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Les difficultés françaises au Niger, pour des raisons propres au Niger ajoutées au fait que comme d'habitude [1], l'oncle Sam tire dans les pattes des Français, ne peuvent que faire le miel de l'Algérie :

Le 16/04/2018 à 12:24, Wallaby a dit :

http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/2011/06/25/the-usual-experts/ (25 juin 2011)

L'Algérie, aveuglément cramponnée au dogme de la résistance à l’oppression étrangère et qui, de toute façon, contredirait même la France – mais pas l’Empire [les États-Unis d'Amérique], allez savoir pourquoi – sur la date d’hier.

[1] pour changer du refrain sur l'AUKUS, et rester focalisé dans le sujet africain, rappelons nous la délicieuse Susan Rice :

https://world.time.com/2012/12/18/malis-crisis-is-the-plan-for-western-intervention-crap/ (18 décembre 2012)

Il existe un fossé entre les responsables français - qui affirment désormais qu'une opération mandatée par l'ONU au Mali sera approuvée avant Noël - et les responsables américains dubitatifs, comme l'ambassadrice de l'ONU Susan Rice, qui aurait qualifié le plan d'intervention soutenu par la France et les nations africaines de "merdique".

Modifié par Wallaby
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il y a 49 minutes, Pol a dit :

ils ne comprennent pas ce qui se passe, ils ne savent pas quoi faire. Ils sont dans une situation de suivisme encore une fois, ils s'accrocheront à ce que nous allons faire.

Les USA savent surtout qu'en approche d'une année électorale, ils ne veulent surtout pas être entraînés dans une guerre, d'où l'option qu'ils semblent pousser d'un dialogue avec la junte  avec conditions drastiques pour prix de son maintien en place.

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il y a une heure, BPCs a dit :

Les USA savent surtout qu'en approche d'une année électorale, ils ne veulent surtout pas être entraînés dans une guerre, d'où l'option qu'ils semblent pousser d'un dialogue avec la junte  avec conditions drastiques pour prix de son maintien en place.

J'entends cela à chaque fois, c'est un refrain qui ressort systématiquement. Un pays qui a une élection présidentielle tous les 4 ans, avec les midterms au milieu, puis l'élection des représentants de parti, bref ils ne feraient alors jamais rien...

En vérité, c'est surtout que certains semblent attendre impatiemment cette élection américaine dans l'espoir d'un changement, comme par exemple ceux qui espèrent voir Trump gagner pour qu'il cesse l'aide à l'Ukraine. Mais fondamentalement les USA c'est bien plus complexe que la simple destinée d'un président, il y a toute une multitude d'influence et de lobby qui construit le système politique américain.

En tout cas ce n'est certainement pas le Niger qui va plonger les USA dans une guerre, ce serait surestimer la situation du problème nigérien. D'ailleurs c'est bien aussi sur cette peur d'un "conflit" que certains cherchent à jouer pour éviter qu'il y ait une intervention. On est dans une phase de dissuasion, mais concrètement ce n'est pas la junte militaire qui va poser un problème militaire à ceux qui vont intervenir. Je l'ai déjà répété, l'armée nigérienne ne va pas se battre à mort pour sauver le cul de cette junte, elle rentrera dans le rang de ce qui se présentera. Le problème extrémiste se trouve dans le noyau de population qu'on voit hyperactif dans les rues, pas dans les forces militaires. Il faudra rapidement que les nouvelles autorités agissent pour contenir et démanteler ces groupes.

 

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Pour Howard French les Etats-Unis sont très désengagés vis à vis de l'Afrique, font le service minimum, et naviguent à vue

https://foreignpolicy.com/2023/08/08/niger-coup-ecowas-nigeria-tinubu-regional-cooperation-multilateralism-statebuilding/

Washington a surtout traîné pendant des décennies en Afrique, changeant de slogans politiques toutes les quelques années en fonction des marées de la mode, mais s'en tenant principalement à deux messages pour les Africains. Le premier : Ne comptez pas sur nous pour vous aider à dynamiser vos économies. Nous vous souhaitons bonne chance dans la poursuite de ce que l'on appelle les "partenariats public-privé", qui ne signifient généralement pas grand-chose pour le premier et pas grand-chose non plus pour le second, à moins que les entreprises privées ne soient impliquées dans le pétrole et le gaz.

L'autre thème bien connu est, bien sûr, la démocratie. Les décideurs américains prétendent l'aimer en Afrique, mais ils n'ont jamais fait preuve d'une grande habileté pour trouver comment la promouvoir - ni, comme le coup d'État du Niger l'a amplement démontré, pour la défendre lorsqu'elle est attaquée.

Cela ressemble étrangement à la politque américaine à Haïti :

https://responsiblestatecraft.org/2023/08/08/un-closer-to-approving-armed-intervention-to-secure-haiti/

Malheureusement, explique aujourd'hui M. Concannon à RS, très peu de choses ont changé depuis. Haïti, dit-il, est "coincé dans une ornière où il y a un gouvernement illégitime, répressif et corrompu que les États-Unis soutiennent".

Pour défendre un peu les Américains, il me semble qu'il y a par exemple à l'USAID, des gens qui essaient d'analyser les choses en profondeur :

Le 18/12/2014 à 16:06, Wallaby a dit :

ttp://www.usaid.gov/sites/default/files/documents/1866/Nigeria%20Cross-Sectoral%20Conflict%20Assessment%20Final%20Report.pdf (août 2014)

Rapport de 54 pages en anglais de l'USAID l'organisation humanitaire du gouvernement américain qui essaie d'analyser en profondeur les maux de la société nigériane. Je n'ai lu que les conclusions :

La politique du "vainqueur-qui-prend-tout" a des conséquences dévastatrices ;

La mauvaise gestion des ressources naturelles et la compétition accrue pour l'accès aux terres génèrent des conflits ;

Les besoins et revendications économiques contribuent à la violence (en particulier un chômage de 54% pour les jeunes en 2012) ;

Des associations se créent pour remédier à la violence ;

La résilience des populations et les mécanismes de survie sont remarquables.

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La rigolade continue et en plus les putschistes jouent au Caliméro

Au Niger, le régime militaire annonce vouloir poursuivre le président Bazoum pour haute trahison. Les putschistes ont dénoncé « les sanctions illégales, inhumaines et humiliantes » de la Cedeao à l’encontre du pays. Le chef d’une délégation de religieux nigérians a assuré que la junte était « ouverte pour explorer la voie diplomatique ».

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/13/au-niger-le-regime-militaire-se-dit-ouvert-a-la-voie-diplomatique-selon-la-mediation-religieuse_6185325_3212.html

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https://www.lefigaro.fr/international/niger-17-soldats-tues-et-20-blesses-dans-une-attaque-pres-du-mali-20230816

Attaque à la frontière entre le Niger et le Burkina Faso, 17 morts et 20 blessés parmi les forces armées nigeriennes. Évidemment, les assaillants se seraient fait étriller lors de leur repli (par qui ???).

J'ai l'impression que certain GAT essayent de tirer partie de la brouille entre les autorités nigeriennes et les occidentaux tant que cela dure... ce qui semble indiquer qu'ils ne croient pas non plus que cela durer indéfiniment.

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On 8/13/2023 at 10:41 AM, PolyPhen said:

Une analyse intéressante qui illustre la prise de distance des Etats-Unis vis-à-vis de la politique française en Afrique et plus singulièrement à l'aune des événements qui secouent actuellement le Niger.

https://www.iveris.eu/list/notes/573-au_niger_la_france_lachee_par_ses_allies

L’activisme américain au Niger n’a rien de surprenant, compte tenu de leurs intérêts stratégiques dans le pays. Cependant, la visite de Victoria Nuland à Niamey, qui n’était pas inscrite à son agenda, a surpris tout le monde. Quelques jours plus tôt, Catherine Colonna s’enorgueillissait d’être sur la même ligne que celle de Washington, apparemment ce n’était pas réciproque. En s’asseyant et discutant pendant deux heures à la table des militaires, Victoria Nuland a signifié à Paris qu’elle prenait la direction des opérations. Dans le langage fleuri de la diplomate cela pourrait se résumer ainsi : « On ne peut pas laisser les mangeurs de grenouilles gérer ce dossier, ils vont nous ramener Wagner. » !

Deuxième message envoyé à l’Elysée et au camp des durs de la CEDEAO qui se préparaient à employer la manière forte : nous privilégions le dialogue. En cela, la Secrétaire d’Etat par intérim, réitérait la position d’Anthony Blinken qui dès le 2 août s’accordait avec le Président de l’Union africaine, Moussa Faki, pour convenir qu’ « il n'y a pas de solution militaire acceptable » à la crise au Niger. 

Il ne faut pas se méprendre, l’administration Biden ne souffre pas d’un brusque accès de pacifisme. A quelques mois de l’élection présidentielle de 2024, ils ne peuvent tout simplement pas prendre le risque de soutenir un nouveau conflit. Ils sont embourbés en Ukraine où la contre-offensive patine pendant que leur aide à Kiev devient chaque jour plus impopulaire à l’intérieur du pays. Ils sont également dans une position délicate en Syrie et dans le détroit d’Ormuz face à l’Iran où la marine américaine vient de déployer 3000 hommes. Pendant ce temps les tensions en mer de Chine persistent.

Rome et Berlin, tous deux présents militairement au Niger, se sont ralliés à la position américaine. Depuis le départ des troupes françaises du Mali, les deux capitales cherchent à se démarquer de Paris sur les dossiers africains pour ne pas être contaminés par la bronca envers la politique française. Si l’Allemagne a fait dans la sobriété en indiquant « privilégier la médiation », l’Italie n’a pas pu s’empêcher de tacler la France. Dans un entretien à la Stampa, le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a ainsi déclaré « L'Europe ne peut pas se permettre un affrontement armé, nous ne devons pas être vus comme de nouveaux colonisateurs. Au contraire, nous devons créer une nouvelle alliance avec les pays africains, qui ne soit pas basée sur l'exploitation. Nous devons reporter l'option de la guerre le plus possible. »

Il est intéressant de noter qu’aucun des alliés de la France ne s’est exprimé sur le départ des troupes françaises demandé par les militaires au pouvoir à Niamey. Pas un n’a repris l’argument de Paris sur l’illégitimité de la décision. Pas de grandes déclarations non plus autour du rôle de la France dans la lutte contre le terrorisme, dans la protection de la frontière sud de l’Europe, de l’immigration, autant d’arguments pourtant assénés depuis des années par ses alliés.

Cerise sur le gâteau, interrogé sur le Niger par la télévision publique ivoirienne lors de son passage à Abidjan, Victoria Nuland a déclaré « notre position est pareille à celle de la Côte d’Ivoire, à celle de la CEDEAO, de l’Union africaine, de l’Union européenne » Oups… elle n’a pas cité la France, ça ne peut être qu’un oubli…

La balle dans le camp nigérien…

Toutes ces raisons militent donc pour une non-intervention. Car aucun déploiement de la force en attente de la CEDEAO ne peut avoir lieu sans, a minima, l’aide logistique, l’appui aérien et les renseignements satellitaires de la France et des Etats-Unis. Sauf que bien sûr, il faut compter aussi avec les militaires nigériens. Accepteront-ils les conditions américaines ? C’est LA question qui déterminera la suite de l’histoire.

Si personne n’est dans le secret des dieux pour connaître la teneur des deux heures d’entretien que Victoria Nuland a eu avec les représentants de la junte, le compte rendu du département d’Etat mentionne deux points essentiels : l’assurance pour les USA de garder leurs bases militaires et de fermer la porte à Wagner. Précision d’importance, à aucun moment il n’est question de "réinstaller dans ses fonctions le Président démocratiquement élu", Mohamed Bazoum, selon la formule désormais consacrée. Toujours selon ce document, elle a eu « une discussion franche et difficile » avec Moussa Salaou Barmou « leur type », « leur atout » au sein de la junte, comme le souligne le long article du WSJ qui lui est spécialement dédié. « Barmou est devenu le principal canal diplomatique entre les Etats-Unis et la Junte. » Celui qui pourra « aider à l’atterrissage en douceur de cette affaire ». Mais si Barmou est leur « gars », il est avant tout Nigérien et il n’est pas seul. Compte tenu de la montée des pressions, il semble que Victoria Nuland n’ait pas obtenu des assurances fermes sur ces deux points précis. Selon une source sécuritaire à Niamey, le CNSP (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, organe créé par les militaires au pouvoir) serait sur une ligne ni les uns, ni les autres…

En attendant la suite, les négociations tous azimuts se poursuivent. Le 10 août, le ministre des Affaires étrangères algérien était à Washington où il s’est entretenu avec le futur sous-secrétaire à la Défense, Derek Chollet. Selon le communiqué, ils ont tous deux évoqué « les développements de la crise au Niger et les voies et moyens à même de coordonner les efforts des deux pays tendant à renforcer les chances d’un règlement pacifique de la crise. » Une rencontre et une petite phrase qui en disent long sur la mise hors-jeu de la France dans la résolution de ladite crise…

 

Eh bien, s'il est si important pour la France que quelque chose soit fait au sujet du coup d'État au Niger, alors elle devrait agir. Il est ridicule de regarder les autres avec déception ou de prétendre que des bâtons sont mis dans vos roues par d'autres qui sont loin d'avoir le même niveau d'intérêt ou d'histoire dans la région que la France. Selon le Président Autonomie Stratégique, la France peut faire et fera ce qu'elle veut sans les États-Unis de toute façon, alors cette préoccupation et cet examen minutieux du sens caché des mots, et des omissions de mots, de la bouche de quelqu'un d'aussi peu pertinent (oui) que Nuland, eh bien cela en dit plus long sur l'auteur de l'article qu'autre chose.
 

Il en irait de même, mais à l'opposé, si nous parlions du Guatemala, là je doute que Washington attende avec angoisse un engagement sans équivoque et à gorge déployée pour restaurer le dirigeant guatémaltèque élu venant de Paris, ou de n'importe qui d'autre, d'ailleurs. C'est la réalité et aussi une question très simple pour l'Elysée, si c'est dans votre intérêt d'agir, alors pour l'amour de Dieu, agissez !
 

Je trouve que le point de vue/écriture de l'auteur est détestablement dégoulinant de narcissisme. Je ne comprends pas très bien non plus ce qu'il veut que les États-Unis fassent ou disent. Il est vraiment contrarié à ce point qu'un petit bureaucrate américain ait mentionné l'Europe, mais pas la France en particulier, alors qu'il s'adressait à une tierce personne sans aucun lien avec elle ? C'est soit un niveau de sensibilité pathologique, soit le reflet d'une haine sous-jacente plus profonde chez l'auteur.


Comme Pol l'a déjà astucieusement observé et expliqué, Washington est absolument reconnaissant que quelqu'un d'autre ait généralement pris l'initiative de s'occuper de ces problèmes dans une région à laquelle il est tout simplement impossible pour le gouvernement américain et ses citoyens de s'intéresser au niveau et à la priorité des principaux objectifs et engagements politiques qui sont déjà bien connus de tout le monde.  
 

Le Niger et l'Afrique se situent à un tout autre niveau de priorité et d'intérêt pour la France. C'est juste la réalité de base de la situation quand il s'agit de l'Afrique vis-à-vis des États-Unis, et il faut s'y habituer si ce n'est pas déjà le cas, cela ne changera probablement jamais, pour le meilleur ou pour le pire.


 

Tu as aussi commodément omis les parties de l'article qui trahissent l'auteur comme étant un suppôt inconditionnel de la Russie, manifestement un membre dévoué de l'église aveuglément anti-américaine. Si ton but était de me faire perdre du temps à considérer le texte comme un point de vue sincère, mais mal informé et mal orienté, alors je te félicite pour la mission accomplie.

 

On 8/14/2023 at 6:29 AM, BPCs said:

Les USA savent surtout qu'en approche d'une année électorale, ils ne veulent surtout pas être entraînés dans une guerre, d'où l'option qu'ils semblent pousser d'un dialogue avec la junte  avec conditions drastiques pour prix de son maintien en place.

Tu accordes trop de crédit et d'importance aux élections de l'année prochaine, la situation serait très peu différente si nous étions en 2021, le public américain n'est tout simplement pas intéressé à s'impliquer financièrement, politiquement, et absolument pas avec des troupes, dans un pays africain comme le Niger de sitôt, et tes voisins européens non plus (selon l'auteur mentionné plus haut). Il est évident qu'un niveau élevé d'engagement et d'intérêt pour la région est tout à fait spécifique à la France (de façon compréhensible, à mon avis).

Le Niger ne fait pas la une des journaux ici aux États-Unis, alors la France devrait faire ce qu'elle désire, car attendre des États-Unis qu'ils s'impliquent massivement ne fera qu'entraîner des retards et des déceptions.

Dans cette situation, il ne fait aucun doute que la junte est moins souhaitable qu'un gouvernement élu, mais pour les États-Unis, il y a un désir primordial de favoriser la position la plus facile, la moins impliquée et la moins explosive.

D'après ce qu'il semble, Washington veut simplement 1) conserver sa base militaire et 2) ne pas se laisser entraîner dans une situation encore plus merdique que celle que connaît déjà le Niger. Si d'autres sont capables de rétablir le président élu sans faire sombrer toute la région dans le chaos et la violence, alors c'est un bonus pour lequel les États-Unis seraient reconnaissants.

Si je devais deviner, tout en admettant que je me trouve ici sur les rives opposées de l'Atlantique, pour la France il s'agit 1) d'une base militaire dans la région, 2) du potentiel d'une crise de réfugiés/migration, et 3) de garder un pied géopolitique/influent dans les anciennes colonies de l'Afrique de l'Ouest. Ceci est mon humble, et étrangère, opinion, je n'ai aucun doute que tout le monde ici a un sens beaucoup mieux que moi des intérêts de la France dans ce contexte, donc je serai heureux d'intégrer tous les commentaires relatifs aux intérêts français dans le Sahel/Afrique.

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il y a 7 minutes, U235 a dit :

le public américain n'est tout simplement pas intéressé à s'impliquer financièrement, politiquement, et absolument pas avec des troupes, dans un pays africain comme le Niger de sitôt,

Pourtant il y a déjà 1000 soldats et 3 bases au Niger :

Le 09/08/2023 à 12:38, Wallaby a dit :

https://www.lefigaro.fr/international/drones-base-secrete-de-la-cia-millions-de-dollars-d-aide-pourquoi-les-americains-sont-au-premier-plan-au-niger-20230808

Actuellement, près de 1000 soldats américains sont déployés dans la base aérienne 101 située près de l'aéroport international Diori Hamani, à Niamey, qui sert de base de mission conjointe pour les forces américaines et françaises.

Les États-Unis disposent également d’une vaste base de drones dans la région d'Agadez, dans le centre du pays. Baptisée base aérienne 201, c’est, avec ses 25 kilomètres carrés, la deuxième plus grande base américaine en Afrique après Djibouti. Équipée de systèmes de pointe en matière de communication par satellite, cette base sert de principal centre de renseignement et de surveillance pour les Américains au Sahel. Washington aurait investi 110 millions de dollars pour sa construction et 30 millions de dollars par an pour sa maintenance. Elle accueille notamment des MQ-9 Reaper et des avions de transport C17. Autant d’appareils dont la libre circulation est mise à mal par la fermeture de l'espace aérien à la suite du coup d'État.

En 2018, le New York Times révélait l'existence d'une autre base secrète installée dans le désert, à Dirkou, au Nord, et qui serait tenue par la CIA pour lancer des attaques contre des insurgés islamistes en Libye. En outre, un accord militaire lie Washington et Niamey depuis 2015 sur «la sécurité et la bonne gouvernance», qui prévoit notamment de l’équipement et de la formation, ainsi que l’organisation de missions conjointes.

Cela veut dire que l'establishment politico-militaire, militaro industriel peut faire largement ce qu'il veut sous le radar de l'opinion publique, en catimini, en secret.

Il y a quelques conditions, parfois difficiles à remplir comme "zéro morts", etc...

Mais les choses n'ont pas fondamentalement changé depuis l'époque où Mark Twain dénonçait l'impérialisme. La politique impériale est très largement possible et le public est très largement indifférent.

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Humm Nuland? aka madame "fuck the EU"? Elle et ses confrères du département d'état  doivent en avoir autant envers la France.

Sur cette affaire le département d'état a une vision assez pragmatique et cynique, ils constatent que la démocratie, minée par des dirigeants militaires et politiques corrompus, est trop faible sur le continent Africain et qu'il ne suffit que d'un léger coup de vent pour la faire tomber pour le plus grand plaisir des russes et chinois. Du coup, quitte à avoir des juntes en veux-tu en voilà tout les quatre matins, autant leur graisser la patte histoire de savonner la planche de la concurrence et ainsi maintenir leurs intérêts. Après tout, la politique étrangère US maitrise ce sujet, ils en ont abusé dans suffisamment de pays pendant la guerre froide.

Les US en ont que faire de savoir si tel ou tel pays est démocratique ou non du moment qu'il vont dans le sens de leurs intérêts et en Afrique ils cherchent surtout à assurer leurs intérêts économiques, garder des moyens d'intervention et de surveillance contre des groupes qui pourraient les menacer et contrer l'influence russe et chinoise.

Pour le moment, c'est surtout nous que nous battons contre des moulins à vent avec le cul entre deux chaises, quant aux gens de la CEDEAO, ils tentent surtout d'éteindre l'incendie avant que ça ne leur pète à la figure.

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https://rahmane.substack.com/p/du-sentiment-antifrancais-au-sahel (22 novembre 2021)

Rahmane Idrissa

J’arrive à Niamey dans une ambiance de fureur antifrançaise pan-sahélienne qui a inondé les réseaux sociaux à la faveur des blocus imposés à la progression d’un convoi militaire français par des masses burkinabès excitées de trouver une cible honnie mais inoffensive à leur indignation contre la situation d’oppression violente (de la part de groupes armés djihadistes) à quoi est assujettie une bonne partie de leur pays. L’opinion est répandue dans la population que les militaires français ne viendraient dans les zones de guerre que pour distribuer des armes aux djihadistes. Cette idée est irréfutable car elle ne repose pas sur des faits mais sur des sentiments, et on ne contredit malheureusement pas les sentiments par des preuves factuelles. Il s’agit en l’occurrence d’une mythification de la mauvaiseté diabolique de la France qui travaille l’imagination sahélienne à tous les niveaux, depuis les intellectuels et autres personnages instruits jusqu’au paysan assis dans sa hutte mais qui, grâce à son smartphone, reçoit quotidiennement des discours hallucinés sur ce thème propagés en boucle par des individus qui ont trouvé une facile vocation dans le French bashing.

Comme me le disait le journaliste Antoine Glaser au cours d’un entretien récent à Paris, les djihadistes ont déjà gagné. Il faisait allusion au fait que l’insécurité encore plus grande pour les Occidentaux que pour les locaux a entraîné leur départ de la région, y compris surtout au niveau des liens humains tissés, en marge des grosses machines étatiques et multilatérales, par des petites ONG, des personnes généreuses ou éprises d’Afrique, des destins apparemment excentriques consacrés à œuvrer obscurément dans une campagne oubliée.

Mais l’autre victoire des djihadistes, c’est certainement le renforcement et l’hystérisation du sentiment antifrançais, un phénomène ancien qui n’est pas sans justification bien entendu, mais qui, à côté d’aspects de saine réaction, révèle aussi des pathologies morales et intellectuelles qui, à terme, sont dangereuses pour le Sahel lui-même.

La politique de grandeur de la France, ainsi que le néocolonialisme qui lui est rattaché, ont depuis longtemps cessé d’être viables – et l’opération Barkhane est le premier acte de son décès, bien que les Africains, et en tout cas l’opinion publique sahélienne, ne s’en rendent absolument pas compte.

La politique de grandeur de la France en Afrique obéissait à deux impératifs apparemment contradictoires : participer à l’effort américain de la guerre froide et de l’endiguement du communisme (ce qui était surtout manifeste au cours des années 1960-70), et garantir l’autonomie de la France face aux États-Unis, par exemple en contrôlant le vote africain francophone aux Nations-Unies et plus généralement en préservant une capacité d’action indépendante de la tutelle américaine sur « le monde libre ».

Au début des années 1990, la fin de la guerre froide mit fin également à l’une des fonctions de la puissance française en Afrique, celle de gendarme du monde libre. Les États-Unis purent pousser à la démocratisation et à la promotion des droits humains, et la France dut suivre le mouvement, comme le montre le fameux discours de La Baule. Mais en Afrique francophone comme ailleurs, la conjonction entre démocratisation au plan politique et politique d’ajustement structurel au plan économique était pour le moins explosive. Elle signifiait en effet que les demandes et pressions populaires sur l’État se multipliaient avec l’apparition d’une société civile multiforme en même temps que le champ d’action de l’État se rétrécissait drastiquement.

La dévaluation [du franc CFA] fut actée en 1994, qui s’avéra être l’annus horribilis pour la puissance française en Afrique. En effet, ce fut également au cours de cette année-là que le Rwanda explosa entre les mains d’une France qui jouait aux apprentis-sorciers avec des sentiments de haine socio-« ethnique » d’une virulence extrême. Le rapport sur la politique de François Mitterrand commandé par Macron parle à ce sujet d’une « défaite de la pensée » et d’un « effondrement intellectuel », soulignant à quel point un État – ou en tout cas sa composante centrale, l’Élysée – qui croyait si bien connaître le continent noir s’était fourvoyé dans l’erreur fatale et la faute tragique. Cette défaite était celle de la politique néocoloniale et, en sous-jacence, de la politique de grandeur.

Si la fin de la guerre froide avait rendu impertinent le volet anticommuniste de la politique néocoloniale, le Rwanda mit un terme à l’autre volet, la défense de l’autonomie face aux Américains.

Après 1994, la politique néocoloniale en Afrique n’avait plus raison d’être, sinon le fait que ce qui a été mis en place une fois durera par simple fait de conatus (de volonté de persévérer dans son être) tant qu’il n’a pas été démantelé de propos délibéré.

Les interventions françaises en Afrique post-1994 ne s’inscrivaient plus dans une stratégie néocoloniale cohérente et charpentée. Elles relevèrent du conatus.

Serval et Barkhane sont différents. Ces deux opérations échappent au conatus néocolonial parce qu’elles s’inscrivent dans les priorités nouvelles de l’État français, la construction européenne (en particulier le concept de défense européenne) et la lutte contre le djihadisme qui a perpétré de nombreuses tueries de masse sur le sol français et européen.

Ces opérations soulignent aussi bien les nouvelles limites de l’action française en Afrique – qui a besoin à présent de l’appui des puissances anglo-saxonnes, jadis considérées comme des demi-rivales – que des nouveautés caractéristiques de l’époque. Par exemple, à l’inverse une fois encore de ce qui se passait dans le cas des interventions de style néocolonial, la France a besoin, aujourd’hui, d’États africains forts et d’armées africaines qui ne soient pas, comme cela était largement le cas au Sahel, des armées d’opérette. Cela vient d’une convergence d’intérêt inédite, sur le plan sécuritaire, entre l’Europe et le Sahel, et surtout entre la France et ses anciennes colonies.

De ce fait, la montée d’un sentiment antifrançais tournant à l’obsession haineuse dans la région est une de ces tragédies des erreurs qui résultent d’une terrible histoire et d’un mauvais passé. Comme, jusqu’à 2013, la France n’est jamais intervenue militairement en Afrique que dans une optique néocoloniale, il est logique de considérer que cette énième intervention s’inscrit dans la même lignée. Cela est d’autant plus le cas que, tout en évoluant vers une nouvelle phase de ses relations avec l’Afrique, la France préserve encore certains des instincts développés par le gaullisme et sa politique de grandeur. Macron, qui a déclaré une fois au magazine Le Point qu’il assumait « la grandeur », conserve le style cassant et péremptoire qui relève de cette époque ancienne – et que d’ailleurs les chefs d’État qui agissaient alors s’étaient soigneusement abstenus d’adopter.

Alors que les Africains ont souffert avec une sorte de résignation veule les interventions françaises néocoloniales du passé, ils s’insurgent enfin avec une pétulance de meute au premier moment où, enfin, une intervention française se fait véritablement dans leur intérêt.

« Éloignement culturel »

La mondialisation (...) a commencé à offrir aux Francophones des alternatives à la France pour accéder à une culture cosmopolite – et d’abord les États-Unis et le Canada, avant que ce ne soit d’autres horizons par la suite. La fille d’un de mes amis ne rêve que de Dubaï ; une jeunette de son âge en 1995 rêvait de New York ; en 1980, de Paris.

Les Francophones de 1980, même antifrançais, comprenaient subjectivement ce qui se passait en France ; ce n’est nullement le cas de ceux de 2021.

« La croyance est plus forte que le savoir », l'idéologie contre la réalité, les « conférences ampoulées » contre les « solutions pratiques »

Il m’est finalement apparu que le sentiment antifrançais ne se résumait pas à de l’anti-néocolonialisme. Il a aussi à voir avec le nationalisme ou, comme on dit ces derniers temps, l’identité nationale, chose que j’ai tendance à considérer comme pouvant facilement déraper vers des formes toxiques de bêtise, comme on le voit d’ailleurs au sein de l’extrême-droite française.

Ces gens, et tous ceux qui nourrissent leur inclination dogmatique, sont censés être les élites du Sahel, et ce sont des élites qui, manifestement, sur un problème d’urgence vitale pour leurs peuples, ne pensent pas. (...) La France (...) est le diable qui correspond à tous nos problèmes, et donc dispense de penser et de délibérer.

[Il y a un peu plus d'un an] il y avait une sorte de petit mouvement insurrectionnel dans la région de Diffa qui dénonçait la dictature PNDS et s’en prenait spécifiquement à Bazoum Mohamed, alors l’un des pontes du PNDS mais surtout originaire du secteur. J’essayai d’expliquer de quoi il retournait, mais elle [une professeur de droit à Ouagadougou] me coupa : « C’est organisé par la France ! ». Un tantinet éberlué, je lui dis, que nenni, que la France se trouvait fort bien du régime PNDS et n’avait aucune raison de le déstabiliser, qu’à mon avis cela avait à voir avec le fait que Bazoum, qui était particulièrement visé… Elle ne me laissa pas dévider mon ennuyeuse démonstration, beaucoup moins excitante pour elle que le diabolisme français.

Je me souviens que ce qui me frustrait, dans les années de mes premières joutes avec les antifrançais, il y a bien longtemps de cela, c’est que je voulais discuter avec eux des solutions pratiques à opposer au néocolonialisme, et ils voulaient partir en croisade. J’insistais prosaïquement sur les réalités, et l’importance de connaître les réalités, y compris les causes endogènes de nos faiblesses et de nos incapacités, par exemple la corruption, le manque de sens et de souci de l’État, l’absence de vision stratégique, les obsessions ethniques là où il faudrait des obsessions sociales. Mais la réponse, toujours, était que tant que la France n’était pas vaincue, on ne pouvait s’occuper de ces questions – sur quoi je demandai, question de réalité, comment on entendait vaincre la France avec toute sa puissance et toutes nos faiblesses qui, paraît-il, n’étaient pas prioritaires. Il n’y avait jamais de réponse à cela.

Les États du Sahel, qui n’étaient stables que par défaut, sont en voie de déstabilisation face au défi lancé à coups de massacres et de destructions (d’écoles essentiellement) par les djihadistes. Dans une telle situation, ceux qui rejettent la voie suivie par le pouvoir, par exemple l’alliance avec la France, ne doivent pas se contenter de dénoncer ladite voie et de réclamer la démission des gouvernants : ils doivent expliquer ce qu’ils feraient une fois aux commandes, quelle voie ils entendent suivre, et comment ils entendent résoudre le problème une fois la France expulsée du terrain. Mais de ceci, on n’entend rien.

Les conférences ampoulées délivrées urbi et orbi par des politiciens d’opposition, des « oulémas », des universitaires jusque-là terrés dans leur tour d’ivoire, et diffusées avec zèle sur WhatsApp, portent toutes et toujours sur la mauvaiseté éternelle de la France, jamais sur des solutions pratiques ou des exposés stratégiques.

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https://newleftreview.org/sidecar/posts/rule-by-junta (7 août 2023)

Rahmane Idrissa

Le règne du PNDS a commencé avec de bonnes intentions, mais il a rapidement été entaché de graves défauts qui ont rendu plus difficile la mise en place d'une politique de sécurité viable. Deux d'entre elles, en particulier, ont dressé le public contre le parti au pouvoir. La première est la corruption endémique, qui a donné une mauvaise réputation à la démocratie au Niger et que le PNDS avait promis d'éradiquer. En 2011, le gouvernement a créé un numéro vert pour dénoncer les actes de corruption, ainsi qu'un organe permanent de lutte contre la corruption, suscitant des espoirs de réforme qui ont été déçus par la suite. La deuxième faille est la refonte du système politique. Tout au long des années 2000, la vie politique nigérienne a fonctionné sur la base de blocs de coalition opposés qui se disputaient les places et obligeaient chaque parti à faire des compromis. Cela a créé un équilibre politique qui a donné de l'espoir aux forces d'opposition et a réduit la crainte du public d'être exclu de la recherche de la rente politique ou de la participation. C'est cet équilibre que le PNDS s'est employé à détruire, dans le but de consolider son emprise permanente sur le pouvoir. Les partis d'opposition ont été fragmentés (les Nigériens utilisent le terme français énergique de concassage, comme pour le broyage d'un matériau dur), puis absorbés par le biais d'une distribution somptueuse de trésors : emplois de choix, contrats, tolérance pour les détournements de fonds et autres irrégularités. Les gouvernements dirigés par le PNDS ont fait de la place à des dizaines de ministres - toujours plus de quarante - ainsi qu'à des centaines de conseillers et de "hauts représentants".

Les partis qui ont refusé cette forme d'"inclusion" ont été persécutés, notamment par l'organe de lutte contre la corruption susmentionné (le numéro vert a été supprimé très tôt). La seule organisation qui a résisté à l'assimilation pendant toute la durée du mandat du PNDS est le Moden (Mouvement démocratique nigérien), plus connu sous le nom de Lumana, qui avait la mainmise sur la région occidentale du pays, y compris la capitale, Niamey. Son candidat, Hama Amadou, a passé la campagne présidentielle de 2016 en prison.

La domination du PNDS a eu des conséquences délétères sur la démocratie nigérienne. Elle a dépolitisé la sphère publique, ce qui a accru la politisation d'autres domaines de la vie nationale, y compris la fonction publique, où la promotion dépendait de l'allégeance au parti et à sa coalition, et l'armée. Un régime de parti unique avait été instauré de facto.

La présence étrangère a été perçue comme une intrusion, et le PNDS n'a pas pu la faire accepter par le public en raison de son propre style de gouvernement qui a semé la discorde. À l'époque de la politique de compromis, il aurait pu présenter ses arguments aux partis d'opposition et aux groupes de la société civile véritablement indépendants, et une presse indépendante et digne de confiance aurait pu être impliquée. L'opinion publique aurait pu être influencée par le débat. Mais le PNDS a présenté toute critique comme une menace émanant d'une opposition radicalisée (les militants du PNDS appelaient leurs homologues Lumana "les délinquants"), plutôt que comme un grief légitime.

L'élite du Sahel, et plus largement de l'Afrique de l'Ouest francophone, a traditionnellement tendance à faire des Français les boucs émissaires de ses propres échecs, en s'appuyant sur le concept familier mais insaisissable de Françafrique. En outre, un mélange idéologique plus récent qui combine le radicalisme décolonial, des idéologies marginales comme le Kemetism (une croyance religieuse selon laquelle l'Afrique noire est l'héritière de l'Egypte pharaonique), et le souverainisme hypersensible des faibles, s'est infiltré dans le public via les réseaux de médias sociaux, parfois à partir de sources de la communauté noire de France. Une russophilie propre au Mali, remontant au règne du leader indépendantiste Modibo Keita, a également percolé dans ce mélange. Et les propres erreurs de la France, qui découlent de ses relations très inégalitaires avec ses partenaires africains, ont jeté de l'huile sur le feu.

Le Niger du PNDS ne voyait aucune raison de rompre ses accords avec l'Occident. Mais les militaires, influencés par le même message idéologique, pensaient que la sécurité collective avec le Mali et le Burkina Faso était plus importante que le partenariat avec ces puissances étrangères. C'est pourquoi ils étaient boudeurs dans les réunions avec le gouvernement. Bazoum, semble-t-il, a essayé de les écouter. Au début de cette année, son chef de la défense, Salifou Mody, a été envoyé à Bamako pour négocier des mesures de sécurité collective. Il est possible que Bazoum ait entendu qu'il faisait plus que cela, puisqu'il l'a démis de ses fonctions en avril et lui a confié l'ambassade aux Émirats, une source potentielle de revenus importants. Mais cette manœuvre n'a pas sauvé le président sortant.

Arrivé au pouvoir par le coup d'État en tant que numéro deux, Mody s'emploie désormais à tisser des liens avec Bamako et Ouagadougou, tandis que la junte de Niamey a "dénoncé" le partenariat avec la France.

En théorie, le coup d'État pourrait résoudre les deux principaux problèmes du Niger. Il pourrait "redémarrer" (reboot) sa démocratie, qui avait été gelée par le système [PNDS], et il pourrait conduire à l'élaboration d'une meilleure politique de sécurité. Si l'on en croit la trajectoire du PNDS, ces deux résultats sont liés. Mais la junte se soucie-t-elle de la démocratie ?

Le processus de redémarrage de la démocratie par un coup d'État n'est pas un événement extraordinaire au Niger. En fait, il s'est produit trois fois dans le passé, en 1996 (sans doute), 1999 et 2010. Mais aujourd'hui, le climat national et international est différent. Les putschistes de Niamey sont inspirés par les exemples de Bamako et de Ouagadougou, dont les juntes ont résisté aux sanctions et à la "communauté internationale" et à la CEDEAO, tout en s'engageant à peine à revenir à une gouvernance démocratique.

Comme dans ces autres pays, la junte nigérienne bénéficie actuellement de l'adulation de l'opinion publique, heureuse de voir la chute du système [PNDS].

Ils peuvent interpréter cela comme une forme de légitimation qui les dispense de revenir au processus démocratique. Par ailleurs, le climat idéologique qui pousse à la rupture avec la France et l'Occident contribuera également à préparer le terrain pour l'autoritarisme - même si l'on peut reprocher à l'Occident d'avoir fermé les yeux sur les propres tendances autoritaires du PNDS et de les avoir encouragées par défaut. Les événements au Burkina Faso et au Mali indiquent qu'après un an, le soutien réel aux juntes se réduit aux idéologues convaincus et à ceux qui ont misé leur avenir sur leur régime. Les autres tendent à les accepter parce que les changements matériels dans leur vie sont minimes. Si la participation politique reste faible, les Sahéliens acceptent traditionnellement que le régime militaire ressemble à cela. Il en résulte une forme de régression politique - bien que la démocratie telle qu'elle a été pratiquée sous le régime d'Ibrahim Boubakar Keita au Mali ou sous le système [PNDS] au Niger n'ait guère constitué un progrès non plus.

Si les putschistes parviennent à asseoir leur pouvoir et à maintenir leur intransigeance, refusant tout compromis avec les Nigériens et les Occidentaux, ce qui impliquerait inévitablement une rupture avec les méthodes des juntes malienne et burkinabé, le résultat probable sera le retrait de l'aide européenne à la sécurité et au développement (à défaut de l'aide humanitaire) et le maintien des sanctions de la CEDEAO, qui risquent d'être plus dommageables pour le Niger qu'elles ne l'ont été pour le Mali. La population nigérienne souffrira, mais elle le prendra comme une calamité de plus parmi tant d'autres, surtout si l'on considère sa peur proverbiale du "soldat". Il restera alors deux inconnues : l'attitude des Américains, qui voudront conserver leurs bases dans le désert, et celle des Russes, si la junte décide de les inviter au Niger sous la forme de Wagner. Ce qui, au vu de sa rhétorique récente, n'est pas impossible.

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il y a 23 minutes, Wallaby a dit :

Comme dans ces autres pays, la junte nigérienne bénéficie actuellement de l'adulation de l'opinion publique, heureuse de voir la chute du système [PNDS].

Pas conforme à d'autres sources.

Article de commande, avec des "arguments" allusifs ressassés, remâchés... et pas de faits. Propagande, quoi.

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L'avantage de la junte, c'est qu'il n'y aura pas de parti unique. Plus de parti du tout d'ailleurs.

Il y a 1 heure, Wallaby a dit :

Dans une telle situation, ceux qui rejettent la voie suivie par le pouvoir, par exemple l’alliance avec la France, ne doivent pas se contenter de dénoncer ladite voie et de réclamer la démission des gouvernants : ils doivent expliquer ce qu’ils feraient une fois aux commandes, quelle voie ils entendent suivre, et comment ils entendent résoudre le problème une fois la France expulsée du terrain.

Mais de ceci, on n’entend rien.Les conférences ampoulées délivrées urbi et orbi par des politiciens d’opposition, des « oulémas », des universitaires jusque-là terrés dans leur tour d’ivoire, et diffusées avec zèle sur WhatsApp, portent toutes et toujours sur la mauvaiseté éternelle de la France, jamais sur des solutions pratiques ou des exposés stratégiques.

Ça malheureusement, ça devient très courant de nos jours. On braille, on hurle, on dit que ceux au pouvoir font nawak... et on se garde bien de proposer des solutions autrement que simplistes. Et une fois au pouvoir, on ne fait rien parce qu'on n'a rien prévu de concret.

Mais du moment qu'on a un bouc émissaire (les étrangers, l'Occident, les Chinois, les chrétiens, les musulmans, la gauche, la drotie, le centre les lecteurs de Pif Gadget), ça passe toujours.

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Il y a 3 heures, Boule75 a dit :

Pas conforme à d'autres sources.

Article de commande, avec des "arguments" allusifs ressassés, remâchés... et pas de faits. Propagande, quoi.

Dans l'interview que j'ai citée ici : http://www.air-defense.net/forum/topic/20043-europe-vs-usa-le-duel/page/6/#comment-1654305

après avoir présenté un certain nombre de clés du métier de chef de la CIA, le général David Petraeus loue son intervieweur, à savoir Charlie Rose pour son "incroyable curiosité" (54:45), et de citer Albert Einstein : « Je n'ai pas de talent particulier. Je suis seulement passionnément curieux » : « cela nous caractériserait tous les deux ».

Donc je pense que si on lui demandait son avis, David Petraeus dirait que quelqu'un qui rejette sommairement l'avis d'un chercheur indépendant comme Rahmane Idrissa qui a un point de vue original et nuancé sur ce qui se passe dans son pays et qui est capable de l'exprimer avec talent, n'est pas quelqu'un de curieux, et ne ferait probablement pas un très bon chef de la CIA.

 

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Il y a 9 heures, Ciders a dit :

Et pendant que les djihadistes tuent du soldat sahélien par douzaines, que font les avions des juntes ? Ils sont à Niamey... au cas où la CEDEAO intervenait.

 

Je l'ai précisé plus haut, les juntes du Mali et du Burkina craignent de voir celle du Niger être mise en échec car cela va compromettre l'idéologie sur laquelle ils "surfent" et d'où ils tirent leurs soutiens. Constatons depuis le début, l'obsession de ces 3 juntes avant d'annoncer un grand plan de lutte contre le terrorisme, leur priorité c'était de voir la France partir, pour elles, l'ennemi idéologique c'est la France et le sens de la "révolution" est de forcer la France à partir de partout, c'est de renverser l'ensemble des dirigeants africains qui sont dans de bons termes avec elle.

Il faut le comprendre, cette idéologie a besoin d'une désillusion pour que son enthousiasme se transforme en une forme de doute et d'agacement, il faut inverser le rapport de force car ils se sont mis dans la tête, à force de discours, de propagande que ce sont eux les "puissants" qui imposent. On doit leur imposer autre chose et montrer ainsi leur impuissance.

Ces aéronefs restent une "démonstration" qui va faire plaisir aux adeptes de ces juntes, elle va entretenir l'idéologie. Pour nous quand on voit ça on rigole du coin de la bouche, mais croyez bien que pour eux, voir cela c'est la démonstration d'une puissance et la croyance qu'ils peuvent détruire des armées complètes avec.

C'est de la dissuasion pour chercher à éviter une intervention, mais comme je l'ai déjà dit, on doit s'attendre à ce que le Mali et le Burkina amène à Niamey des contingents militaires si on tarde trop. Nous dépendons de l'aéroport, on fait quoi si demain on a 500 maliens, 500 burkinabés qui viennent le bloquer avec des nigériens? Moi je le dis très clairement, il va falloir au plus vite prendre le contrôle (pourquoi pas via la CEDEAO) de cet aéroport et assurer un périmètre de sécurité, quitte à ce que cela emmerde la junte et excite ses sympathisants. Cet aéroport est LA PRIORITÉ.

Né négligeons pas ensuite l'idéologie des juntes voisines qui pourraient nous faire un scénario à l'ivoirienne (2004) en envoyant 1 ou aéronefs bombarder notre base de Niamey. Je le répète, nous restons "l'ennemi" idéologique et faire du bilan chez nous irait galvanisé leurs soutiens et c'est justement pour cela qu'ils n'hésiteraient pas à venir nous frapper même si le lendemain on viendrait effacer de la carte tous leurs aéronefs. Restons prudents et il ne serait pas ridicule d'amener un peu de Mistral dans le coin. Méfions nous aussi des russes qui pourraient glisser des manpads dans la balance. Le temps n'est pas notre ami dans cette affaire et je l'ai expliqué dans un autre commentaire, on peut passer d'une situation "simple" d'une prise du palais présidentiel en une situation plus complexe.

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