. Le feu s’est déclenché d’un coup. J’ai aussitôt fait riposter. »

Les premiers tirs viennent du col mais les VAB d’Andrieux sont aussi pris à partie. « Les balles s’écrasent au sol et sur les blindés. Une roquette antichar venue de la droite passe au-dessus de nos têtes et explose un peu plus loin. En haut, la fusillade monte en intensité. D’autres roquettes sont tirées mais sans dommage. J’ai assez vite le contact radio avec l’adjudant Évrard, pour qu’il dirige mes tirs. Même à la jumelle, je ne vois pas les talebs. »

Le sergent fait tirer toutes ses pièces. Les rafales de 12,7 balaient les crêtes. Pour les talibans, Andrieux est un objectif de choix. « Mes tireurs à la mitrailleuse sont obligés de se poster sur la tourelle ouverte, la tête et les épaules exposées. Mes pilotes sont à terre, plaqués aux blindés. Ils ripostent au Famas, mais sans grande efficacité à cause de la distance. On ne pouvait pas rester longtemps à la même place car les impacts se rapprochaient dangereusement. Ils sont vite passés aux tirs de précision. »

Les impacts soulèvent des nuages de poussière. « Le plus inquiétant, ce sont les balles qui frappent le blindage et ricochent en miaulant dans tous les sens. Les tirs ne se sont jamais arrêtés. Quand ça tirait de la gauche, on basculait du côté droit des VAB et inversement. Une balle m’a traversé la jambe de pantalon, une autre a coupé la mentonnière du casque de Gil. »

Les réserves de bandes de mitrailleuses diminuent. Il faut aller en chercher, mais à découvert, au VAB resté en protection arrière. Un Hummer américain s’approche, riposte et donne des caisses de cartouches aux Français. « Vu qu’on tirait beaucoup, il fallait souvent changer les caissons sur le toit des VAB. Les pilotes montaient pour le faire, sans hésitation. Ils comprenaient l’ordre, même si ça tirait plus dès qu’ils se montraient. On pensait surtout aux copains restés là-haut. »

Au crépuscule, Andrieux est informé par radio qu’Évrard et quelques blessés arrivent vers lui. « On tente d’aller à leur rencontre mais il nous est impossible de dépasser la dernière maison du village : les tirs se concentraient sur nous. On a fait alors une boule de feu en tirant de toutes nos armes pour leur permettre de traverser le découvert et d’embarquer dans les VAB. On n’avait pratiquement plus de munitions de 12,7. J’avais gardé une demi-bande. Au cas où… »

Première classe Philippe Gros

20 ans, radio-tireur, quinze mois de service

Anglophone, Gros assure la liaison avec l’interprète afghan qui accompagne le chef de section. « Au déclenchement du feu, je suis un peu en arrière de l’adjudant, avec son adjoint. Nous remontons aussitôt à son niveau pour nous abriter derrière un gros rocher, autour de l’adjudant, pour le protéger. Lui avait son combat à mener, nous le nôtre. »

Réflexes professionnels instantanés : les paras protègent leur chef qui rend compte et coordonne la manœuvre. Ils se répartissent les secteurs de tir. « On n’a pas riposté immédiatement pour éviter les tirs fratricides : les autres groupes étaient entre nous et le col. On ne voyait rien, même pas les copains à quelques mètres. Trop de poussière. En revanche, les talebs devaient bien nous voir car leurs balles tapaient très près. Ils nous arrosaient méchant, avec des fusils de sniper Dragunov. »

Un gradé quitte le rocher pour se renseigner sur la situation vers le col. « Il redéboule quelques minutes plus tard. Au moment d’atteindre notre abri précaire, il est touché au ventre, sous le gilet pare-balles. On lui prodigue les premiers soins. » L’adjoint part à son tour pour tenter de dégager les paras coincés plus haut. « Je ne l’ai pas vu revenir… »

Le radio continue son massage cardiaque au blessé mais les coups se rapprochent. « Les talebs changent de place et nous débordent par la droite. Le blessé est touché une seconde puis une troisième fois. Je n’avais pas vu que l’adjudant était lui aussi blessé mais on ne voulait pas l’emmerder avec ça : il avait autre chose à faire. Le capitaine demandait des comptes-rendus pour pouvoir agir. »

L’opérateur radio décide de faire écran de son corps devant Évrard. Il est touché. Le coin devient intenable. « Il fallait partir mais chaque tentative provoquait une volée de balles. On est resté à trois pour permettre à l’adjudant de partir. Il était la pièce maîtresse, il fallait qu’il dégage pour garder le contact radio. Un autre copain est tombé. Il s’est recroquevillé sur le sol. J’ai voulu foncer pour le mettre à l’abri mais c’était impossible, le sol était criblé d’impacts devant moi. On s’est retrouvés bloqués avec Dussaing et Marchand, obligés d’attendre la nuit. »

Le petit groupe va s’esquiver en rampant le long des murettes. « Marchand est blessé, l’épaule démise. Il ne peut pas ramper. Il demande qu’on le laisse sur place mais on ne veut pas l’abandonner. » La nuit commence à tomber. « Avec l’obscurité, on s’est dit qu’on allait pouvoir se tirer mais les talebs ont commencé à descendre vers nous. Marchand balance une grenade qui en couche quatre ou cinq. » Ils sont repérés, les tirs reprennent. « Je me suis alors déporté en rampant pour les prendre à revers. Dussaing lance une grenade pour les obliger à changer de place. J’en ai vu quatre et j’ai réussi à en avoir deux au Famas. On en a entendu deux autres parler au talkie-walkie. Après une nouvelle grenade, plus rien ! On s’est dit : ils sont “caisse”, faut y aller ! »

Au même moment, surgit un avion A10 américain qui lâche une rafale d’obus de 30 millimètres, juste au-dessus d’eux. « On a voulu profiter de la poussière pour se dégager. » Les deux paras s’enfoncent dans la nuit, par bonds successifs, en évitant la piste matraquée par les tirs. Ils tombent sur un VAB dans un fossé. « En l’ouvrant, on trouve Hamada. Le caporal a le bras sérieusement abîmé. L’habitacle est couvert de sang. Il s’était posé un garrot mais mal. Je le lui refais correctement. On essaie de sortir le VAB du fossé. Impossible. On reprend le chemin de l’arrière. » Avant de quitter les lieux, les paras ont la présence d’esprit de « péter ce qu’il faut » pour que rien d’intéressant ne tombe aux mains des talibans. « Plus tard, on a su le nombre de tués chez nous… Mais on sait qu’en face, on en a couché plein. »

Première classe Vincent Paul

20 ans, tireur d’élite, quinze mois de service

Paul a remplacé le para victime d’un coup de chaleur dans le groupe de tête. Il se retrouve donc au plus près des insurgés, sur le col. « Dès les premiers tirs, on s’est plaqué contre la murette de pierres. On était cinq, recroquevillés au maximum, cernés par les impacts. Les balles tapaient à vingt centimètres de nos pieds. On a riposté mais on ne voyait rien. Notre copain qui marchait en tête de la section, plus haut, était blessé mais hors de vue. »

Les talibans sont très proches. « Mon voisin me dit qu’il a repéré une tête entre des cailloux. Dans la lunette de mon fusil, j’aperçois une petite meurtrière faite de pierres plates. Derrière, une ombre qui bouge. Je tire, hausse 600, mais sans voir l’impact. Je corrige : 400 mètres, paf ! Je tape dedans. Tout le monde tirait, Hamada a balancé une grenade à fusil. On ne pouvait se mon­trer que quelques secondes à découvert car, en face, ils nous alignaient vite. C’est au bout d’une heure et demie qu’on a vraiment ramassé. »

Les talibans tentent de prendre les paras en enfilade par la droite. « En trois secondes, tout le monde a été touché. Les blessés gémissaient en essayant de se faire le plus petit possible. Le seul salut était de passer la murette. On a tous plongé en paquet et on s’est abrité derrière deux gros rochers. Le caporal-chef Grégoire a fait une piqûre de morphine à Weatheane. Les autres se soignaient comme ils pouvaient. »

Les balles ricochent, les valides ripostent sans arrêt. « On était huit, trop nombreux derrière ces rochers. Il fallait dégager de là. Le sergent est parti avec un autre pour essayer de rejoindre l’adjudant. Avec Weatheane et Garabedian, on a rejoint un petit talweg qui semblait mener au village. On a progressé par bonds, car on était tiré tout le temps. Le caporal-chef avait le bras en bouillie, il souffrait beaucoup. »

Le combat ne faiblit pas : explosions, rafales, fumées, poussière, toute la montée vers le col est sous le feu, les VAB en appui aussi. Les mitrailleuses françaises arrosent quand même les crêtes. « J’ai vu des A10 arriver de la vallée et remonter la pente à basse altitude, en tirant sur les insurgés mais juste dans notre axe. Il faisait sombre, j’avais peur qu’ils nous touchent. J’ai pris une petite lampe et lancé plusieurs SOS : trois points, trois traits, trois points. À un moment, l’avion est passé en latéral. J’ai vu la silhouette du pilote. Il m’a fait des signaux avec une lumière rouge. Il avait compris. » Soulagement.

Il faut continuer à descendre. À l’approche de la première maison, Paul voit des silhouettes. « À la forme des casques, j’ai compris que c’était des Français. “Eh les gars, c’est moi, Paul !” Ils se sont aussitôt postés. J’ai répété plusieurs fois mon nom, puis on m’a répondu : “Carmin 2 ?” Je me suis approché et j’ai reconnu le lieutenant de Carmin 3. » Grâce à Paul, le caporal-chef blessé sera récupéré, d’autres renseignements seront fournis.

Durement éprouvée, Carmin 2 a été rapatriée à Castres. Pour la relève, les volontaires du 8e RPIMa ont été très nombreux. La 1re section de la 3e compagnie a été désignée. Commandée aussi par un adjudant, un “fils du 8”, arrivé simple parachutiste en 1990, cette section est maintenant à Kaboul. La mission continue pour ce régiment soudé comme jamais par l’épreuve.

Enquête de  Jacques Antoine

Nota Ces témoignages ont été expurgés de tout renseignement exploitable par les talibans. Par respect pour les familles, certains noms et incidents n’ont pas été reportés. Cette enquête exclusive a été conduite en partenariat avec “le Journal d’ici”, l’hebdomadaire de Castres.

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Respect pour les braves

ce que je retiens aussi c'est que visiblement nos GBP ne sont pas à la hauteur (un blessé au ventre, zone parmi les plus protégées) ??

hum faudrait revoir un peu ça ...

Contre un SDV a moins de 100m c'est presque tout vu. Meme si sur des video US en irak on a vu des mec s'en tirer sans bobo je suppose que c'était de bien plus loin.

Par contre y a plusieurs morts pas blessures aux flancs ... et ca les gilet plus moderne peuvent limiter sérieusement la casse.

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Un classe III (A) ne peut stopper une 7.62R, faut pas chercher plus loin, par contre il va méchamment l'amoindrir. Les plaques de renfort IV de l'IOTV par contre l'arrêtent même en version AP paraît il et à cent mètre comme à 10; Il y avait une vidéo intéressante à ce sujet où un gars shootait un Interceptor upgradé à quelques mètres avec une .308 si je me trompe pas pour montrer l'avancée en terme de protection, l'ancienne plaque était explosée en morceaux, la nouvelle, souple, avait encaissé le coup sans bronché. Et le GI descendu et survivant portait cette nouvelle plaque.

Un des problèmes cependant c'est que non seulement nos gilets protègent mal en plus d'être de faux III mais en plus ils sont TRES encombrants pour leur poids (10.5kg si je me plante pas) et souples comme de la brique.

Puisqu'on est si copains avec les iouesses, pourquoi on leur prend pas des IOTV avec renforts classe IV? Ca nous évitera des morts et blessés inutiles.

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Il y a fort à parier que ces class IV feront partie des équipements d'urgence...

Où alors c'est à désespèrer...

non?

Normalement une commande de plusieurs centaines a été passé depuis le printemps chez Ciras et Paraclete ... le truc c'est que je sais toujours pas exactement qui va en hérité. Philippe avait l'air assez au  courant.

L'actuel classeIII

Image IPB

Le CIRAS EAGLE industry

Image IPB

Le Paraclete MSA

Image IPB

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Sauf que ces gilets couvrent moins qu'un IOTV... tout ça pour des soit disant économies ou favoriser un fabricant...

Les deux gilet on divers accesoire en plus filé en package ... y a plein de truc ... pour le cou les époule ... le bas ventre et tout plein de truc encore ... mais bon meme le GIGN utilise pas ces machin tellement c'est pas pratique du tout avec.

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